QUESNAY

Numéro

661

Prénom

François

Naissance

1694

Décès

1774

1. État-civil

François Quesnay est né le 4 juin 1694 à Méré près de Montfort-l'Amaury. Il était le huitième enfant de Nicolas Quesnay et Louise Giroux, tous deux d'ascendance paysanne. Nicolas Quesnay, laboureur aisé, fut pendant quelques années receveur de l'abbaye de Saint-Magloire. Il mourut le 19 juin 1707 et Louise Giroux le 18 octobre 1730 (H).Q. épousa Jeanne Catherine Dauphin, fille d'un marchand épicier, le 30 janvier 1717 à Paris. De leurs quatre enfants, seuls vécurent le premier, Biaise Guillaume (1717-179 7) et le troisième, Marie Jeanne Nicole (1723-1761). Leur mère mourut en 1728. Biaise Guillaume (« Quesnay le fils ») épousa Catherine d'Eguillon, fille d'un ancien conseiller du roi, en 1747 ; ils eurent cinq enfants : Jean Marc (Quesnay de Beauvoir) né en 1750, qui eut pour parrain le comte d'Argenson et pour marraine la marquise de Pompadour ; Robert François Joseph (Quesnay de Saint-Germain) né en 1751 ; Philippine Gervais Marie née en 1752 ; Alexandre Marie (Quesnay de Beaurepaire) né en 1755 ; Edmée James Virginie née en 1757. Marie Jeanne épousa Prudent Hévin, maître-chirurgien, en 1740 ; de leurs enfants, nés de 1750 à 1761, quatre vécurent et furent brillamment parrainés en particulier par le comte de Saint-Florentin, Machaut d'Arnouville et le duc d'Ayen. Q. mourut le 16 décembre 1774 à Versailles (sur sa descendance, H, p. 289-294).

2. Formation

Ses parents ne s'occupant guère de son éducation, Q. déploya beaucoup d'énergie pour s'instruire : il apprit le latin et le grec et vers 1711 il s'initia à la chirurgie auprès d'un praticien d'Ecquevilly. Le I e r octobre 1711 il entra en apprentissage pour cinq ans chez Pierre de Rochefort, graveur du roi pour l'Académie des sciences. Il s'inscrivit aux cours de la faculté de médecine et aux cours de chirurgie de Saint-Côme. Après avoir exercé quelque temps la chirurgie à Orgerus, près de Montfort, il fut reçu maître chirurgien à Paris en 1718 (H).

3. Carrière

Q. s'installa comme maître chirurgien à Mantes en 1718 et reçut le titre de chirurgien royal en 1723. Il acquit progressivement une clientèle dans la bourgeoisie puis l'aristocratie de la région. Il collabora avec le chirurgien René Croissant de Garengeot qui le mit en rapport avec La Peyronie, premier chirurgien du roi. En 1734, le duc de Villeroy le prit à son service et l'installa dans son hôtel de la rue de Varennes. Présenté par le duc, Q. devient membre de l'académie de Lyon en 1734. La protection de La Peyronie facilita son ascension, et lui valut en particulier d'être nommé secrétaire de l'Académie de chirurgie en 1739. En 1744 Q. suivit le duc de Villeroy au cours de la campagne des Flandres et se fit recevoir médecin par la faculté de Pont-à-Mousson (Schelle). Au printemps 1749 il s'installa à Versailles comme médecin de Mme de Pompadour et devint médecin consultant du roi. Il acheta ensuite la survivance de la charge de premier médecin ordinaire du roi qui lui revint en 1755. Il devint membre de l'Académie des sciences en 1751 et membre de la Royal Society de Londres l'année suivante. Le roi lui remit ses lettres de noblesse en 1752 (Schelle).

4. Situation de fortune

Lors de son mariage Q. reçut de sa mère 3000 £ et sa femme lui apporta une somme égale. En 1731 il retira 164 £ de rente foncière de la succession de sa mère. A partir de 1739, une charge de commissaire des Guerres lui valut 900 £ d'appointements. La Peyronie, qui mourut en 1747, lui ménagea des avantages considérables par testament. Comme médecin de Mme de Pompadour, Q. recevait 3000 £ et était défrayé de tout. A partir de 1759, il toucha 9000 £ comme médecin consultant du roi. Le roi lui donna une pension de 1000 écus et Mme de Pompadour lui en laissa une de 4000 £ par testament. Ses revenus annuels étaient de 20 000£ environ et sa succession s'éleva à 250 000 £ (H).

