SALTZMANN

Numéro

737

Prénom

Frédéric

Naissance

1749

Décès

1821

1. État-civil

Frédéric Rodolphe Saltzmann (Haag), ou Salzmann (D.B.A.), est né à Strasbourg le 8 (D.B.A.) ou le 9 mars (Haag) 1749. Il était fils de Jean Rodolphe Saltzmann, pasteur à Sainte-Marie aux Mines et d'Elisabeth Saur. Sa généalogie a été en partie reconstruite par Haag (art. «Saltzmann, Balthazar Frédéric») : Balthazar Frédéric Saltzmann (1612­1696) avait été pasteur au Temple Neuf de Strasbourg jusqu’'en 1695 ; son fils, Balthazar Frédéric Saltzmann (1644-1703), fut lui-même diacre du Temple Neuf, et de ses trois fils, l'un, Jean Rodolphe, fut pasteur à Sainte-Marie-aux-Mines de 1745à 1759, puis à Strasbourg de 1759à 1793 ; marié à Elisabeth Saur en 1746, il eut sept enfants, dont Frédéric Rodolphe, le journaliste. Le D.B.A.,qui ignore la notice des frères Haag, signale simplement que le père de S. était pasteur à Sainte-Marie-aux-Mines. S. fut marié à Marguerite Mûller, dont il eut deux filles : Marguerite, mariée à Goguel, de Montbéliard, et Frédérique, mariée à Silbermann, de Strasbourg (Haag). II est mort à Strasbourg en 1821.

2. Formation

Il passa ses premières années à Sainte-Marie-aux-Mines, sur la frontière franco-allemande, et semble avoir été parfaitement bilingue. Son père ayant été nommé à Strasbourg en 1759, quand S. avait dix ans, il put faire ses études à Strasbourg, au collège puis à l'université, où il étudia la théologie et la jurisprudence ; il fut reçu docteur en droit le 26 avril 1773 (D.B.A.).

3. Carrière

Ses études terminées, il voyage pendant un an en Suisse, en Italie du Nord et dans la France méridionale (D.B.A., d'après les «Mémoires ou souvenirs» de S.). A son retour, il obtient une place de précepteur chez le baron de Stein, futur ministre prussien, à Göttingen. Rentré à Strasbourg en 1775, il donne des leçons d'historiographie à l'université, mais son goût pour Voltaire et Gibbon semble avoir suscité la méfiance des autorités académiques (D.B.A.). L'appui des Stein lui permet de trouver une place de conseiller intime de la légation à la cour de Saxe-Meiningen-Cobourg, ce qui lui vaudra d'être anobli. A la tête de la librairie académique après son mariage, puis président de la Deutsche Gesellschaft (28 mars 1776), il est devenu l'un des grands notables de la ville. Favorable aux idées libérales, il est nommé en 1789 greffier de la Chambre des Tutelles et secrétaire du Comité de la Garde nationale. L'année suivante, il est membre, puis trésorier et enfin vice-président de la Société des Amis de la Constitution. Il est nommé notable du Conseil de la Commune le 11 novembre 1790, puis officier municipal chargé de la contribution foncière des villages, le 14 novembre 1791 (D.B.A.). Elu député, il siège parmi les Feuillants. Attaqué comme aristocrate et mis sur la liste des émigrés, il est destitué par Carnot, Prieur et Ritter le 22 août 1792. De retour à Strasbourg, il est membre du Conseil général du Bas-Rhin (9 nov. 1792) et officier municipal (6 déc. 1792), mais révoqué le 18 janvier 1793 et taxé à 60 000 £ par Saint-Just et Lebas, le 31 octobre 1793. Visé par un mandat d'amener, il se cache pendant un an et demi (28 févr. 1793-30 sept. 1794) à Nancy, Guebwiller, puis dans les environs de Lyon, à Tarare, Sainte-Colombe, Villeurbanne. Sa femme est incarcérée au séminaire de Strasbourg ainsi que ses deux sœurs (D.B.A.) ou plus probablement ses deux filles. Il revient à Strasbourg après la chute de Robespierre, et parvient, non sans difficulté, à obtenir sa radiation de la liste des émigrés. Il rétablit peu à peu sa fortune, publie beaucoup, surtout en langue allemande, et vit dans une demie retraite à Strasbourg jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Un riche mariage lui a permis d'acheter la librairie académique ; ses nombreuses fonctions officielles lui ont assuré par la suite un revenu assez important pour que lui et sa femme puissent verser les importantes cautions qui leur sont demandés pendant la Révolution.

