JOLY

Numéro

417

Prénom

Joseph Romain

Naissance

1715

Décès

1805

Joseph Romain Joly est né à Saint-Claude le 15 mars 1715. Il est mort à Paris le 22 octobre 1805.

3. Carrière

Entré chez les Capucins de Pontarlier le 18 mai 1732,, spécialiste de géographie sacrée et d'histoire de la Franche-Comté, auteur très fécond, il passe vers 1754 dans la province de Paris et y devient bibliothécaire des Capucins du Marais. Il est par la suite chargé du service des prisonniers de la Porte Saint-Bernard (D.L.F.).

5. Opinions

Membre de l'Académie des Arcades. En conflit avec l'abbé Coyer sur la prédication. Le Phaëton moderne, poème (1772) est une satire contre Voltaire. Sa Franche-Comté ancienne et moderne (1779) fut vivement attaquée dans les Affiches de Franche-Comté de Grappin : il leur répondit.

6. Activités journalistiques

Il a collaboré pour des pièces en prose et en vers à L'Année littéraire et au Mercure de France

.

7. Publications diverses

Liste de ses ouvrages dans B.Un., N.B.G., H.C., L.C

.

8. Bibliographie

F.L. 1969 ; Feller-Weiss ; B.Un. ; N.B.G.; D.L.F. (H.C.) Fourquet E., Les Hommes célèbres et les personnalités marquantes de Franche-Comté, Besançon, Sequania, 1929, p. 168. Lexicon capuccinum (1525-1950), Rome, 1951, p. 874 ; art. «Josephus-Romanus à Saint-Claude», avec bibliographie complémentaire.

GUIDI

Auteurs

Numéro

376

Prénom

Louis

Naissance

1710

Décès

1780

Louis Guidi, ou Guidy, né à Lyon le 27 mars 1710, a été baptisé dans la paroisse Saint-Paul le 28 (A.M. Lyon, reg. par. 464, f° 18). D'origine italienne, son père Jean Baptiste Guidi (orthographe de sa signature, ibid.) était alors «marchand bourgeois» à Lyon ; sa mère est dite «dame» Anne de Rilieux. Il avait pour neveu Jean Baptiste Guidi, censeur royal, qui refusa son approbation au Mariage de Figaro (M.S., XXII, 266 ; B.Un.).

2. Formation

Après avoir enseigné dix ans à l'Oratoire, il est ordonné prêtre. Il fait ensuite des conférences au collège de Juilly, qui fondent sa réputation (B.Un., D.L.F.).

3. Carrière

S'étant avec éclat déclaré «appelant» contre la bulle Unigenitus et défenseur de la cause janséniste que personnifiait l'évêque de Senez en exil, Soanen, il doit vivre caché dans les maisons de son ordre à Paris (B.Un.). Il est cité parmi les témoins des convulsions en 1759 (Diderot, O.C., t. IV, p. 775, 785, 787). En 1762, son poème sur La Religion à l'Assemblée du Clergé de France, où sont dénoncées les moeurs des évêques de France, «a les honneurs du fagot» (C.L., V, 32). «Janséniste de mauvaise humeur», il s'attaque à Chamfort en 1765 au sujet de son prix de poésie décerné par l'Académie française, dans une Lettre à M. de ***, docteur de Sorbonne (ibid., VI, 237-238), puis à d'Alembert au sujet des Jésuites dans une Lettre à un ami (ibid., VI, 337). En 1770, ses Lettres à M. le chevalier de *** fulminent contre la nocivité du Militaire philosophe. Il prend parti en 1775 en faveur des protestants dans le débat concernant leurs mariages (ibid., XI, 131-136).

6. Activités journalistiques

Guidi est considéré comme l'un des principaux rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques (Barbier, III, 570-571 ; H.P.L.P., t. III, p. 446 ; D.P.1 1027).

7. Publications diverses

La plupart de ses dix-huit ouvrages, parus à partir de 1753, sont polémiques (Cior 18, n° 33095-33112). Outre les titres déjà mentionnés, retenons un ouvrage posthume, L'Ame des bêtes (Paris, Moutard, 1782, in-12). Le plus connu, le Dialogue entre un évêque et un curé sur les mariages protestants (s.l., 1775, in-12) s'est amplifié dans les éditions de 1776 et de 1778.

8. Bibliographie

B.Un., éd. 1817 ; D.O.A.M.S., C.L.– A.M. Lyon, reg. par. Saint-Paul.– Coward D., «The fortunes of a newspaper : The Nouvelles ecclésiastiques (1728-1803)» in The British Journal for Eighteenth Century Studies, Southampton, IV, 1 (Spring 1981), p. 1-27.

GRUNWALD

Auteurs

Numéro

370

Prénom

Friedrich

Naissance

1734

Décès

1826

Friedrich Emmanuel Grunwald est né à Kupper (Haute-Alsace) le 10 avril 1734. Son père était un pasteur de la confession d'Augsbourg. Il est mort le 16 octobre 1826 dans sa retraite de Bellevaux, près de Bouillon (Pays-Bas).

2. Formation

Il reçoit de son père une éducation attentive, puis commence ses études de médecine à Leipzig en 1753-1755 ; après y avoir pris ses premiers grades, il achève sa formation au collège de médecine et de chirurgie de Dresde. Il devient associé correspondant de la Société d'Agriculture de Paris. Le roi des Pays-Bas le fera chevalier dans l'ordre royal du Lion belge (arrêté du 19 août 1817).

3. Carrière

Après sa jeunesse allemande, il vient s'installer en 1761 à Bouillon où il demeurera jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Réduit à l'indigence par la Révolution, il reçoit des gratifications de la Convention, du Directoire et de l'Empire. Une pension de 80 francs accordée par la France le 11 juin 1811 lui est continuée par le roi des Pays-Bas.

5. Opinions

Il peut passer pour un médecin «éclairé» : l'Avertissement du Supplément à l'Encyclopédie présente de façon élogieuse l'oeuvre accomplie par Grunwald comme médecin journaliste. En 1796, le ministre Chaptal le remercie de sa contribution à la lutte contre les hannetons dévastateurs de récoltes (Rabbe, B.Un.).

6. Activités journalistiques

Il collabore au Journal encyclopédique pour la partie étrangère, traduisant les ouvrages anglais et allemands pour les frères Castilhon entre 1762 et 1772 (Journal des Sciences et des Beaux-Arts, févr. 1774, p. 392). Il doit sa réputation à la Gazette Salutaire ou Feuille hebdomadaire composée de La Gazette d'Epidaure [puis : ] de tout ce que contiennent les livres nouveaux [...] concernant la médecine, la chirurgie (Bouillon et Paris, avr. 1761 - 9 nov. 1793, in-4°). Il en assume la direction et l'essentiel de la rédaction.

7. Publications diverses

Il a rédigé l'article «Allaitement» pour le Supplément de l'Encyclopédie et un grand nombre de mémoires concernant l'agriculture et l'économie rurale.

8. Bibliographie

B.Un, N.B.G., Biographie universelle et portative (t. V, Supplément, 1834). – Journal des Sciences et des Beaux-Arts, févr. 1774.

GOULIN

Auteurs

Numéro

353

Prénom

Jean

Naissance

1728

Décès

1799

Jean Goulin naît à Reims le 10 février 1728. Il est encore enfant quand meurt son père. Marié en 1766 avec la fille de l'opticien Paris, il perd sa femme en 1772 et voit mourir également ses deux enfants en bas âge. Il achève une existence difficile le 11 floréal an VII (30 avril 1799) à Paris.

