BERNARD

Auteurs

Numéro

063

Prénom

Jean Frédéric

Naissance

1683?

Décès

1744

Jean Frédéric Bernard est né à Velaux en Provence en 1683 ou 1684 (d'après les bans de mariage de 1714) il était fils de Barthélémy Bernard (1645?-1694), pasteur au Luc de 1633 à 1637 puis à Velaux, réfugié à Amsterdam en 1686 (S-M, t. II, p. 184), et de Catherine Grub (van Eeghen, p. 18). B. est inscrit dans la communauté wallonne le 28 novembre 1696. Il se marie en mars 1714 avec Jeanne Chartier, née à Blois en 1687 ou 1688 (publication des bans le 9 mars 1714), qui meurt trois mois plus tard (enterrement le 22 mai 1714 à l'Eglise wallonne, 4e classe).

3. Carrière

Il se rend à Genève le 8 septembre 1704; Bayle l'utilise comme intermédiaire au cours de l'hiver pour achat de livres (lettre du 1er janv. 1705 dans Nouvelles Lettres de M. Bayle, La Haye, Van Duren, 1739, t. II, p. 421). La gazette annonce, en novembre 1707, une vente de livres suisses chez J.F. Bernard, «facteur de la société des libraires de Genève»; il loue alors une maison au Dr. Boyer, Leidse straat à Amsterdam. Il se rend de nouveau à Genève le 28 juillet 1709 (van Eeghen, p. 18).

Il est inscrit à la guilde le 13 août 1711 en qualité de libraire; il habite alors la Kalverstraat où il loue plusieurs maisons successives. Il publie sous son nom plusieurs éditions remarquables: les Mémoires de Brienne (1719), les Mémoires de Retz (1717), le Recueil des voyages au Nord (1715-1727, 8 vol.), les Superstitions anciennes et modernes... de P. Le Brun (1733-1736, 4 vol.), les Oeuvres de Rabelais, illustrées par B. Picard (1741, 3 vol. in-4°). Erudit et écrivain, il travaille lui-même à d'importants recueils comme l'Histoire des cérémonies et des superstitions... illustrée par B. Picard (1717), ou complète l'Histoire critique des journaux de Camusat (1734). C.E. Jordan écrit en 1733: «Mr. Bernard est un libraire qui a de l'esprit et du savoir; il aime peut-être trop l'étude pour son négoce» (Histoire d'un voyage littéraire fait en 1733, La Haye, 1735, p. 187).

4. Situation de fortune

Le «négoce» de B. fut en réalité très florissant. En 1742, il était imposé pour un revenu de 2000 florins. Il semble que sa fortune ait résulté d'habiles placements; en août et septembre 1720, il participe à la fondation d'une compagnie de commerce et de navigation à Hoorn, au capital de 50 000 florins, et à une compagnie de commerce et d'assurances à Utrecht, au capital de 15 000 florins (procurations citées par Van Eeghen, p. 20). Il prête de l'argent à plusieurs de ses confrères, Arkstée, P. Gosse, Changuion (ibid.).

5. Opinions

Esprit curieux et peut-être sceptique, B. fut en relations constantes avec les protestants du Refuge, mais aussi avec les milieux catholiques, notamment avec Camusat et La Martinière dont il édite dès 1722 les Mémoires historiques et critiques et avec qui il a collaboré à plusieurs reprises.

6. Activités journalistiques

B. s'est intéressé à plusieurs reprises au journalisme. Il édite en 1722 les Mémoires historiques et critiques de Bruzen de La Martinière et Camusat (voir ces noms), et de 1723 à 1729, les tomes I à XIII de la Bibliothèque française, ou Histoire littéraire de la France. Peut-être a-t-il rédigé lui-même les comptes rendus consacrés à l'histoire des voyages (cf. t. IV de la Bibliothèque française, 1re partie, art. 4, 5, 10, 12). Quérard et Haag lui attribuent une participation importante à la rédaction de ce journal ainsi qu'aux Nouvelles littéraires de Du Sauzet. En 1734, il publie l'Histoire critique des journaux de Camusat, dont il complète le tome II, réunissant en particulier un certain nombre de mémoires sur le Mercure (t. II, p. 198 et suiv.).

7. Publications diverses

De fréquentes confusions avec ses homonymes, Jacques Bernard, Bernard (ministre à Londres, traducteur de Bayle), Bernand (ministre suisse à Amsterdam), etc. rendent difficile l'attribution d'oeuvres originales à J.F. Bernard. Quérard lui attribue les Réflexions morales, satiriques et comiques sur les moeurs de notre siècle (Cologne, 1711) et l'Eloge de l'enfer (La Haye, 1759), sans preuves décisives. J.F. B. a surtout mis la main aux nombreux recueils qu'il a publiés: Recueil de voyages au Nord (1715-1727, 8 vol.), Histoire des cérémonies et des superstitions (1717), Dissertations mêlées sur divers sujets importants et curieux (1740).

8. Bibliographie

Haag. – Van Eeghen I.H., Der Amsterdamse boekhandel (1680-1725), Amsterdam, 1960-1967, t. IV, p. 18-20.

BARET

Auteurs

Numéro

033

Prénom

Jean François

Naissance

1756

Décès

1800

Jean François Baret est né en 1756 à Saint-Martin, près de Boulogne ; il est mort le 11 janvier 1800 à Valenciennes.

