OLIVEYRA
Numéro
Prénom
Naissance
Décès
Né le 21 mai 1702 à Lisbonne. Son père, José de Oliveira e Sousa, était fonctionnaire d'Etat et fut pendant 25 années secrétaire d'ambassade en Hollande et à Vienne. Sa mère était Dona Isabel da Silva Neves (Rivara, Noticia).
2. Formation
Le père de O., homme de grande érudition qui avait réuni une bibliothèque célèbre de livres d'histoire, lui donna une éducation soignée. De 1712 à 1717 il fit des études avec le Père Lourenço Pinto. Il commença à composer des poèmes à un âge tendre, et fréquentait des cercles artistiques et libertins de Lisbonne. Selon son propre témoignage, il fut proposé comme membre de l'Académie royale de Lisbonne, mais son élection fut suspendue par le comte d'Eirceira (Cartas familiares). A l'âge de seize ans O. fut admis à la Cour des comptes (Contos do Reino e Casa), où il servit pendant dix-sept ans. En récompense des services rendus, mais surtout grâce au mérite de son père, O. reçut en décembre 1729 les titres de gentilhomme de la Maison du roi du Portugal (Cavalleyro Fidalgo da Caza de Sua Magestade) et de chevalier de l'ordre du Christ. Il perdit ses titres et tous ses biens au Portugal après sa condamnation par l'Inquisition à Lisbonne le 20 septembre 1762 (Le Chevalier brulé).
3. Carrière
En 1732 O. se rendit à Madrid, où son oncle, le Père Mansel Ribeyro, qui était chargé d'affaires de l'ambassadeur de Portugal, le présenta à la cour d'Espagne. A la mort de son père le 19 avril 1734 (et non 1732 comme le veut B.Un.), il lui succéda comme secrétaire d'ambassade auprès de la cour de Vienne, à la demande du comte de Tarouca, ministre plénipotentiaire et grand ami de feu son père. Mais le chevalier abusa de la bienveillance du comte de Tarouca en menant une vie de scandale ; le comte demanda son licenciement. Avant l'expulsion, Tarouca mourut et en 1740 le Chevalier s'enfuit de Vienne emportant avec lui toute la correspondance diplomatique, qu'il vendit ensuite aux enchères à Amsterdam, à La Haye et à Londres (Grande Encyclopédia). Il resta quatre ans en Hollande, fuyant sa mauvaise fortune et ses créanciers puis passa en Angleterre, où il vécut de 1744 jusqu'à sa mort en 1783. Il y passa dix-huit mois en prison pour dettes (à Fleet Street), ayant été arrêté le 1er décembre 1746. En 1753 il se retira dans une petite maison à Kentish Town (Londres), où il partagea son temps entre son bureau et un petit jardin. A partir de 1762 il habita Knightsbridge, où il était plus près de ses amis, et finalement, en 1775, il s'installa à Hackney, où il passa les huit dernières années de sa vie, écrivant le matin, et passant ses soirées à lire (G.M.).
4. Situation de fortune
Ayant abandonné le service diplomatique, O.fut forcé de vivre de sa plume. Comme il le dit dans la dédicace de Cartas familiares, datée de La Haye, le 19 février 1742, il n'avait jamais eu l'intention de publier ces lettres, qu'il avait écrites pour son amusement, «mais la faim et les privations me forcèrent d'exercer ma plume pour payer mon pain». Arrivant en Angleterre en 1744, O. chercha le secours et la protection de l'envoyé du Portugal à Londres, Don José de Carvalho (mieux connu sous le titre de marquis de Pombal) ; celui-ci lui réserva un accueil favorable, mais avec sa conversion au protestantisme le chevalier se priva de tout secours de la part du ministre et de son pays natal. Cependant, un mariage avantageux avec une huguenote l'introduisit dans des milieux élevés du refuge français à Londres, parmi lesquels il trouva bientôt des protecteurs, le docteur J.J. Majendie lui procurant une pension royale du Prince de Galles, dont il jouit jusqu'à sa mort. «Cette adorable providence», écrit O. dans l'introduction du Chevalier brulé, «daigna aussi venir à mon secours, et elle se servit de ce même Mr Majendie, qui m'avoit aidé à renoncer à l'erreur, pour me procurer des secours efficaces en me suscitant des Protecteurs et des Amis par ses bons offices. Je ne commençai à être connu dans Londres qu'après avoir recouvré ma liberté, et bientôt après je me vis honoré de la bénéfice Royale du feu Prince de Galles, et de Madame la Princesse Royale, son Auguste Epouse, à qui je dois la meilleure partie de ma substance».
