GUERARD DE NANCREDE

Numéro

372

Prénom

Paul de

1. État-civil

Né le 16 mars 1761 à Héricy près de Fontainebleau, Paul Joseph Guérard dit Guérard de Nancrède, est le fils de Jean Joseph Guérard et de Louise Françoise Gautier (F). Naturalisé citoyen américain le 19 février 1799 (S), p. 60-61. Il signe P.J.G. de Nancrède, Joseph de Nancrède, puis Joseph Nancrède, nom sous lequel il est connu. Joseph Nancrède meurt aux Batignolles, 12 rue de l'Ecluse, le 15 décembre 1841, à l'âge de 81 ans. Il lègue par testament ses papiers et sa bibliothèque à Louis Joseph Papineau (Q). De son mariage avec Hannah Dixey, en 1788, il a eu neuf enfants. Parmi eux, Joseph Guérard Nancrède, né en 1793 et mort en 1857, qui pratiquera la médecine à Philaldelphie et Thomas Dixey Nancrède, importateur et marchand en gros, dont le propre fils, Charles Beylard Guérard de Nancrède, deviendra un professeur et chirurgien réputé, auteur de nombreux traités de médecine.

2. Formation

A la suite de la mort de son père et de sa mère, en 1768, Joseph Guérard aurait été élevé par son grand père maternel, Louis Gauthier (S), p. 49. Il s'engage le 19 août 1779, à l'âge de dix huit ans, dans le régiment de Soissonnais (B), p. 278. Affecté à la compagnie du capitaine Jean Baptiste Marin, il fait partie du corps expéditionnaire français qui, sous le commandement du comte de Rochambeau, quitte Brest le 2 mai 1780 pour porter secours aux insurgés américains. L'armée de Rochambeau passe l'hiver à Newport, où elle a débarqué début juillet, puis rejoint au printemps les forces du général Washington pour s'engager à leur côté dans la marche sur Yorktown. Après la reddition de Cornwallis, le 19 octobre 1781, le Soissonnais prend ses quartiers d'hiver à Hampton où il demeurera jusqu'en mars 1783, époque à laquelle il s'embarque pour regagner la France (B, p. 269-270).

