LE CAMUS

Numéro

478

Prénom

Louis

Naissance

1723

Décès

?

Louis Florent Le Camus est né à Paris le 4 juillet 1723 (Q.) ; il était le frère d'Antoine Le Camus, médecin (1722-1773).

3. Carrière

Marchand de fer.

6. Activités journalistiques

Le Négociant, ou Annonces et avis divers sur le commerce, puis Le Négociant, feuille périodique sur le commerce, Paris, imprimerie de Knapen, 15 mars 1762-15 mars 1763, 49 feuilles (D.P.1975).

Le Journal de commerce, puis Journal de commerce et d'agriculture, 1759-1762 (voir D.P.1 643) n'a pas été l'œuvre de Le Camus et de l'abbé Roubaud ; mais de Jacques Accarias de Sérionne (H. Hasquin, «Jacques Accarias de Serionne, économiste et publiciste français au service des Pays-Bas autrichiens», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1974, t. I, p. 159-170).

7. Publications diverses

La Bergère, fragment d'une pastorale, Londres et Paris, Delaguette, 1769 (attribué aussi à P. Estève).

8. Bibliographie

F.L. 1769 ; B.Un. ; B.H.C. ; Cat.B.N.

LEBRUN-TOSSA

Numéro

476

Prénom

Jean Brun, dit

Naissance

1760

Décès

1837

Jean Antoine Brun, dit Lebrun-Tossa, est né à Pierrelatte (Drôme) le 24 septembre 1760 ; il était le fils de Jacques Antoine, chapelier, et d'Ennemonde Daudel. Il est mort le 29 mars 1837 à Paris.

Il prit pour pseudonymes : l'Aveugle (qui n'y voit que trop clair) ; Lebrun de Grenoble ; Talon-Brusse, marguillier de sa paroisse et rentier consolidé.

2. Formation

L. se destina d'abord au sacerdoce et fit ses études au séminaire de Saint-Paul-Trois-Châteaux ; puis, ayant perdu la vocation ecclésiastique en lisant les ouvrages de Voltaire et de J.J. Rousseau, il alla, comme instituteur, à Grenoble et de là à Paris où il abandonna l'enseignement pour la littérature.

3. Carrière

En 1785, il collabora à un journal de modes, Le Cabinet des modes, qui réussit assez pour le faire vivre ; mais cette publication subit le contrecoup des événements politiques et disparut en 1792. Pendant la Révolution, il travailla aux journaux républicains et fit jouer sur divers théâtres de nombreuses pièces empreintes de l'esprit du temps, qui obtinrent plus ou moins de succès. Sous le Directoire, il fut employé comme rédacteur de première classe dans les bureaux de la police. Il passa ensuite au Ministère de l'Intérieur d'où il sortit au bout de dix mois pour entrer en 1804 dans l'administration des droits réunis quand François de Nantes en devint le responsable, et il y resta jusqu'à sa mise en retraite en 1815, occupant alors le poste du chef de bureau. Il obtint une pension de 1600 francs par ordonnance royale du 10 septembre 1817. Jusqu'à sa mort, il vécut de sa pension de retraite et des droits d'auteur que lui rapportaient ses travaux pour quelques théâtres.

5. Opinions

Il adopta les principes de la Révolution avec enthousiasme. Sous l'Assemblée législative et pendant les premiers temps de la Convention, L. vécut dans la société des Girondins et fut particulièrement lié avec Pozzo di Borgo, alors député de la Corse. Sous le Comité de Salut Public, ayant à se faire pardonner un passé suspect de fédéralisme, il fit représenter, le 13 janvier 1794, sur le Théâtre de la Cité, La Folie de Georges, ou l'Ouverture du Parlement d'Angleterre, pièce d'une rare violence qui devait être la rançon de cette amitié compromettante. Il dut soumettre sa pièce au Comité d'Instruction Publique et fut adressé par le grammairien Domergue au député Romme, qui en était membre. Lebrun-Tossa dut se soumettre à la censure de la servante de Romme que celui-ci consulta. Romme trouva que le dénouement n'était pas assez dans les principes austères d'un républicain ; cependant, l'agent national, Payan, fut plus indulgent et la pièce parut.

