DUCLOS

Numéro

257

Prénom

Charles

Naissance

1704

Décès

1772

1. État-civil

Charles Pinot Duclos, né le 12 février 1704 à Dinan, de Michel Duclos et Jeanne Le Bigot son épouse (Corr., p. 281), orphelin de père à deux ans (Corr., p. 287), sans autre famille proche qu'une sœur et un frère beaucoup plus âgés, resté célibataire, très attaché à sa mère morte à 102 ans en 1768, décédé à Paris le 26 mars 1772 (Corr., p. 308). A ne pas confondre avec deux homonymes dont le nom revient fréquemment, en plus du sien, dans la correspondance de Diderot, Duclos commis au bureau de l'arrivée à l'hôtel des Postes de Paris, et Duclos directeur du Vingtième pour la province de Champagne à Châlons-sur-Marne, ainsi que le chevalier Duclos et l'abbé Duclos (voir Cior 18).

2. Formation

En pension à Paris de neuf à quatorze ans. Excellent élève. Collège d'Harcourt. Etudes de droit peu assidues (Mém., p. 10-23). Membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres (1739), de l'Académie française (Ier oct. 1746 : Corr., p. 314) dont il devient secrétaire perpétuel le 15 novembre 1755. Membre de l'académie de Berlin, de la Société des antiquaires de Londres (17 nov. 1763 : Corr., p. 298), de la Royal Society de Londres (12 janv. 1764 : Corr., p. 305). Sa fonction de secrétaire perpétuel de l'Académie française est l'élément déterminant de sa biographie.

3. Carrière

Maire de Dinan (1744) et député aux Etats de Bretagne. Historiographe de France (1750 : Corr., p. 290) en remplacement de Voltaire. Chargé de rédiger l'inscription de la statue dédiée au roi par les Etats de Bretagne en 1754 (Corr., p. 293). Anobli par lettres de noblesse de mars 1755 (Corr., p. 294). «Autorisé à voyager pendant huit mois en Italie» (exil déguisé) en novembre 1766 (Corr., p. 306) au moment de l'affaire La Chalotais. Arrivé à Rome le 5 janvier 1767. Présenté au pape le 3 février. Rentre en France en juin (Voyage en Italie).

4. Situation de fortune

Fortune familiale assez considérable acquise dans le commerce, complétée par «quelques intérêts dans les armements» au temps de la prospérité de la course à Saint-Malo, puis compromise par le système Law (Mém., p. 1-13). Testament (Corr., p. 309) : rentes viagères à des serviteurs : 2000 £ ; legs : 10 000 £ à Mlle Olympe Quinault, 3000 £ aux pauvres de la paroisse (valides exclus), «douze cents livres à son curé pour s'enterrer comme il voudra», deux diamants de cent louis, l'un à d'Alembert, l'autre à Abeille, exécuteur testamentaire, quelques œuvres d'art, un buste du roi en bronze à l'Académie «et je la prie de me donner pour successeur un homme de lettres» et le surplus à M. Nouai, neveu à la mode de Bretagne.

5. Opinions

A son arrivée à Paris, D. fréquente les milieux libertins (Mém., p. 15). Il rencontre au café Procope Piron, Maurepas, Voisenon, Crébillon fils, Collé. Il fait partie de la dizaine de convives des «dîners du bout du banc» (Œuvres, p. 16) qui ont lieu deux fois par semaine alternativement chez Mlle Quinault-Dufresne retirée du théâtre et chez le comte de Caylus. Démêlés avec Fréron en 1744. Il rencontre vers 1750 Mme d'Epinay qui le chassera en 1757 de la Chevrette pour sa brusquerie. Il fait chez elle la connaissance de Rousseau qui lui dédie Le Devin du village en 1752. Correspondance suivie au ton amical avec lui, en particulier au moment où Rousseau s'enfuit de Paris en 1762. Il est mis au courant en 1765 du projet de rédaction des Confessions et Rousseau lui en confie le manuscrit en 1769. «C'est le seul ami vrai que j'aie eu parmi les gens de lettres» (Livre VII). Mais à la fin de sa vie, Rousseau croit avoir été trahi par D. Correspondance d'académiciens avec Voltaire (Corr., passim). Il appartient au petit groupe (Quesnay, Bernis, Marmontel, d'Alembert, Turgot) qui se réunit chez Quesnay dans l'appartement au-dessus de celui de Mme de Pompadour (Œuvres, p. 23). D. rédige pour Y Encyclopédie les articles «Déclamation notée» (Littérature), «Etiquette» (Histoire moderne) et «Honoraire» (Littérature). Il s'éloigne de L’Encyclopédie en même temps que Marmontel après la défection de d'Alembert en 1758. Son nom est fréquemment associé à ceux des philosophes, par exemple dans Le Neveu de Rameau parmi ceux que la «ménagerie» Bertin charge d'épithètes. Palissot fait allusion à ses ouvrages dans sa comédie Les Philosophes en 1760 (vers 556 et 1081). Mais, dans une lettre à Rousseau il est vrai, D. se prétend choqué à la fois par les philosophes et les dévots. Il est depuis sa jeunesse (1725) l'ami de La Chalotais (Mém., p. 24) et sera suffisamment impliqué dans l'affaire du Parlement de Bretagne pour quitter la France au moment du procès en 1766. Ses commentaires sur son voyage en Italie font une large place à la question des Jésuites. D. est très probablement franc-maçon.