3. Carrière

Revenu en France, Joseph Guérard ne renouvelle pas son engagement et décide de retourner en Amérique. Un passeport, établi au nom de Paul-Joseph Guérard de Nancrède, lui est délivré le 13 octobre 1785 à Fontainebleau, et il s'embarque au Havre, le 21 octobre, à destination de Philadelphie (S, p. 50). On le retrouve en 1787 à Boston. Au mois d'octobre de cette année là, il est nommé instructeur de français à l'université Harvard de Cambridge, poste qu'il conservera jusqu'en 1801 (A, C.R., t. III, p. 299). Il donne également des leçons en ville et effectue des traductions pour plusieurs officiels et hommes d'affaires de Boston (D, p. 77 ; S, p. 61). Pendant ses années d'enseignement à Harvard, Nancrède s'efforcera de promouvoir l'étude de la langue et de la littérature françaises, plaidant cette cause dans le Courier de Boston qu'il fait paraître d'avril à octobre 1789, et publiant, en 1792, L'Abeille française, une anthologie de textes français «à l'usage de l'université de Cambridge». Ce manuel, l'un des premiers publiés aux Etats-Unis pour l'enseignement du français au niveau universitaire, jouera un rôle dans la diffusion du «rousseauisme» en Amérique (L). Lié avec Brissot, qu'il rencontre lors du séjour de celui ci à Boston en juillet 1788, Nancrède accueille favorablement les débuts de la Révolution. Il en rend compte longuement dans le Courier de Boston, se donnant pour tâche d'«éclaircir les versions diverses et fausses qui ont été publiées sur ce grand événement» afin de mieux le faire connaître et comprendre en Amérique (n° 24, p. 191). Le Courier de Boston voudrait voir se resserrer les liens entre la France et les Etats Unis, et fait notamment campagne pour l'établissement d'une association commerciale privilégiée entre les deux pays, reprenant les arguments développés par Brissot et Clavière dans De la France et des Etats Unis. Nancrède avait entrepris de traduire ce livre en anglais en 1788, et en avait publié des extraits dans plusieurs journaux de Boston (Massachusetts Centinel, 2 April, 2 August 1788 ; Independent Chronicle, 17 July 1788). En 1793, alors que la France et l'Angleterre sont en guerre, Nancrède soutient les efforts du ministre plénipotentiaire de France, Edmond Charles Genet, qui fait pression sur l'opinion américaine pour amener une intervention en faveur de la France (S, p. 66 67). Malgré la déclaration officielle de neutralité du gouvernement américain, Genet n'hésitera pas à distribuer des lettres de marque et à se servir des ports américains comme bases navales pour les corsaires français opérant dans la mer des Antilles. A la demande de Washington, Genet est révoqué à la fin de 1793. Nancrède ne désarme cependant pas. Son «zèle patriotique», mais aussi, semble-t il, des ressentiments personnels et la rancoeur de n'avoir pu obtenir un poste d'adjudicateur des prises qu'il convoitait, le poussent à publier un violent pamphlet, Les Citoyens francais, dans lequel il met en cause les autorités consulaires françaises de Boston qu'il accuse, par «ineptie», corruption et sympathies royalistes, de faire secrètement le jeu de l'Angleterre. Le consul Dannery, auquel Nancrède s'en prend personnellement, le dénonçant comme «un ancien mignon du tyran» et un de ces «fainéants salariés» qui ne pensent qu'à «profiter du gâteau» (Les Citoyens, p. 9), refuse cependant, comme lui proposent les autorités américaines, de le faire arrêter (P). Nancrède renouvelle ses attaques dans une lettre qu'il envoie au Comité de salut public le 20 janvier 1795 (P, p. 320). Rappelé en France et mis en disponibilité, Dannery sera remplacé par Théodore Mozard qui arrive à Boston à l'automne 1795. Nancrède, que Genet avait déjà recommandé, sans succès, à ce poste, sera officiellement nommé traducteur et interprète auprès du Consulat de France de Boston en juillet 1796, en raison de «l'étude [... qu'il a faite] de la langue anglaise pendant son long séjour en ce continent», comme en reconnaissance de son «zèle pour la République et [de son] attachement à la cause de la Liberté» (O).

Dès la fin de 1794, Nancrède songeait à se lancer dans le commerce des livres. Il est alors le correspondant pour Boston de Moreau de St Méry, réfugié à Philadelphie et établi libraire et imprimeur dans cette ville (O, St Méry, N., 23 janv., 4 et 11 mars 1795). En 1795, Nancrède s'associe avec Thomas Hall, libraire et imprimeur à Boston, puis, l'année suivante, ouvre sa propre librairie et maison d'édition au 49 Malborough Street, adresse à laquelle il réside également (I, t. X, p. 438). Au fil des années, Nancrède accumulera un fonds de livres important, et, comme libraire et éditeur, contribuera à la diffusion de la littérature et de la pensée françaises aux Etats Unis. On relève dans ses catalogues de nombreux ouvrages français, et il publiera, notamment, Télémaque et Paul et Virginie, en éditions française et bilingue, et une traduction des Etudes de la Nature de Bernardin de Saint Pierre qu'il dédie à Georges Washington (I, t. XI, p. 45, 191, 284). Son contrat avec l'université Harvard n'ayant pas été renouvelé, Nancrède se consacre entièrement à son commerce de livres à partir de 1801. A la fin de cette année là, il se rend en Angleterre et en France dans le but d'accroître son fonds et de recueillir informations et documents pour la publication d'un «nouveau système universel de géographie», entreprise dans laquelle il est associé avec Barnard Macanulty et James Tytler, l'un des rédacteurs de l'Encyclopedie Britannica (M, p. 101-103 ; G, t. II, p. 410 ; Q, p. 85-87). Parmi les livres rapportés, plus de cinquante exemplaires d'une édition anglaise du New American Navigator qui seront à l'origine d'un procès intenté par un libraire de Salem, Blunt, qui possédait l'exclusivité des droits de cette édition pour l'Amérique (M, p. 181). Le bref séjour qu'il a fait à Paris au début de 1802, après dix sept ans d'absence, l'échec de plusieurs projets d'édition, un mariage qui semble n'avoir jamais été heureux, peuvent expliquer la décision que prend alors Nancrède de rentrer en France. Au printemps 1803, il vend sa librairie et une partie de son fonds et s'installe au 24 State Street ; le reste de son fonds, près de sept mille livres, est vendu aux enchères en février 1804 (C ; G, t. III, p. 73, 77 ; Q, p. 87 88). Au printemps, il s'embarque pour la France avec ses enfants, mais sans sa femme dont il vivra séparé à partir de cette date.

