BORDELON

Numéro

092

Prénom

Laurent

Naissance

1653

Décès

1730

1. État-civil

Laurent Bordelon naquit en 1653 à Bourges et il mourut à Paris, le 6 avril 1730 dans la maison de M. de Lubert, rue de Cléry, où il demeurait. Il fut inhumé dans l'église Saint-Eustache.

2. Formation

B. dut faire ses études à Bourges puisqu'il y soutint son doctorat en théologie. Sa participation à l'édition du Segraisiana (1720) témoigne de ses relations dans les milieux lettrés parisiens.

3. Carrière

M. de Lubert, président à la troisième chambre des enquêtes au parlement de Paris employa B. comme précepteur de son fils, fonction qu'il exerça peut-être chez d'autres comme le suggère la dédicace d'un de ses ouvrages à un jeune garçon. Il fut aussi chapelain à Saint-Eustache.

Polygraphe, B. consacra une quarantaine d'ouvrages à la littérature, à la philosophie, et à des anecdotes ou jugements sur le théâtre pour lequel il aurait écrit plusieurs pièces.

4. Situation de fortune

Si l'on voit que B. vécut de ses fonctions de précepteur, de la charge de chapelain et de ses ouvrages, on ne connaît pas encore l'importance de ces revenus. On notera pourtant que sa mention du prix de cession des dernières pièces de Molière par Armande Béjart témoigne d'une bonne connaissance des pratiques de l'édition parisienne (B., Diversités curieuses, t. I, p. 104).

5. Opinions

Si B. glissa des jugements dans ses anecdotes théâtrales et littéraires, il ne demeure connu que pour ses critiques des superstitions (voir La Harpe).

6. Activités journalistiques

En 1704, B. publia un mensuel intitulé Cent questions et réponses dont il donna les livraisons datées de janvier à août (D.P.1, 205). L'ouvrage s'appuyait sur le privilège accordé le 10 juin 1699 à B. pour l'Histoire critique des personnes les plus remarquables publiée cette même année 1699 chez Urbain Coustelier qui édita aussi le périodique. Cet usage d'un privilège différent en contravention avec les arrêts et lettres patentes de 1701 suppose soit des protections à la Librairie, et c'est Fontenelle qui approuva l'ouvrage, soit une intervention des autorités derrière l'interruption du périodique avec la livraison datée d'août 1704. Le mensuel qui se vendait 8 sols (Leyde) transposait dans l'imprimé les pratiques de conférences publiques qui, à terme régulier, s'offraient de répondre à des questions proposées par leurs assistants, ou leurs organisateurs ; mais B. ne put obtenir que s'établisse le courant d'échanges dont il souhaitait nourrir sa brochure.

7. Publications diverses

B. écrivit une quarantaine d'ouvrages dont on peut établir la liste avec Cio 18r et La Harpe. Leurs sujets révèlent une polygraphie de circonstances : B. se saisissait d'un sujet en vogue qu'il amplifiait, copiait, voire plagiait. Ainsi, De l'astrologie judiciaire s'inscrit dans le flot d'ouvrages consacrés aux comètes depuis Pierre Petit (1665), jusqu'à Pierre Bayle, et les Caractères naturels des hommes en cent dialogues parurent fin 1691 entre la sixième et la septième édition des Caractères de La Bruyère, ce qui valut à B. de figurer parmi les clés du n° 62 des «Ouvrages de l'esprit» : «ils sont plagiaires, traducteurs, compilateurs». De cet ensemble survit l'Histoire des imaginations extravagantes de M. Oufle, Don Quichotte des superstitions selon Jacqueline de La Harpe qui le met en parallèle avec le héros du Chef d'oeuvre d'un inconnu, Don Quichotte de l'érudition.

8. Bibliographie

Moreri, 1759; B.Un.; D.B.F. ; Cior 18. – B.U. Leyde, March. 7, Catalogue général de tous les livres imprimés à Paris depuis 1650 jusqu'en 1705 par P. Marchand. – Godard de Beauchamps P.F., Recherches sur les théâtres de France, Paris, 1735. – Mélèse P., Le Théâtre et le public à Paris sous Louis XIV, 1659 1714, Paris, 1934. – La Harpe J. de, « L'abbé Laurent Bordelon et la lutte contre la superstition en France entre 1680 et 1730 », University of California publications in modern philology, Berkeley, t. XXVI, 1941, p. 123-224. – Abdel-Halim M., Antoine Galland, sa vie et son oeuvre, Paris, 1964.