2. Formation

On ne sait rien de ses origines ni de sa formation. Reçu franc-maçon à Malines à une date inconnue, il se fait connaître par des vers dédiés à l'archevêque de la ville, ainsi que par des discours maçonniques ; c'est également à Malines qu'est imprimé en 1784 le Courrier de l'Escaut.

3. Carrière

Sa carrière politique commence à l'arrivée de Dumouriez en Belgique, en novembre 1792. Il entre au club des Jacobins de Bruxelles, dont il devient président, puis secrétaire. Il publie, le 25 novembre 1792, le Discours prononcé à la Société des amis de la liberté, séant aux ci-devant jésuites. Le 6 février 1793, il est élu délégué à la Convention Nationale par la Société populaire de Bruxelles. La retraite de l'armée française l'oblige à quitter Bruxelles en mars 1793. Il y revient en juin 1794, est nommé membre du Conseil de Sûreté Générale, accusateur public près du tribunal révolutionnaire d'Anvers et commissaire du pouvoir exécutif dans le département de la Lys. Le 13 avril 1798 (23 germinal an VI), il est élu par le département de la Lys député au Conseil des Anciens, dont il devient secrétaire le 24 mars 1799. Il fait plusieurs interventions au Conseil des Anciens, dont une sur la liberté de la presse le 12 juillet 1799. Le 18 brumaire, il est envoyé dans le Nord pour épurer et réorganiser l'administration. Le 26 novembre 1799 (4 nivose an VIII), alors qu'il était à Maubeuge, il est nommé au Tribunat. Gravement malade, il tente de rejoindre son poste, mais meurt à Valenciennes le 11 janvier. Le Dictionnaire des parlementaires publie sa dernière lettre (11 nivose an VIII), dans laquelle il se met au service du Tribunat.

6. Activités journalistiques

Courrier de l'Escaut (1784-1789) : voir D.P.1 267. Il a collaboré, durant la Révolution, aux Annales de la monarchie, dirigées contre les Ephémérides de l'humanité de Linguet.

8. Bibliographie

Robert A. et Cougny G., Dictionnaire des parlementaires français, t. I, Paris, Bourloton, 1889.- D.B.F. (notice de P. Vaucelles).

9. Additif

État civil: Jean François Baret, fils de Jean-François Marie Baret marchand et de Catherine Charlotte Fortin, est né à Boulogne-sur-mer (paroisse Saint Nicolas) le 26 octobre 1756 et mort le 6 janvier 1800 à Maubeuge. Marié à Marie-Isabelle Neytz, fille de Jacques-Toussaint-Dominique Cary dit Neyts, dramaturge et librettiste flamand qu'il a rencontré à Malines.

Formation: Il fit toutes ses études au Collège de l’Oratoire et, à vingt et un ans, il se fit recevoir Maître ès Arts de l’Université de Paris.

Carrière: Membre du Directoire de Boulogne, Jean François BARET organise la fête de la Patrie du 10 novembre 1793. Il est encore membre de ce Directoire fin avril 1794.

Publications diverses: Lettres à l'auteur des Considérations sur l'ouverture de l'Escaut [Simon Linguet]. Par le quaker de Lillo, Bergen-op-Zoom, imprimerie du Courrier de l'Escaut, 1785 (attribution BnF).

Bibliographie : AD Pas de calais, 5 MIR 160/3/1 Boulogne sur mer 1736-1756 et 5 MI 006 R 023 – Le Boulonnais, noble et révolutionnaire : le journal de Gabriel Abot de Bazinghen, 1779-1798, Arras - Villeneuve d'Ascq, Artois presses université - Centre d'histoire de la région du Nord et de l'Europe du Nord-Ouest, 1995, p. 300 – Galerie historique des contemporaines, ou Nouvelles biographies […], Bruxelles, A. Wahlen, 1818, t. 1, p. 317. – F. V. Goethals, Lectures relatives à l'histoire des sciences, des arts, des lettres, des moeurs et de la politique en Belgique et dans les pays limitrophes, Bruxelles, 1837-1838, », t. 3, p. 237 - Mémoires de la Société académique de l'arrondissement de Boulogne sur mer, pp. 11-13, 23, 631 (Christophe Canivet).

BARBEYRAC

Auteurs

Numéro

030

Prénom

Jean

Naissance

1674

Décès

1744

Jean Barbeyrac est né à Béziers le 15 mars 1674 d'Antoine Barbeyrac (mort en 1690) et de Madeleine de Gelly (Haag, D.B.F., S-M). Son père, qui fut successivement pasteur des églises de Bédarieux (1648), Clermont-sur-l'Hérault (1652), Béziers (1655) et Montagnac (1678), descendait d'une famille de petite noblesse du Vivarais, établie en Provence et convertie au protestantisme depuis la fin du XVIe siècle (Haag ; M, p. 29).

