ROUSSET DE MISSY

Numéro

715

Prénom

Jean

Naissance

1686

Décès

1762

Jean Rousset de Missy est né à Laon le 26 août 1686, de Jean Rousset et de Rachel Cottin. Il se marie à La Haye le 17 août 1710 ; les bans sont publiés entre «Jean Roset, jeune homme de Laon en France», et Maria Pion. Le mariage a lieu le 31 août 1710 dans l'église haut-allemande à La Haye. Ils ont trois enfants qui sont baptisés dans l'église wallonne de La Haye : Jean, baptisé le 10 juin 1711 ; Marie Magdelaine, baptisée le 19 juin 1712 ; Abraham, baptisé le 8 juillet 1714. Le 30 juin 1716, R. devient citoyen de La Haye (A.M. La Haye, O.A., 1056, f° 12).

2. Formation

II est né d'une famille protestante. Après la mort de sa mère, son père veut quitter la France mais est arrêté. R., lui, est enlevé par lettre de cachet et élevé au collège du Plessis à Paris, d'où il s'enfuit à l'âge de dix-huit ans. R. est reçu membre de l'église wallonne de La Haye le 4 juillet 1710, par confession (B.W.). Le même registre mentionne un autre Jean Rousset, reçu membre de l'église de La Haye, le 18 octobre 1730, par témoignage de la chapelle de Paris. Il apprend l'anglais après 1729 (B, p. 157). En 1732, il est nommé membre de la Société royale de Berlin et en 1739 associé à l'académie de Pétersbourg (Haag). En 1745 il est exclu de l'Académie de Berlin, parce qu'il ne lui a fourni aucune «pièce d'érudition» ; mais il continue de se prévaloir de son titre dans les gazettes qu'il anime. Sur l'ordre de Frédéric II, l'Académie envoie à la presse berlinoise une anonyme Lettre de M.**, membre de l'Académie royale des Sciences de Berlin à M.**, professeur des Belles-Lettres dans l'Université de ... en Hollande, où l'on fait mine de croire que R. n'a jamais été membre de l'Académie (Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften, Archiv, LUI. 71, acte du 14 janv. 1745 ; renseignement transmis par F. Moureau).

3. Carrière

En 1704, R. arrive en Hollande et entre dans les gardes des Etats Généraux. Il quitte le service en 1709, après la bataille de Malplaquet (Haag, t. IX, p. 56). Il s'établit alors à La Haye où il ouvre un pensionnat qu'il dirige avec succès pendant quatorze ou quinze ans selon Barbier (B.N., n.a.fr. 5184, f° 53-55, notice ms. de R.). En 1723 selon Barbier, il renonce à la carrière pédagogique pour s'occuper de la direction de journaux littéraires. II assiste en 1724 au congrès de Cambrai (B, p. 160). En novembre 1747, il obtient la patente de conseiller historiographe (A.M. La Haye, Fagel 2124, lettre de R. à H. Fagel, 22 nov. 1747, Amsterdam). D'après une lettre du 26 juin 1748, il semble être au service de Bentinck, déjà cité dans la lettre ci-dessus (B.L., Egerton ms. 1745, f° 486). La même année, il est nommé conseiller de la Chancellerie impériale de toutes les Russies avec le grade de colonel (B.U. Leyde, BPL 242). Il tombe en disgrâce auprès du stathouder en mai 1749 (BSV, p. 9-10) et s'enfuit à Bruxelles où il vit de sa plume et de services rendus au gouvernement des Pays-Bas autrichiens. Le 19 février 1750, il écrit à Fagel au sujet de la restitution de ses papiers (A.M. La Haye, Fagel, 2189). Entre la fin de 1752 et sa mort, il habite Maersen, village près d'Utrecht (lettres au Dr Bernard d'Amsterdam, B.U. Leyde, BPC 242 ; lettres à Cobenzl, A.R.B.). A Maersen, R. conduit l'imprimerie du libraire réfugié Joly (Ars., ms. 11706, f° 245, dossier Duquerlon 1752, déclaration de Denoncourt).

4. Situation de fortune

Son école est un établissement florissant (B, p. 159). Il s'associe La Barre de Beaumarchais en qualité de maître à 100 florins de gages. Plus tard, il emploie La Barre de Beaumarchais à traduire Suétone, à annoter les Métaphysiques d'Ovide dans la traduction de Du Ryer (B) et à rédiger le Mercure historique et politique (Haag). C'est peut-être La Barre de Beaumarchais qui est désigné par «le copiste de Rousset, qu'il nomme capucin» (March. 47 ; Heinzelman à Marchand, La Haye, 23 mars 1749). Le libraire de Paris qui lui demande sa collaboration au Journal économique, lui propose, en 1753, 200 florins pour douze mémoires par an (B.U. Leyde, BPL 242, lettre à Bernard, 18 déc. 1753). Le Magazin des événements, et ses suites, sont vendus pour un florin le tome de vingt numéros (Avocat pour et contre, t. II, Avert.).

5. Opinions

R. ne garde aucune tendresse pour son pays natal (BSV, P- 54-55). Dans ses lettres au comte de Cobenzl, ministre plénipotentiaire aux Pays-Bas autrichiens, il l'avertit constamment contre les intrigues de la Cour de France. A plusieurs reprises, il assure Cobenzl de son dévouement pour l'auguste Maison. Ses renseignements lui viennent de l'espion d'Etat, M. Cailland de Rotterdam, et de plusieurs correspondants anonymes. Il avoue de façon cynique son «caméléonisme». Cependant, il n'a pas varié dans sa défense de l'Eglise, sa haine de l'athéisme, de Voltaire, des encyclopédistes (BSV, p. 142, 198, 224, 227). Il semble en même temps qu'il ait été franc-maçon : en 1752, il se dit «Maître de la loge d'Amsterdam» (BSV, p. 180). Il semble avoir un grand nombre d'ennemis (B, p. 156), dont le plus violent est La Barre de Beaumarchais. Leur amitié réciproque s'est convertie en une haine implacable (B, p. 167), qui s'extériorise dans une polémique incessante. R., ami du libraire Wetstein (B, p. 222), mène une campagne contre le libraire Jean Van Duren, dans les articles de la Bibliothèque raisonnée, de la Gazette des savants, et de La Quintessence. La Barre de Beaumarchais, en s'associant inconditionnellement à Van Duren, réplique dans les Lettres sérieuses et badines (L.S.B.) et, à partir de 1733, dans le Journal littéraire (L.S.B., 1.1, p. XXXVII, avis du libraire). R. a entretenu une polémique avec Janiçon, dont il critique l' Etat présent de la république des Provinces Unies et des pays qui en dépendent. Janiçon réplique avec vivacité dans le t. 1 des L.S.B. (Haag, t. VI, p. 31 ; B, p. 167). Depuis la tentative de R. et de La Varenne en vue de supplanter Bruys chez Scheurleer et Van Lom (B.L., add. mss 4281, lettre de Bruys à Desmaizeaux, 13 mars 1731, f° 336-338), Bruys se compte aussi parmi les ennemis de R. La Varenne est son ami fidèle. Tous les deux ont été pendant dix ans correspondants et partisans de Jean Baptiste Rousseau (Voltaire à Thiériot, 13 nov. 1738). Il existe une hostilité ouverte entre Voltaire et R. Voltaire ne cesse de déprécier les ouvrages historiques de R. (Voltaire, Œuvres complètes, éd. Moland, t. XVI, p. 379-380). R. attaque régulièrement Voltaire dans ses périodiques, en particulier dans le Magazin des événements (voir 1741, 1.1, p. 15-16) et dans L’Epilogueur moderne (voir Fontius ; Gembicki, p. 244 et suiv.). Un ennemi anonyme publie le Courrier critique ou l'Anti-Rousset, Genève, 1743 (Marchand, Dictionnaire historique, La Haye, 1758-1759,1.1, p. 55 ; Mercure historique et politique, mai 1743, t. CXIV, p. 483 ; D.P.1 258) ; le même auteur, sans doute bordelais, publie de 1743 à 1747 le Courier véridique, également destiné à réfuter le Mercure historique (D.P.1 322).

6. Activités journalistiques

Mercure historique et politique, La Haye, 1686-1782 (D.P.1 940). D'après l'avertissement de janvier 1732, ce périodique est rédigé par R. depuis 1726 ; mais R. semble bien y avoir travaillé dès 1724 avec la collaboration de La Barre de Beaumarchais (Haag ; B) ; il aurait donc régné sur le journal pendant 26 ans, d'août 1724 à décembre 1750.

Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe, Amsterdam, Wetstein, 1728-1753 (D.P.1 169). R. fournit la plupart des articles historiques (B) ; une polémique entre R. et Bruzen de La Martinière en 1731 semble avoir mis fin à cette collaboration (voir D.P.1 169, p. 198).

