BLONDEAU

Numéro

080

Prénom

Claude

Naissance

?

Décès

?

La vie de Claude Blondeau nous demeure presque inconnue : on sait seulement qu'il était l'aîné de son ami et associé Gabriel Guéret (né vers 1641) et que ses études le conduisirent au barreau : il fut reçu avocat au Parlement de Paris le 12 août 1659. Ses ouvrages laissent penser qu'il était plutôt spécialisé dans le droit ecclésiastique, alors que Guéret en dehors d'oeuvres littéraires publia quelques livres concernant le droit civil. Il mourut probablement après 1695 (année d'édition du dernier volume du Journal du Palais).

6. Activités journalistiques

B. et Gabriel Guéret furent étroitement associés dans la publication du premier périodique juridique : ils reçurent conjointement le 6 février 1672 un privilège les autorisant à publier un Journal du Palais. Hebdomadaire de douze pages au format in-4° présentant dans chaque numéro deux ou trois extraits d'arrêts des Parlements et des Cours souveraines de France, ce Journal parut du 19 mai 1672 au 13 septembre 1674 (D.P.1 723).

Après une interruption d'un an, les auteurs abandonnèrent la formule hebdomadaire pour publier, à peu près tous les deux ans à partir de 1676, un recueil d'arrêts en un volume in-4° d'environ 500 p. Sous ces deux formes le Journal du Palais comprenait dix volumes lorsque Gabriel Guéret mourut en 1688 ; resté seul, Blondeau donna encore deux volumes jusqu'au moment où ses infirmités l'empêchèrent de continuer son oeuvre en 1695.

Dès 1679 avait paru une réédition des deux premiers volumes et en 1699, la collection étant devenue très chère et les premiers volumes manquant, les libraires Thierry et Guignard firent reclasser l'ensemble des arrêts selon l'ordre chronologique pour une édition en 2 vol. in-folio datés de 1701, qui furent plusieurs fois réimprimés jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.

7. Publications diverses

A côté de ce Journal, B. réalisa une mise à jour de la Somme bénéficiale de Laurent Bouchel qu'il publia en 1689 chez Denis Thierry sous le titre de Bibliothèque canonique.

8. Bibliographie

Moreri, 1759. – Histoire des ouvrages des savants de septembre 1690. – Mercure de France, juin 1737. B.U. Leyde, March 7, Catalogue de l'édition parisienne par Prosper Marchand. – B.N., f.fr. 21 945, enregistrement à la Chambre syndicale des privilèges accordés par le Chancelier.

BIGRES

Numéro

075

Prénom

Pierre

Naissance

?

Décès

1715

Pierre François Bigres descendait d'une famille bourgeoise de Paris enrichie dans les finances de l'Etat : son père Philippe Bigres qui fut successivement commissaire des guerres, payeur des rentes sur les gabelles, puis receveur général et payeur des rentes de l'Hôtel de ville, exerçait une charge de Conseiller du roi, et ses nombreux frères (Pierre-François était l'aîné de sept enfants) détenaient des seigneuries et des offices royaux. B. mourut à Paris avant le 7 juin 1715, laissant à ses six frères et soeurs la rente que son père lui avait constituée.

2. Formation

Petit et bossu selon le P. Léonard, sa disgrâce physique le conduisit peut-être au sacerdoce. Bachelier en théologie et clerc du diocèse de Paris avant septembre 1676, il fut admis Docteur en Sorbonne après cette date.

3. Carrière

L'amitié de B. avec Louis-Elliès Du Pin l'introduisit parmi les censeurs du Bureau de la Librairie. Le 20 février 1703, il reçut pour examen un livre d'abord attribué à son ami et à partir de cette date on lui confia régulièrement des ouvrages de dévotion, spécialement des livres d'heures, mais pas de livres de théologie, peut-être à cause de ses opinions jansénistes.

4. Situation de fortune

Le 2 septembre 1676, Philippe Bigres avait constitué une rente annuelle de 400 £ pour permettre à son fils de se consacrer au service divin.

5. Opinions

B. semble avoir manifesté des sympathies jansénistes dans les assemblées de Sorbonne, à propos du cas de conscience (1704), puis lors de la relance du débat sur la bulle Unigenitus, sous la Régence (1721).

