Dans le premier volume du Journal français, P. se livre à une critique sans pitié du métier de journaliste : «[...] quelle confiance peut-on prendre dans des écrivains assez téméraires pour parler de tout, et pour se promettre d'avoir de l'esprit à volonté, quarante fois par an? A quelle estime surtout peuvent-ils prétendre, lorsqu'à l'exemple du rédacteur de L'Année littéraire, ils ne rougiront pas de se contredire ouvertement? [...] Enfin, lorsqu'à la recommandation d'une grande dame qui aura la faiblesse de protéger un écrivain médiocre, ils feront de cette idole l'objet de leurs panégyrique, tandis que pour complaire à un homme en place, qui aura le malheur d'être injuste, ou pour satisfaire leur animosité personnelle, ils déchireront un écrivain du premier mérite qui ne se sera point abaissé devant leur orgueil» (Journal français, 1777, t. I, p. 35-36). P. a collaboré à de nombreux périodiques :
I. Coup d’œil sur les ouvrages modernes ou Réponses aux Observations sur la littérature de M.L.D.L.P. [M. l’abbé de La Porte] par M.D.M. [M. de Montenoy], s.l.n.d. [Paris, 1751], t. I et unique, in-12°, 68 p. L’exemp. De la B.N. (Zz 4372) est incomplet ; voir B.H.C., p. 46, Calmet, p. 709, D.P.1 249. Selon un article du Journal encyclopédique, P. aurait travaillé à ce périodique avec Boulenger de Rivery (1760, t. V, 3e part., p. 116). Dans une lettre de P. à d’Hémery, du 11 mars 1750, l’écrivain demande une permission pour un « ouvrage périodique » de « deux feuilles » : Le coup d’œil. Il y explique ses intentions : « L’abbé de La Porte fait un journal dans le goût de celui de M. Fréron. Je voudrais répondre au journaliste, critiquer ses jugements quand je le trouverai faux, ajouter mes réflexions aux siennes, venger quelques auteurs qu’il pourrait blâmer injustement » (S1, p. 342-343). Dans un article du Coup d’oiel, P. prend déjà la défense de Voltaire : « On me reprochera peut-être de m’être trop étendu sur l’éloge de M. Voltaire ; mais je ne suis pas fâché d’avoir osé dire la vérité dans un temps où les critiques semblent se réunir contre lui » (p. 16).
II. L'Année Littéraire : «Lettre à E.C. Fréron au sujet des Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres de la Lorraine de F.A. Chevrier», 1754, t. V, p. 334-339. – «Lettre à E.C. Fréron à l'occasion de ce que Fréron a dit de A. Houdar de la Motte», 1754, t. Vl, p. 277-288. – «Lettre à E.C. Fréron sur les Petites Lettres sur de grands Philosophes», 1757, t. VIII, p. 121 131. – «Nouvel avis des éditeurs des Gazettes et Papiers anglais», 1760, t. VII, p. 158-168. – «Lettre à E.C. Fréron sur Les Courtisanes», 1776, t. III, p. 332-346. – «Lettre à J.F. de La Harpe et à L.S. Fréron», 1778, t. V, p. 244-262. – «Lettre à L.S. Fréron. A propos des quelques hommes de lettres, 1787, t. Il, p. 241-268.
III. Gazette de papiers anglais (H.P.L.P., t. II, p. 87 ; D.P.1 561) au début de 1759, deux particuliers sollicitent de P ; son appui pour obtenir le privilège de vendre dans tout le royaume les gazettes étrangères et celui de faire traduire les gazettes anglaises ; P., qui entreprit des démarches en faveur de ces deux futurs associés, s’aperçut que le libraires David avait déjà obtenu des lettres patentes. Abandonnant ses premiers partenaires, il s’associa avec David ; et, pendant dix ans, la traduction des gazettes étrangères (surtout hollandaises) « lui permit d’amasser une fortune honnête » (D, p. 117). Son attitude lui fut vivement reprochée dans les pamphlets qui procédèrent à la représentation des Philosophes : « Quand entre autres, on a volé à ses associés leur part des gazettes étrangères, on ne doit pas faire dire à un valet qui vole son maître, je deviens Philosophe » (La Condamine, p. 16-17). En 1760, commence l'entreprise des Papiers anglais, ouvertement soutenue par Choiseul. Le Prospectus (dans L'Année littéraire, 1760, t. I, p. 59 66 et l'Observateur littéraire, l5 janv. 1760) était l'oeuvre de P. La traduction était assurée par J.B. Suard (voir ce nom). Au début du mois de mars 1760, le titre changea en Etat actuel et politique de l'Angleterre ou Journal britannique, pour se modifier en novembre : Gazettes et Papiers anglais. L'entreprise se termina par le numéro du 29 juin 1762 : le périodique n'avait vécu que ce qui avait été utile au ministre. La paix avec l'Angleterre devenait possible, le journal n'avait en effet plus d'objet (D, p. 117-119). P. n'a fait ce travail aux Papiers anglais qu'à contre-coeur : «On sait avec quelle répugnance il [P.] se chargea des soins que lui confiait l'administration et avec empressement il saisit l'occasion de se débarrasser d'un genre de travail qu'il n'a jamais estimé» (O., 1777, t. VII, p. 229-300).