2. Formation

La mort de son père plonge sa famille dans la gêne ; sa mère sacrifie tout pour lui permettre de mener à leur terme des études qu'elle envisage comme la voie vers l'état ecclésiastique. Au collège de Navarre, G. a pour professeur d'éloquence l'abbé Batteux. Contrairement aux vœux de sa mère, il se destine à la médecine. Il fréquente, durant les hivers 1753-1754 et 1754-1755, les écoles de médecine (cours d'anatomie de Ferrein), le Jardin du Roi et l'Hôtel-Dieu. Malade, il interrompt ses études et retourne quelques mois à Reims. Il obtient une licence en médecine, puis un doctorat (son titre de docteur apparaît pour la première fois dans une Lettre sur Hecquet publiée en 1762 dans le Journal de médecine) ; il est reçu au nombre des médecins agrégés correspondants par le collège royal de médecine de Nancy le 6 mai 1776 (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 14). Le 21 juin 1795, il est nommé professeur-adjoint d'histoire de la médecine, rattaché à la chaire de médecine légale de l'Ecole de Santé de Paris. Il a été membre des académies de Lyon, Villefranche, La Rochelle, Nîmes, Angers, de la Société littéraire de Châlons-sur-Marne (Almanach de Lyon, 1777), ainsi que de plusieurs Sociétés étrangères. La Société médicale de Paris le reçoit comme membre honoraire peu avant sa mort, le 5 fructidor an VI (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 7).

4. Situation de fortune

Avant de commencer ses études de médecine, il est répétiteur à 100 francs par an chez un maître de pension. Quand il revient de Reims à Paris en 1755, sa santé une fois rétablie, il doit vendre une première fois sa bibliothèque pour subsister ; il la vendra une seconde fois en 1783 et en tirera un viager de 600 £. En 1756, il est précepteur avec des honoraires de 600 £. Il accomplit ensuite les besognes les plus diverses, ce qui laisse supposer qu'il ne devint que tard docteur en médecine. Il atteint quelque aisance à partir de 1760, année où il devient journaliste aux Annales typographiques ; mais son existence restera toujours précaire. Il vécut de sa plume, collaborant à de nombreux dictionnaires, faisant des tables des ouvrages de médecine célèbres comme Lieu-taud, des traductions et des extraits de journaux. En 1783, il participe à la rédaction des médiocres Affiches de province. Cherchant en vain un état, en 1794, il échappe à la misère grâce à un poste à la Bibliothèque Nationale ; il est tardivement utilisé selon son mérite et tiré d'embarras par la Convention qui le nomme professeur à l'Ecole de Santé en l'an III (21 juin 1795), mais il ne put assurer que trois cours avant sa mort. De 1789 jusqu'à l'an VI, il avait tenu un Journal d'Observations météorologiques «rue de la Harpe, au Collège de Bayeux» (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1076).

5. Opinions

G. paraît à l'évidence avoir été, aussi bien sous les gouvernements révolutionnaires que sous l'ancien régime, un homme sans attaches et sans protections. Notons cependant que la loge Saint-Jean, dite «La Charitable» - «autorisée par M. le Comte de Clermont» (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 4) - lui a décerné un diplôme d'admission le 28 février 1769 (ibid.). Ses controverses sont d'ordre médical, comme celles qui l'opposèrent à Antoine Portai ou au chirurgien ordinaire du Roi, Nicole de Marsan, en 1776, à propos des préparations mercurielles (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1068). Il accueillit la Révolution avec sympathie ; d'après son biographe Pierre Sue, qui eut entre les mains tous ses manuscrits représentant plusieurs volumes, il aurait écrit de sa main, sur le premier volume de ses Mémoires biographiques, «Républicain depuis trente cinq ans».

6. Activités journalistiques

En 1760-1762, il travaille aux Annales typographiques ou Notice du progrès des connaissances humaines (D.P.1 116), avec Roux, Darcet et Robert. Puis il donne des comptes rendus aux Mémoires de Trévoux (1765) et collabore au Journal économique, au Journal des savants (1773), dont Macquer, chargé de la médecine, sous-traitait les notices. L'abbé de Fontenay se l'associe en 1783 pour prolonger les Affiches de province (c'est-à-dire, à cette date, les Affiches, annonces et avis divers).

Sa contribution la plus importante concerne le Journal de médecine, chirurgie et pharmacie (D.P.1 1178), auquel il travailla de 1777 à 1782, puis de nouveau de 1784 jusqu'en 1791. D'après Süe, qui a consulté les contrats, «La mort en 1776 de M. Roux médecin qui sous le privilège appartenant au libraire Vincent était depuis 1762 le rédacteur du Journal de médecine donna lieu à de nouveaux arrangements. Le privilège fut ôté au libraire et donné aux citoyens Bâcher et Dumangin. Par un accord particulier entre eux, le premier en devint propriétaire unique l'année suivante. Ne pouvant faire seul un travail qui exigeait plusieurs coopérateurs, il jeta les yeux sur Goulin pour l'aider et lui proposa 600 francs d'honoraires. [...] Il était à peine de retour, vers le milieu de 1784 que Bâcher lui proposa de reprendre le travail du Journal, avec les mêmes arrangements que la première fois, ce que Goulin accepta, quoique par la suite, l'augmentation du double des volumes exigeât par année un double travail » (p. 44-45). G. a rédigé de très nombreux extraits, concernant l'érudition et l'histoire médicale, travaillant en philologue autant qu'en historien et en médecin (alinéa rédigé par R. Rey).

Il travailla également à la Gazette de santé (D.P.1 544), quoique plus brièvement, essayant de redresser la situation financière de la Gazette et de rehausser son niveau après la gestion calamiteuse de Paulet. C'est G. qui rédigea le nouveau Prospectus imprimé en 1784 ; il intervint dans les numéros suivants à propos des débats sur le magnétisme, mais il cessa sa collaboration à la fin de l'année 1784, par suite de désaccords avec l'apothicaire Crahoré qui avait racheté la Gazette à Paulet (R. Rey).

Il a tenu, de 1789 à l'an VI, un Journal d'observations météorologiques (B.M. Reims, ms. 1076).

7. Publications diverses

Pierre Sue a relevé 68 titres d'ouvrages rédigés ou procurés par G., parmi lesquels des traductions, des dictionnaires, des éloges, des éditions de textes anciens sur la médecine. Retenons : six Lettres à un médecin de province pour servir à l'histoire de la médecine en France (Copenhague, Pyre, 1769, in-8°). – Vocabulaire françois ou Abrégé du Dictionnaire de l'Académie française (Paris, Veuve Regnard, 1771, 2 vol. in-8°). – Le Médecin des dames (1771, in-12). – Le Médecin des hommes (Paris, Vincent, 1772, in-12). – Mémoires littéraires, critiques, philosophiques, biographiques et bibliographiques pour servir à l'histoire ancienne et moderne de la médecine (Paris, J.F., Bastien, 1775-1777, in-40). – Le Confiturier royal (Paris, Veuve Savoye, 1776, in-12). Sommervogel (Tables méthodiques) et le catalogue de la B.L. lui donnent Bréchillot-Jourdain comme collaborateur pour Le Médecin des femmes et Le Médecin des hommes.

G. a d'autre part collaboré à divers dictionnaires dont le Dictionnaire domestique portatif de La Chesnaye Des Bois (Paris, Vincent, 1762-1764, 3 vol. in-folio ; G. en rédigea seul le premier volume) et le Dictionnaire raisonné de matière médicale, souvent attribué à tort au seul La Peyrie (Paris, Didot, 1773, 4 vol. in-8°, et 4 vol. de fig.). Il a rédigé le t. X in-40 (t. XXVIII à XXXI in-12) de la Bibliothèque choisie de médecine (1770) et publié avec Dehorne et La Servolle L'Etat de la médecine, chirurgie, pharmacie en Europe et principalement en France pour l'année 1777 (Paris, Veuve Thiboust, 1777, in-8°).

