MERCIER

Numéro

568

Prénom

Louis Sébastien

Naissance

1740

Décès

1814

1. État-civil

Louis Sébastien Mercier est né à Paris, quai de l'Ecole, le 6 juin 1740, de Jean Louis Mercier, maître-fourbisseur de Metz (mort le 19 mars 1769), et d'Andrée Lepas (morte le 30 juillet 1743). Il eut un frère, Charles André, qui fut hôtelier, acteur, marchand de tableaux, graveur et peut-être collaborateur de Louis Sébastien (F. Baldensperger, «Notes sur le frère de Sébastien Mercier», R.H.L.F., t. XIX, 1912, p. 411-413). M. épousa, le 9 février 1814, Louise Marie Anne Machard (née le 18 juillet 1768), avec qui il vivait depuis 1792 et dont il eut trois filles, Héloïse, Sébastienne et Pauline (acte de mariage reproduit par R. Barroux dans «Sébastien Mercier, le promeneur qui ne sait où il va», Mercure de France, avril i960, p. 655-656). Il mourut à Paris le 25 avril 1814 et fut enterré au Père-Lachaise (Delisles de Sales).

2. Formation

Il entre à neuf ans au collège des Ouatre-Nations, dont il dira dans le Tableau de Paris et le Nouveau Paris le plus grand mal. Dès l'âge de vingt ans, il commence à publier des Héroïdes. En janvier 1763, il prend un poste de régent au collège de la Madeleine à Bordeaux (L. de Bordes de Fortage, Mercier à Bordeaux», Revue historique de Bordeaux, t. XI, 1918, p. 193-199). En 1765, il revient à Paris pour se consacrer totalement à une carrière littéraire. Il écrit des éloges académiques (Descartes) et des contes moraux (1768) ; il publie ses Songes philosophiques (1768), puis une œuvre plus importante : L'An 2440 (1771).

3. Carrière

Il fait jouer en province, et selon lui-même à l'étranger, ses premières pièces (préface à'Olinde) : Le Déserteur au théâtre de Brest le 23 janvier 1771, L'Indigent au théâtre de Dijon en 1773. Les Comédiens Français acceptent Nathalie en 1773 mais ne la jouent pas ; M. fait un scandale puis un procès et se fait recevoir avocat à Reims pour plaider sa cause (Béclard, p. 378-379). H défend le genre du drame dans son abondant théâtre (La Brouette du vinaigrier, 1775) et dans ses écrits théoriques (Du théâtre ou nouvel essai dramatique, 1773 ; De la littérature et des littérateurs, 1778).

En 1781, l'impression du Tableau de Paris est arrêtée et le libraire emprisonné ; M. quitte Paris le 17 juin 1781, arrive à Neuchâtel en juillet et s'entend d'abord avec le libraire Samuel Fauche pour éditer son livre (C. Guyot, «Sébastien Mercier à Neuchâtel», dans Pèlerins de Môtiers, Neuchâtel et Paris, 1936) ; puis il traite avec la Société Typographique, d'où une suite de procès avec Fauche de 1782 à 1784 ; dans une lettre datée de «Neuchâtel en Suisse le 6 nov. 1783» et publiée dans le Courrier de l'Europe, M. déclare comme seule édition légitime celle de la Société typographique. Il est en France dans les six derniers mois de 1783, puis de nouveau en Suisse ; il revient à Paris au début de 1786 (Trousson, p. 20). Il fait en 1787 un court voyage en Allemagne. Favorable à la Révolution, il entreprend avec Carra en octobre 1789 les Annales patriotiques. Il est élu député de Seine-et-Oise à la Convention, où il est très lié aux Girondins ; il proteste contre leur arrestation le 2 juin 1793, est arrêté le 6 octobre ; la chute de Robespierre le sauve de l'échafaud. Il entre, après Thermidor, au Conseil des Cinq-Cents où il est, comme à la Convention, rapporteur sur les problèmes d'éducation (L. Berkowe, «L.S. Mercier et l'éducation», Modem language notes, t. LXXIX, 1964, p. 496-512). Il devient contrôleur de la caisse des loteries en 1797. Il est nommé professeur d'histoire aux Ecoles Centrales ; il était entré à l'Institut dès sa fondation en 1795. Ses extravagances l'y font remarquer ; en 1800, il est déplacé («déporté», selon son expression) dans la classe d'histoire et de littérature anciennes. Il donne en 1798 Le Nouveau Paris et en 1801, Néologie ou, Vocabulaire des mots nouveaux.