2. Formation

B. fit ses premières études à Montagnac, où son père était pasteur, puis à Montpellier, sous la tutelle de son oncle Charles. En 1685, seuls le pasteur, sa femme et leur fils cadet, Jacques, eurent l'autorisation de s'exiler. B. et ses deux soeurs réussirent à passer clandestinement la frontière en janvier 1686 et gagnèrent Lausanne. B. acheva ses études au collège de Lausanne de 1688 à 1693 ; il suivit en même temps le cours de droit naturel de J.P. de Crousaz (M, p. 39). Devenu chef de famille après la mort de son père, le 12 janvier 1690, et de sa mère, le 15 novembre 1691 (M, p. 40), réduit aux seuls secours accordés aux réfugiés de Lausanne, il s'inscrivit à la faculté de théologie de Genève le 1er juin 1693 (S.M.), puis à l'Université de Francfort-sur-l'Oder où il reçut sans doute une bourse (M, p. 45) ; inscrit le 24 avril 1694, il quitte cependant Francfort pour s'établir, à la fin de l'année, à Berlin. Il se détournera alors peu à peu de la théologie pour se consacrer au droit ; ses travaux sur Pufendorf lui vaudront, le 25 mai 1717, d'être nommé docteur «in utroque jure» par la Société des Jurisconsultes de Bâle.

3. Carrière

Le 1er janvier 1697, il est chargé par l'Electeur Frédéric de l'enseignement du latin et du grec au Collège français de Berlin, et le 21 avril 1699, des fonctions de pasteur extraordinaire de l'église française de Berlin ; il se heurte alors à l'opposition d'une partie du Consistoire et décide de rester au Collège français (M, p. 46-51). Il se tourne progressivement vers l'étude du droit naturel et entreprend la traduction de Pufendorf, qui paraît en 1706. En même temps, il apprend l'anglais et entreprend en 1707 la traduction des Sermons de Tillotson (M, p. 65). Le 2 juin 1710, le Conseil de Berne le choisit comme professeur de droit à Lausanne, où il arrive en novembre (M, p. 74-75). Installé le 11 mars 1711, il y professe pendant sept ans. Le 23 janvier 1714, il est élu recteur, «pénibles fonctions» auxquelles il se résigne (lettre à Desmaizeaux, 25 mai 1714, add. mss. 4281), qu'il interrompt en 1715 (lettre au même, 15 févr. 1715) puis reprend en 1716. Le 27 février 1717, il reçoit l'offre d'une chaire de droit public et privé à Groningue ; il quitte Lausanne pour la Hollande le 31 mai 1717 (M, p. 120). Il donne sa leçon inaugurale à la Faculté de droit de Groningue le 29 septembre 1717 (M, p. 124) ; il en est le recteur en 1720, 1726, 1733 et y enseigne jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

A la mort de ses parents en 1690 et 1691, Jean Barbeyrac se trouve sans ressources ; lorsque le Conseil de Lausanne lui retire, le 3 avril 1693, l'aide accordée aux réfugiés, il doit s'exiler. Le professorat sera en fait sa seule ressource pendant toute sa vie, avec l'appoint des traductions et du journalisme. Le montant de son traitement à Lausanne fit l'objet de longues négociations (M, p. 70-71) ; il obtint 630 francs par an, mais non le logement. Ces conditions jouèrent dans sa décision de gagner Groningue ; outre le traitement exceptionnel de 1500 florins, une maison «provinciale» au centre de la ville (M, p. 115, 123) et 450 florins pour le transport de ses livres, il obtenait enfin la citoyenneté et le droit, pour ses descendants, d'accéder aux fonctions publiques (ibid.).

5. Opinions

Marqué dès son enfance par la persécution, Barbeyrac fut un défenseur inlassable de la tolérance et le représentant le plus illustre du protestantisme libéral. Ses travaux sur le droit naturel le firent soupçonner souvent d'arminianisme ou de socinianisme. S'il se réclame de Locke et de J. Le Clerc, c'est pourtant avec un souci constant d'orthodoxie ; contre son ami Desmaizeaux, il défend Locke du soupçon de spinozisme (lettre du 7 mai 1707, add. mss. 4281 ) et se méfie de P. Bayle (P. Rétat, Le Dictionnaire de Bayle et la lutte philosophique au XVIIIe siècle, Belles-Lettres, 1971, p. 39-43).Il a soutenu des polémiques avec les catholiques aussi bien qu'avec les protestants : avec Dom Ceillier au sujet des allégories de l'Ecriture Sainte (M, p. 111, 128, 155), avec les pasteurs rigoristes et notamment de Joncourt, au sujet du Traité du jeu (v. Bibliothèque raisonnée, t. XIX, juil.-sept. 1737, art. VIII), avec les pasteurs vaudois au sujet du «consensus» (M, p. 104 et suiv.). Ses traductions et ses commentaires de Pufendorf et de Grotius l'ont fait connaître dans toute l'Europe ; il apparaît comme l'un des grands théoriciens du droit naturel ; Rousseau surtout lui doit beaucoup (cf. index du t. III des Oeuvres complètes, éd. de la Pléiade), tout en lui reprochant d'avoir flatté George 1er et d'avoir justifié la monarchie (Le Contrat social, ibid., p. 370-371 ; v. M, p. 126-128). B. fut en relations avec les savants et les philosophes les plus éminents de son temps : Jacques Lenfant (M, p. 47-51), Des Vignolles, Le Clerc, Desmaizeaux, Turettini (M, p. 64, 73, 86, 91 et index), Leibniz (M, p. 109-110), Bourguet (M, p. 110-111). Il eut en Jean Pierre Crousaz un ami fidèle (cf. J. de La Harpe, Jean-Pierre de Crousaz et le conflit des idées au siècle des lumières, Droz, 1955, p. 190-192). Parmi les fonds de correspondance, on comptera essentiellement : le fonds Crousaz de la B.V. de Lausanne (13 lettres de B.) ; le fonds Bourguet de la B.V. de Neuchâtel (8 lettres de B.) ; le fonds Desmaizeaux de la B.L. (13 lettres de B., publiées en partie par G. Masson dans B.S.H.P.F., t. XV, p. 237-247, 248-292, 332-339, et par G. Ascoli dans, R.H.L.F., t. XX, 1915) ; le fonds La Motte de la B.H.P. (35 lettres de B.) ; le fonds Turettini de la B.P.U. de Genève (102 lettres de B.). Le répertoire de la correspondance de B. a été établi par Ph. Meylan (p. 6-8).