Son cours d'histoire médicale, resté manuscrit et recueilli par P. Sue, a été déposé à la B.M. de Reims. Un manuscrit de 1786-178 7 propose un « Plan de colonisation » pour créer une administration modèle dans une île de l'Atlantique (ms. 1077) : G. s'inscrit dans la lignée des médecins utopistes. Les manuscrits de G. ont été remis à sa mort à P. Sue par sa sœur ; ils sont conservés à la B.M. de Reims (nouv. fonds, ms. 1048-1051, 632 feuillets en 4 t., avec une chronologie, ms. 1052).

8. Bibliographie

B. Un. ; D.L.F. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (XXXIX, Reims, t. II, 1re part., p. 272-278 ; 2e part., p. 1033). – Notice dans la Biographie médicale (Encyclopédie des sciences médicales, Paris, Bureaux de l'Encyclopédie méthodique, 1841, 2 vol. in-8°). – Sue P., Mémoires historiques, littéraires et critiques sur la vie et les ouvrages tant imprimés que manuscrits de Jean Goulin, Paris, Blanchon, an VIII-1800. – Philippe, «Essai critique et littéraire sur la vie et les ouvrages de J. Goulin médecin », Annales de l'Académie de Reims, 1842-1843, p. 419-438.

GARDANNE

Auteurs

Numéro

331

Prénom

Jacques

Naissance

1726

Décès

?

Les biographies n'offrent guère de détails précis, excepté la mention de sa naissance à La Ciotat. En fait «Jacques Gardanne, fils du sieur François, docteur en médecine, et de demoiselle Anne Guerd, mariés, a été baptisé le vingt et un août mil sept cent vingt six, né le jour précédent» (A.D. Bouches-du-Rhône, reg. par. baptêmes, La Ciotat). Il se donne pour prénoms «Joseph-Jacques» ; comme son père lors de son baptême, il signe «Gardane» sur le registre d'immatriculation de la Faculté de médecine de Montpellier (B.U. Montpellier, Médecine, reg. S 30, p.

2. Formation

Il fait ses études de médecine à Montpellier entre 1756 et 1759 : bachelier le 10 novembre 1758, licencié le 9 avril 1759, il est reçu docteur le 3 mai 1759 (B.U. Montpellier, Méd., reg. S 61) avec une thèse intitulée De Theoria inflammations (1754, B.V. Montpellier, FmM 275, 005 1706-1760, t. I : renseignement communiqué par Roselyne Rey). Il devient docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris. Il appartient aux Académies de Montpellier, Nancy, Dijon (B.Un.) et est associé à celle de Marseille à partir du 5 juillet 1769 (Les Bouches-du-Rhône, t. IV, 2e part. ; voir archives de l'Académie de Marseille, délibérations).

3. Carrière

G. exerce la médecine à Paris. Il devient censeur royal ; on possède de lui un Nouveau plan de censure datant de 1773 (B.N., f.fr. 22017, f° 61). Ses activités concernent surtout l'hygiène publique ; il crée un bureau de soins pour observer et traiter les vénériens sans les hospitaliser ; il organise des visites périodiques des filles publiques ; il appartient au bureau des nourrices.

6. Activités journalistiques

Créateur de la Gazette de santé, feuille hebdomadaire qu'il rédige du premier numéro, daté du jeudi 1er juillet 1773, jusqu'au jeudi 8 août 1776 (D.P. 1 544), il la destine spécialement «aux gens de la campagne» et surtout aux curés, seigneurs, dames charitables et fermiers, pour diffuser le savoir et combattre « ces épidémies cruelles qui dévastent les champs et font languir l'agriculture». Mais il n'oublie pas les ouvriers des villes qui souffrent de l'air vicié et sont victimes de maladies professionnelles (Préface, t. I). Dans le numéro du 1er août 1776, il prend congé en rappelant son intention : «simplifier la médecine populaire». Ses successeurs, «une société de médecins», désireux de présenter un périodique d'esprit plus scientifique, ont encore soin néanmoins de choisir pour épigraphe à partir du 15 août 1776 : «Salus populi suprema lex». La Gazette de santé va subsister jusqu'à la fin de 1784. G. a donné dans le Mercure de France, le 21 août 1784, un c.r. des Maladies des créoles en France (p. 122-125).

7. Publications diverses

Comme sa production de journaliste, G. destine ses ouvrages, écrits d'abondance, à l'utilité immédiate, à l'amélioration de la science médicale publique (boîte de secours aux noyés le long de la Seine), plutôt qu'aux recherches théoriques. Parmi les 17 titres mentionnés dans la B.Un., il convient de signaler : Observations sur la meilleure manière d'inoculer la petite vérole, Vve d'Houry, 1767, in-12. –Diverses études sur les traitements vénériens. – Avis au Peuple sur les asphyxies ou morts apparentes et subites, Ruault, 1774, in-12, repris en forme de Catéchisme sur les morts apparentes, Valade, 1781, in-8°. – Almanach de santé, Ruault, 1774, in-12. – Le Secret des Suttons dévoilé ou l'Inoculation mise à la portée de tout le monde, La Haye et Paris, Ruault, 1774, in-12. – Eloge historique de Bordeu, Ruault, 1777, in-8°. – Mémoire concernant une espèce de colique observée sur les vaisseaux, Impr. royale, 1783, in-8°. – Des Maladies des Créoles en Europe, Valade, 1784, in-8°.

8. Bibliographie

Cat.B.N. – A.D. Bouches-du-Rhône, reg. par. La Ciotat (201 E 2015). – B.U. Montpellier, Méd., reg. S 30 et 61. – B.N., f.fr. 22017, f° 61. – Biographie médicale, Paris, Panckoucke, 1820-1825, t. IV, p. 336-337. – Les Bouches-du-Rhône, Encyclopédie départementale, ire part., t. IV, vol. 2 : Dictionnaire biographique des origines à 1800, éd. P. Masson, Paris, Champion, 1931, p. 228.

FAUCONNIER

Auteurs

Numéro

296

Prénom

Madeleine

Naissance

?

Décès

?

Maîtresse de Palissot (H.P.L.P., t. III, p. 89). Pidansat de Mairobert présente Madeleine Fauconnier comme une «courtisane jadis célèbre et qui depuis a donné dans le bel-esprit» (M.S., 25 févr. 1764, t. II, p. 28), et Grimm, comme «fille du monde retirée du service à cause de la multiplicité de ses services et de son âge» (CL., t. IX, p. 199-200).

6. Activités journalistiques

Palissot lui fait obtenir «le privilège d'annoncer les deuils de la cour aux particuliers, moyennant une rétribution de trois livres» (texte cité de Grimm). La mode de suivre à Paris les deuils de la cour s'était imposée à partir de 1747-1748 ; Barbier situe en mars 1761 l'institution d'un «bureau pour instruire les particuliers des deuils [...] moyennant trois francs par an» (Journal de Paris, t. VII, p. 339). F. publie à la même époque un Journal des deuils qui durait «depuis quelques années » quand Mairobert signale sa disparition et sa transformation en Nécrologe ; le tarif passe alors « de trois livres à six francs» (texte cité, du 25 févr. 1764). Jusqu'alors, la feuille indiquait la durée de chaque deuil et les détails correspondant à son importance ; habillement, parure, livrée, etc. Dès lors, à l'initiative de Palissot, sont ajoutées des notices sur les « personnes célèbres dans les sciences et dans les arts, mortes dans le courant de l'année» (ibid.). Le Nécrologe se perpétue de 1764 à 1782, date de son absorption par le Journal de Paris (H.P.L.P., t. V, p. 138) ; le 13 février 1782, on annonce que le Journal de Paris « s'est chargé du nécrologe de tous les personnages à talents» (M.S., t. XXII, p. 83). L.S. Mercier écrit : «Le jour indiqué par la feuille hebdomadaire, tout le monde est en noir» (Tableau de Paris, 1788, t. V, p. 120).

