SUTIERES-SARCEY

Numéro

760

Naissance

1740 ?

Décès

?

On ne sait rien de lui sinon qu'il s'appelle «de Sutières-Sarcey» ou «de Sutières-Sarcey, neveu». Né vraisemblablement en Bretagne vers 1740 ; tout ce qu'il publie se situe entre 1765 et 1793 environ. Dans le Cat.B.N., il est appelé Sarcey de Sutières.

2. Formation

« Né dans une certaine aisance, on n'a rien négligé pour mon éducation » (Supplément, n° I, p. 2). Se donne en 1786 comme « ancien Capitaine d'Infanterie, Membre de plusieurs Sociétés d'Agriculture » (Etablissement).

3. Carrière

Entré lieutenant au régiment de Bretagne, réformé en 1763. Toujours «dans l'âge des plaisirs», il se fixe auprès de son oncle Sutières-Sarcey, auteur d'une Ecole d'agriculture pratique, et étudie avec lui pendant trois ans. «Ancien directeur, conjointement avec son oncle, de l'école d'agriculture établie à Anet» (selon la page de titre de son Apologue), il parle de ses voyages de travail et d'observation en France et à l'étranger et évoque une expérience «faite en 1766, dans l'entre-deux mers, proche Bordeaux» (Supplément, n° 13, p. 50). Après onze ans à l'étranger il se retire à la campagne et s'occupe à faire des expériences ; l'année 1779 le trouve en Languedoc « chez un Anglois » ; deux ans plus tard il est en Lorraine (n° 11, p. 41). Ensuite, cherchant à communiquer ses connaissances aux autres, il s'adresse aux journaux. Après à peine plus d'un an au Supplément au Journal général, il essaie, sans grand succès semble-t-il, de lancer à Paris un cours gratuit d'agriculture «sous la protection de Monsieur» (Prospectus, 1788). Plus tard, il essaie par ses écrits d'influencer la politique agraire de la Révolution.

4. Situation de fortune

Il se dit «plus accoutumé à tenir une charrue que la plume» (Supplément, n° 1, p. 4), et on ne sait trop comment il a vécu sinon de ses fonds personnels. Dans son Etablissement utile pour l'agriculture (1786) il propose la création d'un poste national d'«agronome ambulant» qui servirait à introduire les nouvelles méthodes sur le terroir, décerner des prix, etc., poste pour lequel il serait sans doute implicitement lui-même le candidat idéal. Il a dû connaître des difficultés financières, car dans un avis du journal il offre « ses services au Public, et il se flatte que les personnes qui l'emploieront, auront lieu d'être satisfaites de son honnêteté et de ses lumières» (n° 5, p. 20). Serait-ce de lui-même qu'il est encore question dans cet autre avis au ton plus urgent : « Si quelqu'un aux environs de Paris vouloit réparer quelques domaines ou une terre, il peut s'adresser à M. de Sutières, qui lui indiquera un Monsieur, qui a les connoissances, en Agriculture, que donne une longue expérience, qui ne demande que d'être logé, nourri & chauffé.» (n° 6, p. 24)? Un peu plus tard il s'offre à fournir aux lecteurs, «au meilleur prix qu'il me sera possible», «différens grains ou graines dont il est question dans mes Feuilles» (n° 16, p. 64). Aidé peut-être par Monsieur, il veut lancer un cours d'agriculture, qu'il propose simultanément par souscription à raison de trois feuilles tous les quinze jours pour vingt-quatre (Paris) à 27 £ (province). Nouvel échec, semble-t-il, son Cours complet d'agriculture étant publié en forme de volumes conventionnels.

5. Opinions

Il ne s'intéresse qu'à l'agriculture pratique, outils et méthodes ; son cours promet une expérience pratique (il évoque son «travail assidu dans les champs pendant vingt-quatre ans») liée à la physique, la chimie, la météorologie, etc. (Cours complet).

6. Activités journalistiques

Il est le premier auteur du Supplément au Journal général de France, journal (presque un cours) d'agriculture, lancé vers la fin novembre 1786 sous la forme d'une lettre bimensuelle signée de son nom (D.P.1 1237). S. fait du journal un organe personnel où il communique sa méthode sur tous sujets d'agriculture, sauf la vigne où il défère à M. Maupin ; il se refuse à toute compilation mais invite les lecteurs à écrire pour poser des questions. Cependant il ne fait que les vingt-quatre premiers numéros, car il est relevé de ses fonctions à la fin de 1787 pour son approche trop personnelle et son manque de documentation : «Les idées du Rédacteur (dont la plupart étoient instructives, mais qui n'étoient pourtant que les idées d'un seul homme) ont remplacé le tableau des expériences, découvertes, observations & Ouvrages nouveaux de tous les pays de l'Europe, sur l'Agriculture, le Commerce & les Finances.» (Avis du 15 janvier 1788).

