DES VIGNOLES

Numéro

238

Prénom

Alphonse

Naissance

1649

Décès

1744

1. État-civil

Alphonse Des Vignoles est né le 19 octobre 1649 au château d'Aubaïs, dans le bas-Languedoc, de Jacques Des Vignoles, sieur de Prades, et de Louise de Baschi d'Aubaïs. Son père était le seul descendant de la branche aînée des Vignolles, famille noble du Languedoc, connue depuis Charles VII ; né en 1609, mort le 22 août 1686, il avait eu de Louise d'Aubraïs, fille du baron de Baschi, seize enfants dont neuf lui survécurent : Louis (1640-?) qui fut officier, Françoise (1643-1700), Charles (1645-1721), Alphonse (1649-1744), Marguerite (1652-1730), Louise (1653-1720), Edouard (1655-1680) qui fut avocat, Louis (1656-1687) et Madeleine (1661-1727). Tous émigrèrent lors de la Révocation. D. épousa en 1683 la fille aînée de Jean Bernard, pasteur à Manosque de 1644 à 1685, réfugié ensuite à Berlin puis en Hollande. De ce mariage, il eut six enfants, morts en bas âge ; sa femme mourut en couches en mai 1694 (Formey, p. 10) ; D. resta veuf et mourut à Berlin le 24 juillet 1744, à l'âge de 94 ans (Chauffepié). On trouvera dans Haag la généalogie des Vignolles.

2. Formation

Le père de D. fut le premier protestant de sa famille ; tous ses enfants furent élevés dans la religion réformée. D. eut d'abord, pendant quelques mois, un précepteur écossais, Jean Du Moulin, puis étudia à l'école protestante de Nîmes. En 1669, il se rend à Genève, commence des études de théologie (Formey), mais ne les achève pas et se voit rappeler par ses parents (Haag). Il est d'abord confié au pasteur Jean Bruguier (Haag), puis envoyé à l'Académie de Saumur où il a pour maîtres Tanneguy Le Fèvre et Etienne Gaussen (Formey, p. 2). En 1673, il va à Paris puis en Angleterre et rencontre à Oxford Fel et Compton (ibid.). En 1675, il est agréé par le synode du bas-Languedoc comme pasteur d'Aubaïs, quoiqu'il n'ait pas sa licence de théologie ; il est ensuite nommé au Cailar où il commence à travailler à la chronologie de l'Ecriture Sainte (ibid.). En 1683, il est compromis dans l'affaire Brousson, condamné à 300 £ d'amende et interdit de prêche pour six ans (Haag). En 1685, directement menacé, il gagne Genève, puis Berne et Berlin (Chauffepié). Il est d'abord pasteur de Schwedt d'où l'éloignent des conflits locaux, puis en 16 8 8, à Halle, où il demeure un an, et enfin à Brandebourg où il peut reprendre ses études. C'est alors qu'il rédige la 4e partie de l'Histoire de la papesse Jeanne de J. Lenfant et entreprend une histoire du Brandebourg qui ne sera pas publiée. Lors de la fondation de la Société Royale de Prusse en 1701, il est agrégé à la Société. Sur l'intervention de Leibniz, il obtient en 1703 d'être nommé à Berlin (Chauffepié). Il s'installe près de l'Observatoire où il demeurera pendant 40 ans. De 1713a 1720, il prêche en outre à Copenick, une fois tous les 15 jours, et y passe ses vacances. En 1727, il est nommé directeur de la classe de mathématiques de la Société Royale.

4. Situation de fortune

Outre son salaire de pasteur, D. obtient une pension, qui lui sera augmentée par Frédéric en 1740 (Formey, p. 9). Il éprouvera cependant de grandes difficultés à publier sa Chronologie de l'Histoire sainte qui, achevée en 1721, ne paraîtra qu'en 1738 (ibid.).

5. Opinions

D. fut pendant plus de 40 ans au centre de la vie intellectuelle de Berlin ; il participa activement aux travaux de la Société Royale et fit partie de la Société qui fonda en 1720 la Bibliothèque germanique ; chaque lundi se retrouvaient chez J. Lenfant, Barbeyrac, E. Chauvin, Beausobre, Le Cène, Le Duchat, Formey, etc. Il fut très lié à Leibniz ; la Bibliothèque de Hanovre possède vingt lettres de D. à Leibniz et six réponses de ce dernier, de 1695 à 1701 (E. Bodemann, Der Briefwechsel des G.W. Leibniz, Hanover, 1889, p. 361-364).

6. Activités journalistiques

L'essentiel de l'œuvre de D., c'est-à-dire de nombreuses dissertations, des comptes rendus et des articles originaux consacrés à l'histoire ancienne et à la chronologie, a paru dans des périodiques :

Miscellanea berolinensia, t. I-IV.

Histoire critique de la République des Lettres (D.P.1 600), t. V, VI, VIII, X, XI, XII, de 1714 à 1717.

Bibliothèque germanique (D.P.1 163), t.1, II, III, V, VII, XIII, XIV. XVII, XIX, XX, XXXI, XXXII, XXXIII, XXXV, XXXVIII, XXXIX. Dès 1717, D. faisait partie de l'équipe fondatrice ; il fait partie de l'équipe de rédaction jusqu'en 1737.

Nouvelle Bibliothèque germanique (D.P.1 163) : Formey a publié dans les tomes X, XI, XV, XVIII et XIX du journal qu'il avait fondé en 1746, la plupart des manuscrits posthumes de D. ; certains d'entre eux ont été en outre publiés dans le t. XII de la Bibliothèque impartiale. On trouvera la liste détaillée des articles publiés par D. dans Formey, p. 14 et suiv. Autre liste de D. dans Jacob Brucker, Pinacotheca scriptorum nostra aetate litteris illustrium, 1749.

Mémoires de Trévoux (D.P.1 889), avril 1761, t. II, p. 976-998, «Réflexions sur une difficulté proposée contre la manière dont les Newtoniens expliquent la cohésion des corps, et les autres phénomènes qui s'y rapportent», texte repris dans le Journal des savants combiné avec les Mémoires de Trévoux (éd. d'Amsterdam), mai 1761, t.1, p.212-135.

7. Publications diverses

7. Histoire de la papesse Jeanne, t. IV, Cologne et Amsterdam, Huguetan, 1694. J. Brucker écrit à propos de cet ouvrage : «Quarta hujus libri pars et nonnulla editionis secundae capita Vignolium auctorem agnoscunt ». L'œuvre de Frédéric Spanheim le jeune a donc certainement été traduite par Lenfant et D., puis enrichie de remarques par D. lors de la seconde édition (La Haye, 1720).

8. Bibliographie

Haag. – B.P.U. Neuchâtel, 5 lettres à D. dans les Papiers Bourguet, 1731-1732. – Chauffepié, Nouveau dictionnaire historique et critique, Amsterdam, La Haye, 1750-1756. – Formey H.S., Eloges des académiciens de Berlin et de divers autres savants, Berlin, 1757, t. I, p. 1 et suiv. ; Formey a fait l'éloge de D. également dans le 1.1 des Mémoires de l'Académie de Berlin et dans le t. II de la Nouvelle Bibliothèque germanique. L'essentiel de son information, excepté ce qui concerne l'activité journalistique de D., repose sur l'article de Chauffepié.

Auteurs