Le Journal des deuils publié par F. jusqu'en 1764 ne se confond pas avec la Gazette des deuils, premier titre du Nécrologe en 1765 (mentionné par les M.S. en 1766, additif pour 1766, 11 mai, t. XVI, p. 269 et par B.H.C., p. 70, à propos du Nécrologe).

8. Bibliographie

H.P.L.P. ; D.P.1 698 ; CL. – Delay J., Avant-Mémoires, t. III, La Fauconnier, Paris, Gallimard, 1982.

9. Additif

État civil : Madeleine-Joseph Fauconnier est née vers 1725 et morte le 14 septembre 1784 : « Le mardy quatorzième septembre mil sept cent quatre vingt quatre, damoiselle Maddeleine-Joseph Fauconnier, fille de deffunt André Louis Fauconnier, bourgeois de Paris, et de deffunte Madeleine Marguerine Gournay, son épouse, décédée d'hier à trois heures après midi chez Monsieur Charles Palissot, bourgeois en ce lieu ; âgée d'environ soixante ans, a été inhumée ... » (registre paroissial d’Argenteuil, cité par J. Delay, Avant-mémoires, t. 3, La Fauconnier, Gallimard, 1982, p. 353). D'après un autre acte, une demande d'émancipation, elle a 19 ans en 1744 (Delay, p. 36-37). Elle serait donc bien née en 1725. Les manuscrits de la Bastille mentionnent deux soeurs Fauconnier : l’aînée, Madeleine-Joseph (ou Josèphe), et la cadette, Marie-Anne, toutes les deux versées dans la galanterie (voir L. Bongie, From Rogue to Everymore, Mc Gills University Press, 2004, p. 193-194, 195, 196). On connaît d’autre part une Cécile Fauconnier, fille de Madeleine, née en 1750 et actrice dès 1762 si l’on en croit une lettre de Favart au comte de Durazzo datée du 11 juin 1762 : « Mlle Fauconnier est engagée dans la troupe de Versailles jusqu’à Pâques de l’année 1763. Elle est plus âgée que son âge, si j’ose me servir de cette expression ; elle ne paraît que treize à quatorze ans, et l’on assure qu’elle en a trois ou quatre de plus » (Favart, Mémoires et correspondance, Paris, Léopold Collin, vol. 1, 1808, p. 288)

Carrière : La carrière galante de Madeleine Fauconnier semble avoir commencé en 1749 ; elle est alors entretenue par le duc de Grammont ; elle joue sur son théâtre privé de Puteaux ; elle rompra avec lui en 1752 (Voir sur le site chass.utoronto.ca/trott/societe, l’inventaire « Théâtres de société » de M.E. Plagnol et D. Quéro). Les financiers Charles Le Normant d’Étioles et Étienne Bouret auraient ensuite partagé ses faveurs (Voir J. Delay, p. 175). Elle fréquente assidûment Mlle Hus, maîtresse du financier Bertin, et Mlle Astraudi, maîtresse de Le Normant. Celui-ci confie sa protégée à Madeleine F., imprudemment peut-être, si l’on, en croit un témoignage satirique un peu suspect : « Cette demoiselle Fauconnier est d’autant plus charmée de ce dépôt qu’elle aime les femmes et qu’elle fatigue la Demoiselle Astraudi à un point qu’un de ces jours en venant faire sa toilette chez elle, on a remarqué qu’elle avait les yeux battus et qu’à peine elle pouvait marcher » (ms. Bastille 11846, cité par Bongie, p. 195.)

En 1763, M.F. avait près de quarante ans. En 1766, elle s’efforce de garantir son privilège au profit de sa fille : « Dlle Madeleine-Josèphe, demeurant ordinairement à Argenteuil, Inventrice et Propriétaire de l’Annonce des deuils de la Cour et du Nécrologe des hommes célèbres » s’engage à fournir au Bureau des Correspondances un recueil annuel d’annonces contre la somme de 2400 £, somme portée ensuite à 3600 £. (Delay, ouvr. cité, p. 245). Le 31 décembre 1766, un tuteur est donné à « Joséphine-Cécile de la Mothe, mineure âgée de 16 ans » (Delay, p. 246). On en déduira que Cécile, née en 1750 hors mariage (des oeuvres du duc de Grammont ?) , avait été pourvue d’un père putatif. Sous la date du 26 mai 1773, les Mémoires secrets rendent compte de la séparation de M. F. et de Palissot : Charles Palissot s’est pris de passion pour la fille d’un bonnetier du quartier Saint-Roch et l’a aussitôt demandée en mariage : « C’est l’abbé de La Porte qui a été chargé d’annoncer à la Dlle Fauconnier, courtisane très renommée, avec laquelle il vivait, qu’il fallait se quitter. Celle-ci a reçu l’annonce très héroïquement et le sieur Palissot a actuellement installé chez lui sa nouvelle moitié ». Le mariage de Palissot avec Agnès Charlotte Petit-Radel, « fille mineure », est attesté à la date du 27 avril 1773 (voir H. Guénot, DP2, notice 613). On notera qu’à sa mort en 1784, M.F. habitait encore chez Palissot (J. S.).

DEHORNE,

Auteurs

Numéro

213

Prénom

Jacques

Naissance

1720

Décès

?

Jacques Dehorne a rebuté la perspicacité des biographes. Les rares notices qui lui ont été consacrées (N.B.G.; B. Un.) ne retiennent de lui que ses activités de médecin militaire et de journaliste « spcialisé ». Il est né le 23 juillet 1720 à Verdun de Charles Dehorgne et de Thérèse Michel (S.H..) ; on perd sa trace après 1793.

2. Formation

Le 13 octobre 1745, il soutint une thèse sur les maladies des femmes à la Faculté de Médecine de Reims et fut reçu docteur le 15 octobre (Guelliot, n° 217). Il faillit être traduit en justice en 1781 pour avoir usurpé le titre de docteur de la Faculté de Paris (Delaunay, p. 155 et n. 2).

3. Carrière

D. a d'abord été premier médecin de l'hôpital militaire de Metz, mais cesse ses fonctions pour cause de maladie à une date inconnue (S.H.). «Premier médecin consultant des camps et armées du roi », il devient en 1779 premier médecin consultant de la comtesse d'Artois (S.H.), puis médecin consultant du duc d'Orléans (mort en 1785). En 1787, la page de titre du Journal de Médecine militaire le présente en outre comme membre de la Société Royale de Médecine, censeur royal, médecin aux Rapports pour la Salubrité de Paris. Ses travaux sur les maladies vénériennes et son expérience des hôpitaux militaires où l'on éprouvait alors l'efficacité des remèdes nouveaux destinés à leur traitement, l'avaient déjà fait nommer inspecteur des quatre maisons de santé que le gouvernement avait créées en 1770 à Paris pour lutter contre ces maladies (Delaunay, p. 273-274). Grâce à ses connaissances chimiques, il avait pu dévoiler la composition de certains remèdes anti-syphilitiques prônés par des charlatans, tels les pastilles de Kayser et le sirop de Bellet.

4. Situation de fortune

Il touche une gratification de 400 £ sur l'extraordinaire des guerres le 29 mars 1763, pour services rendus à l'armée d'Allemagne, gratification qui lui est conservée au titre de médecin de l'hôpital militaire de Verdun, puis de premier médecin de celui de Metz (S.H.) ; il obtint une pension sur le Trésor royal (sans autre précision, ibid.).

5. Opinions

Ses fonctions l'ont mis en contact avec les grands et le gouvernement. Peut-être faut-il voir là la raison de son occultation durant la période révolutionnaire.

6. Activités journalistiques

D. dirige et rédige le Journal de médecine militaire « publié par ordre du Roi », Imprimerie Royale, 1782-1789, in-8°, dont le titre est ainsi complété sur les fascicules : Journal de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaire (D.P.1 672). Il succède au Recueil d'observations de médecine des hôpitaux militaires (1766-1772) de Richard de Hautesierck, auquel D. avait fourni des articles (D.P.1 1166). Dans ses fonctions de journaliste, D. n'était pas dépourvu du sens de la polémique, comme en témoigne l'opuscule critique qu'il a publié sous le titre Fautes à corriger dans la Gazette de Santé qui se distribue à Paris chez Ruault (s.l.n.d.), 72 p.

