BONAFOUS DE FONTENAY

Numéro

088

Prénom

Louis

Naissance

1736

Décès

1806

1. État-civil

Louis Abel Bonafous, dit plus tard l'abbé de Fontenai, naquit près de Castres, à Castelnau de Brassac, le 4 mai 1736. Il était «fils de Monsieur Louis Bonafous, notaire royal de Castelnau, et de demoiselle Marianne Ouradou, mariés». Son parrain fut «le Sieur Louis Bonafous, lieutenant au régiment de la marine, frère du baptisé» ; sa marraine «demoiselle Françoise Fabaries, épouse du sieur Pierre Ouradou de Brassac, présents noble David de Galibern, habitant de Castres, et Jean Pierre Fournials» (Registre paroissial, Mairie de Castelnau de Brassac). Sa famille comportait des catholiques et des protestants (sur ces derniers, voir G. Dumas, Les Réfugiés du pays castrais, Mazamet, 1924, p. 53-56).Il mourut à Paris le 28 mars 1806.

2. Formation

«Il entra de très bonne heure dans la Compagnie de Jésus» (B.N.C.) : en 1753, d'après la B. un., et d'après Mazon, le 1er février de cette année. Il écrivit dans le numéro du 1er janvier 1790 du Journal général de France : «Avec quel plaisir je reviens à la littérature, aux sciences, aux arts. [...] Tous ces objets ont fait ma plus chère occupation et le charme de ma vie, dès ma plus tendre jeunesse».

3. Carrière

Il «professa les humanités» au collège de Tournon (B.N.C., B.un.) et après l'abolition de son ordre s'installa à Paris où «il se livra à la littérature sous le nom de l'abbé de Fontenay» (ibid.). Emigré après le 10 août 1792, il déploya une grande activité à l'étranger ; on peut lire dans une correspondance envoyée d'Amsterdam le 30 mars 1794 et parue dans le Moniteur du 21 avril (2 floréal de l'an II, n° 212) : «Un certain abbé de Fontenay, se disant vicaire général de Chartres et député par le clergé de France, vient de répandre avec profusion dans cette ville une circulaire au nom des cardinaux, archevêques et évêques de l'Eglise anglicane, et il est porteur de patentes certifiées authentiques par quatre ministres protestants [...]. L'objet de sa mission est de quêter des aumônes en faveur de 5000 prêtres français, martyrs de la loi, c'est-à-dire de leur fanatisme aristocratique, et que le cardinal de la Rochefoucault et l'archevêque de Reims assurent être à la veille de périr de besoin, si les charitables Amsterdamois ne viennent promptement à leur secours. Cette lettre contient les éloges des habitants de La Haie et de Rotterdam, qui se sont déjà signalés par leur bienfaisance, et elle les propose pour modèles à leurs concitoyens. On y remarque entre autres mensonges celui-ci : qu'un décret atroce a défendu aux prêtres français, sous peine de mort, de demeurer attachés à leur religion». Il rentra en France «après le 18 brumaire et renonça dès lors à la politique» (B.N.C.).

4. Situation de fortune

En ce qui concerne ses ressources, on ne peut avoir qu'une certitude : il n'était pas titulaire d'une des deux opulentes abbayes du nom de Fontenay, dont les Almanachs royaux indiquent le produit.

5. Opinions

Avant la Révolution, Fontenay manifeste un esprit très ouvert (voir par exemple ses appréciations sur les ouvrages de Rétif de la Bretonne). Au début de 1790 (Journal général, n° 1, p. 2) il déclare qu'il n'est ni «aristocrate» (c'est-à-dire «pour le gouvernement des riches et des puissants»), ni «démocrate» (c'est-à-dire «pour le gouvernement populaire»), mais pour «le gouvernement monarchique», suivant «l'un des articles de la Constitution». Avant tout «Français», il recommandera «la paix, l'union, la concorde», mais on lui ferait injure de «soupçonner qu'il puisse jamais rien écrire contre le peuple». Un peu plus tard, il exalte dans un prospectus «le ton de vérité, de décence et d'impartialité» qui a toujours régné dans son journal, mais il est de plus en plus nettement contre-révolutionnaire et la B.N.C. donne une idée des haines qu'il continua à susciter après sa mort : «Ce fut dans le Journal général qu'il s'occupa plus spécialement à combattre pendant les premières années de la Révolution les principes qui l'avaient amenée ; mais ses écrits en ce genre ne sont qu'un long tissu d'extravagances. On admira pendant quelque temps le talent tout particulier avec lequel il dirigeait, depuis son cabinet, les opérations et les mouvements des armées coalisées contre la France. La journée du 10 août vint leur enlever ce puissant auxiliaire, en le forçant de passer dans les pays étrangers, où il continua à publier des libelles et à intriguer plus que jamais».

6. Activités journalistiques

Succédant à Meusnier de Querlon, l'abbé de Fontenay rédigea de 1779 à 1783 les Annonces, affiches et avis divers (Affiches de province, 5 vol. in-4°), devenues en 1784 Annonces, affiches et avis divers, ou Journal général de France (un vol. in-4°), en absorbant le Journal d'agriculture, commerce, finance et arts par une société de gens de lettres, in-12, qu'il dirigeait depuis 1782 (voir art.e «Ameilhon»). Dès lors, le journal parut trois fois par semaine, les mardi, jeudi et samedi : «Anciennement vous n'aviez de l'esprit qu'une fois la semaine ; encore passe ; depuis six ans vous en avez eu trois fois la semaine ; c'était bien fort...» («Un souscripteur et l'auteur du Journal, Dialogue», Journal général, 1er janv. 1790). En 1785 il reçut le titre de Journal général de France et fut rédigé par Fontenay jusqu'en janvier 1791 (8 vol. in-4°). Celui-ci publia le Journal général du 1er février 1791 au 10 août 1792 (n° 223 du troisième volume), puis de nouveau un Journal général de la littérature, des sciences et des arts, du 20 mai 1801 au 29 juin 1802.

