SOUCIET

Numéro

755

Prénom

Jean

Naissance

1681

Décès

1762

Jean Souciet a été baptisé à Bourges le 20 octobre 1681 ; 11 est né de François Souciet, avocat au Parlement, échevin de la ville de Bourges (en 1697-1698), et d'Anne Guymard, qui eurent au moins quinze enfants. Parmi eux, cinq entrèrent dans la Compagnie de Jésus : par ordre chronologique, Etienne (12 oct. 1671 - 14 janv. 1744)- François (baptisé le 3 mars 1674), Jean, un autre Jean (Jean Baptiste, baptisé le 12 juil. 1684), et Etienne Augustin (baptisé le 2 sept. 1685, mort le 16 janv. 1744) ; deux autres furent prêtres séculiers : Gabriel (baptisé le 20 juil.

2. Formation

S. fut reçu dans la Compagnie de Jésus le 27 septembre 1699 (Sommervogel).

3. Carrière

S. exerça plusieurs fonctions au collège Louis-le-Grand : en 1720, il y est préfet de chambre ou répétiteur ; en 1730, il fait partie de l'élite des savants jésuites, les «scriptores» (Dupont-Ferrier), chargés d'« ouvrir des voies nouvelles à l'érudition française» (Delattre, p. 1151). Dès 1734, il est membre de l'équipe de journalistes des Mémoires de Trévoux, sous la direction du P. Rouillé. Lorsque le P. Lavaud, recteur de Paris, décida de remettre de l'ordre dans la gestion du journal (lettre du P. Brumoy au marquis de Caumont, 11 juil. 1737, Bibliothèque des Fontaines à Chantilly, f.fr. 74), ce fut S. qui fut nommé à la tête de l'agence (Sgard). Goujet écrit le 14 février 173 7 : « On a exclu le P. Rouillé de Trévoux et l'on a nommé à sa place le P. Jean Souciet» (B.N., f.fr. 9355- f° 300). Mais S. ne parvint pas à asseoir son autorité. Selon le P. Castel, ce fut le P. Charlevoix qui, sans être juridiquement nommé, dirigea l'assemblée des journalistes pendant l'agence de S. (B.N., n.a.fr., 11364, f° 147, publié dans SW, p. 202-203). S. et le P. Charlevoix quittèrent le journal en juillet 1744 (Sgard). En 1741, S. devint bibliothécaire en second au collège Louis-le-Grand, puis en 1745 et jusqu'à sa mort, bibliothécaire (Dupont-Ferrier).

6. Activités journalistiques

L'œuvre journalistique de S. dans les Mémoires de Trévoux n'est pas connue. On sait cependant que, depuis l'origine du journal, le directeur de l'agence était notamment chargé de rédiger les Nouvelles littéraires (SW, p. 194, n. 1). On peut donc penser que S. a été le principal auteur de cette rubrique, de février 1737à juillet 1744.

7. Publications diverses

Aucun écrit de S. n'est mentionné dans les sources consultées.

8. Bibliographie

N.B.G. ; F.L., 1769, t. II, p. 107 ; Sommervogel, t. VII, p. 1404. – B.M. Bourges, papiers Riffé, ms. 490, n° 1422. – B.N., f.fr. 9355, f° 300. – (SW) B.N., n.a.fr. 11364, f° 147, publié par J. Sgard et F. Weil dans D.H.S., n° 8 sous le titre «Anecdotes inédites des Mémoires de Trévoux (1720­1744) », p. 193 et suiv. – Sgard J., « Chronologie des Mémoires de Trévoux», ibid., p. 191. – Dupont-Ferrier G., Du collège de Clermont au lycée Louis-le-Grand, Paris, de Boccard, 1921-1925, t. III, p. 31, notice 172. – Faux J.M., «La fondation et les premiers rédacteurs des Mémoires de Trévoux», Archivum historicum societatis Jesu, 1953, vol. 34, p. 150, n. 28. – Delattre P., Les Etablissements des Jésuites en France, Enghien, 1940-1957, t. III, p. 1193.

KERVILLARS

Numéro

426

Prénom

Jean de

Naissance

1668

Décès

1745

Jean Marin de Kervillars est né à Vannes le 13 mai 1668 et mort à Paris le 3 mars 1745 (Levot ; la N.B.F. ; Kerviler), «le 3 ou le 12 mars 1745», d'après Sommervogel (t. IV).

2. Formation

Il fut élève au collège des Jésuites de Vannes (Delattre, t. V, p. 17) et entra au noviciat de la Compagnie le 5 août 1685 (Sommervogel, t. IV, mais dans le Supplément, t. XII, E. Rivière dit «dans les premiers jours d'octobre 1685»). Il fit ses quatre voeux le 15 août 1701 à Orléans (Moreri ; Supplément à Sommervogel).

3. Carrière

K. enseigna les humanités à Nevers, la rhétorique à Bourges (Sommervogel). Après sa troisième année de probation, il partit pour la Martinique où il demeura environ trois ans, mais le climat étant contraire à sa santé, il revint en France. Il professa alors la philosophie pendant cinq ans (Moreri ; Sommervogel), puis fut six ans préfet des études (Sommervogel). Appelé à Paris, il termina sa vie au collège Louis-le-Grand (Moreri).

6. Activités journalistiques

Il travailla aux Mémoires de Trévoux à partir de 1721, sous la direction du P. Thoubeau (B.N., n.a.fr., ms. 11363, f°145, ms. publié par J. Sgard et F. Weil), mais son oeuvre journalistique n'est pas connue.

7. Publications diverses

K. publia plusieurs traductions d'Ovide, abondamment annotées, appréciées pour leur «style varié et élégant» (Goujet, Bibliothèque française, t. VI, p. 69) : les Elégies d'Ovide pendant son exil, traduites en français avec des notes critiques et historiques, Paris, D'Houry, 1er vol., Les Tristes, en 1723, 2e vol., les Elégies pontiques, en 1726, in-12 (2 rééd. des 2 volumes réunis parurent à Paris, en 1738, chez d'Houry, in-8° et en 1756, chez J. Barbou, in-12) ; un Recueil de Fables choisies extraites des Fastes d'Ovide, traduites en français, le latin à côté, avec des notes sur chaque fable, Paris, d'Houry, 1742, 188 p. in-12 (et Paris, 1756 ; Nyon, 1782). Cet ouvrage contient une pièce intitulée «La consolation à l'impératrice Livie sur la mort de Drusus», communément attribuée au poète Pedo Albinovanus, mais le K. la donne pour une oeuvre d'Ovide. D'après Moreri, les arguments qu'il avance ne sont pas décisifs. Michault note dans ses Mélanges historiques et philologiques (t. II, p. 253-254) que K. et le P. Hongnant furent chargés par leurs supérieurs de continuer la Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus de Southwell, mais qu'ils ne s'acquittèrent pas de cette tâche qui fut ensuite confiée au P. Oudin.

8. Bibliographie

Moreri, 1759 ; Feller, Dictionnaire historique, 1818-1819 ; N.B.G. – Goujet C.P., Bibliothèque française, 1741, t. VI, p. 66 et suiv., p. 72 et suiv., p. 95-96. – Levot P.J., Biographie bretonne, Recueil de notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom, Vannes, Cauderan, 1857. – Kerviler R. de, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne, Rennes, Plihon et Hervé, t. XIX, p. 699. – Michault, Mélanges historiques et philologiques, Paris, N. Tilliard, 1754, t. II, p. 253-254. – Sommervogel, t. IV, p. 1019-1020 ; Supplément par E. Rivière, t. XII, p. 1110. – Id., Table méthodique des Mémoires de Trévoux, 2e part., Paris, A. Durand, 1865 : n°5586 et 5587. – Delattre P., Les Etablissements des Jésuites en France, Enghien, 1940-1957. – Sgard J.et Weil F. (éd.) «Anecdotes inédites des Mémoires de Trévoux (1720-1744)», D.H.S., t. VIII, 1976, p. 193 et suiv.