4. Situation de fortune

Régent au collège de Bordeaux (1763-1764), M. reçoit mille livres d'appointement.

5. Opinions

A son retour à Paris en 1765, M. entre en relations avec la plupart des grands écrivains de son temps : Rousseau, Diderot, Crébillon, Duclos ; il est très lié avec Le Tourneur, fréquente Rétif de La Bretonne, Beaumarchais, Grimod de La Reynière, Delisle de Sales (Béclard, p. 68-82). M. était également lié à cette époque avec le chevalier de Rutlidge, son voisin de la rue des Noyers. La Harpe, d'Alembert et Grimm les confondaient ; personne ne savait lequel des deux avait écrit Le Bureau d'Esprit et Les Comédiens ou le Foyer (Las Vergnas, Le Chevalier Rutlidge, Paris, 1932, p. 82-84, !45-149). Un autre ami de cette période était le chevalier Du Coudray, qui faisait l'éloge de M. dans son II est temps de parler (s.l.n.d.) et disait dans son propre périodique, Correspondance dramatique, que la réforme non seulement du théâtre mais des mœurs et des lois, était mise en route par M., cet « athlète intrépide» : tout le monde était «frappé de l'indécence de [sa] singulière excommunication [de la Comédie-Française] ». « La réclamation du sieur Mercier a préparé cette révolution » (1777. p. 33).

Durant la Révolution, il est lié aux Girondins, fréquente Desmoulins et Robespierre (Trousson, p. 23). Il avait voté contre la mort du Roi et pour la détention perpétuelle ; après 1793, il condamne les excès des Jacobins. Sous l'Empire, il se tient à l'écart de la vie politique. Il réprouve le 18 brumaire et se heurte à Savary, ministre de la police (Trousson, p. 28-29). II se livre surtout à des attaques déconcertantes contre Condillac et les Idéologues, contre Voltaire, contre les beaux-arts, contre Newton et la théorie de l'attraction. Peu de jours avant sa mort, il avouait à Delisles de Sales : «je suis tenté, aujourd'hui que mes rêves politiques se sont évanouis, de brûler ce que j'ai adoré, et d'adorer ce que j'ai brûlé».

6. Activités journalistiques

Avant même 1766, M. connaît une activité journalistique. En effet, nommé en février 1763 (alors qu'il n'est pas maître ès arts) régent de cinquième au collège de la Madeleine de Bordeaux, qui rouvre ses portes après l'expulsion des Jésuites, le jeune M. collabore à L'Iris de Guienne, «Ouvrage périodique Dédié à Monseigneur le Maréchal Duc de Richelieu» qu'a lancé à Bordeaux, en janvier 1763, Louis Claude Leclerc sur le modèle du Mercure de France, et qui durera un an (janv.-déc. 1763, Bordeaux, Jean Chappuis, 2 vol. in-12 ; D.P.1 621). Abonné au journal (son nom figure dans les listes de souscripteurs), il y publie, sous la signature de «Mr. M... de Bodêne», divers poèmes-stances, traductions ou imitations d'Horace, de Milton, de Haller, héroïdes dont certaines seront reprises dans le recueil Héroïdes et autres pièces de poésie (Paris, 1764). Peut-être doit-on lui attribuer également des morceaux en prose («Histoire persane», conte allemand...) anonymes ou signés de la simple lettre «Mr. M...». Plus tard, M. rappellera lui-même cette collaboration : «il y a quarante ans [...] je m'escrimais dans l'Iris de Guienne, le journal le plus poli qui fut en France » (Papiers de M. Duca cités par Béclard, p. 16-17). Une fois l'Iris disparue, M. insère, en 1764, d'autres héroïdes dans les Annonces, affiches, et avis divers pour la ville de Bordeaux (voir notamment les numéros des 26 janv., 16 févr. 1764). [Les renseignements sur l'Iris de Guyenne ont été fournis par R. Granderoute.]