6. Activités journalistiques

Jean Barbeyrac a publié toute une partie de son oeuvre dans les périodiques du temps. Il collabore dès 1697 à un journal savant de Berlin, publié en latin, les Ephemerides gallicae berolinenses (M, p. 46). Il a donné plusieurs dissertations aux Nouvelles de la République des Lettres (1702), à la Bibliothèque choisie de Le Clerc (1709), au Journal des savants (1712-1714). On en trouvera la liste dans M (p. 245-246). Il a rappelé les liens qui l'unissaient à Jean Le Clerc dans «l'Eloge historique de M. Le Clerc», publié dans la Bibliothèque raisonnée (t. XVI, 1736, 2e part., art. 5 ; rééd. augm. la même année à Amsterdam).

Il fut surtout, avec ses amis Desmaizeaux et La Chapelle, l'un des principaux rédacteurs de la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe, (Amsterdam, Wettstein et Smith, 1728-1753, 52 vol.) : de 1728 à 1741 (t. I-XXVI), il rédige la plupart des extraits d'ouvrages juridiques et de nombreux extraits d'ouvrages historiques ou littéraires. On trouvera dans Meylan (p. 247-248) une précieuse bibliographie de ces comptes rendus, pour la plupart anonymes ; cette liste a été complétée par B. Lagarrigue (p. 49-52). Le fonds Desmaizeaux de la B.L. et le fonds La Motte de la B.H.P. concernent en bonne partie l'activité journalistique de B., Charles de La Motte (v. ce nom) étant l'intermédiaire, le libraire et le correcteur de B. à Amsterdam. B. a publié quelques articles dans les t. XX et XXI de la Bibliothèque britannique. Il semble avoir promis sa collaboration à La Motte pour la Nouvelle Bibliothèque vers 1743, époque de la reprise de ce périodique par La Motte ; quelques articles de B. ont été publiés après sa mort, dans le tome XIX (1744, p. 304). Un «Mémoire sur la vie et sur les écrits de M. Jean de Barbeyrac, écrit par lui-même» a été publié dans le même tome XIX, p. 271-304 ; un brouillon de l'original latin, effectivement rédigé par Barbeyrac, se trouve parmi les papiers de La Motte à la B.H.P. (ms. 295) ; cet article reste une des principales sources de la biographie de B. (voir M., p. 29-30).

7. Publications diverses

Barbeyrac s'est surtout rendu célèbre par sa traduction de Pufendorf : Le Droit de la nature et des gens, Amsterdam, Schelte et Kuyper, 1706, 2 vol.), avec une longue préface et de nombreux commentaires ; il a également traduit l'abrégé que Pufendorf avait donné de son livre Les Devoirs de l'homme et du citoyen (Amsterdam, 1707). Il a traduit, avec le même succès, l'ouvrage de Grotius, Le Droit de la guerre et de la paix (Amsterdam, De Coup, 1724). Parmi ses oeuvres personnelles, outre de nombreuses dissertations, on notera le Traité du jeu (Amsterdam, Humbert, 1709) et le Traité de la morale des Pères...(Amsterdam, de Coup, 1728). On trouvera dans M (p. 245-248) la bibliographie complète des travaux de B.

8. Bibliographie

Haag 2, B.Un., D.B.F. – (M), Meylan P., Jean Barbeyrac (1674-1744) et les débuts de l'enseignement du droit dans l'ancienne Académie de Lausanne. Contribution à l'histoire du droit naturel, Lausanne, F. Rouge, Librairie de l'Université, 1937. – (S.M.), Livre du Recteur de l'Académie de Genève (1559-1878), éd. S. Stelling-Michaud ; t. II, Genève, Droz, 1966. – Lagarrigue B., Un temple de la culture européenne (1728-1753). L'histoire externe de la «Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants, Nimègue, 1993.

BACULARD D'ARNAUD

Numéro

025

Prénom

François de

Naissance

1718

Décès

1805

François Thomas Marie de Baculard d'Arnaud est né à Paris le 15 septembre 1718, d'une famille originaire du Comtat Venaissin, établie à Lille (Delort, p. 151 ). «D'Arnaud» est un titre qu'avait pris son père, secrétaire du roi en 1717, et de très petite noblesse (D, p. 30) ; F. Baculard signe également «Arnaud de Baculard». Il épousa, le 9 août 1770, Antoinette Berger d'Aubigny (Jal, cité par D, p. 240), après avoir eu d'elle un fils, Dominique Antoine Esprit, né vers 1766 (D, p. 240-241). Il mourut à Paris le 8 novembre 1805.