IV. Le Nécrologe des Hommes célèbres de France, 1764-1782, 17 vol., in 12. (B.H.C., p. 17 et D.P.1 974). A l'origine de cette publication, il y a le Journal des Deuils (D.P.1 698) où P. annonçait au public les deuils de la Cour et l’Ordre chronologique des deuils (D.P.1 1099). P. imagina, en faveur de sa maîtresse, Melle Fauconnier, de joindre au Journal des Deuils, Le Nécrologe. Dans ce périodique, P. «fait l'éloge et donne les particularités de la vie de ceux qui sont morts dans l'année» (C.L., t. IX, p. l99-200). P., de son côté, affirme qu'«il y a travaillé lui-même sans aucun intérêt et avec le plus grand zèle pendant les cinq ou six premières années». Il explique les raisons qui l'ont fait renoncer à sa collaboration : «les difficultés d'obtenir des renseignements qui demanderaient, de la part des vivants, un peu de respect pour la mémoire des morts» (O., 1777, t. V). P. est l'auteur des articles suivants : Marivaux, 1764, t. I, p. 3-17 (avec L. Poinsinet de Sivry) ; abbé Prévost, 1765, t. I, p. 59-81 ; Louis Racine, 1765, t. I, p. 43-55 ; Rameau, 1765, t. I, p. 85-113 ; Bachelou, 1766, t. I, p. 229-232 ; Crevier, 1766, t. I, p. 305. A cela, il faut ajouter l'article Roy (F.L. 1769, t. I, p. 336-337) et les articles Hardion, abbé Mangenot, Lagarde, abbé Trublet, Hénault, La Bletterie, Toussaint, Duclos, Piron, La Beaumelle, Fréron (O., 1777, t. V, p. 223-305).
V. Journal encyclopédique : «Discours sur la satire contre Les Philosophes», 1760, t. VI, i, 114-148. – «Lettre au sujet de La Dunciade», 1764, t. III, i, p. 103-ll5. – «Lettre de P. aux auteurs du Journal encyclopédique au sujet de l'article <Parade> de l'Encyclopédie», 1769, t. II, i, p. 125-127 (article repris dans O., 1777, t. VI, p. 45). – «Lettre de P. au comte de Tressan sur le même sujet», 1769, t. II, p. 127-130. – «Lettre de P. au sujet d'une édition des Mémoires sur la littérature», 1776, t. IV, p. 152.
VI. Le Journal français, 15 janvier 1777 - 30 avril 1778, 24 numéros, in 8°. En collaboration avec J.M.B. Clément, de Dijon (B.H.C., p. 78-79 et D.P.1 734). En novembre 1776, la C.L. annonce que le Journal français paraîtra tous les quinze jours, à partir du 15 janvier 1777 et qu'il est destiné à remplacer le Journal de Verdun (C.L., t. XI, p. 383-384). C'est «le gouvernement» qui aurait chargé les deux écrivains du périodique. «Ils promettent de mettre la décence et l'impartialité au nombre de leurs devoirs les plus sacrés», dit Mettra, mais, ajoute-t-il, «c'est l'espérance de les voir manquer dans chaque feuille à cet engagement qui leur attirera le plus de souscripteurs» (27 déc. 1776, t. IV, p. 57 58). De plus, les auteurs promettent un supplément tous les deux mois qui contiendra les édits, les déclarations, les lettres patentes, les arrêts du Conseil qui auront paru (ibid.). Dès la parution du périodique, La Harpe critique le titre : Journal français, «comme si les autres étaient iroquois» (Correspondance littéraire, t. II, p. 50). Selon les M.S., le Journal français est dirigé contre les encyclopédistes (t. IX, p. 288, 12 déc. 1776). Mais, de son côté, Stanislas Fréron se plaint aussi : «on dirait, en vérité, [...] que MM. Clément et Palissot se sont moins proposés pour objet l'examen des livres nouveaux que la critique de L'Année littéraire» (A.L., 1776, t. VIII, p. 192). La collaboration de P. et de Clément n'a pas été sans heurt. Comme le remarque ironiquement S. Fréron, P. était un admirateur de Voltaire, alors que Clément n'appréciait guère le patriarche de Ferney, «sans doute une moitié du Journal français sera remplie d'un encens grossier brûlé en l'honneur de M. de Voltaire qui, dans l'autre moitié, sera inondé du fiel de la satire» (ibid., p. 216). Même observation chez La Harpe qui note toutefois que «ces deux messieurs traitent ensemble comme Octave et Antoine sur les victimes qu'ils s'abandonneront» (t. II, p. 41). L'équipe rédactionnelle était si peu soudée que le Journal français ne pouvait se soutenir longtemps. Dans les Mémoires sur la littérature, P. porte sur Clément une appréciation nuancée : «les critiques de M. Clément, quoique trop sévères, et souvent exprimées d'une manière trop dure, n'étaient pas sans utilité» (O., 1809, t. IV, p. 169). Cependant, le résultat ne se fit pas attendre : de 900 le nombre des souscripteurs passa en un an à 200 (Mettra, t. VI, p. 198). C'était la faillite : en juin 1778, les Mémoires secrets indiquent que le Journal français «vient de mourir d'inanition» (18 juin 1778, t. XII, p. l9). Dès le mois de février, Stanislas Fréron écrit : «le journal de P. tombe de plus en plus» ; à cette occasion, Fréron fit même une épigramme (Balcou, p. 388 et 389). Après la faillite du Journal français, Panckoucke réunit ce privilège à ceux de l'ancien Mercure, du Journal de littérature et de politique, du Journal des Dames pour créer le nouveau Mercure de France (La Harpe, t. II, p. 250-251). On peut avoir une idée de l'étendue de la collaboration de P. au Journal français en confrontant ce périodique avec le tome VIII de ses Oeuvres en 1777. Ce tome VIII a vu le jour en 1779. La plupart du temps, le texte de l'édition des Oeuvres est très différent de celui du Journal français.
