LARROQUE

Numéro

463

Prénom

Daniel de

Naissance

1660

Décès

1731

1. État-civil

Daniel de Larroque est né à Vitré en Bretagne en 1660,fils de Matthieu Larroque et de Jeanne de Gênes, est né à Vitré en 1660, où son père était établi comme pasteur. Patronné par la duchesse de La Trémoïlle, ce pasteur avait reçu plusieurs appels d'autres paroisses plus prestigieuses, notamment Charenton, que les autorités lui avaient interdite, ne tenant pas à voir une des meilleures têtes du protestantisme établi dans un poste influent près de la capitale. Il fut ensuite pasteur à Rouen. Bayle qui le connut pendant son séjour à Rouen (1674) le décrit ainsi dans son Dictionnaire : «l'un des plus illustres ministres que la Réforme aient eu en France [...] qui fait paroitre non seulement le mérite d'un savant homme mais aussi les qualités d'un honnête homme et d'un bon pasteur». Bayle renvoie aussi à l'éloge du pasteur inséré dans ses Nouvelles de la République des Lettres (art. V de mars 1684) qui est basé peut-être sur l'esquisse biographique que L. fit paraître en latin. Ce Matthieu, père de L., était natif de Lairac près Agen et membre d'une famille très connue dans la région. Marié deux fois selon Haag, il aurait eu de sa première femme un fils qui devint capucin à Annecy (selon Haag, mais voir section 5). De la seconde, Jeanne de Gênes, il a eu au moins trois fils et trois filles. Son frère Pierre I était médecin à Lairac et plusieurs de ses fils étudièrent la théologie à Montauban. La famille, de petite noblesse, semble-t-il, était nombreuse, avec des militaires qui se signalèrent dans les guerres de religion, jusqu'au début du XVIIe siècle.

Les deux filles célibataires, Charlotte et Marie Anne, ont connu plusieurs prisons et ont été relâchées parce que considérées comme récalcitrantes ; elles purent cependant voyager en France. C'est ainsi que l'intendant de Nîmes put lire sur une liste de Nouveaux Catholiques suspects dans les Cévennes vers 1690, «à La Salle [...] il y est venu du Vigan les demoiselles de La Roque qui ne peuvent être plus désespérées pour la religion [...] leur défendre d'y demeurer». Le parent qu'elles venaient voir était sans doute «le Sieur de La Roque, à Lasalle près Le Vigan», qu'une autre liste de gentilshommes et notables «Nouveaux Catholiques», vers 1698, qualifie ainsi : «de 70 ans, mal intentionné mais hors d'état d'entreprendre». Voilà ce qui suffit à caractériser une branche d'une famille notable et l'esprit des proches de Daniel de La Roque, ou L. Lui-même abjura en 1690 et revint en France où il vécut jusqu'à sa mort en 1731. On ne connaît aucun document révélant un mariage ni un testament ou inventaire relatif à lui.

2. Formation

L. reçut à Vitré de son père une excellente éducation classique, mais on ignore quelles écoles il a pu fréquenter ni dans quelle université il a pu suivre des cours de droit pour devenir jurisconsulte et «l'avocat» qu'il dit être dans l'Avis important aux Réfugiés. En cela il semble une exception dans une famille qui s'est tournée en bloc vers le pastorat et la théologie réformée, sauf de très rares exceptions. A Oxford, L. a pu suivre les cours de Humphrey Prideaux, descendant de huguenot, professeur renommé de langues bibliques à Christ Church, dont, un peu plus tard, en 1699 il publierait La Vie de l'Imposteur Mahomet. Son séjour en Angleterre s'interrompt pour un séjour à Rotterdam en 1684, où il publie, avec une dédicace à Pierre Bayle sous la formule : «à M.*** Professeur en Philosophie et en Histoire», signée D.L., Le Prosélyte abusé, oeuvre historique et polémique. Bayle, ami de la famille depuis 1674, et qui devint, pour quelques années, ce qu'on pourrait appeler le «patron» de L. Celui-ci ne semble pas avoir résidé en permanence à Rotterdam, car après un court séjour, il revint à Oxford pour un total d'au moins un an et demi. Je ne trouve aucune preuve d'une ordination, comme pasteur de L., ni en France ni à Londres.

