SCARRON

Numéro

741

Prénom

Paul

Naissance

1610

Décès

1660

Paul Scarron est né à Paris le 14 juillet 1610, sur la paroisse Saint-Sulpice. Il est le septième enfant de Paul Scarron, conseiller au Parlement, surnommé «l'Apôtre», qui mourra en 1643 et de Gabrielle Goguet, morte en septembre 1613. Sa famille paternelle est originaire du Piémont ; son ascendance maternelle a pour berceau Fontenay-le-Comte. Pierre Scarron, évêque de Grenoble de 1620 à sa mort en 1668, est son oncle. Entre février et mai 1652, S. épousera Françoise d'Aubigné, future Mme de Maintenon (Gazette de Loret, 9 juin 1652).

2. Formation

On ignore tout de ses études. Mais il savait le latin, le grec et l'espagnol.

3. Carrière

S. passe à Charleville ses treizième et quatorzième années. En 1629, il prend le petit collet. Vers cette époque, il fréquente Marion de Lorme, chez laquelle il se lie avec le futur cardinal de Retz. Hantant coulisses et cabarets, il entre en relations avec Sarasin, Tristan, Saint-Amant, Faret, Beys, Neufgermain, Mairet. Fin 1663, il devient «domestique» de l'évêque du Mans, Charles II de Beaumanoir, qu'il suit à Rome en 1635. Au cours de ce séjour qui dura huit mois, il fit la connaissance de François Mainard et de Nicolas Poussin. De retour au Mans, il devint chanoine du chapitre de la cathédrale, le 18 décembre 1636. On le voit alors en liaison avec la famille de Lavardin, la comtesse de Modène, qui vit à Malicorne, et ses enfants, Henri, le marquis, Philibert Emmanuel, l'abbé, plus tard évêque du Mans, qui avait été du voyage d'Italie, et Madeleine. Dans ce milieu, il retrouve Tristan. Chez le comte de Belin, il renoue avec Mairet, se lie avec Rotrou, prend part, semble-t-il, à la querelle du Cid en composant deux pamphlets contre Corneille (Magne, Bibliographie, n° 251-252). Il est reçu à Bonnétable, chez la comtesse de Soissons, où l'on danse des ballets organisés par Louis de Mollier, au château de Sablé, où il rencontra probablement La Mesnardière, chez le comte de Tresmes, gouverneur du Maine. Avec Rosteau, jeune chirurgien du Mans, il court les tripots. En 1638, il éprouve les premières atteintes du mal qui devait bientôt le clouer sur son célèbre fauteuil. Exilée au Mans fin 1639 ou début 1640, Marie de Hautefort devient sa protectrice. Dans le courant de 1640, S., de retour à Paris, s'installe rue de la Tissanderie, au Marais. En 1641, il fait une cure de six semaines à Bourbon-l'Archambauld : sa Première légende de Bourbon, que l'on peut considérer comme une ébauche de son activité de journaliste, et qu'il adresse à Mlle de Hautefort, passe en revue les brillantes relations qu'il s'y est faites. Il y retourne l'année suivante, et s'y retrouve notamment avec Gaston d'Orléans. Après s'être logé un moment rue des Saints-Pères, pour être à proximité de l'Hôpital de la Charité, il revient habiter au Marais, derrière la place Royale. En 1643, grâce à Mlle de Hautefort, il obtient de la reine, à titre de son malade, 500 écus, transformés l'année suivante en pension régulière grâce au commandeur de Souvré. En 1646, il passe deux mois au Mans pour ne pas perdre ses droits à la prébende. Favorable à la Cour pendant la Fronde parlementaire, après la paix de Rueil, ayant réclamé vainement que lui soit payée sa pension, il se tourne contre Mazarin, auquel il avait dédié, sans profit, en 1644, son Typhon, et commence à penser à sa Mazarinade. A l'Hôtel de Troyes, rue d'Enfer, derrière le Luxembourg, il est visité par les Frondeurs, dont l'un des plus assidus est le coadjuteur, et par les émissaires de Condé. En 1651, S. publie sa fameuse Mazarinade dont s'autorisent abusivement les ennemis du cardinal pour faire passer sous son nom leurs libelles diffamatoires en dépit de ses démentis. Cette même année, il prend une part dans la nouvelle Compagnie des Indes, résigne son canonicat en faveur du secrétaire de Ménage, Girault. En octobre 1652, et jusqu'au début de 1653, il se rend avec la jeune Mme Scarron en Touraine, dans sa propriété des Fougerets, près d'Amboise, peut-être avec le dessein de s'embarquer à Nantes pour la Guyane (Gazette de Loret, oct. 1652). Presque dès son retour à Paris, il s'installe rue Neuve-Saint-Louis, au Marais, où son salon devient le rendez-vous des gens du monde, comme le maréchal d'Albret, Vivonne, Saint-Aignan, le comte de Châtillon, la comtesse de Fiesque, Mme de La Sablière, Mme de Sévigné, de gens de lettres, tels que Marigny, Scudéry et sa sœur, Furetière, Pellisson, Boisrobert, Gilles Boileau, d'artistes comme Mignard. En 1657, S. demande l'autorisation d'installer chez lui un laboratoire, et d'y fabriquer l'or potable. Plus tard, grâce à Fouquet, il songe à créer une compagnie de «déchargeurs» destinée à la livraison des marchandises dans Paris. II se laisse aussi duper par un associé indélicat, Baron, dont il se venge par la satire, publiée après sa mort, de la Baronade, dans une affaire douteuse de recouvrements de créances. Après avoir tenté de rentrer en grâce auprès de la reine et de Mazarin, et avoir sollicité en vain le surintendant Abel Servien et le chancelier Séguier, il avait obtenu de Fouquet, sur l'entremise de Pellisson, une pension de 1600 £ et sa protection. S., depuis longtemps, ne quittait plus Paris, sinon pour aller passer l'été chez sa sœur Françoise à Fontenay-aux-Roses. Son activité de journaliste fut occasionnelle et de courte durée. Les deux Légendes de Bourbon avaient montré ses dons pour la relation mondaine et la chronique amusante. La Mazarinade avait mis en lumière sa vigueur de pamphlétaire burlesque et de polémiste. Sa Gazette burlesque, commencée le 14 janvier 1655 fut interrompue dès le 22 juin de la même année.

4. Situation de fortune

S. avait fait de sa part d'héritage paternel une donation entre vifs à Françoise de Plaix, que son père avait épousée en secondes noces vers 1617, et à ses trois enfants, moyennant une rente. Cet acte fut à l'origine d'un long procès. En 1652 seulement, un jugement définitif donnait à S. droit à sa rente, mais maintenait la donation entre vifs, qui fut résiliée lorsqu'il se maria. A partir de 1643, n'ayant d'autres ressources qu'une pension de 500 écus et sa prébende de chanoine au chapitre de Saint-Julien-du-Mans, il cherche à vivre de sa plume, exploitant ce qu'il appelle avec esprit son «marquisat de Ouinet», notamment grâce au Virgile travesti, qui commence à paraître en janvier 1648 à raison, en principe, d'un livre par mois, mais qui sera interrompu après le livre VII, en 1653, non sans avoir valu à son auteur, d'avance, 11 000£ pour les onze derniers livres du poème (Boislisle, p. 194-195). La première partie du Roman comique, en 1651, lui rapporte 1000 £ (ibid., p. 108-110). En dépit cependant de ses succès au théâtre, et des cadeaux de ses amis, S., après son mariage, continuera à connaître une existence matérielle précaire : ses Gazettes burlesques, en particulier, apparaissent comme une besogne alimentaire. Jusqu'à sa mort, S. ne cessera de multiplier les sollicitations et de tenter sans succès diverses spéculations.

