DOMERGUE

Numéro

242

Prénom

François

Naissance

1745

Décès

1810

1. État-civil

François Urbain Domergue est né le 23 mars 1745 à Aubagne. Il y a été baptisé le 25 mars, son parrain étant Urbain Long et sa marraine Marie Magdeleine Blin (A.D. Marseille). Petit-fils de notaire (B2, p. 1), il est le fils aîné de Louis André Domergue, 2e consul en 1739, pharmacien, mort en 1789, et de Anne Marguerite Elisabeth Blin. «La famille Domergue établie à Aubagne depuis le commencement du XVIe siècle, a fourni des apothicaires à cette ville pendant plus de 200 ans», le dernier à exercer cette profession étant le père de D. (LB. t. II, p. 319). Un frère cadet de D., Jean Baptiste, est maire d'Aubagne pendant la Terreur (Grimaud, p. 69-86). C'est à la fille unique de celui-ci, sa nièce, que D. léguera par testament sa «portion dans l'héritage paternel et maternel» (Rouen, ms. g 21, s. 76, pièces 4 et 5). D. se marie à Lyon «en 1778 avec une demoiselle Caussade fille d'un maître en chirurgie (Reg. Martinot) » (LB, t. II, p. 320). Il s'agit probablement d'une institutrice (D, p. 9-10), «morte peu d'années après son mariage» (B2, p. 9). Une charade de Mme Domergue dans le Journal de la langue françoise (J.L.F.) du 15 novembre 1784, et des annonces de cours de langue française par Mme Domergue dans ce même journal (15 août 1786 –1er janv. 1787, couverture p. 2) sont les seuls renseignements connus sur elle. A Paris, de 1793 ou 1794 jusqu'à son décès, D. vit avec Mme Moreau qu'il mentionne dans son testament (Rouen, ms. g. 21, s. 76, pièces 4 et 5). A l'âge d'environ quarante-cinq ans, elle mit fin elle-même à ses jours après la mort de son compagnon dont elle avait fait connaissance à vingt-cinq ans (Bi, p. 13, n. 2 ; B2, p. 21-22). D. est mort à Paris le 29 mai 1810.