La parution du Journal de Médecine militaire s'inscrit dans un ensemble d'efforts plus généraux, sous l'impulsion du maréchal de Ségur, pour perfectionner la médecine militaire, dont les objectifs furent définis dans l'ordonnance du 2 mai 1781 : création d'écoles de clinique médicale dans les hôpitaux militaires de Metz, Lille et Strasbourg, construction d'amphithéâtres d'anatomie, amélioration du sort des chirurgiens, apothicaires et officiers de santé des armées, et publication régulière de mémoires sur les maladies qui attaquent les troupes, et sur les topographies médicales, avec le projet de dresser une « géographie médicale des provinces frontières et des villes de l'intérieur occupées souvent par les troupes » : « Le Dr Dehorne fut chargé de ce travail et les officiers de santé applaudirent à ce choix. Ce médecin publia, dès le mois de septembre 1781, le plan qu'il se proposait de suivre pour son Journal » (J.M., p. 15). D'après Biron, l'aspect médico-topographique, conçu sur le modèle du réseau de correspondants de la soit royale de Médecine, est celui dont D. s'occupa le plus. D. qui avait également écrit sur l'hydropisie, « traitait la partie chirurgicale avec le même soin, la même sagacité [...]. Dans les cas difficiles, il recourait avec confiance aux lumières de Louis, à l'expérience de Bourienne (J.M., p. 19). La disparition du Journal de Médecine militaire en 1789 semble être due à une réorganisation du système de santé des armées : une ordonnance du 1er juillet 1788 supprima les hôpitaux militaires, en licencia le personnel, et confia la charge des affaires de santé aux chirurgiens-majors de chaque régiment : par cette décentralisation qui devait s'avérer catastrophique, et fut annulée à la fin de 1791, le système de correspondants sur lesquels s'appuyait le J.M. avait été complètement désorganisé. Dès la fin de 1792, le Conseil de santé chercha à reprendre le projet, ce qui ne fut réalisé qu'en 1815. [Alinéa rédigé par Roselyne REY].

7. Publications diverses

Outre des études sur l'usage du mercure dans le traitement des maladies vénériennes (1769, 1775, 1779), il a rédigé divers opuscules et des éloges de confrères décédés, qu'il publia d'abord dans son J.M. (voir Cat. B.N., « Horne »). Il est intervenu avec bon sens dans le long débat sur l'inoculation par un Mémoire sur quelques abus introduits dans la pratique de l'inoculation de la petite vérole, et sur les précautions nécessaires pour tirer de cette opération le plus grand avantage possible (Paris, Desaint, 1788, in-4°, 16 p.). En collaboration avec Goulin et La Servolle, et dans des circonstances curieuses que relate Delaunay (Le Monde médical, p. 267-268), il avait dressé l'Etat de la Médecine, Chirurgie et Pharmacie en Europe et principalement en France pour l’année 1777 (Paris, Vve Thiboust, 1777, in-12). Il a publié Observations faites par ordre du gouvernement sur différentes façons d'administrer le mercure dans les maladies vénériennes, Paris, 1779, 2 vol. – Mémoires sur quelques objets qui intéressent plus particulièrement la salubrité de la ville de Paris, Paris, 1788.

Il était responsable, dans l'Encyclopédie méthodique. Médecine, des articles concernant les maladies vénériennes et les différentes sortes d'hydropisie ; son nom apparait dans la liste des collaborateurs du tome I au tome VI (1793).

8. Bibliographie

N.B.G.; B. Un. – « Discours Préliminaire, sur le perfectionnement de la Médecine Militaire en France depuis un demi-siècle, par M. Biron », (J.M.) Journal de médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous la surveillance de MM. Les Inspecteurs généraux du service de Santé, par M. Biron, Médecin en chef d'arme, adjoint à l'Hôpital Impérial des Invalides, et M. Fournier, Médecin-secrétaire de l'Inspection de Santé, publié par ordre de son Excellence le Ministre de la guerre, Mars 1815, n° I, p. 1-72. – Dezeimeris, Dictionnaire historique et critique de la médecine ancienne et moderne, Paris, Béchet, 1836, t. III, p. 238-239. – Guelliot O., Thèses de l'ancienne Faculté de Médecine de Reims, B.V. Reims, ms. Raussin. – Delaunay P., Le Monde médical parisien au XVIIIe sicle, Paris, Rousset, 1906, p. 148,155, 273-274, 395. –Des Cilleuls, L., médecin-général, Le Corps de Santé militaire dans la monarchie depuis les origines jusqu'à 1793, Paris, S.P.E.I., 1961, p. 73. – (S.H.) Service historique de l'Etat-major de l'Arme de Terre, Clt. : T.R. 6365.

9. Additif

Réponse d'un médecin de Paris à un médecin de province sur le prétendu magnétisme animal de M. MESMER, Vienne et Paris, L. - Alex. Delalain le jeune, 1780 (Dr Jean-François PRUDENT) 

CHANCEY

Auteurs

Numéro

163

Prénom

Claude Joseph

Naissance

1683

Décès

?

Claude Joseph Chancey, né à Lyon, baptisé le 19 décembre 1683, était le second des huit enfants de Thomas Chancey, joaillier, maître-orfèvre et bourgeois de Lyon (mort avant le 29 juin 1712) et de Jeanne Durier, qui s'étaient mariés à Ainay le 30 janvier 1677 (A.D. Rhône, fonds Frécon, série rouge, t. III, généalogie Chancey). Il appartient à une famille Chancel ou Chancey qui a fourni plusieurs échevins à la ville de Lyon (J. Tricou, Armorial et Répertoire Lyonnais, Paris, 1965-1976, t. V, p. 91-92).

2. Formation

Chancey déclare être rentré chez les Jésuites dès quinze ans ; il y accomplit deux ans de noviciat, suit un cours de théologie et enseigne grammaire et humanités pendant sept ans. Ordonné prêtre pendant son cours de théologie (1708 ou 1709), docteur en théologie, il est exclu de la Compagnie par le Provincial, le P. de Dortan, quatre ans environ plus tard, le 23 mars 1713 ; il devient prieur de Sainte-Madeleine du Bois de la Calme en Forez avant 1715, car il porte déjà ce titre dans le Mémoire apologétique composé à cette date (d'où sont tirés les renseignements précédents).

3. Carrière

Durant les années passées comme étudiant puis comme professeur dans la Compagnie de Jésus, il est successivement à Avignon, Roanne, Dole, Châlons, Grenoble où il va prêcher, Lyon et Mâcon. C'est de Mâcon que son supérieur le rappelle à Lyon pour lui signifier son exclusion (Mémoire apologétique, p. 6). Il prononce en 1714 l'oraison doctorale de la Saint Thomas, qui lui vaut 140 £ de rétribution le 3 janvier 1715 (Tricou, Les Orateurs de la Saint Thomas de l'ordre du clergé, p. 11). En 1717, il semble être à Paris ; il y est en 1731. D'autre part la Gazette du 2 septembre 1724 annonce que le panégyrique de Saint Louis a été prononcé cette année-là «avec beaucoup d'éloquence» par «l'abbé de Chancé» dans la chapelle du Louvre en présence de l'Académie Française. Ne serait-ce pas le nôtre? Confirmation en est donnée par la liste des panégyristes publiée par l'abbé de Malvaux (L'Europe ecclésiastique, p. 177).

4. Situation de fortune

En 1724 encore, il est nommé garde des planches gravées et des estampes de la Bibliothèque du Roi dont le conservateur est alors l'abbé Bignon.