7. Publications diverses

Agriculture expérimentale à l'usage des agriculteurs, fermiers et laboureurs, 1765. – Défense de l'«Agriculture expérimentale», 1766. – Etablissement utile pour l'agriculture, 1786. Cours d'agriculture, sous la protection de Monsieur, frère du Roi, pour donner suite à celui de feu M. de Panazu (Prospectus), 1788. – Cours complet d'agriculture, ou leçons périodiques sur cet art, 1788-1789. – Citoyens! au nom de la patrie, lisez. Apologue adressé aux 85 départements, par le citoyen Sutières-Sarcey, 1793 [?]. – Observations de M. Sutières Sarcey [...] en faveur de l'agriculture, 1795 [?].

8. Bibliographie

«Lettre à Messieurs les Amateurs de l'Agriculture», Supplément au Journal général de France, n° 1, 1787, p. 1-4, et d'autres numéros du journal.

9. Additif

État-civil: André de Sutières-Sarcey est né à Lyon le 16 mars 1738, de Claude Joseph Sarcey, issu d’une famille de marchands de soie (né le 22 février 1705) et de Marie-Louise Marchand. Ils ont quatre enfants, Louise Françoise, née en 1735, Jean-Baptiste, né en 1739, André, né en 1738, et Antoinette Jeanne, née en 1740. S.S. était sans doute de petite noblesse ; mais le titre d’« écuyer, gentilhomme du Roi, seigneur de Villeparisis » n’apparaît que pour qualifier le parrain de Jean-Baptiste, M. de Sutières-Sarcey, son oncle, agronome connu. La soeur de S.S., Antoinette Jeanne de Sutières-Sarcey, née le 22 novembre 1740, devait épouser en 1771 Jean-Jacques Ampère, père du physicien André Marie Ampère (renseignements donnés dans la généalogie de la famille Sarcey de Sutières, jointe à la notice d’Ampère dans les Mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, t. 15, 1915, p. 424-425). En 1775, André de Sutières-Sarcey, « ancien capitaine au régiment de Bretagne », est mentionné comme parrain d’André Marie Ampère. S.S., « ancien officier au régiment de Bretagne et agriculteur » a épousé, le 22 juin 1768, Marie-Thérèse Françoise Martineau (A.D. Gironde, série E, suppl. GG 10). On ignore la date de sa mort.

Formation: Dans le prospectus du Supplément au Journal général de France, reproduit dans L’Esprit des journaux (vol. 6, n° 2, février 1787 ), il évoque sa formation : « Né dans une certaine aisance, on n’a rien négligé pour mon éducation. À la sortie de mes exercices, j’entrai lieutenant au régiment de Bretagne ; la réforme de 1763 me fixa auprès de M. de Sutières-Sarcey, mon oncle, citoyen précieux sans doute à sa patrie... » (p. 365). Tout en se montrant un « écolier docile à son maître » pendant trois ans, il manifeste bientôt son indépendance et va visiter l’Europe afin d’y comparer les méthodes de culture : « Après avoir passé onze années chez les autres, je suis revenu dans ma patrie où, retiré dans la campagne, je me suis occupé à faire des expériences » (p. 367). À son retour, en 1771, il fonde, avec le soutien du ministre Bertin, une école d’agriculture à Anel, près de Compiègne, pour enseigner à douze jeunes laboureurs, « les découvertes les plus récentes de l’agriculture » (Voir André Bourde, Agronomie et agronomes en France au 18e siècle, 1967). L’entreprise échoue assez vite, mais S.S. est reconnu comme l’un des grands agronomes du temps ; le programme de l’école d’Anel précise qu’il est membre de la Société d’agriculture de Paris. (J.S.)

DUBOIS DE JANCIGNY

Numéro

249

Prénom

Jean Baptiste

Naissance

1752

Décès

1808

Jean Baptiste Dubois de Jancigny est né à Jancigny (Côte-d'Or) le 21 mai 1753, fils de Jacques Dubois et de Prudence Fanet, l'aîné de dix enfants (A.D. Dijon, reg. par.). Il est mort à Moulins le Ier avril 1808. Il est quelquefois appelé Dubois-Jansigny ; la B.N. le classe sous le nom de Jancigny.