Nancrède restera huit ans en France, résidant à son arrivée chez le banquier Récamier, rue du Montblanc (S, p. 89). Il continue à s'intéresser aux problèmes d'édition comme aux relations commerciales et politiques entre la France et les Etats Unis. En 1810, il est en correspondance avec le général Jomini, aide de camp du maréchal Ney, qui songe à rééditer son Traité des grandes opérations de la guerre et aimerait également le voir traduit en anglais (0, Jomini à N., 18 juin 1810). A la fin de 1811, il est lié avec l'ambassadeur américain à Paris, Joël Barlow, dont il serait, selon un journal de Salem, un des conseillers privés (Gazette, 9 juin 1812). En juillet 1812, Nancrède rentre en Amérique et s'installe à Philadelphie. En 1861, il habite dans South 10th Street, chez son fils Joseph devenu médecin. Retiré, «gentleman» selon l'annuaire de la Ville de Philadelphie, Nancrède n'en poursuit pas moins les intérêts qui ont toujours été les siens : l'édition et le commerce des livres, les relations franco-américaines, la «politique générale des nations» et ses rapports avec l'économie (De la politique, p. 111). En 1819, l'écrivain et journaliste Victor Jouy lui envoie plusieurs exemplaires de sa tragédie Bélisaire qu'il aimerait voir distribuer sur le marché américain, et l'année suivante, Nancrède fournit au consul de France à Philadelphie, le comte de Lesseps, plusieurs livres et brochures que celui-ci recherchait (S, Jouy à N., 10 avril 1819 ; de Lesseps à N., 24 janv. 1820). Nancrède se lie avec les membres de la colonie française de Philadelphie, parmi lesquels Joseph Bonaparte réfugié à Pointe Breeze, et sert même d'intermédiaire et de conseiller à un groupe d'hommes d'affaires qui désirent racheter les titres et faire valoir les droits d'importantes concessions de terrains accordées au cours du XVIIIe siècle à des émigrés français dans l'Illinois et l'Ohio (0, Hunt à N., 25 fév. ; Baldwin à N., 6 juillet ; Barlow à N., 20 juillet 1816). Les travaux de la «Philadelphia Society for the Promotion of National Industry», dont il est l'un des dix membres, le conduiront à publier, en 1825, De la politique de l'Angleterre, ouvrage dans lequel il cherche à montrer que les principes qui dictent la politique extérieure de l'Angleterre se réduisent en fait aux «intérêts (bien compris) de son propre commerce» (p. 51).