5. Opinions

Représentant du Sturm und Drang alsacien des années 1770-1776, il manifeste très tôt son intérêt pour les idées philosophiques et réformistes, adhère d'emblée à l'idéal révolutionnaire. II fut très probablement franc-maçon (Taschenbuchfür Freymäurer, Frankfurt, 1780). Ami de la Constitution et partisan de la monarchie, il fut très vite suspect de modérantisme, puis d'aristocratisme, du fait de ses relations allemandes. Après la Révolution, il s'intéressa surtout aux théosophes et aux mystiques, fut adepte de J. Boehm et de Saint-Martin, publia en allemand une collection de textes choisis des grands mystiques (Es wird alles neu, 1802-1810). Durant toute sa vie, il fut un intermédiaire de tout premier plan entre la culture française et la culture allemande.

6. Activités journalistiques

Devenu titulaire de la librairie académique (vers 1775 ?), il bénéficiait de ce fait d'un privilège pour un journal politique, et du droit d'exploitation d'un cabinet de lecture (D.B.A.). Dès 1776, il a publié à Göttingen un Almanach des Muses pour 1775, suivi en 1777 d'un second volume pour 1776. En 1776, il fonde à Strasbourg une gazette hebdomadaire en langue allemande, Bürgerfreund (Haag), journal d'information générale qu'il rédige en collaboration avec Blessig, Oberlin, Jean Daniel Saltzmann (son cousin), J. de Türckheim, J. Lenz et H.L. Wagner (D.B.A.). En 1782, il lance une revue scientifique, mais y renonce rapidement pour revenir à la littérature. De 1787 à 1791, il publie en langue allemande un Avant-Coureurdestiné à fournir une liste des nouveautés françaises ; cette publication s'alliait peut-être à l'activité d'un cabinet de lecture.

Son projet ancien de créer un journal politique se réalise à l'approche de la Révolution. Il acquiert en 1788 le privilège des Affiches de Strasbourg, publiées jusqu'alors en allemand (D.P.1 65) et leur donne dès le début de janvier 1789 un contenu politique important, qui ne fera que croître à partir de mai. Il semble avoir contribué, à la même époque, au Courrier du Bas-Rhin (D.B.A.).

A partir de 1805, il dirige une revue religieuse en langue allemande, Christliches Erbauungensblatt.

7. Publications diverses

Liste de ses œuvres dans D.B.A. Dès 1774, S. a publié à Strasbourg des Tablettes chronologiques pour servir à l'histoire universelle, mais la plus grande partie de ses œuvres sont en langue allemande.

8. Bibliographie

Haag, art. «Saltzmann, Balthazar Frédéric». – (D.B.A.) Sitzmann F.E., Dictionnaire biographique des hommes célèbres d'Alsace, art. «Salzmann, Frédéric Rodolphe».

Auteurs

9. Additif

État-civil. Frédéric Rodolphe Saltzmann est décédé le 7 octobre 1821 à Strasbourg, âgé de 72 ans ; il était né à Sainte-Marie-aux-Mines (Archives en ligne de Strasbourg, D, 1821 p44/71). Il s'est marié au Temple Neuf le 12 janvier 1780 avec Marguerite Salomé Muller (Archives en ligne de Strasbourg, Temple Neuf, M, 1779-1787 p6/239). (Jean Pierre Bohin)

Activités journalistiques: On trouvera dans La Presse départementale en Révolution (1789-1799), au chapitre de l’Alsace, rédigé par Jean-Pierre Kintz, des précisions sur le rôle et les activités de Sallzmann (ou Saltzmann) durant la Révolution. S. achète les Affiches à Treutlinger en 1787 pour la somme de 8400 £ ; il les publie de juillet 1788 à décembre 1790 (p . 194). Sous sa direction, la feuille est devenue bilingue. À partir du 27 septembre 1797, la Strasburger Weltbote, qui lui fait suite, sera éditée par « la citoyenne Saltzmann », puis par son gendre, Jean-Henri Silbermann (p. 256). Frédéric Saltzmann, en tant que Feuillant, suspect de modérantisme, a fui la ville en février 1793, pour revenir en septembre 1794. En 1789, il avait fondé une gazette en allemand, Strasburger privilegierte Zeitung, supplément aux Affiches. Selon J.-P. Kintz, la gazette adhère à la Révolution en 1789, est d’esprit constitutionnel en 1790-1791, devient feuillante en 1792, puis patriote et jacobine en 1793-1794, pendant l’absence de S. (p. 254-255). (J.S.)