L'abonnement aux Affiches hebdomadaires était de 7 £ 10 sols ; devenues tri-hebdomadaires, elles étaient livrées pour 15 £ à Paris, 16 £ 4 sols en province. A partir de 1787 le Journal général de la France comporta un Supplément consacré à l'agriculture, et confié à M. de Sutieres-Sarcey («chez M. Soufflot, rue et vis-à-vis le cloître S. Honoré», puis, à partir de novembre», «rue de la Sourdiere S. Roch, n° 14»), 3 vol. in-4° entre 1787 et 1790, ainsi que des Observations météorologiques (une feuille supplémentaire de 4 p. sur le mois écoulé). L'abonnement était alors de 18 £ pour Paris, et 19 £ 4 pour la province. A partir du vendredi 1er janvier 1790 le journal devint quotidien, sans que le prix de vente fût sensiblement augmenté : 365 ou 366 numéros de 4 pages in-4° (au lieu de 156 ou 157), pour 30 £ à Paris et 33 en province, différents suppléments étant comptés en sus : «[L'abonnement] des Observations météorologiques publiées à la fin de chaque mois est de 3 livres prises avec le Journal, et de 4 livres 4 sols prises séparément. [Celui] des Affiches de Paris qui paraissent tous les matins est de 30 livres pour Paris et de 37 livres 10 sols pour la province, et celui de la Feuille du marchand, publiée une fois la semaine est de 7 livres 4 sols pour Paris, et 8 livres 4 sols pour la province» (n° 2, p. 8). Un prospectus (B.M. de Grenoble, Presse 2.131) précisait que les souscriptions se prenaient toujours «au Bureau des Affiches, rue Neuve S. Augustin» et que «ces objets ne regard[aient] en aucune manière M. l'abbé de Fontenai et M. de Beaujour». «Le premier n'[avait] conservé que la partie littéraire, toutes les autres parties» étant «rédigées par M. de Beaujour».

7. Publications diverses

Les Antilogies et fragments philosophiques, ou Collection méthodique des morceaux les plus curieux et les plus intéressants sur la religion, la philosophie, les sciences et les arts, extraits de la philosophie moderne, Amsterdam et Paris, Vincent, 1774-1775, 4 vol. in-12 (nouv. éd. : Esprit des livres défendus, ou Antilogies philosophiques, ouvrage dans lequel on a recueilli les morceaux les plus curieux et les plus intéressants sur la religion, la philosophie, les sciences et les arts, extrait des livres philosophiques les plus modernes et les plus connus, Amsterdam, et Paris, chez Nyon aîné et chez Laporte, 1777, 4 vol. in-12). Dictionnaire des artistes, ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs, imprimeurs, horlogers et méchaniciens, ouvrage rédigé par M. l'abbé de Fontenai, Paris, Vincent, 1776, 2 vol. in-8°. Le Voyageur français, ou la Connaissance de l'ancien et du nouveau monde, Paris, L. Cellot, 1781, in-12 (t. XXVII de la collection commencée par l'abbé J. de La Porte et continuée, à partir du t. XXIX par L. Domairon. Le tome XXVIII, rédigé lui aussi par Fontenay, parut chez Moutard en 1787).– L'Ame des Bourbons, ou Tableau historique des princes de l'auguste maison de Bourbon, en France, en Espagne et en Italie, Paris, Vve Duchesne, 1783, 2 vol. in-12 et in-8° (nouv. éd. : L'lllustre Destinée des Bourbons, ou Anecdotes intéressantes des princes de l'auguste maison de Bourbon en France, en Espagne et en Italie depuis l'année 1256 jusqu'à nos jours, Paris, Defer de Maisonneuve, 1790, 4 vol. in-12).– Observations sur le Sallon de 1785 extraites du «Journal général de France», s.l.n.d., in-8° de 34 p.– Galerie du Palais-royal gravée d'après les tableaux des différentes écoles qui la composent, avec un abrégé de la vie des peintres et une description historique de chaque tableau, par M. l'abbé Fontenai [...], par J. Couché, Paris, J. Couché, J. Bouillard, 1786, 3 vol. in-folio, planches gravées. Du rétablissement des jésuites et de l'éducation publique, Emmerick, J.L. Romen, 1800, in-12 de VI-249 p. ; ou in-8° de II-144 p.– Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'à présent [...], tome quarante sixième contenant la table des matières des dix-huit derniers volumes, rédigée par M.L.A. de Fontenai, Paris, Delalain, 1802, in-4, 519 p.– De plus, le titre de la Nouvelle édition revue, corrigée et considérablement augmentée par l'auteur, Fontenai, Paris, Delalain fils, an X-1802, 2 vol. in-8° du Dictionnaire de l'élocution française (Paris, Lacombe, 1769), généralement attribué à A. Demandre et parfois à Ambérieux de Galignon ou à D. Thiébault, laisse penser que le Dictionnaire pourrait avoir, au moins en partie, été écrit par lui. – Enfin il a édité en 1803 le Dictionnaire géographique de Vosgien ; en 1805, la Géographie moderne, de Nicolle de Lacroix.

8. Bibliographie

B.N.C., B.Un. ; H.P.L.P., t. II, p. 115-116 et 120. Nayral M., Biographies [...] et chroniques castraises, Castres, 1834, p. 179-187. – Notice d'Albin Mazon, conservée par les Services d'Archives de l'Ardêche. – (M) Hatin, H.P.L.P., t. II, p. 115-116 et 120.

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