En 1825, Nancrède rentre définitivement en France. Dans les années qui suivent son retour, il fréquente d'anciens bonapartistes comme Louis de Girardin et le comte Roederer, et soutient les efforts du baron de Méneval, ancien secrétaire particulier de Napoléon, qui fait campagne dans la presse pour défendre les actions et le rôle politique de Joseph Bonaparte et favoriser son retour d'exil (0, J.B. à N., 29 fév. 1826, 17 juin 1831 ; N. à J.B., 25 mars 1831 ; R, p. 73 75, 101 105). En 1829, Nancrède cherche, sans succès, à se faire nommer Consul des Etats Unis à Paris (S, p. 103 105). Au début de 1831, il passe quelques mois en Angleterre à l'occasion du mariage de sa fille naturelle Pauline (0, N. à J. Bonaparte, 25 mars ; J.B. à N., 17 juin 1831). Les dernières années de sa vie le verront se dévouer à une nouvelle cause, celle des «patriotes» canadiens. Après l'échec de la rebellion de 1837, Louis-Joseph Papineau s'était réfugié aux Etats Unis et avait séjourné quelque temps à Philadelphie, chez le Dr Nancrède auquel le liait, depuis leurs années de collège à Montréal, une longue amitié. Par l'intermédiaire de son fils, Nancrède correspond avec Papineau et essaie de l'aider dans ses efforts pour sensibiliser l'opinion au sort des canadiens français. Il s'entremet également auprès d'hommes politiques français et anglais, rencontrant notamment, au cours d'un voyage à Londres en juillet 1838, le député aux Communes, Joseph Hume. Il encourage Papineau à venir se réfugier en France pour y continuer la lutte, et l'accueille à son arrivée à Paris en mars 1839 (P. à N., 14 mai 1838 ; N. à P., 19, 29 juin, 9 juillet, août 1838, Corresp. de L.J. Papineau, arch. publ. du Canada). Dans les années qui suivent, Papineau s'efforcera, sans succès, de susciter une intervention française en faveur de la cause canadienne.

4. Situation de fortune

La situation financière de Joseph Nancrède, du moins dans les premières années de son retour aux Etats Unis, semble avoir été précaire. La publication du Courier de Boston se revèle bientôt un désastre financier et il l'arrête en octobre 1789, faute d'argent ; mais il aura tenu à la prolonger jusqu'au sixième mois afin de satisfaire aux engagements pris vis à vis de ses abonnés. Dans son dernier numéro, il remercie «ceux de ses souscripteurs qui, pénétrés de la perte qu'il a faite par l'impression de cette feuille, ont bien voulu lui payer leur abonnement en entier», et, faisant allusion à ceux qui lui ont offert de l'argent pour rembourser ses dettes, offre qu'il a refusée, «il supplie ces personnes de lui fournir les occasions de maintenir sa famille, sous des auspices plus honorables pour elles, et moins mortifiantes pour lui». Aux pertes subies dans cette aventure, s'ajoutent celles qui résultent de deux vols dont il est victime au cours de la même année. Un réfugié français de Saint Domingue qu'il hébergeait, Lambert, s'enfuit notamment en mai, avec près de 800 dollars en argent et effets (Courier, p. 207) ; somme importante pour l'époque, si l'on considère que huit ans plus tard, en 1797, le salaire d'un instructeur à Harvard n'est que de 400 dollars auxquels s'ajoute, il est vrai, une prime de 100 dollars, «in consideration of the high prices of the necessaries of life» (A, O.R., IV, p. 246). En lui assurant un revenu régulier, son poste d'enseignant à Harvard va lui permettre de surmonter ses difficultés financières puis de se lancer dans le commerce de livres. Il donne également des leçons en ville et obtient en décembre 1791, du Conseil municipal de Boston, l'autorisation de se servir, quatre fois par semaine, «de la salle de classe de M. Bingham» pour y enseigner la langue française (D, p. 77). En 1792, la publication de L'Abeille française est rendue possible grâce aux nombreux souscripteurs qu'il réussit à intéresser à l'entreprise et au soutien financier que lui accorde l'Université (A, C.P., III, p. 61). Sa situation financière semble rétablie en 1796, époque à laquelle il s'installe au 49 Malborough Street. Il est alors non seulement propriétaire de cette maison en briques à deux étages dans laquelle il ouvre sa librairie, mais également de deux autres maisons, l'une de briques, au coin de Middle et de Cross Street, l'autre de bois, dans Cross Street (D, p. 77). Le non-renouvellement de son contrat à Harvard a sans doute joué un rôle dans sa décision de rentrer en France pour la seconde fois, en 1804. Dans son journal, à l'occasion de la vente de liquidation de la librairie, William Bentley souligne cependant l'importance et la richesse du fonds de livres réuni par Nancrède : «This week Nancrede has a very valuable sale of Books in Boston. It is not often that valuable or general collections are sold [... given that] the importers commonly receive upon a limited Catalogue and have seldom an opportunity to enlarge it in America. [...]. The books sold for their highest value this week, so that the demand must necessarily be great (G, III. p. 73, 77)».

