FELICE

Numéro

299

Prénom

Fortunato de

Naissance

1723

Décès

1789

1. État-civil

De famille napolitaine, Fortunato Placido Bartolomeo de Felice est né à Rome le 24 août 1723, premier des six enfants de Gennaro de Felice (1701-1783) et de sa femme Caterina Rossetti. Fortunato de Felice s'est marié trois fois : 1) à Berne, le 29 décembre 1759, avec Suzanne Catherine Wavre, morte en couches à Yverdon le 16 mars 1769, après lui avoir donné cinq enfants, dont l'aîné, Fortuné Bernard (1760-1832), est à l'origine de la branche française de la famille de Félice ; 2) à Yverdon, en juin 1770, avec Louise Marie Perre-let, morte d'un accident de voiture à Yverdon le 17 septembre 1774, après lui avoir donné trois autres enfants ; 3) à Yverdon, en novembre 1774, avec Jeanne Salomé Sinnet (1741-1825), dont il eut encore cinq enfants (voir Maccabez, p. 140-145 : «Descendants de F.B. de Félice» et Des nouvelles du vieux, tableau généalogique). F. a donc eu treize enfants au total, soit sept garçons et six filles.

Etabli à Berne en 1757, F. y prend le pseudonyme de Matteo Ughi. Il obtient la «naturalité» neuchâteloise le 10 décembre 1759 et la bourgeoisie de Thièle le 10 août 1760 (pour 300 £), puis celle d'Yverdon le 1er juillet 1769 (pour 2000 francs de 10 batz pièce, «outre 300 florins en place d'un fusil et gibecière»). F. est mort à Yverdon le 10 février 1789.

2. Formation

F. a fait ses humanités chez les Jésuites, au Collegio Romano de Rome, puis dans un des collèges de Brescia (1740-1743).

3. Carrière

De retour à Rome en 1743, sous-diacre le 19 septembre 1744 et diacre le 18 septembre 1745 dans l'ordre mineur des frères mineurs observants, ordonné prêtre le 18 mai 1746, F. assiste d'abord l'évêque de Rieti. Nommé professeur extraordinaire de géographie ancienne et moderne à l'Université de Naples en 1750, il y obtient en 1752 la chaire de physique expérimentale. Mais en mai 1756, il enlève Agnesa Arquato, épouse du comte Giuseppe Panzutti, et s'enfuit de Naples avec elle. Arrêté à Gênes, relégué dans un couvent toscan, il s'en échappe en avril 1757, gagne la Suisse et abjure le catholicisme à Berne le 26 juin 1757. Etabli d'abord à Berne, il participe en 1758 au lancement de la Société typographique, postule sans succès la chaire de philosophie de l'Académie de Lausanne en 1761, mais peut donner des cours à Berne. Fixé dès juillet 1762 à Yverdon, il y établit un pensionnat et y fonde une imprimerie, qui devient bientôt l'une des plus importantes de Suisse.

4. Situation de fortune

Complètement démuni lors de son arrivée en Suisse, F. put acheter successivement ; en 1766 la maison Warney de la rue du Lac, à Yverdon, qu'il avait d'abord louée pour sa famille et pour son pensionnat ; en 1772, le vaste domaine et la maison dite du Tertre à Bonvillars au-dessus d'Yverdon ; et le 13 mars 1777, pour 1500 francs, la maison de la rue du Lac où son imprimerie était installée (voir Perret, p. 100-101). Mais cette prospérité ne dura pas. En 1788, F. dut revendre son domaine de Bonvillars et sa succession en 1789 s'avéra si obérée qu'elle faillit être répudiée (id., p. 243-247).

5. Opinions

Partisan des Lumières, F. reste très attaché au christianisme dont il n'hésite pas à prendre la défense face aux philosophes.

F. est l'un des rares journalistes du XVIIIe siècle qui ait publié ses périodiques en trois langues différentes. Il a rédigé et fait paraître à Berne, de juillet 1758 a juin 1762, l'Excerptum totius Italicae nec non Helveticae Literaturae (16 vol.). Simultanément, il a publié à Berne, puis à Yverdon, de 1758 à 1766, L’Estratto délia letteratura europea (36 vol.). Enfin, il a imprimé à Yverdon en 1779, 1782 et 1783 le Tableau raisonné de l'histoire littéraire du dix-huitième siècle (36 vol. ; D.P.1 1246).

7. Publications diverses

F. est également l'auteur des ouvrages suivants : Scelta de'migliori opuscoli [...] concernenti le scienze e le arti che la vita umana interessano (Napoli, 1755). – De Newtoniana attractione (Bernae, 1757). – Lettre aux désœuvrés (Yverdon, 1766). – Essai sur la manière la plus sûre d'établir un système de polke des grains (1772). – Tableau philosophique de la religion chrétienne (Yverdon, 1779, 4 vol.). – A titre posthume, Le Développement de la raison (Yverdon, 1789, 3 vol.). – A l'usage de ses pensionnaires d'Yverdon ou d'autres étudiants, il a publié en outre les manuels suivants : Discours sur la manière de former l'esprit et le cœur des enfants (1763).

Eléments abrégés de grammaire latine (1765). – Leçons de droit de la nature et des gens (1769). – Leçons de logique (1770). – Enfin, on doit à F. quelques traductions, une édition, augmentée d'une suite inédite, des Principes du droit de la nature et des gens de Jean Jacques Burlamaqui (Yverdon, 1766-1768, 8 vol.) ainsi que de nombreux articles de l'Encyclopédie ou Dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines, qu'il dirigea et publia sur ses presses d'Yverdon de 1770 à 1780 en 58 vol. in-40.

8. Bibliographie

Q., t. V, p. 86. – Dizionario biografico degli Italiani, Roma, 1987. – Montet A. de, Dictionnaire biographique des Genevois et des Vaudois, Lausanne, 1877. – Maccabez E., F.B. de Felice, 1723-1789, et son Encyclopédie, Bâle, 1903. – Perret J.P., Les Imprimeries d'Yverdon au XVIIe et au XVIIIe siècle, Lausanne, 1945 (p. 80-247 et 388-433). – [Johnson B.P.], Des nouvelles du vieux, York, 1968. – Fortunato Bartolomeo De Felice editore illuminista (1723-1789), una mostra, éd. G. Pejrone Chiabotti, Milano, 1983 (surtout p. 37-57 : «I rapporti con l'Italia di una grande impresa editoriale svizzera»).– Cornaz H., «Fortuné Barthélémy de Felice - pas toujours conforme», Forum des écrivains, annuaire, n° 2, 1988, p. 7-12. – Pejrone G., «Fortunato Bartolomeo de Felice, éducateur, publiciste, éditeur», Annales Benjamin Constant, 14, 1993, p. 57-62.