2. Formation

Etudes à Dijon, puis à Paris (docteur en droit). Membre de plus de vingt sociétés savantes dont les Académies de Dijon, de Prusse et de Florence.

3. Carrière

Parti à Varsovie en 1775 pour enseigner le droit à l'Ecole royale des cadets, il y reste près de sept ans ; il y est nommé directeur de la bibliothèque du roi dont il est, selon son nécrologue, conseiller. Revenu en France pour des raisons de santé, il est protégé par Malesherbes qui le choisit comme précepteur de son petit-fils, Lepelletier de Rosambo. Devenu membre de la Commission d'agriculture sous la République, il est menacé d'arrestation en 1793 ; il fuit, est rattrapé et emprisonné à Saint-Lazare jusqu'à Thermidor. Chef de la division de l'agriculture, des manufactures et du commerce au ministère de l'Intérieur sous le Directoire (1795-1800) ; missions dans les départements du Midi et de l'Ouest. Nommé premier préfet du Gard le 3 mars 1800, il fait restaurer les monuments romains et réorganise l'Académie de Nîmes. Destitué le 13 avril 1804, il est nommé ensuite directeur des Droits réunis du département de l'Allier où il meurt.

6. Activités journalistiques

En 1772, D. lance une série intitulée Tableau annuel des progrès de la physique, de l'histoire naturelle et des arts qui ne connaît qu'un seul volume. Il prend en main le Supplément au Journal général de France au début de l'année 1788 (« Avis » du nouveau n° 1, 15 janv. 1788) ; il adopte le format en doubles colonnes et la périodicité hebdomadaire, et surtout change le contenu du journal (jusque-là presque entièrement agricole) pour en faire un périodique plus savant «destiné, en fait, non aux paysans, mais aux gros propriétaires ruraux » (H.G.P. ; D.P.1 1237), avec de nombreux comptes rendus de livres, rapports des travaux de sociétés d'agriculture, nouvelles commerciales. Au début de 1790 le Supplément prend le sous-titre de «Partie d'Agriculture et d'Economie rurale. A l'usage des Propriétaires, Fermiers, Cultivateurs et Habitans des Campagnes» ; le «Discours préliminaire», qui est de D., fait état de sa nouvelle mission démocratique et annonce le règne d'une agriculture éclairée, libérée des « préjugés, fondés sur des usages anciens et si funestes jusqu'à présent à la perfection de l'Agriculture» (6 janv. 1790, p. 2). A partir du 12 mai 1790, le journal est indépendant du Journal général et prend le titre de Feuille d'agriculture, quitte à changer encore, au 6 octobre 1790, en Feuille du cultivateur. Ce journal, auquel travaillent également Broussonnet, Lefebvre et Parmentier, paraîtra jusqu'en l'an VI.

7. Publications diverses

Tableau annuel des progrès de la physique, de l'histoire naturelle et des arts (1772). – Essai sur l'histoire littéraire de Pologne (1778). – Réponse aux critiques de l'histoire littéraire de la Pologne (1778). – Mémoires sur l'histoire naturelle de Brandebourg (1778). – Notice historique sur M. de Lamoignon de Malesherbes (1788). – Discours prononcés à l'ouverture des sessions du Conseil général (1803-1804). – Essai sur le commerce du Midi de la France (1804). – Du commerce français dans l'état actuel de l'Europe (1806). – On peut y ajouter «un certain nombre d'études d'agronomie publiées dans les Mémoires de la Société d'agriculture du département de la Seine» (D.B.F.) et plusieurs rapports du Bureau d'agriculture et de la Commission d'agriculture et des arts de l'Assemblée, auxquels participa D., souvent réimprimés de la Feuille du cultivateur. Il a en outre traduit Wallerius (De l'origine du monde et de la terre en particulier, 1780), d'Achard (Analyse de quelques pierres précieuses, 1783), Kotzebue (Les Bijoux dangereux, 1802), Abbt (Traité du mérite, 1780) ; il a traduit une pièce du polonais (Myséïde, 1778), et son adaptation de Y Ariane abandonnée de Johann Christian Brandes, représentée à la Comédie-Italienne en 1781, l'amena à écrire Du mélodrame en général et de celui d'Ariane en particulier (1781).Ravenel cite plusieurs autres œuvres mineures et de nombreux manuscrits inédits.

