THIBAULT DE LAVEAUX

Auteurs

Numéro

767

Prénom

Jean

Naissance

1749

Décès

1827

Jean Charles Thibault de Laveaux, ou La Veaux, est né à Troyes, de parents aisés, le 17 novembre 1749. Nous n'avons pas de détails sur sa femme ; d'après B.Un., sa fille fut une habile grammairienne et collabora avec lui à son Dictionnaire. Il est mort à Paris en 1827. Il ne faut pas confondre T. avec Dieudonné Thiébault (voir ce nom), qui fut à Berlin en même temps que lui.

2. Formation

II règne beaucoup de confusion au sujet de sa vie. D'après la B.Un., c'est à Troyes qu'il commença ses études, mais il vint très jeune à Paris faire ses humanités : « Il eut de grands succès de collège, surtout dans tout ce qui tient au technique des études scolaires». Denina écrit qu'il fit ses études à Clermont en Auvergne pour devenir prêtre de l'ordre de Saint-Dominique, F.L. en parle comme d'un ancien bénédictin. D'après B.Un. encore, pendant qu'il était professeur à Bâle, «il prit les ordres dans l'Eglise réformée». Il n'a pas été membre de l'Académie de Berlin, mais d'après Thiébault il «a vivement désiré d'en être» (p. 122).

3. Carrière

T. a d'abord été professeur de français à Bâle, une position trouvée par ses parents d'après B.Un. ; des ennemis insinuèrent plus tard qu'il arriva à Bâle après avoir été expulsé de Genève, ce qu'il nie dans une brochure publiée pendant la Révolution à Paris, Réponse à un écrit anonyme intitulé Portrait de Laveaux ; il nie également avoir enlevé la caisse de son bienfaiteur bâlois von Mechlin. Plus tard il devint professeur de littérature française à Stuttgart, où, d'après B.Un., il « acquit une réputation méritée comme possédant toutes les difficultés, toutes les délicatesses de la langue française ». C'est cette réputation qui aurait attiré l'attention de Frédéric II de Prusse qui lui aurait confié la chaire de langue et de littérature française à l'Université de Berlin. Mais rien n'est moins sûr que ce dernier détail, donné aussi par F.L. Denina écrit simplement qu'il donnait des leçons de français à Berlin, mais qu'il devint professeur royal en 1784. Quant à Thiébault, très hostile, il écrit que T. vint à Berlin avec son épouse, « muni de plusieurs lettres de recommandation, et particulièrement pour M. Mérian qui, de très bonne foi, le prône et le protège » (p. 122) ; et qu'il ouvrit une pension pour jeunes gens. Malgré son insistance, il n'aurait jamais réussi à se faire recevoir par le roi, à qui pourtant il envoie ses écrits. Thiébault raconte que lui-même en dissuada Frédéric ; prétendant prendre un congé de quatre mois, il quitta Berlin, et se plaint dans ses Souvenirs (t. V, p. 136) que T. «écrivit au roi qu'il était évident que je ne reviendrais pas ; que de cette sorte ma place était vacante, et qu'il la demandait à sa majesté». Le roi lui refusa ce poste de professeur à l'Ecole militaire. En 1785, il quitta Berlin pour Stuttgart, où il enseigna au collège ducal, et en 1791 se rendit à Strasbourg. Dans cette ville, il ne semble pas avoir enseigné, s'occupant seulement de journalisme. A la suite d'une dispute avec le maire de la ville, Dietrich, qu'il avait attaqué dans le Courrier de Strasbourg, il est emprisonné du 22 avril au 16 mai 1792. Il quitta Strasbourg avant la fin du mois, et au mois d'août on le trouve à Paris, membre du Tribunal de la Commune ; en septembre il est envoyé en mission dans les départements. Il est de retour à Strasbourg après le 8 novembre. Poursuivant sa campagne contre Dietrich, arrêté à son tour, T. alla à Besançon pour témoigner contre lui, du 22 février au 12 mars 1793. Il quitta définitivement Strasbourg au début du mois d'avril 1793 ; arrivé à Paris, il devint rédacteur du Journal de la Montagne, organe des Jacobins. Il fit encore un bref séjour en prison, vers le 8 octobre 1793, et encore une fois après Thermidor. A partir de ce moment, il abandonna le journalisme pour se consacrer à des traductions et à des activités littéraires. Sous le Consulat, il fut chef du bureau militaire du département de la Seine, puis chef de division ; il fut inspecteur général des prisons et des hospices du département jusqu'en 1815, quand il fut destitué.

4. Situation de fortune

T. semble avoir toujours vécu de l'enseignement du français, ou du journalisme. Quand il arriva à Strasbourg en 1791, il signa, le 16 novembre, un contrat avec le libraire Treuttel pour la publication et la direction du Courrier de Strasbourg et de son supplément, le Courrier de Paris et des départements à Strasbourg, qui remplacent le Courrier politique et littéraire des deux nations (voir Prospectus). Le 30 mai 1793, il est chargé par la Société des Jacobins de publier le Journal de la Montagne à Paris.

5. Opinions

La vie de T. semble avoir été une suite de scandales et de disputes, dont nous ne pouvons que résumer les plus importants. D'après Denina (t. III, p. 431), il a quitté l'habit clérical après avoir séduit une pénitente, avec laquelle il serait parti à Bâle, ou Genève. Dans sa Réponse, il nie ces faits. Même s'il n'a jamais été prêtre ni pasteur, il semble bien qu'il se soit converti à la religion réformée pendant son séjour en Suisse. Pendant la Révolution il proclame qu'il a toujours été ennemi du despotisme, mais il conserve une grande admiration pour Frédéric II de Prusse. Quoiqu'il en soit, à Strasbourg il est membre de la Société des Amis de la Constitution, où il prononce plusieurs discours qui sont publiés, et comme nous avons vu, il est, à Paris, Jacobin actif et estimé. Quand il est emprisonné en octobre 1793 par le comité révolutionnaire du Luxembourg à la suite d'une dispute avec Vincent, secrétaire général de la guerre, il doit sa libération au soutien du club des Jacobins. C'est un ennemi acharné de Hébert, qu'il attaque sans cesse dans son Journal de la Montagne. Emprisonné une deuxième fois pour robespierrisme et terrorisme, il est encore libéré grâce à l'intervention du club. Il semble être resté fidèle à ses principes, car il fut destitué en 1815 à cause de son hostilité aux Bourbons. Parmi les querelles littéraires, citons, pendant son séjour à Berlin, ses attaques contre les prédicateurs et académiciens, en particulier J.H.S. Formey. En 1789, à la suite de la publication des Souvenirs de ce dernier, T. publie une réponse virulente intitulée Frédéric II, Voltaire, Jean-Jacques, d'Alembert et l'Académie de Berlin vengés du secrétaire perpétuel de cette Académie, ou M. Formey peint par lui-même, dans laquelle il défend Voltaire. Thiébault, très hostile à T., raconte (p. 122) un scandale auquel celui-ci aurait été mêlé, à la suite d'une querelle avec une femme, contre qui il publia une imitation de Candide.

