BRUZEN DE LA MARTINIÈRE

Numéro

127

Prénom

Antoine

Naissance

1662

Décès

1749

Antoine Augustin Bruzen de La Martinière est né à Dieppe le 19 juin 1662 (N.N. Oursel, Nouvelle Biographie normande, Picard, 1886, 2 vol.). Sa première femme meurt en 1726 ou 1727 (Mémoires dela Calotte, p. 144) sans laisser d'enfants. Sa deuxième femme ne lui donne pas d'enfants non plus (Bruys, Mémoires, p. 154). Le 3 avril 1729, La Martinière se marie en troisièmes noces avec Marie Augustine Lordeaux, originaire de Cambrai (A.M. La Haye). Leur fils, Philippe, est baptisé le 25 août 1730 dans la chapelle espagnole catholique romaine.

2. Formation

Il aurait achevé ses études à Paris sous la direction de R. Simon (Feller-Weiss ; B.Un. ; D.B.F.).

3. Carrière

En 1709, il est à la cour du duc de Mecklembourg, en qualité de secrétaire francais. Après la «disgrâce du duc» (serait-ce lors de l'occupation du duché par la Russie en 1716 ou par Hanovre en 1719?), il se rend à Parme, puis aux Deux-Siciles. Il semble avoir gardé de bonnes relations avec le roi des Deux-Siciles, car celui-ci l'honore du titre de secrétaire avec des appointements annuels de douze cent écus (Bruys, p. 155 ; Nouveau Dictionnaire historique). Selon Bruys, les ministres des puissances étrangères qui résident à La Haye se font un honneur de le recevoir à leur table. Les bons rapports qu'il entretient avec les diplomates étrangers se font aussi remarquer lors du baptême de ses enfants, dont les témoins sont successivement : Nicolaus Antonius de Oliver y Fudana, Gabriel Jacobus de Salignac, marquis de Fénelon et Francisca Ludovica Le Pelletier, épouse du légat de France, Carolus, infant d'Espagne. Juste avant son mariage avec Marie Augustine Lordeaux, en 1729, il déménage de Buyckloot à La Haye, où il restera.

Selon un «Dialogue» des Mémoires de la Calotte, p. 143, La Martinière fut géographe, critique, traducteur, poète et annotateur. Le titre de géographe de Sa Majesté Catholique lui a été procuré par le marquis de Beretti-Landy (Bruys, p. 155).

4. Situation de fortune

Grâce aux appointements qu'il recevait du roi des Deux-Siciles, il pouvait «travailler plus commodément pour la République des Lettres» (Bruys, p. 155). S'il se trouve parfois «réduit à de fâcheuses extrêmités», c'est par défaut d'économie plutôt que par manque de revenus (ibid., p. 154).

5. Opinions

Il est connu dès 1723 comme écrivain catholique (lettre de Camusat du 27 janvier, éditée par Tourneux : Deux lettres inédites de Denis-François Camusat, Paris, Techener, 1893, p. 11). En 1729, il est violemment pris à partie par Rousset de Missy dans la Bibliothèque raisonnée au sujet de l'Etat présent des Provinces Unies de Janiçon ; il réplique dans les Lettres sérieuses et badines (t. I, préface, t. II, lettre 13) ainsi que dans la Lettre de M. Bruzen de La Martinière «contre un libelle intitulé la Bibliothèque raisonnée» (La Haye, 1730). Il est dès lors lié à la cabale catholique de van Duren ; retour d'Angleterre en janvier 1733, il sollicite Desmaizeaux en faveur de La Barre de Beaumarchais et des Lettres sérieuses et badines (lettre du 23 janvier 1733, B.L., add. mss. 4285, f° 191). En 1743, il fonde avec Beaumarchais et Des Roches une «petite communauté littéraire» (lettre à Desmaizeaux, La Haye, 1er avril 1734, add. mss. 4285) à laquelle se joint Y. –J. de La Motte (voir ce nom). Ils travaillent au Journal littéraire de La Haye, à la continuation de l'Histoire d'Angleterre de Rapin-Thoiras, puis à l'Histoire de Louis XIV. D'Argens les attaque avec insistance dans les Lettres juives (t. III, lettre 51 ; t. V, préface, lettres 174, 187, 188 ; t. VI ; préface), peut-être à l'instigation de Prosper Marchand (S. Larkin, p. 40-43). La Martinière lui répond dans une «Lettre sur la nation espagnole» publiée par la Bibliothèque française (t. XXIII, 2e part., art. 6) ; d'Argens revient à la charge dans les Lettres cabalistiques (t. I, préface et lettre 21).

La Martinière a eu également maille à partir avec Voltaire. «Réparateur ordinaire des mauvais ouvrages» de van Duren selon Voltaire (cité par P. Marchand, Dictionnaire historique, 1758-1759, t. I, p. 44), il aurait mutilé l'Anti-Machiavel de Frédéric de Prusse. Voltaire se réconcilie pourtant avec lui et lui offre un carrosse (lettre, 3 janvier 1744).

L'attribution de l'Histoire de Louis XIV, composée par La Motte-La Hode, et éditée sous le nom de La Martinière, a suscité de nombreuses polémiques (voir art. « La Motte »).

6. Activités journalistiques

Mémoires historiques et critiques : selon Camusat, «la plupart des extraits des Mémoires critiques depuis février jusqu'à novembre» sont de La Martinière. Ce journal a été imprimé à Amsterdam, chez J.F. Bernard, du 15 janvier à décembre 1722, et comporte deux (parfois trois) volumes in-12 (D.P.1

893).

Entretiens des Ombres aux Champs-Elysées sur divers sujets d'histoire, de politique et de morale, «traduit de l'allemand par M. Valentin Jungerman», Amsterdam, Uytwerf, 1723, 2 vol. in-12 ; il s'agit en fait d'une compilation périodique en douze parties (D.P.1 368).

Nouvelles historiques, politiques et littéraires : selon Bruys (p. 154), La Martinière aurait renoncé au projet d'un périodique intitulé Nouvelles politiques ; mais C. de La Motte signale à Desmaizeaux le 12 octobre 1728 que La Martinière «fait un petit journal imprimé à La Haye où il demeure, intitulé Nouvelles politiques et littéraires» (add. mss. 4287).Il s'agit en fait des Nouvelles historiques, politiques et littéraires publiées par Moetjens à La Haye en août-décembre 1728 (D.P.1 1032, qui annule la notice 1057).

La Martinière a certainement eu part à la Critique désintéressée des journaux littéraires en 1730 (v. D.P.1 333), puis aux Lettres sérieuses et badines et au Journal littéraire édité par Van Duren à partir de 1733. Il nie avoir travaillé aux Lettres sérieuses et badines (voir la Critique désintéressée de F. Bruys, t. I, art. VII, X, XII).

Anecdotes ou lettres secrètes sur divers sujets de littérature et de politique, s.l. (Amsterdam), février-mars 1736, 4 vol. (6 vol. selon Lelong, n° 31156 ; v. D.P.1 106).

Journal politique et littéraire, Amsterdam, juin 1736-mars 1738, 5 vol. in-l2, continuation des Anecdotes selon Lelong (n° 31157). Voir D.P.1 778.

7. Publications diverses

Voir B.Un., Lelong, Cior 18, n° 14413-14414.

8. Bibliographie

Chaudon L. M., Nouveau Dictionnaire historique, Amsterdam, E. van Harrevelt, 1772. – A.M. La Haye. – B.L., add. ms. 4287 : lettre de C. de la Motte à Desmaizeaux, 12 octobre 1728. Mémoires pour servir à l'histoire de la Calotte, Moropolis [Hollande], chez le libraire de Momus, à l'enseigne du Jésuite démasqué, 1732. – Bruys F., Mémoires historiques, critiques et littéraires, éd. par P.L. Joly, Paris, Hérissant, 1751. – Desmarquetz, Mémoires chronologiques pour servir à l'histoire de Dieppe, Paris, 1785, t. II.– Hennet L., Le Régiment de la Calotte, Paris, Librairie des bibliophiles, 1886. – Oursel N.N., Nouvelle Biographie normande, Paris, Picard, 1886. – Kleerkoper M. et Van Stockum W.P., De Boekhandel te Amsterdam, S'Gravesande, 1914, 1916. – Fransen J., «Correspondance entre le marquis d'Argens et Prosper Marchand» dans Mélanges de philologie offerts à J. –J. Salverda de Grave, Groningue, La Haye, Batavia, J.B. Wolters, 1933.– Larkin S. (éd.), Correspondance entre Prosper Marchand et le marquis d'Argens, S.V.E.C. 222, Oxford, 1984.

