Il embrasse la carrière de l'enseignement. En 1759, il est présenté par les auteurs de la CL. comme «principal du collège de Nogent-sur-Seine». Un ou deux ans plus tard, il est maître de pension à Amiens. Il est bien accueilli, gagne la confiance publique, se donne tout entier à ses élèves, aidé par sa femme, Louise Leroux, qui fait preuve à l'égard des enfants d'une tendresse proprement maternelle. Les Affiches de province, le 5 août 1767, vantent cette pension établie dans un cadre vaste et riant, qui compte plus de 50 élèves (de toutes classes) et est sur le pied des pensions les mieux disciplinées de la capitale.
Au début de 1768, il se lance dans une activité journalistique (il a déjà connu une activité littéraire: l'une de ses premières publications - Eloge de la sincérité - remonte à 1754) et cela au prix d'un «travail infatigable» (J.E., oct. 1768, p. 73), prenant sur son sommeil le temps qu'il donne au Journal d'éducation.
En septembre 1768, il quitte Amiens et s'installe maître de pension à Paris « rue des vieilles Thuilleries au coin de la rue Bérouillère, vis-a-vis l'hôtel de Montmorenci, fauxbourg Saint-Germain». Fort regretté par les Amiénois, il emmène avec lui plusieurs de ses pensionnaires. Il entend organiser son enseignement selon «une bonne méthode». Il continue la publication de son Journal lequel est interrompu au cours de l'année suivante.
Il en reprend la rédaction au début de 1776 et est alors maître de pension au collège royal de Boncourt, «rue Bordet, montagne Sainte-Geneviève». Il est toujours aidé par sa femme, véritable mère pour les élèves, et cette nouvelle pension est encore vantée pour la «salubrité» de son air et «l'agrément» de son séjour (Gazette des arts, 2 nov. 1775).
En même temps que le Journal d'éducation, il compose divers Mémoires. Le 16 novembre 1777, il présente au roi, au château de Choisy, l'un d'eux qui a concouru pour le prix de l'Académie de Châlons : Idée d'un nouvel Ordre de bienfaisance et de patriotisme ou Mémoire sur la création d'un nouvel Ordre aussi intéressant, aussi cher à l'humanité que glorieux à la nation (J.E., nov. 1777, p. 83-95, déc. 1777. P- 94).
Mais cet esprit d'invention, il l'exerce surtout dans le domaine de la physique. Déjà, en 1765, alors qu'il est à Amiens, il découvre un moyen d'obvier aux funestes accidents causés par les incendies (Affiches de province, 6 nov. 1765) et fait remettre un Mémoire (imprimé) au ministre par l'intermédiaire de l'intendant, M. Dupleix de Baccancour. Il ne cesse de poursuivre ses recherches pour lutter contre les fléaux non seulement du feu, mais aussi de l'eau, de l'air contagieux, et, à partir des années 1780, il se présente comme «physicien en l'Université de Paris». II met au point «plusieurs machines utiles à la conservation du genre humain» (Supplément à la 4e éd. de L'Art de nager, 1782), qu'il expérimente en public à Paris, expose (comme dans le Salon de la correspondance des sciences et des arts), soumet à l'approbation de sociétés savantes ou présente au ministre (Découverte contre les incendies; les dangers des eaux, 1788) : scaphandres de différentes sortes, pantalon universel de coutil ou taffetas ciré, vêtements de santé propres à abriter de l'humidité, etc.
La Révolution ne ralentit pas son activité. Il adresse à l'Assemblée Nationale des Mémoires sur ses inventions dont il montre les avantages (et les devises) qu'elles pourraient rapporter au pays. Il dépose même sur le bureau de l'Assemblée certaines de ses découvertes (un carton de bureau incombustible, par exemple, en févr. 1790), demande des commissaires pour les examiner, assiste à plusieurs séances. Ses Mémoires, plans et inventions, il les offre en «dons patriotiques» (A.E.S., n° 7). Sous la Convention, un commissaire, nommé par la Section du Temple, fait un compte rendu favorable au Comité de la guerre et L. rédige une pétition pour obtenir un local où, avec l'aide de son gendre (qui a travaillé avec succès à la direction de l'aérostat), il pourrait fabriquer les objets de ses découvertes (il en énumère 14 dans une brochure publiée à l'époque), ce qui concourrait au «salut de la République».
En 1790, il reprend, après un an d'intervalle, et en association avec Mme Mouret, auteur des Annales de l'éducation du sexe ou Journal des Demoiselles, la direction du Musée patriotique des Dames qu'il a fondé et où un cours d'études est dispensé à l'adresse des femmes (lectures, expériences de physique, concerts). Il habite alors quai des Miramiones, n° 28. Au temps de la Convention, il demeure rue et porte Saint-Jacques, n° 550.