Le Censeur ou caractère des moeurs de La Haye, La Haye, 1714. R. a publié un Censeur, qui a des chances d'être celui de 1714 (B ; L.S.B.;D.P.1 202).

La Quintessence des nouvelles historiques, critiques, politiques, morales et galantes, La Haye, Meynders, Amsterdam, Oosterwijck, 1696-1730. Edité par Mme Dunoyer de 1714 à 1717, le journal a été continué par R. durant l'année 1719 (B ; L'Epilogueur, t. VII, préface ; D.P.1 1153).

Le Courrier, périodique commencé par Potin et Van Effen, continué par R. (L.S.B., premiers numéros ; G.H., p. 187 ; D.P.1 251). C'est probablement le même que Le Courrier politique et galant (D.P.1 316), fait successivement par Potin et R. d'après les Mémoires de la Calotte (p. 149) et le Courrier politique, que R. affirme avoir publié (préface de L'Epilogueur, t. VII) ; R. semble l'avoir dirigé en 1723-1724 (D.P.1 316).

Le Glaneur historique, moral, littéraire, galant et calotin, par J.B. de La Varenne, La Haye, I73I-I733 (D.P.1 588). R. dit avoir eu bonne part à ce périodique (L'Epilogueur, t. VII, préface).

Il semble avoir participé, de 1739 à 1746, à l'Etat politique de l'Europe, revue hebdomadaire dans laquelle sont utilisés ses recueils de documents (D.P.1 410).

Magazin des événements de toutes sortes, passés, présents et futurs, par M. R.D.M. Amsterdam, J. Ryckhoff, le fils, 1741­1742, 4 vol. in-8° (D.P.1 859), continué sous le titre L'Epilogueur politique, galant et critique, «composé par une société d'amis», Amsterdam, J. Ryckhoff, le fils, 1743 1745 (D.P.1 383), 4 vol. in-8°. Continué sous le titre Démosthène moderne ou réflexions sur les affaires présentes de l'Europe, Utrecht, Lobedanius, 1745-1746, 2 vol. in-8° (D.P.1 341). Continué sous le titre Avocat pour et contre, Amsterdam, J. Ryckhoff, le fils, 1746-1747, 5 vol. in-8° (D.P.1 136). Continué sous le titre Le Vrai patriote hollandais, Amsterdam, Ryckhoff junior, 1748-1749, 5 vol. in-8° (D.P.1 1267). R. est bien l'auteur de L'Epilogueur (A.A.E., C.P., Prusse, 134, f° 35, rapport à Amelot, Berlin, 22 févr. 1744 ; Ars., ms. 11706, f° 245, dossier Duquerlon ; B.U. Leyde, March. 52).

R. dirige, de 1750 à 1755, L'Epilogueur moderne, hebdomadaire politique et littéraire (D.P.1 382). La correspondance Rousset-Marchand fournit des informations intéressantes sur cette revue et confirme qu'elle a duré au moins jusqu'en juillet 1755 (BSV, p. 258 et n. 2, 263, 264).

Journal économique (?) ; voir sa lettre au Dr Bernard (B.U. Leyde, BPL 242, du 18 déc. 1753) : «un libraire de Paris qui imprime un Journal économique m'a écrit pour m'engager à lui fournir des mémoires de ce que produit nos Pays-Bas et les pays du nord voisins». La collaboration de R. au Journal économique (1751-1772) n'a pas été confirmée jusqu'ici.

Clef de l'Ecole de l'homme (?) (Ars., ms. 11706, dossier Duquerlon, f° 245) : «Denoncourt croit que ce Roussette est l'auteur de la Clef de l'Ecole de l'Homme».

Son dernier périodique a été identifié par J.D. Candaux ; il s'agit du Nouvelliste du Parnasse, de Cythère et de la Cour, publié en 1756 (D.P.1 1062).

7. Publications diverses

Voir la bibliographie de ses œuvres dans Quérard, Haag, Michaud, Cior 18, n° 1595-1596. A partir d'une liste fournie par R. lui-même à P. Marchand (BSV, p. 257-258), Berkvens-Stevelinck et Vercruysse ont donné une bibliographie plus précise et complète de ses œuvres (BSV, p. 269-275). Ses archives furent vendues à Berlin en 1764 : voir le Catalogue d'une nombreuse collection de livres, Amsterdam et Berlin, J. Néaulme, 1764, dans lequel on trouve (t. V, n° 407) des manuscrits cotés de A à RR, provenant de R., «grand politique et intrigant», dont «Correspondance secrète sur l'état des affaires de l'Europe», nouvelles à la main de 1734, 127 p. in-4° ; «Anecdotes très curieuses sur les Iroquois [...], sur le voyage de Jacques Massé et sur le voyage de M. le baron de La Hontan », 10 p. On trouvera dans BSV les 105 lettres de R. conservées dans le fonds Marchand de Leyde, et adressées à P. Marchand de 1734à 1756.

8. Bibliographie

Haag ; N.B.G. – A.M. La Haye, registres. – (A.R.B.) Archives du Royaume, Bruxelles, secrétaire d'Etat et de Guerre, n° 120, vol. 1058, f° 1-66. – (B.W.) Bibliothèque wallonne, Amsterdam, registres. – B.L., Egerton ms. 1745, f° 486. – B.U. Leyde, BPL 242 et March. 52. – Ars., ms. 11706, f° 245, dossier Duquerlon. – A.A.E., C.P., Prusse, 134, f° 35. – B.N., dossier d'A. Barbier, n.a.fr. 5184, f° 53-55. – Bruys F. de, Mémoires historiques, critiques et littéraires, éd. [P.L.] Joly, Paris, Hérissant, 1751, 2 vol. in-12. – Kleerkooper M.M. et Van Stockum W.P., De Boekhandel te Amsterdam voornamelijk in de 17e eeuw, La Haye, 1914-1916, p. 694-989. – Fontius M., Voltaire in Berlin, Berlin, 1966. – Gembicki D., «Le journalisme <à sensation> : L'Epilogueur moderne (1750-1754) de Rousset de Missy», dans Le Journalisme d'Ancien Régime, éd. P. Rétat, P.U. de Lyon, 1982, p. 241-255. – (BSV) Berkvens-Stevelinck C. et Vercruysse J., Le Métier de journaliste au dix-huitième siècle : correspondance entre Prosper Marchand, Jean Rousset de Missy et Lambert Ignace Douxfils, S.V.E.C. 312, 1993.

9. Additif

Activités journalistiques : Dans un article publié en 1999 dans Gazette et information politique sous l’Ancien Régime (textes réunis par H. Duranton et P. Rétat, Publications de l’Université de Saint-Étenne), Christiane Berkvens-Stevelinck fait le bilan de l’oeuvre de journaliste de R. et de ses sources. Jusqu’en 1745, il transmet à des feuilles bi-hebdomadaires des nouvelles politiques qu’il puise dans les nouvelles à la main ou dans les gazettes, et notamment dans le Mercure historique et politique. Il n’est pas rare que l’on trouve dans sa correspondance avec Douxfils une ébauche des analyses politiques qu’il publie par la suite. Cette correspondance prouve en outre qu’il sert à la fois le stathouder de Hollande et la cour de Bruxelles, et que ses activités de journaliste sont à la limite de l’espionnage. (J.S.)

Des lettres signées de la main de Marie Rousset à propos d’une pension pour des « bulletins » attestent que celle-ci aurait repris l’activité d’informateur de son père, au moins en 1767, 1775, 1781-1782 (voir, Archives du Royaume, Bruxelles, Secrétairerie d’État et de Guerre, 2747, f° 114 ; 2751, f° 89 ; 2757, f° 26-27 et 65). (Marion Brétéché)

Bibliographie : Berkvens-Stevelinck, Christiane, « L’information politique dans les journaux de Rousset de Missy », Gazette et information politique sous l’Ancien Régime, textes réunis par H. Duranton et P. Rétat, Publications de l’Université de Saint-Étenne, 1999, p. 97-106. 

À ma connaissance, la correspondance de R. avec Cobenzl pour les années 1753-1758 est conservée sous la cote : Archives du Royaume, Bruxelles, Secrétairerie d’État et de Guerre, 1210, f° 1-63 ; les folios 63-68 correspondent à deux lettres datées d’août 1762 de Marie Rousset, sa fille, au comte de Cobenzl.

On peut ajouter que R. a entretenu une relation épistolaire avec les ministres plénipotentiaires des Pays-Bas, prédécesseurs de Cobenzl, dès 1746 (voir, Archives du Royaume, Bruxelles, Secrétairerie d’État et de Guerre, 1048, f° 109-141 ; 2738, f° 274-280 ; 2741, f° 5-6).(J.S.)

