BEARDE DE L'ABBAYE
Numéro
Naissance
Décès
Mort en 1771 à l'âge de trente-six ans, il a dû naître en 1735 ou 1736. Le lieu de sa naissance est inconnu ; il était fils d'un fermier et parent de Claude-Martin Saint-Martin, directeur de la Loterie de Mannheim.
2. Formation
Docteur en droit (utriusque juris doctor), lauréat de la Société libre et oeconomique de Saint Petersbourg en 1768, membre de diverses sociétés européennes.
3. Carrière
En 1767, il séjourne à Aix-la-Chapelle, où il rencontre Johann-Joachim-Christoph Bode, franc-maçon allemand. En 1770 - 1771, il réside dans le Palatinat, comme secrétaire du baron Pierre-Emanuel de Zedtwitz-Liebenstein (ministre des affaires étrangères du Palatinat) à Mannheim en 1770, et comme éditeur et rédacteur de la gazette de Mannheim.
5. Opinions
Spécialiste d'économie politique, il est anti-physiocrate.
6. Activités journalistiques
Mannheim. Gazette d'Allemagne : la gazette, financée par Claude Martin Saint-Martin, directeur de la Loterie de Mannheim, parut de janvier 1770 au 15 novembre 1771 au moins (indication donnée par le dernier numéro conservé, en extrait manuscrit, aux Archives du Ministère des Affaires étrangères de Paris, C.P., Palatinat - Deux-Ponts, vol. 114). Publiée sous la protection du ministre des affaires étrangères du Palatinat, P.E. de Zedwitz-Liebenstein, la gazette est consacrée en premier lieu aux relations entre les cours européennes. A la suite d'interventions, en juin et en novembre 1771, du duc d'Aiguillon qui protesta, par l'intermédiaire du ministre plénipotentiaire O'Dunne, contre certaines relations de la gazette, celle-ci fut supprimée ; au même moment, le 17 octobre 1771, le baron de Zedwitz démissionna, à la suite de controverses entre le Palatinat et la cour impériale de Vienne au sujet de la seigneurie de Sickingen-Ebernbourg.
7. Publications diverses
Dissertation qui a remporté le prix sur la question proposée en 1766 par la Société d'oeconomie et d'agriculture à St. Petersbourg ; à laquelle on a joint des pièces qui ont eües l'accessit, (St. Petersbourg), 1768 ; réimpr. à Amsterdam en 1769 et à Lausanne en 1770, sous le titre : La Félicité publique considérée dans les paysans, Cultivateurs de leurs propres terres, traduit de l'italien par Mr. Vignoli, précédée de la Dissertation qui a remporté le premier prix à la Société libre et oeconomique de St. Petersbourg en 1768... ; traductions allemandes en 1775, 1777, et 1778.- Essais d'agriculture ou diverses tentatives phisiques, proposées pour l'avantage de la société, Bremen et Hamburg, 1768 ; trad. allemande, Hamburg et Bremen, 1769 ; trad. anglaise, Londres, 1770.
8. Bibliographie
Haus-, Hof- und Staats-Arkiv Wien : Staatskanslei, Berichte aus dem Reich, Kart 125 ; Frankreich, Berichte, Kart 147.– A. Affaires étrangères, Paris, Correspondance politique, Palatinat - Deux-Ponts, vol. 114-115 (1770-1771).– Schwarzkopf J. von, « Ueber Zeitungs-und Intelligenzwesen in der kurbaierischen Staaten vor dem Entschädigungswerke », dans Annalen der Baierischen Literatur, 28. Stück (1803), p. 218. – IBN. Index bio-bibliographicus notorum hominum, Pars C,Corpus alphabeticum, t. 14, Osnabrück, 1978, p. 4091.– Archives biographiques françaises. Fusion dans un ordre alphabétique unique de 180 des plus importants ouvrages de référence biographiques français publiés du 17e au 20e siècles, microfiche n° 69, London-Paris-München-New York, 1988, p. 64-66.–Kreutz J., «Aspekte des kurpfälzischen Verlags- und Pressewesens im 18. Jarhundert. Eine Bilanz der Forschung» dans Leipziger Jahrbuch zur Buchgeschichte 1 (1991), p. 229-240.– Id., «Mannheim. Gazette d'Allemagne. Zur Geschichte einer kurpfälzischen Zeitung im Ancien Régime» dans Francia 20 (1993).
9. Additif
Publications diverses: Dans un chapitre du volume collectif Les Archives de l’Est et la France des Lumières (dir. G. Dulac et S. Karp, Ferney-Voltaire, 2007, p. 500-517), Vladimir Somov a exposé les circonstances dans lesquelles Béardé remporta le prix. La Société libre d’économie de Saint-Pétersbourg avait lancé en 1766 un concours sur la question de la propriété paysanne et du servage. Ce concours eut un grand retentissement en Europe et suscita 162 réponses. Voltaire y répondit par deux discours, l’un en français, l’autre en latin ; toutefois, la Société d’économie, par prudence, écarta discrètement la réponse de Voltaire et demanda à Béardé de l’Abbaye une réponse nuancée, qui excluait la suppression rapide du servage. Cette manoeuvre est décrite par J.A. Euler dans une lettre à Formey de mars 1771 (art. cité, p. 500). On trouve dans le Journal historique et littéraire de juillet 1768 (p. 73-75) un compte rendu du concours et un éloge de Béardé.
Dans Portrait de l’économiste en physiocrate : critique littéraire de l’économie (L’Harmattan, 2000, p. 184), Yves Citton rend justice à Béardé qui, à l’encontre de la majorité des physiocrates, ne cède pas à l’obsession productiviste, et dénonce leur tendance à la simplification extrême des critères d’évaluation des sociétés. John Shovlin développe un point de vue analogue dans The Politic economy of virtue (Cornell University Press, 2007, p. 115).
Selon la France littéraire de Ersch, Béardé de l’Abbaye est mort à Paris en 1771, âgé de 36 ans ; il serait donc né vers 1735. (J.S.)
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