En 1802 T. est impliqué dans un procès retentissant, au sujet du Dictionnaire de l'Académie française, publié par Moutardier et Leclerc, qu'il rédigea en utilisant des notes appartenant à l'Etat, et auxquelles il apporta de nombreuses additions et corrections. Les libraires Bossange, Masson et Besson, substitués aux éditeurs de l'édition de 1798, poursuivirent Moutardier et Leclerc comme contrefacteurs, et le 14 janvier 1805, ils gagnèrent en quatrième instance. T. publia son propre Dictionnaire en 1820, dans la préface duquel il écrit, au sujet de ce procès, «l'auteur s'est consolé de cet échec par l'accueil que le public a fait à son ouvrage. Dans l'espace de quelques mois, une édition de 4000 exemplaires a été épuisée ; le prix, qui était d'abord de 20 fr., a quadruplé » (p. VIII). Cette édition est généralement considérée comme supérieure aux précédentes.

6. Activités journalistiques

Le premier journal de T. semble avoir été le Maître de langue, commencé à Berlin en 1783, qui critiqua les Berlinois écrivant en français et les prédicateurs (voir Denina, t. III, p. 432). En 1784 ce journal devint le Cours théorique et pratique de langue et de littérature françaises, publié chez Werver. Entrepris, d'après l'auteur, sur ordre de Frédéric II, ces cahiers périodiques contenaient, à part les extraits de grammaires, des annonces et critiques des ouvrages publiés en Allemagne. Le journal se termina à la mort du roi. Nous avons déjà parlé du Courrier de Strasbourg, qu'il dirigea à partir de novembre 1791, avec des absences, jusqu'en avril 1793 ; on y lit : «J.Ch. Laveaux se charge de la rédaction et s'engage de mettre son nom à la tête pour se rendre responsable du contenu et de ses suites ; mais par conséquent il doit être libre d'insérer dans cette feuille ou d'en rejetter ce qu'il jugera à propos». En janvier 1793, T. publia le prospectus du Journal d'instruction civique et politique, également chez Treuttel, qui semble avoir été de très courte durée. A partir du 30 mai 1793 il est rédacteur du Journal de la Montagne, dont le premier numéro sort le 1er juin, à l'Imprimerie patriotique et républicaine. Le 9 juillet il signale qu'il n'est responsable que des articles signés L « et il ne répond que de ceux-là» ; son nom disparaît définitivement du titre au n° 161, en novembre 1793. En 1793 il publia un prospectus d'un autre journal intitulé Le Conservateur ou Journal historique de la République française, à l'Imprimerie patriotique de J.C. Laveaux et compagnie, dont existent seulement quelques numéros, datant du mois de germinal. Il publia aussi le Premier Journal de la Convention, ou le Point du jour, du 21 septembre 1792 au 30 juin 1793.

7. Publications diverses

T. est l'auteur de divers ouvrages polémiques et de discours, dont la liste se trouve dans la B.Un. Notons, outre les publications dont nous avons parlé ci-dessus, sa Vie de Frédéric II (7 vol., 1777-1779). Il fut surtout connu pour ses ouvrages de grammaire et ses dictionnaires.

8. Bibliographie

8. B.Un. ; F.L. ; Ersch, t. III, p. 365-369. – Denina C, La Prusse littéraire sous Frédéric II, Berlin, 1790-1791, t. III, p. 431. – Thiébault D., Mes Souvenirs de vingt ans à Berlin, Paris, 1827, t. V, p. 122-136. – Courtat F.T., Monographie du Dictionnaire de l'Académie française, Paris, 1889 (Slatkine Reprint, 1970), p. 52.

MAUCLERC

Auteurs

Numéro

563

Prénom

Paul

Naissance

1698

Décès

1742

Paul Emile Mauclerc est né, d'après Haag, le 30 janvier 1698, et d'après Amburger, à Paris, le 30 juillet 1698, d'une famille bourgeoise originaire de Vitry-le-François : sa famille comptait des élus de cette ville et plusieurs Anciens de l'Eglise. Son père, Jérémie Mauclerc, était avocat au Parlement de Paris; sa mère s'appelait Louise Milsonneau. En 1721 il épousa Marie de Beausobre, dont il eut une fille. Louise Sophie, qui mourut en 1722. Sa deuxième femme fut Anne Julie de Teisonnière fille de David de Teisonnière, sieur de La Meynerie; elle eut un fils, mort très jeune.

2. Formation

En 1707 il commença ses études à Bâle, à la suite desquelles il partit pour Berlin rejoindre sa famille, réfugiée après la Révocation de l'Edit de Nantes. A la mort de son père, il continua ses études à Utrecht, accompagné de sa mère. En 1719 il fut reçu ministre à Buchholz; le 11 novembre 1739, il fut élu membre ordinaire de l'Académie de Berlin.

3. Carrière

En 1721 on lui proposa la chaire de l'Eglise française de Leipzig, mais le roi de Prusse refusa, et le nomma à l'Eglise de Stettin, prédicateur de la cour et chapelain du roi ; il fut aussi surintendant des Eglises françaises de la Poméranie et de la Marche-Ukraine. Il resta pasteur de Stettin jusqu'à sa mort.

6. Activités journalistiques

En 1720, M. devint collaborateur de la Bibliothèque germanique et fut un des principaux rédacteurs ; après la mort de Lenfant, il continua seul avec Beausobre jusqu'à l'arrivée de Formey en 1730. A partir de 1738 Formey et M. se partagèrent la tâche jusqu'à la fin du journal en 1741. En 1741, la Bibliothèque germanique changea d'éditeur et de titre. A la tête du Journal littéraire d'Allemagne, de Suisse et du Nord, on trouve Formey et M., qui y resta jusqu'à sa mort en 1742.

7. Publications diverses

M. n'a publié qu'une préface à un ouvrage de J.P. Baratier, Merkwürdige Nachricht, Stettin, 1735, mais à sa mort, il préparait une Histoire de la maison de Brandenburg.

8. Bibliographie

Haag. – Formey J.H.S., Souvenirs d'un citoyen, Berlin, 1789,1.1, p. 36. – Amburger E., Die Mitglieder der Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1700-1950, Berlin, 1950. – Adelung et Rotermund, Fortsetzung und Ergänzungen zu [...] Jöchers Allgemeinem Gelehrten-Lexicon, réimpr. Hildesheim, 1960-1961.

LUCHET

Auteurs

Numéro

532

Prénom

Jean Pierre

Naissance

1739

Décès

1792

Jean Pierre Louis, marquis de Luchet, est né à Saintes, le 13 janvier 1739 (d'après Rainguet ; B.Un. donne 1740 ; mais Rainguet assure avoir vérifié la date «sur preuves authentiques»). En 1765, il épousa Suzanne Delon, fille d'un négociant de Genève. Il mourut à Paris le 6 avril 1792. Au début de sa carrière il se fit connaître sous le nom du marquis de La Roche Du Maine.

2. Formation

L. fit ses études à Saintes et d'après Rainguet, devint jésuite ; je n'ai cependant pu trouver de confirmation de ce détail. Il devint membre de plusieurs sociétés savantes, dont l'Académie de Marseille, l'Académie d'Erfurt, la Société royale de Lunebourg, la Société patriotique de Hesse-Homburg, l'Institut de Bologne ; il fut secrétaire permanent de la Société des antiquités de Cassel.