En 1766, malgré son hostilité déclarée à l'égard des journalistes (Du théâtre, 1773, p. 108), M. a publié dans le Mercure de France un conte moral, «Médius» (oct. 1761), «Les Souhaits, anecdote lydienne» (janv. 1762), et un poème en vers, «Le Génie» (oct. 1766) ; en 1771, il publie dans le Journal encyclopédique (t. III, p. 73) les «Songes d'un ermite».

Journal des dames (J.D.) : déjà en 1768, M. avait reçu un accueil extrêmement favorable de la part du J.D. rédigé par Mathon de La Cour, comme lui bon ami de Thomas, et il était de nouveau dans les coulisses du journal en 1774 quand Mme de Montanclos en était la rédactrice (articles sur les carrosses, la guerre des farines, les drames). Encouragé d'abord par l'avènement du nouveau roi Louis XVI, ensuite par le retour des parlements exilés par Maupeou, et enfin par le fait que Malesherbes devint ministre de la Maison du Roi, M. décide de devenir officiellement journaliste. «Peut-être», disait le journaliste de la CL., «a-t-il cru ce moment où l'on fait la guerre à tous les privilèges exclusifs, plus favorable qu'un autre au succès de ses vœux patriotiques » (t. XI, p. 60­62). M. achète les droits du J.D. de Mme de Montanclos (A.N., M.C, LXXXV, 6527, 19 avril 1775), qui venait d'obtenir pour lui, grâce à son amitié avec Marie-Antoinette sans doute, un privilège royal pour le journal (B.N., f.fr. 21966, p. 390, n° 559), protection dont M. avait nettement besoin à cette époque, quand ses Mémoires contre la Comédie étaient poursuivis et supprimés. Non content d'utiliser le J.D. comme arme principale contre les «vils histrions» et contre leur protecteur le duc de Duras, premier gentilhomme de la chambre (J.D.,mai 1775, p. 204-209 ; juin, p. 342-351, 363­376 ; août, p. 223-232 ; sept., p. 359-364), M. soulignait l'importance des parlements, défenseurs de «la majesté des Loix, la dignité de l'Homme, la force de la Justice et l'empire inévitable qu'elle a sur ceux mêmes qui s'apprêtaient à la violer» (août 1775, p. 238). M. écrit presque tous les articles, à l'exception de quelques textes, poèmes, dialogues, récits, composés par des dames ou signés par François de Neufchâteau ou M. de Sacy. Parmi eux on trouve des articles d'hygiène, des réclames pour produits de beauté, mais aussi des prises de position audacieuses et intéressantes en matière littéraire. M. s'insurge contre le culte des poètes classiques (juin 1775, p. 293), contre les Comédiens Français (c.r. des Courtisanes de Palissot, mai 1775), donne une large part à la littérature étrangère, compose des «tableaux» sur des thèmes préromantiques (août 1775, p. 127-149). Le succès reste pourtant médiocre et le journal est menacé d'étouffe­ment ; Fréron écrit en 1776 : «Je viens enfin de déterrer un exemplaire du Journal des dames» (L'Année littéraire, t. IV, p. 344). Le J.D. introuvable pour 1776 existait pourtant selon maintes preuves (voir Journal des théâtres, avril 1776, p. 54 ; Correspondance dramatique, 1.1, p. 84 ; Ars., ms. 15078, 2c, f° 122-126). Il était vraisemblablement étouffé par Coqueley de Chaussepierre, conseil pour la Comédie qui vivait, nous raconte Collé, « à pot et à rôt avec les comédiens » (Journal et mémoires, t. III, p. 235), qui exécutait au même instant le Journal des théâtres de Le Fuel de Méricourt (voir ce nom), et qui attaquait M. dans Les Trois théâtres de Paris de Desessarts (Paris, 1777, p. 164-168), dont Coqueley était le censeur (B.N., f.fr. 22002, p. 129 et 829). Pidansat détestait Coqueley «juge soudoyé des histrions» (M.S., t. IX, p. 121, 220, 234, 247, 289) et M. lui-même, dans son Tableau, désignait Coqueley comme le plus «tremblant» et «pusillanime» des «mutilateurs», qui ne se hasardait à don­ner son approbation qu'aux ouvrages dénaturés, émasculés et par conséquence, insignifiants (Tableau, t. II, p. 31). Dégoûté du sabotage de son journal et voyant l'impasse où il était, M. s'en débarrasse à la fin de décembre 1776 (A.N., M.C, LXXXV, 660, 18 déc. 1776) en vendant les droits du J.D. pour 3000 £ à son ami Chalumeau, agronome et républicain qui avait contribué à L'An 2440 (B.Un.). Mais une partie de l'argent provenait de Panckoucke, puissant libraire en faveur auprès des ministres, qui, quelques mois plus tôt, avait renvoyé Linguet du Journal de politique suivant les ordres du duc de Duras, pour le donner à La Harpe qui n'allait critiquer ni le théâtre, ni le régime. Panckoucke avait-il aussi des ordres pour faire taire M. et trouver quelqu'un de plus docile comme continuateur du J.D. ? De toute façon, Dorât devint six semaines plus tard (A.N., M.C, LVIII, 480, 27 janv. 1777) le nouveau rédacteur, Dorât qui venait de promettre au monde de ne plus jamais dire du mal de personne. Il avait écrit au Journal des théâtres : «je fuis plus que jamais tout ce qui peut donner prise à la malignité» et «je déteste [...] les querelles littéraires : je fais vœu de ne me mêler d'aucunes» (mai 1776, p. 166-168).