9. Additif

État-civil : Bruzen de la Martinière est mort le 19 juin 1746, et non 1749 (François Moureau)

BRET

Auteurs

Numéro

113

Prénom

Antoine

Naissance

1717

Décès

1792

Antoine Bret est né à Dijon le 9 juillet 1717 et mort à Paris le 25 février 1792 (D.B.F.).

2. Formation

Il fit ses études à Dijon, ville dont il se réclamera toujours. Il fut membre de l'académie de cette ville ; il tenta vainement de se présenter à l'Académie française contre Trublet en mai 1755 (lettre de Piron à Dumay, le 12 mai 1755, dans P1, p. 161).

3. Carrière

Il fit ses débuts d'écrivain à Paris vers 1740. S'il n'est pas sûr que Cythéride, «histoire galante traduite du grec» (1743) soit de lui (D.B.F.), Le Quartier d'hiver, comédie en un acte en vers, donnée à la Comédie Française en 1743, imprimée en 1745, résulte de la collaboration de B., de Villaret et de Godard d'Aucour selon Clément (Anecdotes dramatiques, Paris, Duchesne, 1775,1.1, p. 247). Le Déguisement pastoral opéra-comique en un acte, donné à la Foire Saint-Laurent en 1744, lui est attribué en toute propriété par Clément ; ce fut le début d'une longue carrière d'auteur de théâtre, carrière jalonnée de nombreux échecs et d'ennuis avec la censure. La Correspondance littéraire de Grimm, qui insiste lourdement sur ces échecs, ne manque pourtant pas de ménager la réputation de B., «homme d'esprit et de mérite» (t. III, p. 30), «très honnête et galant homme d'ailleurs» (t. VI, p. 275). En 1745, il est bien introduit dans le monde musical et prend le parti de Rameau contre Rousseau, épisode qu'il rappelle à la fin de sa vie dans ses «Variétés littéraires» inédites (voir Leigh, t. II, annexe A96, «Entretiens entre Rameau et Antoine Bret au sujet de Rousseau»). Le B[idet], histoire bavarde platement imitée du Sopha de Crébillon, lui vaut d'être incarcéré à Vincennes le 12 mai 1749, en raison d'un portrait satirique de l'abbé Leblanc (Nouvelles littéraires de Raynal, CL., t. I, p. 305 ; P1, lettre du 21 mai 1749, p. 122). Il est libéré en août. Vers 1750, selon les «Variétés littéraires», commence sa liaison avec Mme de Graffigny, dont il fréquentera le salon pendant plusieurs années ; il y rencontre Duclos, Crébillon, Caylus, Rousseau ; quand celui-ci refuse de terminer pour Mme de Graffigny le petit drame des Saturnales, il s'en charge volontiers (Leigh, t. II, A81). Il entre en relations avec Diderot à l'époque où il travaille à L'Orpheline ou le faux généreux, et où Diderot entreprend Le Père de famille (réponse de Diderot du 29 novembre 1757 dans Roth-Varloot, t. II, p. 18-20). Diderot en conçoit de l'estime pour B., et cite L'Orpheline dans son essai De la poésie dramatique (Oeuvresesthétiques, Paris, Garnier, 1959, p. 193 ; voir la n. 2 de P. Vernière). Il est, à cette époque, censeur royal, mais il sera relevé de ses fonctions le 26 février 1767 pour avoir approuvé Bélisaire (voir J. Renwick, « Marmontel, Voltaire and the Bélisaire Affair», S.V.E.C. 121, 1974). Il sera d'ailleurs rétabli dans ses fonctions l'année suivante. Le 22 mars 1784, il est amené à rédiger un rapport de censure au sujet d'un canevas du Mariage de Figaro ; ce rapport, comme l'a souligné G. von Proschwitz, est probablement l'œuvre de Beaumarchais lui-même (voir P2 t. I, p. 141-142, et t. II, documents 368-369) ; le 19 juin 1784, il suggère quelques modifications (doc. 391), puis au début de l'année suivante, une censure modérée de la préface (doc. 413). Ces bonnes relations avec Beaumarchais peuvent s'expliquer à la fois par leur goût commun de la comédie, et par leurs positions à l'égard des comédiens français : en 1780, B. a en effet été nommé troisième représentant des écrivains dans le comité de conciliation suscité par le maréchal de Duras (voir la Correspondance de Marmontel, éd. Renwick, U. de Clermont, 1974, lettre n° 251 de La Porte à Marmontel, et P2, doc. 255). Vers 1782, il s'est retiré à Fontenay-sous-bois et met fin progressivement à toutes ses activités publiques ; il rédige alors ses « Variétés littéraires et morales ou amusemens de Fontenai», conservées au département des manuscrits de la B.N. avec l'ensemble de ses manuscrits.

4. Situation de fortune

On ne sait rien de ses revenus personnels, mais il semble avoir réuni, au cours de sa carrière, tous les revenus traditionnels de l'écrivain de métier : ressources tirées de ses nombreuses comédies, charge de censeur royal, direction de la Gazette.

5. Opinions

Il se fait reconnaître en 1751, avec ses Mémoires sur la vie de Mlle de Lenclos, comme un héritier du libertinage classique, mais en donnant à la vie de Ninon un tour souvent sentimental. A.C. Keys le soupçonne d’avoir eu accès au manuscrit de son rival, Douxmesnil, dont les Mémoires et lettres pour servir à lhistoire de la vie de Mlle de LEnclos parurent également en mars 1751 («Bret, Douxménil and the Mémoires of Ninon de Lenclos»). Il fut estimé de Voltaire, de Marmontel, de Diderot, mais sans avoir avec eux des relations suivies. Il fut très lié à Piron, son compatriote, dont il projetait d’éditer une partie des œuvres (M.S., 27 janv. 1773). Il fut l’ami de Crébillon fils, dont il signa l’acte de décès en 1777. S’il donna sur Bélisaire un avis favorable, ce fut en réservant son jugement sur les matières de religion. Le fait d’être resté censeur pendant vingt ans et directeur de la Gazette pendant huit ans témoigne au moins de sa prudence.

6. Activités journalistiques

Il eut peut-être part au Journal encyclopédique, qui, dans les comptes rendus de ses pièces, lui est souvent favorable ; mais il ne s'agit certainement pas de collaboration régulière. Il fut nommé en avril 1775 directeur et rédacteur de la Gazette, fonctions qu'il garda jusqu'en juin 1783 (voir D.P.2 492). Les M.S. annoncent, le 1er avril : « Il passe pour constant que monsieur Bret est nommé directeur général de la gazette, et que l'abbé Aubert lui est adjoint pour la partie de la comptabilité, qu'il entend mieux que la partie politique». Un supplément des M.S. pour la même date donne un commentaire un peu différent : « On est si mécontent de la gazette de France depuis qu'elle est entre les mains de l'abbé Aubert, qu'on parle d'en confier la rédaction au sieur Bret, autre homme de lettres, mais qui n'est pas plus exercé dans le genre de ce travail public».

7. Publications diverses

Liste de ses œuvres dans Cior 18, n° 13822-13844 ; à compléter par la liste de ses œuvres théâtrales dans Brenner, n° 4069-4096. Il a été considéré, ainsi que le voulait Diderot, comme l'un des fondateurs du «genre honnête et sérieux», mais plus encore, comme l'un de ceux qui ont tenté de porter à la scène des adaptations de pièces allemandes (L'Hôtellerie de J.C. Brandes) ou anglaises : Les Deux amies ou le vieux coquet, d'après les Merry wives of Windsor, en 1761, et Les Deux sœurs, d'après The Taming of the shrew en 1767 (voir A.C. Keys, «Shakespeare en France, La Mégère apprivoisée en 1767», R.L.C., t. XXXI, 1957, p. 426-428).