3. Carrière

La décennie 1680-1690, est pour L. extrêmement mouvementée, et les dates-clé en sont : 1684, date de la mort de son père et voyage à Oxford ; 1685, date de la Révocation qui change le sort de toute sa famille ; 1687, où il remplace puis seconde Bayle aux Nouvelles de la République des Lettres ; 1689, où paraît l'Avis important aux réfugiés et où il accepte un poste britannique à Hanovre ; 1690, quand il abjure et revient en France. Pendant cette période nous le voyons circuler de Rouen à Oxford, d'Oxford à Rotterdam et retour, de Rotterdam à Copenhague, puis Hanovre et enfin Paris, sans que nous puissions dater ces séjours avec exactitude ni en retrouver les adresses.

L. devait jouer un rôle marquant dans le refuge par l'Avis important, où il laisse apparaître le danger où se trouve la France après la bataille de la Boyne (1690). Le jeune protégé de Bayle, depuis longtemps hostile à Guillaume d'Orange, dut redouter, au-delà d'une guerre périlleuse, d'autres conflits fatals pour la prédominance française. Par ailleurs, il faut se souvenir que pour presque tous les protestants français, les rois étaient les lieutenants de Dieu, chacun dans son pays, auxquels les sujets n'avaient pas le droit de résister. Autant de raisons pour persuader L. que ses talents trouveraient à se déployer plus loyalement et naturellement en France, où son abjuration de 1690 fut vite récompensée par une pension qui pouvait rétribuer aussi les services de renseignement d'un secrétaire d'ambassade britannique à Hanovre, poste que L. venait de quitter. Revenu en France, L., d'après Moréri, a vécu plusieurs années parmi les gens de lettres, à Paris, composant divers ouvrages, quand il se trouva incarcéré au Châtelet le 25 novembre 1694, accusé d’avoir participé à la publication d’un « libelle satyrique » contre le gouvernement. Après plusieurs mois de détention, il fut transféré dans la prison d'Angers, puis en 1696 au château de Saumur. Il retrouva sa liberté vers 1699 par l'intervention de l’abbesse de Fontevrault. De retour à Paris, il trouva un emploi – Marais dit : «une place honorable» –, comme traducteur aux Affaires étrangères, où le marquis Colbert de Torcy allait organiser «l'Académie politique du Louvre» pour former de jeunes diplomates. Savant, lettré et grand voyageur, Torcy a pu connaître L. dans les cercles intellectuels parisiens peu après le retour du prisonnier vers 1699 et se l'attacher pour son utilité. Cette charge obligea L. à résider à Versailles, près de Torcy, jusqu'à sa démission, en 1715. Mais les changements imposés par le régent ne lui nuirent point : ses talents le firent nommer par le duc d'Antin et le régent, secrétaire du nouveau «Conseil du Dedans» (lettre de l’abbé d’Olivet au président Bouhier, 14 fév. 1722, Correspondance littéraire du président Bouhier, t. III, p. 76).

4. Situation de fortune

Sa famille, semble-t-il était aisée. Avant son retour en France, L. semble avoir voyagé sans difficulté dans les pays du Nord, avoir financé des séjours à Oxford par exemple, et fréquenté des gens assez fortunés, comme les amis anglais de Bayle, sans avoir à quémander. Au moment de son abjuration, L. reçoit une pension de 3 ou 400 £, augmentée probablement par la restitution d'une partie de son patrimoine. Par la suite, son emploi au ministère des Affaires étrangères lui procure des honoraires qui, même s'ils sont modestes, s'ajoutant à ses ressources personnelles, à sa pension de converti, devaient le mettre à l'aise. A la dissolution du Conseil de Dedans, dont il est secrétaire, il reçoit une pension de 4000 £ jusqu'à sa mort. (lettre de l’abbé d’Olivet au président Bouhier, 6 juil. 1738, p. 281).

