ROBINET DE SAINT-JEAN

Numéro

695

Prénom

Charles

Naissance

vers 1608

Décès

1698

Charles Robinet de Saint-Jean est né vers 1608. Une note manuscrite sur une lettre du 14 juin 1666 - «L'autheur est Charles Robinet, Normand âgé de 40 ans » (Lachèvre) - fait penser qu'il serait né autour de 1626. Mais beaucoup plus sûr est le témoignage qui annonce sa mort le 25 avril 1698 «âgé de plus de quatre-vingt-dix ans» (M.H.P.). Pseudonyme : Du Laurens (Q.).

2. Formation

Nommé, à une date inconnue, conseiller et historiographe du roi, il commença sa carrière en travaillant à la Gazette de Théophraste Renaudot (M.H.P.). Autour de la princesse Palatine, Anne de Gonzague, il acquiert la réputation de bel-esprit : Somaize le peint sous les traits du « docte et ingénieux Rodolphe» (Dictionnaire des précieuses, éd. Livet, 1856, t. I, p. 191). Son activité de gazetier l'introduit auprès des grands : il rend visite à Versailles à Mmes de Montausier et de La Mothe-Houdancourt (L.C., 6 juin 1666), il assiste à une réception chez la reine (ibid.,izjjanv. 1668), puis au baptême de Marie-Thérèse de France (28 janv. 1668), il dîne chez Madame (3 mars 1668).

4. Situation de fortune

Sur la requête de Madame, il reçoit une pension du roi (ibid., 8 nov. 1665) ; mais en 1668 et 1669, il fait maintes allusions à la pension qu'il aimerait recevoir (ibid., 21 avril, 23 juin, 24 juil. 1668 et 27 avril 1669). Il aurait eu la reine et Fouquet comme protecteurs (Laborde) et fait lui-même mention d'une illustre protectrice à Valençay (L.C., 16 juil. 1667).

5. Opinions

Hors des relations agressives que l'on devine avec les gazetiers concurrents, il a eu, en 1685, querelle ouverte avec le Mercure galant pour une question de privilège (voir Momus).

6. Activités journalistiques

6. Histoire journalière,5 sept. - 11 oct. 1649 (Bourgeois et André, n° 1940), Compiègne, 1652.

Collaboration à la Gazette dont il aurait en particulier rédigé les extraordinaires de 1642 à 1676 (Mercure historique, mai 1677, cité par Laborde).

La Muse héroïque. Au roi, publiée par Lesselin (1654-27 déc. 1665), qui devient : La Muse Royale, éd. J. Paslé (1656-1660), adressée à Anne de Gonzague (L.C., 21 juin 1665).

Lettres en vers à Madame (25 mai 1665 - 30 juin 1670), à l'ombre royale de Madame (juil. 1670), à Monsieur (août-sept. 1673). La copie manuscrite signalée au XIXe siècle (Laborde ; L'Intermédiaire) se trouve insérée dans le Recueil faisant suite à la Muse historique de Loret (Maz., 296 A2-A6 rés) : elle contient 7 lettres manuscrites (2 août 1670 : 16 et 23 janv., 6, 20 et 27 févr., 5 mars 1672).

Lettres en vers à LL AA RR, Monsieur et Madame (avril-déc. 1674). Unepartie de ces lettres fut réimprimée en Hollande (L.C., 8 oct. 1667) ; mais la diffusion de ces feuilles semble avoir été restreinte : en dehors des grandes bibliothèques parisiennes, nous n'en avons localisé des exemplaires qu'à Lille et Stockholm.

Momus ou le nouvelliste, 1685 (les épîtres dédicatoires sont signées Robinet).

7. Publications diverses

7. Le Parfait Victorieux, discours funèbre sur la mort de Louis le Juste, 1643. – Ode à Mgr le cardinal de Richelieu,1644.

Les Illustres Arguments de l'inconstance du monde, en forme de tombeau. Sur la mort de Mgr le cardinal de Richelieu, 1645.

