FELLER

Numéro

300

Prénom

François Xavier de

Naissance

1735

Décès

1802

1. État-civil

François Xavier de Feller est né à Bruxelles le 18 août 1735 de Dominique de Feller, secrétaire du gouvernement des Pays-Bas, anobli par l'impératrice Marie-Thérèse, et officier de la ville d'Arlon, et de Marie Catherine Gerber, dont le père était intendant des biens domaniaux de la maison d'Autriche à Luxembourg (FW). François Xavier de Feller est mort en émigration à Ratisbonne le 23 mai 1802. Il a souvent utilisé comme pseudonyme l'anagramme de son nom : Flexier de Reval.

2. Formation

F. a fait ses études au collège des Jésuites de Luxembourg, puis, en 1751, au collège de Reims, où il fit son année de philosophie. Il est entré au noviciat de la Compagnie à Tournai le 28 septembre 1754. Professeur de collège, il se destinait à la chaire.

3. Carrière

F. a d'abord été professeur de grammaire à Luxembourg, d'humanités à Liège, de théologie à Luxembourg, puis après la dissolution de l'ordre en 1763, à Tyrnau en Hongrie. De 1765 à 1770, il obtint la permission de voyager en Autriche, en Hongrie, en Pologne et en Italie. Il revint aux Pays-Bas en 1770 et y reçut la prêtrise ; il fut nommé prédicateur au collège des Jésuites de Liège (FW). Vivant de sa plume après la dissolution de la Compagnie, il se fit littérateur polygraphe (Sommervogel cite une soixantaine de titres d'écrits très divers, t. III, p. 606-631) et journaliste. L'approche des armées françaises en 1794 l'obligea à quitter Liège ; il s'établit d'abord en Westphalie, puis en 1797 à Ratisbonne, à l'invitation du prince-évêque de cette ville. C'est là qu'il passa les dernières années de sa vie.

5. Opinions

F. est dans les Pays-Bas autrichiens un représentant-type du catholicisme rigoriste et ultramontain, ennemi des philosophes (Voltaire, Buffon, Saint-Pierre) et des jansénistes. En matière politique, il professe des opinions réactionnaires : son journal sera condamné par le pouvoir impérial de Joseph II. Il polémiquera contre Fébronius, contre les démocrates brabançons de 1789, les révolutionnaires français, la constitution civile du clergé, etc. L'émigration lui permet d'échapper aux rigueurs du pouvoir nouveau. Le contenu du Journal de F. est encyclopédique : théologie, sciences naturelles, géographie, histoire, belles-lettres, rien ne lui échappe, surtout la politique. Son attitude tranchante lui vaut de nombreuses polémiques (avec Sabatier de Castres, P.H. Lebrun) auxquelles il répond dans les colonnes de son périodique.

6. Activités journalistiques

F. commença vers décembre 1760 à donner des articles de théologie et de littérature à La Clef du cabinet des princes de l'Europe, dont il prit la direction en janvier 1773 ; en juillet 1773 (t. CXXXVIII), suite à la suppression de la Compagnie de Jésus, La Clef disparaît (D.P.1 214) ; elle est remplacée en août par le Journal historique et littéraire publié d'abord à Luxembourg chez les héritiers d'André Chevalier, à Liège ensuite chez J.F. Bassompierre (depuis le t. CLXXIX) où il reste jusqu'au 15 janvier 1791. Il se replie ensuite sur Maastricht où il est publié par François Cavelier jusqu'en juillet 1794 (D.P.1 750). Feller émigré pour ne jamais revenir dans les Pays-Bas. Entretemps, le Journal avait été condamné par un édit impérial en date du 26 janvier 1788, ce qui motiva son premier déplacement géographique. Feller était à la tête d'une nombreuse équipe de journalistes parmi lesquels on cite J.L. Burton, J.N. Paquot, H.I. Brosius, J.H. Duvivier, B. de Saive, Hacquet et Hubens. Il est impossible de dresser ici une liste même sommaire des articles de Feller. On en trouve publiés à part dans ses Mélanges de politique, de morale et de littérature extraits des journaux de M. l'abbé de Feller (Louvain 1822-1824, 4 vol. : rééd., Paris, 1826).

Plusieurs textes, surtout des lettres de F. ont été publiés dans d'autres journaux : par exemple le Journal général de France (1784, p. 487-488 ; 1786, p. 371). D'autres furent traduits et parurent dans les journaux étrangers, en particulier dans le Giornale ecclesiastico.

7. Publications diverses

Comme nous l'avons dit, les publications de F. sont très diverses. Parmi les plus connues, on citera son Catéchisme philosophique (Bruxelles, 1772) souvent traduit (en sept langues) et réédité, son Dictionnaire géographique (Paris, Liège, 1778) souvent réédité, et surtout son Dictionnaire historique (Augsbourg, 1781-1783) souvent réédité et traduit. Pour le détail, on se rapportera à Sommervogel, t. III, p. 606-631.

8. Bibliographie

Sommervogel. – Desdoyarts P.J., Notice sur la vie et les ouvrages de monsieur l'abbé de Feller, Liège, an X-1802, rééd. 1810. – Précis historique de la vie et des ouvrages de monsieur l'abbé de Feller, Liège, Louvain, 1803 ; Louvain, 1824. – (FW) Notice sur l'abbé de F., en tête de l'édition Weiss de la Biographie universelle, Paris, 1847-1850. – Capitaine U., Recherches historiques et bibliographiques sur les journaux et les écrits périodiques liégeois, Liège, 1850. – Borchgrave E. de, Biographie nationale, Bruxelles, 1880-1883. – Trousson R., «Feller et les philosophes», Etudes sur le XVIIIe siècle, t. VI, 1979> P- !03-n5- – Mortier R., «Un jésuite belge en Hongrie au siècle des Lumières», Hungarian Studies, t. I, 1985, p. 213-223. – Id., La Plume et le plomb : journaux et journalistes au pays de Liège au temps de l'Heureuse révolution de 1789, Liège, Crédit communal, 1989.