2. Formation

D. commence ses études à l'institution Lautard qui, «par tradition, formait les enfants des familles bourgeoises d'Aubagne» (Grimaud, p. 59), et les poursuit au collège de l'Oratoire à Marseille. Il étudie le droit à l'Université d'Aix où il obtient le diplôme de licencié (BD, p. 21-22). D. est membre d'une « Société de gens de lettres, d'artistes et d'amis », à Lyon, et cosignataire d'un règlement de cette Société, composé vers 1780 et signé par «Reynard, Jullien, Domergue, Tissier, Andrieu, Chassaignon, Servier» (V, p. 317-320). Le 2 février 1782, il est admis membre titulaire dans la « Société littéraire de Lyon». Il participe aux séances de 1782, 1783, probablement à celles de 1784 dont les procès-verbaux ne sont pas connus, et aux dernières de 1785. Il assure les fonctions de secrétaire en juin 1782, avril et septembre 1783 (Charvet, p. 87-89, 130-132). A Paris, D. fonde et préside la «Société des amateurs de la langue françoise» dont l'ouverture a lieu le 31 octobre 1791. Le principal objectif de cette Société « consacrée à la régénération de la langue » est la composition d'un «dictionnaire vraiment philosophique de notre idiome» (Prospectus). Sont publiés dans le J.L.F. des comptes rendus de séances et les noms de 150 souscripteurs dont F. de Baculard d'Arnaud, P. Bertholon, J.P. Brissot, J.L. Carra, J.A.N. de Caritat marquis de Condorcet, M.J. Chénier, P.F.N. Fabre d'Eglantine, L.S. Mercier, C. Palissot, C. de Pougens, Robespierre, Roucher, Sicard - liste non close actuellement dont la majeure partie se trouve sur les pages de couverture. Les activités de cette Société ont vraisemblablement cessé entre la fin du mois de mars 1792 et le début du mois de mars 1794, où D. est sur le point de la rétablir (BD, p. 104-111). En floréal an II (1794), D. fonde avec Bertholon la «Société libre des amateurs de la langue française». Il crée aussi «une Petite Société des amateurs de la langue française». Celle-ci, «composée de jeunes personnes, de l'un et de l'autre sexe, traitera la grammaire et la langue d'une manière élémentaire. Elle s'occupera à l'analyse grammaticale, à la classification, à la syntaxe, à la prononciation, à l'orthographe et à la versification» (Prospectus, A.N., AA44 1327 ; BD, p. iii-i 12). En 1796 ou 1797, D. établit «avec M. Dupont de Nemours, et d'autres savants, un conseil ou jury grammatical» (Bi, p. 9-10 ; P.F., an V, p. 547-548) dont les décisions paraissent dans un ouvrage de D., imprimé en 1807 et daté de 1808 (B2, p. 16, n. 1) : Solutions grammaticales - titre identique à celui de la première partie du J.L.F. de 1795. Dans les premières pages de ce « Recueil qui contient les décisions du conseil grammatical, et avec des améliorations considérables, les principaux articles du Journal de la langue françoise», une «Note sur le Conseil grammatical, et sur les volumes qu'il publie» explique comment «Au journal de la langue françoise a succédé le conseil grammatical. Ces deux établissements, fondés et dirigés par M. Domergue, ne diffèrent que par la forme. Le but de l'un et de l'autre est le même, le perfectionnement de la science des idées et de la science des signes. Le conseil est le journal dégagé de la contrainte périodique et des inconvénients qu'elle entraîne. Il répond à toutes les questions qui lui sont proposées : Sur la langue, Sur la grammaire, Sur l'idéologie, Sur l'art du poète et de l'orateur, Sur l'enseignement» (p. III-IV). Il prétend suppléer au manque de la «nouvelle Académie française», qui «s'est imposé par la loi de ne répondre à aucune question grammaticale». Il a bénéficié, semble-t-il, d'une certaine audience : l'«on y avait recours de tous les départe-mens de la France, et même des pays étrangers [...]. L'Académie a presque toujours confirmé ses décisions» (SA1, p. 15). A ce Conseil se substitue 1'«Académie grammaticale», instituée le 25 octobre 1807 par D., «chez lui, rue des Fossés-saint-Germain l'Auxerrois, n° 14». Elle a pour devise : «Rien n'est bon que le vrai», et se compose «d'une vingtaine de membres, la plupart professeurs et maîtres de pension, tels que Berger, Boniface, Cros, Lemare, Pastelot, Perrier, Ramon, Vanier, etc.» (B2, p. 11-12). Son but est de «travailler au perfectionnement de la science des idées et de la science des mots, depuis les premiers éléments jusqu'aux théories transcendantes [...]. Les séances ont lieu tous les dimanches, depuis une heure précise jusqu'à trois. Elles sont uniquement consacrées à résoudre des questions de lexique, de grammaire et de goût» (Prospectus). L'Académie procède aussi à «l'examen grammatical des œuvres de Boileau, en commençant par les Satires» et se propose de composer un «Vocabulaire des noms propres d'hommes, de sectes, de peuples et de lieux célèbres, [...] ouvrage considéré comme un supplément nécessaire du Dictionnaire de l'Académie». Les procès-verbaux des séances « étaient destinés à être publiés sous le titre de Solutions de l'Académie grammaticale» (B2, p. 11-12). Il y a eu 83 séances, jusqu'au 18 juin 1809, date à laquelle le premier secrétaire, A.G. Ballin, a cessé ses fonctions reprises par A. Boniface avant la dissolution de l'Académie (B2, p. 11, n. 1). Ballin a laissé à la B.M. de Rouen trois registres des procès-verbaux de 1807-1809 avec prospectus (ms. m. 17, s- 71_73). Une liste de présence aux séances de 1808 suivie d'une liste de questions à proposer (ms. m. 18, s. 75) et le brouillon du Commentaire sur les douze Satires de Boileau -presque entièrement de la main de D. (ms., p. 19, s. 74). D. est élu membre de la classe de Littérature et des Beaux-Arts, section de Grammaire, à l'Institut, le 14 décembre 1795 (WB2, p. 376). Avec Naigeon, Bossut, Dacier, Lacépède et Andrieux, il fait partie de la Commission qui est nommée pour étudier la continuation du Dictionnaire de la langue française et qui présente son rapport à l'Institut le 5 floréal an IX (H.L.F., t. X, p. 668-670). Il devient membre de la deuxième classe ou classe de la Langue et de la Littérature françaises, lorsque l'organisation de l'Institut est remaniée par suite de l'arrêté consulaire du 3 pluviôse an XI (D, p. 27). Vers 1807 avec Morellet et Suard, il commence à préparer une nouvelle édition du Dictionnaire (H.L.F., t. XII, p. 556).