2. Formation

ll fit ses études chez les Jésuites (Delort, p. 147 ; D, p. 29) et se fit remarquer par ses dons littéraires : à l'âge de quinze ans, il aurait écrit Idoménée, Coligni, ou la St. Barthelemy et Didon, tragédies qui ne furent pas jouées (O, p. 421 ; Feller)-Weiss. En 1736, il est élève externe au collège d'Harcourt (lettre de Voltaire à Moussinot, 20 avr. 1736) et envoie des vers à Voltaire sur ses tragédies (Voltaire à B., 22 janv. 1736). Voltaire lui offre des billets de spectacle et quelques sommes d'argent (22 mai 1736, 30 nov. 1736, 20 juin 1737, 5 janv. 1738, 20 janv. 1738) sans se résoudre à le prendre comme secrétaire. Il le charge de «petites besognes» : traduction d'un ouvrage italien, rédaction d'un avertissement (D, p. 36-37). Il le recommande à Helvétius (28 janv. 1739) qui le prend à son service (Voltaire à Helvétius, D 1906, 25 févr. 1739 ; D, p. 40-41). B. se rend à Cirey «sur un cheval de louage» (Voltaire à Moussinot, 25 avr. 1739) ; accueilli par Helvétius, il semble avoir eu avec lui de bonnes relations (D, p. 42-43). Voltaire lui enverra encore plusieurs sommes d'argent (9 janv. 1740, 26 mars 1740). B. publie en 1740 Coligni, ou la St Barthelemi (Amsterdam, Du Sauzet), tragédie tirée du second chant de La Henriade, et qui passera quelque temps pour être de Voltaire lui-même, à son grand dam (D, p. 44-48).

Il fut membre des académies de Caen, Montauban, Rouen, Berlin, Saint-Petersbourg (D, p. 154-155).

3. Carrière

Il est enfermé à la Bastille le 17 février 1741 pour avoir fait imprimer «l'art de foutre», ballet comique dont l'action se situe dans un bordel. Durey de Morsan, qu'il avait connu au collège, et l'imprimeur Osmont sont également internés (Ars., ms. 11480, f° 127, 151). B., grâce à l'intervention de son père (ibid., f° 139) et à l'offre de payer sa pension, est transféré à Saint-Lazare le 8 mars (ibid., f° 223, 227) puis libéré le 18 mai (D, p. 58). Malgré le succès de son roman, Les Epoux malheureux, en 1745, il reste dans la misère. Une «épître au cul de Manon» lui vaut une nouvelle surveillance de la police au début de 1748 (Delort, p. 151) mais aussi les compliments de Voltaire (lettre à B., 27 juin 1748) et l'intérêt de Frédéric de Prusse (O, p. 422). Il devient le correspondant français des princes de Würtemberg (Voltaire à B., 27 juin 1748, 25 oct. 1748) puis de Frédéric (O, p. 422) ; Voltaire lui fournit quelques pièces (lettres à B. du 28 nov. 1748, 29 déc. 1748). En février 1750, il fait donner avec succès Le Mauvais riche, comédie jouée par Le Kain en représentation privée (D, p. 65-66). En mars, B. se rend à Berlin ; il est élu membre de l'Académie le 11 juin (Discours de M. d'[B.] prononcé à sa réception à l'Académie royale [...] le 18 juin 1750, Berlin, 1750). Voltaire, jaloux de son influence ou irrité de sa liaison avec Mme Denis, ou encore, de ses relations avec Fréron (Delort, p. 152 ; D, p. 187-190), obtient son expulsion en novembre 1750 ; les imprudences et indélicatesses de B. semblent avoir hâté ce dénouement (D, p. 202-203).

B. sollicite alors Mme de Pompadour par l'entremise de Duclos (R. Duthil et P. Dimoff, S.V.E.C. 6, 1958, p. 141-146 ; J. Brengues, Charles Duclos ou l'obsession de la vertu, p. 82, et Correspondance de Charles Duclos, Saint-Brieuc, P. U. de Bretagne, 1970, p. 29-30). Il est alors conseiller de légation à Dresde (O, p. 423), fait un voyage à Berlin au moment du départ de Voltaire, sans succès, revient à Dresde, puis accepte l'invitation du comte de Frise et retourne à Paris en juin 1754 (ibid. ; D, p. 235). Il y passe le reste de ses jours. Incarcéré en 1793 pour avoir accueilli chez lui un émigré (Feller-Weiss) ou pour propos imprudents (O, p. 424), il est relâché, obtient une pension de 1800 francs en 1802 (Delort, p. 157), mais finit dans la misère.

4. Situation de fortune

D'après Longchamp et Wagnière (cités par D, p. 31), Baculard le père avait fait banqueroute «pendant la guerre de 1741, dans quelque régie où il avait été employé». B. n'était «rien moins qu'économe» (O, p. 424) ; Voltaire échoue à le tirer de la misère. ll reçoit 1000 £ par an de Frédéric et 1000 £ des Wurtemberg pour sa correspondance (Delort, p. 151) ; Frédéric lui envoie en outre 2000 £ pour son voyage en Prusse, mais B. les dépense et doit vendre sa bibliothèque 50 louis à Durand (Delort, p. 152). Vers 1781, en qualité de secrétaire du comte d'Artois, il reçoit pourtant une rente de 1200 £, tandis que la Cour lui assure 600 £ (D, p. 248-249).