M. a perdu ses appuis. Malesherbes qui s'occupait du procès de M. contre les comédiens, n'était pas resté longtemps dans l'administration, donnant sa démission en 1776. Crébillon fils est mort en 1777, d'Hermilly en 1778, Pidansat en 1779. M. était aussi très déçu par un parlement dont il attendait trop peut-être, mais qui a brisé brusquement ses rêves réformateurs en expulsant Linguet, Delacroix, Falconnet, en blâmant Beaumarchais et Pidansat. Quelques-uns des journalistes frondeurs avec qui M. était lié avaient quitté la France ; Linguet et Le Fuel étaient en Angleterre. Voyant l'impossibilité de continuer en France le journalisme tel qu'il le pratiquait, lui qui voulait montrer les faits au public pour qu'il juge et forme ses propres opinions, M. se retira prudemment à Neuchâtel, d'où, selon Meister, il continua de jeter par-delà la frontière ses idées « indiscrètes et violentes» (CL., t. XIII, p. 29-31) et de prêcher la révolution {ibid., p. 140).

Le Journal des théâtres de Le Fuel de Méricourt a publié des articles du J.D. de M. pour l'année 1776 (1er avril, 1776, P- 54-55 ; 5 avril, p. 71-85). Un autre périodique de Le Fuel, le Journal français, italien et anglais, dramatique, lyrique et politique (Londres, 1777-1778 ; D.P.1 736) a donné aussi plusieurs contributions de M. sur le théâtre de Shakespeare (1er août 1777, p. 65-85 ; 2 sept. 1777, p. 81-91) et sur la nécessité d'un deuxième théâtre à Paris. [Les renseignements relatifs au J.D. ont été fournis par N. Gelbart.]

Journal de Paris : M. a collaboré au premier quotidien français, fondé en 1777 par Corancez, d'Ussieux et Cadet, mais les comptes rendus sont anonymes. Seules sont signées, en général, les lettres : la «Réponse à La Harpe», du 9 juin 1778, montre une certaine acrimonie à l'égard de La Harpe et contient une profession de foi plus générale en faveur du drame (p. 639). G. Girard signale des lettres de M. le 20 mai et le 10 juin 1784, le 7 novembre 1787, le 31 janvier 1788.