Le Nécrologe des hommes célèbres dit de lui : « Son mérite fut véritablement distingué dans un siècle où la décadence des talents devient de jour en jour plus sensible ; mais un seul défaut qu'il n'eut pas l'attention de réprimer indisposa longtemps contre lui la plupart des gens de lettres et des gens du monde. Incapable de ménagements dans la dispute, il révoltait l'amour-propre par une franchise trop dure, plus jaloux en apparence de subjuguer les esprits que de se concilier leur bienveillance» (p. 45).

6. Activités journalistiques

Deux « relations » à la facture très actuelle de reportages : Relation de la fête donnée par M. le duc de Rohan le 18 novembre 1744, pendant l'assemblée des Etats de la ville de Rennes, à l'occasion du rétablissement de la santé du Roi, s.l., 1744. – Relation de la fête donnée à Rennes par les Etats de Bretagne le 10 novembre 1754, jour de la dédicace de la statue du Roi, Rennes, 1754.

Dans Le Mercure, février 1755, p. 54-68, Considérations sur la reconnaissance et l'ingratitude. Réponse de Quotin (Corr. P- 57).

7. Publications diverses

Romans : Histoire de Mme de Lui (1741 ). – Les Confessions du Comte de *** (1742). – Acajou et Zirphile, conte (1744).

Histoire : Histoire de Louis XI (1745) interdit, mais seconde édition en 1750 sous la fausse indication de La Haye. – Mémoires secrets des règnes de Louis XIV et Louis XV (publiés en 1791).

Morale : Considérations sur les mœurs de ce siècle (1751).

Grammaire : Remarques sur la Grammaire raisonnée dite de Port-Royal (1754).

Essais : Sur les Ponts et Chaussées, la voirie et les corvées (1759). – Sur l'origine et les révolutions des langues celtique et française. – Sur les épreuves par le duel et par les éléments communément appelées jugement de Dieu par nos anciens Français. – De l'origine des noms de M. le Prince, M. le Duc, Monseigneur, Mademoiselle, Madame, Monsieur, etc. – Des bâtards de la Maison de France.

Autobiographie : Mémoires sur sa vie (inachevé : le récit s'arrête à 1726 environ). – Voyage en Italie.

8. Bibliographie

(Corr.) D., Correspondance, éd. J. Brengues, Saint-Brieuc, P.U. de Bretagne, 1970. – (Mém.) Mémoires sur la vie de Duclos, écrits par lui-même dans Mémoires biographiques et littéraires par M. de Lescure, Paris, Didot, 1881. – (Œuvres) Œuvres de Duclos, éd. L. Clément de Ris, précédées d'une étude sur sa vie et ses œuvres, Paris, Didier, 1855. – Discours de réception à l'Académie française de D. (26 janv. 1747) et de Beauzée élu au fauteuil de D. (6 juil. 1772). Recueil des Harangues, t. VI, p. 53, et t. VII, p. 282. – Nécrologe, 1773. – Brengues J., Charles Duclos ou l'obsession de la vertu, thèse, U. de Saint-Brieuc, 19 71.