Lorsqu’il est question dans la notice du Dictionnaire de « l'espion d'Etat, M. Cailland de Rotterdam », il s’agit en réalité d’Etienne Caillaud. (Marion Brétéché)

MASSUET

Numéro

559

Prénom

Pierre

Naissance

1698

Décès

1776

Pierre Massuet est né à Mouzon-sur-Meuse, le 10 novembre 1698, d'une famille catholique. Peut-être est-il apparenté à René Massuet (1665-1716), bénédictin de Saint-Maur. Il épouse à Leyde, le 2 janvier 1724, Marianne Batailhey (ou Bataillie), née à Bordeaux, mais habitant La Haye, où les bans sont publiés le 12 décembre 1723. Leur fille Marie est baptisée le 28 mars 1725 à Leyde. Marianne Massuet meurt en novembre 1761 (L, p. 85). Le 22 janvier 1764, il se remarie avec Anne Brians, à Amsterdam (B.W.). Il meurt à Lankeren près d'Amersfoort, le 6 octobre 1776 (Haag).

2. Formation

Jeune encore, il entre dans la congrégation bénédictine de Saint-Vincent de Metz, où il prononce ses vœux le 15 juin 1716 (Van der Aa ; N.B.U.). Selon Haag, il s'agit de la congrégation de Saint-Vanne à Metz. Bientôt il prend en dégoût la vie monastique et tente de s'enfuir. La première fois, il est rattrapé et reconduit à Metz, mais la seconde fois il réussit à gagner les Pays-Bas. Il abjure la foi catholique et est reçu membre de l'église wallonne de La Haye, le 21 septembre 1721. Par avant son mariage le 2 janvier 1724, il avait commencé des études de médecine chez Boerhaave à Leyde (inscription le 9 sept. 1723, L, p. 84). Il obtient le grade de docteur en 1729.

3. Carrière

Dès son arrivée aux Pays-Bas, il se rend à La Haye, où il devient précepteur dans une riche famille dont il épouse la fille. Lors de son mariage il habite déjà à Leidsendam (B.W.). Ayant terminé ses études, il s'établit comme médecin à Amsterdam. Le départ de la famille Massuet date du 13 novembre 1729, et le 12 septembre 1730, M. devient citoyen d'Amsterdam. Une fois installé dans cette ville, il y ouvre aussi un pensionnat, dont il assure la direction tout en continuant à pratiquer la médecine.

4. Situation de fortune

Depuis son mariage il jouit d'une fortune considérable, sans pour cela renoncer à ses habitudes laborieuses. Il se fait une excellente réputation comme médecin, et le pensionnat qu'il dirige est très florissant.

6. Activités journalistiques

De 1741 à 17 53, M. est l'un des principaux collaborateurs de la Bibliothèque raisonnée (probablement surtout pour les articles de médecine, de physique et d'histoire). Un texte autobiographique retrouvé par B. Lagarrigue précise l'étendue de cette collaboration : « Mr. Massuet est l'un des Auteurs qui ont travaillé le plus constamment à la Bibliothèque Raisonnée des Ouvrages des Savans de l'Europe, surtout pendant 12 années consécutives, depuis son renouvellement en 1741, jusqu'au mois de juillet 1753, tems auquel on mit fin à ce Journal. Il y a fourni un très grand nombre d'Extraits sur toutes sortes de matières ; il se trouve même des Tomes qui sont presque entièrement de sa façon» (cité par L, p. 83). Il donne quelques «Dissertations critiques» dans les Lettres sérieuses et badines (Haag ; Van der Aa).

7. Publications diverses

Ouvrages de médecine et d'histoire : voir Haag et Cior 18, n° 43967-43713.

8. Bibliographie

N.B.U. ; Haag. – (B.W.) Bibliothèque wallonne, Amsterdam. - Van der Aa A.J., Biographisch woordenboek der Nederlanden, Haarlem, Brederode, 1862. – Nous n'avons pas voulu modifier la notice de Marianne Couperus, rédigée en 1971, peu avant sa mort, et publiée dans le Dictionnaire des journalistes en 1976. On trouvera dans le livre de B. Lagarrigue, Un temple de la culture européenne (1728-1753), l'histoire externe de la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants, Nimègue, 1993, une confirmation des renseigne­ments fournis dans cette notice et des précisions sur la collaboration de M. à la Bibliothèque raisonnée (p. 83-92).

MASSON

Numéro

558

Prénom

Samuel

Naissance

?

Décès

1742?

Fils de Jean Masson de Civray, ministre de Cozès, et frère du théologien Jean Masson ; cousin de Philippe Masson (Haag ; Van der Aa).

2. Formation

La famille Masson s'enfuit en Angleterre en 1685, puis s'installe aux Pays-Bas. Le père reçoit pendant deux ans une pension de la ville de Dordrecht. M. est ministre des communes presbytériennes et episcopales réunies, à Dor­drecht, de 1700 à 1742 (Van der Aa).

5. Opinions

5. Le Chef d'oeuvre d'un inconnu de Saint-Hyacinthe attaque avec insistance les trois Masson ; Jean (ministre, érudit, ennemi de Dacier, établi en Angleterre), Philippe (traducteur, spécialiste de l'histoire de Chine) et Samuel, auteur de l'Histoire critique de la République des Lettres, journaliste et « aristarque». Ce dernier est visé plus particulièrement dans la Déification du docteur Aristarchus Masso, pièce jointe au Chef-d'œuvre d'un inconnu (1714). M. eut avec Prosper Marchand une querelle retentissante au sujet de l'édition de 1720 du Dictionnaire de Bayle ; on en trouvera le détail dans D.P. 1 600 (notice de R. Granderoute) et dans C. Berkvens-Stevelinck, Prosper Marchand et l'histoire du livre, Bruges, Drukkerij Sint Catarina, 1978, p. 90-93.

6. Activités journalistiques

6. Histoire critique de la République des Lettres tant ancienne que moderne, Amsterdam, Poelsum, puis Desbordes, se vend à Utrecht, 1712-1718, 15 vol. in-12 (D.P.1 600). Selon Camusat, le principal auteur en est bien M. (Histoire critique des journaux, t. II, p. 159 et suiv.). Les deux premiers volumes furent imprimés à Utrecht en 1712 et 1713, les 13 suivants à Amsterdam chez Desbordes.

8. Bibliographie

8. N.B.G. ; Haag. - Van der Aa A.J., Biographisch woordenboek der Nederlanden, Haarlem, Brederode, 1862.

MASSON

Numéro

557

Prénom

Jean

Naissance

1680?

Décès

1750

Jean Masson est né vers 1680 ; il était fils de Jean Masson de Civray, ministre de Cozès ; son frère, Samuel Masson, fut ministre à Dordrecht (voir la notice suivante). Jean Masson meurt en janvier 1750 (Van der Aa).

2. Formation

Après un bref séjour à Dordrecht, il fait des études en Angleterre et en Suisse (Haag), voyage en Europe puis est reçu «proponent en Hollande» (Van der Aa). Après avoir terminé ses études de théologie en Hollande, il repart en Angleterre où il est pourvu de riches bénéfices : d'après une lettre de Delorme à A. Dacier du 27 novembre 1707, «Mr Masson est un réfugié, ministre de l'église anglicane en Angleterre. Il était autrefois chapelain de l'évêque de Worcester» (cité par I.H. Van Eeghen, De Amsterdamse boekhandel (1680-1725), Amsterdam, 1960-1968, t. I, p. 79). Le contexte permet de préciser qu'il s'agit de M., dont la querelle avec Dacier fit du bruit en 1707-1708.

5. Opinions

Il eut une réputation d'érudit pointilleux et susceptible : il prit à partie Dacier dans sa Vita Horatii (voir le résumé de cette querelle dans la notice de Weiss, B.Un.) et David Martin dans son exégèse du Psaume CX (voir Haag).

6. Activités journalistiques

Il collabore à l'Histoire critique de la République des Lettres (1712-1718) dirigée par son frère Samuel Masson. Il publie des articles dans la Bibliothèque raisonnée, t. XIII, et dans les Mémoires de Trévoux de 1713 (Haag).

7. Publications diverses

Voir Haag; Cat.B.N. ; B.Un.

8. Bibliographie

Haag; N.B.G. ; B.Un. ; D.L.F. – Van der Aa A.J., Biographisch woordenboek der Nederlanden, Haarlem, Brederode, 1862.

LIMIERS

Numéro

522

Prénom

Henri de

Naissance

?

Décès

1728

Henri Philippe de Limiers est né aux Pays-Bas de parents français réfugiés (Haag, Van der Aa). Il meurt à Utrecht le 18 août 1728 (A.M. Utrecht). Les archives d'Utrecht mentionnent un autre Henri Philippe de Limiers, rédacteur de la Gazette d'Utrecht, mort en 1758 et qui est très probablement son fils (voir la notice suivante). Limiers le père signe H.P.D.L D E.D. (Henri Philippe de Limiers, docteur en droit).

