BOYER-BRUN

Numéro

111

Prénom

Jacques

Naissance

1764

Décès

1794

1. État-civil

Jacques Marie Boyer, dit Boyer-Brun, est né à Nîmes en 1764. Arrêté à Paris en janvier 1794, il est mort à Paris le 20 mai, guillotiné. Il était lié depuis 1789 à Avoye Paville, alors âgée de 21 ans, qui est guillotinée quelques jours après lui, le 23 mai.

5. Opinions

Il a fait à Nîmes la connaissance, au moment où il travaillait au Journal de Languedoc, de F.M. Froment, avocat nîmois (1756-1825), dont les opinions royalistes auront sur lui une grande influence. Froment propose en 1790 au comte d'Artois et aux Princes un projet de contre-révolution. Rentré à Nîmes en 1790, il prend B. comme auxiliaire. En mai 1790, au moment du débat sur la constitution civile du clergé, B. fait signer une pétition en faveur de la reconnaissance du catholicisme comme religion d'Etat ; il recueille 3000 signatures et suscite un grave affrontement qui entraîne le massacre des catholiques les 13-16 juin 1790, épisode connu sous le nom de «bagarre de Nîmes». Il s'enfuit alors à Paris, y multiplie les pétitions et les pamphlets, en particulier une Lettre adressée à M. Bergasse (15 déc. 1790) contre la glorification de Calas.

6. Activités journalistiques

Après l'échec de Marguerite Pagès-Marinier en mars 1779 dans sa tentative pour obtenir un privilège en faveur d'Affiches de Montpellier et de Nîmes, B. se rend à Paris en 1785 et obtient à son retour un privilège pour le Journal de Nîmes, dont le premier numéro paraît le 5 janvier 1786 (D.P.1 680). Il le dirigera jusqu'à la fin : le journal semble avoir cessé de paraître en décembre 1789, avant de renaître au cours de l'été 1790 (voir Chevalier-Lavaure, p. 8). Il a collaboré également en 1787 au Journal de Languedoc, qui formait une sorte de supplément littéraire au Journal de Nîmes (D.P.1 660). De 1787 à 1789, il est rédacteur-adjoint de La Nature considérée sous ses différents aspects (D.P.1 972) de Bertholon ; voir Dulieu, Cahiers lyonnais d’histoire de la médecine, Lyon, t. IV, n°2, 1961, p. 3-25. Au début de la Révolution, B. se rend à Paris. Il se lie à Avoye Paville, qui était alors employée au Journal des spectacles. Il repart avec elle à Nîmes, où il reprend en mains le Journal de Nîmes, pour en faire un journal contre-révolutionnaire. Il fonde à Paris le Journal du peuple, qui paraîtra du 1er février au 12 aôut 1792.

7. Publications diverses

Histoire des caricatures de la révolte des Français, 1792.

8. Bibliographie

D.B.F. – Boyer F., «Boyer-Brun et le théâtre nîmois avant 1789», Nouvelle Revue du Midi, 1925, p. 10-25.– Id. ,«Boyer-Brun et les aérostats», ibid., p. 327-334.– Chevalier-Lavaure J., Les Journaux de Nîmes à la fin de l'Ancien Régime, Avignon, 1980.– Blanc O., La Dernière lettre : prisons et condamnés de la Révolution. 1793-1794, Paris, 1984, p. 228-230.

Auteurs

9. Additif

Opinions : Dans un ouvrage récent, Les Cultures politiques à Nîmes et dans le Bas-Languedoc oriental du XVIIe siècle aux années 1970 (Société d’Histoire moderne de Nîmes et du Gard, 2008), François Pugnière consacre un chapitre à l’action politique de Boyer-Brun, « l’une des figures emblématiques de l’opposition royaliste érudite et cultivée » à Nîmes au début de la Révolution (p. 157). Boyer-Brun, qui dans le Journal de Nîmes, avait montré de l’intérêt pour les idées des encyclopédistes, est fortement ébranlé par la « Bagarre de Nîmes », qui provoque le massacre de plusieurs milliers de catholiques en juin 1790. Il publie aussitôt Le Massacre de Saint-Antoine de Padoue à Nîmes et le Précis historique des massacres commis à Nîmes. Dans l’Histoire des caricatures de la révolte des Français en 1792, il développera la théorie d’une conspiration maçonnique et protestante, soutenue par l’étranger (J.S.).

 

"Tribunal criminel révolutionnaire. Du 1er prairial. J. M. Boyer Brun, né à Nîmes, journaliste et substitut du procureur de la commune de Nîmes, à Paris, rue des Fossés-Montmartre. Convaincu de conspirations contre le peuple, qui ont existé notamment à Nîmes et à Arles, tendantes à allumer la guerre civile par les armes du fanatisme, par des écrits imprimés contre-révolutionnaires, par suites desquelles des assassins portant la cocarde blanche et des drapeaux blancs, ont donné la mort à un nombre de patriote, etc. [a] été condamné à la peine de mort."

"Tribunal criminel révolutionnaire. Du 4 prairial. Avoie Pavie Costard, âgée de 27 ans, née à Paris, femme de Costard, bijoutier, elle travaillant au Journal des spectacles, rue des Fossés-Montmarte […] a été condamnée à la peine de mort."

(Moniteur universel n°244 et 247, 23 et 26 mai 1794) [DR]