8. Bibliographie

N.B.G. ; B.H.C. ; D.B.F. ; H.G.P. – Q., notice sur D., par Ravenel, t. II, p. 559-560. – A.D. Côte d'Or, reg. par. – D., Du commerce français, p. 58-59. – Trélis J.J., «Eloge de M. J. B. Dubois», Notice des travaux de l'Académie du Gard pendant l'année 1808, p. 453-577 (réimpr. Magasin encyclopédique, 1809, t. IV, p. 320-342). – Fauré H., Galerie administrative, ou biographie des préfets, Aurillac, P. Picut, 1839,1.1, p. 135-136.

9. Additif

Carrière : Lettre du Ministre de l'Intérieur du 17 avril : "Le gouvernement a jugé à propos, Citoyen Préfet, de vous confier d'autres fonctions que celles du Département du Gard. La connaissance approfondie que j'ai prise de la procédure qui s'instruit à Nîmes, m'a mis à même de rendre un juste hommage à votre honnêteté. Le Premier Consul n'avait formé à cet égard, aucun doute ; il ne vous a point retiré sa confiance ; mais il a pensé que les circonstances qui avaient donné lieu à cette procédure, pouvaient, dans le Département du Gard, s'opposer à vos bonnes intentions...

J'espère, Citoyen, que les nouvelles fonctions auxquelles il se propose de vous appeler, me fourniront d'autres occasions de vous donner des marques de mon estime et de mon attachement". Signé Chaptal. Au-dessous, de la main du Ministre : "Le Conseiller de Préfecture Dalbenas [Jean-Joseph d'Albenas] vient d'être destitué". (Chantal de Laitre de Barruel)

COSTE DE PUJOLAS

Numéro

197

Prénom

Louis

Naissance

1719

Décès

1777

Louis Coste de Pujolas est né à Toulouse en 1719 et mort à Paris «d'un coup de sang» le 26 juin 1777.

2. Formation

Quoique doué pour la déclamation, C. s'orienta d'abord vers la médecine jusqu'au baccalauréat, puis la théologie et enfin le droit ; il forma une société littéraire à Toulouse et fut élu à l'Académie de Marseille.

3. Carrière

Il vient à Paris sans doute vers 1752 (quoique son nécrologue donne la date de 1756), devient secrétaire du commande ment de Provence sous le duc Honoré Armand de Villars, qui est en relations avec Voltaire et mène C. une fois avec lui aux Délices. Revenu à Paris après la mort de Villars (mai 1770), il «se fit un asyle de son obscurité» (Nécrologe, p. 162).

5. Opinions

C. possède, avec un cœur compatissant, des idées austères sur le métier d'homme de lettres et n'aime pas les disputes : c'est pour cela qu'il aurait renoncé au journalisme (« il abandonna ce genre de littérature qui répugnait à son cœur»). Il lui arrive d'écrire des vers de circonstance caractérisés par «[la] délicatesse, le sentiment, la correction et la gaîté» (Nécrologe, p. 158, 160-161).

6. Activités journalistiques

Dans ses premiers temps à Paris (date non précisée), C. «travaillait alors à un Journal littéraire, continué après lui par M. Querlon, et qui est aujourd'hui rédigé par M. l'Abbé de Fontenai» (Nécrologe, p. 155): il s'agit des Annonces, affiches et avis divers, couramment appelés « Affiches de province» (D.P.1 57). C'est Meusnier de Querlon qui en détient le privilège mais, d'après son propre nécrologue, «il s'était déchargé sur M. Coste, du travail des petites Affiches » (Nécrologe, p. 303). La période où C. s'en occupe se situe entre le 12 octobre 1756 et le 2 mars 1757, comme il résulte d'un texte de Meusnier de Querlon, publié dans les Affiches de province du 26 mai 1773 et cité par G. Feyel (L'Annonce et la Nouvelle: la presse d'information et son évolution sous l'Ancien Régime (1630-1788), thèse, U. de Paris IV, 1994, t. IV, p. 1054). Le même texte précise que durant cette période, Meusnier de Querlon a continué de revoir les Affiches de province et « d'y faire autant ou plus de travail que l'écrivain titulaire».

Avec Suard, C. a assisté Marmontel dans la sélection des t. XVI à XXXIX du Nouveau choix de pièces tirées des anciens Mercures, et des autres journaux, publiés entre 1758 et 1760 (D.P. 1 208).

8. Bibliographie

Nécrologe, 1778, p. 141-165 (notice de C), et 1781, p. 301-316 (notice de Meusnier de Querlon). – Annonces, affiches et avis divers, «Avertissement» du 6 févr. 1754, du 1er janv. 1755, des 4 janv. I758 et4janv. 1764. – Bonno G., «Periodical literature», A critical bibliography of French literature, éd. D.C. Cabeen, Syracuse U.P., 1951, t. IV, p. 314.