6. Activités journalistiques

B. commença à collaborer au Journal des savants en donnant un ou deux extraits, en 1702 ou au début de 1703, comme suffragant de Louis Elliès Du Pin qu'il remplaça pour les livres de religion lorsque celui-ci fut exilé en Poitou en avril 1703 (D.P.1 710). Mais il se retira de la compagnie lorsque le secrétaire de la rédaction, Julien Pouchard, ajouta une remarque piquante à son long extrait du neuvième tome de l'Histoire ecclésiastique de l'abbé Fleury, publié dans le J.S. du 18 juin 1703.

Ce très bref passage de B. à la rédaction du Journal des Savants nous offre un rare témoignage sur son fonctionnement. A côté des journalistes titulaires, pensionnés par le Chancelier et rémunérés par le libraire, des aides ou suffragants leur apportaient des compétences particulières et soulageaient leur travail. Cette formule envisagée dès 1687 semble avoir été largement développée, après 1701, par l'abbé Bignon auquel ses fonctions offraient un vaste choix de rédacteurs.

8. Bibliographie

A.N., Y 26, f°107 v. : testament de Philippe Bigres ; Y 232, f° 25 v., 2 septembre 1676 : donation de Philippe Bigres à son fils ; M 758, recueil de notes historiques et critiques (par le P. Léonard). – B.N., f.fr. 21939-21940 : registre des ouvrages manuscrits ou imprimés présentés à M. le Chancelier ; Pièces originales 349 Bigres. – Camusat D.Fr., Histoire critique des journaux, Amsterdam, 1734, 2e partie. – Histoire du cas de conscience, Nancy, 1710, tome IV. – Tables du Journal des Savants, tome II, p. 241. – Le Brun J., «Censure préventive et littérature religieuse en France au début du XVIIIe siècle», Revue de l'histoire de l'Eglise de France, 1975, 2, p. 201-225.

BELLEY

Numéro

056

Prénom

Augustin

Naissance

1697

Décès

1771

Augustin Belley naquit à Sainte-Foy-de-Montgommery (Calvados), au diocèse de Lisieux le 19 décembre 1697 et il vécut à Paris, au Palais-Royal, où il mourut le 26 novembre 1771.

2. Formation

Après des études au collège de Lisieux, puis à l'université de Caen, il étudia à Paris de 1717 à 1726, année où il obtint sa licence. Le service du duc d'Orléans lui valut d'être reçu en 1744, comme associé, à l'Académie des inscriptions, où il devint pensionnaire en 1761.

3. Carrière

Ses grades pris, B. s'engagea d'abord dans l'enseignement au collège du Plessis, sans doute comme répétiteur. Mais l'impulsion décisive de cette carrière vint du recrutement par le marquis de Balleroy qui confia ses fils à B. Celui-ci accompagna ses élèves à Blois, chez leur grand-oncle Jean François Paul Lefèvre de Caumartin (1668-1733), évêque de ce diocèse ; puis après la mort de ce dernier, à Paris où le marquis avait été nommé gouverneur du duc de Chartres (1735 ; il fut écarté en 1741). Dès lors B. logea au Palais-Royal et il devint secrétaire ordinaire du duc d'Orléans, fonction confirmée par son fils qui lui donna aussi la garde de sa bibliothèque et de son cabinet de médailles et de pierres gravées, puis lui attribua la charge de gouverneur de Mademoiselle (sa fille Louise Marie Thérèse Bathilde). Reçu en 1744 aux Inscriptions, il fut appelé par d'Aguesseau en 1749 à la rédaction du Journal des Savants où il demeura jusqu'en 1752. Enfin, il fut choisi en 1751, par Lamoignon et Malesherbes peu après leur entrée en fonction, comme censeur royal pour les belles-lettres et l'histoire, fonction qu'il occupa jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Outre le lot d'exemplaires d'auteur remis à chaque journaliste par le libraire, et la pension associée à l'emploi de rédacteur au Journal des Savants, 400 £ si l'on rapporte le contrat de Chaubert au nombre apparent de rédacteurs en 1749 (voir D.P.1 710), qu'il reçut de 1749 à 1752, B. fut gratifié d'une rente viagère de la même somme par le duc d'Orléans, en 1752, et d'une pension de 900 livres sur le prieuré de Chaux en Franche-Comté par le Chancelier.

