MOET

Numéro

581

Prénom

Jean Pierre

Naissance

1721

Décès

1806

1. État-civil

Jean Pierre Moët (ou Moette), né le 21 juin 1721 à Paris, était le fils de Charles Moette, libraire à Paris, rue de la Vieille Boucherie, considéré comme «un très honnête homme» (Favart, t. I, p. 184 ; Rapport sur les libraires, B.N., f.fr. 22107, f° 124). M. mourut à Versailles le 3 août 1806.

2. Formation

On ne sait que peu de chose sur la formation intellectuelle de M. Dans sa brève biographie, H. Daniel dit qu'il se piquait d'être encyclopédiste, qu'il s'est adonné aux sciences occul­tes, qu'il était un adepte de l'illuminisme et versé dans la numismatique (p. 321). Il avait une bonne connaissance du latin, il laissa en manuscrit la traduction française de plu­sieurs œuvres latines de Swedenborg. Il pratiquait la langue anglaise car on lui doit la traduction d'ouvrages anglais ; il connaissait probablement la langue espagnole puisqu'on lui attribue une édition des quatre derniers volumes du Moreri espagnol.

3. Carrière

Vers la fin de l'année 1757, M. devint entrepreneur de l'Opéra Comique conjointement avec Corby, Favart et le comédien Deshayes, lorsque Jean Monnet céda ce théâtre avec ses décors et ses magasins pour le temps qui restait à courir avant l'expiration du privilège. Cette collaboration fut couronnée de succès jusqu'au jour où l'Académie royale de musique décida l'union de l'Opéra Comique avec la Comédie-Italienne en janvier 1762. La participation de M. est attestée dans plusieurs ouvrages : Favart, p. 233 ; Journal historique de Collé, Paris, 1805-1807, t. II, p. 22 ; Histoire du théâtre de L’Opéra-Comique de Desboulmiers, Paris, 1769, t. II, p. 155 ; Les Spectacles de Paris, 1759, p. 89.

5. Opinions

M. est l'auteur présumé de la traduction française d'un ouvrage qui fit beaucoup de bruit, Lucina sine concubitu de John Hill (1750). C'était une satire contre la Royal Society de Londres et la théorie de la génération spontanée de Buffon. L'année même de sa parution en 1750, il se fit deux traductions françaises de cet ouvrage. L'une de ces traductions serait de M. et l'autre de Sainte-Colombe. Pierre Clément dans Les Cinq années littéraires (30 août 1750, p. 132-138) donne un compte rendu détaillé de cet ouvrage qui portait le titre : Autant en emporte le vent, ou Lucina affranchie du commerce. Il ne cite pas le nom du traducteur. (Sur la contro­verse qui se fit autour de la traduction, consulter les notes ms. en marge de l'exemp. de la B.N., 8 TB 7145).

6. Activités journalistiques

M. fut un des rédacteurs du Journal étranger pendant la première année de sa publication (1754). L'inspecteur d'Hémery dans son Journal, note, le 22 août 1754, que «Toussaint, Moette et Chevrier sont les principaux auteurs de ce périodique» (f.fr. 22159, f° 59 v°). II est probable que M. se retira du journal quand Prévost en assuma la direction en janvier 1755.

7. Publications diverses

Outre les ouvrages précités, M. est l'auteur de : La Félicité mise à la porte de tous les hommes, 1742. – L'Anthropophile ou le secret et les mystères de la félicité dévoilés pour le bonheur de tout l'univers, 1746. – Code de Cythère ou lit de justice d'amour, 1746. – Conversation de la Marquise D avec sa nièce nouvellement arrivée de province, 1753. – Traité de la culture des renoncules, des œillets, des auricules et des tulipes, 1754. Cette compilation reçut une très mauvaise presse : « Ouvrage rempli de vols littéraires», lit-on dans la Bibliographie écono­mique de Musset-Pathay, p. 249. – Le Spectateur ou le Socrate moderne traduit de l'anglais, 1754. – A partir de 1758, date de la première édition anglaise de certaines des œuvres mystiques de Swedenborg, M., attiré par l'illuminisme, entreprit la traduction française de ces ouvrages rédigés en latin. Dans la B.Un., il est dit que M. entreprit la traduction française aux frais de M. de Béhagne. Le roi Gustave III lui fit une offre de 30 000 francs pour en assurer la publication en Suède. M. refusa cette somme, désirant que la publication se fasse en France. Ce projet ne fut pas réalisé de son vivant, les ouvrages de Swedenborg qu'il avait traduits ne parurent qu'après sa mort entre 1819 et 1824 (Cior 18, n° 45751­45760), édités par John-Auguste Tulk, un des fondateurs de la société swedenborgienne.

8. Bibliographie

B.Un. ; Cior 18. – Favart, Mémoires et correspondance littéraire, Paris, 1808. – Daniel H., Biographie des hommes remarquables du départements de Seine-et-Oise, Rambouillet, 1832.