5. Opinions

Pendant la Fronde, après avoir pris parti pour la Cour, il se tourne vers les Frondeurs. Ce revirement lui vaut de violentes attaques de Cyrano de Bergerac (Lettre contre Ronscar, et Lettre contre les Frondeurs), qui avait suivi l'évolution inverse.

6. Activités journalistiques

L'œuvre de S. journaliste se trouve réunie dans le Recueil des Epîtres en vers burlesques de M. Scarron et d'autres auteurs sur ce qui s'est passé de remarquable en l'année 1655, Paris, Alexandre Lesselin, 1656 ou 1657 (6 exemp. connus, dont 4 incomplets). Le privilège accordé pour cinq ans le 9 janvier à S. pour ses Epîtres en vers, registre le 12 janvier, fut cédé à Lesselin après le quatrième numéro, daté du 9 février (acte du 2 févr.). La nouvelle gazette, hebdomadaire et de format in-40, concurrence Loret, à qui S. rend justice dès le premier numéro (14 janv.), et Robinet, dont la Muse héroï-comique est éditée sans privilège par le même Lesselin ; mais elle ne prétend nullement doubler celle de Renaudot. Après sept numéros (14 et 21 janv., 1er , 9, 16 et 23 févr., 2 mars), S. se voit contraint de s'interrompre à cause de ses maux d'oreille. Il donne un numéro isolé le 8 avril, mais la publication régulière ne reprend qu'avec le numéro du 12 mai, et la fiction d'un commerce épistolaire entre Jacquemard, horloge de Saint-Paul et la Samaritaine, horloge du Pont-Neuf, utilisée jusqu'alors, est abandonnée ; désormais, chaque épître est adressée par S. à une personne différente, susceptible de se montrer généreuse envers le rédacteur : le marquis de Molac (12 mai), M. d'Alzau (20 mai), Servien (26 mai), Potel le Romain (1er juin), Mlle de Sainte-Hermine (9 juin), la marquise de Villars (16 juin), la marquise de Montaterre (22 juin). A partir de cette date, S. s'arrête définitivement. F. Lachèvre a supposé que ce silence n'était pas sans relation avec l'affaire de l'Ecole des Filles, où S. se trouve impliqué (il a procuré l'ouvrage à Foucquet). Le 29 juin, Lesselin improvise un numéro dédié à S. (Lettre à Monsieur Scarron, écrite par un sien ami sur le sujet de ses Epîtres qu'il donne au public toutes les semaines). A partir du 4 août, la plume passe à Julien, que F. Lachèvre (Historique de la Gazette burlesque) identifierait volontiers avec Saint-Julien, auteur, pendant la Fronde, des Courriers burlesques. On ne considérera pas comme faisant partie de l'œuvre journalistique de S. les mazarinades, pamphlets publiés séparément ; mais il a joué dans l'évolution du genre, comme l'a montré H. Carrier, un rôle important (La Presse de la Fronde, 1648­1653 ; les Mazarinades, Genève, Droz, 1989-1991).

8. Bibliographie

Loret, Muse historique, 23 janv. 1655. – Boislisle A. de, P. Scarron et Françoise d'Aubigné d'après des documents nouveaux, Paris, 1894. – Magne E., Bibliographie générale des œuvres de Scarron, Paris, Giraud-Badin, 1924. – ld., Scarron et son milieu, Paris, Emile-Paul, 1er éd. 1905, rééd. 1924. – Lachèvre F., Un point obscur de la vie de Scarron : Scarron et sa Gazette burlesque (14 janv. -22 juin 1655) réimprimée pour la première fois, précédée d'une introduction reproduisant deux lettres de Pierre Louys, et de l'historique de sa Gazette burlesque, Paris, L. Giraud-Badin, 1929 (voir aussi à l'Appendice de cet ouvrage, « M.E. Magne et la Gazette burlesque de Scarron (1655)», p. 205-210). – ld., Glanes bibliographiques et littéraires, 1929, t. II, p. 159-160. – Morillot P., Scarron et le genre burlesque, Paris, Lecène et Oudin, 1888.

LE NOBLE

Numéro

498

Prénom

Eustache

Naissance

1643

Décès

1711

Eustache Le Noble, baron de Saint-Georges et de Tennelière, est né à Troyes le 26 décembre 1643 et mort à Paris le 31 janvier 1711. Peut-être apparenté à Colbert, il aurait été pensionné par d'Argenson.

3. Carrière

Procureur au Parlement de Metz depuis 1673, il vend sa charge en 1684 à la suite de conflits avec ses confrères. Le 26 juillet 1683, il est mis à la Bastile, par ordre contresigné Le Tellier, pour avoir fabriqué une lettre de cachet qui faisait défense de mettre à exécution contre lui aucune contrainte par corps, puis transféré au For l'Evêque, sur un autre ordre également contresigné Le Tellier (Archives de la Bastille : Ars., ms. 12474 ; Ravaisson, t. VIII, p. 246 ; Funck-Brentano, Lettres de cache à Paris,Paris, 1903, n° 957). Il est condamné par le Châtelet à neuf ans de bannissement, sentence dont il fait appel ; mais ses créanciers obtiennent qu'il soit enfermé à la Conciergerie. Force affaires de faux le conduisent en prison : au For L'Evêque (1683-1684), au Grand-Châtelet et à la Conciergerie (1690-1697), ainsi que d'adultère (1703-1704?). Entretemps, il avait été l'avocat et l'amant de Marie-Gabrielle Perreau, la «belle Epicière», avec laquelle il s'était évadé (1695-1697). En mai 1697, il est arrêté au sortir d'une maison où il se cachait et incarcéré à la Conciergerie jusqu'à ce qu'il fasse amende honorable, peine à quoi l'avait condamné une sentence antérieurement rendue contre lui. Il produisit de nombreux ouvrages en tous genres, notamment des dialogues politiques au service de la politique française (1688-1694, 1702-1709), qui eurent grand succès, lui rapportèrent bien de l'argent, comme à ses libraires, et eurent beaucoup de contrefaçons. Cette carrière de journaliste et de pamphlétaire politique commence en 1688 et se poursuivra jusqu'en 1709.

4. Situation de fortune

En dépit de cette activité de polygraphe très largement rétribuée, à sa mort, il se trouvera complètement dénué de ressources et sera enseveli aux frais de la paroisse Saint-Séverin.

5. Opinions

Il se signale par un poème en quatre chants à la louange de la Révocation de l'Edit de Nantes (Charenton ou l'Hérésie détruite, poème héroïque, Etienne Michallet, 1686, in-12, 40 p., 2e éd. corrigée, Paris, 1690, in-12, 161 p., rééd. moderne en 1828). Bayle, dans ses Pensées diverses à un docteur de Sorbonne, à l'occasion de la comète qui parut au mois de décembre 1680 (Rotterdam, sept. 1683), avait loué son esprit et ses connaissances. On a voulu voir en lui l'auteur de la Fausse Prude, comédie italienne qui provoqua, si tant est qu'elle ait jamais existé, l'expulsion des Comédiens italiens (14 mai 1697), parce que la police y avait découvert des allusions à Madame de Maintenon ; mais cette atribution peut être mise fortement en doute ( Moureau).

Contre Donneau de Visé, Le Noble, après avoir compté parmi les rédacteurs du Mercure galant, publie en 1692 la Fable du Rossignol et du Coucou. Il bénéficie d'«étroites liaisons» avec Charles Rivière-Dufresny (Dufresny, Préface, p. 5). Le Mercure galant lui consacrera une notice nécrologique et des «remarques» élogieuses de Dufresny, qui dirige alors cette revue.