GERMON

Numéro

342

Prénom

Barthélémy

Naissance

1663

Décès

1718

Barthélémy Germon est né à Orléans, le 17 juin 1663. Il est mort dans cette même ville, le 2 octobre 1718.

2. Formation

G. fit ses études à Orléans chez les Jésuites, puis entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Paris le 31 décembre 1679. Il fut régent pendant sept ans à Caen et à Orléans (D.B.F.), où il enseigna les humanités et la rhétorique (D.T.C.). De 1689 à 1693, il étudia la théologie à Paris au collège Louis-le-Grand (D.B.F.).

3. Carrière

G. professa ensuite la philosophie pendant quatre ans, à Amiens puis au collège Louis-le-Grand. Selon H. Beylard (D.B.F.), «le reste de sa vie s'écoula dans la profession d'écrivain à Paris, d'abord à la Maison Professe de la rue Saint Antoine (1698-1700), puis à Louis-le-Grand jusqu'à sa mort». Il fit partie du comité de rédaction des Mémoires de Trévoux dès sa création (Sommervogel, Tables, p. XIV), mais ne collabora que peu de temps au journal (D.B.F.).

5. Opinions

G. entra dans plusieurs controverses : en 1693, cet érudit dénonça l'inexactitude de certaines interprétations des textes et des faits de l'ouvrage d'Adrien Baillet De la dévotion à la Sainte Vierge et du culte qui lui est dû (Paris, 1693), dans son livre Trois lettres du P. Germon d'Orléans, jésuite, à M. Hideux, curé des Saints-Innocents, sur l'approbation qu'il a donnée au nouveau livre de la dévotion de la Sainte Vierge (1693). La même année, il fit quelques observations sur des passages fautifs de la traduction des Homélies ou sermons de saint Jean Chrysostome sur les épîtres de saint Paul (Paris, 1675) par Nicolas Fontaine, dans une Remontrance chrétienne à l'auteur de la traduction des homélies de saint Chrysostome (s.l., 1693) (D.T.C). Il s'engagea ensuite dans une querelle sur la grâce, contre un dominicain, le P. Serry, à propos de son Histoire des congrégations De auxiliis, avant même que l'ouvrage soit publié (D.T.C, t. XIV, p. 1958). G. ouvrit la lutte par une Lettre à M. l'abbé *** Sur la nouvelle histoire des disputes De auxiliis qu'il prépare (Liège, G.H. Streel, 1698). Sous le pseudonyme de l'abbé Le Blanc, le P. Serry lui répondit en 1699 et fit paraître son livre en 1700. G. poursuivit la controverse en publiant deux ouvrages : Questions importantes à l'occasion de la Nouvelle Histoire des congrégations De auxiliis (Liège, G.H. Streel, 1701), puis Errata de l'Histoire des congrégations De auxiliis composée par l'abbé Le Blanc et condamnée par l'Inquisition générale d'Espagne (Liège, G.H. Streel, 1702). Son adversaire répliqua en 1702 et 1704. Certains journaux, les Mémoires de Trévoux, le Journal des savants et les Acta eruditorum rendirent compte de cette polémique (Sommervogel ; D.T.C ; Conlon, t. VI, 1975, p. 211). En 1703, G. entama une dispute avec un bénédictin illustre, le P. Mabillon, qui, dans son ouvrage De re diplomatica (1681), avait formulé des règles permettant d'établir l'authenticité des pièces diplomatiques anciennes. G. contesta ces principes dans une première dissertation De veteribus regum Francorum diplomatibus, et arte secernendi antiqua diplomata vera a falsis (Paris, J. Anisson, 1703). Sans lui répondre directement, le P. Mabillon réfuta ses objections dans son Supplément à la Diplomatique (1704). Une deuxième dissertation (1706) de G. conduisit d'autres savants à prendre parti dans la querelle : deux bénédictins, Dom Coustant et Dom Ruinart répliquèrent en 1706 et furent appuyés par l'abbé Fontanini, professeur d'éloquence à Rome, par l'abbé Lazarini, par Gatti, jurisconsulte de Plaisance. G. leur opposa un troisième ouvrage en 1707, puis se retira de la discussion après avoir publié De veteribus haereticis ecclesiasticorum codicum corruptoribus (Paris, Le Comte et Montalant, 1711). On trouvera les références des articles de journaux consacrés à cette controverse dans : Sommervogel, t. III, p. 1351 et suiv. ; D.T.C., t. VI, p. 1311-1312, t. IX, p. 1427 et suiv., t. III, p. 1986-1987 ; D.B.F. ; Moreri ; Feller-Weiss ; N.B.G. ; B.Un. A partir de 1715, poussé par le P. Jacques Philippe Lallemant, G. tourna ses armes contre les jansénistes, à propos de la bulle Unigenitus (D.T.C ; D.B.F., t. XV, p. 1343). Il fut exilé un certain temps de Paris avec d'autres jésuites par le Régent (D.B.F.). Il composa avec le P. Dupré un Traité théologique sur les 101 propositions énoncées dans la Bulle Unigenitus que le cardinal de Bissy, évêque de Meaux, publia sous son nom en 1722 (lettre du P. Lallemant au P. Tamburini, 4 juin 1719, dans H. Hillenaar, p. 374 ; Moreri ; Feller-Weiss ; N.B.G. ; Sommervogel ; D.B.F.).

D'après Rivière (t. XII, p. 1081), G. aida le P. Daniel dans la recherche de documents pour son Histoire de France ; ce dernier intégra dans le t. I de son ouvrage (Paris, 1755) une «Dissertation sur l'origine de la nation française» de G. (Sommervogel). En 1716, G. défendit le P. Le Tellier qui avait été accusé d'avoir altéré un manuscrit, dans une «Lettre aux auteurs du journal de Venise» (Sommervogel). Il fut ami et correspondant de Fénelon (D.B.F.). Rivière (t. XII, p. 478) mentionne deux lettres de G. au contrôleur général : la première (23 févr. 1710) concerne une subvention destinée à couvrir la dépense des tragédies jouées à l'occasion des distributions des prix du collège de Paris, la seconde (11 janv. 1711) se rapporte à une action faite en Sorbonne par l'abbé Pierre Desmaretz. Dans sa lettre du 4 juin 1719 au P. Tamburini, le P. Lallemant évoque un projet de Géographie universelle que Dupré et G. auraient avancé des deux tiers (Hillenaar, p. 374).

6. Activités journalistiques

Il est difficile de préciser la part prise par G. à la rédaction des Mémoires de Trévoux. Sommervogel (Tables, p. XIV et p. XLI) indique qu'il y participe dès 1701, «puis [qu'] il disparaît du nombre des rédacteurs». Selon G. Dumas, G. est l'auteur du compte rendu de son propre ouvrage Questions importantes à l'occasion de la Nouvelle Histoire des congrégations De auxiliis, dans les Mémoires de Trévoux, juil.-août 1701, p. 118-124 (Dumas, p. 195). Sa «Lettre aux auteurs du journal de Venise» fut réimprimée dans les Mémoires de Trévoux (1716, p. 989-998) (Sommervogel).

7. Publications diverses

La liste des œuvres de G. est établie par Sommervogel (t. III, p. 1351 et suiv.).

8. Bibliographie

Moreri ; Feller-Weiss ; N.B.G. ; B.Un. ; D.B.F. ; Sommervogel, t. III. – Rivière E., Supplément à la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Louvain, i960, t. XII. – D.T.C, t. VI, p. 1311-1312 ; voir aussi les art. «Coustant», «Mabillon», «Serry». – Dupin L.E., Table universelle des auteurs ecclésiastiques, Paris, Pralard, 1704, t. II, p. 2792. – Conlon P., Prélude au siècle des Lumières, Genève, Droz, 1975, t. VI, p. 211. – Sommervogel C, Tables des Mémoires de Trévoux précédées d'une notice historique, Paris, A. Durand, 1864. – Menestrier CF., Bibliothèque curieuse et instructive, 1704, p. 83. – Dumas G., Histoire du Journal de Trévoux depuis 1701 jusqu'à 1762, Paris, Boivin, 1936, p. 85, 195. – Desautels A., Les Mémoires de Trévoux et le mouvement des idées au XVIIIe siècle (1701-1734), Rome, Institutum historicum S.L, 1956, p. 123, 157. – Pappas J., Berthier's Journal de Trévoux and the philosophes, S.V.E.C. 3, 1957. – Hillenaar H., Fénelon et les Jésuites, La Haye, Nijhoff, 1967, p. 3 74. – Sgard J., « Chronologie des Mémoires de Trévoux », D.H.S., n° 8, 1976, p. 190.