6. Activités journalistiques

Entré au Journal des Savants en 1749 (le 22 janvier selon Declaustre), B. collabora avec des rédacteurs nommés après la retraite de l'abbé Bignon en 1739 : De Montcarville, Bruhier d'Ablaincourt, Geynoz (voir D.P.1, 710). La formation ecclésiastique de B. et ses travaux à l'Académie des inscriptions, lui permettaient de se charger d'histoire ancienne, d'histoire de l'Eglise, comme d'ouvrages religieux (f.fr. 22133, f° 107, liste de répartition de livres entre les journalistes, 1751). Cette équipe fut renforcée en 1750 par Jolly, de janvier à août, Lavirotte, ainsi que Du Resnel probablement honoraire en remplacement d'un des journalistes défaillants. Mais en 1751 Malesherbes saisit l'occasion de la démission de Geynoz (f.fr. 22133, f° 138) pour organiser une nouvelle société de rédacteurs. Après avoir sollicité des avis, obtenu quelques subsides du Chancelier, son père, et fait examiner les capacités de quelques postulants, Malesherbes remercia l'ancienne équipe : B. se retira sur une lettre de démission très digne (datée du 26 fév. 1752, B.N., f.fr. 22133, f° 152), dans laquelle il alléguait ses obligations d'académicien pour abandonner la rédaction du Journal.

7. Publications diverses

B. participa activement aux travaux de l'Académie des inscriptions (son plus gros travailleur selon Henri Duranton) : il y aurait présenté cent dissertations en vingt-huit ans, dont une soixantaine parut dans ses Mémoires de 1753 à 1770, et même en 1774 et 1780 (liste dans Q.). Consacrées principalement à la numismatique de l'empire romain, ces études mobilisaient les éléments mis en oeuvre jusqu'alors dans la détermination de l'authenticité des monnaies et de leur place dans des séries chronologiques ou thématiques, pour s'en servir comme matériaux archéologiques d'une histoire des villes de Gaule et de l'Orient romain. B. rédigea aussi une Notice des ouvrages manuscrits de Monsieur Du Cange, Paris, G.F. Quillau père, 1750 ; et ses fonctions au Palais-Royal lui inspirèrent des Remarques sur les pierres gravées du cabinet de Mgr le Duc d'Orléans, s.l., 1758, dont la publication se place entre le traité de P.J. Mariette (1750) et celui de J. Winckelmann (1760).

8. Bibliographie

B.Un. ; Q. ; D.B.F. ; B.N., f.fr. 22133, Anisson-Duperron, Librairie, 1744-1757, f° 107-152. – Arch. de l'Oratoire de Montsoult, Fonds Goujet, Goujet à Grosley, 23 oct. 1752.– A.R. 1751, 1770. – Declaustre, Table du «Journal des Savants», t. X, Paris, 1764, «Mémoire historique sur le Journal des Savants». – Duranton H., «Le métier d'historien au XVIIIe siècle», Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXIII, 1976, p. 481-500.

ANDRY

Numéro

011

Prénom

Nicolas

Naissance

1658

Décès

1742

Nicolas Andry naquit en 1658, sur la paroisse Saint-Nizier, à Lyon où son père était marchand ; il avait deux frères qui furent tous deux prêtres. Lui-même, après avoir commencé des études religieuses et s'être fait appeler pendant quelques années Andry de Boisregard (1685-1690), choisit l'état laïc.

2. Formation

Après ses humanités à Lyon, A. passa au Collège des Grassins à Paris, prit les grades de maître ès arts en 1685, reçut la tonsure, étudia deux ans la théologie et devint professeur dans son collège parisien en 1687. En 1690, il quitta le petit collet et partit à Reims pour étudier la médecine : il y fut reçu docteur en 1693. De retour à Paris il poursuivit dans cette voie : bachelier en médecine en 1695, licencié en 1696, il se fit admettre l'année suivante à la Chambre royale de Paris pour pouvoir exercer dans la capitale ; puis il obtint le titre de docteur en novembre 1697.