Sur ses démêlés avec Courtilz de Sandras, voir, de ce dernier, le Mercure historique et politique, mars 1691, p. 294, et octobre 1691, p. 431.

6. Activités journalistiques

La liste des journaux écrits par L. est assez difficile à établir. Elle comprend : les Dialogues sur les affaires du temps (Le Cibisme, premier dialogue entre Pasquin et Marforio, oct. 1688, in-12, 44 p.; Le Songe de Pasquin, ou le bal de l'Europe, in-12, 46 p. ; Le Couronnement du Roi Guillemot [Guillaume III d'Angleterre] et de la Reine Guillemette, avec le sermon du grand docteur Burnet, in-12, 41 p. ; Le Festin de Guillemot, in-12, 41 p. ; La Chambre des comptes d'lnnocent XI ou dialogue entre Saint-Pierre et le Pape à la porte du Paradis, in-12, 48 p., parus autour de 1689 ; voir D.P.1 353).

A partir de janvier 1690, la série se continue sous le titre de : La Pierre de touche politique, «Dialogues dans la manière de Lucien, mais appliqués aux grands de la terre», à raison d'un dialogue par mois jusqu'au 28e numéro en novembre 1691 (La Bibliothèque du Roi Guillemot, Dialogue entre la Suisse et la Hollande, La Diète d'Augsbourg, La Loterie de Pasquin, L'Ombre de Montmouth, Les Médailles, La Clef du Cabinet, Le Triomphe [...], L'Ombre de Schomberg, La Lanterne de Diogène, La Tabatière des Etats de Hollande, Le Roi de la fève, Dialogue politique entre le comte de Tekeli et Guillaume de Nassau sur les affaires du temps, in-12, 23 p., Les Etrennes d'Esope, Le Duc d'Albe, Le Carnaval de La Haye, Le Tabouret des Electeurs, Le Réveille-Matin des Alliés, Les Lunettes des Quinze-Vingts, Nostradamus, Le Baudet, L'Anneau de Gygès, L'Avortement, Le Jean de retour, Le Protée ; voir D.P.1 1123). En 1692, paraissent : La Fable du Rossignol et du Coucou, avec la lettre de Maître Pasquin à Maître Jacquemar, in-12, 24 p. ; Midas ou le combat de Pan et d'Apollon sur la prise de Namur ; Le Renard pris au trébuchet, Troisième lettre, in-12, 2 vol. ; Dialogue de la Samaritaine avec le Grenier à sel, et la fable du Sapin et du Buisson, in-12, 28 p. ; Le Paroli de la Samaritaine ou le Censeur savetier, quatrième Lettre, in-12, 28 p., La Médaille retournée, ou la fable du Sapin et du Buisson, in-12, 11 p. ; Le Renard démasqué, cinquième Lettre, in-12, 36 p.

De janvier 1693 à août 1694, s'échelonnent 21 dialogues publiés chaque mois sous le titre : Les Travaux d'Hercule (Etrennes au Roi, Furnes et Nieuport, Hermskerke et Paget, Halifax et Burnet, Liège et Namur, Apollon et les Muses, Heinsius et Stratman, Jurieu et Van Buninghen, Mylord Gruë, Le Rhin et le Danube, White-Hall et la Tamise, Le Pô et Turin, Hop et Van Lewarden, Philippe et Lira, L'Hiver et le Printemps, Le Jacobite et le Guillemin, Bade et Athlone, Ruyter et Wheler, Elderen et le G. Maître, etc., Castanaga et Medina-C., Cérès et Dunkerque : D.P.1 1194). Vient ensuite de septembre à décembre 1694 L'Esprit d'Esope (Pasquin-Marforio, Mars et la Paix, Esope et Paget, Mercure et Vanvaveren : D.P.1 391). L'originalité de Le Noble journaliste consiste en ce qu'il a toujours utilisé abondamment les apologues ésopiques sous forme d'allégories appliquées à l'actualité politique. Les Nouveaux Entretiens politiques publiés de 1702 à 1709 à raison d'un tous les mois (87 numéros) porteront chacun un titre de fable, ou de proverbe (D.P.1 997).

Une autre série, intitulée L'Ecole des sages (privilège du 31 mars 1692, registré le 1er avr., D.P.1 360), commencée en 1692, semble s'être arrêtée après le second dialogue (continuée en 1697). Mais en 1694 et 1696, parurent, à raison d'un dialogue par mois, les 24 premiers Entretiens formant l'Ecole du Monde, ou Instruction d'un père à un fils touchant la manière dont il faut vivre dans le monde (D.P.1 362), rééditée en 1702 à Paris (Jouvenel), puis à Amsterdam en 1709, en 6 vol. Ils furent accompagnés des 16 mercuriales de L'Esprit d'Esope (1695) et des 14 de La Grotte des fables (1696), et au-delà de L'Ecole des sages (1697), prolongés par les 25 Promenades (1699).

Il est malaisé souvent, pour L., de distinguer ce qui est proprement journalistique du reste de ses ouvrages. Ajoutons encore ici la série en 6 parties intitulée Dialogue entre le Diable boiteux et le Diable borgne, Paris, 1707, in-12 (D.P.1 352).

7. Publications diverses

Le Noble a beaucoup écrit dans tous les genres.

Romans et nouvelles : Ildegerte reine de Norvège, ou l'amour magnanime, première nouvelle historique, Paris, G. de Luynes, 1694, privilège du 2 sept., achevé d'imprimer du 6 oct., in-12, 2 vol. – Zulima ou l'amour pur, seconde nouvelle historique, Paris, G. de Luynes, 1694, même privilège, achevé d'imprimer du 13 déc., in-12. – Abra-Mulé, ou l'histoire du détrônement de Mahomet IV, troisième nouvelle historique, Paris, Jouvenel, 1696, même privilège, achevé d'imprimer du 20 mai 1696, in-12. – Les Aventures provinciales, Le Voyage de Falaize, nouvelle divertissante, la fausse comtesse d'lsamberg, seconde nouvelle divertissante, Paris, M. et G. Jouvenel, 1697, privilège du 30 nov. 1696, achevé d'imprimer du 4 janv. et du 15 juin 1697, in-12. – L'Histoire secrète des plus fameuses conspirations. De la conjuration des Pazzi contre les Médicis, Paris, P. Ribou, 1697, privilège du 15 juil., achevé d'imprimer du 21 oct., in-12. – Epicaris, suite des histoires secrètes des plus fameuses conspirations, Paris, 1698, in-12. – Les Promenades de M. Le Noble, première [-douzième] promenade, Amsterdam, 1705, in-12 ; La Promenade de Titonville, Suite des Promenades, treizième [-dix-huitième] promenade, Amsterdam, Gérard Kuyper, 1705, in-12. – Carte de l'lle de mariage, suite des promenades, dix-neuvième [vingt-quatrième] promenade, Amsterdam, Gérard Kuyper, 1705, in-12. – Le Jaloux, Paris, 1709, in-12. – Aventures galantes, nouvelle édition, augmentée des nouvelles africaines du même auteur, Amsterdam, Pierre de Coup, 1710, in-12.