FONTENAI

Numéro

308

Prénom

Pierre

Naissance

1683

Décès

1742

Pierre Claude Fontenai est né à Paris le 27 juillet 1683 et mort à La Flèche le 13 octobre 1742.

2. Formation

Il entre au noviciat des Jésuites le 31 août 1698. De 1701 à 1709, il est régent de grammaire, d'humanités et de rhétorique à Blois, Rouen, La Flèche et Paris. Après sa théologie au collège Louis-le-Grand, il est ordonné prêtre en 1712. Tout en dirigeant «les études littéraires des jeunes religieux» de Louis-le-Grand (Delattre, t. II, p. 912), il travaille l'histoire, et particulièrement l'histoire ecclésiastique. Il fait sa troisième probation à Rouen, en 1715-1716 (D.B.F).

3. Carrière

A partir de 1721, F. fait partie de l'équipe de journalistes des Mémoires de Trévoux (M.T.), sous la direction du père Thoubeau, puis du P. Rouillé (B.N., n.a.fr. 11364). Il est spécialement chargé de rédiger les extraits des ouvrages concernant «la religion et l'église», ce qui ne l'empêche pas de «cultiver les belles-lettres» (B). Parallèlement, il travaille à une Histoire générale des papes, restée inachevée, dont le «manuscrit a été retrouvé (B). En avril 1733, il est nommé recteur du collège d'Orléans (Delattre, t. III, p. 1015 ; D.B.F.), lorsqu'à la mort du P. Longueval (12 janvier 1735), il est rappelé à Paris pour continuer l'Histoire de l'église gallicane dont 8 volumes avaient été publiés de 1730 à 1734. F. y consacre ses dernières années ; en s'appuyant sur quelques matériaux manuscrits, «une suite informe de 380 pages», «reste toujours précieux à un continuateur» (Préface non signée en tête du t. IX de l'Histoire de l'église gallicane, vraisemblablement de F.) laissés par le père Longueval, il compose le tome IX. Il rédige ensuite le t. X volume et une grande partie du t. XI (jusqu'à la page 522 de l'édition de 1744, d'après B). Interrompu le 5 janvier 1740 par une attaque qui le laisse paralysé (M.T., juillet 1742, p. 1204 : «Eloge historique du P. Brumoy»), il est envoyé de la maison professe des Jésuites de Paris au collège de La Flèche. Il est remplacé par le père Brumoy qui revoit, corrige et augmente le tome XI (B, M.T., avril 1745, p. 607).

6. Activités journalistiques

Parmi les divers comptes rendus qu'il écrit pour les M.T. à partir de 1721, on ne peut lui attribuer de façon certaine que les extraits des premiers volumes de l'Histoire de l'église gallicane : nov. 1730, p. 1901, janv. 1731, p. 5, mai 1731, p. 856 et p. 872, juin 1732, p. 972, août 1733, p. 1368, avril 1736,p. 599, nov. 1736, p. 2331, déc. 1736, p. 2646 (Sommervogel, Augustin et Aloys de Backer, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Paris, 1892, t. III).

7. Publications diverses

F. publie en 1722 dans un recueil de poésies du collège Louis-le-Grand, une pièce en vers : «In argenteam imaginem Ludovici XV solemniter consecrat.»(Cat.B.N., Sommervogel), puis en 1728, dans le Mercure, des «Fables pour servir d'inscriptions aux loges de la Ménagerie de Chantilly», «Le cerf de Siam», «Le mouton de Barbarie» (Le Mercure, 1728, p. 501 : Sommervogel).

Il signe les tomes IX et X de l'Histoire de l'église gallicane, publiés en 1739, est co-auteur avec le Père Brumoy du tome XI, qui paraît en 1744.

8. Bibliographie

Moreri (éd. de 1759), Feller-weiss, B.Un., N.B.G., Sommervogel, D.B.F. – B.N., n.a.fr., ms. 11364 publié par J. Sgard et F. Weil dans D.H.S. n°8, Paris, Garnier, 1976, sous le titre : «Anecdotes inédites des Mémoires de Trévoux (1720-1744)», p. 193 et suiv. – Histoire de l'église gallicane, Paris, Montalant, Coignard, Guérin et Rollin : (B) Préface du P. Berthier, qui contient un éloge du F., en tête du t. XI, et Préface non signée, vraisemblablement de F., en tête du t. IX, 1739. – Delattre P., Les Etablissements des Jésuites en France, t. II, p. 912 et t. III, p. 1015 – 1957. – Mémoires de Trévoux, juil. 1742, p. 1204 : «Eloge historique du P. Brumoy» et avril 1745, p. 607.

DU PIN

Numéro

277

Prénom

Louis

Naissance

1657

Décès

1719

Descendant d'une famille notable de Normandie, Louis Ellies Du Pin, est né le 17 juin 1657, fils de Louis Ellies Dupin, écuyer, et de Marie Vitard ; il était parent de Jean Racine par sa mère (Moreri). Il mourut à Paris le 6 juin 1719. L'épitaphe de son tombeau, composée par Charles Rollin, peut être encore lue dans la crypte de l'église Saint-Séverin (D.B.F.). Il usa à deux reprises du pseudonyme d'abbé de Clairval, pour signer l'Histoire d'Apollonius de Tyane (1705) et la Bibliothèque universelle des historiens (1707).

2. Formation

Après une formation domestique où son père et des précepteurs lui enseignèrent les rudiments, D. reçut une formation scolaire : admis en troisième au collège d'Harcourt, sa précocité fut vite remarquée de ses maîtres qui soutinrent ses efforts. Reçu maître ès arts à quinze ans, il adopta l'état ecclésiastique ; bachelier en théologie en 1680, il obtient sa licence puis est reçu docteur en Sorbonne le 1er juillet 1684.

3. Carrière

En octobre 1686 il fut admis à la survivance de Léon Noël dans la chaire de philosophie du Collège royal, donnant les leçons sans percevoir de gages jusqu'à la mort de son prédécesseur. A cet enseignement, à ses fonctions de commissaire dans la plupart des affaires de la Sorbonne, il ajouta une énorme entreprise d'érudition : la Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques. L'abbé Bignon l'adjoignit à partir de 1702 à l'équipe du Journal des savants (J.S.), fonction qu'il n'exerça que jusqu'au printemps de 1703, comme celle de censeur pour les livres religieux qu'il avait reçue en même temps. Le Brun a relevé cinq examens à son nom jusqu'au 5 janvier 1703, pour des sermons et des livres de dévotion, ses tendances jansénistes et sa condamnation de 1693 l'écartant probablement de la théologie et de l'exégèse.

L'affaire du cas de conscience mit fin à ces activités : D. se vit retirer l'examen d'un livre reçu le 20 février 1703 et, en mars de la même année, il fut exilé à Châtellerault, perdant avec ses fonctions de journaliste et de censeur, sa chaire du Collège royal et tout espoir d'entrer à l'Académie française.

Sensible à l'idée de réunion des Eglises, il rédigea un mémoire à ce propos lors du voyage de Pierre le Grand en France (1717) et correspondit en 1718 avec l'archevêque de Canterbury, William Wake, qui poursuivait le même projet. Inquiet de telles relations et désireux de ménager la cour de Rome, Dubois fit saisir ses papiers le 13 février 1719. Lafitau, évêque de Sisteron, dressa contre lui un véritable réquisitoire, dans lequel il l'accusa d'avoir commis de graves erreurs doctrinales (B.Un. ; Dictionnaire de spiritualité). Ce fut le dernier tracas de D. avant sa mort, en juin suivant.