3. Carrière

«Ses sentiments religieux et le goût du professorat» font entrer D. «à 19 ans, dans la Congrégation des Pères de la doctrine chrétienne» (LB, t. II, p. 320) ou Doctrinaires. Il enseigne dans plusieurs de leurs collèges et les quitte vers 1773» puis il va s'établir à Lyon (D, p. 8-9). Il est «chargé d'une éducation particulière chez M. de Belle-Cise, prévôt des marchands à Lyon, où il fit la connaissance de M. Laurencin, homme de lettres très considéré dans cette ville, qui conçut dès lors pour M. Domergue une amitié dont il n'a cessé de lui donner des preuves jusqu'au dernier moment de sa vie» (SA2, t. I, p. 67). C'est l'un des 50 instituteurs de la ville. Vers 1776, il dirige une pension académique avec Noël (BD, p. 28-30). Au début de 1782, il fonde avec un certain nombre de ses collègues un établissement d'enseignement «Le Lycée », place des Terreaux, auquel il associe un autre instituteur lyonnais, Gabriel, au milieu de 1785 (J.L.F., n° 22, 15 juil. 1785, couverture p. 3-4). D. se rend à Paris probablement en 1789 ou 1790 (D, p. 15). Avant octobre 1791, il effectue un séjour (date et durée inconnues) à Genève {J.L.F., n° 1, 1er oct. 1791, p. 8). En 1791, il est «Professeur au Lycée» à Paris (J.L.F., n° 3, 16 avril 1791, couverture p. 1). A l'invitation de «plusieurs membres du corps législatif», il travaille à «un plan de réforme de l'académie françoise» (J.L.F., n° 4, 23 avril 1791, p. 123). En octobre 1792, le Bureau d'administration des collèges de Lyon choisit D. pour occuper la chaire de Belles-Lettres au Grand Collège de cette ville, dit Collège de la Trinité (Lyon, ms. 1051). En fait, D. ne s'est pas rendu à Lyon (G, t. III, p. 560). Il a été retenu à Paris par le Comité d'instruction publique qui le nomme commis au Bureau de la bibliographie générale le 22 octobre 1792, puis chef de ce Bureau, le 2 novembre 1792 (WB2, p. 373 ; BD, p. 74-81). Ledit Bureau devait effectuer l'inventaire des bibliothèques et des « biens déclarés à la disposition de la nation » [biens de l'Eglise étatisée et des nobles émigrés], établir des catalogues et redistribuer les ouvrages en double sur les nouvelles bibliothèques à créer. En 1793, D. occupe un poste de «Secrétaire de la Commission nationale auprès de l'Armée des côtes de Cherbourg». Lorsque, conformément au décret du 13 juin 1793, le Comité d'instruction publique forme «une liste de vingt-quatre gens de lettres pour être présentée à la Convention nationale à l'effet de juger et de déterminer les ouvrages élémentaires qui seront adoptés sur les différents objets de l'instruction publique», D. est inscrit dans la «Deuxième section» de ladite liste (G, t. II, p. 216) mais en disparaît avant janvier 1794. Le 23 juillet 1793, D. propose au Comité d'instruction publique, qui adopte sa proposition, de placer au Louvre le Bureau de la bibliographie générale et le Bureau du Dictionnaire des Municipalités, qui devaient s'installer à la Bibliothèque nationale par décret du 28 juin 1793 de la Convention nationale (G, t. II, p. 136). Il figure également sur la «Liste des commissaires chargés de faire l'inventaire des objets nationaux utiles à l'instruction publique » et répartis en douze sections. Avec Dorat-Cubières et Ameilhon, il est affecté à la section des « Dépôts littéraires » (G, t. II, p. 509-510). Les commissaires, au nombre de 36, sont désignés par le ministre de l'Intérieur, Paré, «à la requête de la Commission conventionnelle (David, Romme, Haussman et Dyzez) nommée par le décret du 15 août » et forment la «Commission des arts». Cette dernière doit seconder les quatre membres de la Convention chargés «de s'assurer de l'exécution du décret du 12 août pour l'apposition des scellés sur tous les dépôts et les caisses des Académies de