8. Bibliographie

D.B.F. (art. de A.C. Keys) ; Brenner ; Cior 18. Keys A.C, Antoine Bret (1717-1792) : the career of an unsuccessful manof letters, Auckland University monograph, 1959. – Id., «Bret, Douxménil and the Mémoires of Ninon de Lenclos», S.V.E.C. 12, i960, p. 43-54. – (P1) Alexis Piron épistolier : choix de ses lettres, éd. G. von Proschwitz, Acta Universitatis Gothoburgensis, 1982. – (P2) Proschwitz G. et M. von, Beaumarchais et le Courier de l'Europe, S.V.E.C. 273-274, 1990.

BOYER D'ARGENS

Auteurs

Numéro

112

Prénom

Jean Baptiste marquis de

Naissance

1703

Décès

1771

«Monsr. Jean Baptiste Boyer, fils de noble messire Jean Boyer, seigneur d'Argens et de dame Angélique de Lenfant est né et a été baptisé aujourd'hui vingt-septième juin 1703 dans l'église paroissiale de St Madeleine de cette ville. Le parrain a été messire Jean Baptiste Boyer seign. d'Aiguilles et autres places, cons. en la cour de parlement de ce pays, et la marraine dame Suzanne de Colomby, épouse de messire Luc de Lenfant, cons. en la d. cour de parlement...» (reg. par. Sainte-Madeleine d'Aix, 202 E 53). B.

2. Formation

B. fut sans doute élevé chez les Jésuites d'Aix (J, p. 13). Il fut, écrit-il ,«destiné à être de robe en naissant» (Mémoires, éd L. Thomas, p. 75). Cet état lui paraissant «affreux», il entra, à l'âge de «quatorze à quinze ans» dans le régiment de Toulouse (ibid.), y passa deux ans en garnison à Strasbourg (1719-1720), rentra dans sa famille en 1721. Il prend en 1722 le titre de marquis d'Argens (J, p. 17) et songe à s'établir. Selon la version parfois romanesque mais dans l'ensemble cohérente des Mémoires, il s'éprend alors d'une comédienne, Sylvie du Tremblai (p. 84), qu'il veut épouser. Il s'enfuit avec elle en Espagne, est arrêté et emprisonné à Barcelone ; Sylvie est rendue à sa famille tandis qu'il est enfermé à Perpignan (p. 101). Sur lettre de cachet, il demeure en «esclavage» pendant six mois (p. 104). Il accepte alors de suivre le marquis d'Andresel, ambassadeur à Constantinople en remplacement de M. de Bonac. Il demeure cinq mois à Constantinople et revient en France avec Bonac, peu après la conclusion du traité de 1724 (p. 122). Il fait à Aix ses études de droit et achète une charge d'avocat ; il plaide plusieurs causes et s'adonne pendant deux ans à l'étude, lisant Rohaut, Gassendi et Locke (p. 128). Il fait des séjours à Paris, où il apprend la peinture avec Du Caze, à Rome, où il fait, vers 1729-1730, la connaissance de Pöllnitz. Il revient à Aix au moment du procès Girard-La Cadière (1731) qui le détourne définitivement du barreau («Eloge»). Il entre dans le régiment de Boufflers où se trouvait déjà son frère Luc, fait campagne en Allemagne, est blessé au siège de Kehl (1733), passe dans le régiment de Bourbonnais puis dans celui de Richelieu, obtient de participer à la campagne d'Alsace, mais en 1734, lors du siège de Philipsbourg, il fait une chute de cheval qui l'oblige à renoncer définitivement au service (certificat produit en mars 1738 dans la 2e édition des Lettres juives ; cf. J, p. 27). Ses parents, après avoir vainement fait intervenir le cardinal Fleury (Histoire de l'esprit humain, p. 376), lui ayant réduit sa pension de moitié, il prend le parti de s'exiler («Eloge») ; selon les Mémoires, qui s'achèvent sur cet épisode, sa fidélité à Sylvie autant que les difficultés financières de sa famille seraient causes de cette décision.

3. Carrière

Après avoir séjourné à Anvers, il s'établit à La Haye chez la belle-mère du libraire Paupie en 1735 (L., lettre 31, p. 117) et publie ses Mémoires, augmentés de 14 lettres sur divers sujets (sous rubrique de Londres mais écrits à La Haye : voir la 14e lettre «Sur les Hollandais»). Il se lie à Chais, La Chapelle et Formey (J, p. 33-34), et débute dans le journalisme. Le succès des Lettres juives, au début de 1736, le voue pendant quatre ans à une activité débordante mais l'expose aux attaques de la «cabale» catholique de La Martinière et à la surveillance discrète du Marquis de Fénelon, ambassadeur de France (voir L., lettres 31 de B et 41 de P. Marchand). A la fin de 1736, il se terre dans une maison de campagne «aux portes d'Utrecht» (L., lettres 8, 16, 20, 21, 29, à P. Marchand) ; seuls Voltaire, P. Marchand, le correcteur Prévot et M. de Bey, riche amateur qui l'a pris sous sa protection, connaissent son adresse (L., lettre de P. M., du 24 janv. 1737). Depuis 1736, il est lié à une comédienne désignée par Voltaire comme «Mademoiselle Le Couvreur d'Utrecht» (à B., 20 janv. 1737) et prénommée «Léontine» (à B., 10 juil. 1739), que rien ne permet de confondre avec Mlle Cochois. Se croyant persécuté par l'ambassadeur, par les Jésuites et par sa propre famille, B. cède à des «terreurs paniques» (L., lettres 31 de B. et 32 de P. M.) et songe un moment à s'enfuir en Angleterre (L., lettre 42 à P.M.). Au début de l'automne 1737, il s'installe à Maastricht, près de la frontière (L., lettres 56 et 57 à P.M.). A la fin de l'été 1738, grâce à son frère Luc, il se réconcilie avec sa famille (L., lettre 60 de B. ; cf. lettre de Voltaire, 2 janv. 1739) ; il songe à vivre de sa pension à Port-Mahon aux Baléares (L., lettre 62 de à P.M.) ; il se rend finalement à Stuttgart (Voltaire à B., 2 oct. 1740), où il entre au service de la duchesse de Wurtemberg (J, p. 62).

Invité par Frédéric II à s'établir à Berlin (lettre de Frédéric, 19 mars 1742, J, p. 66), B. s'installe à la Cour en juillet 1742 en qualité de Chambellan du Roi. En 1743, il s'occupe de la réorganisation de l'Académie de Berlin (J, p. 74 et suiv.), et devient, l'année suivante, directeur de la classe des Belles-Lettres ; il veille en même temps au recrutement de l'Opéra de Berlin (J, p. 78). Il est chargé de quelques missions diplomatiques officieuses à Dresde (déc. 1746) et en France (1747-1748). Il en profite pour régulariser sa situation vis-à-vis de sa famille (B. à Frédéric, 26 août 1747, Correspondance, p. 17). A Paris, en août 1747, il recrute pour l'Opéra de Berlin Barbe Cochois, dite «Babet» (ibid.), qu'il épousa à Berlin, peu après son retour (J, p. 44 et 80). Il fait un nouveau voyage en Provence durant l'hiver 1750-1751 (J, p. 84), se croit disgracié, obtient son pardon du Roi et revient à Potsdam en août 1742 (J, p. 86). Pendant la guerre de Sept-Ans, il correspond régulièrement avec le Roi, qu'il rejoint parfois dans ses quartiers d'hiver. L'état médiocre de sa santé et une nostalgie croissante de la Provence le ramènent à Aix durant l'hiver 1764-1765. Sa famille lui cède une terre à Eguilles (B. à Frédéric, 2 déc. 1764, Correspondance, p. 351-352) ; le 10 septembre 1765, il diffère son retour et envoie un certificat médical à Frédéric (ibid., p. 357) ; il revient en avril 1766 (ibid., p. 368), non sans essuyer les plaisanteries et mystifications du Roi (J, p. 117 et suiv.). En demi-disgrâce, il obtient son congé à la fin de 1769 et arrive à Aix en décembre pour prendre possession de sa maison d'Eguilles, «Mon Repos» (J, p. 116-117). Le 18 décembre, il fait reconnaître par-devant notaire, et devant sa famille, sa fille légitime Barbe (Thiébault, t. II, p. 404-405), qu'il constitue son unique héritière (J, p. 130-131) ; il fait son testament le 20 août 1770 et meurt six mois plus tard chez sa soeur, la baronne de La Garde.