3. Carrière

Après la suppression de l'ordre des Jésuites (d'après Rainguet), L. devint officier de cavalerie, mais il abandonna bientôt cette carrière pour se consacrer à la littérature. Il quitta la France à une date inconnue (après 1770), ayant perdu la faveur du duc de Choiseul. Il s'en alla dans le pays de Vaud, et passa quelques mois, à partir de mars 1775, chez Voltaire à Ferney ; ce dernier écrit à d'Argental au sujet du marquis et de sa femme : «Elle n'a jamais songé, et ne songera qu'à rire. Son pauvre mari cherche de l'or. Mais toujours rire, comme le veut sa femme, ou s'enrichir dans des mines, comme le croit le mari, c'est la pierre philosophale, et cela ne se trouve point» (D19450, 1er mai 1775). En 1776, le couple se trouve à Lausanne. En 1777, L. se rendit auprès du landgrave de Hesse-Cassel, Frédéric II, dont il devint le bibliothécaire, conseiller privé des légations, et directeur du théâtre français, du muséum et des collections scientifiques. Avec la mort du landgrave, survenue le 30 octobre 1785, L. s'attacha au prince Henri de Prusse, et le suivit à Berlin dans l'espoir d'une pension de l'Académie de Berlin. Il ne réussit pas à obtenir de pension, et après la mort de Frédéric II, cela devint plus difficile. Il resta attaché au prince Henri, et vécut chez lui. En 1788, il se rendit à Paris avec le prince, et y resta après le départ de celui-ci ; d'après Denina, il lui renvoya son contrat par la suite. L. resta à Paris jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Voltaire décrit L. comme en situation financière très précaire ; en effet sa vie semble avoir été une suite d'échecs et de tentatives en vue de s'assurer une situation confortable. Après avoir quitté la cavalerie pour se consacrer à la littérature, il jouit de la protection du duc d'Orléans, qui l'engagea à écrire une histoire d'Orléans ; le maire de la ville lui promit également de l'argent. Quand le premier tome fut publié en 1766 « à Amsterdam», il créa un tel scandale par son impiété que «le duc d'Orléans engagea l'auteur à ne point continuer ses publications, et lui donna à cet effet 2000 fr. en retirant du commerce le plus d'exemplaires possibles. D'un autre côté, le corps de ville se dégagea en lui payant 3000 fr. » (Brainne, t. I, p. 251). Autour de 1775, il se lança dans l'exploitation des mines, qui se solda par une catastrophe dans laquelle il perdit beaucoup d'argent ; comme écrit Voltaire à d'Argental, le 14 avril 1775, c'était «un homme de condition, plus marquis que le marquis de Florian ; mais il a bien plus mal fait ses affaires» (D19424). C'est grâce en partie aux recommendations de Voltaire que L. fut accueilli par le landgrave de Hesse-Cassel, qui lui assura une position brillante. Mais la mort de ce prince « réduisit M. de Luchet à peu près dans l'état où il était lorsqu'il se retira à Lausanne» (Denina, t. II, p. 432). Heureusement, il fut sauvé par le prince Henri de Prusse, qui, à défaut d'une pension de l'Académie de Berlin, lui donna une pension de 2000 écus.

5. Opinions

Après avoir été jésuite, L. serait devenu franc-maçon. Il semble avoir attiré le scandale toute sa vie, et avoir été mêlé à plusieurs disputes ; il se fit connaître tout d'abord par le scandale de son Histoire d'Orléans, et plus tard, de retour en France, attaqua Grimm et Rivarol dans ses romans. La Harpe écrit, au sujet de son roman Le Vicomte de Barjac : «c'est l'ouvrage d'un homme qui n'est pas sans esprit mais qui est bien sans goût et sans principes, et qui a vécu en mauvaise compagnie» (cité par Rainguet, p. 376). Sa collaboration à l'ouvrage Les Contemporains de 1789 et 1790 et à La Galerie des Etats-généraux lui attira sans doute des inimitiés. Il fau­drait aussi noter que d'après Desnoiresterres, Mme de Luchet avait eu à Paris un salon de «mystificateurs» composé de «vauriens spirituels».

6. Activités journalistiques

L. se lança dans le journalisme pour la première fois en 1775 ; d'après Denina, «Il entreprit un journal, ressource de tous les gens de lettres qui se trouvent sans état fixe». Il s'agit des Nouvelles de la République des Lettres, publiées à Lausanne de 1775 à 1777 (D.P.1 1017) ; mais, encore d'après Denina, «cette ressource n'en fut pas une pour Mr de Luchet. L'auteur l'abandonna après avoir donné 24 cahiers» (t. II, p. 431). Il fonda un autre journal, Le Pot-pourri, à Francfort en 1781, dont il sortit 4 vol. en 1781 et 1782 (D.P.1 1137), et qui fut remplacé par le Journal des gens du monde, à Francfort, 1782-1785 (D.P.1 701). De retour en France, L. lança le Journal de la ville (publié à Paris chez Maradan), qui porte son nom comme auteur et dont le premier numéro sortit le 1er août 1789 avec l'avertissement : «ce journal a paru sous une forme différente. Je n'avoue pas les huit numéros distribués jusqu'à ce jour, mais les numéros qui paraissent aujourd'hui et paraîtront dans la suite» ; en effet il existe huit numéros de ce journal sous une forme différente, sans nom d'auteur et sans date.

Il a fondé en 1780 les Mémoires de la Société des Antiquités de Cassel, dont il ne parut qu'un volume (D.P.1 881).

7. Publications diverses

L. a publié de très nombreux ouvrages, dont beaucoup de romans ; pour une liste détaillée, voir B.Un. et Rainguet. Notons surtout, outre les ouvrages mentionnés ci-dessus : Histoire littéraire de M. de Voltaire, Cassel, 1781,6 vol. – Pensées sur les princes, en collaboration avec Frédéric II de Hesse-Cassel. – Essai sur la secte des Illuminés, 1789 ; 3e éd. revue et corrigée par Mirabeau, 1792.

8. Bibliographie

B.Un. – Denina C, La Prusse littéraire sous Frédéric II, Berlin, 1790-1791, t. II, p. 432-433. – Rainguet P.D.. Biographie saintongeaise. Saintes, 1851, p. 373-376. – Brainne C. et al., Les Hommes illustres de l'Orléanais, 1852, t. I, p. 250-252. – Desnoiresterres G., Voltaire et la société au XVIIIe siècle, t. VIII, Paris, 1876, p. 36-37. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman.

LE GUAY DE PREMONTVAL

Auteurs

Numéro

494

Prénom

André

Naissance

1716

Décès

1764

André Pierre Le Guay est né à Charenton le 16 janvier 1716. Son père était commissaire de quartier, d'après Assézat. Le 30 juin 1746 il épousa, à Loerach près de Bâle, Marie Anne Victoire Pigeon (née en 1724), fille du célèbre mécanicien. Elle était son élève quand ils partirent ensemble à Paris en 1744 (les détails romanesques se trouvent dans Jacques le Fataliste, éd. Lecointre et Le Galliot, p. 85).

2. Formation

Son père le destinait à être avocat ou prêtre, mais L. se passionna de bonne heure pour les mathématiques. Il fit des études d'ingénieur, contre la volonté de son père, et sans succès ; d'après Rotermund, il aurait étudié au collège Sainte-Barbe. Il fut reçu membre de l'Académie de Berlin le 29 juin 1752.

