GOULIN

Numéro

353

Prénom

Jean

Naissance

1728

Décès

1799

1. État-civil

Jean Goulin naît à Reims le 10 février 1728. Il est encore enfant quand meurt son père. Marié en 1766 avec la fille de l'opticien Paris, il perd sa femme en 1772 et voit mourir également ses deux enfants en bas âge. Il achève une existence difficile le 11 floréal an VII (30 avril 1799) à Paris.

2. Formation

La mort de son père plonge sa famille dans la gêne ; sa mère sacrifie tout pour lui permettre de mener à leur terme des études qu'elle envisage comme la voie vers l'état ecclésiastique. Au collège de Navarre, G. a pour professeur d'éloquence l'abbé Batteux. Contrairement aux vœux de sa mère, il se destine à la médecine. Il fréquente, durant les hivers 1753-1754 et 1754-1755, les écoles de médecine (cours d'anatomie de Ferrein), le Jardin du Roi et l'Hôtel-Dieu. Malade, il interrompt ses études et retourne quelques mois à Reims. Il obtient une licence en médecine, puis un doctorat (son titre de docteur apparaît pour la première fois dans une Lettre sur Hecquet publiée en 1762 dans le Journal de médecine) ; il est reçu au nombre des médecins agrégés correspondants par le collège royal de médecine de Nancy le 6 mai 1776 (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 14). Le 21 juin 1795, il est nommé professeur-adjoint d'histoire de la médecine, rattaché à la chaire de médecine légale de l'Ecole de Santé de Paris. Il a été membre des académies de Lyon, Villefranche, La Rochelle, Nîmes, Angers, de la Société littéraire de Châlons-sur-Marne (Almanach de Lyon, 1777), ainsi que de plusieurs Sociétés étrangères. La Société médicale de Paris le reçoit comme membre honoraire peu avant sa mort, le 5 fructidor an VI (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 7).

4. Situation de fortune

Avant de commencer ses études de médecine, il est répétiteur à 100 francs par an chez un maître de pension. Quand il revient de Reims à Paris en 1755, sa santé une fois rétablie, il doit vendre une première fois sa bibliothèque pour subsister ; il la vendra une seconde fois en 1783 et en tirera un viager de 600 £. En 1756, il est précepteur avec des honoraires de 600 £. Il accomplit ensuite les besognes les plus diverses, ce qui laisse supposer qu'il ne devint que tard docteur en médecine. Il atteint quelque aisance à partir de 1760, année où il devient journaliste aux Annales typographiques ; mais son existence restera toujours précaire. Il vécut de sa plume, collaborant à de nombreux dictionnaires, faisant des tables des ouvrages de médecine célèbres comme Lieu-taud, des traductions et des extraits de journaux. En 1783, il participe à la rédaction des médiocres Affiches de province. Cherchant en vain un état, en 1794, il échappe à la misère grâce à un poste à la Bibliothèque Nationale ; il est tardivement utilisé selon son mérite et tiré d'embarras par la Convention qui le nomme professeur à l'Ecole de Santé en l'an III (21 juin 1795), mais il ne put assurer que trois cours avant sa mort. De 1789 jusqu'à l'an VI, il avait tenu un Journal d'Observations météorologiques «rue de la Harpe, au Collège de Bayeux» (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1076).

5. Opinions

G. paraît à l'évidence avoir été, aussi bien sous les gouvernements révolutionnaires que sous l'ancien régime, un homme sans attaches et sans protections. Notons cependant que la loge Saint-Jean, dite «La Charitable» - «autorisée par M. le Comte de Clermont» (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1059, n° 4) - lui a décerné un diplôme d'admission le 28 février 1769 (ibid.). Ses controverses sont d'ordre médical, comme celles qui l'opposèrent à Antoine Portai ou au chirurgien ordinaire du Roi, Nicole de Marsan, en 1776, à propos des préparations mercurielles (B.M. Reims, nouv. fonds, ms. 1068). Il accueillit la Révolution avec sympathie ; d'après son biographe Pierre Sue, qui eut entre les mains tous ses manuscrits représentant plusieurs volumes, il aurait écrit de sa main, sur le premier volume de ses Mémoires biographiques, «Républicain depuis trente cinq ans».

6. Activités journalistiques

En 1760-1762, il travaille aux Annales typographiques ou Notice du progrès des connaissances humaines (D.P.1 116), avec Roux, Darcet et Robert. Puis il donne des comptes rendus aux Mémoires de Trévoux (1765) et collabore au Journal économique, au Journal des savants (1773), dont Macquer, chargé de la médecine, sous-traitait les notices. L'abbé de Fontenay se l'associe en 1783 pour prolonger les Affiches de province (c'est-à-dire, à cette date, les Affiches, annonces et avis divers).