4. Situation de fortune

En qualité d'aîné, le marquis était destiné à hériter de l'essentiel de la fortune familiale, ses frères étant voués à l'état de prêtre ou de chevalier de Malte. Cette fortune suffisant juste à assurer le rang du chef de famille, il touche une pension qui lui sera diminuée de moitié après 1734 ; il semble qu'elle continue de lui être versée durant son séjour en Hollande (cf. L., lettre 8 et n. d), sans toutefois suffire à ses dépenses. A son arrivée à La Haye, il trouve dans le journalisme une activité lucrative.

Paupie lui paie chaque «lettre juive» 4 £ ou florins (L., lettres 22 et 48), soit environ 10 £ la feuille d'impression et 150 £ le volume in-12. En cinq ans, il publie une trentaine de volumes et veille de près aux rééditions.

L'essentiel de ses revenus lui vient pourtant de sa fortune familiale, en particulier à dater de sa réconciliation avec sa famille en 1738. Il a évalué ses droits à 100 000 £, en dehors de sa «légitime» (L., lettre 27), ce qui lui assure au moins un revenu annuel de 5000 £ ; il se considère alors comme un «petit Crésus» et doit acquérir un coffre-fort (ibid.). Il dépeint sa maison de Maars, près d'Utrecht, comme un Versailles (L., lettre 38). En dehors peut-être des années 1735 et 1736, les activités littéraires ne lui fourniront jamais que des revenus d'appoint. A son arrivée à Berlin, il éprouve d'abord des difficultés à se faire payer de Frédéric, mais sa pension de chambellan est bientôt fixée à 1500 rixdales, augmentées de 500 rixdales pour les fonctions de directeur de l'Académie (Thiébault, p. 379), ce qui équivaut à un total de 4800 £ par an. En 1747, les revenus qu'il tire de sa légitime sont gagés sur des terres et sa situation est définitivement assurée (à Frédéric, 26 août 1747, Correspondance, p. 17). Frédéric lui fait don, d'autre part, d'une maison près de Sans-Souci et d'une pension supplémentaire de 4000 £ (vers 1747-1749, cf. J.,p. 197-198). A son retour à Aix en 1769, le marquis est relativement riche ; son cadet, Alexandre Jean Baptiste, lui propose l'annulation de l'acte d'exhérédation de 1734 (acte qui n'a pas été retrouvé), mais B. se contente d'une indemnisation (Thiébault, p. 405).

5. Opinions

D'Argens se présente dès sa jeunesse comme un héritier du libertinage érudit. Les six grands hommes que la France ait produits sont selon lui : Montaigne, de Thou, Le Vayer, Gassendi, Descartes et Bayle (Lettres cabalistiques, t. IV, lettre 136). Sa méthode critique lui vient plus précisément de Bayle, Fontenelle, Voltaire (ibid., préface) et de Montesquieu. Comme eux, il use avec prédilection du dialogue philosophique, de la lettre critique ou faussement naïve, de la parodie et du pamphlet. Dans la mesure où il applique à l'actualité historique ou littéraire une critique idéologique, il apparaît comme le premier journaliste «philosophe» ; ses lettres (juives, cabalistiques, chinoises) sont consacrées pour l'essentiel à la critique de la superstition et à la défense des «bons auteurs» ; elles présentent comme un ensemble organique la philosophie des «lumières». Dans la pratique, elles sacrifient souvent à la polémique quotidienne, non sans obscurités : les principaux adversaires du marquis sont La Martinière («Don Quichotte»), La Barre de Beaumarchais («Sancho Pança»), l'ex-jésuite La Hode («Maître Nicolas»), tous de la «cabale» dévote de Van Duren et rédacteurs des Lettres sérieuses et badines ou du Journal littéraire de 1734. Contre eux, il utilise l'appui des protestants libéraux (La Croze, Chais, Barbeyrac, La Chapelle) ; une partie des rédacteurs de la Bibliothèque raisonnée se retrouvera parmi les collaborateurs de la Nouvelle bibliothèque. Pour les protestants, et notamment pour P. Marchand, il reste néanmoins trop fidèle au système monarchique, fût-ce sous la forme du despotisme éclairé (L., p. 7-9).

D'Argens fut en relations avec Voltaire, d'Alembert, Maupertuis, l'abbé de Prades. Sa correspondance reste décevante, étant surtout consacrée à des questions pratiques. Le fonds le plus important est constitué par sa correspondance avec P. Marchand (B.U. Leyde, March. 2), récemment éditée par S. Larkin ; elle comprend 48 lettres de B ., suivies de 17 lettres de Marchand. Les lettres de B. à Frédéric ont été réunies dans le tome XIII des Oeuvres posthumes de Frédéric II (Correspondance). Ses relations avec Voltaire, qui s’étendent sur 30 ans, furent courtoises mais sans cordialité, et parfois tendues. Elles ont été étudiées par R. Trousson (« Voltaire et le marquis d’Argens », Studi francesi, t.X,1966, p. 226-239) et surtout par J.M. Moureaux dans son édition du Discours de l’empereur Julien contre les chrétiens de Voltaire, S.V.E.C. 322, 1994, p. 29-53.

A la fin de 1769, Casanova séjourne quelques mois à Aix et se rend à Eguilles avec une lettre de recommandation du maréchal Keith pour d'Argens. Le jour de ses adieux, il passe «trois heures chez ce docte vieillard qui [l'] amusa avec cent histoires qui regardaient la vie particulière du roi de Prusse». B. lui offre ses ouvrages, à l'exception des Mémoires, qu'il regrettait d'avoir écrits, car «avec la fureur de vouloir écrire la vérité», il s'était donné «un ridicule ineffaçable» (Casanova, Histoire de ma vie, éd. Brockhaus-Plon, Wiesbaden, Paris, 1960, t. XI, chap. 6, p.168-169 ; référence communiquée par M.F. Luna).

Diverses lettres de B. sont dispersées dans les fonds suivants : correspondance de d'Alembert (Oeuvres, Paris, an XIII, t. XlV), dossier de Bachaumont (Ars. 3505), correspondance de Malesherbes (B.N., n.a.fr. 3347), correspondance de l'abbé de Prades, Voltaire et Frédéric II éditée par A. Gazier (Mélanges de littérature et d'histoire, Paris, 1904).

6. Activités journalistiques

Quoique d'Argens hésite toujours entre la forme de l'essai moral, philosophique ou littéraire et celle du journal, l'essentiel de son oeuvre relève de la forme périodique : publication échelonnée, commentaire de l'actualité, multiplicité des rubriques. En fonction de ces critères, on peut considérer comme périodiques les oeuvres suivantes :

Lettres juives «ou Correspondance philosophique, historique et critique entre un Juif voyageur à Paris et ses correspondants en divers endroits», La Haye, Paupie, 1736, 6 vol.. La publication par lettres séparées, à raison de deux lettres par semaine, est signalée par la Gazette d'Utrecht le 13 février 1736 ; Paupie les imprime à La Haye et Ryckhoff fils les débite à Amsterdam. Une nouvelle édition, «augmentée de vingt lettres» est publiée par Paupie en octobre 1738. Les Lettres juives connaîtront au moins une dizaine de rééditions jusqu'en 1777 (voir D.P.1 829) et seront traduites en anglais, en allemand, en hollandais (cf. la 1re «lettre chinoise»). Le fonds March. 2 donne de nombreuses indications sur la genèse et la publication des L.J. de 1736 à 1738 (L., lettres 1-53).

Mémoires secrets de la République des Lettres «ou Théâtre de la Vérité», par «l'auteur des Lettres juives», Amsterdam, Desbordes et La Haye, J. Néaulme, 1737-1748, 7 vol. : aussitôt après la clôture des L.J., B. entreprend un nouveau journal qu'il refuse de donner à Paupie (voir L., lettres 43, 49). Desbordes en publie un volume en 1737, trois volumes en 1738 ; J. Néaulme les débite à La Haye et en donne diverses rééditions en 1743, 1744, 1748, une «seconde édition augmentée» en 1751, 1753, etc. Les lettres sont d'abord publiées séparément, puis par volumes comportant trois lettres ; la publication est prévue à raison d'une lettre par mois : «Je consens à vous envoyer tous les mois les réflexions que je ferai sur l'état présent de la République des Lettres» (lettre 1re, éd. Desbordes, 1737, p. 17). Quoique B. fasse toujours place au commentaire d'actualité et à la polémique, il s'attache surtout, à partir du t. Il, à analyser les doctrines philosophiques anciennes et modernes (voir D.P.1 903).