Après la chute de Robespierre, il donna au Théâtre Favart Arabelle et Vascos ou les Jacobins de Goa, dans laquelle il prend directement à partie le jacobinisme. Mais, quand il vit pâlir l'étoile de la réaction thermidorienne, il s'annonça comme un des plus fermes soutiens de la Convention, le 13 vendémiaire. Admirateur passionné de l'Empire, même en 1814, il traita ensuite Napoléon de «moderne Tibère» et se rallia aux Bourbons, mais son revirement, à peine dissimulé pendant les Cent Jours, en faveur du héros de l'île d'Elbe, lui valut d'être mis à la retraite par la seconde Restauration.

L. serait complètement oublié s'il n'avait attaché son nom à une querelle littéraire qui suscita en son temps un grand scandale. Comme il assistait au triage de papiers dans les archives de la police, il obtint la communication d'un poème dramatique intitulé Conaxa, qui provenait de la bibliothèque d'un monastère de Bretagne. Il prétendit avoir remis ce manuscrit à Etienne, qui venait de débuter avec succès au théâtre, pour qu'il en tirât le plan d'une pièce qu'ils devaient faire ensemble. Pendant deux ans, L. attendit vainement le travail d'Etienne et, après quelques lettres demeurées sans résultat, il vit paraître Les Deux Gendres, qui furent bientôt signalés au théâtre comme inspirés de Conaxa. L. accusa Etienne d'abus de confiance et de plagiat. Cette accusation donna lieu à la publication de quantité d'écrits pour ou contre, sans que la question ait été résolue.

L. n'avait pas été plus heureux dans une querelle d'épigrammes contre Fabien Pillet, qui l'avait assez mal traité dans la Revue des auteurs vivants grands et petits (An VI, in-12). En 1818, il publia Les Consciences littéraires d'à présent, avec un tableau de leurs valeurs comparées, indiquant de plus les degrés de leur talent et d'esprit par un jury de vrais libéraux. L., qui ne voulait pas être connu, se traita plus mal que les autres : cette précaution ne servit qu'à lui attirer un nouveau ridicule.

6. Activités journalistiques

L. passe pour avoir fondé et dirigé le Cabinet des modes, ou les Modes nouvelles décrites d'une manière claire et précise et représentées par des planches en taille-douce, enluminées, du 15 novembre 1785 au 1er novembre 1786 (D.P.1 188), mais les preuves font défaut. Sans changer de présentation ni de format, le journal s'intitula par la suite : Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises, décrites d'une manière claire et précise et représentées par des planches en taille-douce, enluminées, du 20 novembre 1786 au 21 décembre 1789 (D.P.1 860). Il eut alors pour rédacteur principal Louis Edme Billardon de Sauvigny.

Continuation du précédent : Le Journal de la mode et du goût ou Amusemens du sallon ou de la toilette. Février 1790-1792. Son rédacteur principal est cette fois nommé ; il s'agit de «M. le Brun», c'est-à-dire L. Ces trois journaux furent imprimés par le même imprimeur-libraire, François Buisson, rue des Poitevins, puis rue Gît-le-Coeur.