Théâtre : Esope, comédie [en cinq actes] accomodée au théâtre italien, Paris, Guillaume de Luynes, Gabriel Quinet, Martin Jouvenel et Jean-Baptiste Langlois, 1691 (première représentation 24 févr. 1691, privilège 16 mars 1691, achevé d'imprimer 13 avr. 1691). – Les Deux Arlequins, comédie en trois actes (première représentation, 26 sept. 1691, voir le Théâtre italien de Gherardi, t. III). – Le Fourbe, comédie en trois actes en prose (première représentation qui ne put être achevée le 14 févr. 1693), non imprimée.

Poésies : L'Allée de la seringue, ou les noyers, poème héroïque en quatre chants, s.l., 1675, in-8°. – La Fradine, ou les ongles rognés. Poème héroï-satirique en trois chants, 1684, in-12. – Contes et fables, Lyon, Claude Rey, 1697, et Paris, M. Brenet, in-12 (recueil des fables parues séparément dans les dialogues mensuels, mais avec un autre texte, en général plus développé), 2 vol. – Exaudiat, psaume XIX, paraphrasé en sonnets, avec des réflexions, Paris, 1699, in-12.

Ouvrages divers : Uranie ou les tableaux des Philosophes, Paris, 1694-1697, in-12, 3 vol. (voir le Journal des Savants, 1694, p. 448-463). – Traité de la monnaie de Metz, avec un tarif de sa réduction en monnaie de France, Paris, 1675, in-12. – Relation de l'Etat de Gênes et le traité par lequel les Gênois se sont donnés à Charles VII et à ses successeurs, Paris, 1685, in-12. – Histoire de l'établissement de la république de Hollande ou sa révolte, où l'on verra comme la conduite que tint le prince d'Orange, le prétexte de la religion dont il se servit et les artifices qu'il employa pour soustraire de l'obéissance du roi d'Espagne ces provinces rebelles, ont été suivis pas à pas par son arrière petit-fils pour envahir l'Angleterre, Paris, Vve Bouillerot et J. Bouillerot, 1689, t. I (privilège du 18 avr. ; voir le Journal des Savants du 9 janv. 1690, p. 21-24, le Mercure galant de juil. 1689, p. 216-222), 1690, t. II (voir le Journal des Savants du 21 mars 1690, p. 133-136). – Le Bouclier de la France, ou les sentiments de Gerson et des canonistes touchant les différends des rois de France avec les papes, Cologne, Jean Sambix le Jeune, 1691, in-12. – L'Esprit de Gerson, s.l., 1691, in-12 (voir la Bibliothèque universelle et historique, sept. 1692, p. 244-262). – Dissertation chronologique et historique touchant l'année de la naissance de Jésus-Christ, Paris, 1693, in-12. – Histoire du prince Ragotzi, ou guerre des mécontents sous son commandement, Cassovie, 1707, in-12. – Description du feu de joie tiré à Versailles pour la réjouissance de la naissance de Mgr le duc de Bretagne, Paris, 1704, in-4°. – Description du feu d'artifice dressé devant l'hôtel de ville de Paris pour la naissance de Mgr le duc de Bretagne, Paris, 1704, in-4°.

Traductions : De l'Ode du P. Commire sur le combat de Steinkerque, s.l., 1692, in-8°. – Des vers latins de M. de Santeul (Ad Burgundiae comitia), Paris, 1695, in-8°. – L'Esprit de David, ou traduction nouvelle des psaumes de David en vers français avec de courtes réflexions, Paris, 1698, in-12 ; version en prose en 1706, voir les Mémoires de Trévoux, août 1706, p. 1341-1343, et en 1710. – Perse traduit en vers français et accomodé au goût présent, Paris, 1704 (réédité en 1706, avec quelques satires sur le théâtre).

Oeuvres, Paris, 1718 et 1726, in-12, 19 vol.

8. Bibliographie

H.P.L.P., G.H., p. 119-124 ; Ravaisson, t. VIII, p. 246-247 ; H.G.P. ; D.L.F.B.N., f.fr. 21744, f° 75 et suiv., affaire de L'Ecole des sages (1691). – Les Dépêches du Parnasse, 15 sept. 1693. – Le Mercure galant, mars 1711, t. II, p. 113-116. – Bayle P., Dictionnaire historique et critique. – Clef des Caractères de La Bruyère, dans les Caractères de Théophraste et de La Bruyère, Nîmes, Gaudes, 1805, t. I, p. 343. – Les Dépêches du Parnasse, 15 sept. 1693. – Paradis, La Manière de bien juger des ouvrages de M. Le Noble, entretien d'Eudoxe et de Philante, Paris, 1708, in-12, 26 p. – L.P.R., L'Apparition de M. Le Noble à l'auteur des dialogues diaboliques, ou des diables boiteux et borgnes, pièce nouvelle, Turnhaute, 1708, in-12, 23 p. – Rivière-Dufresny C., La Musique du diable ou le Mercure galant dévalisé, Paris, 1711, in-12, 381 p. – Lenglet du Fresnoy N., De l'usage des romans, où l'on fait voir leurs différents caractères : avec une bibliothèque des romans, accompagnés de remarques critiques sur leur choix et leurs éditions, Amsterdam, de Poilras, 1734, t. II, p. 121. – Du Gérard, Tables alphabétiques et chronologiques des pièces représentées sur l'ancien Théâtre italien depuis son établissement jusqu'en 1697 qu'il a été fermé, Paris, 1750, in-8°, p. 63-69. – Bibliothèque universelle des romans, avr. 1786, t. I. – Revue rétrospective, 2e série, t. VII, p. 130. – Journal et Mémoires de Mathieu Marais, Paris, 1863, t. I, p. 22. – Le Cabinet historique, t. X, 1864, p. 174-179,194-197. – Havet, Correspondance littéraire, 5 mars 1857, p. 106. – Marais M., Journal, éd. de Lescure, 1863, t. I, p. 52. –Fournier E., La Comédie de Jean de La Bruyère, Paris, Dentu, 1866, t. I, p. 153-154, 156, 161. – Eschenauer A., «Apologie de la révocation de l'édit de Nantes», B.H.S.P.F., 1870-1871, p. 328. – Bourgeois A., Essais d'histoire biographique et littéraire sur les Champenois marquants, Saint-Amand, 1904, p. 63-69. – Fage R., Dans les sentiers de l'Histoire, Paris, 1912, p. 149-182. – Bourgeois E. et André L., Les Sources de l'Histoire de France au XVIIe siècle, Paris 1823-1832, t. IV, p. 45-48, n° 1956, 3033, 3203. – Watts G.B., «Le Noble's Le Fourbe», Modern Language Notes, t. XLII, 1927, p. 107-108. – Mangeot S., «E. Le Noble procureur général au Parlement de Metz (1672-1682), aventurier et homme de lettres», Mémoires de l'Académie de Metz, t. CXV, 1934, p. 55-83. – Mélèse P., «A propos de l'expulsion des comédiens italiens en 1697», R.H.L.F., t. XLIV, 1937, p. 533-537. – Lancaster H.C., A History of French dramatic literature in the seventeenth century, Baltimore, 1940, t. IV, p. 638-644. – Martin H .J., «Un polémiste sous Louis XIV, Eustache Le Noble, 1643-1711», Positions de thèses de l’Ecole de Chartes, 1947, p. 85-91. – Crowley J.F., «Notes on Voltaire's Zulime», Romanic Review, t. XLIV, 1955, p. 108-111. – Coulet H., Le Roman jusqu'à la Révolution, Paris, A. Colin, t. I, 1967, p. 291-292, t. II, 1968, p. 256-258. – Martin H.J., Livre, pouvoir et société à Paris au XVIIe siècle (1958-1701), Genève, Droz, 1969, t. II. – Foreman J., Eustache Le Noble (1643-1711) témoin de son temps, thèse dact.., U. of Colorado, 1969. – Godenne R., Histoire de la nouvelle française aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, 1970. – Conlon P.M., Prélude au siècle des lumières en France, Répertoire chronologique de 1680 à 1715, Genève, Droz, 1970, t. I, n° 2461, 2977, 3968, 4434-4438, 4924-4927. – Lombard J., Courtilz de Sandras et la crise du roman à la fin du Grand Siècle, Paris, P.U.F., 1980, p. 348-349 et passim. – Moureau F., «Les Comédiens italiens et la Cour de France (1664-1697)», XVIIe siècle, janv.-mars 1981, n° 130, p. 63-81. – Hourcade P., Entre Pic et Rétif. Eustache Le Noble (1643-1711), Paris, Aux Amateurs de Livres 1990.

