ARTIGNY

Numéro

019

Prénom

Antoine d'

Naissance

1704

Décès

1768

1. État-civil

Antoine d'Artigny fut baptisé à Vienne le 29 mars 1704 ; il était «fils légitime de M. d'Artigny, capitaine dans le régiment de Villery» et de «Dame Etiennette Penin» ; son parrain fut Antoine Penin, fils de Joseph Penin, Conseiller du Roi, Receveur des Consignations de Vienne, et sa marraine Magdeleine Ballet, fille de Joseph Ballet, avocat au Parlement (A.M. Vienne, paroisse de Saint-André le Bas, 7e registre de 1692, p. 174). Il mourut dans la même ville le 6 mai 1768 (A.D. lsère, II G 22, f° 224-226).

2. Formation

«Placé fort jeune dans l'église Saint-Maurice de Vienne» (Rochas), il y fit, semble-t-il, toutes ses études ; il figure en tout cas parmi les «clercs» de la primatiale de septembre 1715 à 1726 (II G 14).

3. Carrière

Toute sa carrière ecclésiastique se déroula dans la même église : il y fut diacre en 1726 (II G 15), «prêtre incorporé» en 1728, puis «maître de choeur» le 14 novembre 1755 (II G 22, f° 5), recteur de la chapelle du Saint-Sépulcre le 1er juin 1758 (ibid. f° 126) et enfin chanoine le 2 octobre 1760 (ibid., f° 164-165). En 1731, «attendu [son] peu d'assiduité» aux offices, il n'est pas compris dans les «petits rôles» (II G 16, f° 161). Plus tard, il promet de «remplir exactement [ses] fonctions» de coadjuteur, et à la fin de sa vie, ses signatures dans le registre des délibérations du chapître montrent qu'il ne quitte plus guère Vienne. Il s'est plaint d'être «à cent lieues de la capitale», dans une ville «sans aucune ressource» pour les bibliophiles ; il a sans doute fait de courts voyages à Lyon et environs, mais son assiduité aux délibérations des prêtres «collégés» de Saint-Maurice semble parfaite de 1734 à 1751 (II G 50) ; une absence en mai et juin 1740. De la fin d'avril 1767 au 20 avril 1768 sa signature manque dans le registre des délibérations capitulaires.

4. Situation de fortune

Il reste plus de trente ans inscrit dans les Petits Rôles comme commensal d'un chanoine (II G 43) ; le rectorat de la chapelle du Saint-Sépulcre lui procure quelques centaines de livres (II G 138). Devenu chanoine, il dispose enfin de plusieurs milliers de livres de rente, quitte à entretenir trois commensaux ; la dîme perçue par les «seigneurs» du chapître de Saint-Maurice fournissait environ 30 000 £ de rente agricole vers 1733-1740, 50 000 vers 1785-1790 (II G 2l et 23). Il put alors se livrer à la collection des monnaies et accepter les offres les plus imposantes de Calvet (deux collections comportant 4 à 500 grands bronzes, avr. 1766, B.U. Avignon, ms. 3050).

5. Opinions

Après avoir fréquenté dans sa jeunesse le milieu des «littérateurs lyonnais» : Brossette (N.M., t. XI, p. 393), les abbés J.-L. Le Clerc, supérieur de Saint-lrénée, Tricaud et Michel, chanoines d'Ainay (t. VII, p. 5-6), il entretient de 1764 à sa mort une correspondance soutenue avec Calvet (B.V. Avignon, ms. 2349, 2352 et 3050 ; B.V. Marseille, ms. 1509). Très éclectique dans ses goûts, il aimait surtout «la douceur et la modération», qualités qu'il a parfois attribuées ironiquement aux jansénistes ; les Jésuites ont parlé élogieusement de son journal (Mémoires de Trévoux, oct. 1749, déc. 1751). Sa modestie, sa «politesse pour tous ceux qu'il reprenait» (Goujet, N.M., t. III, avertissement) et sa passion naïve pour tous les petits faits vrais lui valurent des collaborations inattendues. Goujet lui communique de nombreuses rectifications (ibid.) et demeure en relations avec lui ; Rousset de Missy lui envoie une longue lettre sur La Barre de Beaumarchais et Bruys, qu'il publie en la critiquant aimablement (N.M., t. IV, p. 439-450). Voir également l'article de L. Couture, et le manuscrit de l'abbé Joly sur A. (B.V. Dijon, ms. 1149).

6. Activités journalistiques

(N.M.) Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, Paris, Debure l'aîné, 7 vol. in-12 : t. I et II, 1749 ; t. III et IV, 1750-1751 ; t. V et VI, 1753 ; t. VII, «pour servir de Supplément aux six premiers volumes», 1756. La matière des N.M et leur publication échelonnée, prolongée à trois reprises, permettent d'assimiler cet ouvrage à un périodique. A. ayant «fait communiquer son manuscrit à un curieux avant que de le risquer à l'impression» (t. I, préface), on trouve dans les premiers tomes des notes incisives qui ne sont pas toutes obligeantes à son égard ; elles semblent dues à Lenglet-Dufresnoy, conseiller littéraire de Debure (v. N.M., t. VII, p. 323 ; G. Sheridan, Nicolas Lenglet Dufresnoy and the literary underworld of the ancien regime, S.V.E.C. 262, 1989, p. 173-174). A. reconnaît avoir emprunté à «plusieurs savants de Paris» et publie des articles de Le Mascrier (t. III, p. 407-460), de J.B. Le Clerc (t. V, p. 421-424), parfois sans donner le nom de l'auteur : J. Bertrand a montré que les pages 3-24, 202-210, 254-257 du t. V, sont empruntées à un manuscrit de Le Clerc, conservé au séminaire de Saint-Sulpice, le Traité du plagiat (Vie, écrits et correspondance littéraire de Laurent-Josse Le Clerc, Paris, 1878, texte repris dans la Bibliothèque sulpicienne, Paris, 1900).

7. Publications diverses

Relation de ce qui s'est passé dans une assemblée tenue au bas du Parnasse, La Haye, Paupie, 1739, in-12. Les circonstances de publication de cette fantaisie satirique sont énigmatiques. Le texte de la 1re édition semble comporter des interpolations dues à Prévost (J. Sgard, Prévost romancier, Corti, 1968, p. 357-359). Quelques mois plus tard, A. envoya à Paupie un texte augmenté dont il n'entendit plus parler en dépit de l'intervention de Du Sauzet (N.M. t. I, p. 323) ; ce texte fut publié, déformé lui aussi par Jean Neaulme, dans le t. I du Petit Réservoir, et attribué à son «premier auteur» (avant-propos, p. 6). A. publie dans le t. VII des N.M. (p. 399 et suiv.) des éclaircissements qui illustrent sa candeur : au milieu de passages sérieux de sa Relation apparaît la «préface pour la seconde édition», exercice d'humour gascon (p. 409-415) qui laisse soupçonner une nouvelle interpolation.

8. Bibliographie

Rochas A., Bibliographie du Dauphiné, Paris, 1856, in-8°. – Couture L., « les correspondants de Chaudon. III : l’abbé d’Artigny », Revue Gasconne, 1903, p. 19-57.

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