Paris ; et, en outre, de faire inventorier tous les effets formant ces dépôts, de prendre les mesures nécessaires pour en assurer la conservation» (G, t. II, p. 490, n. 3). Mais, lorsque le 28 frimaire an II - 18 décembre 1793 la Convention nationale décide de réorganiser la Commission des arts sous l'intitulé de Commission temporaire des arts, D. et Cubières n'en font pas partie. D. présente au Comité d'instruction publique le 7 vendémiaire an II - 28 septembre 1793 le projet, approuvé par Grégoire (G, t. II, p. 571), du grammairien Antoine Maugard d'établir une école spécialisée dans l'enseignement et les recherches relatifs à l'ancien français et à l'histoire de la langue française. Le 23 vendémiaire an II - 14 octobre 1793, le Comité d'instruction publique demande à D. de procéder à «l'examen d'une méthode pour apprendre la langue latine proposée par le citoyen Garnier, professeur au Collège de Strasbourg» (G, t. II, p. 623). Le 9 brumaire an II - 30 octobre 1793, le Comité d'instruction publique charge D. de présenter un rapport sur la bibliographie (G, t. III, p. 793, 795-799) qu'il lit le 21 brumaire - 11 novembre, rapport qui inspirera celui de Grégoire lu à la Convention nationale le 22 germinal an II - 11 avril 1794 (G, t. IV, p. 120-129). Le 21 pluviôse an II - 9 février 1794, «le Comité de salut public fait passer au Comité un projet d'adresse aux communes et aux sociétés populaires de la République, par Urbain Domergue, sur la langue française. Renvoyé à Grégoire». Ce projet semble avoir inspiré les rapports de Barère du 8 pluviôse - 24 janvier et de Grégoire du 9 prairial - 28 mai (G, t. III, p. 440, 444-448). En vertu d'un arrêté du Comité d'instruction publique pris le 17 ventôse an II - 7 mars 1794, D. «quittera sa place de premier commis à la bibliographie», peut-être en raison de « dissentiments entre lui et les commissaires de la section de bibliographie au sujet du plan à suivre». Il est remplacé par Bardel. Il demande à poursuivre sa collaboration aux travaux de la section de bibliographie et y sera autorisé par le Comité d'instruction publique le 27 ventôse - 17 mars (G, t. III, P- 553« 559-561, 587). D. enseigne à Paris. Le 18 ventôse an II - 8 mars 1794, il est nommé professeur par la Commission d'instruction publique du département de Paris à l'Institut de l'Egalité, l'actuel lycée Louis-Le Grand (G, t. IV, p. 632). «Lorsque la loi du 3 brumaire an IV ou 25 octobre 1795 eut réglé la réorganisation des écoles publiques et de l'Institut, il fut nommé professeur de grammaire générale à l'Ecole centrale des Quatre-Nations, et ensuite professeur d'humanités au Lycée Charlemagne» (B2, p. 11). Il fait partie du Conseil d'Instruction publique, «organe consultatif ou prédominaient les Idéologues», créé en 1798 par le ministre de l'Intérieur, François de Neufchâteau. «Chargé de faire le bilan de l'enseignement dispensé dans les écoles centrales, le Conseil en rendit compte dans un rapport daté du 17 pluviôse de l'an VIII [6 févr. 1800]» (WB2, p. 376). En l'an VIII (1800), D. se fait remplacer pendant huit mois par le citoyen Brun dans ses fonctions d'enseignant, en raison d'une «longue maladie» (A.N., F17 1344, 28). Le 22 floréal an XI -12 mai 1803 dans une lettre adressée à E. Méjen, secrétaire général de la préfecture de la Seine, D. sollicite sa mise à la retraite comme professeur (A.A.F.). Il continue à enseigner jusqu'en 1805, année où il adresse une lettre à Napoléon pour solliciter « la place de conservateur à la bibliothèque du Panthéon [l'actuelle bibliothèque Sainte-Geneviève], vacante par la mort de M. Vialon». Le 21 janvier 1808, D. adresse une lettre à E. Crétet, ministre de l'Intérieur, pour lui demander une place de bibliothécaire à la Mazarine (BD, p. 130-132).