5. Opinions

B. eut une correspondance suivie avec Voltaire, et fut aussi en correspondance amoureuse avec Mme Denis (lettres inédites dans la Revue Rétrospective, 1869-1870, p. 37-46 et dans E. Charavay, L'Amateur d'autographes, 1869, p. 172-176).

Il fut, dès 1744, orateur de loges maçonniques (celles de Patel et de Pecquet) : voir P. Chevallier,La Première Profanation du Temple maçonnique, Paris, Vrin, 1968, p. 85-88. Cette influence paraît dans son oeuvre.

Impliqué dans l 'affaire Goëzman, il subit, au cours du procès, les attaques de Beaumarchais en 1773 (D, p. 245-246).

6. Activités journalistiques

Il collabora au Mercure à trois époques de sa vie : en 1740-1743 comme poète («Descartes», juin 1740 ; «Epître à M.P...», janv. 1743) ; en août 1760, pour célébrer en vers la naissance de S.A.R. le prince Frédéric («Ode à S.M. le roi de Danemark») ; en 1777-1778 comme conteur («L'Epreuve», janv. 1778) et anecdotier («Stradella», déc. 1777 ; «Sybille», janv. 1778 ; «Fong et Kiang», févr. 1778). Il reçut très probablement une pension sur le Mercure en 1769 (M.S., 2 sept. 1769, cité par D, p. 239-240).

Il fut l'un des principaux collaborateurs de Fréron à L'Année Iittéraire à partir de 1754, pour les comptes rendus d'oeurves romanesques.

Il a publié de nombreux textes, en vers ou en prose, dans L'Abeille du Parnasse, Le Discoureur, Le Perroquet de Francfort (D, p. 39). Quand l'Almanach des Muses publie son «Epitre à Ariste», qui sera suivie de nombreuses pièces en vers, il est présenté comme l'«Young français» (1770, p. 73-75).

Dans le Journal des Dames, relevons en 1762 «Couplets à Mme ** sur l'air des francs-maçons» (N. Gelbart, Feminine and opposition journalism in old regime France. Le Journal des dames, Berkley, 1987, p.110) et «Jacques ou la force du sentiment» dans le numéro de février 1766, conte moral présenté comme le récit d'un «fait vrai».

Il a eu l'heureuse fortune de voir ses ouvrages donner lieu à de nombreux et considérables comptes rendus dans les journaux de 1745 à 1789 (Le Journal encyclopédique, 16 fois ; le Mercure, 13 fois ; L'Année littéraire, 7 fois ; Le Journal des Beaux-Arts, 3 fois).

7. Publications diverses

Il est surtout connu par son roman, Les Epoux malheureux (1745), fondé sur l'histoire vraie du jeune La Bédoyère qui épousa, malgré l'interdiction de son père, une comédienne (D, p. 267-307 ; J. Sgard, «La langue particulière du coeur : Les Epoux malheureux de Baculard d'Arnaud», Beiträge zur Romanischen Philologie», 1977, p. 39-44). Plusieurs de ses récits montrent le même goût pour l'anecdote vécue (cf. La Vie de Derues «exécuté à Paris en place de Grève le 6 mai 1777», Paris, 1777). Ses Oeuvres complètes ont été publiées en 1803 à Paris (11 vol. in-8°). Liste dans Cior 18, n° 9006-9156.

8. Bibliographie

Notice nécrologique (signée O.) dans la Revue philosophique, littéraire et politique (suite de la Décade philosophique),an XlV (1806), t. XLVII, p. 420-426.– Monselet C., «Baculard d'Arnaud» dans Les Oubliés et Les Dédaignés, Paris, 1861, t. II, p. 157-172.– Delort J., Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes..., Paris, 1829, t. 2, p. 145-158.– La Villehervé B. de, Baculard d'Arnaud, son théâtre et ses théories dramatiques, Paris, 1920.– Van de Louw G., Baculard d'Arnaud romancier ou vulgarisateur. Essai de sociologie littéraire, Paris, 1972.(D)Dawson R., Baculard d'Arnaud : life and prose fiction, S.V.E.C. 141-142, 1976.– Mervaud C., «Voltaire, Baculard et le prince Ferdinand», S.V.E.C. 183 (1980), p. 7-33.

9. Additif

Activités journalistiques : correspondant du Journal helvétique et, entre 1771 et 1772, du Nouveau Journal helvétique (Timothée Léchot)

ARTIS

Auteurs

Numéro

020

Prénom

Gabriel d'

Naissance

1650?

Décès

1730?

Gabriel d'Artis est né vers 1650 à Millau, de Gabriel d'Artis et de Madeleine de Guillaumont ; sa famille paternelle, établie dans le Rouergue, était protestante. Il se maria à Hambourg, vers 1692, avec Marie Béard, réfugiée de Saintonge. Ils eurent plusieurs enfants : Anne Marie Madeleine (1694), Anne Marie (1696), Marc Jacob (1698). Gabriel d'Artis mourut en Angleterre vers 1730.