2. Formation

Docteur en droit, membre de l'Académie de Bologne (d'après son Histoire de l'Institut des Sciences et des Arts établi à Bologne en 1712, Amsterdam, 1723).

3. Carrière

Il acquiert, le 4 avril 1724, le droit de citoyen d'Utrecht pour lui et toute sa famille (A.M. Utrecht).

5. Opinions

Correspondant de P. Marchand (B.U. Leyde, March. 2, 1er avril 1721), de Desmaizeaux (B.L., add. mss 4284, 6 juil. 1716). Il rédige l'épître au Régent en tête de l'édition de 1720 du Dictionnaire de Bayle (C. Berkvens-Stevelinck, Prosper Marchand et l'histoire du livre, Bruges, Drukkerij Sinte Catharina, 1978, p. 95-98). Il est attaqué dans les Mémoires pour servir à l'histoire de la calotte (Moropolis, «à l'enseigne du Jésuite démasqué», 1732, p. 141). Sa Gazette lui a valu, selon Desfontaines, plusieurs réprimandes du gouvernement (cf. Haag; Van der Aa).

6. Activités journalistiques

Il rédige en 1719 les Nouvelles littéraires de Du Sauzet, mais celui-ci n'est pas satisfait de son travail (lettre de Du Sauzet à Desmaizeaux, add. mss 4288, 19 déc. 1719).

Il dirige la Gazette d'Utrecht de 1724 à 1728, probablement en collaboration avec sa femme qui, à sa mort, reprendra le journal avec Limiers fils.

7. Publications diverses

Voir Haag; Cior 18, n° 40481-40491.

8. Bibliographie

N.B.G. ; Haag; D.O.A. ; B.Un. – Van der Aa A.J., Biographisch woordenboek der Nederlanden, Haarlem, Brederode, 1862.

LE VILLAIN DE LA VARENNE

Numéro

518

Prénom

Jean Baptiste

Naissance

1689

Décès

1745

Jean Baptiste Le Villain de La Varenne est né en 1689, peut-être à Paris (matricules de Saint-Maur), peut-être en Bretagne (reg. de mariage : A.M. Amsterdam ; B.W. ; B.U. Leyde, March. 47). Le 20 septembre 1733, L., habitant Amsterdam, et Suzanne Vaucher de La Haye, font publier des bans à La Haye, puis à Amsterdam, le 2 5 septembre. Un acte dressé à Amsterdam le 12 octobre leur permet de se marier à La Haye ; mariage le 15 octobre dans l'église wallonne. Suzanne Vaucher, fille de Guillaume Vaucher et de Jeanne de Faur, était née le 23 décembre 1700 (A.M. La Haye).

2. Formation

Le Ier mai 1707, à l'âge de dix-huit ans, L. fait profession à l'abbaye de Marmoutier (matricule de la Congrégation de Saint-Maur, n° 4824). On note qu'il est exclaustré, sans mention de date. Il devient alors protestant. Il sait l'italien et l'anglais (Glaneur).

3. Carrière

Après avoir défroqué, il se réfugie en Angleterre ; de là, passe en Hollande où il entreprend, dès le Ier janvier 1731, la publication du Glaneur. La publication est interrompue par un voyage de L. à Paris entre le 4 janvier et le 5 mars. Le Glaneur a été successivement édité à Utrecht (5 mars-5 nov. 1731), à La Haye (8-19 nov. 1731), Utrecht (22 nov. 1731) et à La Haye (26 nov. 1731 -8 juin 1733). Le 12 juin, l'ambassadeur de Hollande à Paris, A. van Hoey, demande aux Etats des Provinces-Unies la suppression du Glaneur parce qu'il contient des passages offensants pour le roi de France et ses ministres. Le Glaneur est interdit le 19 juin !733 (Archief van de Staten generaal 6812 ; 3788 ; Archief van de Staten van Holland en West Friesland 170 ; Familiearchief van Slingelandt, De Vrij Temminck 144). L. se rend à Amsterdam : « Ce moine est chassé de La Haye, et est caché à Amsterdam» (Voltaire à Thiériot, lettre du 28 janvier 1737, D1331).

Il continue son activité de journaliste, mais le Secrétaire du public est interdit (Bruys, p. 165), de même que l'Observateur polygraphique (p. 166). Fin janvier 1737, Voltaire signale la présence de L. à Amsterdam, comme agent de J.B. Rousseau (D1331, 1329, 1734). En août 1737, L. est à La Haye comme correspondant et nouvelliste au service du sieur Weidmar, gazetier de Leipzig ; il aide Weidmar à contrefaire les éditions de Hollande en lui envoyant les publications récentes de La Haye dans un paquet de nouvelles (B.U. Leyde, March. 2, lettre de Fritsch à Marchand, 28 août 1737). II correspond en outre avec Vigean, Joseph Marckel et Zamboni à Londres (B.L., Rawlinson Letters 127, 333, 335, 340).

4. Situation de fortune

Bien que les débuts du Glaneur semblent avoir été difficiles (voir n° du 29 déc. 1732), L. affirme à plusieurs reprises qu'il peut vivre de son journal (24 mars 1732 ; 19 janv. 1733) ; d'autres ressources lui viennent de ses traductions du latin, de l'anglais, de l'italien, ainsi que de ses activités de pamphlétaire (Weyerman). Pour le «petit Burnet» (La Vraie Religion), dont il est le copiste et l'auteur, il touche 30 exemp. (March. 47). On ignore son salaire de correspondant, mais à sa mort, Marckel lui doit plus de 600 florins (Rawlinson Letters 127, 18 déc. 1744).

5. Opinions

Bénédictin puis protestant, membre de l'église wallonne. Le Glaneur est très hostile aux jésuites et au pape ; il soutient le Parlement de Paris contre les ultramontains ; favorable aux jansénistes, à ses débuts, il est ensuite hostile aux convulsionnâmes et aux Nouvelles ecclésiastiques. Avec J. Rousset, L. compte parmi les alliés protestants de J.B. Rousseau. Dans l'Observateur, il attaque les francs-maçons (lettre X). Il critique les spinozistes dans le Glaneur (17 mars 1732) mais avoue à Heinzelmann avoir lu le «livre rouge» (c'est-à-dire La Vie et L'Esprit de Spinoza) et avoir songé à faire un commentaire de cet ouvrage (March. 47).

Son attitude à l'égard de la «cabale» catholique de Van Duren est nuancée. II publie une fable de La Martinière (18 juin 1731), approuve la condamnation de La Barre de Beaumarchais (2 août 1731) ; ses rapports avec la Bibliothèque française sont excellents (B.F., t. XVII, p. 191, 381 ; t. XVIII, p. 357-358 ; t. XXII, p. 367-368 ; Glaneur, 19 et 22 janv. 1733, 8 juin 1733). Il a tour à tour loué Desfontaines (14 avril et 20 oct. 1732) et critiqué ses journaux (31 déc. 1731) ; l'Observateur s'oppose constamment à Desfontaines. Dans la querelle qui oppose Voltaire et J.B. Rousseau, il prend parti pour Rousseau (Glaneur, 6, 20 et 23 avril, 25 mai 1733) ; mais il publie dans l'Observateur une première version de la Lettre philosophique sur Locke (lettres XXIII et XXV), ce qui provoque la suppression de l'Observateur (Bruys, p. 165-166). Voltaire a toujours parlé avec mépris de L.

Dénoncé par le Glaneur comme espion ecclésiastique, Camusat essaie d'obtenir la suppression du journal par la Cour de Hollande qui ne prononce pas de sentence contre L. (Algemene Rijksarchief, La Haye, Hof n° 292, décret du 8 juillet 1732).

6. Activités journalistiques

Le Glaneur historique, moral, littéraire et galant, La Haye, 1731-1733, 3 vol. L. a signé toutes les feuilles ; J. Rousset prétend avoir collaboré au journal (L'Epilogueur, t. VII, préface). Le Glaneur débute le 1er janvier 1731 à Amsterdam et se termine le 8 juin 1733 (D.P.1 588).

Le Secrétaire du public, 1733 ; attesté par Dom Jean Liron (lettre à Bouhier, 27 août 1733, B.N., f.fr. 24413) et par Bruys (p. 165).

L'Observateur, ouvrage poligraphique et périodique, «tome premier», Amsterdam, J. Ryckhoff le Fils, 1736 (D.P.I 1083). Continuation d'une contrefaçon hollandaise des Observations sur les écrits modernes à laquelle L. aurait collaboré en 1735 (Avis du libraire ; lettre de Graitton, Dunkerque, 13 juin 1736, Ars., ms. 10297).