COLLETET

Numéro

187

Prénom

François

Naissance

1628

Décès

vers 1680

François Colletet, né à Paris en 1628, est le fils du poète Guillaume Colletet et de sa première servante et femme, Marie Prunelle. Son grand-père paternel, Gabriel Colletet, fut procureur au Châtelet où le parrain de son père, François Colletet, était examinateur. C. est mort à Paris, où il vivait encore en 1680.

2. Formation

C'est pour son éducation que son père composa quelques petits traités de l'Art poétique français (voir Traité de l'Epigramme, Paris. Chamhoudry, 1658, Préface) et sa Nouvelle morale en quatrains.

3. Carrière

En 1651, allant à Cologne offrir ses services à Mazarin exilé, il fut pris par les Espagnols, non loin de Luxembourg. Prisonnier au château de Porcheresses, chez M. de Ville (voir G. Colletet, Le Prétendu Prisonnier de guerre, cité par H), il y fut bien traité. Après deux ou trois ans de captivité, il fut reconduit par le gouverneur et la noblesse du pays jusqu'à la première place française. De retour en France, il servit quelque temps de précepteur dans une famille noble (H, p. 9), puis vécut tant bien que mal de sa plume, composant des vers burlesques pour une comédie représentée au collège de Navarre (T, p. 714), ou des discours rimes pour la fête patronale du collège de La Marche (Gazette de Loret, août 1657). Il inaugure en 1659 sa carrière de journaliste en se mettant à la solde du libraire Loyson, concurrent, en ce domaine, de Cardin Besongne, au moment de la Paix des Pyrénées, du mariage du roi et de l'entrée de la reine, et en publiant mainte brochure ou feuille volante sur les événements et les cérémonies du jour. Son activité dans ce domaine se poursuit jusqu'en 1662, irrégulièrement; mais en 1660, il a changé d'éditeur: abandonné pour Alexandre Lesselin, Loyson a porté plainte contre C. devant la justice, mais il a perdu son procès (Seconde Relation véritable, p. 3). En 1674, la campagne de Franche-Comté lui inspire de nouveaux opuscules et en 1675, il décrit le mausolée de Turenne. Surtout, en 1676, le dimanche 5 juillet, il lance son Journal de la ville de Paris, qui n'eut qu'un numéro, relatant jour par jour les événements survenus dans la capitale au cours de la semaine écoulée (chaleur excessive, noyades, processions), mais qui fut suivi du Journal des avis et affaires de Paris, à partir de la fin de juillet jusqu'à la fin de novembre 1676. Le débit et l'impression de cet hebdomadaire, qui paraissait chaque jeudi, furent défendus sur l'ordre du roi après le numéro 18 (lettre de Seignelay à La Reynie, 26 nov. 1676, citée par H). C. tenta de lui substituer son Bureau académique des honnêtes divertissements de l'esprit, qui devait durer, selon une note manuscrite ancienne (H) jusqu'en janvier 1679 ; il semble avoir cessé de paraître dès le 22 juillet 1677.

4. Situation de fortune

En 1660, C. quitta le libraire J.B. Loyson pour Alexandre Lesselin. Son ancien imprimeur lui intenta un procès et le perdit. L'historique de l'affaire se trouve dans la SecondeRelation véritable, p. 3.

C. mena jusqu'à sa mort une existence besogneuse, vendant ses vers «à cent sous le cent» (T, p. 714), accumulant poème sur poème sans pouvoir gagner 200 francs par an (Richelet, Dictionnaire, art. «Rat-de-cave»).

5. Opinions

Les Journaux historiques de 1659 et les divers opuscules de 1660 ne constituent que des comptes rendus détaillés sur les événements d'actualité sans périodicité régulière et destinés à rester sans lendemain. Quant au Journal des aviset affaires de Paris, qui tend à ressusciter le Recueil général desquestions traitées ès conférences du Bureau d'adresse, il se réduit très vite aux petites annonces mobilières et immobilières, aux offres d'emplois et aux réclames notamment pour les prédicateurs, les professeurs d'université, les libraires, les fabricants de remèdes miracles, etc.

6. Activités journalistiques

L'entreprise pouvait être utile. Pour plus de commodité, C, après avoir reçu le public chez lui rue du Mûrier, dans la maison héritée de son père et où Ronsard avait vécu, avait transporté ses bureaux, ouverts les lundi, mercredi et vendredi après-midi, sur le quai de l'Horloge, plus central. Par malheur, empiétant sur les privilèges de la Gazette, il se heurta d'emblée à une vive opposition. Il se sentait fort pourtant des Lettres patentes qu'il avait obtenues du Roi, et qui le confirmaient dans la concession d'un Bureau d'adresse analogue au monopole accordé à Renaudot à perpétuité sur toute l'étendue du royaume, mais tombé en désuétude.

Il ne saurait être question ici, faute de place, de donner, de la production journalistique de C, un relevé exhaustif: on se perd vite dans ce foisonnement de feuilles volantes souvent réimprimées plusieurs fois, seules ou en recueils, sous des titres légèrement différents. Comme leur valeur littéraire est nulle, et leur intérêt documentaire somme toute assez réduit, il suffira d'indiquer les principaux titres :

Journaux historiques contenant tout ce qui s'est passé de plus remarquable dans le voyage du Roi et de son Eminence, depuis leur départ de Paris le 25juin 1659, pour le traité du mariage de Sa Majesté, et de la paix générale jusqu'à leur retour, avec une exacte recherche de ce qui s'est fait dans les conférences des deux ministres, et dans le mariage du Roi avec l'infante d'Espagne à Fontarabie, et à Saint-Jean-de-Luz, et leur entrée dans toutes les villes de leur passags [sic] et leur triomphe dans leur bonne ville de Paris par le sieur F.C. (Paris, Loyson, 1660, in-8°, 60 p.), rééd., avec pagination suivie de quatre journaux parus séparément en 1659 (D.P.1 793).

Nouveau journal historique contenant la relation véritable et fidèle de ce qui s'est passé au voyage du Roi et de son Eminence, et aux cérémonies de mariage de Sa Majesté, célébrées à Fontarabie et à Saint-Jean-de-Luz (Paris, A. Lesselin, 1660, in-8°). Une « seconde relation » qui suit doit être aussi de C. Réimpression sous le titre: Nouvelle Relation contenant l'entrevue et serment des rois pour l'entière exécution de la paix (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 15 p.: D.P.1 982).

Suite de la nouvelle relation contenant la marche de Leurs Majestés pour leur retour en leur bonne ville de Paris (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 8 p.), non signée.

Dernière relation contenant le retour de Leurs Majestés jusqu'à Fontainebleau, non signée.