5. Opinions

Les prises de position de L. ne sont pas moins surprenantes que les renversements de sa carrière. Ce fils de presbytère provincial, et jeune protégé de Bayle, polémiste actif contre les critiques du protestantisme, a subitement quitté un poste très prometteur dans la diplomatie britannique pour abjurer et faire publier par Bayle, sous le sceau du secret, le long Avis important aux réfugiés sur leur prochain retour (1690). Alors que Bayle exultait dans sa pièce liminaire devant «le miracle manifeste» de l'élévation de Guillaume d'Orange, comme roi de la Grande-Bretagne et chef de la coalition européenne, L. se crut justifié à renier toutes les croyances de sa famille, parce que mieux renseigné par son emploi diplomatique sur les desseins implacables de Guillaume contre Louis XIV (voir E. Briggs, « Bayle ou Larroque ? »). Il envoya son texte à Bayle, avant d'abjurer dans la chapelle de l'ambassadeur de France à Copenague, et rentra en France, probablement par mer, les frontières étant fermées par la guerre. Revenu à Paris, il apprit que le confesseur royal, le P. La Chaise, comme l'archevêque de Paris, François de Harlay, voyaient d'un mauvais oeil l'Avis, «comme l'oeuvre d'un protestant déguisé ou d'un fort mauvais catholique puisqu'il traitait de persécuteurs, ou peu s'en faut, les ministres du Roi». L. se tint donc coi un premier temps, mais il essaya de parer de nouveaux coups éventuels en préparant une seconde édition qui désavouerait en partie la première, mais sans y mettre son nom. Pendant sa captivité, due peut-être en partie à la réputation équivoque de son Avis, il fut visité par le savant hollandais Hartsoeker et il lui avoua sa paternité de l'Avis que ce savant divulgua à quelques amis discrets.

Quoique rarement libre de visiter Paris, il y fut bien reçu de lettrés comme P. de Vitry et l'abbé Nicaise et des savants du cercle qui correspondaient régulièrement avec le président Bouhier de Dijon. C'est cette correspondance volumineuse, qui a fait connaître la vie et le caractère de L. Bouhier lui faisait régulièrement cadeau de ses livres nouveaux et faisait rechercher les siens. Une dernière évolution surprenante, mais bien dans la ligne logique de la sincérité et de la fidélité de L. à ses propres valeurs, est à signaler : l'abbé J.B. Bonardy, bibliothécaire du cardinal de Noailles et jansénisant, écrit le 28 avril 1726 à Bouhier, sur l'Avis, paru depuis quarante ans : «Il n'y a point à douter que M. de La Roque, dont vous me marquez les qualités, n'en soit l'auteur. Je saurai son nom de baptême par le P. Le Quien, son ami et le mien [...]. Il était protestant lors de la composition de l'ouvrage, mais il a changé jusqu'à devenir ultramontain, ce qui me surprend beaucoup dans un homme d'esprit et d'érudition [...]».