Les Illustres Vérités de Mgr Le Prince, 1651. – Noces ducales, 1664. – Panégyrique de Y «Ecole des femmes», ou conversation comique sur les œuvres de Molière, 1664. – Sonnets à Monsieur, 1671 (Ars., recueil Tralage, t. III, f° 6). – Sonnets au Roi, Mercure galant, avril 1677 (Laborde, p. 142-143). – Les portraits de Mgr le dauphin, poèmes, 1679. – S.d. : A Mgr l'éminent cardinal de Richelieu. Sur son retour à Paris. – Pour Mgr l'éminent cardinal Flavio Chigi, légat a latere en France (F.L.).

8. Bibliographie

(M.H.P.) Mercure historique et politique, mai 1689, t. XXIV, p. 547-548. – Laborde L. de, Le Palais Mazarin, Paris, 1845, p. 142-143. – L'Intermédiaire des chercheurs et des curieux, 123, 25 févr. 1870. – (L.C.) Les Continuateurs de Loret, éd. J. de Rothschild et E. Picot, Paris, 1881-1899. – Lachèvre F., Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés de 1597 à 1700, Paris, 1901-1905 (t. II, p. 438-439 ; t. III, p. 508). – Id., Claude le petit et la «Muse de la cour», Paris, 1922, p. 19-51. – Bourgeois E. et André L., Les Sources de l'histoire de France, XVIIe siècle, t. IV, Paris, 1924.

PERDOU DE SUBLIGNY

Numéro

628

Prénom

Adrien

Naissance

vers 1640

Décès

vers 1666

Né vers 1639 (1636, donné par Jal, serait une erreur selon Fournel qui s'appuie sur la préface de La Folle querelle), Adrien Perdou de Subligny était fils d'Elisabeth de Villars et de A. Perdou ; il épouse en 1667 Claude Bourgoin, qui lui avait donné une fille, Marie Thérèse, baptisée le 18 juillet 1666 (Jal, qui cite registres et actes). «Nous ignorons le temps de sa mort » (Parfaict ; Moreri) ; Jal propose : vers 1696. Sa fille dansa en 1682 dans le ballet de Lulli, Le Triomphe de l'amour, et fit ensuite carrière de danseuse (Parfaict).

2. Formation

Contrairement aux affirmations de Granet (Dissertation sur quelques tragédies de Corneille et Racine) et de Louis Racine (Mémoires), il ne fut point comédien (Parfaict ; Moreri ; Jal) ; Jal émet même des doutes sur sa qualité d'avocat au Parlement de Paris. «On ignore les circonstances de sa vie» (Moreri).

4. Situation de fortune

Il aurait donné des leçons de versification à la comtesse de La Suze (Chaudon) et était l'ami du fermier général Jean Rémi Hénault (Jal).

5. Opinions

D'abord critique de l’Andromaque de Racine (La Folle que-relie ; voir Les Continuateurs de Loret, 12 et 26 mai, 8 sept. 1668), il se fait son défenseur pour Bérénice et Phèdre. Sa carrière semble se dérouler entièrement à l'ombre de la cour, en particulier dans l'entourage du dauphin ; une partie de ses lettres est dédiée à Mlle Toussi, fille de la gouvernante du dauphin.

6. Activités journalistiques

6. La Muse dauphine (11 lettres, 15 nov. 1665 - 25 janv. 1666 ; D.P. 1 964) ; La Muse de la cour, dédiée à Mgr le Dauphin (32 lettres, 27 mai - 24 déc. 1666 ; D.P.1 964), publiée par Lesselin, puis réimprimée par Barbin en 1667 et Th. Jolly en 1668 sous le titre de Muse dauphine adressée à Mgr le Dauphin ; dans la seconde édition, P. supprime la Suite burlesque de la Muse de la cour sur l'embrasement de Londres (30 sept. 1666) dont il n'était peut-être pas l'auteur (Jacob). Du 3 février au 7 avril 1667, neuf lettres sont publiées par P. Le Monnier, et P. perd son privilège du 11 octobre 1666 pour avoir publié des nouvelles scandaleuses.

Un extraordinaire de 1666, «Premier divertissement de la Muse de la Cour, contenant la déroute et l'adieu des filles de joyes» (sic), a été plusieurs fois réimprimé (Lachèvre). Les exemplaires conservés en dehors de la B.N., de l'Arsenal et de la Mazarine (Sorbonne, Institut catholique, Dijon, Aix-en-Provence, La Haye) attestent une diffusion plus large que pour les lettres en vers de J. Laurent ou Robinet.