Lors de son voyage en Suisse, M. répond aux attaques dont il est l'objet et publie en particulier dans le Journal helvétique du 31 mai 1784 une réponse à Chaillet ; une lettre publiée le 20 juin 1784 porte sur les Lettres neuchâteloises de Mme de Charrière.

Annales patriotiques et littéraires de la France «et affaires politiques de l'Europe, journal libre, par une société d'écrivains patriotes, et dirigé par M. Mercier» ; le journal paraît du 1er octobre 1789 au 30 frimaire an III (déc. 1794). Au 1er nivôse, le titre devient : Annales patriotiques et littéraires ou la Tribune des hommes libres, «journal de politique et de commerce, rédigé par Mercier, député à la Convention Nationale». Le journal paraîtra, avec quelques modifications de titre jusqu'au 12 messidor an V (juin 1796). Les Annales furent un journal très populaire, « l'oracle des sociétés jacobites [sic] de la province » selon B.H.C. (p. 110), feuille girondine d'importance selon J. Godechot ; le journal évolua en fait assez vite selon les circonstances. La direction de M. fut assez lointaine jusqu'en 1795, et les véritables rédacteurs furent successivement Carra, David et Salaville. C'est au début de l'an IV que M. prend la direction effective des Annales pour ne plus la quitter. Le prospectus de la Tribune des hommes libres précise à la fin de 1794 : «On se souviendra que le citoyen Mercier avait entrepris, dans les premières années de la Révolution, les Annales patriotiques et littéraires. Ce journal très connu, utile à la Révolution, propagea les idées de patriotisme et de liberté que l'auteur avait répandues dans plusieurs de ses écrits. La suite trop connue qu'eurent les événements du 31 mai et du 2 juin interrompit son travail ; le citoyen Mercier fut emprisonné avec 73 de ses collègues le 3 octobre 1793, vieux style, et à cette époque, son influence cessa aux Annales patriotiques. Il se propose aujourd'hui, sous le titre de La Tribune des hommes libres, de reprendre un travail qui lui fut longtemps cher». On trouve dans plusieurs articles de ce journal des condamnations très violentes des Jacobins (voir 13 mai 1795, p. 698). Dans l'édition de 1795 de L'An 2440, M. réglera ses comptes avec Carra : «Annales patriotiques et littéraires, 1789. L'auteur a rédigé ce journal pendant dix-huit mois ; mais Carra et le Libraire lui ayant arraché la place des mains, il s'est contenté de semer quelques morceaux où il espère que l'on reconnaîtra finalement sa touche. Ce journal a puissamment servi la Révolution dans son origine, a électrisé les armées ; et si Carra ne l'avait pas gâté tant par des exagérations, que par un style souvent grossier, l'auteur se serait plu à continuer son travail. Il n'est donc pas vrai qu'il n'ait prêté que son nom à ce journal» (t. III, p. 347-348). M. parle encore de «beaucoup d'articles répandus dans différents journaux, soit étrangers, soit nationaux».

La Chronique du mois « ou les Cahiers patriotiques » paraît de novembre 1791 à juillet 1793 en 21 numéros (5 vol. in-8°) : ce journal était l'œuvre d'une vaste équipe qui comprenait, à côté de M., Condorcet, N. Bonneville, J.P. Brissot, Collot d'Herbois, etc. Son rayonnement fut grand en France comme à l'étranger. M. y écrivait presque chaque mois ; le numéro de mars 1792 s'orne même de son portrait en frontispice, peint par F. Bonneville. Ses articles portent sur le «courage national» (janv. 1792, p. 58-64), sur César (mai 1792, p. 60-73), sur Choiseul (sept. 1792, p. 49-60), sur la Ligue (juil. 1792, p. 58-80) ou sur des sujets fort amples : «De la loi non faite et non moins existante» (août 1792, p. 15-22), «De la géographie considérée sous le rapport politique» (oct. 1792, p. 21-33), «Génération nouvelle» (janv. 1793, p. 64-67).