6. Activités journalistiques

Par ses connaissances et ses relations anglaises, L. avait pu fournir des contacts et des renseignements pour les Nouvelles de la République des Lettres, avant de prendre la direction temporaire de ce périodique lors de la maladie de Bayle au printemps de 1687. Des attributions très excessives, par différentes autorités et bibliothèques, ont exagéré son rôle, qui semble n'avoir pas dépassé la composition des trois numéros de mars, avril et mai, avec une participation mal définie dans les trois suivants, c'est-à-dire jusqu'à la fin d'août 1687. C'est ce qu'affirme l'abbé d'Olivet. Une lacune de sa correspondance avec Bayle entre octobre 1686 et décembre 1690, due à ses voyages en Angleterre, pourrait appuyer cette conclusion, mais il est naturellement possible qu'il ait pu fournir des contributions, étant absent – ou présent – en Hollande. On peut remarquer que Bayle donnait à ce jeune ami de 27 ans une belle marque de confiance, en lui passant ce qui était alors son meilleur titre à la célébrité. Quant au contenu de ces numéros, il est difficile d'attribuer tel morceau à telle personne, là où toute indication manque. Ce qui frappe c'est la place considérable accordée aux Anglais et aux autres protestants du Continent. Quoique le lecteur soit averti que M. Bayle n'a même pas lu le numéro de mars, où son nom ne continue pas de paraître dans le titre, L. n'est pas nommé. Le journal se contente de dire : «D'habiles gens les ont faites [ces Nouvelles] pour lui et continueront tout le temps que cela sera nécessaire». L. se place sur un terrain plus naturel pour lui, en traitant avec sympathie les Articles de réunion entre les Protestants de la conférence d'Augsburg et les Réformés, traduits par un réformé (L.?) et publiés à Rotterdam en 1687. «Présage, peut-être, de la réunion qu'on souhaite», dit-il, mais soulignant que certains d'entre eux excluraient plusieurs enseignements des Sociniens qui furent souvent sa cible, et des Anabaptistes. L. loue ces propositions comme pratiques et tolérantes, mais prévoit que les partis voudront demander des éclaircissements, la tolérance soulevant bien des doutes et difficultés, et il ajoute familièrement «la conscience n'est pas une chemise» : trait typique de son style clair et naturel, apte à frapper des lecteurs assaillis de tant d'ouvrages guindés et prétentieux. L. s'étend avec un plaisir évident sur les récits de voyages (en anglais) du futur évêque Gilbert Burnet – cet auteur « trop célèbre pour qu’on lui donne des éloges » – en Suisse, Italie et France, publiés à Rotterdam en 1686. Suivent des articles variés traitant d'écrits par l'abbé Cathelan (autre collaborateur de Bayle qui a peut-être contribué aux numéros de juin à août), du réfugié Pierre Allix sur les chronologies bibliques des Egyptiens (imprimé à Londres en 1687 par J. Cailloué), du Père Maimbourg sur le pape Saint Léon le Grand (1687) et un extrait des Transactions philosophiques, sur une glande pinéale trouvée pétrifiée par un médecin anglais (nov. 1686). Le volume X pour mai 1687 porte le nom de Bayle dans le titre, sans autre indication, mais sans sa participation, comme aussi celui de juin. Le premier article s'avère exceptionnel par sa longueur et son importance, comme celui sur Burnet. C'est une lettre de Van Dale répondant à Fontenelle, dont l'Histoire des Oracles, toute récente, avait été une réponse plaisante à son propre livre. L. en a peut-être fourni la traduction française mais rien d'autre, semble-t-il. Le volume pour juin continue dans la même voie ésotérique avec comptes rendus des livres d'Osiander, Tractatus Theologica de Magia, de Heidegger, Sod Babel Rabat, de Pierre Poiret, l'Oeconomie Divine, tous parus dans l'année, et la longue notice sur Poiret est continuée en juillet, sans doute par L. Ce rapprochement est un témoignage significatif des intérêts éclectiques du jeune savant et de l'intérêt renouvelé pour des éléments extra-rationnels ou para-psychologiques qui échappaient alors à la plupart. Le numéro de juillet continue avec la réponse de Denis Papin dans les Transactions philosophiques de janvier 1686 sur sa pompe à eau, critiquée par M. Nuis dans les Nouvelles de mai-juin 1686 et l'article IV, ici (p. 709) avec une lettre de M. L... (Larroque ?) sur les principes de la nature, répondant à Malebranche. Il revient tout de suite après aux idées plus spécifiquement religieuses, à propos du tome III de l'Histoire des Révolutions (religieuses) en Europe de Varillas et des Nouvelles accusations contre Varillas (1687) de L. lui-même. Il argumente contre le début de l'Histoire des Hérésies, et cela se continue en août avec un autre assaut contre ses Révolutions. Il semble qu'on peut donner tout ceci à L., ainsi qu'une Apologie pour l'église anglicane, traduite de l'anglais en juillet. Mais on peut penser aussi à Jean Le Clerc qui, selon R. Granderoute (D.P.1 1016) partageait la direction des Nouvelles avec L. après juin, pour certains morceaux comme La Créance de l'Eglise orientale sur la Transsubstantiation, en août, et la Relation historique de la Pologne par M. d'Hauteville (1687). L. pourrait bien avoir entrepris la défense de Poiret et de Mlle Bourignon dans l'article IX de juillet. Dans la livraison de septembre le libraire, en gardant le nom de Bayle, avertit qu'une seule plume y a travaillé, ce qui semble indiquer Le Clerc, et la fin des travaux de L., ainsi que de sa brève carrière de journaliste.