7. Publications diverses

La Folle querelle ou la critique d'Andromaque, 1668. – Réplique à la critique de la Bérénice de Racine par l'abbé de Villars, 1671. – Dissertation sur la tragédie de Phèdre, 1677 (Selon Jal, « la Querelle et la Dissertation » auraient été écrites en collaboration avec J.R. Hénault). – La Fausse Clélie, 1671. – Le Désespoir extravagant, pièce perdue jouée par la troupe de Molière (Fournel). – La Déroute des précieuses, attribuée par P. Lacroix (Cat.B.N.). – Enfin, jusqu'à l'identification du véritable auteur, Guilleragues, on lui attribuait la traduction des Lettres portugaises.

8. Bibliographie

Moreri, Nouveau supplément, 1749 ; Chaudon, Nouveau Dictionnaire historique, éd. 1779 ; Jal. – Parfaict, Histoire du théâtre français, 1747, t. X. – Jacob P.L., «Les Deux Muses du sieur de Subligny», Le Bibliophile français, t. III, 1864, p. 133-139. –Fournel V., Les Continuateurs de Molière, t. III, 1865, p. 485-491. – Les Continuateurs de Loret, éd. J. de Rothschild et E. Picot, 1881-1899. – Lachèvre F., Claude Le Petit et la «Muse de la cour», 1922.

LAURENT ou LAURENS

Numéro

466

Prénom

Jacques

Naissance

?

Décès

?

Ce Jacques Laurent ou Laurens, que P.L. Jacob prénomme Jean par erreur (L’intermédiaire.), serait aussi connu sous le nom de Du Laurens (Lachèvre) ; aussi a-t-il parfois été confondu avec Charles Robinet qui usait de Du Laurens comme pseudonyme. J. de Rothschild, et F. Lachèvre à sa suite, s'appuyant sur le manuscrit 1803 de la B.N. affirment qu'il vivait encore en 1701 : mais le signataire de cet Office de Saint-Louis, roy de France, rédigé en latin par Louis XIII et mis en vers français, (Laurent, 1701) est-il bien notre journaliste?

6. Activités journalistiques

Lettres en vers à LL AA RR Monsieur et Madame, 20 juin 1677-20 septembre 1678. – Lettres en vers ou Relation de ce qui s'est passé de plus remarquable au mois d'octobre 1680.- Lettres en vers ou Relation de ce qui s'est passé de plus remarquable au mois de février 1681. – Relation des particularités du carrousel dauphin, 4 mars 1685. – Relation de ce qui s'est passé à la fête dauphine de Chantilly, 1688. – Lettres en vers à SAR Mademoiselle, s.l.n.d

7. Publications diverses

Epître sur les conquêtes du Roi, 1676. – Les Etrennes de la Muse historique pour l'année 1678. – La Fête royale du mariage de LL AA SS Mgr Le Prince de Conti et de Mlle de Blois, 1680. – Noëls nouveaux ou cantiques spirituels sur les airs de la tragédie de «Proserpine»,1681. – La Campagne triomphante de Louis XIV en 1684. – La Galante et Magnifique Adresse des chevaliers maures au grand carrousel dauphin, à Versailles, avec leurs noms, marches et devises expliquées par des madrigaux, 1685. – «Parallèle de Louis le Grand avec le soleil», dans le recueil Parallèles poétiques, 1686, signé Du Laurens (Lachèvre). – La Fête royale de Saint-Cloud, ou réjouissance de l'heureux succès de l'opération faite sur la personne de Sa Majesté, 1686. – Le Passe-Partout des curieux, 1687. – Les Etrennes de la Cour pour l'année 1689. – Elégie sur la mort de la reine d'Espagne arrivée en 1689. – A la Reine, sur la prise de Valenciennes, sonnet (et autres pièces) s.l.n.d. – L'Amour, A Mgr le duc de Bourgogne, s.l.n.d. – Au Roi, sur le secours qu'il donne au Roi d'Angleterre, sonnet, s.l n.d. – Discours de la Nymphe de Fontainebleau à Mgr le Dauphin, sur le jour de sa naissance, s.d.

Le recueil Tralage, t. II (Ars, ms. 6542) contient des poésies signées Laurent Ja., et le t. Il du ms. 215 du fonds Godefroy (lnstitut) un sonnet de Du Laurens sur Marie d'Aumale fiancée à Alphonse VI du Portugal (août 1665). Enfin, le musée Condé à Chantilly conserve un manuscrit de J. Laurent, L'Amant généreux, épître dédicatoire au grand Condé.