Descriptions de tous les tableaux, peintures, dorures, brodures, reliefs, figures et autres enrichissements qui seront exposés à tous les arcs de triomphe, portes et portiques, pour l'entrée de Leurs Majestés; ensemble beaucoup d'autres particularités dont on n'a point encore parlé jusqu'à présent (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 12 p.). Privilège accordé à C. Plusieurs éditions sous des titres un peu différents. Par exemple: Les Grandes Magnificences, préparées pour l'entrée triomphante de Leurs Majestés; ensemble beaucoup d'autres particularités dont on n'a point encore parlé jusqu'à présent (Paris, Loyson, 1660, in-4°). Explication des devises générales et particulières des tableaux, figures en relief, plates-peintures et médailles qui sont aux portes et portiques des arcs de triomphe élevés à la gloire de Louis XIV, roi de France etde Navarre et de Marie-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne et reine de France, aux faubourg et porte Saint-Antoine, cimetière Saint-Jean, Pont Notre-Dame, Marché-Neuf et Place Dauphine: le tout fidèlement expliqué et traduit en vers et en prose. L'explication des tableaux est en trois cahiers séparés (Paris, Loyson, 1660, in-4°). Privilège accordé au sieur C. Autres éditions sous des titres un peu différents (D.P.1 347).

La Description des arcs de triomphe élevés dans les places publiques pour l'entrée de la Reine; avec la véritable explication en prose et en vers des figures, ovales, termes, portiques, devises et portraits qui sont tant au faubourg que porte Saint-Antoine, cimetière Saint-Jean, Pont Notre-Dame, Marché-Neuf, Place Dauphine, etc. ; ensemble diverses remarques curieuses et particulières pour les amateurs de l'histoire, et l'ordre que Leurs Majestés observeront dans leur marche depuis Vincennes jusques au Louvre (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 23 p.). Privilège accordé au sieur C. Edition un peu augmentée sous le titre: La Véritable Explication en prose et en vers des figures, etc. (Paris, Loyson, 1660, in-4°). Privilège accordé au sieur C. La Liste générale et particulière de MM. les colonels, capitaines, lieutenants, enseignes et autres officiers bourgeois de la ville et faubourgs de Paris ; avec l'ordre qu'ils doivent tenir dans leur marche et dans les autres cérémonies qui s'observeront à l'entrée royale de leurs Majestés; ensemble les noms, qualités et quartiers des colonels; avec les livrées qu'ils doivent faire porter à chacune de leurs compagnies (Paris, Loyson, in-4°, 8 p.). Privilège accordé à C. Ordre général et particulier de la marche qui doit être observée dans ces trois jours consécutifs pour l'Entrée de Leurs Majestés dans leur bonne ville de Paris par messieurs du Clergé, par messieurs des Cours souveraines, messieurs les Prévosts des marchands, Echevins et Bourgeois de ladite ville, Prévost de l'Isle, Chevalier et lieutenant du guet, etc., avec la description des superbes appareils de la Cour, et des magnificences de la milice bourgeoise (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 12 p.). Privilège du 20 mai, signé F.C, d'où ressort que C. a cédé ses droits à son libraire (D.P.1 348).

La Cavalcade royale contenant la revue générale de MM. les Colonels et Bourgeois de Paris faite au Fort de Vincennes, en présence du Roi et de la Reine, pour la disposition de leurs magnifiques Entrées dans leur bonne ville de Paris (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 8 p.). Privilège accordé à C.

Le Feu royal et magnifique qui se doit tirer sur la rivière de Seine, en présence de leurs majestés, par ordre de Messieurs de la Ville, avec la description des devises, peintures, architectures, artifices qui doivent paraître dans le vaisseau destiné pour cette magnificence publique (Paris, Loyson, 1660, in-4°, 7 p.)

Nouvelle relation contenant la royale entrée de leurs majestés, dans leur bonne ville de Paris, le 26 août 1660, avec une exacte et fidèle recherche de toutes les cérémonies qui se sont observées; ensemble les noms de Princes, Ducs, Pairs, Maréchaux de France, Seigneurs et autres personnes remarquables (Paris, Loyson, 1660, in-4°). Réimpression de la Relation de toutes les particularités qui se sont faites et passées dans la célèbre entrée, etc. (Paris, Loyson, 1660). Privilège cédé à Loyson par C. Autres éditions sous des titres un peu modifiés.

La Description du feu d'artifice construit dans la place de Grève par l'ordre de MM. de la Ville pour la naissance de Mgr le Dauphin (s.l.n.d. [1661] in-4°, 8 p.).

Relation de toutes les cérémonies qui s'observent en la création des chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit (Paris, 1662, in-4°, 11p.).

Journal contenant les cérémonies qui se sont faites à la création des nouveaux chevaliers du Saint-Esprit (Paris, 1662, in-4°, 12p.).

Le Véritable Journal des magnifiques cérémonies qui se sont faites et passées à la création des chevaliers du Saint-Esprit (Paris, 1662, in-4°, 16 p.; D.P.1 1264).

La Campagne du Roi dans la Franche-Comté, ensemble ce qui s'est passé de plus galant dans la cour de Mgr le Dauphin (Paris, Loyson, 1674, in-12, 120 p.). Autre édition sous le titre: Le Mercure guerrier, contenant les victoires du Roi dans la Hollande, dans la Flandre, dans la Franche-Comté (Paris, Loyson, 1674, in-4°, 120 p.).

Le Magnifique Mausolée dressé dans l'Eglise de Notre-Dame de Paris à la mémoire de Mgr. le vicomte de Turenne (Paris,

1675,in-4°, 8 p.).

Journal de la Ville de Paris, contenant ce qui se passe de plus mémorable pour la curi4osité et avantage du public (Paris, Mille de Beaujeu, 1676, avec privilège du Roi, in-4°, 8 p.) : numéro unique du 5 juillet 1676 (D.P.1 659).

Journal des avis et des affaires de Paris, contenant ce qui s'y passe tous les jours de plus considérable pour le bien public (Paris, 1676, avec privilège du Roi); 18 numéros de la fin-juillet à la fin-novembre 1676; à partir du n° 7, le mot «journal» disparaît du titre; rééd. moderne, Paris, Le Moniteur du Bibliophile, 1878.

Le Bureau académique des honnêtes divertissements de l'esprit, où, dans quelques feuilles que l'on distribuera toutes les semaines, on trouvera les entretiens familiers de diverses personnes scientifiques sur la philosophie en général, la morale, le droit, la poésie française, les poètes qui l'ont cultivée, les fables et diverses autres matières aussi utiles qu'agréables. Ouvrage pour former les jeunes esprits sur toute sorte de sujets afin de les rendre capables de paraître au barreau, dans les chaires publiques et dans la conversation des doctes avec la bibliographie de Paris, pour l'utilité de ceux qui dressent des bibliothèques, tant français qu'étrangers. Dédié à Mgr. le Dauphin par le sieur Colletet de la Maison de mondit Seigneur (Paris, 1677, in-4°): au moins 12 numéros, échelonnés sans doute jusqu'à janvier 1679.

La Bibliographie française et latine de Paris, suite des nouveautés du temps ou l'art de dresser des bibliothèques contenant tous les livres, Paris, janv.-avril 1678, 4 livr. (D.P.1 142).