7. Publications diverses

L. est l'auteur supposé (ou l'éditeur ou le copiste) de La Vraie Religion démontrée par l'Ecriture Sainte, Amsterdam, Lôhner, 1745, dit «le petit Burnet» (lettre d'Heinzelmann à Marchand, 23 mars 1749, March. 47, et nouveautés littéraires du 1er décembre 1746, ibid.). Il annonce dans le Glaneur une traduction de Selectorum litterariorum [sic] Pentas, non retrouvée (7 avril 1732), et un supplément du Recueil de brevets de la Calotte ; il fait allusion peut-être aux Mémoires pour servir à l'histoire de la Calotte, éd. augmentée, Moropolis, chez le libraire de Momus, 1732 : la 3e partie contient plusieurs pièces empruntées au Glaneur.

8. Bibliographie

B.U. Leyde, March. 2, 47. – (B.W.) Bibliothèque wallonne, Amsterdam. – Bruys F. Mémoires historiques, critiques, et littéraires par feu M. Bruys, éd. L.P. Joly, Paris, Hérissant, 1751. – Weyerman J.C., Den Kluyzenaer in een vrolyk humeur, Utrecht, s.d. [1733], n° 16. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman. – Couperus M., Un périodique français en Hollande, le «Glaneur historique» (1731-1733), La Haye, Paris, Mouton, 1971.

9. Additif

Carrière : Une lettre importante, adressée par L à l'ambassadeur La Mothe-Fénelon le 10 septembre 1732 et découverte par O. Lankhorst aux Archives des Affaires étrangères de France, permet de reconstituer sa carrière monastique. Entré à quinze ans, sous la contrainte de ses parents, au monastère bénédictin de Marmoutier (donc vers 1704), il fait profession en 1707 ; il passa par différents monastères avant de se retrouver sous-prieur et procureur de l'abbaye de Quimperlé en 1722. Menacé, à cette date, d'être jeté en prison pour des raisons obscures (jansénisme? conflit avec Dom Thibault?), il s'enfuit en Hollande par Nantes. Il séjourne à Amsterdam, effectue des voyages en Allemagne et en Prusse, avant de tenter un retour en grâce, à la faveur d'un passage dans l'ordre large de Cluny, vers 1726-1727 ; mais revenu à Paris, il est dénoncé et livré à Dom Thibault qui le fait emprisonner et juger à Marmoutier. Il y reste neuf mois, est condamné à trente ans de prison par la justice bénédictine, s'évade (en 1728) et se retrouve en Hollande (voir Lankhorst, p. 252-255, et lettre de L., p. 260-263). Ces démarches et ces aventures rappellent de près celles de Prévost la même année. Il tentera une nouvelle démarche au début de 1731, mais la pénitence qu'on exige de lui (forte amende et nouvelle claustration) lui paraît excessive. En septembre 1732 encore, il présente à La Mothe-Fénelon sa longue lettre autobiographique avec l'espoir d'une intervention du cardinal Fleury ; mais faute d'un sauf-conduit explicite, il ne se hasarde pas à rentrer en France, étant toujours sous le coup d'une condamnation à trente ans de prison.

Activités journalistiques : La lettre du 10 septembre 1732 permet de lui attribuer un rôle important dans les Mémoires historiques pour le siècle courant, revue mensuelle fondée en juillet 1728 par Desroches-Parthenay (DP1 896) : "J'y fis premièrement les Mémoires historiques pendant 10 mois..." (Lettre citée, Lankhorst, p. 263). Il aurait donc eu part aux dix premiers numéros, de juillet 1728 à avril 1729.

Une clé manuscrite des Mémoires pour servir à l'histoire de la Calotte en 1739 précise à propos du Glaneur : "Spicator, le glaneur, double feuillet, de la façon d'un misérable Bénédictin défroqué, qui se fait appeler la Va... Cet homme est presentement aux gages du Sr. Tr. du B..., imprimeur & éditeur de la Gazette Françoise d'Amst... "(p. 149). L. aurait donc été le rédacteur de la Gazette d'Amsterdam vers 1738-1739, pour le compte de César Tronchin du Breuil (D.P.2 778).

Bibliographie : Lankhorst, Otto S., "Jean-Baptiste Le Villain de La Varenne, journaliste du Glaneur et sa requête de 1732 pour rentrer en France", dans L.I.A.S. 20 (1993), n° 2, p. 251-268 (J.S.).

LA BARRE DE BEAUMARCHAIS

Numéro

429

Prénom

Antoine

Naissance

1698

Décès

1750?

Antoine Emmanuel La Barre de Beaumarchais est, selon Rousset de Missy, le frère utérin de Louis François Joseph de La Barre (voir ce nom) ; né à Cambrai, il aurait été élevé secrètement par une tante (lettre de Rousset à d'Artigny, 19 mai 1750, Nouveaux Mémoires, t. IV, 1751, p. 444-445). On trouve toutefois le nom d'un «Antoine Emmanuel de La Barre» sur les tables des registres de baptêmes de Tournai (Archives de l'Etat, Tournai) ; baptisé le 22 décembre 1698, Antoine Emmanuel aurait été, par la suite, élevé en France, du fait de sa naissance illégitime.

2. Formation

Après avoir fait ses humanités (il «possède bien les poètes grecs et latins» selon B., p. 159-160), il entre à Saint-Victor où il fait profession et devient chanoine régulier (Rousset). En Hollande, il apprend l'anglais, l'espagnol, l'italien (B., p. 159-160) ; le 24 avril 1731, il se fait inscrire à l'Université de Leyde comme étudiant en médecine (Sepp, p. 121-122 ; Van Rooyen, p. 58 ; Glaneur historique, 2 août 1731).

3. Carrière

Selon Bruys, il s'enfuit de Saint-Victor en 1723, se rend à La Haye et défroque. Il entre comme professeur dans le pensionnat de Jean Rousset ; il le quitte en janvier 1724, à l'époque du congrès de Cambrai, et part pour Hambourg à la recherche d'un poste de précepteur ; il échoue, revient chez Rousset en qualité de traducteur et de secrétaire. Il travaille également pour Scheurleer, libraire de la Haye. En 1729, il semble brouillé avec l'un et l'autre et entre au service de Jean Van Duren. Il s'est installé à La Haye, au dessous du marché (adresse signalée fin janvier 1731, Kleerkooper, p. 973) ; Charles Etienne Jordan lui rend visite, en 1733, dans la maison où il loge en compagnie de La Martinière et de Des Roches ; La Martinière informe Desmaizeaux de l'existence d'une «petite communauté littéraire» dont fait partie L. (lettre du 1er avr. 1731, B.L., add. mss. 4285, f° 193-194).

En 1735, L. quitte les Pays-Bas et s'établit à Francfort-sur-le-Main où il se met au service du libraire François Varrentrapp (B., p. 165), associé à de Hondt (p. 222).

4. Situation de fortune

Maître d'école chez Rousset, il gagne cent florins par an (B., p. 160) ; tour à tour traducteur et secrétaire de Rousset et de Scheurleer, puis rédacteur pour le compte de Van Duren qui l'abandonne peu à peu, il est «toujours à la veille de mourir de faim» (lettre de La Martinière à Desmaizeaux, 23 janv. 1733, add. mss. 4285, f° 191). Son séjour en Allemagne ne le sauve pas de la misère : «Beaumarchais est toujours en Allemagne et demande à revenir. Il y est encore plus mal qu'il n'était ici» (lettre de La Martinière à Desmaizeaux, 6 mai 1739, add. mss. 4285, f° 204).

5. Opinions

L. se brouille avec Rousset en 1729 ; il prend la défense de l'Etat présent de la République des Provinces Unies de Janiçon (Liège, 1729), critiqué par Rousset (B., p. 167). Rousset attaque vivement Van Duren dans sa Gazette des savants (1729-1730) ; Van Duren engage L. qui réplique, trait pour trait, dans les Lettres sérieuses et badines (L.S.B.) (B., p. 156-157 et 160) ; L. devient le porte-parole de la «cabale» catholique.

Dans l'affaire Saurin, L. prend parti pour Saurin et publie dans les L.S.B. un extrait de la Dissertation sur le mensonge officieux (t. II, 1re partie, p. 21). A la suite de cet article, Van Duren est condamné à une amende de 200 £ et aux frais de procédure ; les exemplaires du t. II des L.S.B. sont supprimés (Kleerkoper, p. 985-986). F. Bruys, malgré une certaine estime pour les qualités de L., ne lui pardonne pas d'avoir critiqué l'Histoire des papes et se venge en réfutant les Lettres sur la Hollande. Dans la Critique désintéressée, il attaque violemment les L.S.B., et accuse L. de s'être vendu à Van Duren (t. III, p. 67).