8. Bibliographie

L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, t. XXIII, 25 février 1870. – Lachèvre F., Bibliographie des recueils collectifs de poésies publiés de 1597 à 1700, Paris, 1901-1905 (t. III, p. 140).

LA GRAVETTE DE MAYOLAS

Numéro

443

Naissance

XVIIe s.

La Gravette de Mayolas (son nom est souvent orthographié «Lagravète» dans les éditions anciennes) était fils d'un professeur d'espagnol, M. Ricardy, et avait deux soeurs connues dans la société précieuse (Somaize) ; il serait originaire de Toulouse (R.).

3. Carrière

Successeur désigné par J. Loret, I'auteur de La Muse historique, il dédie ses lettres en vers à la duchesse de Nemours, puis au Roi. La liste de ses oeuvres laisse deviner une simple carrière d'écrivain de cour.

4. Situation de fortune

De mai à août 1658, la Muse historique est soutenue par Erasme Purling de Pernelle, fabricant anglais de vaisselle d'étain (Lachèvre) ; puis il est pensionné par la duchesse de Nemours (R., 17 janv. 1666). Mais en 1669 (R., 13 janv.), il sollicite du roi une gratification.

5. Opinions

Simple rapporteur de nouvelles, L. se défend d'avoir des opinions personnelles : il a charge d'historien et garde le «juste milieu» (R., 17 oct. 1665 et 13 déc. 1665).

6. Activités journalistiques

La Muse historique (33 numéros de mars 1658 à avril 1659) ; vingt-huit de ces lettres sont conservées à l'Arsenal sous un titre factice, Recueil de ce qui s'est fait et passé de plus remarquable en France depuis 1658 ; la bibliothèque de Stuttgart possède de son côté un Recueil de ce qui s'est fait et passé de remarquable cette campagne dernière, 1658.

Lettres en vers à S.A.R. La duchesse de Nemours (privilège du 31 mai 1665 ; 70 lettres du 25 mai 1665 - 19 sept. 1666).

Lettres en vers au Roi (99 lettres du 9 déc. 1668 à déc. 1671) : cet ensemble plus irrégulier contient un feuilleton en prose, les lettres de Cliante à Célidie. D'après le nombre d'exemplaires conservés (Ars., B.N., B.M., B.R. Stockholm), la diffusion de ces lettres semble avoir été plus large que celle des lettres de Laurent et Robinet.

7. Publications diverses

Lettres particulières à l'usage des femmes enceintes, 1660. – Ode du dieu d'amour au dieu Mars, 1660. – Les Ouvrages de Fontainebleau en français et en espagnol, 1661 (?).– La Gloriosa aliança de Francia con Espana, 1661. – L'Eloge du Roi sur ses conquêtes, 1672. – Les Triomphes du Roi, ou la suite de ses conquêtes, ode, 1674. – Les Victoires du Roi, ode, 1674. – Epitaphes pour M. le comte de Turenne, 1675. – A Mgr. I'archevêque de Rouen, à Messeigneurs de l'assemblée générale du clergé de France, 1682. – Lettre de conjouissance à l'assemblée du clergé de France, s.d., B.N. de Milan. – Centum dicta, partim latina, partim gallica, partim hispanica, partim italica, in stemmata D. Fouquet, s.d. – Devises espagnoles et italiennes sur les plus remarquables personnes du royaume, s.d. – Dichos lindos y galanes italianos y hespanoles, s.d. – Eloge de Mgr. Lamoignon, ode. – Lettres de conjouissance à Mgr. l'évêque de Gap. – Les Oracles de la vertu, utiles à tout le monde. – Sentencias espagnolas (s.d. d'après Cior 17 ; 1662 d'après Lachèvre). – Le Véritable Homme d'état qui fait consister le coup d'état à gagner le Ciel.

Lachèvre donne également : Le beau et admirable jardin de Versailles embelli de nouveau des quatre saisons de l'année, 1678. – Les Poésies galantes, 1678. – Il signale également un recueil factice de 14 pièces, Poésies (1658-1676), vendu par le libraire Claudin et qui contenait en particulier l'Ode sur l'adieu au monde.