4. Situation de fortune

Lorsque sa rapide rétractation lui eut permis de regagner Paris en octobre 1704, privé de ses emplois, il vécut de sa plume, publiant alors les trois quarts de ses ouvrages. Saint-Simon écrit : «Il fut réduit à imprimer pour vivre, ce qui a rendu ses ouvrages si précipités, peu courus, et qui enfin le blasa de travail et d'eau de vie qu'il prenait en écrivant pour se ranimer et pour épargner d'autant sa nourriture».

5. Opinions

D. est l'auteur d'une œuvre considérable où s'expriment ses sympathies pour le jansénisme gallican. Son immense entreprise historique et bibliographique, la Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques (5 vol. publiés de 1686 à 1691) lui attira les critiques de D. Mathou, bénédictin, sur le martyre de saint Savinien, puis celles de M. Petitdidier, qui publia des remarques critiques sur les tomes 1, 2 et 3. L'affaire s'amplifia lorsque Bossuet lui reprocha de favoriser le nestorianisme, d'affaiblir l'autorité du Saint-Siège et de prêter des opinions peu fondées aux Pères de l'Eglise. Le 16 avril 1693. Mgr de Harlay, archevêque de Paris, condamna l'ouvrage (B.N., f.fr. 21048 et 23671) ; le 1er juillet suivant, le Saint-Office le mit à l'index. D. signa en novembre 1698, avec onze autres docteurs de Sorbonne, la censure des Maximes des saints de Fénelon ; mais il manifesta surtout ses sentiments jansénistes lors de l'affaire du cas de conscience. Accusé d'avoir divulgué la consultation des docteurs de Sorbonne de juillet 1701 qui fut condamnée par le pape le 12 février 1703, et par Noailles le 22 février suivant, D. perdit ses charges et fut éloigné de Paris.

D. s'attira une autre querelle, d'ordre littéraire cette fois, en publiant les sept volumes de l'Histoire des Juifs de Basnage sans nom d'auteur, en 1710. D. avait bien procédé à quelques changements et additions ; Basnage de Beauval protesta vivement contre ce procédé qui consistait « à mutiler et à défigurer» l'œuvre d'un «auteur vivant», et donna une nouvelle édition de son ouvrage : Histoire des Juifs réclamée et rétablie par son véritable auteur : M. Basnage (Tables du Journal des savants, art. «Dupin» ; Nicéron).

6. Activités journalistiques

Connaissant sa puissance de lecture, sa facilité de plume, et sensible à un jansénisme sans obstination, l'abbé Bignon chargea en 1702 D. de réaliser pour le Journal des savants les extraits des ouvrages religieux qui formaient environ le quart des livres analysés par la revue. Déjà absorbé par ses autres fonctions, D. se déchargea d'une partie des extraits sur son ami Pierre François Bigres, lui aussi docteur en Sorbonne, qui le remplaça lorsqu'en mars 1703 son exil mit fin à sa carrière de journaliste. Il est difficile de préciser exactement de quels extraits il est l'auteur. La consultation des trois derniers volumes de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVIIe siècle (1708) peut fournir quelques indices à cet égard, car Dupin y reprend des extraits qu'il avait écrits pour le J.S., mais aussi, d'après Nicéron, des extraits dûs à d'autres journalistes : «Une bonne partie de cet ouvrage n'a pas coûté beaucoup à M. Dupin, car il n'a fait que copier les extraits dont il parle et qui se trouvent dans le J.S. ; comme la plupart étaient de lui, il les a apparemment revendiqués comme un bien qui lui appartenait» (t. II).

Malgré sa brièveté, cette collaboration témoigne des principes qui guidaient J.P. Bignon dans le choix des rédacteurs du J.S. : outre sa puissance de travail et une érudition peu commune en matière d'histoire religieuse, D. manifestait par son hostilité au quiétisme, ses sympathies pour le jansénisme et ses ouvrages, l'attitude d'esprit éclairée sans être critique qui prévalait dans l'entourage du directeur de la Librairie.

7. Publications diverses

Attaché de1686 à 1711 à l'édition de la Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, D. donna pendant cette période une quarantaine d'autres ouvrages (Cat.B.N.). Cette fécondité s'étendait à plusieurs genres : théologie, droit canon, histoire, exégèse. Mais il écrivait assez rapidement, sans toujours polir les interprétations et le style avec assez de soin, ce qui lui valut attaques et condamnation. On lui doit entre autres : Dissertation préliminaire ou prolégomènes sur la Bible, Paris, 1699 et 1701, 2 vol. – Notae in Pentateuchum Mosis, 1701, 2 vol. – Histoire de l'Eglise en abrégé par demandes et par réponses, 1712. – Analyse de l'Apocalypse, 1714. – Méthode pour étudier la théologie, 1716. – Traité philosophique et théologique sur l'amour de Dieu, 1717, ouvrage qui suscita une controverse avec un auteur anonyme, à qui D. répondit dans une Continuation du Traité, 1717. – Il rédigea de nombreux articles pour les éditions de 1712 et 1718 du Grand Dictionnaire historique de Moreri. Il aida aussi Jacques Le Cointe, avec lequel il partageait son logement, pour son Histoire du règne de Louis XIII (1716-1717, 5 vol.). Il participa à la commission qui examina l'édition des conciles du P. Jean Hardouin. Il rédigea également de nombreuses éditions. On trouve la liste de ses œuvres dans les Mémoires de Nicéron (t. II, p. 25-48 ; t. X, 1er part., p. 75-77 : 2e part., p. 80-81 ; t. XIX, p. 186 et suiv.).

8. Bibliographie

Feller-Weiss ; B.Un. ; N.B.G. ; Cior 17. – Moreri, éd. 1759, t. VIII, «Pin, Louis Ellies Du». – Dictionnaire de spiritualité, t. III, col. 1825-1831, avec une bibliographie détaillée. – D.T.C., t. XXII, p. 2111 et suiv. – A.N., M 758 : recueil de notes historiques et critiques (par le P. Léonard). – B.N., f.fr. 21939-21949 : registres des ouvrages manuscrits ou imprimés présentés à M. le Chancelier. – Archives du Collège de France, CXII, Louis Ellies Dupin, Pièce 1 : nomination de D. en survivance de Léon Noël. – Histoire du cas de conscience, Nancy, 1705-1711. – Journal des savants, 13 juin 1718. – Table du Journal des savants, t. IV, 1754, p. 186 et suiv. – Le Brun J., «Censure préventive et littérature religieuse en France au début du XVIIIe siècle», Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1975, t. II, p. 201-225.

DU HALDE

Numéro

268

Prénom

Jean Baptiste

Naissance

1674

Décès

1743

Jean Baptiste Du Halde est né à Paris le 1er février 1674. Il est mort à Paris le 18 août 1743.

2. Formation

D. entra dans la Compagnie de Jésus le 8 septembre 1692 et fit la profession solennelle des quatre vœux le 2 février 1708 (Moreri).

3. Carrière

Il professa au collège Louis-le-Grand, puis fut placé dans la maison professe en 1708, où on lui confia le soin de poursuivre la tâche qu'avait exercée le P. Charles Le Gobien ; il s'agissait «de recueillir, de mettre en ordre et de publier les lettres écrites [...] par les missionnaires de la Société» (Moreri). Il fut aussi secrétaire du P. Le Tellier, confesseur du roi, puis directeur de la congrégation des artisans. A la mort du P. Du Trévou, en 1729, il devint confesseur du duc d'Orléans, fils du Régent (Sommervogel, t. IV, p. 34).