Quelques adresses de D. : à Aubagne : 17 place des Quinze, ancienne place Dauphine (D, p. 7, n. 4) ; à Lyon : en 1778, Place de la Comédie (D, p. 34), en 1786-1787, maison Auriol (D, p. 10, 38) ; à Paris : en janvier 1791, Musée national, rue Dauphine (D, p. 15-16), en mai 1791, rue de Condé, Faubourg Saint-Germain, maison du café du Rendez-vous, au premier étage (D, p. 16-17), en décembre 1791, rue Saint-Thomas-du-Louvre, maison d'Orléans (D, p. 17), en 1794, rue des Fossés-Montmartre n° 7, «au premier étage» (BD, p. 69), en janvier 1795, au Louvre, pavillon des Archives, du côté du jardin de l'Infante, où D. est logé gratuitement (D, p. 23), en 1796 ou 1797-1809 ou 1810, rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois, hôtel de Lisieux (D, p. 25-26, 28, 30), en 1798 ou 1799-1800, au Palais national des Sciences et des Arts (D, p. 47), c'est-à-dire dans le bâtiment de l'Institut national (BD, p. 69-70), en 1805-1808, rue des Fossés-Saint-Germain l'Auxerrois n° 14, «Hôtel de Lisieux», en face de l'église Saint-Germain l'Auxerrois et tout près de la Place du Louvre (BD, p. 70). Fin 1809 ou début 1810, D. demeure «près du Val-de-Grâce, peut-être pour se rapprocher de M. Barbier, son médecin, chirurgien en chef de cet hôpital» (Rouen, ms. g. 21, s. 76, pièce 4).

4. Situation de fortune

Lorsque D. entre chez les Doctrinaires, « son père lui donne à titre clérical, le 28 août 1764, une pension annuelle et viagère de 100 £, assignées sur les revenus d'une terre, au quartier de Canedel, estimée à 12 000 £» (LB, t. II, p. 320). D. possédait-il une maison «à St. Cyr au Mont-d'Or» comme semble l'indiquer l'annonce de son journal concernant une «Pension académique, Dirigée par M. Bénèche, gradué», dans cette maison, à une lieue de Lyon? (J.L.F., n° 5, 15 mars 1787, couverture p. 3-4). D. perçoit des honoraires pour sa charge de premier commis à la bibliographie du 22 octobre 1792 au 17 ventôse an II - 7 mars 1794 (G, t. III, p. 564). Le Comité d'instruction publique fixe un nouveau salaire pour le chef du Bureau de la bibliographie le 28 février 1793 : D. recevra un traitement mensuel de 150 £ (G, t. I, p. 368). D. donne des cours de langue française (D, p. 13, 16-18, 23-24 ; BD, p. 31, 71-73) : à Lyon, en 1785, 24 £ par mois pour les nationaux, 36 £ pour les étrangers ; à Paris, en 1791, 24 £ pour un mois, 60 £ pour trois, 96 £ pour six et 144 £ pour un an ; à partir du Ier janvier 1792, 50 £ pour les hommes, 30 £ pour les femmes, par trimestre ; à partir du 5 floréal an III - 24 avril 1795, pas d'indication de prix, certains cours sont gratuits. D. fait partie des citoyens dont l'état est présenté à la Convention nationale par le Comité d'instruction publique, pour recevoir une somme de 2000 £ sur celle de 300 000 à répartir, par décret du 27 vendémiaire an III - 18 octobre 1794, entre les gens de lettres et les artistes dans le besoin {Le Moniteur universel). Dans une lettre du 2 nivôse an IV - 23 décembre 1795 au ministre de l'Intérieur Bénézech, D. réclame son traitement impayé de professeur de grammaire générale aux Ecoles centrales de Paris. Il en est de même pour nombre de professeurs. Le traitement annuel d'un professeur s'élève à 5000 francs à Paris ; en germinal an IV - mars-avril 1796, il ne sera plus que de 2500 (BD, p. 128-129). Vers 1805, D. est victime d'une banqueroute qui lui enlève «dix mille francs» de revenu nécessaires à sa subsistance (WB2, p. 377). En 1807 le nom de D. «de l'Institut (Grammairien qui n'a d'autres ressources que son traitement de l'Institut, tout autre lui serait mieux acquis) » figure sur une « Liste de gens de lettres, artistes, etc., dont la situation est peu heureuse» (A.N., F1? 1021A).