8. Bibliographie

Somaize, A. Baudeau, sieur de, Le grand Dictionnaire des précieuses, édition M.C.L. Livret, Paris, 1856, t. I, p. 210. – (R.) Les Continuateurs de Loret, éd. J. de Rothschild et E. Picot, 1881-1899. – Lachèvre F., Claude Le Petit et la «Muse de la cour», 1922. – Beugnot B., «Un feuilleton épistolaire : les "Lettres de Cliante et de Célidie"(1668-1671)», C.A.I.E.F., XXIX, mai 1977, p. 147-158.

GUERET

Numéro

373

Prénom

Gabriel

Naissance

1641

Décès

1688

Gabriel Guéret est né à Paris en 1641 ; il est mort le 22 avril 1688 (Moreri). Marié en 1677, il eut trois fils : Louis Gabriel G. (1678-1759) fut grand vicaire de l'évêque de Rodez, Mgr. de Tourouvre ; un second fils fut curé de Saint-Paul à Paris, le troisième officier au service du Roi (Moreri).

2. Formation

G. fit des études humanistes, philosophiques et juridiques (Nicéron), et fut reçu avocat vers 1660.

3. Carrière

Il abandonna rapidement la pratique d'avocat pour se consacrer à la vie littéraire, mais n'en poursuivit pas moins l'étude du droit civil et canonique (Nicéron). Il fit partie de la première Académie de l'abbé d'Aubignac et de l'entourage de Colbert (A. Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, t. III, p. 11). La Carte de la Cour (dédiée à Mme Colbert, 1663) et la Promenade de Saint-Cloud (1669) le montrent au fait de toute l'activité littéraire de son temps.

6. Activités journalistiques

Journal du Palais, «ou recueil des principales décisions de tous les parlements et cours souveraines de France», Paris, D. Thierry et J. Guignard, 1672-1695, 12 vol. : le premier recueil connu de jurisprudence est fondé en 1672 par G. et Claude Blondeau, l'un et l'autre avocats au Parlement ; après la mort de G., l'ouvrage est continué par Blondeau (voir Histoire des ouvrages des savants, sept. 1690, p. 3-12 ; D.P.1 723).

7. Publications diverses

Liste des oeuvres de G. dans Nicéron et Cio 17, n° 34182-34195. Y ajouter un madrigal publié en tête de J. de la Forge, Le Cercle des femmes savantes, dialogue en vers héroïques (1663 ; supplément de Moreri).

8. Bibliographie

Moreri, éd. de 1732 et suppl. de 1749. – Nicéron J.P., Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres, 1729-1745, t. 36, p. 66-71. – Lambert, Histoire littéraire du siècle de Louis XIV, Paris, 1751, t. I, p. 348-350. – Sabatier de Castres, Les Trois Siècles de notre littérature, éd. 1772, t. II, p. 134-135. – Chaudon, Nouveau dictionnaire historique, Caen, 1779, t. 3, p. 368.

BOURSAULT

Numéro

107

Prénom

Edme

Naissance

1638

Décès

1701

Né à Mussy-l'Evêque, dans le diocèse de Langres, sur les confins de la Champagne et de la Bourgogne, en 1638, baptisé entre le 1eret le 4 octobre, Edme Boursault perd sa mère de bonne heure et a pour père Nicolas Boursault, qui, après avoir couru la fortune des armes, notamment en Franche-Comté, est devenu greffier de l'élection, notaire apostolique, échevin et administrateur de I 'hôpital.

2. Formation

Son père, quoique des plus riches du lieu, ne voulut jamais dépenser un écu pour le faire instruire. Il n'apprit ni grec ni latin, et à son arrivée à Paris «ne sçavoit que grossiérement la langue françoise» (Nicéron). Il se forma entièrement par la lecture et le commerce du monde.