6. Activités journalistiques

Succédant au P. Le Gobien, D. publia 18 recueils (du 9e au 26e inclus) des Lettres édifiantes et curieuses, écrites des missions étrangères par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus (L.E.C.), de 1711 à 1743. Le neuvième volume vit le jour en 1711, puis la publication se poursuivit à un rythme assez régulier : 1713,1715, 1717, 1718, 1720, 1722, 1724, 1726, 1728, 1729, 1731, 1734, 1736, 1738, 1739, 1741, 1743. Toutes ces livraisons furent imprimées à Paris chez Nicolas Le Clerc, et chacune d'entre elles s'ouvre par une épître dédicatoire aux Jésuites de France, qui tient lieu de préface présentant et commentant les textes produits. Les L.E.C., sous la direction de D., restèrent fidèles aux buts que leur avait assignés le P. Le Gobien ; elles demeurèrent à la fois un instrument d'édification morale et religieuse et un document fournissant des informations inédites sur la géo- graphie des divers pays visités par les missionnaires et sur les mœurs de leurs habitants. Leur succès ne se démentit pas, comme l'indiquent les comptes rendus dans les ouvrages périodiques de l'époque (Mémoires de Trévoux, Journal des savants, Mercure, Journal encyclopédique). De nombreux recueils furent d'ailleurs réimprimés (voir D.P.1 814). Les responsables de la publication des L.E.C, n'ont pas édité les lettres des missionnaires Jésuites dans leur version originale. Si le P. Le Gobien procède surtout à un travail de sélection et d'embellissement du style, D. réalise des remaniements plus importants ; il résume certains passages, en retranche d'autres, il insère des développements de sa plume, construit des montages à partir d'extraits de différents auteurs. Sous sa direction, le texte des L.E.C, est le résultat d'une véritable recomposition qui n'est pas sans conséquences sur l'image que le périodique donne de tel ou tel pays. Ainsi, V. Pinot (p. 166-167) analyse-t-il l'idéalisation de la Chine et des Chinois par D., que l'on peut justifier par la visée morale des L.E.C. Selon N. Hamadène, «la tendance à édulcorer les textes» s'explique à la fois par la volonté de ne pas raviver certaines querelles (comme la querelle des rites) et par la dimension apologétique des L.E.C. (D.P.1 814, p. 737).

Sommervogel signale une Lettre de D. à M. Fourmont dans le périodique Jugement sur quelques ouvrages nouveaux (1744, t. V, p. 45-47), portant sur une pièce chinoise intitulée L'Orphelin de la Chine. Cette lettre fut publiée à titre posthume.

7. Publications diverses

Selon la B.Un., D. est l'auteur de plusieurs «opuscules de collège», parmi lesquels Serebussuli [...] Philippo Aurelianen- sium Duci in natalem [...] Carnutum ducis gratulatio (1703) et plusieurs odes en vers latins : Druidae Carnotensis de Serenis- simo Principe Carnotensium Duce Vaticinium (Paris, 1703, in-40, 4 p.)- cunas Serenissimi Principis Carnotensium ducis (Paris, 1703, in-40, 5 p.). In natalem [...] ducis Britanniae [...] dialogus Gallae et Hispaniae (Paris, 1704, in-40, 4 p.). Augustissimo ecclesiae Gallicanae clero (Paris, s.l.n.d. [1705], in-40, 4 p.). – Selon Moreri et Sommervogel, on lui doit aussi une comédie en musique, Midas (Paris, 1704) et une tragédie en musique, Narcisse, jouée le 2 mars 1707 (Paris, 1707, in-40). – Un poème latin, De arte dramática, mentionné dans un mémoire manuscrit du P. Oudin (Moreri), des harangues et «des opéras fort curieux» (Sommervogel) sont restés inédits. – D. traduisit en latin la Seconde instruction pastorale de M. Languet, évêque de Soissons, contenant un second avertissement aux appelants de son diocèse (15 juin 1718) (Douai, 1720, in-40). – Il édita Le Sage chrétien ou les principes de la vraie sagesse pour se conduire chrétiennement dans le monde du P. A. Le Royer (Paris, 1724, in-12 et Bruxelles, 1729) et en 1741, l'Essai sur le beau du P. André (Moreri ; Sommervogel).

Mais l'ouvrage qui le rendit célèbre est sa Description géographique, historique, chronologique et physique de l'empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, enrichie de cartes [...] et ornée d'un grand nombre de figures et de vignettes, Paris, 1735, 4 vol. in folio (les cartes et les figures sont de d'Anville). Utilisant les matériaux fournis par la correspondance de ses confrères, D. donna au public la première description exacte et détaillée de la Chine, qui servit de référence jusqu'au XIXe siècle. Elle a été réimprimée à La Haye en 1736, traduite en anglais avec quelques retranchements (Londres, 1739), en allemand (Rostock, 1747-1756), en russe (Saint-Pétersbourg, 1774-1777). Voir Moreri ; B.Un. ; Cat.B.N. ; Sommervogel.

8. Bibliographie

Moreri ; B.Un. ; Sommervogel, t. IV, p. 34 ; Cior 18. – Dezobry et Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, t. 1, Paris, 1863. – Cat.B.N., t. XLIII, 1910, p. 901-902. – Pinot V., La Chine et la formation de l'esprit philosophique en France, Paris, 1932, p. 61, 158-167.

DUFOURNY DE VILLIERS

Numéro

262

Naissance

Louis 1739

Décès

An V

Né en 1739, peut-être à Paris, Louis Pierre Dufourny de Villiers serait mort dans le courant de l'an V (Walter et Martin, t. II, p. 146 : D.B.F.).

3. Carrière

D. était ingénieur en chef de la ville de Paris lorsque la Révolution éclata. Mû par des convictions démocratiques avancées, il s'engagea énergiquement dès la première heure dans la vie politique révolutionnaire. Il fut nommé, en 1789, président du district des Mathurins. En 1790, il fut un des fondateurs du «Lycée» (D.B.F.). Membre du club des Cordeliers (à partir de 1790?), il défendit avec force les principes de liberté et d'égalité. Electeur de 1792 (La Grande Encyclopédie), il fit partie, sous la Convention, du directoire du département de Paris et présida même cette assemblée en 1793 (Walter et Martin). Membre de l'administration des poudres et des salpêtres, il rédigea une brochure, Instruction pour tous les citoyens qui voudront exploiter eux-mêmes du salpêtre, qui fut envoyée dans toutes les municipalités par le Comité de salut public (D.B.F.). Il fit partie du Comité des Six qui, prenant prétexte du discours d'Isnard contre la Commune de Paris, organisa l'insurrection du 31 mai 1793 contre les Girondins (Furet et Ozouf). Les hébertistes l'ayant chassé du club des Cordeliers, il déposa contre eux dans leur procès (mars 1794), mais eut le courage de défendre Danton quelques jours plus tard. Exclu du club des Jacobins auquel il s'était rallié, il fut arrêté et traduit au Comité de sûreté générale sur l'ordre de Robespierre. La chute et l'exécution de ce dernier (9 thermidor an II - 27 juil. 1794) lui permit d'échapper à la répression et de recouvrer la liberté. Accusé de terrorisme par Cambon (6 frimaire an III), il fut arrêté à nouveau, puis libéré grâce à l'amnistie du 4 brumaire an IV (B.N.C. ; La Grande Encyclopédie).

6. Activités journalistiques

Au moment de la rédaction des cahiers de doléances, D. conçut le projet d'un journal destiné à faire reconnaître par les députés aux Etats Généraux les droits du quatrième ordre, c'est-à-dire «des infortunés, des infirmes, des indigents», «des journaliers», «des salariés abandonnés de la société», «contraints par la misère à donner tout leur temps, toutes leurs forces, leur santé même pour un salaire qui représente à peine le pain nécessaire pour leur nourriture». Cette publication généreuse intitulée Cahiers du quatrième ordre parut le 25 avril 1789 et n'eut qu'un seul numéro. D. y invitait «les curés, les sociétés philanthropiques, les administrateurs des hôpitaux » à lui faire parvenir des mémoires sur la nature et les causes de la misère dans leur district, qu'il se chargerait de publier. Ainsi alertés, les députés pourraient prendre des mesures pour «la protection, la conservation des faibles de la dernière classe», véritable devoir moral de toute société (D.P.1 192 ; Rétat).

La Gazette nationale du 29 brumaire 1793 publie un discours de D. prononcé devant la Société des Amis de la liberté et de l'égalité, séante aux Jacobins, dans lequel il attaque la moralité de Chabot (Cave et al.).