6. Activités journalistiques

Lettres sérieuses et badines «sur un livre intitulé Etat présent de la République des Provinces Unies par M.F.M. Janiçon et sur d'autres ouvrages», à La Haye, chez Jean Van Duren, 1729-1733, 8 vol. in-12 (D.P.1 834). Réimprimé en 1740 sous le titre : Lettres sérieuses et badines sur les ouvrages des savants, «seconde édition revue et corrigée par Monsieur de Camuzat» (t. I et II, datés de 1740). L. est le principal auteur du journal pour les tomes I-IV et VI (2e part.)-VIII ; la signature «E.l.R.O.N.», qu'il a adoptée et qui paraît à la fin des nouvelles littéraires, disparaît des tomes IV (2e part.), V et VI ; le changement d'auteur en cours du tome IV est commenté un peu plus tard par un lecteur (t V., 2e part., nouv. litt., p. 469 et suiv.) ; une lettre publiée dans le t. V est signée «M.A.E. De L.B. de B.» et adressée au rédacteur (ibid., p. 304). L'éclipse de L. paraît imputable au procès Saurin, à la fin de 1730. Il abandonne une nouvelle fois le journal en 1733 ; la 2e partie ne paraît qu'en 1740. Les tomes IX-XI, publiés souvent sous la même couverture, sont consacrés aux Amusements littéraires et le tome XII aux Lettres sur la Hollande (voir D.P.1 834).

Journal littéraire, La Haye, J. Swart et J. Van Duren, 1733-1735,t. XX-XXII (D.P.1 759). Selon La Martinière, les Lettres sérieuses et badines ont été «égorgées» par le Journal littéraire, acheté par Van Duren : «Voyant qu'il pouvait débiter deux journaux, il a chargé M. de B de tous les deux et le petit homme, écrasé d'ailleurs par d'autres travaux, ne pouvant fournir à cette besogne, s'en est débarrassé peu à peu» (lettre à Desmaizeaux, 13 juil. 1734, B.L.,add. mss. 4285). La Martinière signale la fin de l'entreprise le 28 décembre 1734 : «Le Journal littéraire, est depuis quelque temps sur le côté. Mr. de Beaumarchais qui par accablement de travail ne pouvait suffire à tout en a laissé la plus grande partie à un homme de lettres nommé Mr. de La Hode» (à Desmaizeaux, add. mss. 4285, f° 202). Le tome XXIII paraît en effet avec retard (1734-1735). Dans le tome XX, 1re partie, on trouve une lettre de L. en réponse à la Bibliothèque française au sujet de sa traduction d'Ovide (15 fév. 1733, p. 56).

L'Avant-Coureur, Francfort, F. Varrentrapp, 1735 (B., p. 165 ; Haag, t. VI, p. 159-160 ; D.P.1 128).

Amusements littéraires ou Correspondance politique, historique, philosophique, critique et galante, publiée à Francfort chez Varrentrapp en 1738 et 1739, 3 vol. (dernier vol. le 25 juin 1739, repris par Van Duren en 1740 comme tomes IX-XI des L.S.B. ; D.P.1 100).

Il est possible que L. ait repris occasionnellement la direction du Journal littéraire en 1736 ; voir la lettre qu'il adresse à la Bibliothèque française, t. XXV, 1737, p. 132-138 (H. Mattauch, Die Litterarische Kritik der frühen französische Zeitschriften (1665-1775), U. Göttingen, 1968, p. 303).

7. Publications diverses

En collaboration avec Rousset : traduction de Suétone (B., p. 160), et notes sur les Métamorphoses d'Ovide, traduction de Du Ryer, La Haye, 1728, in-folio et 4 vol. in-12 (ibid. ; Haag, p. 150). – Aventures de Don Antonio Buffalis. Histoire italienne, La Haye, 1712, 1722, 1724 (Haag, Jones, A list of French prose fiction from 1700 to 1750, New York, 1939, p. 21). – La Monarchie des Hébreux, trad. de l'espagnol de Bacallar y Sanna, La Haye, 1727, 4 vol. in-12 (B). – Le Héros chrétien, trad. de Steele, La Haye, 1729, in-l2. – Traité des vertus payennes, La Haye, 1729. – Ed. de : Le Temple des Muses, de l'abbé de Marolles, Amsterdam, 1733, in-folio ; L. est l'auteur des explications historiques (Haag). – Ed. de l'Histoire des sept sages de la Grèce de M. de Larrey,«avec des remarques historiques et critiques par M. de la B. de B.» La Haye, 1734, 2 vol. in-8. – La Retraite de la marquise de Gozanne, contenant «diverses histoires galantes et véritables», Paris, Ganeau, 1734, 2 vol.in-12, 1735 (Jones, p. 52). – Le Hollandais «ou Lettres sur la Hollande ancienne et moderne», Francfort, Varrentrapp, 1737-1738, un vol. in-12, parfois publié comme tome IX ou XII des Lettres sérieuses et badines. – Ed. de l'Histoire abrégée de la maison palatine, de Schannat,«où on a joint l'éloge historique de l'auteur par M. de La B. de B.», Francfort, 1740, in-8°. – Ed. de l'Histoire de la fondation de Rome, «augmentée de remarques», Rouen (Amsterdam), 1740, 4 vol. in 12°. – L. a également travaillé à la continuation de l'Histoire d'Angleterre de Rapin-Thoiras, à l'Histoire de Louis XIV parue sous le nom de La Martinière, et aux Anecdotes historiques de La Hode (lettre de Rousset de Missy, Nouveaux Mémoires, p. 446 ; lettre de La Martinière à Desmaizeaux, 28 déc. 1734, add. mss. 4285, f° 203) : voir la notice de «La Motte, Yves-Joseph de».

8. Bibliographie

(B) Bruys F., Mémoires historiques, critiques et littéraires, Paris, Hérissant, 1751. – Sepp C., Het staatstoe zicht op de godsdienstige letterkunde in de noordelijke Nederlanden, Leiden, Brill, 1891. – Servaas Van Rooyen A.J., Verboden boeken, geschriften, couranten, enz., La Haye, Vereniging « Die Haghe », 1896, 2e part., p. 56-54. – Kleekooper M. et Van Stockum W.P., De Boekhandel te Amsterdam, La Haye, Nijhoff, 1914, 1916.

JORDAN

Numéro

420

Prénom

Claude

Naissance

1659 ?

Décès

?

Claude Jordan est né à Valence vers 1659-1660. Il se marie, le 8 août 1683, à Sloterdijk, avec Elisabeth Le Bret (née à Paris, fille du charpentier Nicolas Le Bret, devenu citoyen d'Amsterdam en 1682). Leur fille aînée, Isabelle Maria Margrite, est baptisée à Amsterdam le 8 septembre 1684 ; une fille, Jeanne, et un fils, Claude, sont baptisés à Leyde le 15 décembre 1686 et le 1er janvier 1688 ; puis, à Amsterdam, Marc-Antoine, le l0 avril 1689, et Catherine, le 16 juillet 1690.

3. Carrière

En août 1681, il devient membre de l'église wallonne à Leyde, avec attestation de Beaumont-en-Dauphiné. Il quitte Leyde le 17 juin 1683 et devient membre de l'église wallonne à Amsterdam le 14 mai 1684. Le 7 janvier 1686, il devient citoyen de Leyde ; le 18 mars 1686, il entre dans la corporation de Leyde comme marchand-libraire, puis, le 12 novembre 1686, comme imprimeur. Il habite alors le Schildpad dans le Breestraat. Le 25 novembre 1688, il fait savoir, par la Gazette d'Amsterdam, qu'il retourne dans cette ville. Il y devient de nouveau membre de l'église wallonne, le 4 septembre 1689. Il ne réintègre pas la corporation. Le 8 octobre 1692, on le trouve à Paris, où il est devenu historiographe. Par un acte du 3 janvier 1693 (A.M. Amsterdam), son mandataire, Jean Brouw, cède l'imprimerie, les livres et les meubles de J. pour 850 florins à son beau-frère, Jean-Louis de Lorme (époux de Marie Le Bret, soeur d'Elisabeth). Il publie en France ses Voyages historiques (1693-1700), et les dédie au Roi «qui a pris [sa] famille sous sa protection». A dater, sans doute, de la fondation du Journal de Verdun (1704), il s'installe à Bar-le-Duc où il semble avoir demeuré jusqu'à sa mort ; peut-être s'est-il établi à Paris en 1717, au moment où s'y transporte le Journal de Verdun, mais on ne sait rien des dernières années de Claude Jordan.

6. Activités journalistiques

Nouvelles extraordinaires de divers endroits, dite Gazette de Leyde (1686-1688). J. en fut le rédacteur principal depuis son arrivée à Leyde au début de 1686 jusqu'à son départ pour Amsterdam, à la fin de 1688 : La Gazette de Leyde avait été fondée par Johannes van Gelder en 1680 ; l'un des premiers numéros porte la date du 1er octobre 1680. Après la mort de van Gelder, sa veuve vendit l'imprimerie à Jean-Alexandre de La Font ; C.J. semble avoir eu comme collaborateur Anthony de La Font, qui prit une part de plus en plus grande à la rédaction après 1687. La Gazette paraissait le mardi et le jeudi (v. D.P.1 514).