7. Publications diverses

Le Prosélyte abusé ou les fausses vues de M. Brueys dans l'examen de la séparation des Protestants, , anon. , Rotterdam, Leers, 1684, in 12, XX – 192 p. – Les Véritables Motifs de la conversion de l'abbé de La Trappe [...] ou Entretiens de Timocrate et de Philandre, anon., Cologne, 1685, in 12. Cet ouvrage a provoqué une controverse tardive (voir Duranton, 1977, t. V, p. 13). – Diatriba de Legione Fulminatrice [cum] M. Larroquani Adversariorum Summa Vitæ Autoris, [...] autore Daniele Larroquano M. filio, Amsterdam, 1687, in 8°. Une réplique tardive par P. Curtz : Dissertatio [...] de Legione fulminatrice parut en 1705. – Nouvelles Accusations contre M. de Varillas ou remarques critiques contre une partie de son Histoire de l'Hérésie, Amsterdam, anon. 1687, 163 p. et pièces liminaires. – Avis important aux Réfugiés sur leur prochain retour en France donné pour étrennes à l'un d'eux en 1690, par M.C.L.A.A.P.D.P. avec une dédicace à M. P.B. professeur de philosophie à Rotterdam et un long Avertissement [de Bayle], Amsterdam, 1690, in 12, 412 p. et pièces liminaires, 2e éd. : Paris, 1692, in 8°, 356 p. avec un nouvel Avis. –Préface de l'Ombre de Scarron? Cette attribution est contestée par E. Labrousse (voir Inventaire) ; il s'agirait plutôt des Amours de Mgr le Dauphin, Cologne, 1694. – Réflexions contre les Ministres transfuges (ms. de 1699 selon Haag qui parle d'une demande à cette date pour un permis d'imprimer qui n'aboutit pas). – La Vie de Mahomet ou l’on découvre amplement la vérité de l’imposture, Amsterdam, 1698, in-12, traduit de langlais de Humphrey Prideaux (éd. Anglaise 1697). – Remarques générales sur [...]Lettres, Mémoires et Négociations de M. le Comte d'Estrades, sl., 1709, in 12, 76 p. – Un Mémoire non encore identifié de 1718 pour les Princes du sang contre les légitimés. – Histoire romaine depuis la fondation de Rome jusqu'à la translation de l'Empire par Constantin, (1728-1742), 16 vol., in 12, trad. de Lawrence Echard par L. et Guyot Desfontaines. On ignore la part exacte qui revient à chacun. T. Morris attribue les trois premiers volumes à L. les t. IV-VI seraient entièrement refondus, en partie suivant l’Histoire de Tillemont, après quoi son collaborateur l’abbé Granet aurait continué la traduction (L’Abbé Desfontaines et son rôle dans la littérature de son temps, S.V.E.C. 19, 1961). L. avait déjà marqué sa propriété en envoyant de sa prison le premier volume au libraire Gallet d’Amsterdam qui le publia en 1698 (seul exemplaire connu à la Congress Librairy.) L’abbé d’Olivet nous donne l’historique de cette publication : « D’un côté il est certain que M. de Larroque fit dette traduction dans sa prison de Saumur, qu’ayant pris des livres chez Boudot libraire de Paris, il lui donna son manuscrit en payement et que Boudot étant mort avant d’avoir d’en avoir fait usage, d’autres libraires le confièrent à M ; l’abbé de Desfontaines. On est bien fondé à croire que la traduction imprimé lui appartient, et non à L. Je prendrais seulement la liberté de n’âtre pas tout à fait de son avis en ce qu’il prétend que L. écrivait très mal. Un homme dont quelques ouvrages furent attribués à M. Pellisson ou au cardinal de Polignac écrivait-il mal ? L’examen du style ne pouvant nous découvrir la vérité, si personne n’a plus d’intérêt que moi à la tirer du puits, elle y demeurera fort longtemps » (lettre du 6 juil. 1738, éd. citée p. 282). – D'Olivet parle d'un manuscrit de L. : Anecdotes du règne de Charles I roi d'Angleterre. Ce titre n'a pas permis jusqu'ici de l'identifier (voir Duranton, t. IV, p. 281). – Vie de François Eudes de Mézeray, Amsterdam, P. Brunet, 1726, in 8°, 111 p. – Mémoires touchant M. de Thou [...] durant son ambassade de Hollande, anon., Cologne, P. Marteau, in 8°, 1710, réédité à La Haye en 1732. La matière de ce premier texte a pu provenir des archives du ministre Torcy et être préparée par L. peu avant sa mort en 1731. – Fragments d'Histoire et de Littérature, anon., La Haye, 1734, in 8°, 244 p., avec une note manuscrite «par Larroque de Rouen» sur le feuillet de garde. Le contenu est un mélange d'essais courts sur des sujets d'histoire et de philosophie tout à fait dans le goût et la manière de L. Il y expose ses propres critiques contre Varillas ainsi que celles de Bayle, Burnet, d'Hozier, etc. Les p. 101-108 expriment ses idées contre les athées et les sociniens et je ne doute pas de cette attribution d'autant plus que la bibliothèque de la S.H.P.F. possède une autre édition identique du même libraire datée de 1706. – Marais lui attribue un Traité de la Régale que L. fit imprimer en 1688 à Rotterdam, mais le titre marque clairement qu'il est de son père «par feu M. de Larroque».