3. Carrière

Brouillé avec ses parents à cause de son refus de se soumettre à la volonté de son père, il quitta la maison vers 1737 et s'établit comme professeur de mathématiques ; il donna des cours publics dans une salle louée, ce qui lui permit de recruter des élèves privés, et de se faire une réputation. En 1744, après la fermeture de ses cours, il quitta la France avec Mlle Pigeon. Il passa quelque temps comme précepteur dans un château à Fribourg, puis alla à Bâle où il compta Bernoulli parmi ses bienfaiteurs ; c'est près de Bâle qu'il se maria en 1746. La chronologie de ses voyages à cette époque est assez confuse ; d'après Formey, il est à Genève en 1744 et à Bâle en fin décembre de la même année. Il aurait également occupé des fonctions publiques à Morges, car Formey parle d'un discours dans cette ville en septembre 1741, date évidemment erronée. Le 16 février 1749, il date la troisième partie de ses Mémoires d'Erschischens. Le 17 septembre 1749, il est à La Haye où il travaille comme correcteur d'imprimerie chez les libraires (d'après Thiébault) ; le couple y vit dans la gêne. Par l'intermédiaire de la comtesse de Golowkin et de Mme de Kameke, sa fille, ils entrèrent en rapport avec Maupertuis, qui les invita à venir à Berlin, et ils quittèrent La Haye le 14 février 1752. Le 6 juillet, L. prononça son discours de réception à l'Académie de Berlin. Dans cette ville, il ouvrit, avec sa femme, une pension de jeunes gens.

4. Situation de fortune

La situation financière de L. semble avoir toujours été assez précaire. Après la fermeture de ses cours à Paris, il aurait reçu de l'argent de Fontenelle pour pouvoir s'enfuir en Suisse avec Mlle Pigeon (Voir B.Un. et Bartholmess, t. II, p. 207, qui parle 1200 francs envoyés anonymement par Fontenelle). En Suisse, il est probable qu'il vécut comme précepteur, et qu'il jouit de la protection de diverses personnes, dont Bernoulli. A Berlin il aurait reçu une pension de 2000 francs (ce qui est pourtant nié par Denina) ; d'après Formey, le prince Henri lui offrit, pour quitter la Hollande, une pension de 200 écus, et 400 pour le voyage. Il vivait surtout de sa pension et de ses élèves.

5. Opinions

La carrière de L. est semée de disputes et de controverses, car d'après le Nécrologe (1770, p. 105), «le caractère difficile et emporté de M. de Prémontval ne lui permit pas de vivre en paix nulle part». Très tôt, à cause de ses doutes sur la religion catholique, il s'adressa au P. Tournemine, qui ne semble pas avoir réussi à le convaincre, car en 1735 il publia ses Lettres contre le dogme de l'Eucharistie tel qu'il est enseigné par l'Eglise romaine, adressées en 1735 au fameux P. Tournemine ; ces lettres lui auraient attiré la haine des Jésuites. Ces derniers étaient sans doute à l'origine des accusations d'impiété qui le forcèrent à fermer ses cours en 1744. Comme il écrit dans ses Mémoires en 1749, certains «soutenaient que mes conférences étaient une école d'impiété et que j'avais l'art, sous prétexte de digressions sur différentes matières, d'y mêler les principes les plus pernicieux à la société et les plus contraires à la religion» (cité par Dulac, p. 75). En 1746, L. et Mlle Pigeon se convertirent au protestantisme et furent mariés par le pasteur de Loerach. Prémontval publia en 1750 un ouvrage intitulé Panagia panurgica, une critique des Moeurs de Toussaint, ce qui l'a entraîné à une polémique avec ce dernier. Il se lança dans plusieurs disputes de ce genre, par la publication de nombreux libelles ; les deux groupes de personnes le plus visées étaient les disciples de Wolff, et les athées de toutes nuances. Parmi les premiers se trouvait J.H.S. Formey, qu'il choisit comme cible principale dans son journal, Préservatif contre la corruption de la langue française en Allemagne, dans lequel il critiquait surtout les prédicateurs français. Formey parle de ses attaques dans son Eloge de Prémontval, en concluant : «Mais j'en dis plus dans ce moment que je n'en ai dit pendant toute la publication du Préservatif, où je me suis imposé la loi du plus parfait silence, et où mon coeur lui-même quoiqu'il dût sembler ulcéré, s'est tu, puisque je n'ai jamais cessé d'estimer non seulement dans Mr de Prémontval l'écrivain, mais même d'aimer l'homme. A la fin, j'ai eu la satisfaction de l'en voir convaincu, et de le serrer dans mes bras aussi cordialement qu'il s'y est jeté. Pourquoi faut-il que j'ai si peu joui de ce retour?».

6. Activités journalistiques

L. publia un journal appelé Préservatif contre la corruption de la langue française en Allemagne, Berlin, 1759-1764, 8 part. en 2 vol., qui avait pour but de critiquer le «style réfugié».

7. Publications diverses

L. est l'auteur de nombreux ouvrages de mathématiques, de polémique, ainsi que de traductions et de mémoires pour l'Académie de Berlin. Le plus connu de ses ouvrages est La monogamie, 3 vol., La Haye, 1751-1752. Pour la liste complète, voir Q. et Haag.

8. Bibliographie

B.Un. ; Haag. – Formey J.H.S., Eloge de Prémontval, dans Histoire de l'Académie des Sciences de Berlin, 1765, p. 526-540. – Nécrologe, 1770, p. 95-117. – Rotermund H.W., Fortsetzung und Ergänzungen zu […] Jöchers Allgemeinem Gelehrten-Lexicon, 1816, t. VI, p. 851. – Thiébault D., Mes Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, 4e éd., Paris, 1827, t. V, p. 59-67. – Bartholmess, Histoire philosophique de l'Académie de Prusse, 1850, t. II, p. 207-223. – Pellisson M., «Les mémoires d'un professeur au 18e siècle», dans Revue pédagogique, t. XLIV, 1904, p. 232-252. – Dulac G., «Louis-Jacques Goussier, encyclopédiste [...] original sans principes», dans Recherches nouvelles sur quelques écrivains des Lumières Genève, 1972, p. 74-77.

LE BAULD DE NANS

Auteurs

Numéro

471

Prénom

Claude

Naissance

1735

Décès

1791

Claude Etienne Le Bauld (ou Lebauld) de Nans est né à Besançon en 1735. Nous ne connaissons pas de détails sur sa famille ; d'après Denina, un de ses fils «enseigne les mathématiques et serait en état de traduire des ouvrages scientifiques de l'allemand en français ; ce que peu de gens en Allemagne sont en état de faire» (t. II, p. 395). Il est mort à Berlin en 1791.

3. Carrière

L. est comédien de profession. Il est au Théâtre électoral de Mannheim à une date inconnue, et en 1776 à la Comédie française de Berlin, où il est régisseur et joue des rôles de père dans la comédie. Après la fermeture du théâtre par le Roi en 1778, à la suite de disputes financières, L. reste à Berlin avec sa famille ; il devient professeur à la Cour, surtout de la princesse de Prusse.

4. Situation de fortune

«Ses connaissances, surtout dans la langue française, lui procuraient des ressources ; et il trouva beaucoup de pratiques pour donner des leçons. La princesse de Prusse l'employa pour diriger son théâtre particulier, faire des prologues et autres petites pièces, l'exercer elle-même et ses Dames à la déclamation. Cette princesse devenue reine [...] fit à M. Lebauld une pension de 600 écus et continua de l'employer comme auparavant à sa cour» (Denina, t. II, p. 394).

5. Opinions

En 1787 il devint Grand Maître de la Loge La Royale York, la plus grande des trois grandes loges de Berlin, avec une maison et un jardin.