5. Opinions

On ne sait pour quel motif, en 1713, les Jésuites lui ont fait «l'affront» de se séparer de lui. Dans son Mémoire apologétique de 1717, il se présente comme la victime de l'animosité personnelle du P. de Dortan et affirme que ses supérieurs lui ont donné le 24 septembre 1715 une attestation de sa piété et de sa conduite édifiante (p. 16-17) ; à la fin il annonce deux autres mémoires qu'il veut également déposer pour sa défense devant le parlement de Paris. Ce qui est avéré, c'est que le 1er juin 1735 il est mis à la Bastille pour avoir volé et vendu des estampes confiées à sa garde. Transféré aux Petites Maisons (pour vénériens et aliénés, mais sans ces motifs) le 13 novembre 1736, il s'en évade le 11 février 1737 ; on le voit circuler dans Paris. Conduit à Charenton le 4 mars 1737, il n'en sortira plus, et son souhait de retour à Lyon ne sera jamais satisfait (Ravaisson, Archives de la Bastille, t. XIV, p. 416-422).

6. Activités journalistiques

D.O.A. (t. III, col. 510-511) lui attribue le quatrième et dernier volume du Nouveau Recueil de pièces fugitives d'histoire, de littérature (Paris, 1717) commencé par l'abbé Archimbaud (voir ce nom) ; selon D.O.A., l'abbé Tricaud lui aurait apporté une aide. Voir D.P.1 989.

7. Publications diverses

Mémoire apologétique pour le sieur Claude Chancey, prêtre, docteur en théologie, prieur de Sainte Magdeleine, demandeur, contre les Jésuites de la province de Lyon, défendeurs, Paris, J.B. Lamesle, 1717, in-8°, 20 p. (un exemp. à la B.M. de Lyon, un autre incomplet à l'Arsenal, ms. 2130).

8. Bibliographie

Chancey, Mémoire apologétique, Paris, J.B. Lamesle, 1717. – B.N., n.a.fr., ms. 6364, f° 12 (Arrêt du Conseil du 13 octobre 1736 relatif au vol des estampes). – Gazette, 2 sept. 1724, n° 38. – Ravaisson (éd.), Archives de la Bastille, t. XIX, p. 416-422. – Péricaud M.A., Notes biographiques, A.D. Rhône, fonds Galle, ms. 83, t. I, f° 43-44. – Malvaux, L'Europe ecclésiastique, Paris, Duchesne, 1757. – Tricou G., Les Orateurs de la Saint Thomas de l'ordre du clergé, Lyon, M. Audin, 1921, p. 11 : je tiens à remercier ici M. Jean Tricou, auteur de l'Armorial et Répertoire du Lyonnais, des conseils qu'il m'a donnés au cours de ses recherches (Armorial de la Généralité de Lyon, Lyon, Bibliophiles lyonnais, 1958, in-4°).

CERISIER

Auteurs

Numéro

157

Prénom

Antoine

Naissance

1749

Décès

1828

Marie Antoine Cerisier est né le 19 novembre 1749 à Châtillon-lès-Dombes et a été baptisé le 21 avec son frère jumeau Jean Sébastien. Leurs parents se nommaient Jean Baptiste Cerisier et Marie Anne Chanrion (reg. par.). Le père était marchand épicier à Châtillon (reg. par. et D.B.F.). Un oncle, J. Cerisier, auteur d'odes latines, enseigna l'éloquence à Paris, au collège des Grassins. Cerisier s'est fait connaître sous les prénoms d'Antoine Marie. Il est mort dans sa ville natale le 1er juillet 1828 (D.B.F.).

3. Carrière

Son oncle le fait venir à Paris. En 1776, il est établi à Utrecht, où il entreprend son Tableau de l'histoire générale des Pays-Bas (Popkin, p. 535) ; en 1777 il est secrétaire de l'ambassade de France à La Haye ; il se voit contraint de regagner la France à la fin de 1780. En 1789, il est élu député suppléant du tiers pour le bailliage de Bourg-en-Bresse, mais il ne siègera pas aux Etats-Généraux. Après le 10 août 1792, il quitte Paris pour se cacher en Beaujolais ; il y est arrêté, mais on le libère le 9 janvier 1794. Dès lors son existence reste obscure jusqu'à sa mort (D.B.F.).

4. Situation de fortune

Ses écrits soutenant la politique favorable aux Insurgents lui valent une pension royale (D.B.F.). Sous la Restauration, il demande en vain des indemnités pour les dommages subis durant la Révolution (N.B.F.).

5. Opinions

Aux Pays-Bas, il s'est mêlé des querelles de politique intérieure comme journaliste et s'est déclaré ouvertement favorable aux patriotes hollandais. En France, après avoir pris position en faveur de l'indépendance américaine (D.B.F.), il est avec Brissot et Carra l'un des douze fondateurs en 1788 de la Société des Amis des Noirs (Brissot, Mémoires, t. II, p. 74-75). La même année il est de ceux qui demandent la réunion d'Etats-Généraux ; mais, durant la Révolution, il met son activité de journaliste au service de la monarchie, jusqu'à ce qu'il lance soudain dans le public, l'un des premiers, l'idée d'un «gouvernement purement républicain» (Gazette universelle, 25 avril 1792, citée par Aulard, Histoire politique de la Révolution française, p. 180).

6. Activités journalistiques

Dans la Gazette littéraire de l'Europe(D.P.1 573), il publie (t. LXXXVII, 1778) un pamphlet : «Observations impartiales d'un vrai Hollandais».

Création et rédaction avec Crajenschot du Politique hollandais (Amsterdam, févr. 1781-janv. 1784, I-VI, 153 numéros in-8°). Barbier écrit : «Les deux auteurs de ce recueil s'étant brouillés, ils continuèrent à publier chacun de son côté un journal du même titre. Celui de Cerisier portait sa signature» (D.O.A., t. II, p. 946, col. B). Les dates de début et de fin de la collection restent incertaines.

Rédacteur des Nouvelles extraordinaires de divers endroits (Gazette de Leyde) d'avril 1785 à septembre 1787 (J.P., p. 539 et suiv.).

Création avec Boyer et Michaud de la Gazette universelle qui défend les principes de la monarchie et de la liberté (Paris, 1er déc. 1789-10 août 1792, 5 vol. in-4°). Hatin présente Cerisier comme le principal rédacteur de ce périodique et note que l'entreprise fut une réussite financière (B.H.C., p. 127, col. A). Il y eut jusqu'à dix mille abonnés (Le Duc, Histoire de la Révolution dans l'Ain, t ; Vl, 309).

7. Publications diverses

Tableau général de l'histoire des Provinces Unies, Utrecht, van Schoonhoven et Comp., 1777-1784, 10 vol. in-8°. – Histoire de la fondation des colonies des anciennes républiques adaptée à la dispute présente de la Grande-Bretagne avec ses colonies américaines (trad. libre d'un ouvrage de W. Barron), Utrecht, 1778, in-8°. – La Pierre de touche des écrits et des affaires politiques, s.l., 1779, in-8°. – Le Destin de l'Amérique ou Dialogues pittoresques dans lesquels on développe la cause des événements actuels, la politique et les intérêts des puissances de l'Europe [...], traduit fidèlement de l'anglais, «Londres», 1780, in-8°. – Remarques sur les erreurs de l'«Histoire philosophique et politique» de M. G.Th. Raynal par rapport aux affaires de l'Amérique septentrionale, traduit de l'anglais de Thomas Payne, augmenté de notes et d'une préface, Amsterdam, Crajenschot, 1783, in-8°. – Régénération de la France par les Etats Généraux, 1788 (analysé dans Le Duc dans les Curiosités historiques de l'Ain, t. II, p. 819).