5. Opinions

En 1727-1730, une polémique avec J.B. Silva, médecin de la Cour, à propos de la saignée, contribua à faire connaître

Q. A partir de 1736, il joua un rôle important dans la querelle des médecins et des chirurgiens : il polémiqua en particulier avec les médecins Maloet, Astruc et Procope, avec l'appui de l'abbé Desfontaines. Dans sa préface au premier volume des Mémoires de l'Académie de chirurgie (1743), il montrait la nécessité pour le chirurgien d'unir la théorie à la pratique, ce qui supposait qu'il échappât à la situation humiliée qui lui était faite. Q. fut probablement franc-maçon comme son protecteur et ami le duc de Villeroy. Les contemporains lui reconnaissaient généralement un esprit religieux mais il était hostile à l'intolérance et redoutait l'influence des jésuites et des dévots (Schelle). Dans les années 1750, Q. était lié avec d'Alembert, Buffon, Diderot, Duclos, Helvétius et Condillac qui fréquentaient son entresol. Ses premières contributions à l'Encyclopédie parurent dans le t. VI (janv. 1756), mais il cessa de collaborer en 1757. Les relations de Q. avec le marquis de Mirabeau commencèrent en juillet 1757. Gournay, Turgot, Le Mercier de La Rivière et les physiocrates firent également sa connaissance vers cette époque. En 1758 il correspondit avec Véron de Forbonnais (F.Q., t. I) et le diplomate P.M. Hennin qui lui fournissait des notes sur les pays étrangers (H). En 1763 l'école de Q. se renforça de l'adhésion de Court de Gébelin et de Du Pont. Dès 1767, Q. avait la sympathie du nouveau Dauphin. A partir de 1768, son école fut violemment attaquée en particulier par Mably, Linguet, Grimm et Galiani (Wi ; W2). Franklin lui rendit visite pour la première fois à la fin de septembre ou au début d'octobre 1767 (The Papers of Benjamin Franklin).

6. Activités journalistiques

Voir F.Q., t. I et Economie et population.

a) Articles écrits pour défendre les droits des chirurgiens : «Réfutations de la thèse de M. Maloet, Docteur en médecine, par un chirurgien», Observations sur les écrits modernes, t. V, lettre LXV, 1736, p. 97-112. – «Réponse d'un chirurgien à la lettre [de Procope] insérée dans le Mercure de France du mois d'août dernier et adressée aux auteurs des Observations sur les écrits modernes», Mercure de France, oct. 1736, p. 22412262.

b) Dans le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances, Paris, Knapen, in-12, deux articles publiés en septembre et novembre 1765 ; douze publiés en 1766, tous anonymes, ou signés M. Nisaque, M.H., N.M. c) Ephémérides du Citoyen ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques, Paris, Delalain et Lacombe, in-12 : articles et œuvres (en particulier Despotisme de la Chine) publiés de janvier 1767à juillet 1768, généralement signés

M. Alpha ou M.A. d) Dans les Nouvelles Ephémérides économiques ou Bibliothèque raisonnée de l'histoire, de la morale et de la politique, 1er part., p. 1-17, Paris, Didot, déc. 1774, in-12 : «Maximes générales du gouvernement économique d'un royaume agricole», parM. Quesnay (W1 ; W2).

7. Publications diverses

Œuvres diverses (voir la liste complète dans F.Q.) : Essai physique sur l'œconomïe animale, Paris, Guillaume Cavelier, 1736, in-12 (2e éd. augmentée en 1747). – Articles écrits pour l'Encyclopédie : «Evidence (Métaphysique)» (anonyme),

t. VI (1756) ; «Fermiers (Economie politique)» (signé M. Quesnay, le fils), t. VI (1756) ; «Grains (Economie politique)» (signé M. Quesnay, le fils), t. VII (1757) ; «Hommes», publié par Etienne Bauer dans Revue d'histoire des doctrines économiques et sociales, 1908, n° 1, p. 3-38, Paris, P. Geuthner, in-8° ; «Impôt», publié avec des notes de Turgot par G. Schelle dans Revue d'histoire des doctrines économiques et sociales, 1908, n° 1, p. 137-186, Paris, P. Geuthner, 1908, in-8°. – Tableau économique suivi de l'Extrait des économies royales de M. de Sully, Versailles, 1759, in-40 (la 1er éd., perdue, est de 1758). – Despotisme de la Chine, par M.A. (publié dans les Ephémérides de 1767). – Physiocratie ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain, Pékin et Paris, Merlin, 1767, in-8° (recueil publié par Du Pont). – Discussion et développement sur quelques-unes des notions de l'économie politique, pour servir de suite au recueil intitulé : Physiocratie (t. II), Pékin et Paris, Merlin, 1767, in-8°. –Les Œuvres économiques de Q. ont été rééditées sous le titre François Quesnay et la physiocratie, t. II.

8. Bibliographie

Schelle G., Le Docteur Quesnay, Paris, Félix Alcan, 1907. – (W1) Weulersse G., Le Mouvement physiocratique en France de 1756 à 1770, Paris, F. Alcan, 1910, 2 vol. in-8°. – (W2) Id., La Physiocratie à la fin du règne de Louis XV {1770-1774), Paris, 1954. – Economie et population : les doctrines françaises avant 1800, bibliographie générale commentée, Paris, 1956. – (F.Q.), François Quesnay et la physiocratie, Paris, I.N.E.D., 1958 ; en particulier t. I : (H) Hecht J., «La Vie de François Quesnay», p. 211-294. ; «Tableau chronologique des œuvres de François Quesnay » ; « Principaux ouvrages et articles biographiques, médicaux et économiques relatifs à François Quesnay, liste bibliographique commentée par J. Hecht». – Papers of Benjamin Franklin, éd. W. Willcox et al., New Haven, Londres, 1960-, t. XV, etc.

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