6. Activités journalistiques

Après la mort de Francheville en 1781, il prit la direction de la Gazette littéraire de Berlin, qu'il continua jusqu'en 1790 (D.P.1 571). Il entretient une correspondance avec Formey au sujet de cette gazette (Staatsbibliothek zu Berlin, Nachlass Formey, «Le Bauld de Nans», dix lettres, 1785-1790 : renseignement fourni par F. Moureau).

7. Publications diverses

Il a écrit plusieurs comédies, dont la plus connue est La Famille ridicule, 1789 ; «Un libraire français avait entrepris de donner une édition des pièces de théâtre de cet auteur, consistant surtout en six comédies ; mais ce libraire a décampé depuis» (Denina, t. II, p. 395).

8. Bibliographie

F.L. ; Ersch, t. IV, p. 30. – Denina, La Prusse littéraire, 1790-1791, Berlin, t. II, p. 393-395. – Olivier J.J., Les Comédiens français dans les cours d'Allemagne au 18e siècle, 2e série, « Prusse », p. 60, 144-145, 150.

9. Additif

Etat civil: La monographie de François Labbé, La Gazette littéraire de Berlin (1674-1792) (Champion, 2006) apporte de substantiels compléments à la notice d’Ann Thomson, Claude Étienne Le Bauld a été baptisé le 12 mai 1735 à Besançon, fils de Claude Le Bauld et de Jeanne Surgarette (p. 24, n. 19). La terre de Nans, non loin de Besançon, terre dont il a peut-être hérité, lui permettra plus tard d’augmenter son patronyme.

Il s’est marié à son retour de parme. Ses fils Laurent (baptisé le 2 juin 1763) et Joseph François Claude (baptisé le 12 février 1767) sont nés à Mannheim.

La date de sa mort n’est pas connue, mais doit se situer à la fin de 1791 ou au début de 1792 : le dernier numéro de la Gazette de Berlin date du 2 avril 1792 ; une rubrique nécrologique dans la Neue Bibliothek  de Leipzig date de mars-avril 1792 (p. 32, n° 41).

Formation: Il fit certainement de bonnes études, et se destina d’abord à l’état religieux. Une affaire de coeur l’aurait entraîné vers la carrière de comédien dans le duché de Parme. On le retrouve à Mannheim en 1750, où il joue sur le théâtre de l’Électeur.

Opinions: Il a été initié à la franc-maçonnerie à Parme en  novembre 1755. Il semble avoir été le fondateur de la loge Saint-Charles de l’Union à Mannheim, en 1756. Il en est le maître de chaire de 1766 à 1773, orateur de 1766 à 1771 et vénérable jusqu’en 1774 au moins (p. 25 et n. 24). D’obédience andersonienne, la Loge se voue à l’activité caritative, en collaboration avec la paroisse catholique, ce qui lui vaut les attaques du R.P. Ignaz Frank. La Loge est défendue avec succès par Le Bauld ; l’affaire est commentée dans de nombreuses gazettes, ce qui  lui vaut un surcroît de notoriété. Il poursuit sa carrière maçonnique à la loge berlinoise Royal York de l’Amitié, où il est orateur (1776-1777), puis vénérable à partir de 1788.

Carrière: Il quitte Mannheim entre 1771 et 1774 et se rend à Berlin, pour diriger le Théâtre français en 1775 (p. 27) ; il joue également au théâtre de Potsdam jusqu’à sa suppression en 1778 ; il donnera la réplique à Le Kain dans Mahomet en 1778.. À la suite de la suppression, il devient professeur de langue française et de diction.

Activités journalistiques: La Gazette de Berlin, dont il devient le directeur à partir de 1781, publie beaucoup de poèmes et surtout ses comptes rendus critiques, qui sont très appréciés (J.S.).

FORMEY

Auteurs

Numéro

310

Prénom

Jean Henri

Naissance

1711

Décès

1797

Jean Henri Samuel Formey naquit à Berlin le 31 mai 1711 ; son père, Jean Formey, originaire de Dompierre-sur-Morvre, près de Vitry-le-François, était venu en Allemagne avec ses trois soeurs et les enfants de l'une d'elles. Sa mère était originaire de Lübeck. Le 11 août 1734, Formey épousa Suzanne Bonnafous, qui mourut le 12 mai 1743 ; de ce mariage il eut une fille, née le 18 juillet 1738, qui mourut de la petite vérole le 18 décembre 1758, et dont la mort l'affecta beaucoup. Il écrit en février 1759 à Maupertuis : «elle me manque de plus en plus».

2. Formation

Après la mort de sa mère (en 1714) et de son père, le jeune F. fut élevé par deux soeurs de son père. En 1720 il entra au Collège français de Berlin, où il fit son catéchisme avec Forneret ; à 14 ans, en 1726, il commença à étudier la philosophie sous La Croze. A partir de 1727, il étudia la théologie sous Achard, Elsner, Reinbeck et Pelloutier, et il fut reçu à la communion par Forneret. En 1729 il fut candidat à la prêtrise évangélique, et le 26 mars 1731 fut nommé à l'église de Brandenburg où Forneret lui donna l'imposition des mains.

A part l'Académie des Sciences de Berlin, F. était membre de nombreuses sociétés savantes, dont l'Académie de Saint-Petersbourg, la Royal Academy de Londres, les Académies de Göttingen et de Greifswald, la Société de Haarlem, la Société des curieux de la nature, l'Académie de Mantoue, l'Institut de Bologne.

3. Carrière

F. ne resta à sa première église, à Brandenburg, que du 26 mars au 12 août 1731, car il fut appelé à Berlin comme adjoint de Forneret. Il raconte dans ses Souvenirs (t. I, p. 90) comment il dut cette bonne fortune à un hasard, car le candidat initialement préféré avait déplu au roi ; il conclut : «Sans cela il aurait été fort possible que je passasse ma vie à Brandebourg, comme mon successeur M. de Durant, qui y a vécu cinquante ans, et y est mort. Mais, revenu dans la capitale à vingt ans, j'ai passé successivement par toutes les situations et rempli tous les postes, qui m'ont conduit au terme où je suis arrivé, grâces à la bonne providence». A la mort de Forneret, il lui succéda, le 26 février 1736, comme pasteur de la communauté française à Fredericstadt ; il nomma successivement Lorent, puis Boistiger pour lui servir d'adjoint. En 1737, il commença à enseigner au Collège français, et le 31 mai 1739, il y succéda à La Croze comme professeur de philosophie ; c'est à ce moment qu'il abandonna sa place de pasteur. De 1745 à 1747, il servit comme traducteur du roi dans le Département des Affaires étrangères. En 1745 il fut nommé historiographe de l'Académie royale, et en 1748 il en devint le secrétaire perpétuel ; en 1789 il devint directeur de la classe de Philosophie dans cette Académie. Il occupa aussi divers autres postes : il dirigea la Maison d'Orange, un établissement charitable de la colonie française, et à partir de 1772 fut nommé conseiller privé du directoire supérieur de la Colonie française. En 1778, il devint secrétaire des commandements de la princesse douairière de Wurtemberg, puis, à la mort de cette dernière, en 1781, agent de la cour de Mecklembourg-Schwerin.