8. Bibliographie

N.B.F., B.H.C., D.B.F., D.O.A., Cior 18. – A.D. de l'Ain, registres paroissiaux de Châtillon-lès-Dombes. – Brissot, Mémoires, éd. Cl. Perroud, Paris, 1910. .– Le Duc, Histoire de la Révolution dans l'Ain, Bourg-en-Bresse, 1879-1884, t. Vl, p. 308-309. – Aulard F.A., Histoire politique de la Révolution française, A. Colin, 1903. – Popkin J., «From Dutch Republican to French Monarchist : Antoine-Marie Cerisier and the Age of Revolution», Tidschrift voor Geschiedenis n° 102 (1989), p. 534-544).

9. Additif

État-civil: en 1807, il est marié et père de 9 enfants. Sa fille, Marie Sébastienne, née le 7 juillet 1791 à Paris, se marie à Lancié le 6 mai 1812 avec Jean Marie Aucour, avoué près le tribunal civil de Villefranche.

Carrière:  en 1807, il est dit "propriétaire vivant bourgeoisement, littérateur et ex-journaliste assez zêlé", "bourgeois agriculteur" et disposant d'une fortune estimée à 200 000 francs. Adjoint de la commune de Lancié de 1800 à 1812, puis maire jusqu'en 1816, Cent-Jours compris. A partir du 20 novembre 1816, il refuse de renouveler son mandat de maire mais siège encore au conseil municipal où il sera remplacé le 26 mars 1827 du fait de son départ de la commune.

Bibliographie: AD Rhône, Etat civil de Lancié. http://archives.rhone.fr/ark:/28729/a011303477356xcM2F7/1/1</a

(Gaëlle Charcosset)

BOUDET

Auteurs

Numéro

095

Prénom

Antoine

Naissance

1715

Décès

1787

Antoine Chrétien Boudet est né et a été baptisé le 7 juin 1715 à Lyon (A.M. Lyon, reg. par. Saint-Nizier, n° 68). Il était le dernier fils d'Antoine Boudet et de Jeanne Joban mariés le 8 janvier 1705 (ibid., n° 59, f° 3 ; contrat de mariage le 23 déc. 1704, A.D. Rhône, Sénéchaussé, Série B, inventaires 29 août 1719). Son père, marchand-libraire lyonnais, installé rue Mercière «A la Croix d'Or», avait accédé à la Société des Libraires (Inventaire des marques d'imprimeurs et de libraires, Paris, Cercle de la Librairie, 1892, p.

2. Formation

En 1764, il figure comme procureur-général de son ordre parmi les abonnés au Mercure de France (I, 213).

3. Carrière

«Boudet fils» est, sauf erreur, nommé imprimeur de l'Académie de Lyon, lors de la séance du 18 décembre 1724 (Archives historiques et statistiques, 1827, Vl 185, note 1 ; il a alors neuf ans). Le remariage de sa mère avec J.B. III Coignard amène Antoine à Paris à une époque où la librairie parisienne supplante de plus en plus la librairie lyonnaise. Il devient libraire le 16 février 1734, est admis imprimeur le 3 décembre 1742 et reçu le 29 décembre (B.N., reg. de la communauté des libraires, f.fr. 21858, f° 23 et 26), à la suite de la démission de Simon II Langlois qui libère l'un des 36 postes d'imprimeurs autorisés à Paris (Lottin, Catalogue chronologique, t. II, p. 221). Dès 1742, Boudet est associé à son beau-frère P.G. Le Mercier, rue Saint-Jacques, «Au livre d'or» (Inventaire des marques, p. 8-9 et 52-55). En 1749, on trouve «J.B. Coignard et A. Boudet, rue Saint-Jacques, à la Bible d'or», parmi les libraires associés pour l'édition du Nouveau Supplément du Moreri, et en 1759, «Boudet, rue Saint-Jacques, à la Bible d'or», parmi ceux qui rééditent le Grand Dictionnaire historique. Les Almanachs royaux le placent au nombre des imprimeurs royaux ; selon le Catalogue chronologique, il apparaît comme imprimeur du Roi à la mort de son beau-père en 1768 (rapprocher II 14 et II 28). Il se démet de son poste d'imprimeur le 30 mars 1779 et est remplacé par J.Ch. Desaint (ibid., II 14). Un procès-verbal de vente de son fonds de librairie est établi en 1787 (B.N., f.fr. 21824, f° 14).

Des lettres d'Antoine Boudet font connaître ses voyages à Lisbonne (10 mars 1761 : f.fr. 22136, f° 49-50) et à Cadix (10 fév. 1763 : f.fr. 22130, f° 44) d'où il envoie un rapport sur l'état de la librairie en Espagne et au Portugal.

5. Opinions

Pour avoir aidé à la diffusion de nouvelles à la main, imprimées ensuite à Rouen chez Antoine Marie sous le titre Le Courrier fidèle, et détenu dans sa boutique des ouvrages prohibés ou dépourvus de privilège et de permission, en particulier les Nouvelles ecclésiastiques, Boudet est arrêté le 7 février 1747 et enfermé à la Bastille le 9 avril (Ars., ms. 11610, f° 105, 108, 112, 122, 134, 135, 142) ; il est libéré à une date indéterminée, postérieure à novembre 1747, «n'y ayant pas de preuves complettes de contraventions graves» (f° 148). On connaît un Mémoire et Consultation pour le sieur Boudet, libraire, imprimeur du roi, propriétaire du privilège pour l'impression des oeuvres de M. Bossuet, contre dom Deforis, religieux bénédictin du couvent des Blancs-Manteaux, et contre les sieurs Elmsley et Nicoll (Paris, A. Boudet, s.d., 4°) ; le Mémoire est signé Brousse, et la consultation Tronchet, Legouvé, Hochereau, Brousse, 17 décembre 1778 (Catalogue des Factums, t. I, p. 247, col. A.).

L'index des O.C. de Diderot (C.F.L., 1973, t. XV, p. 620, col. A) attribue à Boudet un «précis ou mémoire» présenté en faveur des libraires de l'Encyclopédie dans le conflit qui les opposa à Luneau de Boisjermain (v. ibid., t. X, p. 920, et M.S., t. VI, p. 171, 19 juin 1772) ; mais il faut supposer plutôt que «Me Boudet avocat» (ibid.) est celui que l'Almanach royal de 1772 désigne comme avocat au Parlement depuis 1733, demeurant rue Guénégaud.

6. Activités journalistiques

A. Boudet s'inspire de la formule des Affiches de Paris, des provinces et des pays étrangers (1716) pour créer Les Affiches de Paris (puis Affiches de Paris, Avis divers qu'il fait paraître du 22 fév. 1745 au 3 mai 1751 en 7 vol. du format original in-8° oblong, Barbier, D.O.A.) : à la publication des actes officiels, arrêts et jugements, programmes de cours publics, ventes publiques, publications nouvelles, inventions, spectacles, il ajoute les décès et le cours des changes et effets (B.H.C., p. 19). Rétif de La Bretonne écrit dans les Nuits de Paris : «Boudet, qui vient de mourir, se contentait de mettre, en petit, toutes les affiches, qu'il voyait en grand au coin des rues. Il eut d'abord beaucoup de peine, parce qu'il n'avait de secours de personne : il fallait qu'il vît tout par lui-même, ou par les yeux de Louis Maugé, son apprentif, qu'il envoyait lire les affiches, et en prendre note. Mais bientôt les procureurs et les notaires sentant l'utilité de sa feuille, lui évitèrent cette peine, en lui envoyant la note de toutes leurs affiches. Cependant la feuille resta faible entre les mains de Boudet, qui la plupart du temps en abandonnait l'arrangement à Maugé» (359e Nuit). Inquiets du succès de cette formule, les rédacteurs de la Gazette obtiennent la suppression des Affiches de Paris en mai 1751 (B.H.C., ibid. ; v. D.P.1 notices «Aunillon» et «Meslé»).

