LA MOTTE

Numéro

450

Prénom

Yves de

Naissance

1680

Décès

1738

1. État-civil

Son identité est déclinée dans l'Interrogatoire du Père de La Motte, jésuite... de 1715 (B.V. Grenoble ; B.H.P., Recueil factice n° 10755). A cette date, Yves Joseph de La Motte, «prêtre de la Compagnie de Jésus», est «âgé de trente-cinq ans» et demeure au séminaire de Joyeuse à Rouen. Il prend en Hollande le pseudonyme de La Hode, sans doute vers 1732 (cf. la lettre de La Martinière à Desmaizeaux du 28 décembre 1734, B.M, add. mss. 4285). Il meurt à La Haye vers l'automne de 1738 (Bibliothèque francaise, t. 27, 1re part., p. 184 ; Nouvelle Bibliothèque, t. I, nov. 1738). Pseudonyme : La Hode.

2. Formation

Il enseigne vers 1711 au Collège Louis-le-Grand, où il est le préfet d'étude de René Louis d'Argenson (Journal et Mémoires, éd. Rathery, t. VI, p. 168).

3. Carrière

Il se rend célèbre par un sermon prononcé dans la cathédrale de Rouen le 20 octobre 1715, sermon dans lequel il attaque les «novateurs» de l'entourage du Régent (Interrogatoire, p. 2 et suiv. ; voir le Journal de la Régence de Buvat, oct. 1715, éd. Campardon, t. I, p. 102 et suiv.). Désavoué par ses supérieurs, il est relégué à Hesdin (d'Argenson, Journal, p. 167-168) ; il y travaille pour d'Argenson qui lui confie le plan et les matériaux de l'Histoire du droit public ecclésiastique en 1725. L.. les emporte en Hollande et les publiera sous son nom.

Les aventures de La Motte sont souvent rapportées par d'Argens, témoin peu digne de foi. Selon lui, L. aurait dilapidé un bénéfice considérable et extorqué 1000 francs à Voltaire avant de fuir à Constantinople où il se serait fait Turc (Lettres cabalistiques, t. IV, lettre III) ; mais Voltaire n'en dit rien ; il semble en revanche d'accord avec d'Argens pour dire que L. vécut en «mendiant» en Hollande (Siècle de Louis XIV, éd. Pomeau, Pléiade, p. 854) ; d'Argens, lui, le nomme tour à tour «ex-jésuite», «cancre médecin» ou «frater», «bateleur», attaché à La Martinière, Don Quichotte dont il est le «barbier» (cf. Lettres juives, éd. augmentée de 1738, t. I, p. 168 et épître du t. VI ; Lettres cabalistiques, éd. Paupie de 1741, t. I, préf., t. IV). Copiste et compilateur de La Martinière, L. aurait publié, en collaboration avec Desroches et La Barre de Beaumarchais, une douzaine d'ouvrages. Une partie de cette activité est confirmée par Rousset de Missy dans une lettre à Gachet d'Artigny du 19 mai 1750 : «M. de Beaumarchais après être sorti de chez moi [...] s'est mis en société avec M. de La Martinière et M. de La Hode [...]. Ils ont barbouillé une abominable suite à la belle histoire de Rapin Thoyras, et ils ont composé une Histoire de Louis XIV qui a paru sous le nom de La Martinière, et des Mémoires anecdotes que La Hode a publiés...», ( l’abbé d’Artigny, Nouveaux Mémoires, 1751, t. IV, , p. 446).

4. Situation de fortune

En Hollande, L. a travaillé pour Rousset puis pour La Martinière, comme auteur, copiste, journaliste anonyme ; il publie, pour le compte de l'éditeur catholique Van Duren, diverses imitations des Lettres juives, ce qui explique en partie l'animosité du marquis d'Argens à son égard.