3. Carrière

Dès 1651, grâce à Sébastien Zamet, évêque de Langres, il s'installe à Paris. Le libertin Des Barreaux, qui lui montre «toute la tendresse et toute la bonté d'un Père» (L., t. I, p. 29), est le premier à découvrir en lui des «dispositions à la Poésie» (L., t. I, p. 29) et le guide à ses débuts. Corneille, suivant une indication moins sûre (A), l'appelle son fils et l'honore de ses avis. Pellisson le présente à Fouquet. Secrétaire des commandements de la duchesse d'Angoulême en 1660, il lui adresse sur son voyage de Sens une relation burlesque dont le succès détermine sa vocation de journaliste. En 1664, il se rend à Eu auprès de Mademoiselle et s'y lie avec Segrais (L., t. Il, p. 140-141). Il entretient d'étroites relations avec Charpentier, qu'il rencontre chez Mme Deshoulières (L., t. III, p. 31), connaît Ménage, les Tallemant, plus tard (en 1694) La Fontaine, qui apprécie trois de ses épigrammes traduites de l'italien et visant le Sacré Collège. On le trouve aussi mêlé, avec La Fare et Chaulieu, à la Société du Temple. Il correspond avec Furetière, la comtesse de La Suze, Fieubet. Commensal du Président Perrault, c'est auprès de Condé (I.) qu'il cherche appui lorsqu'il perd le privilège de sa gazette. En 1671, sa Véritable Etude des souverains lui vaudrait une charge de sous-précepteur du Dauphin, grâce à la protection de Montausier (Moreri), s'il avait su le latin. Receveur des tailles à Montluçon depuis 1762, il peut à ce titre tirer d'embarras Boileau en cure à Bourbon-l'Archambault (Brossette) et offrir de lui avancer jusqu'à deux cent louis (A) . Mais en 1688, il se voit taxé de mansuétude excessive et révoqué par le fermier général Lejariel (L., t. II, p. 188-193). Conscient de ses manques, il refuse de poser sa candidature à l'Académie en dépit de Thomas Corneille, qui voudrait l'y faire entrer (La Harpe).

4. Situation de fortune

Passant par Vaux lors du voyage de Sens, il reçoit de Fouquet trente louis pour un sonnet (L., t. III, p. 7). En 1661, il obtient du roi «une pension de deux mille livres avec bouche à Cour» (A) pour sa gazette hebdomadaire, mais la perd très tôt pour une plaisanterie assez innocente et cependant jugée irrévérencieuse sur la barbe d'un capucin, que le duc de Guise, un jour qu'il dînait à sa table et se trouvait à court, lui avait suggéré d'insérer et qui lui valut, sinon la Bastille, du moins le retrait de son privilège. De sa comédie des Fables d'Esope, en 1690, il escompte que lui reviendront «près de quatre mille livres, sans l'impression» (L., t. I, p. 258). Pour sa tragédie de Marie Stuart, représentée en 1683, Saint-Aignan lui verse cent louis en cinq mensualités.

5. Opinions

En 1663, sans doute à l'instigation des comédiens et de Corneille, il s'attaque à Molière dans le Portrait du peintre ou la contre-critique de l'Ecole des femmes, un acte joué à l'hôtel de Bourgogne au début d'octobre, auquel Molière riposte en prenant nommément à partie B. dans son Impromptu de Versailles.

Nommé par Boileau dans sa septième satire, B. réplique par la Satire des satires (1669), dont la représentation est interdite sur l'intervention du satirique (A.N., SA 01845,1 ; B.N., fonds Delamarre). Par la suite ils se réconcilièrent (en 1687 selon Brossette).

En 1683 (ou 1679 selon Godard de Beauchamps), sur plainte de Donneau de Visé, B. débaptise les cinq actes du Mercure galant où il portait à la scène le journalisme et la passion de la publicité, en Comédie sans titre. La lettre du Père Caffaro en faveur des spectacles dramatiques publiée sans l'aveu de l'auteur par B. en tête de son théâtre (L., Il 62) déclenche une polémique retentissante avec Bossuet, d'où sortiront les Maximes et réflexions sur la comédie.

6. Activités journalistiques

Lettres en vers, 1665-1691 (D.P.1 816) : les six premières lettres se présentent comme une continuation de la Muse historique de Loret. «Nous ne possédons plus que six lettres bien qu'il en eût sans doute écrit un plus grand nombre» (C.) : 19 juillet 1665 à la duchesse d'Enghien (avec une version, en date du 1er août, adressée à la reine par l'intermédiaire de Mademoiselle) ; 23 août, 13 et 27 septembre à la reine ; 15 mai 1666 à la duchesse d'Enghien. Le premier numéro a été accueilli à la Cour favorablement grâce à Madame, mais B. encore «incognito» (L., t.III, p. 29) recueille peu de nouvelles. En butte à la jalousie de ses concurrents, il se voit bientôt accusé d'impiété par la même cabale des dévôts qui sévit alors contre Molière (AV). Les privilèges déposés au Sceau pour avoir la permission de se faire imprimer lui sont volés (L., t. III, p. 17, A Mgr. le Prince, touchant la Barbe des Capucins). Il compte, en vain, sur une intervention de M. le Duc auprès du chancelier Séguier (L., t. III, p. 24). Les lettres publiées après 1666 ont été éditées dans des recueils qui ne sont pas périodiques.