7. Publications diverses

Les écrits de D. sont étroitement liés à son activité de révolutionnaire. Il est l'auteur de nombreux mémoires, de pamphlets et de discours, qui font connaître sa pensée sur les événements. Plusieurs brochures consacrées au « meilleur plan de municipalité», aux assignats, aux «droits des Avignonnais à la plus entière liberté» parurent en 1790. La même année, il défendit l'institution patriarcale du gâteau des rois et appela les nantis à associer les indigents à toutes leurs entreprises (Le Gâteau des rois, impr. de Châlon, 1790, in-8°, 8p.). Champion du principe de liberté, il lança plusieurs appels «aux hommes dignes de la liberté», à propos de la formation de l'armée et sur le culte de la liberté (Pétition présentée à l'Assemblée nationale le 10 juil. 1792). D'autres textes manifestent son combat en faveur de l'égalité : Invitation à tous les citoyens assemblés en sections à manifester leur reconnaissance pour l'Assemblée qui vient de supprimer les droits d'entrée. – Invitation aux districts à former des comités fraternels. Adversaire du fédéralisme, il s'adressa à l'opinion publique afin qu'elle participe à l'élaboration des lois économiques et commerciales (1er sept. 1793) et réclama dans une pétition du 11 décembre 1793 des mesures révolutionnaires, et notamment l'envoi au tribunal de la sœur de Capet. Il voulut régulariser les arrestations (9 vendémiaire an II), mais célébra la mort de Robespierre et mit en garde ses concitoyens contre de nouvelles tyrannies (30 fructidor an II, L.P. Dufourny, à ses concitoyens). Il s'opposa aux fédéralistes dans un pamphlet Sentinelle, prends garde à toi du 10 brumaire an III et aux robespierristes dans «Allégeance! Justice! Vengeance!» (3 germinal an III). Il écrivit aussi une Suite de principes fondamentaux sur la source et les limites de la souveraineté propre de chaque individu (Walter et Martin ; Tuetey, t. I, n° 466 et 477 ; t. IV, n° 1286 ; Tourneux, t. II, n° 5473, 6523, 9183, 9420, 9834 et t. III, n° 17288 et 19862 ; Cat.B.N. ; D.B.F.).

8. Bibliographie

B.N.C. ; D.B.F. ; Cat.B.N. – Walter G. et Martin A., Catalogue de l'histoire de la Révolution française, Paris, 1936-1943, t. II, p. 147. – La Grande Encyclopédie, t. XV, p. 16. – Lavisse E., Histoire de France contemporaine, Paris, 1920-1932, t. I, p. 288 et t. II, p. 96, 153. 188. – Furet F. et Ozouf M., Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, 1988, p. 120. – Tourneux M., Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution, Paris, 1890-1913, t. II et III. – Tuetey A., Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, Paris, 1890-1914,1.1 et IV. – Rétat P., Les Journaux de 1789, C.N.R.S., 1988, p. 51. – Cave C. et al., 1793, L'Esprit des journaux, U. de Saint-Etienne, 1993, p. 287-288.

DU CERCEAU

Numéro

253

Prénom

Jean Antoine

Naissance

1670

Décès

1730

Jean Antoine Du Cerceau naquit à Paris le 12 novembre 1670 : il mourut subitement le 4 juillet 1730, non pas d'« une apoplexie» comme le précisait la lettre circulaire envoyée aux maisons de la Compagnie de Jésus pour annoncer son décès (B.C.J., t. II, 1891, p. 967), mais victime d'un coup de fusil de chasse tiré accidentellement par son élève, Louis François de Bourbon, prince de Conti.

2. Formation

Brillant élève au collège Louis-le-Grand, D. y étudia la théologie pendant onze ans, de 1681 à 1688 et de 1696 à 1700. Il entra au noviciat des Jésuites le 12 janvier 1688 (D.B.F.).

3. Carrière

«Voué de cœur à l'enseignement de la jeunesse», D. occupa plusieurs fonctions dans les collèges de la Compagnie : après avoir été régent à Rouen pendant cinq ans, il enseigna la rhétorique à La Flèche ( 1702-1703) et fut préfet des études à Bourges de 1710 à 1714. Il fut attaché à la maison professe comme scriptor et bibliothécaire de 1703 à 1706, puis au collège Louis-le-Grand, où il exerça comme écrivain, cubiculaire ou précepteur de jeunes nobles (notamment du duc de Château-Thierry en 1718) (D.B.F.). Il se livra de bonne heure à son goût pour les lettres et réussit en bien des genres : poésie, théâtre, éloquence, critique, histoire. «Son esprit était de ces esprits faciles qui prennent aisément toutes les formes. » (Eloge).

5. Opinions

D. prit part à plusieurs débats, tant pour le compte de la Compagnie qu'en son nom personnel. Il défendit l'honneur des Jésuites dans la querelle qui les opposa, en 1696, au poète Santeuil, à l'occasion de l'épitaphe que ce dernier avait faite pour Antoine Arnauld de Port-Royal, dans une satire en vers latins, Santeuil vengé, qu'il traduisit ensuite en français. Cette satire est publiée dans l'Histoire des troubles causés par M. Arnauld après sa mort (1696, 84 p.) (B.C.J., n° 7). Il composa plusieurs factums qui parurent au nom de la Compagnie contre la calomnie de Brest qui occupa les esprits de 1717 à 1723 (B.C.J., n° 35). On lui attribue également un libelle en vers à propos de la bulle Unigenitus, La Constitution Unigenitus rejetée depuis plusieurs siècles (1718, in-8°, 10 p.), condamné par le Parlement de Dijon le 5 mai 1718 (B.C.J., n° 37). D'après la B.Un., «la franchise de ses jugements» lui attira plusieurs querelles littéraires : la première avec P.J. Burette, rédacteur au Journal des savants (J.S.), au sujet de la musique des Anciens grecs, s'étendit de 1727 à 1730. Cette dispute commença avec la publication par D. d'une longue dissertation adressée au P. Sanadon sur la traduction et le commentaire d'un passage d'Horace par André Dacier. Dans cet article (Mémoires de Trévoux (M.T.), 1727), D. exposait ses vues sur la musique des Anciens grecs et critiquait les thèses de Burette. Ce dernier répliqua à D. en présentant le compte rendu de la traduction d'Horace par le P. Sanadon (qui avait adopté l'opinion de D.) dans le J.S. de mai 1728. La querelle se développa pendant trois ans par le canal des M.T. et du J.S. (Supplément de la Table générale du J.S., t. X. p. 276 ; Eloge ; B.C.J., p. 979-980 ; Péricaud). Deux autres controverses de nature religieuse le mirent aux prises avec l'abbé d'Olivet. Rendant compte dans un extrait des M. T. (1721, p. 2015-2041) de la traduction par l'abbé d'Olivet des Entretiens sur la nature des dieux de Cicéron, D., inquiet de l'influence grandissante des philosophes païens, se demandait «s'il était bien à-propos de mettre entre les mains de tout le monde un ouvrage qui semble mener à l'athéisme ou du moins à un esprit d'indifférence et d'incertitude en matière de religion» (Desautels, p. 217). L'abbé d'Olivet, qui avait également été mis en cause par le P. Castel (M.T., juin 1725, p. 989) à propos de son édition du Traité philosophique de la faiblesse de l'esprit humain (1723) par Huet, évêque d'Avranches, fit publier une réponse à ses deux accusateurs, en 1726. D. se chargea de l'affaire et répliqua successivement sur les deux points (M.T., janv. 1727, p. 164 ; févr. 1727, p. 197). Dans sa deuxième Réponse, il se rangea aux côtés du P. Castel pour réfuter l'attribution du Traité philosophique à l'évêque d'Avranches. Selon Sommervogel, «en défendant la mémoire du célèbre Huet», il se fit «le champion d'une cause perdue» (Essai historique ; sur ces deux controverses, voir J.S., juin 1727, p. 341 et suiv. ; Péricaud ; B.C.J., p. 980-981, n° 43 ; Desautels, p. 185).