3. Carrière

Après son court enseignement marqué par quelques publications grammaticales, A connut une rapide progression dans la carrière médicale, sans doute grâce à l'appui de Fagon et de Dionis. Ainsi, chargé dès 1696 des cérémonies de réception des licenciés à la faculté de médecine (paranymphes), devint-il lecteur et professeur en médecine, chirurgie, pharmacie et botanique au Collège royal fin 1701 (provisions en octobre et serment en décembre), comme successeur d'Alexandre-Michel Denyau. De ses leçons commencées en janvier 1702, les affiches conservées aux archives du Collège donnent les sujets des seules années 1724-1729, une série d'explications d'aphorismes d'Hippocrate (cf. Enseignement). Dès 1702 le voici régent à la faculté de médecine, censeur royal pour des ouvrages de médecine (cf. B.N., ms. fr. 21940) et rédacteur au Journal des savants. Toutes ces fonctions lui valurent le titre de conseiller du roi en 1712, puis celui de professeur titulaire au Collège royal, en 1717 ; enfin il reçut la charge de doyen de la faculté de médecine pour l'année 1725, puis celle de doyen des professeurs du Collège royal.

4. Situation de fortune

Aux émoluments de professeur à la faculté de médecine et au Collège royal, A. ajouta les pensions attachées aux charges de censeur (400 £) et à celle de rédacteur au Journal des savants.

5. Opinions

Une bonne partie de l'oeuvre d’A. naquit de son goût pour la polémique. Dans sa première carrière, il critiqua dans deux ouvrages les opinions du Père Bouhours en matière de grammaire ; devenu médecin il croisa le fer avec plusieurs confrères ainsi qu'avec des chirurgiens. Au centre de ces controverses se trouvent les ouvrages par lesquels A. fonda la parasitologie et auxquels répliqua Louis Lémery ; mais il débattit aussi avec Petit au sujet des maladies des os, avec Hecquet à propos de l'usage de la saignée puis des aliments du carême, ou encore avec La Peyronie dans ses combats contre les chirurgiens.

6. Activités journalistiques

A. fut appelé, en 1702, au Journal des savants par Jean-Paul Bignon lorsque celui-ci dota le périodique d'un comité de rédaction dont les membres spécialisés provenaient des facultés parisiennes, des académies, de la bibliothèque royale, ou du groupe des censeurs et du Collège royal, comme A. Celui-ci demeura au J.S. jusqu'en 1739, soit une des plus longues carrières de rédacteur, après celles de Clairaut (48 ans), Coqueley de Chaussepierre ou De Guignes (40 ans chacun). Chargé de la médecine, A. assura le secrétariat de la rédaction lorsqu'après le départ de Bignon, en 1714, Raguet négligea cette fonction. Le J.S. connut alors quelques années difficiles, changeant deux fois de libraire, en 1722 et 1724, et décrié pour une prédominance des questions médicales, plus supposée que réelle selon les comptages réalisés. Au retour de Bignon, en 1724, A. continua de réaliser les extraits de médecine, s'attirant toujours autant d'animosités par son esprit critique et son goût de la polémique. Il fut écarté du Journal avec la renouvellement de l'ensemble des journalistes en avril 1739, malgré la menace de démission de Bignon qui le protégea tout au long de sa carrière. Au long de ces trente-sept années il avait collaboré avec dix-neuf rédacteurs : Dupin, Rassicod, De Vertot, Fontenelle, Pouchard, Saurin, Bigres, Raguet, Fraguier, Terrasson, Burette, Miron, Havard, De Héricourt, Desfontaines, Mangenot, Du Resnel, Trublet et Jourdain. Cette carrière offre un exemple du journaliste officiel, né des réformes de Jean-Paul Bignon et qui caractérisa le Journal des savants jusqu'à la Révolution.

7. Publications diverses

A commença son oeuvre par une traduction du latin, le Panégyrique de l'empereur Théodose du Bordelais du IVe siècle, Drepanius Pacatus, que suivirent des remarques grammaticales en 1689, puis en 1693. Reçu docteur à Paris, il entama en 1700 la publication d'une suite d'ouvrages médicaux par une étude de parasitologie, De la génération des vers dans le corps de l'homme dédiée à Fagon, que suivirent des ouvrages de tour polémique aussi bien que des traités renommés, telle son Orthopédie (voir bibliographie dans D.B.F. et B.N.C.).

8. Bibliographie

Moreri., D.P.1 710 ; Moreri ; B.Un., D.B.F., D.J.,.– B.N., ms. fr. 21940, Livres présentés au Bureau de la Librairie avec noms des examinateurs et jugements.– Archives du Collège de France, C XII. Dossiers individuels : Nicolas Andry ; G II 2 Registre des délibérations 1732-1779 ; Affiches 1724-1740.– Journal des savants, nov. 1741, p. 648-659.– Ch. Bedel et al., Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, Paris, 1964.