7. Publications diverses

C. est en outre le responsable de plusieurs recueils poétiques: Les Muses illustres de MM. Malherbe, Théophile, [...] et plusieurs autres auteurs de ce temps (Paris, Chamhoudry, 1658) : contient 43 pièces de C. Rééd. sous le titre, Le Cabinet des Muses choisies de MM. Malherbe, Théophile, Tristan (Paris, Etienne, Loyson, 1668). – La Muse coquette, ou recueil de diverses poésies d'amour et de galanterie (Paris, J.B. Loyson, 1659). La première édition contient 21 pièces de C, la seconde en contient 35. – La Muse coquette ou les délices de l'honnête amour et de la belle galanterie. Première et seconde parties (Paris, Loyson, 1665): la première partie reproduit l'éd. précédente ; la seconde contient 38 pièces de C. – L'Académie familière des filles. Lettres et diversités folâtres de prose et de vers. Suite de la Muse coquette. Troisième et quatrième parties (Paris, Loyson, 1665). C. est le seul auteur des poèmes et discours en prose contenus dans ce recueil.

Parmi ses autres œuvres, on peut noter : Abrégé des annales de la ville de Paris [de Malingre] contenant tout ce qui s'est passé de plus mémorable depuis sa première fondation jusqu'à présent (Paris, 1664, in-12, 2 vol.); réimpr. sous un titre un peu différent. – La Ville de Paris contenant le nom de ses rues, de ses faubourgs, églises, monastères et chapelles, le tout pour l'usage et commmodité des étrangers. Ouvrage revu, corrigé et augmenté par le sieur C. (Paris, 1677, in-12); autres éd., 1679, 1689, 1699. – Le Tracas de Paris en vers burlesques, contenant la foire Saint-Laurent, les marionnettes, les subtilités du Pont-Neuf, le départ des coches (Troyes, Paris, s.d. [1665, rédigé dès 1658], in-12). – Les Trophées de Mgr le Prince de Condé rapportés à Lens en Flandre. Poème (s.l., 1648, in-4°, 8 p.). La Réjouissance des poètes à Mgr le duc d'Orléans, sur l'heureuse naissance de Mgr le prince son fils (Paris, 1650, in-4°, 7 p.). – Le Parfait Portrait de Marie-Thérèse, infante d'Espagne et reine de France (Paris, Loyson, 1659, in-4°, 8 p.). Privilège accordé à C. – Les Heureuses Prédictions sur la grossesse de la Reine (Paris, 1661, in-4°, 8 p.). – La Hollande vaincue, ou Louis XIV triomphant, poème héroïque (Paris, 1672, in-4°, 8p.). – Sur la paix nouvellement conclue, poème héroï-burlesque (s.l., 1678, in-4°, 8 p.). –Juvénal burlesque (Anvers, 1657, in-8°). – Le Palais des jeux de l'amour et de la fortune, où les curieux trouveront la décision des questions amoureuses et fortunées (Paris, 1663, in-12). – Poésies galantes, amoureuses et coquettes (Paris, 1673, in-12). – Traité des langues étrangères, de leurs alphabets et des chiffres (Paris, 1660, in-4°). Noëls anciens et nouveaux (Paris, Antoine de Raflé, 1676 ?, 4 vol.).

8. Bibliographie

H.P.L.P.; Jal, p. 404-406; Cior 17. – Marolles M. de, Mémoires, Amsterdam, 1755, t. III, p. 261. – (T) Tallemant des Réaux, Historiettes, Paris, 1961, t. IL – Goujet C, Bibliothèque française, Paris, 1741-1756, réimpr. Genève, 1966, t. XVI, p. 281-283. – Lacroix P., Bulletin du Bouquiniste, 15 juin 1861. – Hatin, Bulletin du Bibliophile, 1861, p. 609-624. – (H) Heulhard A., Le Journal de Colletet, premier petit journal parisien (1676) avec une notice sur Colletet, gazetier, Paris, Le Moniteur du Bibliophile, 1878. – Cousin J., «Le Journal de Paris de François Colletet», Bulletin de la Société historique de Paris, t. V, 1878, p. 141-142. – Lachèvre F., Bibliographie des recueils collectifs de poésie publiés de 1597 à 1700, Paris, 1903-1905, t. II, p. 211-216, 664; t. III, p. 266-268.

CHAPELAIN

Numéro

165

Prénom

Jean

Naissance

1595

Décès

1674

Jean Chapelain est né à Paris le 4 décembre 1595 de Sébastien Chapelain, notaire au Châtelet et de Jeanne Corbière. Il est mort à Paris le 22 février 1674 (D.B.F.).

6. Activités journalistiques

Gazette de Renaudot : Chapelain y collabora par une vingtaine d'articles entre 1637 et 1640 (Collas, p. 88-89).

Journal des savants : article du 25 février 1665 sur l'utilisation du pendule de Huyghens pour la détermination des longitudes, précédé d'une note très élogieuse de Sallo sur Chapelain (Collas, p. 335, 340-342).

8. Bibliographie

D.B.F. – Collas G., Jean Chapelain (1595-1674) : étude historique et littéraire, Perrin, 1912.

BOURSAULT

Numéro

107

Prénom

Edme

Naissance

1638

Décès

1701

Né à Mussy-l'Evêque, dans le diocèse de Langres, sur les confins de la Champagne et de la Bourgogne, en 1638, baptisé entre le 1eret le 4 octobre, Edme Boursault perd sa mère de bonne heure et a pour père Nicolas Boursault, qui, après avoir couru la fortune des armes, notamment en Franche-Comté, est devenu greffier de l'élection, notaire apostolique, échevin et administrateur de I 'hôpital.

2. Formation

Son père, quoique des plus riches du lieu, ne voulut jamais dépenser un écu pour le faire instruire. Il n'apprit ni grec ni latin, et à son arrivée à Paris «ne sçavoit que grossiérement la langue françoise» (Nicéron). Il se forma entièrement par la lecture et le commerce du monde.

3. Carrière

Dès 1651, grâce à Sébastien Zamet, évêque de Langres, il s'installe à Paris. Le libertin Des Barreaux, qui lui montre «toute la tendresse et toute la bonté d'un Père» (L., t. I, p. 29), est le premier à découvrir en lui des «dispositions à la Poésie» (L., t. I, p. 29) et le guide à ses débuts. Corneille, suivant une indication moins sûre (A), l'appelle son fils et l'honore de ses avis. Pellisson le présente à Fouquet. Secrétaire des commandements de la duchesse d'Angoulême en 1660, il lui adresse sur son voyage de Sens une relation burlesque dont le succès détermine sa vocation de journaliste. En 1664, il se rend à Eu auprès de Mademoiselle et s'y lie avec Segrais (L., t. Il, p. 140-141). Il entretient d'étroites relations avec Charpentier, qu'il rencontre chez Mme Deshoulières (L., t. III, p. 31), connaît Ménage, les Tallemant, plus tard (en 1694) La Fontaine, qui apprécie trois de ses épigrammes traduites de l'italien et visant le Sacré Collège. On le trouve aussi mêlé, avec La Fare et Chaulieu, à la Société du Temple. Il correspond avec Furetière, la comtesse de La Suze, Fieubet. Commensal du Président Perrault, c'est auprès de Condé (I.) qu'il cherche appui lorsqu'il perd le privilège de sa gazette. En 1671, sa Véritable Etude des souverains lui vaudrait une charge de sous-précepteur du Dauphin, grâce à la protection de Montausier (Moreri), s'il avait su le latin. Receveur des tailles à Montluçon depuis 1762, il peut à ce titre tirer d'embarras Boileau en cure à Bourbon-l'Archambault (Brossette) et offrir de lui avancer jusqu'à deux cent louis (A) . Mais en 1688, il se voit taxé de mansuétude excessive et révoqué par le fermier général Lejariel (L., t. II, p. 188-193). Conscient de ses manques, il refuse de poser sa candidature à l'Académie en dépit de Thomas Corneille, qui voudrait l'y faire entrer (La Harpe).