2. Formation

Il fut d'abord officier de marine et passa en Hollande à la suite d'un incident (duel?). Ayant étudié la théologie à l'Académie de Montauban et Puylaurens de 1680 à 1682 (D.B.F.), il sollicita une charge de pasteur à Gouda en 1682 mais fut refusé en raison du «malheur» qui avait motivé son exil. Il fut cependant reçu membre de l'église de Leyde en octobre 1682 ; Guillaume d'Orange lui accorda des «lettres de sécurité» et le synode d'Haarlem l'accepta en avril 1683.

3. Carrière

Le 10 février 1684, il est consacré dans l'église du Dôme à Berlin : il devient, avec Ancillon et Abbadie, pasteur de l'église française, mais à la suite d'une querelle avec Elie Benoît, il est suspendu (de 1685 à 1696). Il s'installe en Hollande puis, au début de 1694, à Hambourg. Le 27 avril 1696, il est rétabli dans ses fonctions à Berlin mais ne s'y rend pas, semble-t-il, avant 1700. Pour avoir accusé de socinianisme trois de ses confrères (cf. le Recueil de trois écrits de 1714), il est de nouveau suspendu. Il se rend en Angleterre où il devient chapelain de la comtesse de Portland en 1713. Il voyage en Allemagne et en Suède (sept. 1715), à Paris où il sert d'intermédiaire entre Desmaizeaux et Fontenelle, Varignon, Veissière, etc. (lettre d'Artis à Desmaizeaux, 12 févr. 1721, B.L., add.mss. 4281). En 1725, il est à Stockholm, comme parrain d'Anne Marie, fille de François Charles d'Artis, pasteur à Stockholm (son frère?). A sa mort, il était pasteur de l'église Saint-James à Londres.

5. Opinions

A. se rendit célèbre par la violence de ses attaques contre les pasteurs du consistoire de Berlin, Beausobre, Lenfant, Des Vignoles. Calviniste passionné, il soupçonnait partout le socinianisme. Selon Des Vignoles, il fut à son tour soupçonné de luthéranisme (Lettres de Monsieur Dartis et de Monsieur Lenfant sur les matières du socinianisme, Berlin, 1719, p. 32). Il songeait, en 1719, à «publier un journal pour le maintien de l'orthodoxie» (ibid., Avis, s.p.). Ses divers journaux lui valurent des relations épistolaires avec Desmaizeaux, Bayle (Inventaire de la correspondance par E. Labrousse, n° 875 et 920), Leibniz (E. Bodemann, Der Briefwechsel des G.W. Leibniz, Hannover, 1889, n° 18, 15 lettres d'A., 3 lettres de Leibniz en 1695-1696), P. Marchand, etc.

6. Activités journalistiques

Journal d'Amsterdam «contenant divers mémoires curieux et utiles sur toutes sortes de sujets», à Amsterdam, chez Nicolas Chevalier, 1694 : d'Artis fonde son journal au moment où il s'apprête à quitter Amsterdam pour Hambourg ; il prend dès le premier numéro «les mesures nécessaires pour le pouvoir continuer sous le titre de Journal de Hambourg». Il semble en effet que le Journal d'Amsterdam, dédié au Sénat de Hambourg, n'ait connu qu'un tome sous ce titre (t. I, janv.-avr. 1694). Une lettre de Basnage à Janiçon datée du 3 décembre 1693 laisse supposer néanmoins que quelques numéros avaient paru à la fin de 1693 : «M. d'Artis qui avoit entrepris le Journal d'Amsterdam n'a pu soustenir un projet si estendu. Et il n'en a point paru depuis quelques semaines. On m'a dit qu'il l'a deja abandonné. L'impression se faisoit à ses dépenses, et le débit pour son compte. C'estoit beaucoup entreprendre» (H. Bots et L. van Lieshout, Contribution à la connaissance des réseaux d'information au début du XVIIIe siècle. Henri Basnage de Beauval et sa correspondance, APA-Holland University Press, 1984, p. 38). Le Journal d'Amsterdam fut aussitôt suivi par le Journal de Hambourg «contenant divers mémoires curieux et utiles sur toutes sortes de sujets» : à Hambourg, chez Henri Heuss, 1694-1696, 4 vol., publication hebdomadaire : t. I, du 3 sept. au 24 déc. 1694 ; t II (publié à Amsterdam, chez Jean du Fresne), du 1er avril au 24 juin ; t. III, du 1er juil. au 28 oct., avec une feuille pour novembre ; t. IV, du 13 janv. au 27 avr. 1696 (D.P.1 632).

Journal littéraire de La Haye : A. semble avoir collaboré à ce journal à ses débuts. La société du J.L. propose en 1713 de s'adjoindre «M. d'Artis, chapelain de Mme de Portland, lequel a du mérite infiniment» (lettre d'Alexandre à P. Marchand, 8 déc. 1713, B.U. Leyde, Marchand 1) ; le même fonds possède deux lettres d'A. envoyant d'Allemagne des nouvelles littéraires pour le J.L. (ibid., de Hanovre, 28 mai 1715, et de Berlin, 11 juin 1715).

Selon l'avis des Lettres de M. d'Artis, d'A. songeait encore en 1719 à «publier un journal pour le maintien de l'orthodoxie.»

7. Publications diverses

voir Haag et Cior 17, n° 8523-8540.