Lettres cabalistiques «ou Correspondance philosophique, historique et critique entre deux cabalistes, divers esprits élémentaires et le seigneur Astaroth», La Haye, Paupie, 1737-1738, 4 vol. : la publication est interrompue en novembre 1738 à la suite d'une maladie de B. (cf. Nouvelle Bibliothèque, t. Il, févr., lettre de B.) ; une «nouvelle édition augmentée de 80 nouvelles lettres, de quantité de remarques et de plusieurs figures» est publiée à La Haye par Paupie, en 1741, en 6 vol. (voir D.P.1 798).

Nouvelle Bibliothèque «ou Histoire littéraire des principaux écrits qui se publient», La Haye, Paupie, 1738-1740, 7 vol. : B. a pris part à la fondation du journal ; Chais et lui en sont les principaux rédacteurs, P. Marchand en corrige les épreuves pour le compte de Paupie et du Sauzet (L., p. 190-191, lettre 63 de P.M. à B. du 8 août 1739). En 1742, Paupie vend le journal à Gosse qui confie la rédaction à Charles de La Motte (voir ce nom). La collection complète, de 1738 à 1744, comporte 19 vol. ; la fin de la collaboration de B. semble coïncider avec son départ pour l'Allemagne en 1740 (voir D.P.1 1006).

Lettres chinoises «ou Correspondance philosophique, historique et critique entre un Chinois voyageur à Paris et ses correspondants à la Chine, en Moscovie, en Perse et au Japon, par l'auteur des Lettres juives et des Lettres cabalistiques», La Haye, Paupie, 1739-1740, 5 vol. : t. I, sept. 1739 ; t. II, janv. 1740 ; t. III, mai 1740 ; t. V, déc. 1740. Une «nouvelle édition augmentée» est publiée à La Haye, par Gosse, en 1751, en 5 vol., puis une «5e édition augmentée de plusieurs additions considérables» en 1756, en 6 vol. (voir D.P.1 799).

B. a collaboré aux Mémoires historiques pour le siècle courant de Desroches-Parthenay (1728-1742, 42 vol.) dont il rédige 3 feuilles en décembre 1736 (L., lettre 35) ; il a publié des articles dans la Bibliothèque critique de Formey (voir D.P.1 154), il a publié dans le Mercure une lettre à Mouhy (déc. 1754). Plusieurs de ses ouvrages sans avoir été publiés par feuilles, relèvent de la forme journalistique, notamment la Critique du Siècle «ou Lettres sur divers sujets» (La Haye, 1746, 2 vol., rééd. augm. en 1755 ; voir D.P.1 334).

7. Publications diverses

Outre ses journaux et plusieurs essais philosophiques ou moraux, B. a publié une dizaine de romans. On trouvera la liste de ses oeuvres dans J (bibliographie chronologique, p. 205 et suiv.), dans Cior (n° 8297-8361) et dans Molino, Le Bon Sens du Marquis d'Argens, actuellement la synthèse la plus complète sur la pensée et l'esthétique du marquis ; voir notamment le chapitre V, «Le Marquis d'Argens romancier» et les problèmes d'attribution (p. 865-875) : sur les 25 romans attribués à B., J. Molino considère 12 attributions comme certaines : les Mémoires de M. le marquis d'Argens (1735), Les Enchaînements de l'amour et de la fortune (1736), les Mémoires de la comtesse de Mirol (1736), les Mémoires de Mlle de Mainville. (1736), Le Solitaire philosoph. (1736), Le Mentor cavalie. (1736), Les Caprices de l'amour et de la fortune (1737), Le Fortuné Florentin (1737), les Mémoires du comte de Vaxère (1737), Le Philosophe amoureux (1737), Le Législateur moderne (1739), les Mémoires du Chevalier de...(1745). Sur son oeuvre théâtrale, voir S. Dafgård, «Un répertoire du théâtre royal de Berlin : Les Caractères et les embarras de la Cour , par le marquis d'Argens, et Le Galant Philosophe. Deux comédies retrouvées», Studia neophilologica, n° 1, p. 101-104.

8. Bibliographie

B.Un., D.B.F., D.L.F. – «Eloge du Marquis d'Argens», Nécrologe, 1772, p. 57-80 ; éd. de Maastricht, 1775-1778, t. IV, 2e part., p. 45-65. – «Lettres du Marquis d'Argens au Roi», Oeuvres posthumes de Frédéric II, t. XIII, Berlin, 1789. – Damiron J.Ph., Mémoire sur le Marquis d'Argens, Paris, 1856, Séances de l'Académie des Sciences Morales, t. XXXV et XXXVI. – Mémoires pour servir à l'histoire de la philosophie au XVllle siècle, Paris, Lodrange t. II, 1858, p. 256-375. – Thiébault D., Souvenirs de vingt ans de séjour à Berlin, dans la collection «Mémoires de ce siècle », t. XII, Paris, Didot, 1860, t. II, p. 375-405. – Sayous A., Histoire de la littérature française en Angleterre en Suisse en Prusse..., Paris, Didier, 1871, 2 voir- (J) Johnston E., Le Marquis d'Argens, sa vie et ses oeuvres, essai biographique et critique, Paris, 1928. – Renard G., «Le Marquis d'Argens, .sa vie et son oeuvre», Bulletin de l'Académie du Var, t. XCVII (1929), p. 76-85. – Fransen J., «Correspondance entre le marquis d'Argens et Prosper Marchand» dans Mélanges de philologie offerts à J.J. Salverda de Grave, Groningue, Wolters, 1933, p. 106-125. – Thomas L., éd. des Mémoires du marquis d'Argens, Paris, Aux Armes de France, 1941. – Bush N.R., The marquis d'Argens and his philosophical correspondence, a critical study of d'Argens's Lettres juives, Lettres cabalistiques et Lettres chinoises, Ann Arbor, 1953. – Molino J., Le Bon Sens du marquis d'Argens. Un philosophe en 1740, thèse dact. de l'Université de Paris, 1972. – Granderoute R., «A propos du marquis d'Argens», dans Le Journalisme d'Ancien Régime, dir. P. Rétat et H. Duranton, P.U. de Lyon, 1982. – (L.) Larkin S., Correspondance entre Prosper Marchand et le marquis d'Argens, S.V.E.C. 222, Oxford, 1984. – Mein lieber Marquis. Friedrich der Grosse, sein Briefwechsel mit Argens, éd. H. Schumann, Zurich, Manesse, 1985. – Les Lettres juives du marquis d'Argens, présentées par I. et J.P. Vissière, Presses Universitaires de Provence, 1989. – Le Marquis d'Argens, colloque de 1988, Publications de l'Université de Provence, 1990. Voltaire, Discours de l’empereur Julien contre les chrétiens, éd. J.M. Moureaux, S.V.E.C., 322, 1994.

9. Additif

Rubrique 7 : «Au répertoire du théâtre royal de Berlin : Les Caractères et les embarras de la Cour, par le marquis d'Argens, et Le Galant Philosophe. Deux comédies retrouvées», Studia Neophilologica, vol. 62, n° 1, 1990, p. 101-104 (PF).

BOYER

Auteurs

Numéro

110

Prénom

Pascal

Naissance

1743

Décès

1794

Né à Tarascon le 20 janvier 1743, Pascal Boyer fut décapité le 19 messidor, an II (7 juillet 1794).