4. Situation de fortune

Passant par Vaux lors du voyage de Sens, il reçoit de Fouquet trente louis pour un sonnet (L., t. III, p. 7). En 1661, il obtient du roi «une pension de deux mille livres avec bouche à Cour» (A) pour sa gazette hebdomadaire, mais la perd très tôt pour une plaisanterie assez innocente et cependant jugée irrévérencieuse sur la barbe d'un capucin, que le duc de Guise, un jour qu'il dînait à sa table et se trouvait à court, lui avait suggéré d'insérer et qui lui valut, sinon la Bastille, du moins le retrait de son privilège. De sa comédie des Fables d'Esope, en 1690, il escompte que lui reviendront «près de quatre mille livres, sans l'impression» (L., t. I, p. 258). Pour sa tragédie de Marie Stuart, représentée en 1683, Saint-Aignan lui verse cent louis en cinq mensualités.

5. Opinions

En 1663, sans doute à l'instigation des comédiens et de Corneille, il s'attaque à Molière dans le Portrait du peintre ou la contre-critique de l'Ecole des femmes, un acte joué à l'hôtel de Bourgogne au début d'octobre, auquel Molière riposte en prenant nommément à partie B. dans son Impromptu de Versailles.

Nommé par Boileau dans sa septième satire, B. réplique par la Satire des satires (1669), dont la représentation est interdite sur l'intervention du satirique (A.N., SA 01845,1 ; B.N., fonds Delamarre). Par la suite ils se réconcilièrent (en 1687 selon Brossette).

En 1683 (ou 1679 selon Godard de Beauchamps), sur plainte de Donneau de Visé, B. débaptise les cinq actes du Mercure galant où il portait à la scène le journalisme et la passion de la publicité, en Comédie sans titre. La lettre du Père Caffaro en faveur des spectacles dramatiques publiée sans l'aveu de l'auteur par B. en tête de son théâtre (L., Il 62) déclenche une polémique retentissante avec Bossuet, d'où sortiront les Maximes et réflexions sur la comédie.

6. Activités journalistiques

Lettres en vers, 1665-1691 (D.P.1 816) : les six premières lettres se présentent comme une continuation de la Muse historique de Loret. «Nous ne possédons plus que six lettres bien qu'il en eût sans doute écrit un plus grand nombre» (C.) : 19 juillet 1665 à la duchesse d'Enghien (avec une version, en date du 1er août, adressée à la reine par l'intermédiaire de Mademoiselle) ; 23 août, 13 et 27 septembre à la reine ; 15 mai 1666 à la duchesse d'Enghien. Le premier numéro a été accueilli à la Cour favorablement grâce à Madame, mais B. encore «incognito» (L., t.III, p. 29) recueille peu de nouvelles. En butte à la jalousie de ses concurrents, il se voit bientôt accusé d'impiété par la même cabale des dévôts qui sévit alors contre Molière (AV). Les privilèges déposés au Sceau pour avoir la permission de se faire imprimer lui sont volés (L., t. III, p. 17, A Mgr. le Prince, touchant la Barbe des Capucins). Il compte, en vain, sur une intervention de M. le Duc auprès du chancelier Séguier (L., t. III, p. 24). Les lettres publiées après 1666 ont été éditées dans des recueils qui ne sont pas périodiques.

A Simiane de Gordes, évêque-duc de Langres depuis 1671, B. envoie régulièrement de grandes lettres en prose mêlées de vers ; mais elles contiennent, au lieu de nouvelles, des remarques et bons mots qui les apparentent plutôt aux ana qu'aux journaux.

En 1691, B. conçoit le projet d'une Muse enjouée hebdomadaire en vers libres, dédiée au duc de Bourgogne ; le privilège lui en est retiré par le chancelier Boucherat aussitôt qu'accordé. Une «grande lettre de différentes nouvelles», adressée à la duchesse d'Angoulême (L., t. I, p. 336-355) en utilise les «lambeaux» (L., t. I, p. 337) : éloges, informations et jusqu'à une énigme (sur l'éternuement).

7. Publications diverses

Poète, B. truffe ses lettres de fables avant de porter deux ou trois fois Esope à la scène. Romancier, il oriente le genre vers la nouvelle courte qui emprunte ses sujets à la réalité contemporaine et à la plus immédiate actualité. Le récit, comme chez Madame de Villedieu, s'y rehausse d'un humour enjoué : Artémise et Poliante, 1670, dont le préambule relate une des premières représentations de Britannicus et jette ainsi, par un compte rendu resté malheureusement isolé, les fondements de la critique dramatique ; Le Marquis de Chavigny, 1670 ; Ne pas croire ce qu'on voit, histoire espagnole, 1670 ; Le Prince de Condé, 1675. Surtout, par les Lettres à Babet, d'abord dispersées en 1669 parmi les Lettres de respect, d'obligation et d'amour, puis regroupées à partir de 1683 à l'intérieur du même recueil, plus tard enfin, après la mort de l'auteur, publiées séparément, et ses sept puis treize Lettres amoureuses d'une dame à un cavalier (Lettres nouvelles, 1697 et 1709), B. contribue, en même temps que l'auteur des Lettres portugaises, à la création du roman par lettres.

Pour le théâtre, il aurait produit dès l'âge de quinze ans (A) des pièces destinées au Marais. Outre les oeuvres déjà mentionnées au cours de cette notice, on retiendra principalement un Germanicus (1673 ou 1679) à cause de la relation que B. lui-même établit entre cette tragédie et la Princesse de Clèves (L., t. I, p. 306-307), l'acte des Mots à la mode, et la comédie d'Esope à la Cour, posthume (1701).

8. Bibliographie

La plupart des notices biographiques s'inspirent de l'avertissement (A) que la petite–fille de B., Hyacinthe, et non, comme on l'a cru (Parfaict, t. XlI, p. 387), son fils le théatin, a placé en tête de son Théâtre (3 vol.) en 1725. Quelques pages sur la vie et les ouvrages de B. figuraient déjà au début des Lettres nouvelles, troisième édition, 1709, feuillets non paginés. Le Mercure galant, septembre 1701. – Niceron, t. XIV. – Moreri, 1732 ; Jal. – Parfaict (les frères), Histoire du théâtre francais, t. Xll (1747) et t. IX à XIX, passim.– La Harpe, Lycée ou Cours de littérature, t. VI, an VII. – (I.) L'lntermédiaire des chercheurs et des curieux, t. Vl, 25 juillet 1870. – (C.) Les Continuateurs de Loret, édités par J. de Rothschild et E. Picot, 1881-1889. – Fournel V., «Edme Boursault, sa vie et son oeuvre dramatique», dans le Théâtre choisi d' Edme Boursault, 1883, repris dans Le Théâtre au XVIIe siècle. La Comédie, 1892. Id., Les Contemporains de Molière, t. 1, 1863. – La notice de P. Brun («Le journaliste E. Boursault» dans Autour du XVIIe siècle, Grenoble, 1901, p. 137-167) ne contient qu'un aperçu sur les débuts du journalisme au XVIIe siècle et un résumé de la comédie du Mercure galant. – On trouvera une bibliographie très sûre et très précise sur Boursault, ainsi qu'une notice dans : Mongrédien G., La Querelle de l'Ecole des femmes, Paris, Didier, 1971, t. 1, p. 87-100.

9. Additif

Carrière: Une inversion s'est produite concernant la date à laquelle Boursault commençe à travailler comme receveur de tailles à Montluçon. Il s'agit de 1672 et non en 1782 (Marie-Ange Croft).