5. Opinions

Si Nancrède est acquis aux idées philosophiques, c'est à Jean Jacques Rousseau, à la «philosophie du sentiment» et à la littérature sensible et moralisatrice qui en découle, que vont ses préférences. Les textes qu'il choisit d'inclure dans l'Abeille française sont à ce sujet révélateurs. Bien qu'il en fasse l'éloge dans son introduction, peu d'oeuvres du XVlIe siècle : une lettre de Fléchier à Bossuet, quelques pages de Fénelon, mais La Fontaine, Corneille, Racine, Molière ou La Bruyère manquent. En revanche, une large place est accordée aux écrivains du XVIIIe siècle, Montesquieu, Voltaire, Helvétius, Buffon, et surtout Jean Jacques Rousseau, le plus souvent cité avec quinze extraits. On trouve également l'Abenaki de Saint Lambert, Le Bonheur champêtre et le Chant de mort de l'Inca de Marmontel, de nombreux textes et anecdotes qui célèbrent les joies de la Nature et l'état de nature, les charmes de la vie sauvage, la nature primitive de l'homme, et cet humanisme sentimental qui trouva son aboutissement dans la «bienfaisance humanitaire» de Bernardin de Saint Pierre, un des auteurs que Joseph Nancrède s'attachera à diffuser aux Etats Unis. Pour Nancrède, la véritable oeuvre d'art est celle qui donne «une leçon continuelle de sentiments généreux et de grandeur d'âme [...]. Le grand point est d'indiquer aux hommes les routes trop ignorées ou trop négligées du vrai bonheur et de la vertu» (L'Abeille, p. 101-104). C'est peut-être ce rêve nostalgique du XVIIIe siècle et les sympathies philosophiques pour la cause américaine qui l'ont poussé à revenir s'installer aux Etats Unis après avoir combattu pour leur indépendance. Comme Brissot de Warville, auquel il est lié et dont il partage les idées, il voit dans l'expérience américaine un modèle moral et politique, la première tentative de réalisation des spéculations philosophiques sur la nature et la raison, la vertu et la liberté. Aussi accueille t il l'annonce de la convocation des Etats Généraux et les débuts de la Révolution avec la joie et l'espérance de «ceux qui cherchent le bonheur des Etats dans une Constitution solide» ; mais il reste persuadé que ce but pourra être atteint par des moyens pacifiques : «parce que d'une part, on a des preuves frappantes de l'amour du Roi pour son peuple, et que de l'autre, la multitude de gens éclairés qui existent en France fera préférer les moyens pacifiques» (Courier, p. 139). Ses aspirations et ses rêves viendront se heurter à la réalité révolutionnaire. Il traduira et publiera par la suite le discours de Brissot «sur la question de savoir si le Roi peut être jugé», qui répondait par l'affirmative, et un «projet de Constitution pour la République française».

6. Activités journalistiques

Joseph Nancrède est le rédacteur du Courier de Boston qui paraît chaque jeudi du 23 avril au 15 octobre 1789 sur huit pages à deux colonnes, à Boston, de l'Imprimerie de Samuel Hall, Libraire, dans le Cornhill, n° 53 (v. D.P.I 264).