7. Publications diverses

Les Noirs et les blancs (drame en trois actes et en prose qui marque les débuts de L.). – Le Père éternel démocrate, ou le Vainqueur de la Bastille en paradis malgré Saint-Pierre (s.l.n.d.), in-8, 15 p. (publié après la prise de la Bastille). – Arabelle et Vascos, ou les Jacobins de Goa, drame lyrique en trois actes. «Paroles du citoyen Lebrun-Tossa, musique du citoyen Lesueur» (Paris, Théâtre Favart, 5 fructidor, an II), Paris, La Citoyenne Toubon, an III, in-8°, 58 p. – La Folie de Georges, ou l'Ouverture du Parlement d'Angleterre, comédie en 3 actes et en prose.par le C. Lebrun-Tossa (Paris, Théâtre de la Cité, 4 pluviose, an II), Paris, Barba, an II, in-8°, 49 p. – Le Cabaleur, comédie en un acte (Paris, Théâtre Favart, 1794), s.l., 1794, in-8°. – Le Savoir-faire, opéra en 2 actes , mêlé d'ariettes, paroles de L., musique de Gresnich (Paris, Amis de la Patrie, 17 thermidor, an III), Paris, la Citoyenne Toubon, 1795, in-8°, 61 p. – Le Mont-Alphéa, opéra en 3 actes, paroles de L., musique de Foignet (Paris, Montansier, 6 décembre 1792), Paris, la Citoyenne Toubon, 1796, in-8°, 55 p. – Alexandrine de Bauny, ou l'Innocence et la Scélératesse. Paris, Galetti, 1797, in-12. – L'Anti-prêtre, ou Coup d'oeil sur les rapports de la religion avec la politique et la morale, Paris, Les Marchands de Nouveautés, an VI, in-12, 72 p. – Les Faux mendiants, opéra-comique en un acte et en vers, paroles de Lebrun-Tossa, musique du c. Gresnick (Paris, Louvois, frimaire, an V ; Montansier, fructidor, an V), Paris, la Citoyenne Toubon, an VI, in-8°, 40 p. – L'Honnête aventurier, comédie en un acte et en vers (Paris, Montansier-Variétés, 9 prairial, an VI), Paris, C. Tutot, an VI, in-8°, 55 p. – Porte-feuille politique d'un ex-employé au ministère de la Police générale, ou Essai sur l'instruction publique publié par Lebrun. Paris, L'Auteur, an IX-1800, in-8°, XXIV-III-313 p. – Le Terne à la loterie, ou les Aventures d'une jeune dame écrites par elle-même (traduit de l'italien de l'abbé Chiari), Paris, Debray, 1800, in-8°.– La Jolie Parfumeuse, ou la Robe de conseiller, vaudeville en un acte, par L. et Bonel (Paris, Montansier-Variétés, 13 brumaire, an X), Paris, Barbe, an X, in-8°, 35 p. – Epître a Gresset, au sujet de la reprise du Méchant. en 1811. «Suivie de deux ouvrages de ce poète célèbre (Le Chien pêcheur ; La Musique, poème) qui ne sont pas dans aucune édition de ses oeuvres, et d'une épître à un jeune provincial intitulée : «L'Art de travailler aux journaux», par l'ex-R.P. Ignace de Castelvadra, Paris, Moronval, 1812, in-8°, 93 p. – Mes révélations sur M. Etienne «Les Deux Gendres» et «Conaxa», Paris, J.C. Dentu, 1812, in-8°, 35 p. – Supplément à «Mes révélations» en réponse à MM. Etienne et Hoffmann. Paris, J.C. Dentu, 1812, in-8°, 56 p. – La Patrie avant tout. Eh! que m'importe Napoléon, Paris, L. Beaupré, 1815, in-8°, 11-58 p. – L'Evangile et le budjet [sic], ou les Réductions faciles, par M. Talon-Brusse, marguillier de sa paroisse et rentier consolidé, Paris, Plancher, 1817, in-8°, 88 p. – Voltaire jugé par les faits, par M.***, Paris, Plancher, 1817, in-8°, 72 p. – Consciences littéraires d'à présent, avec un tableau de leurs valeurs comparées, indiquant de plus les degrés de talent et d'esprit, par un jury de vrais libéraux, Paris, Plancher, 1818, in-8°, 363 p. Plus de charte octroyée! Plus de noblesse heréditaire! par l'Aveugle (qui n'y voit que trop clair), Paris, Les Marchands de Nouveautés, août 1830, in-8°, 30 p. – Apothéose de Charlotte Corday.- Washington, drame lyrique en trois actes, Théâtre Louvois. – Troubles qui ont eu lieu à Saint Etienne dans le Forez. Drapeau rouge déployé. Vol de 40 000 fusils, s.l.n.d., in-8°, 7 p. – Lebrun-Tossa est aussi l'auteur de quelques pièces de vers qui ont été publiées dans l'Almanach des Muses et dans divers recueils.

8. Bibliographie

B.Un., F.L., N.B.G., Cat.B.N., H.P.L.P., H.G.P. Dictionnaire des girouettes, ou nos contemporains paints d'après eux-mêmes, Paris, 1815. – Brun-Durand J., Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Grenoble, Librairie Dauphinoise, 1900, t. II, p. 88. – Estrée P. d', Le Théâtre sous la Terreur (théâtre de la peur), Paris, Emile-Paul frères éd., 1913, p. 216-221. – Livois R.de, Histoire de la presse française, Lausanne, Editions Spes, 1965, t. I, p. 67-68. – Sullerot E., Histoire de la presse féminine en France des origines à 1848, Paris, A. Colin, 1966, p. 32-41. – Carlson M., Le Théâtre de la Révolution française, Gallimard, 1970, p. 228-231 et p. 262-263. – Kleinert A., Die frühen Modenjournale in Frankreich, Berlin, Schmidt, 1980. – Tissier A., Les Spectacles à Paris pendant la Révolution, I : 1789-1792, Genève, Droz, 1992.