Dans l'Histoire de l'édition française (t. II, Paris, Promodis, 1984, p. 263-281), H.J. Martin publie un document important : une «lettre à M. de Bombarde sur l'imprimerie et librairie d'Espagne et de Portugal», 10 fév. 1763 (B.N., ms.fr. 22130, pièce 44). Boudet y écrit : «Je n'imaginai la petite feuille périodique des Affiches de Paris, que dans l'intention et l'espérance, qu'appuyé par le profit que me donnerait son succès, je pourrois m'hasarder à des affaires importantes en librairie, en effet, comme je donnai l'être à cette feuille, elle me le donna, dans les six années qui suivirent sa naissance, elle m'enrichit de cent mille livres et m'enhardit à me charger de grandes entreprises ; la première, la collection des oeuvres de Bossuet ; personne à Paris n'ayant osé la faire, les Vénitiens l'entreprenoient, j'annonçais la mienne, l'exécutai rapidement et eus la satisfaction de faire tomber des mains des Vénitiens celle qu'ils avoient commencée par 6 vol. in 4° qu'ils avoient déjà distribués, et ils ne les continuèrent plus ; la mienne a enfanté successivement 20 vol. in 4° et in folio [sur cette édition de Bossuet donnée par l'abbé Pérau de 1743 à 1747 puis par l'abbé Leroy après 1749, voir Victor Verlaque, Bibliographie de Bossuet, Paris, 1908, p. 99-103, et Jacques Le Brun, «Les premiers éditeurs français de Bossuet au XVIIIe siècle dans : La Prédication au XVIIe siècle, Actes du Colloque tenu à Dijon les 2, 3 et 4 décembre 1977, Paris, 1980, p. 165-185]. Ma seconde entreprise fut le grand atlas de Mrs Robert. L'Angleterre l'a tellement honoré de son suffrage qu'elle seule en a consommé près de 500 exemplaires [Sur cet atlas publié à Paris en 1757 par Gilles Robert et son fils Didier Robert de Vaugondy, voir Mary Sponberg Pedley,«The Subscription List of the 1757 Atlas Universel : A Study in cartographie dissemination» dans Imago Mundi, 31, Second Series, vol. 4, 1979, p. 66-77]. La troisième a été le Moréri espagnol 10 vol. in folio, par l'importance et l'aventurement des fonds qu'elle a exigés, elle a causé de l'étonnement en Espagne [El Gran diccionario historico... traducido del francés de Luis Moréri, Paris, «a costa de los libreros privilegiados», 1753 ; 8 tomes en 10 vol. in f°. Le privilège avait été délivré à de Tournes à Lyon en novembre 1744 et celui-ci l'avait cédé aux libraires de Paris intéressés au Moréri en François]. La quatrième enfin a été l'Edition qu'a soignée le P. Griffet de la grande histoire de France du P. Daniel [Histoire de la France depuis l'établissement de la monarchie française dans les Gaules... 1755-1757, 17 vol. in 4°] ; mon profit sur ces quatre entreprises qui m'occupent depuis 20 ans n'a point égalé le bénéfice que j'ai fait en 6. sur ma seule feuille des affiches. Car que me reste-t-il des quatre entreprises? des magazins pleins à la vérité...» (renseignements fournis par P.F. Burger).

H.-J. Martin a également cité le «portrait» de Boudet par d'Hémery : «C'est un petit finot qui entend bien sa partie et qui est un peu suspect. Il a inventé les Petites affiches qui lui rapportaient beaucoup mais que le chevalier de Meslé lui a enlevées par le crédit de Madame de Pompadour. Depuis ce temps, il a inventé le Journal oeconomique...»

Le 26 mars 1751, A. B. vient d'obtenir un privilège général pour le Journal oeconomique ou Mémoires, notes et avis sur les arts, l'agriculture et le commerce (Antoine Boudet, imprimeur du roi et du Châtelet). Le premier volume paraît avec la date de janvier 1751 ; au total 28 vol. in-12 et 15 vol. in-8° selon Hatin et D.P.1 729 (34 vol. in-12 et 15 vol. in-8° selon Barbier) jusqu'en 1772.

D'après le «Plan» présenté en tête du premier volume (I, 6), le Journal oeconomique doit mettre ses lecteurs en mesure «d'accroître de plus en plus le bien général en travaillant à leurs fortunes particulières». Ce «Plan» ainsi que la «Réponse de l'Auteur du Journal oeconomique» parue en juin 1751 sont-ils de la plume d'Antoine B. lui-même se considérant comme l'«auteur» du périodique dont il a le privilège? C'est plausible, mais il paraît difficile de mesurer sa contribution à la rédaction du journal. Quérard ne voit en lui que l'imprimeur-libraire (t. I, p. 443, col. A). Barbier précise que le Journal oeconomique a eu pour rédacteurs «les frères Antoine et Antonin Boudet, Jean Goulin, A.G. Meusnier de Querlon, Ant. Lecamus, J.F. Dreux du Radier, E.C. Bourru et autres. La traduction du Praedium rusticum est du P. Antonin Boudet». En réalité cet «Antonin» est le frère aîné Claude, né en 1705, chanoine régulier de Saint-Antoine. Il a enseigné chez les Antonins de Rome la philosophie et la théologie pendant six ans (vers 1731 - 1736), est retourné dans la maison de Saint-Antoine du Dauphiné, où il réside depuis deux ans environ lorsque son supérieur le fait partir pour Paris afin de poursuivre des recherches sur les auteurs de son ordre ; il réside à Paris jusqu'en novembre 1738. Ce supérieur fait son éloge à l'abbé général de Saint-Antoine, N. Gasparini, et le présente à l'âge de 32 ans (en réalité 33) comme «un véritable homme de lettres en tous genres, poète, historien, prédicateur, philosophe et bon théologien» promis à un bel avenir (lettre du 13 janv. 1739, B.N., ms.fr. 16681, dans la correspondance de Dom Rivet, publiée par Vanel). Selon Quérard, le P. Claude Boudet a fourni de nombreux articles au Journal oeconomique ; il a également écrit un poème latin en l'honneur de son abbé général, Gasparini ; un Mémoire où l'on établit les droits des abbés généraux de Saint-Antoine de présider aux états de la province de Dauphiné en l'absence de M. l'évêque de Grenoble (Lyon, 1746, in-4°) ; La Vie de M. de Rossillion de Bernex, évêque et prince de Genève (Paris, M. Lambert, 1751, 2 part. en un vol. in-12) ; une traduction de La Vraie Sagesse de l'italien Segneri, ou Pinamonti (Mannheim, 1752, in-18). Il est mort le 25 décembre 1774 (Feller, Supplément au Dictionnaire historique).

7. Publications diverses

Boudet n'a fait que «publier» comme imprimeur-libraire un Recueil des Sceaux du moyen-âge, avec des éclaircissements (Paris, A. Boudet, 1779, in-4°) qu'on lui attribue à tort ; il est l'ouvrage du marquis de Migieu (Archives [...] du Lyonnais, t. VI, p. 181-195).

8. Bibliographie

B.Un. (très erronée), Feller (1818 et Supplément, 1819), F.L., D.O.A., Bréghot du Lut (Biographie lyonnaise), Hatin (B.H.C.), Corda (B.N., Imprimés, Catalogues, Factums, t. I, p. 247).– Ars., ms. 11610 (f° 105-150), Grand Châtelet, dossier Boudet. – Rousseau J.J., Confessions, Livre III (éd. Garnier, 1964, p. 134). – Archives historiques et statistiques du Lyonnais, 1827, t. VI, p. 181-195, t. VII, p. 34-36. – Vanel J.B., «Les savants lyonnais et les Bénédictins de Saint-Germain des Prés» dans Revue du Lyonnais, 1893, p.358-360. – Tricou J., Armorial et répertoire Lyonnais, t. III, p. 161, col. A.