Testament de D. : outre des legs à sa nièce et à Mme Moreau, D. fait un don d'environ 200 francs de rente à la municipalité d'Aubagne aux fins de décerner trois prix de grammaire à des jeunes gens ou jeunes filles de cette ville, tous les ans, le 24 [sic] mars, jour anniversaire de sa naissance (D, p. 29-30).

5. Opinions

Correspondance ; pendant dix ans entre D. et C. Couret (1781-1861), notaire à Aubagne (Couret, p. 120) ; catalogue Charavay, références : 56 : lettre à M. Lavallée, s.d. ; 77 ; lettre à Monseigneur s.d. ; 255 : lettre à Méjen du 22 floréal an IX - 12 mai 1803 (A.A.F.) ; lettre à Fabre d'Eglantine, 1792 ; lettre écrite à Bayeux, 29 mai 1793 ; lettre au Comité d'instruction publique, 21 ventôse an II - 11 mars 1794 ; recommandation pour le citoyen Vouty 29 germinal an II - 18 avril 1794 (A.N., AA44 1329) ; note en marge d'une lettre de Bertholon au Comité de salut public, 2 floréal an II - 21 avril 1794 (A.N., AA44 1327) ; lettre au Comité de salut public, 24 floréal an II - 13 mai 1794 (A.N., F17 1326, di4, 318) ; lettres à l'abbé Grégoire du 25 prairial an II - 13 juin 1794, 5 et 29 vendémiaire an III - 26 sept, et 20 oct. 1794 (Gazier, p. 321-323) ; lettre à Payan Du Moulin, membre de la Commission d'instruction publique, 29 messidor an II -17 juil. 1794 ; lettre au Comité d'instruction publique, 14 floréal an III - 3 mai 1795 ; recommandation pour la citoyenne Lemoigne, 28 brumaire an VII - 18 nov. 1798 ; lettre à Gefroy, secrétaire général du ministre de l'Intérieur, 23 ventôse an VIII ou suiv. - 14 mars 1800 ou suiv. (Durry, P- 75-76) ; lettre de D. «A son altesse impériale le Prince Louis Bonaparte à Paris», 2 messidor an XII - 21 juin 1804 (A.A.F.) ; lettre de D. à «Sa Majesté l'Empereur et Roi», 4 vendémiaire an XIV - 26 sept. 1805 (WB2, p. 377) ; lettre à Crétet, 21 janv. 1808 (BD, p. 213-226).

6. Activités journalistiques

Feuille littéraire de Lyon, dédiée à Monseigneur le duc de Villeroy, imprimée par Louis Buisson, imprimeur-libraire, rue Noire, 15 mai 1773 - 30 avril 1774, bimensuel, 16 p. in-8° (D.P.1 466).

Journal de la langue françoise (D.P. 1 658) :

Journal de la langue françoise, soit exacte, soit ornée, Lyon, Domergue, auteur du Journal, Ier sept. 1784 - [15 mai 1788], 80 numéros.

Journal de la langue françoise, par M. Domergue, Ier janv. 1791 - 24 mars 1792. Précis des opérations de l'Assemblée nationale, par M. Sabarot. Décisions révisées du journal de la langue françoise depuis le 1er septembre 1784, époque de son établissement, jusqu'au 1er octobre 1791, par Urbain Domergue, Paris, Knapen fils (puis l'Auteur), 65 numéros.

Journal de la langue françoise, Sous le double rapport de la Correction et du Goût, par Urbain Domergue. A Paris, chez l'auteur, au Louvre, pavillon des Archives, du côté du jardin de l'Infante ; Toussaint Domergue, imprimeur, rue Martin, n° 53, Ier pluviôse, l'an 3 de la République françoise, 20 janvier 1795, vieux style - [20 thermidor an III - 7 août !795L 21 numéros.

