HUGARY DE LA MARCHE

Numéro

401

Prénom

Ignace

Naissance

1728

Décès

1768

1. État-civil

«Ignace Hugary de La Marche-Courmont, ancien Chambellan du Prince Margrave de Bareith et Capitaine au service de la France, naquit à Paris le 25 mars 1728...» (Nécrologe, p. 319). C'est en 1754 seulement qu'il a ajouté à son nom celui de Courmont (B.N., f.fr. 22133, f° 263 et 299). Il a enlevé et épousé à Avignon, en 1753, la fille d'Etienne Regnauld ou Renaud, entrepreneur de bâtiment, marié, disait-on, à une marchande de poisson (f.fr. 22158, f° 123, 165). Il est mort, selon le Nécrologe, à l'Ile-Bourbon en décembre 1758 ; il semble pourtant qu'à la fin de 1758, il soit à Bareith en Franconie (f.fr. 22133, f° 263, 299) et qu'il publie jusqu'en 1768 (voir parag. 5).

3. Carrière

Il fut gentilhomme de la Chambre du duc de Chartres en 1748 (Ars., ms. 10300), valet de Chambre du Roi en 1752 (n.a.fr. 10782), huissier du cabinet du duc d'Orléans en 1752-1753 (f.fr. 22158, f° 165 ; n.a.fr. 10782) ; le duc le chassa dit-on, en 1753 (f.fr. 22158, f° 149). En juillet 1753, il quitta Paris pour Avignon avec Mlle Renaud pour se soustraire à ses créanciers (ibid., f° 159) ; il y demeure encore en 1754 (n.a.fr. 1214, f° 117). En 1758, il est gentilhomme de la Chambre du Margrave de Brandebourg-Bareith (f.fr. 22133, f° 263, 299).

4. Situation de fortune

De son mariage, en mars 1753, il retire 2000 écus (f.fr. 22158, f° 123). La convention du 20 juillet 1754 assurait à La Marche 200 £ par mois, mais il affirme, dans son Mémoire (p. 7) qu'elles ne lui furent jamais payées.

5. Opinions

L.M. prit vigoureusement parti en faveur de Palissot lors du scandale de la représentation des Philosophes (1760) et publia un pamphlet contre les philosophes. Palissot lui en est très reconnaissant dans l'éloge qu'il lui consacre en 1770. On notera que la date de l'éloge aussi bien que la mention de l'éloge de Stanislas (mort en 1766) par L.M. excluent la date proposée par Palissot pour la mort de L.M. ; peut-être s'agit-il d'une faute d'impression (reproduite dans la réédition du Nécrologe en 1775), pour 1768.