3. Carrière

Il succéda à Gauzenargues comme maître de chapelle à la cathédrale de Nîmes et y exerça de 1759 à 1765 (Grove). Il voyagea en Italie puis s'établit à Paris où il enseigna le chant et la guitare. Il fut violon du comte de Guines, ambassadeur de France à Londres (1769-1776) ; il fut le correspondant à Paris du Courier de l'Europe, de 1776 à 1780. Soupçonné à son retour d'être l'auteur de libelles diffamatoires publiés à l'étranger contre des personnalités françaises, il fut incarcéré à la Bastille le 13 janvier 1781 ; son innocence fut établie et il en sortit le 22 janvier. «Le comte de Vergennes chercha à le consoler de cette méprise, en lui donnant les plus grandes facilités pour augmenter ses correspondances et ses relations au dehors» (Bastille dévoilée, 1789, t. III, p. 6-7). En 1782, Boyer établit un Musaeum politique ou Club, à la manière des Anglais, rue Saint Nicaise (M.S., 1eravril 1782, t. XX, p. 177-178).

Adresse : rue Croix des Petits Champs, maison du sieur Carlin, marchand de cors-de-chasse (en 1784).

6. Activités journalistiques

Il collabore au Courier de l'Europe de 1776 au 1er août 1780 (M.S., 11 août 1780, t. XV, p. 278-280 ; Proschwitz, p. 30). L'article de France, le seul de son travail, fut trouvé médiocre et arriéré, «quelquefois faux et presque toujours incorrect» (M.S., ibid.).

Il aurait collaboré à la Gazette d'Utrecht (1785), à la Gazette de Leyde pour les articles de France (1789), et au Mercure de France, où il a publié une «Notice sur la vie et les ouvrages de Pergolèse» (juil. 1772).

Après la Révolution, il était responsable avec Cérisier de la Gazette universelle. Il fut le principal rédacteur du Journal des spectacles (1793-janvier 1794). L'exemplaire de la B.N. donne une note manuscrite sur sa mort.

7. Publications diverses

Il a publié une Lettre à Monsieur Diderot sur le projet de l'unité de clef dans la musique et la réforme des mesures proposé par M. l'abbé La Cassagne dans ses Eléments de chant (Amsterdam, 1767) ; voir à ce propos J. Varloot, «Diderot et les musiciens. Réflexions sur une lettre de Pascal Boyer», dans Le Jeu au XVIIIe siècle, Edisud, p. 187-193.Son intérêt pour la musique se révèle aussi dans son livre La Soirée perdue à l'opéra (1776). On lui attribue également L'Expression musicale mise au rang des chimères (Amsterdam, 1779). Il a beaucoup loué l'Essai sur la musique de M. de La Borde (M.S., 11 août 1780). En 1784, le Journal de pièces de clavecin est édité chez M. Boyer, rue Neuve des Petits-Champs (D.P.1 683) : il s'agit très probablement de B. Sur la critique musicale de B., voir Fétis et Grove. Il a écrit des pièces pour opéras et ballets, des airs et accompagnements de guitare ; il a sans doute publié de la musique (voir C. Hopkinson, A Dictionary of parisian music publishers. 1700-1850, Londres, 1954).

8. Bibliographie

G.H.; M.S. – Fétis F.J., Biographie universelle des musiciens. – Grove, The New Dictionary of music and musicians, Londres, 1780. – Proschwitz G. et M. von, Beaumarchais et le Courier de l'Europe, S.V.E.C. 273-274, Oxford, 1990.

9. Additif

 Le 4 pluviôse an II [23 janvier 1794] le Comité de Sûreté Générale ordonne d'arrêter Boyer et de le conduire à La Force, d'apposer les scellés sur ses papiers et ses effets (A. Tuetey, Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution Française, Paris, Imprimerie Nouvelle, t. 11, 1911, p. 317). Il est jugé, condamné et guillotiné le 19 messidor an II [7 juillet 1794] (H. Wallon, Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris, Paris, Hachette, 1881, t. 4, p. 425), et apparaît sous le nom de Royer (Paschal), homme de lettres, 51 ans, dans Liste des victimes du Tribunal Révolutionnaire à Paris (Paris, A. Picard et fils, 1911, art. 2037, p. 102). (D. Waquet) 

BOURZEIS

Auteurs

Numéro

109

Prénom

Amable de

Naissance

1606

Décès

1672

Amable de Bourzeis ou Bourzais ou Bourzeys est né à Volvic près de Riom le 6 juin 1606. Il eut pour parrain son parent, le R.P. Jean Arnoux, S.J., de Riom (1575 - 1636), qui devint confesseur de Louis XIII en 1627 (Sommervogel). Il est mort le 2 août 1672. Jal a publié son extrait mortuaire : «Mardy, 3 août 1671 [1672]..., service complet, 4 prestres porteurs pour deffunct messire Amable de Bourzais, prestre, Conseiller du Roy en ses conseils, Abbé et Seigneur de Cores, demeurant rue Neufve des bons enfants ; a été inhumé dans notre église... » (Reg. de Saint-Eustache de Paris).

2. Formation

Il entra comme page chez le marquis Louis de Rochechouart, seigneur de Chandenier, beau-frère du cardinal de La Rochefoucauld. Le marquis lui apprit «les langues savantes et les belles-lettres» (Camusat, p. 133). Le P. Arnoux l'emmena en 1623 à Rome où le P. de Lugo lui enseigna la théologie. Il apprit également les langues orientales ; Charpentier écrira en 1672 : «Il possédait en perfection la Langue Sainte, la Syriaque, l'Arabique, la Grecque, la Latine, l'ltalienne, et l'Espagnole» (Deffense de la langue française, citée par Camusat, p. 166). Il se fait connaître par des compositions en vers latins et grecs (Epithalamium in nuptiis Thaddei et Annae Colonnae, Rome, 1629). Remarqué par le pape Barberini, Urbain VIII, dont il traduisit le De partu Virginis, il obtient dès cette époque un prieuré en Bretagne (Camusat, p. 134 ; Pellisson, t. I, p. 252). Il passe ensuite deux ans chez le comte Maurice de Savoie à Turin. De retour en France peu avant 1634, il demeure chez le duc de La Rochefoucauld-Liancourt qui le présente à Richelieu et lui fait obtenir l'abbaye de Cores. Ses sermons obtiennent un succès qui alarme les prédicateurs ; une cabale parvient à lui faire interdire la chaire du fait qu'il n'a pas reçu les ordres sacrés (Chapelain, lettre à Balzac du 25 juil. 1638, t. I, p. 275-276) ; il parle alors à la Congrégation de la Propagation de la Foi (ibid., 24 déc. 1638, p. 341). Il devient prêtre peu après (Camusat, p. 135).

3. Carrière

Il fait partie des 13 membres de l'Académie choisis par Richelieu en 1634 pour compléter la société, est consulté la même année pour l'examen des statuts (Pellisson, t. I, p. 74), prononce, le 12 février 1635, une «harangue sur le dessein de l'Académie et sur les différents génies des langues» (ibid., lettre de Chapelain du 25 fév. 1635). Il est du nombre des commissaires préposés à l'examen du Cid (lettre de Chapelain du 20 août 1637). A deux reprises, il est directeur de l'Académie : il la préside au début de 1639 (lettre de Chapelain du 14 janv. 1639) ; il est «redevenu» directeur en septembre 1640 (id., 11 sept.). Richelieu l'emploie en consultation et pour la rédaction de plusieurs de ses oeuvres (selon Pellisson : La Méthode la plus facile et assurée de convertir ceux qui sont séparés de l'Eglise, 1651, et La Perfection du Chrétien, 1646). Mazarin lui confie plusieurs missions à la fois religieuses et politiques : la conversion de l'Electeur palatin (voir le Discours à Mgr. le Prince Palatin, 1646) ou celle de Schomberg. En décembre 1665-janvier 1666, il se rendra au Portugal pour poursuivre avec celui-ci une négociation difficile (Chapelain, lettres du 19 déc. 1665 et du 7 janv. 1666, t. II, p. 427, 431). Il est consulté par Colbert sur des questions de théologie ou de diplomatique, notamment à propos des droits de succession de Marie-Thérèse. Colbert le fait entrer dans sa «petite Académie» dès février 1663 (A. Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Paris, 1948-1956, t. III, p. 9) et le nomme membre du Conseil des Bâtiments à la même date.