Le J.L.F. est le premier d'une série de journaux grammaticaux qui paraissent pendant la première moitié du XIXe siècle.

Journal général du soir, de politique et de littérature, rédigé par Claude François Beaulieu, Urbain Domergue, et autres gens de lettres, Paris, Petit le jeune, imprimeur-libraire, aux Jacobins Saint-Honoré, octobre 1791-?, Collaboration de D. pour la partie littéraire (WB1, p. 14-15 ; D, p. 41-42).

7. Publications diverses

Rapport fait au Comité d'instruction publique sur la Bibliographie générale par Urbain Domergue, chef du Bureau dela Bibliographie, ms., [1793], 1-12 p. (A.N., FI7A 1079). Adresse aux Communes et Sociétés populaires de la République, par Urbain Domergue, 1794, ms. 2-12 p. (A.N., F17 1009 A). Cette Adresse est publiée dans les Affiches de la Commune de Paris, n° 216, 23 pluviôse an II (11 févr. 1794), p. 1-4. Commentaire grammatical sur Boileau, ms., s.d. [1808-1809], 208 p. – Eléazar, poème, 1771, in-8°. – Grammaire françoise simplifiée, à Lyon, l'auteur, 1778, avec approbation et privilège du Roi, VIII-280-VII p. in-12. – Grammaire françoise simplifiée, nouv. éd., Paris, Durand neveu et Lyon, J.S. Grabit, 1782, avec approbation et privilège du Roi, XIJ-324 p. in-12. – Grammaire françoise simplifiée, avec des améliorations, 3e éd., [1788 ?]. – Grammaire françoise simplifiée, élémentaire, 4e éd., à Paris, Guillaume, 1791, l'an III, 196-8 p. in-12. – Société des amateurs de la langue françoise, Prospectus d'Urbain Domergue, [Paris], l'auteur, s.d. [1791 ?], 4 p. in-8°. – Hymne des Francs du Nord, s.l.n.d. [1793 ?], 4 p. in-8°. – Société libre des amateurs de la langue françoise, Prospectus, chez Urbain Domergue, s.d. [1794], 2 p. (A.N., AA44 1327). – «Journal de la langue françoise, sous le double rapport de la correction et du goût, par Urbain Domergue et François Thurot. Prospectus d'Urbain Domergue», Magasin encyclopédique ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 1795, t. V, p. 424-430. – «Confession de André Morellet, publiée par Urbain Domergue», Magasin encyclopédique, 1795, t. VI, p. 221-230. – (P.F.) La Prononciation françoise, déterminée par des signes invariables, Paris, l'auteur, l'an V, 312 p. in-8°. – Mémoire sur la proposition grammaticale, dans Mémoires de l'Institut national des sciences et arts, pour l'an IV de la République, Littérature et beaux-arts, vol. I, Paris, thermidor an VI, p. 84-169. – Le Mémorial du jeune orthographiste, Paris, l'auteur, an VI, 32 p. – Grammaire générale analytique, Paris, Charles Houel, an VII, 104 p. in-8°. – «Urbain Domergue, membre de l'Institut national à son collègue Pierre-Louis Roederer», Décade philosophique, 10 prairial an VII [29 mai 1799], t. XXI, n° 25, p. 406-413. – Institut national, Funérailles du citoyen Dewailly [discours de D.], [Paris], Baudouin, [1801], 3 p. in-40. – Rapport fait à l'Institut national sur une nouvelle encyclopédie [de Barletti -Saint-Paul] destinée aux instituteurs et aux élèves des écoles primaires et secondaires [Signé : Domergue, Villar et Sicard], Meaux, Dubois, an X, III-31 p. in-40. – Manuel des étrangers amateurs de la langue françoise, Paris, à la librairie économique, chez l'auteur, 1805, 548 p. in-8°. – La Prononciation françoise, [...] Manuel indispensable pour les Etrangers, 2e éd., Paris, à la librairie économique, 1806, 548 p. in-8°. – Solutions grammaticales, Paris, l'auteur, et à la librairie économique, 1808, VIII-524 p. in-8°. – Exercices orthographiques, nouv. éd. augm., Paris, à la librairie économique, 1810, 238 p. in-12.