Histoire abrégée de l'Europe, «où l'on voit tout ce qui se passe de curieux dans l'état, dans les armées, dans la nature, dans les arts et dans les sciences» (1686-1688) : J. en obtint le privilège des Etats de Hollande et de Westfrise le 10 juillet 1686. Il s'agissait d'une gazette politique, publiée une fois par mois, rédigée par Jacques Bernard, éditée par C.J. Le dernier numéro date de décembre 1688, époque de l'installation de C.J. à Amsterdam (D.P.1 599).

Nouveau Journal universel, «où l'on voit tout ce qui se passe de considérable dans toutes les cours de l'Europe, contenant aussi une relation exacte des principaux exploits des armées qui sont présentement en campagne» (1688-1690) : J. fonde le journal à son arrivée à Amsterdam (1er n° le 18 nov. 1688 ; dernier n° le 20 mars 1690). En mars, le titre devient :

Gazette d'Amsterdam, à Amsterdam, chez Claude Jordan, dans le Bergstraat (1690) : le 1er numéro est daté du 27 mars 1690, le dernier du 25 décembre. Un contrat passé entre C.J. et Jean Tronchin-Dubreuil le 14 mars 1690 (A.M. Amsterdam) montre que ce dernier est le principal rédacteur, C.J. Iui étant associé «afin de profiter en même temps des correspondances qu'il a établies depuis longtemps pour la gazette qu'il fait imprimer». Cependant, C.J. ne renonce pas à obtenir le privilège de la Gazette ; il disposait toujours du privilège, octroyé pour 15 ans, de l'Histoire abrégée de l'Europe ; il édite en 1691, sous ce titre, une gazette de même format que la Gazette d'Amsterdam «à Amsterdam, chez Claude Jordan, avec privilège des Etats de Hollande», publiée également le lundi et le jeudi ; cette gazette parut probablement du 8 janvier 1691 au 7 mai ; le 8 mai 1791, C.J. dut comparaître devant le bailli et fut contraint d'abandonner la gazette. Tronchin-Dubreuil est, à partir du 1er août 1691, le seul titulaire d'un privilège pour l'édition des gazettes en français (D.P.1 495). Il est possible que C.J. ait collaboré au Recueil des nouvelles de Tronchin-Dubreuil, où sont annoncés à plusieurs reprises ses Voyages historiques.

La Clé du Cabinet des Princes (1704-1716) : sur le modèle de l'Histoire abrégée, C.J. fonde en 1704 la Clé, futur Journal de Verdun (D.P.1 214) ; il en est l'auteur et le principal rédacteur ; l'éditeur était André Chevalier, imprimeur luxembourgeois. Le 27 novembre 1706, C.J. obtient un privilège et le journal est distribué à Paris. En 1707, le titre devient : Journal historique sur les matières du temps. Après avoir publié 25 volumes du Journal, C.J. se sépare de son éditeur, André Chevalier ; à partir de janvier 1717 le journal est imprimé à Paris tandis que Chevalier continue de publier, à Luxembourg, la Clé. On ne sait à quelle date C.J. cesse de publier ; du moins est-il encore, en 1717, à la tête du Journal, dont le titre est désormais : Suite de la Clé ou Journal historique sur les matières du temps. J. ne cesse plus, à partir de 1717, de dénoncer l'édition de Chevalier (l'«édition de Luxembourg»), ses fautes, ses lacunes, ses «infidélités» (v. mars 1717, p. 208 ; avril 1717, p. 268-269).

7. Publications diverses

Voyages historiques de l'Europe, Paris, Nicolas Le Gras, 1693-1700, 8 vol. – Le Choix des bons mots «ou les pensées des gens d'esprit sur toutes sortes de sujets, tirées des ouvrages des meilleurs auteurs et de quelques manuscrits», Amsterdam, chez Claude Jordan fils, 1709-1715 ; rééd. en 1718 chez Etienne Lucas à Amsterdam.

8. Bibliographie

Les renseignements biographiques donnés ci-dessus sont extraits de : Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel (1680-1725), Amsterdam, 1960-1967, t. I, p. 14-21, 51 ; t. II, p. 26-42.

9. Additif

Activités journalistiques: Un ouvrage anonyme composé de quatre lettres (peut-être périodiques) présente une critique de la Clef du Cabinet des Princes et des méthodes utilisées par son auteur : Réflexions historiques, politiques et critiques sur le journal intitulé La Clef du Cabinet des Princes, etc…, Cologne, Pierre Marteau, 1711, in-12, 66 p. Un exemplaire est conservé à la Bibliothèque universitaire de Gand. (Marion BRÉTÉCHÉ)

JONCOURT

Numéro

418

Prénom

Elie de

Naissance

1697

Décès

1765

Elie de Joncourt est né à Middelbourg et a été baptisé le 10 septembre 1697 (Album studiosorum de Leyde, p. 837, 861, 938). Son père, Pierre de Joncourt, ministre de l'église wallonne de Middelbourg, s'établit à La Haye en 1699 et y mourut le 8 septembre 1720 (Van der Aa). Elie de Joncourt ne s'est jamais marié ; il est mort le 30 août 1765 à La Haye ; sa mort est déclarée le 3 septembre 1765 (A.M. La Haye).

2. Formation

Il s'est fait inscrire à l'Université de Leyde le 30 août 1714, le 11 juin 1716 et le 16 février 1719 (Album studiosorum). On ne sait si c'est à cette université qu'il a obtenu son diplôme de maître-ès-arts et de docteur en philosophie.

3. Carrière

En 1722, il est nommé deuxième ministre de l'église wallonne de Bois-le-Duc ; il en devient premier ministre en 1737. Grâce à ses connaissances scientifiques, il obtient d'enseigner gratuitement les mathématiques à l'Ecole de Bois-le-Duc, alors illustre. Il est nommé professeur le 30 juillet et prononce, le 2 août 1737, sa lecon inaugurale : Oratio in laudem matheseos universae et singularum ejus partium. Après son dernier sermon, le 21 juillet 1748, il se retire à La Haye.

4. Situation de fortune

Après la mort de son confrère à l'Ecole de Bois-le-Duc, Lucas van Eybergen, en 1738, il reçoit un salaire de 250 florins par an. Il prend sa retraite le 20 mai 1748 tout en conservant son salaire sa vie durant.

6. Activités journalistiques

Il a collaboré au Journal littéraire de La Haye depuis 1729 (D.P.1 759) ; lorsque le journal est racheté par van Duren, il fonde avec S'Gravesande et P. Marchand le Journal historique de la République des lettres (Leyde, Haak et Luchtmans, 1732-1733, 3 vol. ; D.P.1 746).

Dès sa fondation, il collabore à la Bibliothèque des sciences et des arts (La Haye, Gosse, 1754-1778, 50 vol. ; D.P.1 160).

Il a en outre traduit en français plusieurs périodiques anglais : Le Spectateur, ou le Socrate moderne de Addison, traduction des tomes VII (Amsterdam, 1750) et VIII (1754). La Nouvelle Bibliothèque anglaise, La Haye, Gosse et van Daalen, 1756-1757, 3 vol. (D.P.1 1001), recueil de traductions et de comptes rendus.

7. Publications diverses

Son oeuvre se compose surtout de traductions de l'anglais (de Sherlock, R. Lucas, Pemberton, Berkeley, Fordyce, Saunderson, Lyttleton, Anson, Pope) ; on en trouvera la liste dans Cior 18, n° 34591-34606. Il a publié en outre (selon la liste du Biographish woordenboek, p. 552) : Israelitarum epinicium « in occasum regis regnique Babylonici », Bois-le-Duc, 1750. – Traité sur la nature et les principaux usages [...] des nombres trigonaux, La Haye, 1762 (édité d'abord en latin et traduit par l'auteur). – Keurdichten, verzmeederd met de stad Godes, S. Hage, 1762. – Ses Oeuvres diverses ont été réunies à La Haye, 1762, en 2 vol., réédités en 1776.

8. Bibliographie

 Haag. – Van der Aa, Biographish woordenboek der Nederlanden, Harlem, Brederode, 1862. – Bie J.P. de et Loosjes J. (éd.)., Biographish woordenboek van protestantsche godgeleerden in Nederland, 1919-1949, t. IV, p. 551-552.

9. Additif

État-civil: Élie de Joncourt est baptisé le 10 septembre 1697 à Middelburg en Zélande. Son père, Pierre de Joncourt, né à Saint-Quentin, y était pasteur wallon (1678-1699) avant d’exercer son pastorat à La Haye (1699-1720), où il meurt le 8 septembre 1720. Le 26 juin 1695 il s’était marié à Amsterdam en deuxième noces avec Elisabeth de Visscher. Ils eurent deux autres enfants: Pierre, baptisé à Middelburg le 26 juin 1696 et enterré à La Haye vers le 12 septembre 1720, et Elisabeth, baptisée à La Haye le 9 décembre 1700 , enterrée à La Haye vers le 9 janvier 1722. Elie de J. est mort à La Haye le 30 août 1765 à la suite d’une pleurésie. Il ne s’est jamais marié.

