RENOU

Numéro

679

Prénom

Antoine

Naissance

1731

Décès

1806

1. État-civil

Antoine Renou est né à Paris en 1731 ; il est mort dans la même ville le 13 décembre 1806, laissant une veuve et deux enfants sans fortune (B.Un.). Son épouse Louise Antoinette, née Lucas, était graveur.

2. Formation

R. fit ses études au collège des Jésuites, puis à celui des Quatre Nations. Il obtint souvent des couronnes à l'université (Gazette nationale). Son penchant pour la peinture le poussa à entrer dans l'atelier du peintre Pierre, puis dans celui de Vien. En 1758, il obtint le 2e Grand Prix de l'Académie royale de peinture avec son «Abraham conduit Isaac pour l'offrir au sacrifice». Il fut agréé à l'Académie le 6 septembre 1766 avec «Jésus parmi les docteurs». Il fut nommé secrétaire-adjoint de l'Académie le 24 février 1776, et fut reçu académicien le 18 août 1781 avec «L'Etoile du matin ou Castor précurseur du soleil». Il devint secrétaire perpétuel de l'Académie le 1er mai 1790. R. fut aussi membre de plusieurs académies : Saint-Pétersbourg, Philadelphie. Richmond. Rouen, et de la Société des sciences, belles-lettres et beaux-arts de Paris.

3. Carrière

En 1760, il entra à la cour du roi de Pologne, comme peintre officiel, et il y resta jusqu'à la mort de Stanislas, en 1766. Il entra ensuite à l'Académie royale de peinture et de sculpture comme adjoint au secrétaire Charles Nicolas Cochin (1776). Pendant qu'il était secrétaire-adjoint, il rédigea les livrets du Salon du Louvre, de 1779à 1791. Quand l'Académie fut supprimée en août 1793, R. fut attaché aux écoles spéciales de peinture, comme secrétaire et surveillant des études (B.Un.).

En 1777, dans sa lettre au Journal de Paris du 20 mai, il prétend demeurer «rue des Bons-Enfants».

4. Situation de fortune

Les procès-verbaux de l'Académie royale de peinture nous apprennent que R. toucha 300 £ pour la rédaction du livret du Salon du Louvre de 1779, et de 1781 ; pour le livret de 1783, il toucha la somme de 600 £. En octobre 1789. l'Académie lui accorda un prêt de 1000 £ pour les frais d'impression de sa traduction en vers français du poème de Dufresnoy sur la peinture, et elle augmenta ses honoraires de 500 £ annuellement à partir de 1790.

6. Activités journalistiques

R. rédigea les livrets des expositions du Louvre, appelés aussi Explication des peintures, sculptures et autres ouvrages, de 1779 à 1791, un livret tous les deux ans (D.P.1 432).

Le 30 janvier 1777 le Journal de Paris annonce qu'un « artiste célèbre collaborera au Journal » avec l'intention de «faire connaître les artistes». Il s'agit de R. L'académicien s'y révèle un journaliste accrocheur, polémiqueur et inventif, notamment dans le jeu des pseudonymes. En effet, du 1er mars au 3 juin 1777, dix lettres de R. paraissent sous le pseudonyme du «Marin». L'expression est vigoureuse, comme il se doit pour un marin ; les rapports entre l'art et l'argent sont abordés. R. s'insurge contre le marché de l'art, dans lequel les artistes sont défavorisés au profit des marchands. On peut se demander si véritablement quelques lecteurs tombèrent dans sa supercherie, ou si lui-même anima sa contribution en s'inventant contradicteurs et contradictrice, comme la comtesse de B* (23 avril). Il s'invente une famille, les Kergolé. Caché derrière ce nom, il fait de la publicité pour le développement de l'art de la mosaïque ; parallèlement, il lance une discussion en faveur de la récente liberté des artistes accordée, grâce au ministre d'Angiviller, dans un arrêt paru dans le numéro 1 du Journal de Paris. Les artistes ont comme problème à la fois de se libérer de la ytutelle de la Communauté des marchands et de trouver un lieu à prix modique pour exposer leurs œuvres (15 mars). On ne voit pas d'intervention de R. en 1778, et d'ailleurs, le 22 février, celui-ci décide de faire mourir son Marin, en l'annonçant dans une lettre signée de son neveu supposé, Jacob Kergolé.

1779 est de nouveau une année de forte participation de R. au Journal de Paris. Le 15 mars, il envoie une lettre «sur la différence qu'il y a de l'artiste à l'ouvrier» (voir aussi le 6 avril). R. milite pour le respect et la reconnaissance qui devraient être dus à l'artiste et à son œuvre. Selon B.Un., les lettres de «M. Bonnard, Marchand Bonnetier», parues en 1780, seraient aussi de R. (16 mai, 22 et 23 août, 4, 5 et 24 sept., 1er déc).

