HONGNANT

Numéro

399

Prénom

Claude

Naissance

1671

Décès

1745

1. État-civil

Claude René Hongnant est né à Paris le 14 novembre 1671 et mort à Paris le 15 mars 1745 (Somm.).

2. Formation

Il entre dans la Compagnie des Jésuites et fait profession le 7 septembre 1687. Il est successivement professeur de philosophie et de théologie à Louis-le-Grand ; vers 1700, il a pour élève François Xavier de Charlevoix («Anecdotes des Mémoires de Trévoux», p. 198).

3. Carrière

Il semble avoir fait toute sa carrière au collège Louis-le-Grand. Il y est «scriptor» en 1721-1722 et en 1728-1729 (G. Dupont-Ferrier, Du collège de Clermont au lycée Louis-le-Grand, Paris, de Boccard, t. 3, p. 36, 234) et y sera, jusqu'à sa mort, préfet des études.

5. Opinions

Il fut certainement, au temps où il dirigeait l'agence des Mémoires de Trévoux, l'un des adversaires les plus résolus des jansénistes. Un dossier de l'Arsenal (ms. 11219, dossier De Liège) contient une douzaine de lettres de Hongnant au Lieutenant général de police, relatives à une filature des imprimeurs des Nouvelles ecclésiastiques ; ces imprimeurs sont tous en relation avec Mme Théodon, libraire janséniste installée «au Pot au lait» à Paris. H. demande qu'on cerne l'établissement pour une «capture considérable» (f° 238-239), il fournit lui-même ses propres informations sur un prêtre de Saint-Hilaire qui «porte les Gazettes ecclésiastiques» : «il va les prendre à l'Imprimerie même lorsqu'elles ne lui viennent pas de bonne heure. En le suivant, on trouverait l'Imprimerie». Il dénonce les complices de Mme Théodon ; un piège est tendu, le Pot-au-lait est perquisitionné le 15 avril 1733 ; on y trouve des brochures et deux cahiers des Nouvelles ecclésiastiques «avec des notes de la main de Dupin» ; les complices sont interrogés en présence de H. ; trois lettres du 21 avril 1733 montrent qu'il a participé de près à l'enquête : il a surpris une conversation entre la veuve Théodon et Dupin, «qui marquait qu'ils connaissent parfaitement l'Imprimerie des Nouvelles ecclésiastiques. Le nom de la rue où est cette Imprimerie pensa échapper à Elie, il se retint fort malapropos» (f° 323). L'enquête ne mena à rien. Comme le remarque le cardinal Fleury dans une lettre du 23 avril 1733 adressée au Lieutenant général de police : «il y a quelque chose de surnaturel dans l'obstination invincible de toutes ces sortes de gens jusques même à ceux de la lie du peuple dont on ne peut pas tirer le moindre aveu ni le plus léger éclaircissement» (f° 328 v).

6. Activités journalistiques

En 1724, il entre à la rédaction des Mémoires de Trévoux (J.M. Faux, p. 149 ; J. Sgard, «Chronologie des Mémoires de Trévoux», p. 190). Moreri affirme qu'il en fut le directeur. Le P. Castel précise qu'après la destitution du P. Thoubaud, Hongnant fut placé à la tête de l'agence des M.T., alors sous l'influence du P. Tournemine («Anecdotes des Mémoires de Trévoux», p. 197). Son agence aurait été «fort orageuse», du fait des intrigues du P. Charlevoix (ibid., p. 197) ; il est à son tour destitué en décembre 1733 ; toujours selon Castel, dont la partialité est évidente, Hongnant aurait beaucoup souffert de l'hostilité de Charlevoix, qui ne lui pardonnait pas de retoucher ses extraits : «On a vu le R.P.H. répandre des larmes à son âge, de la manière dure, impérieuse, importune, dont le traitait le P. Charlevoix, qui avait été pourtant son écolier, disait alors le P. Hongnant pour toute défense» («Anecdotes des Mémoires de Trévoux», p. 198). Un correspondant parisien de Thomas Carte s'adresse au P. Hongnant dans une lettre du 22 février 1726 (Bodleian Library, fonds Carte 101, f° 463) : le P. «Hogniand» est dit «librarian of the Jesuits who publishes the Memoirs of Trevoux» ; H. propose à ce correspondant de rédiger une réplique au P. Hardouin sur le sujet des ordinations anglicanes et s'engage à la publier dans les Mémoires de Trévoux. En 1733, on trouve dans une édition des Satyres de Régnier due à Lenglet Dufresnoy le trait suivant : les «journalistes de Trévoux, dont l'ignorance va de pair avec la témérité. Surtout leur P. Hongnan, qui en est comme le chef, est encore plus ignorant que les autres» (édition de Londres, 1733, p. 182 ; sur les raisons de Lenglet et ses démêlés avec les Jésuites, voir G. Sheridan, Nicolas Lenglet Dufresnoy and the literary underworld of the ancien régime, S.V.E.C., 1989, p. 101-102). Le P. Hongnant fait encore partie de la nouvelle équipe de 1734 (lettre de Dugas à Bottu du 24 janv. 1734, Bibliothèque des Jésuites de Fourvière, corr. Bottu-Dugas, f° 375 ; renseignement fourni par F. Weil).

7. Publications diverses

Le P. Hongnant fut essentiellement un théologien et un controversiste. On trouvera la liste de ses oeuvres dans Sommervogel (t. 4, col. 453-455), dans la Table générale du Journal des savants et dans le Dictionnaire de théologie catholique.

8. Bibliographie

Moreri, F.L.1769 ; Sommervogel ; D.C.T. ; D.L.F. – Ars., ms. 11219, affaire De Liège. – Faux J.M., «La fondation et les premiers rédacteurs des Mémoires de Trévoux (1701-1739) d'après quelques documents inédits», Archives historiques de la Société de Jésus, t. 23, 1954, p. 149-150. – Sgard J., «Chronologie des Mémoires de Trévoux», dans Dix-Huitième siècle, n° 8, 1976, p. 189-192. – Sgard J. et Weil F., «Les anecdotes inédites des Mémoires de Trévoux (1720-1744)», ibid., p. 193-204.

Auteurs