6. Activités journalistiques

D. collabora à plusieurs journaux, comme auteur et comme critique. D'après F. Moureau, il publia des pièces de poésie dans le Nouveau Mercure de Trévoux (1708-1711) (D.P.1 986) ; on peut citer notamment une Epître au duc du Maine sur un présent de vingt deux pâtés (janv. 1708, p. 203-211).

Il fit paraître également plusieurs poèmes profanes dans le Mercure galant de Dufresny (1710-1714). F. Moureau donne la liste des œuvres de D. insérées dans ce journal : deux poésies, La Rune (juil. et nov. 1712, p. 145-189 et p. 60-64), Le Chêne et l'épine (sept. 1712, p. 93-97) ; une pièce de flatterie courtisane : Pour M. le dauphin, le futur roi Louis XV (déc. 1713, p. 207-224) ; deux épîtres en vers : Les Plaintes du messager du Mans (sept. 1711, t. IV, p. 3-22) et A Monsieur Estienne, libraire à Paris (mai 1711, t. IV, p. 9-28) ; L’Epître à l'occasion d'un ouvrage d'esprit obscur (févr. 1713, p. 3-37) et le poème Nécessité de la critique (févr. 1714, p. 49-93) constituent une sorte d'art poétique où s'exprime de manière nuancée l'esprit moderne de D.

Le Nouveau Mercure (1717-1721) dirigé par François Buchet accueille plusieurs articles de D., qui contribuent, par rapport aux précédents Mercure, à approfondir le débat esthétique : en janvier 1717, D. publie une Défense de la poésie française (contre la dissertation de l'abbé Pons sur le poème épique) ; en avril-mai 1717, il donne une Apologie sur les savants (sur les vivacités et les impolitesses qui leur échappent dans leurs querelles) et en novembre 1717 et avril 1718, des Réflexions sur la poésie française (Moreri, t. III, 1759 et Supplément, 1.1, p. 269 ; B.C.J., p. 978 ; D.P.1 922).

Cior 18 signale la publication dans le Nouveau Mercure d'un extrait de la comédie Le Philosophe à la mode, attribuée à D. (juin 1720, p. 66-116) ; cette attribution est confirmée par l'Eloge du Mercure de France, mais discutée par Sommervogel (B.C.J., p. 981). Ce dernier mentionne en outre diverses productions de D. dans le même journal, une pièce de poésie, La Ravigotte (juil. 1720, p. 1755-1759) ; le Journal de Verdun de juin 1722 (p. 399) et la Clef du Cabinet de novembre 1722 (P- 315-318) accueillent Dépit contre le jeu du quadrille (B.C.J., P- 975)-

D'après J.M. Faux, D. collabora aux Mémoires de Trévoux de 1719 à 1730. En réalité, il semble qu'il y apporta sa contribution de manière épisodique dès 1703, au moins en qualité de poète. Deux épigrammes, attribuées à D., parurent en 1703 dans les M.T. (déc, p. 22 : il s'agit d'une pièce contre Boileau ; p. 37), mais le doute subsiste sur leur paternité (B.C.J., n° 18). En 1707, les M.T. publièrent dans son intégralité une œuvre en vers intitulée Portrait du roi de Suède (août, p. 1466). En tant que critique, il écrivit plusieurs extraits (Eloge, p. 1965) qu'il est difficile d'identifier. On sait cependant qu'il est en partie responsable (avec les PP. Catrou et de Courbeville) de la nouveauté de style du journal, que l'abbé Desfontaines railla dans son Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits en 1726 (Sommervogel, Essai historique, p. LIII). Seuls ses articles qui ont nourri les controverses sont connus : le débat avec PJ. Burette prit naissance avec la Dissertation adressée au Père Sanadon (M.T., janv. 1727, p. 100-141 ; suite en févr., p. 285-310 ; additions en avril, p. 605-629, juil., p. 1223-1254 et août, p. 1420-1443).

D. répliqua à l'extrait du J.S. de mai 1728 (sur la traduction d'Horace par Sanadon) en novembre et décembre 1728 (p. 2085-2107 ; 2189-2213), puis en janvier et février 1729 (p. 69-98 ; 234-250).

Enfin, il répondit à l'article du J.S. de mai 1729 (Réplique pour l'un des auteurs du Journal des savants) en juin et juillet 1730 (p. 950-969 ; 1149-1166). Les articles de D. se rapportant à son différend avec l'abbé d'Olivet sont mentionnés ci-dessus (Sommervogel, Table méthodique, p. 99-100).

7. Publications diverses

D. est l'auteur d'une œuvre considérable et variée. Avant l'âge de 25 ans, il livra au public quelques poèmes latins (Balthasar, 1695 ; Papilliones, 1696 ; Gallinae, 1696 ; et plusieurs odes), puis des poésies françaises qui prennent le plus souvent Marot comme modèle (on peut citer Les Pincettes, Les Tisons et la Nouvelle Eve). Ses vers latins ont été publiés dans un recueil en 1705 (et en 1724), une partie de ses vers français parurent sans l'autorisation de l'auteur en 1715 (puis en 1720, 1726, 1733, 1749). Mais bon nombre de ses chansons, satires et vers de circonstance sont restés inédits. Orateur apprécié, il prononça en 1703, dans la classe d'éloquence du collège de La Flèche, une oraison latine De Christo in cruce patiente (insérée en tête de ses Opéra latinae, 1724). Il fit à Bourges L’Oraison funèbre de Mgr Louis, dauphin (père de Louis XV) le 1er juin 1711 et celle de son épouse, Marie-Adélaïde de Savoie, le 1er avril 1712 (imprimées en 1711 et 1712). D. doit surtout sa popularité à ses productions dramatiques qui furent représentées d'abord au collège Louis-le-Grand, puis dans de nombreux collèges jésuites de France. Son plus grand succès fut Les Incommodités de la grandeur (comédie en cinq actes et en vers français, connue aussi sous les titres Grégoire ou Le Faux duc de Bourgogne), jouée à de nombreuses reprises dans des collèges de province jusqu'au XIXe siècle ; elle fut imprimée en 1733. On peut également mentionner Les Cousins, tragi-comédie représentée notamment le 16 mai 1725, Esope au collège (joué à Lyon pendant le Carnaval de 1715), L'Ecole des pères, Le Destin du nouveau siècle, récits en musique composés par D., musique de Campra, qui servit d'intermède à la tragédie Maxime martyr (représentée le 12 mai 1700) et qui parut en 1700, puis fut réimprimée dans un recueil en 1726, 1733, 1749 ; il écrivit une pièce latine Filius prodigus qu'il traduisit lui-même en français (1726, 1733, 1749) et les récits en musique de Jason ou La Conquête de la Toison d'or (ballet de Lejay) représenté les 3 et 6 août. 1701. B.Un. cite en outre un certain nombre de pièces restées inédites. D. s'intéressa aussi à l'histoire et donna en 1728 une Histoire de la dernière révolution de Perse, traduite en anglais, réimprimée sous deux titres différents : Histoire de Thomas Kouli-kan, sophi de Perse (1741) et Histoire des révolutions de Perse depuis le commencement de ce siècle jusqu'à la fin de l'usurpateur Aszraff (1742). Le P. Brumoy publia en 1733, après l'avoir terminé La Conjuration de Nicolas Gabrini, dit de Rienzi que D. avait laissé inachevé. D'après Péricaud, D. avait entrepris des commentaires sur Horace, Pline le Jeune et sur le traité de Cicéron : De la Nature des Dieux ; il avait poussé plus loin un Essai sur le caractère du style poétique et un Traité de la perspective, mais aucun de ces ouvrages ne fut mené à son terme. D'autres œuvres posent des problèmes d'attribution : si Moreri (Supplément, t. I) et Péricaud, tout comme l'Eloge lui accordent la paternité d'une Lettre critiquant l'Histoire des flagellants (écrite par l'abbé Boileau en latin), et publiée en 1703 (ou 1706), il est plus difficile de préciser la part prise par D. dans La Vie de Socrate et La Vie de Platon. Selon la B.Un., Fénelon avait laissé un canevas de ces deux livres, à partir duquel D. aurait rédigé la version définitive. L'attribution des Lettres d'Eudoxe (I à VI) sur l'apologie des Provinciales est plus problématique encore : s'agit-il d'un ouvrage de D., comme l'indiquent l'Eloge et Moreri (Supplément, t ; I) ou d'un écrit du P. Daniel ?

