BOURZEIS

Numéro

109

Prénom

Amable de

Naissance

1606

Décès

1672

1. État-civil

Amable de Bourzeis ou Bourzais ou Bourzeys est né à Volvic près de Riom le 6 juin 1606. Il eut pour parrain son parent, le R.P. Jean Arnoux, S.J., de Riom (1575 - 1636), qui devint confesseur de Louis XIII en 1627 (Sommervogel). Il est mort le 2 août 1672. Jal a publié son extrait mortuaire : «Mardy, 3 août 1671 [1672]..., service complet, 4 prestres porteurs pour deffunct messire Amable de Bourzais, prestre, Conseiller du Roy en ses conseils, Abbé et Seigneur de Cores, demeurant rue Neufve des bons enfants ; a été inhumé dans notre église... » (Reg. de Saint-Eustache de Paris). Toutes les biographies donnent avec raison 1672 ; Chapelain écrit, le 31 août 1672 : «... mon cher amy, M. I'Abbé Bourzeis que le Ciel nous a ravi depuis six semaines... » (Lettres, t. II, p. 788).

2. Formation

Il entra comme page chez le marquis Louis de Rochechouart, seigneur de Chandenier, beau-frère du cardinal de La Rochefoucauld. Le marquis lui apprit «les langues savantes et les belles-lettres» (Camusat, p. 133). Le P. Arnoux l'emmena en 1623 à Rome où le P. de Lugo lui enseigna la théologie. Il apprit également les langues orientales ; Charpentier écrira en 1672 : «Il possédait en perfection la Langue Sainte, la Syriaque, l'Arabique, la Grecque, la Latine, l'ltalienne, et l'Espagnole» (Deffense de la langue française, citée par Camusat, p. 166). Il se fait connaître par des compositions en vers latins et grecs (Epithalamium in nuptiis Thaddei et Annae Colonnae, Rome, 1629). Remarqué par le pape Barberini, Urbain VIII, dont il traduisit le De partu Virginis, il obtient dès cette époque un prieuré en Bretagne (Camusat, p. 134 ; Pellisson, t. I, p. 252). Il passe ensuite deux ans chez le comte Maurice de Savoie à Turin. De retour en France peu avant 1634, il demeure chez le duc de La Rochefoucauld-Liancourt qui le présente à Richelieu et lui fait obtenir l'abbaye de Cores. Ses sermons obtiennent un succès qui alarme les prédicateurs ; une cabale parvient à lui faire interdire la chaire du fait qu'il n'a pas reçu les ordres sacrés (Chapelain, lettre à Balzac du 25 juil. 1638, t. I, p. 275-276) ; il parle alors à la Congrégation de la Propagation de la Foi (ibid., 24 déc. 1638, p. 341). Il devient prêtre peu après (Camusat, p. 135).

3. Carrière

Il fait partie des 13 membres de l'Académie choisis par Richelieu en 1634 pour compléter la société, est consulté la même année pour l'examen des statuts (Pellisson, t. I, p. 74), prononce, le 12 février 1635, une «harangue sur le dessein de l'Académie et sur les différents génies des langues» (ibid., lettre de Chapelain du 25 fév. 1635). Il est du nombre des commissaires préposés à l'examen du Cid (lettre de Chapelain du 20 août 1637). A deux reprises, il est directeur de l'Académie : il la préside au début de 1639 (lettre de Chapelain du 14 janv. 1639) ; il est «redevenu» directeur en septembre 1640 (id., 11 sept.). Richelieu l'emploie en consultation et pour la rédaction de plusieurs de ses oeuvres (selon Pellisson : La Méthode la plus facile et assurée de convertir ceux qui sont séparés de l'Eglise, 1651, et La Perfection du Chrétien, 1646). Mazarin lui confie plusieurs missions à la fois religieuses et politiques : la conversion de l'Electeur palatin (voir le Discours à Mgr. le Prince Palatin, 1646) ou celle de Schomberg. En décembre 1665-janvier 1666, il se rendra au Portugal pour poursuivre avec celui-ci une négociation difficile (Chapelain, lettres du 19 déc. 1665 et du 7 janv. 1666, t. II, p. 427, 431). Il est consulté par Colbert sur des questions de théologie ou de diplomatique, notamment à propos des droits de succession de Marie-Thérèse. Colbert le fait entrer dans sa «petite Académie» dès février 1663 (A. Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Paris, 1948-1956, t. III, p. 9) et le nomme membre du Conseil des Bâtiments à la même date.

4. Situation de fortune

Le revenu de l'abbaye de Cores (diocèse d'Autun) est estimé à 12 000 £ (J. Doujat, Chef du grand pouillé de France, 1671, p. 56 ; Pellisson, t. I, p. 252). En 1663, B. est inscrit sur la liste des «gratifiés» de Chapelain pour une somme importante, égale à la pension de Chapelain lui-même : «au Sieur Abbé de Bourzeis, consommé dans la théologie positive scholastique, dans l'Histoire, les Lettres Humaines et les Langues Orientales [...] 3000» (ms. de Colbert reproduit par La Place dans Pièces intéressantes et peu connues, éd. de 1790, t. I, p.147).

5. Opinions

Il a été formé par les Jésuites et devient janséniste à son retour à Paris, sous l'influence du duc de Liancourt, par opportunisme diront ses ennemis (Camusat, p. 155 et suiv.). Camusat, qui accorde une large place aux controverses dans lesquelles B. a été engagé (p. 137-160), le décrit comme «un des plus francs et déterminés jansénistes» (p. 136). De la soutenance de sa thèse, «Propositiones de gratia» (juin 1649) jusqu'à la condamnation des cinq propositions de Jansenius par le pape Innocent X (mai 1653), B. attaque sans relâche les Jésuites (en particulier le P. Petau en 1649). Il se rétracte en 1653, signe le formulaire et publie, le 4 novembre 1661, une déclaration circonstanciée (Camusat, p. 155).

A l'Académie, il est le porte-parole des Anciens contre Charpentier lors de la querelle des Inscriptions en 1671. Ses adversaires ont rendu hommage à son érudition et à son exquise courtoisie, en particulier Charpentier dans sa fense de la langue française pour l'inscription de l'Arc de Triomphe, publiée en 1672 après la mort de B. (Camusat, p. 164-168).

6. Activités journalistiques

Avec Chapelain et Gomberville, il aurait fait partie de la première équipe de rédacteurs du Journal des savants, sous la direction de Denys de Sallo, de janvier à mars 1665 ; il ne s'agit sans doute que d'une collaboration épisodique (voir art. «Sallo»).

7. Publications diverses

Voir la liste de ses oeuvres dans Cior 17, n° 15982-15993.

8. Bibliographie

Moreri, B.Un., Jal, D.B.F. ; les biographies anciennes et en particulier celle de Moreri s'appuient sur une Vie de l'abbé Bourzeis rédigée par son neveu Oliver de Bessart et recueillie par La Fautrière à la fin du XVIIe siècle, mais disparue depuis. – Nicéron, t. IX (1729), p. 272-281. – Pellisson et d'Olivet, Histoire de l'Académie française, éd. C. Livet, Paris, Didier, 1858, 2 vol., t. I, p. 251-255.– Chapelain, Lettres, éd. P. Tamizey de Larroque, Impr. Nationale, 1880 – Camusat F.D., Histoire critique des journaux, Amsterdam, J.F. Bernard, 1734, 2 vol., t. I, p. 132-168. – Bourzeis H. de, Un académicien oublié. Le premier XXXVe fauteuil. L'abbé A. de Bourzeis (1606-1672), Paris, 1879.

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