5. Opinions

Inspiré par les Jésuites dans ses attaques contre le Régent en 1715 mais désavoué par eux, il reste lié, en Hollande, aux milieux catholiques. Il est considéré par Voltaire et d'Argens comme un émissaire des Jésuites ; en fait, après 1715, il s'est rapproché des cercles politiques de la Régence et fera à plusieurs reprises l'apologie de Philippe d'Orléans.

6. Activités journalistiques

Journal littéraire, La Haye, Swart et Van Duren, tomes XXII et XXIII (1734-1735). La Martinière écrit à Desmaizeaux, le 28 décembre 1734 : «Le Journal littéraire est depuis quelque temps sur le côté. Mr. de Beaumarchais qui par accablement ne pouvoit suffire à tout en a laissé à faire la plus grande partie à un homme de lettres nommé Mr. de Lahode qui est ici depuis environ deux ans. Eux deux ont fait la continuation du Rapin. Hoc inter nos» (B.M., add. mss. 4285). Le journal a été racheté par Van Duren en 1732 (t. XX), confié par lui à La Barre en 1734 (t. XXI), que vient aider La Hode en 1734 et 1735 (t. XXII et XXIII) ; d'Argens attaque particulièrement ces deux tomes : «Actuellement, l'ex-jésuite est le seul qui en fasse les principaux extraits» (Lettres juives, éd. citée, t. 5, p. 294).

Anecdotes historiques, galantes et littéraires du temps présent, en forme de lettres, La Haye, Paupie, 1737 (D.P.1 105).

Correspondance historique, philosophique et critique Entre Ariste, Lisandre et quelques autres amis : pour servir de réponse aux Lettres juives, La Haye, van Dole, 1737-1738 (D.P.1 234).

7. Publications diverses

Histoire d'Angleterre de M. de R.T., «continuée jusqu'à l'avènement de George I», La Haye, Van Duren, 1735-1736. La Barre et La Motte ont fait les 3 volumes de la continuation (t. XI-XII) ; selon d'Argens, L. serait le seul auteur du t. 3 (Lettres cabalistiques, t. IV, p. 48). – La Vie de Philippe d'Orléans «par L.M.D.M.», Londres, La Haye, Van Duren, 1736 ; attribuée à L. par Voltaire, qui semble bien renseigné (Siècle de Louis XIV, éd. citée, p. 946) ; l'ouvrage est en partie une apologie de La Motte. – D'Argens lui attribue également les Mémoires du comte de Bonneval dans la révision catholique de 1738 chez Van Duren, ainsi que les Nouveaux Mémoires de 1737 ; mais il est difficile de préciser la part qui revient à L. dans ces ouvrages. – Histoire du droit public ecclésiastique français, Londres, S. Harding, 1737. – Histoire des révolutions de France «par Mr. de La Hode», La Haye, P. Gosse et A. Moetjens, 1738, 4 vol. – Histoire de la vie et du règne de Louis XIV, «publiée par M.B. de la M.» (Bruzen de La Martinière), La Haye, Van Duren, 1740-1742 ; Francfort, Varrentrapp, 1740 (avec le nom de La Hode). L'attribution à L. est confirmée par la Bibliothèque française (t. XXVII, 1re part., p. 184) et par Voltaire (Des Mensonges imprimés, éd. Moland, t. XXIII, p. 435) ; voir également la lettre publiée à ce sujet dans les Observations sur les écrits modernes de Desfontaines, t. XXV, 30 août 1741, p. 280-283.

8. Bibliographie

N.B.U., B.Un . – Interrogatoire du Père de La Motte, 1715, B.V. Grenoble et B.H.P., n° 10755. – Argenson R.L. d’, Journal et mémoires, éd. Rathery, Paris, 1859-1867. – Buvat, J., Journal de la Régence, éd. Campardon, Paris, 1865. – voltaire, Le Siècle de Louis XIV, éd. R. Pommeau, dans Œuvres historiques, Paris, Pléiades, 1957.

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