F. a passé toute sa vie à Berlin, mis à part quelques brefs séjours dans d'autres villes allemandes pour se soigner. Le plus long d'entre eux semble avoir été un séjour de quatre mois, en 1736, à Frankfurt-an-der-Oder

4. Situation de fortune

La plupart des activités littéraires et journalistiques de F. semblent avoir été un moyen de gagner de l'argent, pour compléter ses appointements officiels. Thiébault écrit de lui : «On disait qu'il gagnait régulièrement cinq ducats par jour : un au jeu le soir, car il jouait parfaitement et heureusement tous les jeux de société ; un à ses compositions littéraires, faisant au moins sa feuille dans sa matinée et ne la vendant pas moins d'un ducat ; deux par ses appointements à l'académie ; et un comme professeur de philosophie au collège français de Berlin» (t. V, p. 68). Thiébault prétend que F. n'écrivait que pour gagner de l'argent, qu'il rééditait des textes avec une épitre dédicatoire pour s'attirer des cadeaux, et que son projet d'Encyclopédie envoyé aux libraires à Paris, ne fut conçu que pour en extraire un dédommagement financier. En effet, il en reçut, le 26 avril 1747, 300 £ pour son manuscrit (voir Marcu). Il passa un contrat le 11 février 1749 avec la maison Luzac pour la Bibliothèque impartiale (voir art. «Luzac, Elie de») ; il publia également plusieurs journaux avec le libraire Etienne de Bourdeaux à Berlin, pour qui il fit également un Catalogue raisonné de la librairie d'Etienne de Bourdeaux en 1754-1755.

A la fin de sa vie il avait amassé une fortune considérable, «qu'il ne devait qu'à lui-même, à sa vie laborieuse, à l'ordre qui régnait dans sa maison, et à une prudente économie qui ne tenait point de la lésine. Par là il vit insensiblement s'accumuler cette fortune jusqu'à un degré considérable, fait rare dans la classe lettrée...» (Merian, p. 80). D'après Thiébault, «sa succession est montée à cent mille écus de France»

5. Opinions

F. entretint toute sa vie une correspondance considérable avec des lettrés dans toute l'Europe, parmi lesquels on compte non seulement des écrivains et des universitaires, mais aussi des éditeurs et un nombre considérable de pasteurs ; bref, avec «tous les noms les plus honorés de ce siècle, tous ceux qui se sont le plus illustrés dans les sciences et les lettres» (Merian, p. 73). Les lettres reçues par F., qui remplissent une quarantaine de boîtes, sont conservées à la Staatsbibliothek à Berlin, et constituent un fonds précieux d'informations, qui n'a toujours pas été systématiquement exploité.

F. fut un ennemi constant des libres-penseurs, contre lesquels il publia plusieurs ouvrages, notamment : Les Pensées raisonnables opposées aux pensées philosophiques (1749), la Lettre de M. Gervais Holmes à l'auteur de la Lettre sur les aveugles (1750), le Philosophe chrétien (4 vol., 1750-1756), L'Anti-Emile (1763). Cette hostilité envers les «philosophes» ne l'empêcha pas de contribuer à plusieurs articles de l'Encyclopédie et de projeter une Encyclopédie réduite (voir Moureau), récemment retrouvée par D.J. Adams : le Dictionnaire instructif qu'il a publié en 1767 à Halle contient la plupart des articles qu'il a donnés à l'Encyclopédie, mais replacés dans un contexte conformiste. Il a été également, par ses ouvrages hostiles, «le vulgarisateur de l'oeuvre de Rousseau en Allemagne» (Voisine). Il s'en explique dans une lettre à Maupertuis du 30 décembre 1756 : «Je crois que le Principe de Réformation est le même que celui de la restauration de la philosophie par Descartes. Afin que quelques homes privilégiés trouvent le vrai, ou le plus probable, il faut doner une liberté de penser qui cause les écarts des Prémontvaux ; sinon il faut baisser la tête et se bander les yeux pour marcher dans l'ignorance et dans la superstition» (Nachlass 218, f° 190). Ses rapports avec Voltaire, pendant le séjour de ce dernier à Berlin, se dégradèrent, et il fut partisan de Maupertuis dans l'affaire de l'Akakia (voir ses Souvenirs, t. I, p. 232 et suiv., où il raconte ses rapports avec Voltaire), après avoir soutenu Baculard d'Arnaud. Il critique notamment le ton indécent des écrits de Voltaire : «Voici sur quoi porteroit ce que j'appelle une critique accablante de la N. Ed. des Oeuvres de Voltaire. C'est sur le ton de décence qu'il affecte dans sa Préface : on diroit qu'elle est repurgée de tout ce qui peut blesser les moeurs et la Religion ; tandis qu'elle fourmille d'indécences et d'impiétés » (lettre à Maupertuis du 30 déc. 1756, Nachlass 218, f° 190). Il semble avoir échangé des libelles avec La Mettrie, pour lequel il n'avait guère de sympathie ; il paraît, d'après la correspondance Luzac-Formey, que Formey était chargé par E. Luzac de récupérer une somme d'argent que La Mettrie devait au libraire, et qu'il semble n'avoir jamais restituée. Dans ses Souvenirs Formey rend La Mettrie responsable de ses mauvais rapports avec Frédéric II qui ne le reçut pour la première fois que le 24 décembre 1779. Cette froideur contraste avec ses rapports avec le père de Frédéric, dont il écrit : «je chéris et vénère la mémoire de Frédéric Guillaume I, sous lequel s'est passée la fleur de ma jeunesse, et qui a toujours confirmé gracieusement les demandes qui lui ont été faites en ma faveur». Ce passage se termine par cette déclaration : «J'ai un respect inné pour les souverains, et surtout pour ceux sous la domination desquels je vis [..]. Le sage s'accommode aux temps et aux circonstances, dès qu'il n'en coûte rien à ses vertus ; le chrétien, qui est le vrai sage, obéit à ses maîtres, lors même qu'ils sont fâcheux. Toute doctrine contraire excite des inquiétudes, des fermentations, un esprit de révolte, dont les suites sont beaucoup plus nuisibles à la société que les caprices d'un souverain» (Souvenirs, t. I, p. 100-104). Il est peu probable que F. ait écrit l'Anti-Sans-Souci (1751), ouvrage virulent contre Frédéric II et les philosophes français à Potsdam, ouvrage souvent attribué à lui, à tort, et dont il se défend formellemenet dans ses Souvenirs (t. I, p. 142 et suiv.).

F. fut un ardent défenseur de la philosophie de Wolff ; il s'était fait une réputation avec sa Belle Wolffienne (6 vol., 1741-1753).

6. Activités journalistiques

L'activité journalistique de F. fut prodigieuse ; plusieurs de ses journaux n'ayant duré que quelques mois, nous ne pouvons pas être sûr d'en posséder un recensement complet, et nous ne connaissons pas d'exemplaire de quelques-uns des titres.

Le premier journal de F. semble avoir été Mercure et Minerve, publié par l'éditeur Jean-Pierre Schmid pour remplacer le Courrier de Potsdam ; il dura du 26 décembre 1737 au 2 mars 1738 et fut surtout un recueil de pièces fugitives. Il fut remplacé en avril 1738 par les Amusements littéraires chez le même éditeur, qui dura jusqu'en juillet 1738, et dont le contenu est semblable. Sa tentative suivante fut le Journal de Berlin, entrepris à la demande de Frédéric II en 1740, d'après ce qu'il raconte dans ses Souvenirs : «dès le second jour de son règne, il envoya M. Jordan chez moi, pour me dire que S.M. souhaitait que je començasse de suite un journal littéraire et politique, dont Elle me fournirait Elle-même les matériaux. Ce travail n'était pas fort de mon goût, mais je ne pouvais le décliner. Je pris donc la plume, et la première feuille, petit in-folio parut le 9 de juillet 1740, sous le titre de Journal de Berlin, ou nouvelles politiques et littéraires, chez Ambroise Haude» (t. I, p. 107) ; mais selon lui, le roi ne fournit pas de nouvelles et Formey abandonna bientôt ce journal, en janvier 1741. En fait, il est remplacé parce qu'il avait publié un «manifeste» du Roi justifiant l'intervention militaire en Silésie, qui n'avait pas été agréé par la censure (v. D.P.1 638). Le libraire continua à le publier jusqu'au 8 avril de la même année.