Il est probable que Nancrède a été à l'origine, en 1794, du projet de publication d'un autre journal français à Boston,le Courier des deux mondes, dont seul le Prospectus vit le jour (E, p. 220). En 1797, il pensa de nouveau à publier un journal, cette fois-ci en association avec John Dennie, éditeur du Farmer's Weekly Museum, mais ce projet fut également abandonné (G, II, p. 235.

7. Publications diverses

a) Anthologies : L'Abeille française, ou Nouveau recueil de morceaux brillans des auteurs françois les plus célèbres. Ouvrage utile à ceux qui étudient la langue françoise et amusant pour ceux qui la connoissent. A l'usage de l'université de Cambridge, Boston, Belknap et Young, 1792. – The forum orator, or the American public speaker. Consisting of examples and models of eloquence, Boston, 1804.

b) Traductions : Brissot de Warville J.P., A Discourse upon the question whether the King shall be tried? Delivered before the Society of the friends of the Constitution at Paris, at a meeting July 10, 1791, Boston, 1791.– Projet de constitution pour la République Française. A plan of constitution for the French Republic, Boston, 1795 (éd. bilingue).– Les Citoyens François habitans des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale à leur patrie, à ses représentans, s.l.n.d. [Boston, 1794]. – De la politique de l'Angleterre, de ses rapports avec les autres puissances, et des causes qui l'empêchent d'adhérer aux principes de la Sainte-Alliance, avec quelques réflexions sur les effets que cette politique a dû produire et doit continuer de produire sur les nations commerçantes du monde entier, Paris, 1825.

8. Bibliographie

(A) Manuscrits, Harvard University Archives : College Papers (C.P.) ; Corporation Records (C.R.) ; Overseers Records (O.R.) ; Faculty Records (F.R.). – (B) Les Combattants français de la guerre d'Amérique, 1778-1783, Ministère des Affaires étrangères/ U.S. Senate, Washington, 1905.– (C) Fixed-price catalogue of a large collection of books, which has,for several years past, been accumulating every production of merit ..., Boston, 1804. – (D) Baldensperger F., «Le premier "instructeur" de français à Harvard College : Joseph Nancrède», Hardvard Advocate, XCVI, 6, 1913, p. 76-79.– (E) Barthold A.J., «French Journalists in the United States», Franco-American Review, I, 1936, p. 215-230.– (F) 1er Art.Nancrède, Dictionary of American biography, New York, 1927-1936, 10 vol., t. VII, p. 380-381.– (G) Bentley W., The Diary of William Bentley, Gloucester, 1962, 3 vol.– (H) Brissot J.P., Correspondance et papiers, éd. M. Perroud, Paris, 1912.– (I) Evans Ch., American bibliography, New-York, 1914-1959, 14 vol.– (J) Moreau de St Méry M., Moreau de St Mery's american journey, 1793-1798, New-York, 1947.– (K) Mumford Jones H., America and french culture, 1750-1848, Chapel Hill, 1927.– (L) Schinz A., «Un "rousseauiste" en Amérique», Modern Language Notes, XXXV (1920), p. 10-18. – (M) Tapley H.S., Salem Imprints, 1768-1825, Salem, 1927.– (N) Winship G.P., «Two of three Boston papers», Bibliographical society of America papers, XIV, 2 (1920), p. 57-76.–(O) Dossier Joseph Nancrède, Archives publiques du Canada, Ottawa (MG 24 K 56).– (P) Correspondance consulaire et commerciale, Boston, 3, 1793-1795, p. 176-344, Archives du ministère des affaires étrangères, Paris.– (Q) Déclarations de mutation par décès, Archives de Paris (DQ 14-1995, n° 282).– (R) Bonaparte J., Lettres d'exil inédites, Paris, 1912.– (S) Stern M B., Books and book people in 19th century america, New York, 1978.

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