La liste des œuvres de D. peut être consultée dans la B.C.J. et dans l'Essai de Péricaud, en tête de l'édition des œuvres. L'Eloge et la B.Un. contiennent des informations sûres.

8. Bibliographie

Moreri ; B.Un. ; Feller-Weiss ; N.B.G. ; D.B.F. ; Cior 18, n° 25684-25709. – «Eloge du P. Du Cerceau», Mercure de France, sept. 1730, p. 1962-1967 (attribué au P. Brumoy). Dezobry et Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, Paris, 1863, t. I, p. 844. – Goujet, Bibliothèque française, t. VIII, p. 435 ; t. XVIII, p. 253. – Journal des savants, juin 1727, p. 341 et suiv. – Supplément de la Table générale du Journal des savants, t. X, p. 276. – (B.C.J.) Sommervogel C, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. II, 1891, p. 967-982. – ld., Essai historique (p. XLIV et XXIX) et Table méthodique des Mémoires de Trévoux, Paris, 1864. – Péricaud M.A., Essai, en tête des Œuvres de D., Lyon, 1828. – Boysse E., Le Théâtre des Jésuites, Genève, 1970, p. 62, 77, 218-226, 260-283, 352-356. – Desautels A.R., Les Mémoires de Trévoux et le mouvement des idées au XVIIIe siècle (1701-1734), Rome, 1856, p. 185,217. – Faux J.M., «La fondation et les premiers rédacteurs des Mémoires de Trévoux (1701-1739)», Archivum historicum societatis Jesu, Rome, janv.-juin 1754, 1954, t. XXIII, p. 131-151. – Myers R.L., «L'esthétique poétique de l'abbé du Cerceau», Revue de l'Université Laval, deéc. 1966. – Pizzorusso A., «Du Cerceau e la teoria delle inversioni poetiche», Studi mediolatini e volgari, t. XIV, 1966. – Moureau F., Le Mercure galant de Dufresny (1710-1714), S.V.E.C. 206, 1982.

9. Additif

6. Les références aux épigrammes dans les M.T. de 1703, puisées dans Sommervogel, sont fausses [SBM]

ALGAY DE MARTIGNAC

Numéro

007

Prénom

Etienne

Naissance

1620

Décès

1698

Etienne Algay de Martignac est né à Brive en 1720 (N.B.G. ; Champeval, p. 2) ou en 1728 (Moreri, Dezobry et Bachelet). Il appartenait à une ancienne famille de magistrats (Champeval, p. 2) du Limousin (N.B.G.). Il mourut à Paris en 1698.

3. Carrière

D'après N.B.G., «il vint de bonne heure à la cour», vécut dans l'entourage de Gaston d'Orléans et «vers l'âge de quarante ans», «se consacra entièrement à l'étude des lettres». Il fut académicien (Champeval, p. 2) et traduisit de nombreux auteurs latins.

5. Opinions

En tant que traducteur, A. fut en butte aux attaques de l'abbé de Marolles : celui-ci, jaloux de son succès, critiqua l'éloge de sa nouvelle traduction d'Horace (1678), paru dans le Mercure, puis composa deux discours dans lesquels il tenta de discréditer la traduction de son concurrent, tout en faisant avec complaisance l'apologie de la sienne. Il fit croire à «une cabale formée contre lui» en faveur de A. et le défia «de traduire autant de poètes que lui» (Goujet, t. VI, p. 346 à 355).

6. Activités journalistiques

A. publia un recueil périodique, Le Journal chrestien, «sur divers sujets de piété, tirés des SS. Pères et d'autres auteurs ecclésiastiques, par M. de M...», Paris, Lambert Roulland. Le privilège est accordé pour six ans au Sieur de M., le 29 mars 1685, et concédé par l'auteur à Lambert Roulland. La page de titre de chacune des dix feuilles qui composent ce journal indique leur date de publication : samedi 7, 14, 21 et 28 avril ; 5, 12 et 19 mai ; 2 et 16 juin ; 28 juillet 1685 (au total, 124 p. in-4°). A partir de la seconde feuille, le Journal chrestien est également vendu chez Guillaume Deluyne, au Palais. Dans un Avertissement, M. annonçait qu'il laisserait «aux théologiens scolastiques toutes les questions de doctrine qui partagent leurs opinions». Il se proposait de faire «distribuer [son] ouvrage par cahiers toutes les semaines», suivant «l'usage établi pour les journaux de littérature». Il le destinait «aux personnes [...] engagées dans les affaires du siècle, mais encore aux religieux et aux ecclésiastiques». Conformément aux termes de cet Avertissement, le journal est composé de courts passages des «Pères de l'église». Ce recueil périodique n'eut aucun succès (N.B.G.).

7. Publications diverses

A. écrivit des Mémoires contenant ce qui s'est passé en France de plus considérable depuis 1608 jusqu'à 1636, Amsterdam, Moetjens, 1683, in-12, Paris, 1685, insérés dans les Mémoires particuliers pour servir à l'histoire de France, 1756, 4 vol. in-12 et dans la Collection des Mémoires de Michaud et Poujoulat. Cet ouvrage est aussi connu sous le nom de Mémoires de Gaston, duc d'Orléans ; d'après la B.Un. de Michaud, «les matériaux en avaient été fournis à Martignac, non par ce prince, comme on l'a répété souvent et sans preuve, mais par l'un des officiers de sa suite, qui y parle quelquefois à la première personne et comme témoin oculaire des faits qu'il rapporte». A. est aussi l'auteur des Entretiens sur les anciens auteurs, contenant en abrégé leur vie et le jugement de leurs ouvrages, avec plusieurs extraits de leurs écrits, Paris, G. de Luines, 1696, in-12, et d'Eloges historiques des évêques et archevêques de Paris qui ont gouverné cette église depuis environ un siècle, Paris, F. Muguet, 1698, in-4°, qui contient des éloges de Pierre, Henri et Jean-François de Gondi, du Cardinal de Retz, de Hardouin de Péréfixe et de François de Harlay. Auparavant, A. s'était surtout fait connaître par des traductions, généralement estimées, d'un grand nombre d'auteurs latins : il traduisit successivement trois comédies de Térence (L'Eunuque, L'Heautontimoroumenos et L'Hécyre, 1670, 1678 et 1700), les Oeuvres d'Horace, 1678, 2 vol. in-12 (et 1684, 1687), celles de Virgile, 1681, 3 vol. in-8° (et 1686), les Satires de Perse et de Juvénal, 1682, (et 1683). Il donna aussi une traduction de l'ouvrage De l'imitation de Jésus-Christ, 1685, in-8°, qui fit l'objet de 12 ou 15 éditions en quelques années (B.Un.), et des Oeuvres d'Ovide, Lyon, 1697, 9 vol. in-8°. D'après Moreri et la B.Un, il commença une traduction de la Bible.

8. Bibliographie

Moreri, Feller-Weiss, Desessarts t. IV, p. 306 ; B.Un., N.B.G, Cat.B.N. – Ars., ms. 4° H 8897. – B.M. Grenoble, F 4503. – Dezobry et Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, Paris, F. Tandou, 1863, t. II. – Champeval J.B., Dictionnaire des familles nobles de la Corrèze, Marseille, Laffitte, 1976, t. II. – Conlon P., Prélude au siècle des Lumières, Genève, Droz, 1975, t. VI (index). – Baillet A., Jugements des savants, 1722, t. III, p. 178. – Goujet, Bibliothèque française, t. IV, p. 429 ; t. V, p. 176, p. 192, p. 344-355 ; t. VI, p. 151. – Michault, Mélanges historiques et philologiques, Paris, N. Tilliard, 1754, t. II, p. 58.– Journal des savants du 28 novembre 1678