5. Opinions
C'est pendant son séjour à Vienne, que O. commença à avoir des doutes sur sa religion ; on en trouve des traces dans le premier volume de Cartas familiares, écrites en 1736. Mais il est difficile de dire à quel point il était sérieux car le ton de cette publication est invariablement badin. Il y expose cependant quelques-unes des absurdités de l'Eglise catholique en ce temps, notamment l'Inquisition, et il y parle de «papisme» et de «superstition». Ces remarques ont certainement contribué à sa rupture avec le comte de Tarouca, mais il est exagéré de dire «qu'il sacrifia une position brillante et une carrière plus brillante encore à la voix de conscience» comme le dit J.H. Da Cunha Rivara (Noticia, vol. III, iv). Le fait est que O., après son mariage en février 1746, fut baptisé et reçu dans l'église protestante par J.J. Majendie, le 22 juin 1746, dans la chapelle Les Grecs (la Savoye) à Londres. Par l'abjuration publique de la foi catholique, O. rompit tout lien avec le Portugal. D'autre part, sa conversion lui procura «des liaisons d'amitié avec la plupart des Théologiens, des Ministres, et des Principaux des Eglises Françoises, de même qu'avec plusieurs autres Personnes distinguées par leur naissance, leur savoir, et leurs vertus. J'ai eu la gloire de compter parmi elles, My Lord Grantham, My Lord Townshend, Madame la Duchesse Douaire de Somerset, l'illustre Archevêque de Cantorbery d'à Présent, et son prédécesseur l'Archevêque Thomas Herring» (Le Chevalier brulé, p. 8). Parmi les hommes de lettres à Londres, O. se lia avec Matthieu Maty et Jean Des Champs. Le premier annonça les écrits de O. dans son Journal britannique, et Des Champs corrigeait son français «qu'il ne possédoit pas bien» : «Je m'engageai à préparer chacune de ses Brochures [Amusements périodiques] quant au style et à corriger même les Feuilles à mesure qu'elles s'imprimeroient. Je n'entrepris cet Ouvrage pénible et peu agréable, uniquement que pour rendre service à cet homme de mérite qui n'avoit presque d'autre ressource pour vivre» (Mémoires secrets, 1750, p. 901). En 1755, à l'occasion du fameux tremblement de terre de Lisbonne le 1er novembre, O. adressa un Discours pathétique à ses compatriotes et au roi José I de Portugal, dans lequel il déclara que le tremblement avait été une punition de Dieu pour tous leurs péchés et surtout pour ceux de l'Inquisition, qu'il accusa de terrorisme et de la persécution des juifs. Il y ajouta la demande que le roi et tout son peuple se convertissent au Protestantisme afin d'échapper à la colère de Dieu. Cette brochure, qui parut en portugais, en français et en anglais, eut plusieurs éditions en quelques semaines et fut très populaire. L'Inquisition à Lisbonne s'en saisit et le condamna le 12 octobre 1756, comme hérétique ; son procès eut lieu par contumace et traîna à cause de la suspension de tous les Autodafés par le marquis de Pombal ; l'Inquisition réussit à le faire condamner comme ennemi de l'Etat, à le déposséder de tous ses titres et de ses biens au Portugal et à le brûler en effigie à Lisbonne le 20 septembre 1762 (Le Chevalier brulé). O. fut le premier portugais à rompre publiquement avec l'Eglise catholique et à attaquer la foi. Cet acte le met dans l'avant-garde des Lumières au Portugal, où il est considéré comme une incarnation de la victoire de la libre-pensée par des écrivains comme Camilo et Oliveira Martins (Grande Encyclopédia).
6. Activités journalistiques
Amusement périodique, mensuel, janv.-dec. 1751, imprimé à Londres. Réimprimé sous le titre : Oeuvres mêlées, ou Discours historiques, politiques, moraux, littéraires et critiques, Londres, 1751, 3 vol. (D.P.1 1094) non retrouvé. Réédité en traduction portugaise sous le titre : Recreaçâo Periodica, Lisbonne, 1922, par Aquilino Ribeiro.
7. Publications diverses
Il n'y a pas de bibliographie complète des oeuvres de François-Xavier d'Oliveyra. Selon des sources diverses il publia : Cartas Familiares, Historicas, Politicas, et Criticas ; Ciscursos Sérios et Jocosos, t. I, Amsterdam, 1741, in 12 ; t. II et III, La Haye, 1742 (t. IV-IX en ms.). – Memorias das Viagens de Francisco Xavier de Oliveira, t. I, Amsterdam, 1741 (t. III et IV en ms.). – Colon signale des Mémoires de Protugal publiées en deux volumes en 1741 et réedités en 1743 sous le titre : Mémoires historiques, politiques et littéraires concernant le Portugal (41 : 685). – Mille et Une Observations sur divers sujets de Morale, de Politique, d'Histoire et de Critique, t. I et II, Amsterdam, 1741 (t. III-V en ms.). – Réponse à la lettre de Mr C.D.M.M., Amsterdam, 1741, in 8°. – Carta ao Senhor Isaac de Sousa Brito... (trad. de l'italien), La Haye, 1741, in-4°. –Discours pathétique au sujet des Calamités Présentes arrivées en Portugal, Londres, 1756, 52 p., 4°. – Suite du Discours pathétique, Londres, 1756, 4°. – Le Chevalier d'Oliveyra brulé en effigie comme Hérétique Comment et Pourquoi?, «Anecdotes & Réflexions sur ce sujet, données au public par lui-même», Londres, 1762.
Outre ces oeuvres imprimées O. a laissé 27 volumes in 4° de manuscrits conservés au B.L. Ils contiennent le fruit de ses lectures et observations pendant 25, sous le titre Oliveyriana, ou Mémoires historiques, littéraires, etc. Selon Rivara ces volumes contiennent entre autres deux volumes d'un Dictionnaire français, portugais, et latin, une Description de la ville de Vienne sous l'empereur Charles VI, plusieurs volumes d'une Bibliothèque Lusitane et les volumes manuscrits mentionnés ci-dessus («Noticia»).
8. Bibliographie
F.L., 1769 ; B.Un. – Grande Enciclopédia Portugesa e Brasileira, Lisboa & Rio de Janeiro, 1945, t. XIX. – B.L., add. ms. 35398, f° 41, Mémoires secrets par Jean Des Champs, Chamier papers, B.U. Nottingham (éd. par U. Jannssens-Knorsch, The Life and «Mémoires secrets» of Jean Des Champs (1707-1767), APA-Holland U.P., Amsterdam, Maarssen, 1990). – O., Le Chevalier d'Oliveyra brulé en effigie comme Hérétique. Comment & Pourquoi?, Londres, 1762. – (G.M.) Gentleman's Magazine, London, mai 1784, p. 338-341. – J.H. da Cunha Rivara «Noticia de Francisco Xavier de Oliveira», dans O., Cartas.
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