Bulletin des amis de la vérité «publié par les directeurs de l'imprimerie du Cercle Social » : ce nouveau journal girondin est annoncé par la Chronique du mois d'octobre 1792 (p. 79-87), en même temps que d'autres feuilles émanant de la même entreprise d'édition, comme la Feuille villageoise ou le Voyage dans les 83 départements ; une note énumère les auteurs : « N. Bonneville, L. Mercier, C. Condorcet, M.E. Gua-det, Gensonné, Th. Paine, A. Guy-Kersaint, J. Lavallé». Les contributions étant pour la plupart anonymes, la collaboration de M. à ces journaux est difficile à délimiter.

Bien Informé : G. Girard donne la liste de la centaine d'articles que M. a publiés dans ce journal entre l'an V et l'an VIII.

M. a également publié des articles dans La Chronique du mois (1792-1793), dans La Clef du Cabinet (an VII - an VIII), dans Le Moniteur (an V - an VII), dans La Sentinelle (an IV - an V) ; on en trouvera la liste dans Girard.

7. Publications diverses

Liste des œuvres de M. dans Cior 18, n° 44437-44557. Voir également H. Hofer (éd.), Mercier précurseur et sa fortune ; cet ouvrage contient notamment un catalogue des ms. de M. L'édition 1795 de L'An 2440 contient une «Notice des Œuvres complètes de S. Mercier» avec une section «Journaux». Parmi les éditions récentes des œuvres de M., signalons : L'An 2440, éd. R. Trousson, Bordeaux, Ducros, 1971 ; Dictionnaire d'un polygraphe, Paris, U.G.E., 10/18, 1978 ; Parallèle de Paris et de Londres, Paris, Didier, 1978 ; Tableau de Paris, éd. M. Delon dans Paris le jour, Paris la nuit, R. Laffont, coll. «Bouquins», 1990 ; Tableau de Paris et Le Nou­veau Paris, éd. J.C. Bonnet et al., Paris, Mercure de France, 1994.

8. Bibliographie

8. B.U.C. ; N.B.G. ; B.H.C. ; D.L.F. ; H.G.P. ; Cior 18. Delisle de Sales, Institut de France. Funérailles de L.S. Mercier, le 27 avril 1814. Discours, Paris, s.d. [1814]. – Senancour E., «Remarques sur deux notices relatives à L.S. Mercier», Mercur de France, mai 1814, p. 340-343. – Id., «Sur L.S. Mercier», Mercure du XIXe siècle, t. VI, p. 461-470. – Nodier C., Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l'histoire de la Révolution et de l'Empire, Paris, Levasseur, 1831. – Monselet P.C., Les Oubliés et les dédaignés, Alençon, Poulet-Malassis, 1857. – Béclard L., L. Mercier, sa vie, son œuvre, son temps, Paris, Champion, 1903. – Sullerot E., Histoire de la presse féminine en France, Paris, A. Colin, 1963. – Trousson R. (éd.), L'An deux mille quatre cent quarante, Paris, Ducros, 1971. – Mormile M., La Néologie révolutionnaire de L.S. Mercier, Rome, Bulzoni, 1973. – Mercier précurseur et sa fortune, avec des documents inédits : recueil d'études sur l'in­fluence de Mercier, éd. H. Hofer, Mûnchen, Fink, 1977. – Gelbart N., « Frondeur journalism in the 1770s : theater criticism and radical politics in the pre-revolutionary French press », Eighteenth century studies, t. XVII, n° 4, 1984. – Id., Feminine and opposition journalism in old régime France : le Journal des dames, Berkeley, U. of California Press, 1987, chap. VI. – Wilkie E., Mercier's L'An 2440 : its publishing history during the author's lifetime, Harvard U. Library, 1986. – Girard G., Louis-Sébastien Mercier dramaturge, thèse, U. de Provence, Aix-en-Provence, 1970.