F. semblait affectionner de petits journaux composés de pièces fugitives (peut-être parce qu'ils rapportaient de l'argent pour un minimum d'efforts) ; il a publié avec le marquis d'Argens, en 1745-1746, une Bibliothèque critique (voir son Eloge de d'Argens, dans les Mémoires de l'Académie, 1771, p. 51). En 1750 il lança son Abeille du Parnasse, dont le premier numéro sortit le 3 janvier ; il semble avoir connu un grand succès, car il continua jusqu'à la fin de 1754. Cette feuille hebdomadaire, publiée par Etienne de Bourdeaux, contenait également des pièces fugitives (y compris des ouvrages de Voltaire) et des poésies. Elle fut remplacée en 1755 par le Journal épistolaire, qui contint plutôt de la critique littéraire, et dura du 4 janvier au 28 juin 1755. Il fit aussi des Lettres sur l'état présent des sciences et des moeurs, chez Haude et Spener en 1759-1760 (D.P.1 835) ; il écrit à Maupertuis le 9/14 février 1759 : «J'ai commencé cette année chez Spener une feuille périodique, intitulée, Lettres sur l'état présent des sciences et des moeurs. Il me paroit qu'elle prend aussi bien qu'on pourroit l'espérer dans les conjonctures présentes» (Nachlass 218, f 201).

En plus de ces petits journaux, ou «feuilles volantes», F. collabora à quelques-uns des grands journaux européens. En 1733, Beausobre l'associa à la Bibliothèque germanique, commencée par une société autour de Lenfant en 1720, et qui était alors dirigée par Beausobre. A la mort de Beausobre, Formey le remplaça, prenant pour associé Paul Emile de Mauclerc. Le journal fut terminé en 1741, après 25 volumes. Mauclerc et Formey fondent alors le Journal littéraire d'Allemagne, de Suisse et du Nord, auquel collabora également Pérard ; deux volumes furent publiés, de 1741 à 1743 chez Isaac Beauregard à La Haye. Ce journal fut remplacé à son tour par la Nouvelle Bibliothèque germanique en 1746, que F. écrivit également avec l'aide de Pérard. Il écrit cependant le 27 octobre 1746 à Maupertuis qu'il en a «cédé entièrement le dispositif à Mr de Perard, me contentant de fournir des Extraits de ma façon pour la moitié de chaque volume». Il critique des articles dans le journal et ajoute : «J'ai trouvé dans d'anciens extraits de ma façon des choses que j'avois donné commission de revoir et de supprimer. Tout cela m'obligera à retirer mon nom du Journal si cela continue, puis que c'est assez de payer ses propres folies, sans etre chargé de celle des autres» (Nachlass 218, f° 11). Il n'en fait cependant rien et reste le seul responsable du journal à partir de 1750 (v. D.P.1 164). Le journal se termina au 25e volume, en 1759 «comme l'avait été la première Bibliothèque germanique, ce qui fait une suite de cinquante volumes, entre lesquels furent placés deux volumes sous le titre de Journal littéraire d'Allemagne» (Souvenirs, t. I, p. 36).

F. fonda également, avec Elie Luzac, la Bibliothèque impartiale, publiée à La Haye de 1750 à 1758 ; il en fut sans doute le seul auteur jusqu'en mars 1751 au moins (voir lettre de Boissy à Court, 3 mars 1751, B.P.U., Court 1, XXIV, p. 219 ; référence communiquée par F. Weil) ; il en abandonna la rédaction en 1753. Il fit peut-être partie vers 1758 de l'équipe de la Gazette de Berlin (D.P.1 499). Il collabora à la Gazette littéraire de l'Europe dirigée par Arnaud et Suard de 1764 à 1766 (voir Souvenirs, t. II, p. 111), et au Journal Encyclopédique (voir la correspondance avec P. Rousseau citée par Krauss).

On lui attribue les Annales typographiques pour l'Allemagne (Berlin, 1761-1762) ; F.L. donne aussi un journal intitulé Bibliothèque centrale, 1750-1758, qui ne se trouve pas dans Kirchner. Meusel donne également la Bibliothèque des sciences et des beaux-arts (P. Gosse, La Haye, 1754-1780) et des Nouvelles littéraires, difficilement identifiables, peut-être les Nouvelles littéraires de Berlin de 1772-1773 (D.P.1 1044).

D'après la correspondance passive de Formey conservée à Berlin, sa collaboration s'étendit aux journaux suivants, ce qui complète la liste déjà établie (renseignements fournis par F. Moureau) :

Gazette d'Altona (D.P.1 493) : F. est contacté par Heuss, «dänischer Kanzlerrat und Schleswig-Holstein Inspektor der Posten» de Hambourg, le 9 juin 1758 : «Sachez que je suis le maître de la Gazette allemande d'Altona nommée le Reichpostreuter et que j'ai été privilégié du Roi, notre Souverain, pour la faire paraître en langue française, afin de satisfaire le public dans d'autres contrées où on ne se connaît pas à la langue française» (N.F.). Il cherche un homme de lettres français, «connaisseur de l'allemand, pour traduire une gazette allemande en bon français», pour un salaire de 300 écus d'argent.

Journal encyclopédique (D.P.1 730) : F. y collabore sous la direction de P. Rousseau de 1758 à 1760 (N.F., Rousseau, 4 et 24 fév., 2 et 18 mai, 2 juil. 1758, 30 juil. 1763), et peut-être à 1763, quand Rousseau fut dépouillé du privilège. Pour 12 à 18 pages tous les quinze jours, Rousseau lui offrait 600 £ par an. En 1760, le libraire Philibert était au courant de cette collaboration (N.F., Cl. Philibert, 18 oct. 1760).

Gazette des Deux-Ponts (D.P.1 507) : recruté par Dubois-Fontanelle pour 8 feuilles par quinzaine en 1770, F. accepta à condition de ne pas être nommé. Il touchait 80 florins par semestre, salaire qu'en 1776 Le Tellier, successeur de Dubois-Fontanelle, lui accorda encore (N.F., Dubois-Fontanelle, 20 août, 29 oct., 29 nov. 1770 ; 24 juil. 1774 ; 29 août 1775 ; Le Tellier, 9 juin et 24 juil. 1776).

Journal littéraire de Berlin (D.P.1 571) : F. y donna diverses informations et y inséra des prospectus pour sa copieuse production. Le Bauld de Nans, frère maçon, lui ouvrit largement cette tribune au moins depuis 1786 (N.F., Le Bauld de Nans, 13 nov. 1785 ; 20 nov., et 31 déc. 1786 ; 22 août 1789).