A Simiane de Gordes, évêque-duc de Langres depuis 1671, B. envoie régulièrement de grandes lettres en prose mêlées de vers ; mais elles contiennent, au lieu de nouvelles, des remarques et bons mots qui les apparentent plutôt aux ana qu'aux journaux.

En 1691, B. conçoit le projet d'une Muse enjouée hebdomadaire en vers libres, dédiée au duc de Bourgogne ; le privilège lui en est retiré par le chancelier Boucherat aussitôt qu'accordé. Une «grande lettre de différentes nouvelles», adressée à la duchesse d'Angoulême (L., t. I, p. 336-355) en utilise les «lambeaux» (L., t. I, p. 337) : éloges, informations et jusqu'à une énigme (sur l'éternuement).

7. Publications diverses

Poète, B. truffe ses lettres de fables avant de porter deux ou trois fois Esope à la scène. Romancier, il oriente le genre vers la nouvelle courte qui emprunte ses sujets à la réalité contemporaine et à la plus immédiate actualité. Le récit, comme chez Madame de Villedieu, s'y rehausse d'un humour enjoué : Artémise et Poliante, 1670, dont le préambule relate une des premières représentations de Britannicus et jette ainsi, par un compte rendu resté malheureusement isolé, les fondements de la critique dramatique ; Le Marquis de Chavigny, 1670 ; Ne pas croire ce qu'on voit, histoire espagnole, 1670 ; Le Prince de Condé, 1675. Surtout, par les Lettres à Babet, d'abord dispersées en 1669 parmi les Lettres de respect, d'obligation et d'amour, puis regroupées à partir de 1683 à l'intérieur du même recueil, plus tard enfin, après la mort de l'auteur, publiées séparément, et ses sept puis treize Lettres amoureuses d'une dame à un cavalier (Lettres nouvelles, 1697 et 1709), B. contribue, en même temps que l'auteur des Lettres portugaises, à la création du roman par lettres.

Pour le théâtre, il aurait produit dès l'âge de quinze ans (A) des pièces destinées au Marais. Outre les oeuvres déjà mentionnées au cours de cette notice, on retiendra principalement un Germanicus (1673 ou 1679) à cause de la relation que B. lui-même établit entre cette tragédie et la Princesse de Clèves (L., t. I, p. 306-307), l'acte des Mots à la mode, et la comédie d'Esope à la Cour, posthume (1701).

8. Bibliographie

La plupart des notices biographiques s'inspirent de l'avertissement (A) que la petite–fille de B., Hyacinthe, et non, comme on l'a cru (Parfaict, t. XlI, p. 387), son fils le théatin, a placé en tête de son Théâtre (3 vol.) en 1725. Quelques pages sur la vie et les ouvrages de B. figuraient déjà au début des Lettres nouvelles, troisième édition, 1709, feuillets non paginés. Le Mercure galant, septembre 1701. – Niceron, t. XIV. – Moreri, 1732 ; Jal. – Parfaict (les frères), Histoire du théâtre francais, t. Xll (1747) et t. IX à XIX, passim.– La Harpe, Lycée ou Cours de littérature, t. VI, an VII. – (I.) L'lntermédiaire des chercheurs et des curieux, t. Vl, 25 juillet 1870. – (C.) Les Continuateurs de Loret, édités par J. de Rothschild et E. Picot, 1881-1889. – Fournel V., «Edme Boursault, sa vie et son oeuvre dramatique», dans le Théâtre choisi d' Edme Boursault, 1883, repris dans Le Théâtre au XVIIe siècle. La Comédie, 1892. Id., Les Contemporains de Molière, t. 1, 1863. – La notice de P. Brun («Le journaliste E. Boursault» dans Autour du XVIIe siècle, Grenoble, 1901, p. 137-167) ne contient qu'un aperçu sur les débuts du journalisme au XVIIe siècle et un résumé de la comédie du Mercure galant. – On trouvera une bibliographie très sûre et très précise sur Boursault, ainsi qu'une notice dans : Mongrédien G., La Querelle de l'Ecole des femmes, Paris, Didier, 1971, t. 1, p. 87-100.