4. Situation de fortune

Le revenu de l'abbaye de Cores (diocèse d'Autun) est estimé à 12 000 £ (J. Doujat, Chef du grand pouillé de France, 1671, p. 56 ; Pellisson, t. I, p. 252). En 1663, B. est inscrit sur la liste des «gratifiés» de Chapelain pour une somme importante, égale à la pension de Chapelain lui-même : «au Sieur Abbé de Bourzeis, consommé dans la théologie positive scholastique, dans l'Histoire, les Lettres Humaines et les Langues Orientales [...] 3000» (ms. de Colbert reproduit par La Place dans Pièces intéressantes et peu connues, éd. de 1790, t. I, p.147).

5. Opinions

Il a été formé par les Jésuites et devient janséniste à son retour à Paris, sous l'influence du duc de Liancourt, par opportunisme diront ses ennemis (Camusat, p. 155 et suiv.). Camusat, qui accorde une large place aux controverses dans lesquelles B. a été engagé (p. 137-160), le décrit comme «un des plus francs et déterminés jansénistes» (p. 136). De la soutenance de sa thèse, «Propositiones de gratia» (juin 1649) jusqu'à la condamnation des cinq propositions de Jansenius par le pape Innocent X (mai 1653), B. attaque sans relâche les Jésuites (en particulier le P. Petau en 1649). Il se rétracte en 1653, signe le formulaire et publie, le 4 novembre 1661, une déclaration circonstanciée (Camusat, p. 155).

A l'Académie, il est le porte-parole des Anciens contre Charpentier lors de la querelle des Inscriptions en 1671. Ses adversaires ont rendu hommage à son érudition et à son exquise courtoisie, en particulier Charpentier dans sa fense de la langue française pour l'inscription de l'Arc de Triomphe, publiée en 1672 après la mort de B. (Camusat, p. 164-168).

6. Activités journalistiques

Avec Chapelain et Gomberville, il aurait fait partie de la première équipe de rédacteurs du Journal des savants, sous la direction de Denys de Sallo, de janvier à mars 1665 ; il ne s'agit sans doute que d'une collaboration épisodique (voir art. «Sallo»).

7. Publications diverses

Voir la liste de ses oeuvres dans Cior 17, n° 15982-15993.

8. Bibliographie

Moreri, B.Un., Jal, D.B.F. ; les biographies anciennes et en particulier celle de Moreri s'appuient sur une Vie de l'abbé Bourzeis rédigée par son neveu Oliver de Bessart et recueillie par La Fautrière à la fin du XVIIe siècle, mais disparue depuis. – Nicéron, t. IX (1729), p. 272-281. – Pellisson et d'Olivet, Histoire de l'Académie française, éd. C. Livet, Paris, Didier, 1858, 2 vol., t. I, p. 251-255.– Chapelain, Lettres, éd. P. Tamizey de Larroque, Impr. Nationale, 1880 – Camusat F.D., Histoire critique des journaux, Amsterdam, J.F. Bernard, 1734, 2 vol., t. I, p. 132-168. – Bourzeis H. de, Un académicien oublié. Le premier XXXVe fauteuil. L'abbé A. de Bourzeis (1606-1672), Paris, 1879.

BOURSIER

Auteurs

Numéro

108

Prénom

Philippe

Naissance

1693

Décès

1768

Né à Paris en 1693 et mort le 3 janvier 1768 (Feller-Weiss), Philippe Boursier est sans doute le plus secret des rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques, qui ne disent rien de lui. Parfois confondu avec Laurent Boursier, auteur du traité janséniste De l'action de Dieu sur les créatures (Paris, Babuty, 1713).

2. Formation

Diacre de Paris (Feller-Weiss), docteur en théologie en 1705 (voir Eloge d'Elie Marcoul Boucher, N.E., 31 juil. 1754, p. 123).

6. Activités journalistiques

Vaillant le dénonce dès septembre 1728, en première place, comme auteur des N.E. (voir art. «Vaillant»). L'Eloge de Fontaine de La Roche dans les N.E. du 27 mars 1771 montre qu'en 1731 le journal devait beaucoup à B., que Mme Mol, nièce de Fontaine, considérait «comme le rival de la gloire de M. son oncle» (p. 50). B. semble avoir été soutenu par Duguet, et Fontaine de La Roche eut affaire à forte opposition avant de prendre la rédaction des N.E. (voir ce nom). Cette querelle interne semble avoir encouragé le gouvernement à interdire le journal en avril 1732. On peut supposer qu'après cette date, B. fut évincé du journal, qui ne le mentionne plus.

8. Bibliographie

Feller-Weiss. – (N.E.) Nouvelles ecclésiastiques, 27 mars 1771.

9. Additif

Activités journalistiques : Le Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes de Pluquet, Claris et Migne, etc. (1847) signale que Philippe Boursier n’a pas de lien de parenté avec Laurent Boursier. À propos de son rôle dans les Nouvelles ecclésiastiques, il écrit : « Il fut un des premiers auteurs des Nouvelles ecclésiastiques, où tous ceux qui tiennent à la catholicité étaient calomniés de la manière la plus odieuse. Il rédigea aussi les discours qui précèdent chaque année depuis 1731 cet ouvrage de parti » (col. 353). Il ne donne pas ses sources (J. S.) 

BOURLET DE VAUXCELLES

Auteurs

Numéro

105

Prénom

Simon

Naissance

1733

Décès

1802

Simon Jérôme (et non Jacques) Bourlet est né à Versailles le 11 août 1733 «de Siméon Bourlet, officier ordinaire et controlleur des receptes, et de Charlotte Sophie Jurtilliere, son épouse» ; il eut pour parrain Jérôme Trudon, «bourgeois de Paris», et pour marraine Françoise Julie Jurtilliere, sa tante (reg. par. de Notre-Dame de Versailles, 12 août 1733).Il ne semble pas que sa famille ait été noble. Il prend en 1760 le nom de «Bourlet de Vauxcelles». Il est mort à Paris le 18 mars 1802 (Vapereau).

3. Carrière

Prêtre et prédicateur, il se fit connaître en 1763 pour avoir dénoncé dans un sermon en Sorbonne la misère de la France (M.S., 21 oct. 1763, t. 1, p. 289). A cette époque, il fit un voyage en Angleterre, du moins si l'«abbé de Vauxcelles» dont parle d'Alembert dans une lettre à Hume est bien le même : d'Alembert recommande à Hume un «abbé de Vauxcelles, [son] voisin, [son] ami, homme d'esprit et de mérite, docteur en théologie, qui en sait bien autant que St Augustin et Molina sur la grâce efficace et suffisante» (Letters of eminent persons, éd. Burton, Edinburgh, 1849, p. 214-215 : renseignement transmis par A.M. Chouillet). Les qualités dont le crédite d'Alembert paraissent toutefois peu conciliables avec l'état de prédicateur du roi, qu'il assumait depuis 1756 (Vapereau). En mai 1769, il est à Rome et assiste à l'élection du pape Clément XIV Ganganelli (lettre à Duclos, s.d., B.L., ms. Egerton 27). Il écrit de Rome à un correspondant inconnu, le 21 juin, pour lui relater l'élection et lui annoncer l'itinéraire de son voyage en Italie : Parme, Milan, Turin, Venise, Florence, Rome, Naples, Rome, Gênes (B.L., ms. Egerton 19, renseignement transmis par A.M. Chouillet). Il prononça en 1774 l'oraison funèbre de Louis XV, et en 1776, l'oraison funèbre de Charles de Bourbon, comte d'Eu, qui lui valut un bénéfice et la charge de bibliothécaire de l'Arsenal (Feller-Weiss). Il est apprécié par ses connaissances dans les arts, et écrit dans divers journaux. Il est l'ami de Thomas, La Harpe, Fontanes, Rivarol (C.L., XV, p. 246). En mars 1786, la Correspondance littéraire commente favorablement son éloge funèbre du duc d'Orléans (XIV, 342) ; il est alors «lecteur de M. le comte d'Artois».