7. Publications diverses

La liste des oeuvres de Formey couvre plusieurs pages des articles qu'on lui a consacrés. A ses ouvrages de philosophie, histoire, polémique, apologétique, et à ses sermons, il faut ajouter les mémoires lus à l'Académie de Berlin, et l'Histoire de l'Académie qu'il rédigea en tant que secrétaire permanent. Pour la liste, voir Haag, B.Un., Meusel.

8. Bibliographie

Haag, B Un., F L., 1769. – Stadtbibliothek, Nachlass Formey, ms.Dubois-Fontanelle, Le Bauld de Nans, Le Teller, Philibert et P. Rousseau.– Brucker J., Bilder-saal heutiges Tages lebenden [...]Schriftsteller, Augsburg, 1747-1755, t. XI, 1752 (pages non numérotées). – Meusel, Das Gelehrte Teutschland, 1776-1778, t. II, p. 281. – F., Souvenirs d'un citoyen, Berlin, 1789, 2 vol. – Denina, La Prusse littéraire (1790-1791), t. II, p. 49. – Merian, «Eloge de M. Formey», Mémoires de l'Académie des Sciences de Berlin, 1797, t. XLVIII, p. 49-82. – Thiébault D., Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin (4e éd., 1827), t. V, p. 67-72. – Bartholmess, Histoire philosophique de l'Académie de Prusse, 1850, t. I, p. 361-396. – Voisine J., «J.H.S. Formey», Mélanges Mornet, 1951, p. 141. – Marcu E., «Un Encyclopédiste oublié : Formey», R.H.L.F., 53 (1953), p. 296-305. – Roth G., «Samuel Formey et son projet d'Encyclopédie réduite», R.H.L.F., 54 (1954), p. 371-374. – Krauss W., «Ein Akademiesekretar vor 200 Jahren : Samuel Formey» in Studien der deutschen und französischen Aufklärung (Berlin, 1963), p. 53-62 ; et «La correspondance de Formey» in R.H.L.F., 1963, p. 207-216. – Thomson A., «Aspects inconnus du séjour de Voltaire en Prusse», in Voltaire und Deutschland (1979), p. 79-89. – Moureau F., «L'Encyclopédie d'après les correspondants de Formey», dans Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, n° 3, 1987, p. 127-145. – Adams D.J., «Formey continuateur de l'Encyclopédie», ibid., n° 13, 1992, p. 117-129 (J. S.).

9. Additif

Opinions: Dans la notice « Formey » du Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau (dir. R. Trousson et F.S. Eigeldinger, Champion, 1996), G. Bandelier a rassemblé toutes les étapes de sa relation avec Rousseau : critique des deux premiers Discours, édition imprudente de la Lettre de J.J. Rousseau à M. de Voltaire, éditions épurées et annotées de la Nouvelle Héloïse ( L’Esprit de Julie) et d’Émile (L’Anti-Émile). Ces attaques de « l’infatigable Formey » finissent par excéder Rousseau. Elles ont cependant fuit connaître largement Rousseau en Allemagne.

On trouvera dans l’article de Jan Häseler « Entre République des lettres et République des sciences : les correspondances scientifiques de Formey » (dans DHS n° 40, 2008, p. 93-103) une synthèse des activités de Formey comme intermédiaire culturel au sein de l’Académie des sciences de Berlin. Par ses nombreuses revues, il opère la transition entre une République des lettres purement littéraire et philologique, et une République des sciences qu’il considère comme sa composante naturelle ; l’évolution de la Nouvelle Bibliothèque germanique est à cet égard instructive. En qualité de secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin à partir de 1748, il multiplie les contacts épistolaires avec les physiciens et mathématiciens, notamment d’Alembert, Le Cat, Haller.

Bibliographie: Voir Häseler (dir.), La Correspondance de Jean Henri-Samuel Formey (1711-1797) : inventaire alphabétique, avec la Bibliographie des écrits de Jean Henri Samuel Formey établie par Rolph Geissler, Champion, 2003 (J. S.).

CASTILLON

Auteurs

Numéro

147

Prénom

Frédéric de

Naissance

1747

Décès

1814

Frédéric Adolphe Maximilien Gustave de Castillon, né à Lausanne le 22 septembre 1747, est le fils de Jean Salvemini de Castillon. Il est mort à Berlin le 27 janvier 1814. Il est aussi connu sous le nom de Salvemini de Castillon.

2. Formation

Il fut élève dans une école de village près d'Utrecht, jusqu'à l'âge de douze ans ; «Il y apprit l'arithmétique, un peu de latin et beaucoup de français, parce que le maître de la pension avait une bibliothèque bien fournie de romans, de comédies et d'autres ouvrages d'agrément, tous français. Il apprit les mathématiques de son père» (Denina, t. I, 320) ; son père détenait la chaire de philosophie et mathématiques à Utrecht.

Il devint membre ordinaire de l'Académie des Sciences de Berlin après la mort de Frédéric II, le 14 septembre 1786, directeur de la classe de Philosophie le 8 janvier 1801, puis secrétaire permanent le 6 décembre 1809.

3. Carrière

Arrivé a Berlin en 1764 avec son père, il devint, en 1765, professeur de mathématiques à l'Ecole militaire qui venait d'être ouverte. En 1786 il fut nommé professeur de philosophie à la même école, et suivit son père comme professeur des cadets d'artillerie.

4. Situation de fortune

Il semble avoir vécu de son salaire de professeur, mais a peut-être gagné de l'argent par ses traductions. Il a fourni des articles de musique pour le Supplément de l'Encyclopédie, Amsterdam, 1776-1767 : «Mr Robinet, un des rédacteurs du Supplément de l'Encyclopédie, s'étant adressé à Mr de Beguelin, pour qu'il lui trouvât en Allemagne quelque personne capable de lui fournir les articles de musique, on proposa le jeune Mr de Castillon qui s'acquitta de cette tâche de la satisfaction des commettants et du public» (Denina, t. I, 321).

5. Opinions

ll gagna le prix de l'Académie de Berlin en 1780, en réponse à la question : «Est-il utile de tromper le peuple?» (pour la dissertation et l'analyse de son attitude, voir Krauss, p. 7-8 et 21-44) ; il gagna aussi le prix de la Société théologique de Teyler en 1782 et de Harlem en 1786 et 1787. Il dirigea une loge de francs-maçons.

6. Activités journalistiques

Il collabora, avec son père, Toussaint, et Thiébault au Journal littéraire dédié au Roi «par une Société d'académiciens», 1772-1776, Berlin, G.J. Decker (D.P.1 761) ; il est l'auteur de comptes rendus dans le Journal encyclopédique, et dans la Bibliothèque du Nord, 1778-1780, suite du Journal littéraire. D'après Meusel, «giebt mit Palmié seit 1785 das Journal littéraire de Berlin heraus», mais cette date est peut-être erronée.

7. Publications diverses

Il a surtout publié des ouvrages de mathématiques et des traductions de l'allemand et de l'italien ; il a aussi présenté de nombreux mémoires à l'Académie de Berlin ; pour la liste de ses ouvrages, voir F.L.

8. Bibliographie

Denina C., La Prusse littéraire sous Fréderic II, Berlin, 1790-1791, 3 vol. – Das Gelehrte Teutschland, oder Lexicon der jetzt lebenden Teutschen Schriftstellern, commencé par G.Chr. Hamburger, continué par J.H. Meusel, 1 vol., Lemgo, 1797. – Amburger E., Die Mitglieder der Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 1700-1950, Berlin, 1950. – Krauss W., Est-il utile de tromper le peuple?, Berlin, 1966.