9. Additif

Carrière: Une inversion s'est produite concernant la date à laquelle Boursault commençe à travailler comme receveur de tailles à Montluçon. Il s'agit de 1672 et non en 1782 (Marie-Ange Croft).

AMELOT DE LA HOUSSAYE

Numéro

010

Prénom

Abraham

Naissance

1634

Décès

1706

Abraham Nicolas Amelot est né à Orléans (S) en 1634, en février selon Moreri – mais les registres de Sainte-Euverte ne donnent pas de précision (D.B.F.). Il est probablement né à Rouen d'Abraham Amelot, seigneur de La Houssaye, et de Marguerite Bertrand ; il descendait, selon Tallemant, du président Amelot. Il est mort le 8 décembre 1706 (Baillet) et fut enterré à l'église Saint-Gervais (D.B.F.).

2. Formation

Vers 1669, il est secrétaire du président de Saint-André, ambassadeur à Venise, où il se forme à la politique. Il apprend alors l'italien et l'espagnol. «La politique fut sa passion dominante» (S).

4. Situation de fortune

Il aurait vécu dans la pauvreté, secouru «par un abbé distingué par son mérite et son savoir autant que par sa naissance» (Moreri).

5. Opinions

L'Histoire du gouvernement de Venise, publiée par A en mars 1676, suscite une protestation de la république de Venise. A est envoyé à la Bastille le 2 avril 1676 ; il en sort le 15 mai (Ravaisson, t. VIII, p. 93-94). Selon une note de l'abbé Drouyn (ibid.), l'ouvrage aurait connu 22 éditions en 3 ans. L'Histoire du concile de Trente provoque une polémique avec Saint-Réal, et le Tibère, discours politique sur Tacite, publié en 1683 sous le pseudonyme de La Mothe Josseval, une vigoureuse critique de Fremont d'Ablancourt. A eut enfin une polémique avec P. Richelet, dont l'origine est sans doute une rivalité pour le préceptorat du dauphin (voir art. de S. Pitou dans Modern Language Notes, t. LXVIII, 1953, p. 105-107).

6. Activités journalistiques

Les «Lettres en réponse à Saint-Réal», publiées dans les Oeuvres de Saint-Réal en 1740 (t. IV, p. 194-198), ont paru dans les Nouvelles de la République des Lettres du 27 octobre et du 7 décembre 1685.

Les Mémoires historiques, politiques, critiques et littéraires publiés en 1722 en 3 volumes sous le nom d’A (voir M. Marais, Journal et mémoires, éd. de Lescure, t. II, p. 395-397, janv. 1723) ne sont pas un périodique et la suite annoncée n'a pas paru (rééd. en 1737 et 1742).

7. Publications diverses

Voir Cior 17, n° 7097-7128.

8. Bibliographie

Nicéron, t. XXXV, p. 120-131 ; Moreri (éd. de 1732 et suppl. de 1749) ; Ravaisson, t. VIII p. 93-94 ; D.B.F. – Chaudon L.M., Nouveau Dictionnaire historique, Caen, 1779, t. I, p. 130 – Chaligny de Plaine A., «Eloge de Amelot de la Houssaye», Ste-Geneviève, ms. 2450.– Journal des savants, 21 août 1684, 27 janvier 1692.– Baillet A., Jugements des savants, 1729, t. III, p. 177, notice 977.– (S) Sabatier de Castres, Les Trois Siècles de notre littérature, 1ère éd., Amsterdam, Paris, 1772, t. I, p. 27-28.– Passy L., Les Hommes illustres de l'Orléanais, 1852.– Tallemant des Réaux G., Historiettes, Paris, 1857, t. VI, Paris, 1857, p. 64– Lachèvre F., Bibliographie des recueils collectifs de poésie de 1597 à 1700, t. IV, Paris, 1905, p. 505 (pièces de P. Richelet contre A).