Sa contribution la plus importante concerne le Journal de médecine, chirurgie et pharmacie (D.P.1 1178), auquel il travailla de 1777 à 1782, puis de nouveau de 1784 jusqu'en 1791. D'après Süe, qui a consulté les contrats, «La mort en 1776 de M. Roux médecin qui sous le privilège appartenant au libraire Vincent était depuis 1762 le rédacteur du Journal de médecine donna lieu à de nouveaux arrangements. Le privilège fut ôté au libraire et donné aux citoyens Bâcher et Dumangin. Par un accord particulier entre eux, le premier en devint propriétaire unique l'année suivante. Ne pouvant faire seul un travail qui exigeait plusieurs coopérateurs, il jeta les yeux sur Goulin pour l'aider et lui proposa 600 francs d'honoraires. [...] Il était à peine de retour, vers le milieu de 1784 que Bâcher lui proposa de reprendre le travail du Journal, avec les mêmes arrangements que la première fois, ce que Goulin accepta, quoique par la suite, l'augmentation du double des volumes exigeât par année un double travail » (p. 44-45). G. a rédigé de très nombreux extraits, concernant l'érudition et l'histoire médicale, travaillant en philologue autant qu'en historien et en médecin (alinéa rédigé par R. Rey).

Il travailla également à la Gazette de santé (D.P.1 544), quoique plus brièvement, essayant de redresser la situation financière de la Gazette et de rehausser son niveau après la gestion calamiteuse de Paulet. C'est G. qui rédigea le nouveau Prospectus imprimé en 1784 ; il intervint dans les numéros suivants à propos des débats sur le magnétisme, mais il cessa sa collaboration à la fin de l'année 1784, par suite de désaccords avec l'apothicaire Crahoré qui avait racheté la Gazette à Paulet (R. Rey).

Il a tenu, de 1789 à l'an VI, un Journal d'observations météorologiques (B.M. Reims, ms. 1076).

7. Publications diverses

Pierre Sue a relevé 68 titres d'ouvrages rédigés ou procurés par G., parmi lesquels des traductions, des dictionnaires, des éloges, des éditions de textes anciens sur la médecine. Retenons : six Lettres à un médecin de province pour servir à l'histoire de la médecine en France (Copenhague, Pyre, 1769, in-8°). – Vocabulaire françois ou Abrégé du Dictionnaire de l'Académie française (Paris, Veuve Regnard, 1771, 2 vol. in-8°). – Le Médecin des dames (1771, in-12). – Le Médecin des hommes (Paris, Vincent, 1772, in-12). – Mémoires littéraires, critiques, philosophiques, biographiques et bibliographiques pour servir à l'histoire ancienne et moderne de la médecine (Paris, J.F., Bastien, 1775-1777, in-40). – Le Confiturier royal (Paris, Veuve Savoye, 1776, in-12). Sommervogel (Tables méthodiques) et le catalogue de la B.L. lui donnent Bréchillot-Jourdain comme collaborateur pour Le Médecin des femmes et Le Médecin des hommes.

G. a d'autre part collaboré à divers dictionnaires dont le Dictionnaire domestique portatif de La Chesnaye Des Bois (Paris, Vincent, 1762-1764, 3 vol. in-folio ; G. en rédigea seul le premier volume) et le Dictionnaire raisonné de matière médicale, souvent attribué à tort au seul La Peyrie (Paris, Didot, 1773, 4 vol. in-8°, et 4 vol. de fig.). Il a rédigé le t. X in-40 (t. XXVIII à XXXI in-12) de la Bibliothèque choisie de médecine (1770) et publié avec Dehorne et La Servolle L'Etat de la médecine, chirurgie, pharmacie en Europe et principalement en France pour l'année 1777 (Paris, Veuve Thiboust, 1777, in-8°).

Son cours d'histoire médicale, resté manuscrit et recueilli par P. Sue, a été déposé à la B.M. de Reims. Un manuscrit de 1786-178 7 propose un « Plan de colonisation » pour créer une administration modèle dans une île de l'Atlantique (ms. 1077) : G. s'inscrit dans la lignée des médecins utopistes. Les manuscrits de G. ont été remis à sa mort à P. Sue par sa sœur ; ils sont conservés à la B.M. de Reims (nouv. fonds, ms. 1048-1051, 632 feuillets en 4 t., avec une chronologie, ms. 1052).

8. Bibliographie

B. Un. ; D.L.F. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (XXXIX, Reims, t. II, 1re part., p. 272-278 ; 2e part., p. 1033). – Notice dans la Biographie médicale (Encyclopédie des sciences médicales, Paris, Bureaux de l'Encyclopédie méthodique, 1841, 2 vol. in-8°). – Sue P., Mémoires historiques, littéraires et critiques sur la vie et les ouvrages tant imprimés que manuscrits de Jean Goulin, Paris, Blanchon, an VIII-1800. – Philippe, «Essai critique et littéraire sur la vie et les ouvrages de J. Goulin médecin », Annales de l'Académie de Reims, 1842-1843, p. 419-438.

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