Formation: Le 30 août 1714, il s’inscrit avec son frère Pierre comme étudiant en philosophie à l’université de Leiden, et le 11 juin 1716 en théologie. En juin 1717 il devient membre de l’église wallonne de La Haye “par confession”. Le 16 février 1719, il se fait enregistrer de nouveau comme étudiant en théologie, trois jours après Jacques Sacrelaire. Des registres de recensements annuels, on peut déduire qu’il a souvent été absent de l’université, qu’il a probablement quittée avant février 1720. C’est seulement le 2 mai 1732 qu’il obtient le grade de docteur en philosophie et arts libéraux, Honoris causa, sans examen ni thèse. Le 4 avril ’s Gravesande l’avait recommandé au Sénat de l’université (Molhuysen, V, p. 107, 230*). 

Carrière: Le 28 octobre 1721 il est élu pasteur à Bois-le-Duc, où il est installé le 22 mars 1722. [...] À partir d’octobre 1727 jusqu’au mois de juin 1728 il est pasteur de l’ambassade, envoyé à Londres pour assister au couronnement de George II. Il y rencontre un ancien rédacteur du Journal littéraire, Justus van Effen, qui fut le premier secrétaire de cette ambassade. Il prend sa retraite en 1748 [...]. Il s’établit à La Haye en 1754. D’après la déclaration de son arrière neveu et unique héritier Louis de Joncourt, précepteur du jeune stathouder Guillaume V, il possédait un capital de 1300 livres esterlingues.

Publications diverses: Il publia De natura et praeclaro usu simplicissimae speciei numerorum trigonalium (Hagae Comitum, M. Husson, 1762 ; aussi en néerlandais, anglais et français), et fut le traducteur de plusieurs livres de physique et de mathématiques, entre autres Éléments d’algèbre, de Nicolas Saunderson (Amsterdam–Leipzig, Arkstee et Merkus, 1756) et de deux livres de ’s Gravesande: Eléments de physique [...] ou Introduction à la philosophie newtonienne (Leiden, J.A. Langerak et J. et H. Verbeek, 1746) et Algebra of algemeene wiskunde (’s-Gravenhage, M. Husson, 1763).

Bibliographie: Short Title Catalogue Netherlands. - Bibliothèque universitaire de Leiden, Archives ASF, 13 (Album d’inscriptions, 1697-1727), 84-99 (recensions annuelles d’étudiants avec leurs adresses, 1714-1728), fichier wallon (collection de données provenant des églises wallonnes 17e au 19e siècles). - Lettres au comte Guillaume Bentinck (1744-1754), Londres, British Library, MS Egerton 1745, 1747, 1748.- Archives municipales de La Haye: baptêmes, mariages, déces, Collaterale successie, 0320-01, n° 109, fol. 240 (26 novembre 1765) et Bericht wegens de gesteltenisse der hooge vergaderingen en collegiën in 's-Gravenhage (répertoires annuels des noms de fonctionnaires locaux, 1756-1795).

D. Nauta et al. (éds), Biografisch lexicon voor de geschiedenis van het Nederlandse protestantisme, Kampen, Kok, 1978-2006 (t. V, p. 291-292). - Bulletin de la commission des églises wallonnes, vol. III , 1888. - Molhuysen, P.C. (ed.), Bronnen tot de Geschiedenis der Leidsche Universiteit, V, ’s-Gravenhage, Martinus Nijhoff, 1921. - Prosper Marchand, Dictionnaire historique (T. II, p. 216, note H; DP1, n° 724). (K.V.S.)

JANIÇON

Numéro

410

Prénom

François

Naissance

1674

Décès

1730

1. Francois Michel Janiçon est né à Paris le 24 décembre 1674, fils aîné de Francois Janiçon et de Maria Brunier ; son père, sieur de Marsin, était juriste et avocat au Parlement de Bordeaux (Van der Aa), avocat au Conseil selon Haag. Francois Michel J. épouse vers 1706 Marguerite Anne Marie de Ville dont il a deux filles. Il meurt à La Haye le 19 août 1730 ; ce même jour, on inscrit 3 florins pour son enterrement (A.M. La Haye).

2. Formation

2. A l'âge de 9 ans, il est envoyé à Maastricht pour faire des études de belles-lettres et de philosophie à l'école de Du Rondel. Après la Révocation, son oncle Michel J., ministre de l'école wallonne d'Utrecht à dater de 1686, le fait venir auprès de lui. Pendant 4 ans (van der Aa), il poursuit ses études à l'Université d'Utrecht, où il suit les cours des professeurs Baudri, De Vries, Luitz et Graevius. Après avoir fini ses études, il entre, comme cadet, dans le régiment de La Mellonière, prend part à quelques campagnes et obtient le grade d'adjudant (van der Aa). Après la paix de Ryswick, il part pour Dublin où il se fait immatriculer à l'Université (1697). Il demeure en Irlande, comme précepteur dans une famille noble, jusqu'en 1705. La mort de son oncle, qui l'a choisi comme héritier, le rappelle aux Pays-Bas où il se marie et s'établit à Overhagen, une propriété près d'Arnhem.

3. Carrière

3. Pendant huit ans (1705-1713), il est au service de la famille van Randwijk en qualité de précepteur. Il se rend ensuite à Rotterdam pour y rédiger la Gazette. Les Etats d'Utrecht lui demandent de s'établir à Utrecht pour s'y charger de la rédaction du journal français de cette ville. Il y consent mais se brouille avec les autorités. Accusé d'avoir imprimé un pamphlet hostile au gouvernement et d'avoir abusé de la confiance des Etats, il doit quitter Utrecht. La faveur que lui témoigne le prince Guillaume de Hesse-Cassel le décide à s'installer à La Haye. Jusqu'à sa mort, il demeure agent du landgrave de Hesse (Van der Aa, Haag ; Bruys, Mémoires).

4. Situation de fortune

4. Quoique d'origine bourgeoise et propriétaire terrien par voie d'héritage, J. a sans cesse travaillé pour vivre, tantôt comme précepteur, tantôt comme journaliste.

5. Opinions

5. A Dublin, Janiçon se lie d'amitié avec Swift (van der Aa). La publication du premier volume de son Etat présent de la République des Provinces-Unies lui vaut une querelle retentissante avec Jean Rousset qui publie en 1729 une Lettre critique sur le premier volume de l'Etat présent [...]. Janiçon réplique avec vivacité dans le tome I des Lettres sérieuses et badines ; La Barre de Beaumarchais, principal rédacteur de ce journal, poursuit, après la mort de J., une interminable polémique avec Rousset, polémique à laquelle participeront la Bibliothèque raisonnée (t. XIX), la Bibliothèque française (t. XVIII, XIX, XXVI, XXVIII), la Gazette des savants (Suppl. du t. XVIII). L'origine de la querelle est rapportée par Bruys dans sa Critique désintéressée (La Haye, van Lom, 1730, t. I, art. 8) ; l'ensemble de la polémique est exposé dans les Nouveaux Mémoires de Gachet d'Artigny (Paris, Debure, 1749-1756, 7 vol., t. IV, art. 72).

6. Activités journalistiques

6. Chroniqueur de l'actualité politique, J. s'est spécialisé dans la rédaction des gazettes. Vers 1713, il travaille avec Tronchin-Dubreuil à la Gazette d'Amsterdam, puis reprend, semble-t-il à son compte, la Gazette de Rotterdam (D.P.1 522). En 1720, il est appelé par les Etats d'Utrecht pour remplacer Nicolas Chevalier à la tête de la Gazette d'Utrecht, fondée la même année (B.H.C., p. 89 ; D.P.1 531).

7. Publications diverses

7. Bibliothèque des dames contenant des règles générales pour leur conduite ..., traduite de R. Steele (Ladies library, 1714), Du Villard, 1717-1719, 2 vol. ; le t. III n'est probablement pas traduit par J.- Le Passe-Temps de l'Eglise romaine ..., traduit de A. Gavin, 1724, 4 vol. - Etat présent de la République des Provinces-Unies et des pays qui en dépendent..., La Haye, 1729-1730, 2 vol., resté inachevé (v. Bruys, Mémoires historiques, Paris, Hérissant, 1751).

8. Bibliographie

8. B.Un. ; Haag ; Cior 18, n° 34481-34487.– «Eloge historique de M. Janiçon» dans Lettres sérieuses et badines, t. IV, p. 267-275. – Van der Aa, Biographisch Woordenboek der Nederlanden, Harlem, Brederode, 1862.