8. Bibliographie

B.Un., Haag, D.B.F. – Lettres de Monsieur Dartis et de Monsieur Lenfant sur les matières du socinianisme, Berlin, 1719.– Schrocker A., «Gabriel d'Artis, Leibniz und das Journal de Hambourg», Niedersachsisches Jahrbuch, t. XLIX, 1977, p. 109-129.

ALEMAND

Auteurs

Numéro

004

Prénom

Louis

Naissance

1655?

Décès

1728

Louis Augustin Alemand est né en 1655 à Grenoble ; son extrait mortuaire lui donne 73 ans en 1728 (mais Moreri suivi par Rochas indique 1653). Il était fils de Claude Alemand, procureur protestant (Rochas) et de Lucrèce Guichard de Perozat (Hamon). Son frère Jacques Thomas, né vers 1656 et mort le 30 juillet 1722 (A.M. Grenoble, GG 103) fut avocat à Grenoble. Louis Augustin Alemand épousa Claudine Coffran dont il eut une fille, Claudine Dorothée, baptisée à Grenoble le 6 juin 1695 (A.M. Grenoble, GG 96). Il a été enterré à Grenoble le 14 avril 1728 (A.M. Grenoble, GG 104).

2. Formation

Il fut élevé dans la religion réformée, fit des études juridiques à Valence, abjura le protestantisme en 1676, en même temps que son frère, et devint, la même année, avocat au Parlement de Grenoble (Moreri). Lucrèce Alemand déshérita ses deux fils et institua Alexandre Eustache, notaire à La Mure, son héritier (Hamon). A. se rend ensuite à Paris, où, avec la protection de Pellisson, il tente la carrière des lettres (Rochas).

3. Carrière

Il publie en novembre 1688 les Nouvelles Observations ou Guerre civile des Français sur la langue qui suscitent une violente polémique (voir la liste des comptes rendus dans Conlon, Prélude au siècle des lumières, t. I, Droz, 1970, n° 3772) ; l'Académie s'oppose à la publication du second volume. Son édition des Nouvelles remarques de M. de Vaugelas en 1690 est vivement contestée et lui vaut la rancune de Bouhours (cf. Goujet, Bibliothèque française, t. I, p. 142-143 ; d'Artigny, Nouveaux Mémoires, t. I, art. 23). Découragé, A. se tourne vers la médecine, est reçu docteur de la faculté d'Aix en 1693, publie en 1694 un traité sur La Science de la respiration, puis sollicite le poste de chirurgien de la marine. Evincé, il revient à la littérature et publie le Journal historique de l'Europe (1695) mais sans parvenir à obtenir un privilège. Il regagne Lyon, où il est donné comme «résidant» en 1695 (acte de naissance de Claudine Dorothée), puis Grenoble où il exerce jusqu'à sa mort la profession d'avocat.

5. Opinions

Contrairement à son frère, qui publie en 1688 un Préservatif contre les protestants, il garde des sympathies pour la religion réformée et annonce dans son journal un «Traité pour prouver que les protestants ne sont pas inutiles à la religion catholique», traité qui ne parut pas (Rochas).

6. Activités journalistiques

Journal historique de l'Europe pour l'année 1694, par L.A.D., Strasbourg [Lyon], 1695, in-12. A. se proposait de réunir dans un volume annuel l'essentiel de ce qui se publiait dans «50 volumes de périodiques en cours» (voir H.P.L.P., t. II, p. 259-260 ; B.H.C., p. 34-35 ; D.P.1 745). Il se heurte à l'opposition du Journal des savants, jaloux de son privilège, doit imprimer son premier volume sous rubrique de Strasbourg et n'ayant pu obtenir de permission pour le second volume, renonce à son entreprise. Le Journal historique de l'Europe semble avoir été publié à Lyon, où A. résidait alors ; dans la «Liste sur toutes sortes de matières» publiée en fin de volume, on trouve de nombreuses rééditions et réimpressions d'ouvrages parus à Paris (renseignement fourni par F. Moureau).

Alemaniana, un numéro de 7 p. publié en 1708 (D.P.1 75) : A., irrité des critiques de Bouhours contre son édition des Nouvelles remarques de Vaugelas, s'efforce de prouver, dans une publication en principe périodique, ses connaissances sur les Faber de Vaugelas, en même temps que la noblesse de sa propre maison, issue des Alemand de Dauphiné et de Savoie. Il se proposait de faire paraître un n° 2, «ou Lettre à M*** au sujet de la branche des Alemands de Rochechinard» (Hamon).

7. Publications diverses

Nouvelles Observations ou Guerre civile des Français sur la langue, Paris, J.B. Langlois, 1688 (privilège du 30 avr. 1688). Nouvelles Remarques de M. de Vaugelas, Paris, 1690. Histoire monastique d'Irlande, Paris, Ch. Lucas, 1690, (privilège du 29 avr. 1690), traduction anglaise en 1692 (Monasticon hibernicum). Science de la transpiration ou médecine statique, trad. de Sanctorius, Lyon, 1694.

8. Bibliographie

Moreri, H.P.L.P, B.H.C. – A.M. Grenoble, série GG 96, 103, 104. – Rochas A., Biographie du Dauphiné, Paris, 1856-1860. – Sternischa H., Deux grammairiens de la fin du XVIIe siècle : L.A. Alemand et Andry de Boisregard, 1913. – Hamon P., Nouvelle biographie du Dauphiné, t. I, Grenoble, 1980.