Il semble que R. n'ait pas collaboré au Journal de Paris en 1782. Pourtant, dans la polémique qui eut lieu entre Roucher et «Le Planteur de Choux», à propos du sculpteur Montigny, on pourrait bien reconnaître R. derrière le pseudonyme, qui, en ce cas, refléterait bien sa situation du moment par rapport au journal. Ses lettres sont envoyées d'Aubervilliers le 12 juillet (rubrique «Arts», lettres, 17 et 22 juil.).

R. s'est chargé au Journal de Paris de deux chroniques : celle des nécrologies d'artistes et celle des comptes rendus des salons du Louvre, qui avaient lieu tous les deux ans. Ces deux chroniques se justifient par sa fonction de secrétaire adjoint de l'Académie des beaux-arts.

Nécrologies parues dans le Journal de Paris : 17 juil. 1777, sur Coustou ; 2 juin 1778 sur le sculpteur Adam, signée R* ; 16 sept. 1780 sur Soufflot ; 11 mai 1781, Moitte et Dumont : R. précise qu'il est secrétaire de l'Académie royale de peinture et de sculpture ; 1er juil. sur Halle ; 28 sept., Aubry ; 8 nov., Jean Le Prince.

Salons du Louvre : 1777 : on peut se demander si R. ne se cache pas derrière les initiales «Le Comte de ***», à propos du salon de M. de Lorge ; 1779 : le Journal de Paris consacre 18 articles au Salon, dont quelques-uns de R., mêlés à ceux d'autres artistes ; 1781 : le 20 septembre, les auteurs du Journal annoncent qu'« il nous est tombé un manuscrit d'un auteur impartial et éclairé» sur les tableaux exposés au Salon. Il s'agit fort probablement de R., qui écrit aussi les 24, 29 et 30 septembre ; 1783 : les contributions de R. sont relancées par une lettre de lecteur du 15 septembre ; articles les 17, 20, 21, 23, 26, 27 et 28 sept. ; le 8 octobre, article à propos de Peyrou, qui n'est pas apprécié de l'artiste concerné (réclamation du 16 oct. et réponse le 19 oct). Le 10 octobre les auteurs du journal donne une critique élogieuse de la brochure de R., L'Impartialité au Salon, «dédiée à MM. les critiques présens et à venir» ; 1785 : articles des 5, 6, 9, 12, 15, 17, 19, 21 et 29 sept. ; 1787 : 3, 4, 6, 8, 17 et 24 oct.

Dans le même temps, le Journal de Paris fait de la publicité pour les œuvres de son collaborateur : la peinture du plafond de l'Hôtel des Monnaies, le 30 avril 1783 et, nous l'avons vu, sa brochure, en octobre de la même année.

7. Publications diverses

Voir le catalogue B.N. En 1780, R. publia une petite brochure intitulée Secret pour fixer le pastel, inventé par Loriot (8 p. in-40). L'Impartialité au Salon, 1783. – Dialogues sur la Peinture, s.d. – Notice des Ouvrages et de la Vie du C* Antoine, par le citoyen Renou. En 1789, il publia une trad. française et en vers du poème latin de Dufresnoy sur la peinture.

Ses principaux tableaux de peinture sont : «Jésus-Christ à l'âge de douze ans conversant avec les docteurs de la loi», à propos duquel Diderot écrivit dans le Salon de 1767 : «C'est un mauvais tableau [...], c'est un mauvais artiste. Le style en est gothique et pauvre» (t. XVI, p. 45 7). – « Sainte Angèle présente les Ursulines» que Diderot jugea de nouveau très sévèrement dans le Salon de 1769 : «Je ne connais pas ce Renou ; c'est apparemment un de ces nouveaux enfants que l'Académie a reçus dans son giron et qui ont excité quelques murmures contre son indulgence. Si l'Académie se relâche de sa sévérité, elle est perdue» (t. XVI, p. 652). – «La présentation au temple ». – « Agrippine débarque à Brindes » (Bénézit).

8. Bibliographie

8. B. Un. Abrégé du Journal de Paris, 1789, par Mugnerot : 4 vol., in-4° ; couvre que les quatre premières années du journal ; reproduit en partie au chap. V, «Beaux-Arts», 22 lettres ou articles de R., couvrant toute l'année 1777. N'ont pas été reproduites les lettres des 23, 24 avril et 2 mai. Le chap. X reproduit les nécrologies. – Journal de Paris. Gazette nationale ou Moniteur universel, 21 juillet 1809. – Montaiglon A., éd., Procès-verbaux de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, F. de Nobele, 18 75-189 7, t. VIII et IX. – Bénézit E., Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Paris, Librairie Grand, 1976. – Diderot D., Œuvres complètes, t. XVI, Paris, Hermann, 1990.