8. Bibliographie

Moréri ; D.L.F. – Chauffepié, Nouveau dictionnaire historique et critique, Amsterdam, La Haye, 1750-1756. – Marais M., Journal et Mémoires de M.M. sur la Régence et du Règne de Louis XV, éd. M. de Lescure, Paris, 1863. – Publication of the Hugenot Society of London. Pour Larroque parrain à Londres, v. XXXI, 1928, p. 3 ; pour sa famille et les Aufrère, vol. XL. – Dalton C., English Army Lists, Commission Registers, Londres, 1894-1904, t. III, p. 26-351 ; t. IV, p. 166-268. – Labrousse E., Inventaire critique de la Correspondance de Bayle, Vrin, 1961, p. 371-374 : c'est la seule esquisse biographique sérieuse jusque-là. Partout ailleurs L. est, ou confondu avec d'autres, ou occulté, comme par Haag, parce qu'il n'était pas pasteur et qu'il abjura. – Id., Pierre Bayle, t. I, Du pays de Foix à la cité d'Erasme, La Haye, Nijhoff, 1963. – Correspondance littéraire du Président Bouhier, éd. H. Duranton, U. de Saint-Etienne, 1976-1988 ; voir en particulier, dans le t. V, la lettre de l’abbé d’Olivet au président Bouhier en date du 6 juil. 1738 ? P ; 278-285. – Brigg E. « Bayle ou Larroque ? De qui est l’Avis important aux réfugiés de 1690 et de 1692 », dans De l’Humanisme aux Lumières, Bayle et le protestantisme : mélanges en l’honneur d’Elizabeth Labrousse, éd. M. Magdelaine et al., Paris, Oxford, 1996k, p. 509-529. – Ascoli G., La Grande-Bretagne devant l'opinion française au XVIIe siècle, Paris, Gamber, 1930, t. I, p. 327 et suiv.

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