Voici une liste de ses articles : n° 1, t. I, p. 1 : «Lettre aux auteurs du Journal français sur le livre De la législation ou Principes des lois de M. l'abbé de Mably» (O., 1777, t. VII, p. 299). – n° 1, t. I, p. 24 : «Sur le poème De la nature de Lebrun» (O., 1777, t. VII, p. 299). – n° 1, t. I, p. 29 : «Précis historique sur la vie et les ouvrages de M. Fréron». – n° 2, t. I, p. 70 : «Le Malheureux imaginaire, comédie en 5 actes par Dorat» (O., 1777, t. VII, p. 324). – n° 4, t. I, p. 169 : «Réponse de P. aux n° 34 et 35 de L'Année littéraire». – n° 5, t. I, p. 231 : «Nouveau fragment du poème De la Nature de Le Brun». – n° 7, t. I, p. 321 : «Les Prôneurs ou les Tartuffes littéraires», de Dorat (O., 1777, t. VII, p. 341). – n° 12, t. II, p. 185 : «Lettre aux auteurs de ce journal par un amateur de l'Académie royale de musique» (sur Céphale et Procris) (O., 1777, t. VII, p. 381). – n° 17, t. III, p. 1 : «Histoire du Cardinal de Polignac» (O., 1777, t. VII, p. 357). – n° 18, t. III, p. 13 : «Les Noces patriarcales, poème en prose» (O., 1777, t. VII, p. 377). – n° l9, t. III, p. 206 : «De la sensibilité par rapport aux drames, aux romans et à l'éducation par M. Mistelet» (O., 1777, t. VII, p. 374). – n° 20, t. III, p. 175 : «Nouvelle bibliothèque d'un homme de goût».
VII. Journal de Paris : nombreuses lettres à partir de 1782.
VIII. Divers : P. a également donné quelques articles dans : Journal de politique et de littérature, 5 juin 1778. Voir O., 1777, t. VII, p. 57-61 : «Lettre de P. à La Harpe». – Lettres sur quelques écrits de ce temps, 1753-1754. – Mercure de France : «Lettre à l'auteur de la notice historique et critique sur les ouvrages de Cl. J. Dorat», 30 sept. 1780, p. 234-237. Après 1789, il a collaboré à deux journaux : La Chronique de Paris : Lettre de P. (à propos des femmes qui ne se comportent pas en citoyennes, faute d'éducation), 16 avril 1791. – Lettre de P. (à propos du chahut lors de la représentation de Henri VIII de M.J. Chénier), 4 mai 1791. – À cela, il faut ajouter des lettres dans les numéros des 28 fév., 20 juil., 1er août, 9 août 1790 et des 9 fév., 10, 12 et 15 mai, 5 et 8 juil., 29 sept., 27 nov. 1791. – La Décade philosophique, littéraire et politique, l0 floréal an II, 30 fructidor an XII (29 avril 1794 - 17 sept. 1804) : Sur l'ouvrage de P. Patte, Les Véritables jouissances d'un être raisonnable sur son déclin, 30 ventôse an V, p. 552-553. (Régaldo, t. V, p. 799). – Lettre ouverte à l'Institut, 30 nivôse an VI, p. 139-144. Dans cette lettre, P. se défend d'être anti philosophe (ibid.). – Sur Le Réveil d'Adam, hiérodrame de F. Nogaret, 10 floréal an XIII, p. 236-237 (t. II, p. 546). «Les articles donnés à la revue par P. sont tous littéraires et peu compromettants» (t. V, p. 799).