8. Bibliographie

B.Un. ; B.H.C. – Le Moniteur universel, n° 106, Sextidi 16 nivôse an III, t. XXIII, p. 127-128 ; n° 107, Septidi 17 nivôse an III, t. XXIII, p. 130-131. – B.M. Lyon, Fonds ancien, n° 11836 du Catalogue Coste, 1051. Arrêté de la Municipalité sur le choix des professeurs du Grand Collège, 13 octobre 1792, ms. in-folio, 2 f°. – Marseille, A.C. d'Aubagne déposées aux A.D. Bouches-du-Rhône, 135E, GG6, f° 8 r°. Acte de baptême (A.D. Marseille). – (A.A.F.) Paris. Archives de l'Académie française, dossier Domergue, 1 G 23. – B.M. Rouen, Domergue François-Urbain, papiers, ms., m 17 (s. 71-73), m 18 (s. 75), p. 19 (s. 74), g 21 (s. 76). – Auroux S., Dougnac F. et Horde T., «Les premiers périodiques linguistiques français (1784-1840)», Histoire épistémologie langage, 1982, t. IV, fasc. I, p. 117-132. – (Bi) Ballin A.G., «Notice sur Domergue», dans Manuel des amateurs de la langue française, par A. Boniface, 2e éd., Paris, Pillet Aîné, 1825. – (B2) Ballin A.G., Notices sur les grammairiens Domergue, Boniface et Chapsal, Rouen, Impr. de H. Boissel, 1865. – (LB) Barthélémy L., Histoire d'Aubagne, chef-lieu de baronnie, depuis son origine jusqu'en 1789, Marseille, de Barlatier et Berthelet, 1889. – (H.L.F.) Brunot F. (éd.), Histoire de la langue française des origines à nos jours, Paris, Armand Colin, 1968. – (WB1) Busse W., François-Urbain Domergue (1745-1810) : die Rolle Domergues in der externen Geschichte der französischen Sprache, thèse dact., Stuttgart, 1981. – (WB2) Busse W., «Domergue grammairien patriote», Logos semantikos : studia linguistica in honorem Eugenio Coseriu 1921-1981, Madrid, Berlin, 1981, p. 371-384. – (BD) Busse W. et Dougnac F., François-Urbain Domergue : le grammairien patriote. (1743-1810), Tùbingen, Gunter Narr, 1992. – Charvet E.L.G., La Société littéraire de Lyon au XVIIIe siècle, Lyon, Mougin-Rusand, 1879. – Couret C, Histoire d'Aubagne, Aubagne, M. Baubet, 1860. – (D) Dougnac F., F. 17. Domergue, le Journal de la langue françoise et la néologie lexicale (1784-1795), thèse, U. de Paris III, 1981. – Durry M.J., Autographes de Mariemont, 2e part., 1.1, Paris, T959- – Gazier A., Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, Paris, 1880, Genève, 1969. – Grimaud L., Histoires d'Aubagne, Aubagne, Lartigot, 1973. – (G) Guillaume J. (éd.), Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale, Paris, 1890-1907. – Martin A. et Walter G., Catalogue de l'histoire de la Révolution française, t. V, Paris, B.N., 1943. – (SAi) Saint-Ange A.F.F. de, Discours prononcés dans la séance publique tenue par la classe de la langue et de la littérature françaises de l'Institut de France, le 5 septembre 1810 pour la réception de M. de Saint-Ange, Paris, 1810.(SA2) Id., Œuvres de Saint-Ange, nouv. éd., Paris, L.G. Michaud, 1823, t. I. – Société des amateurs de la langue françoise. Prospectus d'Urbain Domergue, l'auteur, s.l.n.d.Trénard L., Lyon, de l'Encyclopédie au préromantisme, Paris, P.U.F., 1958. – (V) Vingtrinier M.E.A., «Règlement pour une Société de gens de lettres, d'artistes et d'amis», Revue du Lyonnais, 2e série, t. XII, 1850, p. 317-320. – Id., Histoire des journaux de Lyon, depuis leur origine jusqu'à nos jours, Lyon, A. Brun, 1852. Ie part. : de 1677 à 1814.