6. Activités journalistiques

L'histoire de la fondation du Journal étranger a été retracée par M.R. de Labriolle en ce qui concerne le privilège et la convention de 1753. Dès 1752, La Marche avait obtenu une permission tacite de «faire un journal étranger» (n.a.fr. 10782) ; il avait demandé, le 12 octobre 1752, un premier privilège général (f.fr. 21998), qu'il avait obtenu le 9 novembre (n° 817). La Marche se heurte alors à l'hostilité de Malesherbes : «Comme ce particulier était peu connu, je craignis qu'il n'abusât de cette grâce pour emprunter de l'argent, faire des affaires, tromper des auteurs et ne rien donner au public» (lettre de Malesherbes à Belle-Isle, le 10 août 1759, f.fr. 22133, f° 286). Le 24 août 1752, le chroniqueur d'Hémery écrit que Malesherbes «entêté de son Journal des Savants» ne veut plus de feuilles (f.fr. 22157, f° 159 ; cf. f° 109 et f.fr. 22136, f° 360). Le second privilège obtenu par L.M. le 19 mars 1753, pour quinze années consécutives, est assorti de clauses restrictives : le privilège sera annulé si le premier volume n'est pas donné avant un an ou si les auteurs restent plus de trois mois sans publier un volume. L.M. avait d'ailleurs des rivaux, dont La Beaumelle (f.fr. 22133, f° 177). Il signe, le 16 février 1753, une convention très précise portant sur 32 200 £ de frais par an (Labriolle, p. 77-78). Ses futurs beaux-parents hypothèquent leurs biens pour se porter répondants auprès du commanditaire Courcelles ou Cursay (ibid., p. 79 ; voir la notice «Cursay»). Lorsque La Marche s'enfuit avec Mlle Renaud à Avignon, Courcelles en profite pour lui imposer une nouvelle convention, le 20 juillet 1754 (ibid., p. 79-80) : L.M., dépossédé de ses droits, est indemnisé pour 1200 £, avec un traitement de 200 £ par mois jusqu'au versement des bénéfices d'exploitation, sur lesquels il garde 6 sols. L.M. fait alors une cession simulée de ses droits à Chevrier (voir ce nom), le 21 juillet 1754. Chevrier étant insolvable est assigné par Courcelles le 27 novembre, et doit renoncer à tout droit sur le Journal étranger (ibid., p. 81-82). A son retour d'Avignon, L.M. intente un procès à Courcelles (ibid., p. 82 : Mémoire par le Sr Hugary de La Marche Courmont contre le Sr Courcelles, défendeur et intimé, 1758). Dans son Mémoire, L.M. déclare qu'il «n'a eu aucune part aux journaux qui ont paru jusqu'ici à l'exception du prospectus imprimé en tête du Discours préliminaire rédigé par les sieurs Jean-Jacques Rousseau et Toussaint» (p. 2).

Quérard attribue à La Marche (en collaboration avec J. Fleury) I'Essai d'un nouveau journal intitulé Le Littérateur impartial, La-Haye-Paris, Vallat La Chapelle 1760, in-12 (D.P.1 847) ; il s'agit d'un essai critique sur les périodiques entrepris, selon le Nécrologe, par L.M.

7. Publications diverses

Lettres d'Aza ou d'un Péruvien, Amsterdam, 1749 et 1760 ; cette conclusion des Lettres péruviennes a souvent été imprimée à la suite du roman de Mme de Graffigny. Voir B.N., f.fr. 22157, f° 87 ; n.a.fr. 10782 et Ars., ms. 10300. – Essai politique sur les avantages que la France peut retirer de la conquête de l'île de Minorque, Citadelle (Lyon), 1757. Voir le Nécrologe. – Mémoires de Madame de G. : cette vie de Mme de Tencin a été composée par L.M. en 1752 ; L.M. la dicte à Du Thuillié avant son départ pour Avignon, en confie le manuscrit à Chevrier en avril 1754 ; Chevrier transmet le manuscrit au chevalier de Bonnelle qui le remet à Duchesne pour l'imprimer sans permission (f.fr. 22157, f° 87, 15 juin 1752 ; n.a.fr. 124, p. 117 et 118, 12 mai 1754). – Réponse aux différents écrits publiés contre la comédie des Philosophes..., par M.D.L.M.C., 1760. – «Eloge de Stanislas Lecksinski», publié dans le Nécrologe de 1769.

8. Bibliographie

B.Un. ; Cio 18, n° 31199-36203. – Nécrologe de 1770, p. 319-333. – Labriolle M.R. de, «Conditions matérielles de la publication du Journal étranger...» dans M. Couperus, L'Etude des périodiques anciens, colloque d'Utrecht, Paris, Nizet, 1972, p. 76-84.

9. Additif

Ignace, né à Paris, paroisse St-Roch, le 24 mars 1728 (archives du fonds Coutot), est fils de Pierre Hugary de La Marche, huissier de la chambre de Mgr le duc d'Orleans, et Marie Anne Gerin. Le Nécrologe donne bien décembre 1768 (et non 1758) comme date de son décès. Le registre des tutelles du Châtelet de Paris  comporte, à la date du 2 octobre 1773, la désignation d’un curateur à la succession vacante d’Ignace, à la requête de Marie Louise Henriette Regnault, sa veuve, par suite de la renonciation qu’elle a faite à cette succession. Ignace laisse quatre enfants mineurs de son union avec ladite Regnault. [Thierry PINGAULT]