6. Activités journalistiques

Il aurait publié dans le Mercure et dans le Journal de Paris une «foule de morceaux remarquables» (B.Un.), malheureusement non signés. La correspondance Bourlet-Fontanes, publiée par H. Bonhomme, ne fournit guère de précisions à ce sujet mais mentionne deux textes dans le Journal de politique et de littérature : une «Lettre à M. de La Harpe» sur Duclos, du 15 octobre 1776, et un compte rendu de l'Essai sur l'éloquence de la chaire de Besplas, du 5 décembre 1771 (H. Bonhomme, p. 171 et suiv.). Sous la Révolution, il collabore, avec La Harpe et Fontanes, à La Quotidienne. En 1797, il fonde, toujours avec La Harpe et Fontanes, Le Mémorial «ou recueil historique, politique et littéraire» (1er prairial-18 fructidor an V, 108 numéros) : voir B.H.C., p. 275, et H.P.L.P., t. VII, p. 280.

7. Publications diverses

Liste des oeuvres de B. dans Cior 18, n° 13666-13675.

8. Bibliographie

Feller-Weiss ; B.Un., N.B.G., D.B.F., D.L.F. – Daniel E. et H., Biographie des hommes remarquables de Seine-et-Oise, Rambouillet, 1832. – Bonhomme H., «Correspondance de Bourlet de Vauxcelles et Fontanes», Revue britannique, 1877, p. 171-197.

BOUCHER

Auteurs

Numéro

094

Prénom

Philippe

Naissance

1691

Décès

1768

Tout ce que nous savons de Philippe Boucher, premier rédacteur des Nouvelles ecclésiastiques, nous vient de l'Eloge publié dans les N.E. du 13 juin 1770 (p. 94-95). Philippe Boucher est né le 13 septembre 1691 «d'une famille distinguée dans le commerce» (mais la notice de son frère Elie Marcoul parle d'un père «orfèvre» et pauvre) ; gravement malade à partir de 1761, il est mort le 3 janvier 1768. Il était frère d'Elie Marcoul Boucher (voir ce nom).

2. Formation

Il fit ses humanités au collège de Beauvais, y acquit une bonne formation en latin et en grec, entra au séminaire de Sainte-Magloire, fut disciple de Duguet et de l'abbé d'Etemare, qui furent les premiers maîtres à penser des N.E. (voir art. « Fontaine de la Roche »). Il reçut le diaconat, mais refusa par modestie de recevoir la prêtrise. Il s'installa dans la paroisse de l'abbé Blondel à Saint-Etienne du Mont, où il enseigna le catéchisme. puis «se retira dans sa maison paternelle, à peu près vers le même temps que parurent les Nouvelles ecclésiastiques» vers 1727.

3. Carrière

Il reste trois ans dans sa famille, puis sur un avis d'Hérault, qui le soupçonnait de rédiger les N.E., sans doute sur une dénonciation de P. Vaillant (voir ce nom), il prend le parti de disparaître et se fixe à Maestricht, entre 1728 et 1731. De retour à Paris, il loge chez Mme Ferrand, au moment des miracles de Saint-Médard, en 1731 et 1732. On ne sait rien de la fin de sa vie.

6. Activités journalistiques

Selon la F.L., de 1769, généralement bien informée sur les milieux ecclésiastiques, les N.E. auraient été publiées «depuis 1713 jusqu'en 1731, par l'abbé Boucher», puis par Fontaine de La Roche (t. II, p. 426). L'Eloge de P. Boucher confirme en partie cette affirmation : B. y est donné implicitement comme l'un des rédacteurs des premiers bulletins manuscrits qui précédèrent les N.E. imprimées : «On sait que le Conciliabule d'Embrun [fin 1727] fut l'occasion de ces feuilles périodiques. L'ardeur des amis de la vérité pour être instruits des circonstances et des suites d'un événement si extraordinaire, obligea d'en faire des relations manuscrites, dont les copies furent tellement multipliées que bientôt après on jugea plus commode de les faire imprimer. Ce fut M. l'abbé Duguet qui, de concert avec les principaux théologiens défenseurs de l'Appel, prescrivit le plan et la méthode qu'on y devait suivre» (E, p. 95). B., qui avait peut-être eu part aux correspondances adressées aux gazettes hollandaises avant 1727, fut le premier rédacteur des N.E. : «ce fut lui qui le premier tint la plume pour la rédaction de cet ouvrage. Il y travailla d'abord seul, ensuite avec M. de Troya (dont on peut voir l'article dans la Table des Nouvelles), et après la détention de celui-ci, avec M. Fontaine, ancien curé de Mantelan, diocèse de Tours, qui enfin en demeura seul chargé, de facon néanmoins que M. Boucher fut toujours consulté» (p. 95). Cette collaboration se maintient au cours de son séjour à Maestricht en 1728-1731 : «Dans cet exil volontaire, qui dura environ deux ans, il continua la révision des feuilles des Nouvelles, qu'on avait soin de lui faire parvenir».

7. Publications diverses

L'Eloge lui attribue les Lettres de M. l'abbé de Lisle (annoncées dans les N.E. du 16 mai 1732), l'Analyse de l'Epître aux Hébreux (s.l. 1733), le discours introductif aux Lettres théologiques de M. Gaultier (3 vol., 1756) ainsi que les discours préliminaires des premières feuilles des Nouvelles ecclésiastiques

.

8. Bibliographie

F.L. ; Feller-Weiss ; B.Un., D.L.F. – (E) Eloge de P. Boucher, dans les Nouvelles ecclésiastiques, 13 juin 1770. – Séché L., Les Derniers Jansénistes, Paris, 1890-1891, p.73-77. – Préclin E., Les Jansénistes du XVIIIe siècle et la constitution civile du clergé, Paris, 1929, p. l33, 135, 192.

9. Additif

Activités journalistiques : Dans son livre, De la cause de Dieu à la cause de la nation. Le Jansénisme au XVIIIe siècle (Gallimard, Bibliothèque des idées, 1998), Catherine Maire voit en Philippe Boucher l’un des penseurs du jansénisme : il fait partie du premier groupe figuriste de Saint-Jacques du Haut Pas réuni autour de l’abbé d’Etemare en 1728, il est emprisonné à la Bastille en 1730 comme l’un des rédacteurs des Nouvelles ecclésiastiques, mais relâché ; C. Maire le considère comme l’éditorialiste des N.E. (ouvr. cité p. 503, 504). Il est à la tête de l’offensive contre les jésuites à partir de 1758. Toutefois, les N.E. ne font pas d’allusion à ce rôle ; on peut seulement souligner la similitude de pensée entre les éditoriaux et les écrits de B. (J.S.).

BOUCHER

Auteurs

Numéro

093

Prénom

Elie

Naissance

?

Décès

1754

Elie Marcoul Boucher est né à Compiègne «d'un père orfèvre de profession, trop honnête homme et trop chargé d'enfants pour être riche» ; il était le septième garçon de la famille. Il est mort le 19 mars 1754 dans la paroisse de Saint-Jacques du Haut-Pas (E, p. 123, repris par le Supplément au Nécrologe des plus célèbres défenseurs de la vérité et par F.L.).

2. Formation

Placé auprès de l'abbé de la Rochefoucauld (mort en 1727), il fait ses études de théologie, est reçu docteur en Sorbonne en 1705, en même temps que Boursier, son ami et futur rédacteur des N.E. (E, p. 123). Il fut dès 1720 appelant, réappelant et adepte des thèses de l'évêque Soanen. Il est très rapidement suspect à la police, ce qui lui vaut d'être nommé à plusieurs reprises dans Les Preuves de la liberté de l'Eglise gallicane (souvent jointes au tome I des N.E.) : il est convoqué le 25 avril 1720 pour avoir refusé de communiquer un acte des bénédictins contre l'Accommodement (p. 61), le 8 mars 1721 pour interrogatoire par le Lieutenant de Police Beaudry (p. 59), le 3 juin 1721 pour notification d'une lettre de cachet qui l'exclut de l'Assemblée de la Faculté de Paris (p. 63) ; en 1729, il est exclu définitivement. Il écrit publiquement à Colbert de Croissy, évêque de Montpellier, pour rétracter sa signature du formulaire ; il rédige le 14 février 1742 un testament spirituel dans lequel il confirme son appel, son réappel, son adhésion aux thèses de Soanen et de Colbert de Croissy (E).

3. Carrière

Constamment surveillé par la police, il fait l'objet, le 12 décembre 1730, d'une perquisition dans la pension de Mlle Colombe, rue Neuve Saint-Etienne, où il résidait ; mais on ne trouve chez lui que divers manuscrits et ouvrages religieux. Nommé prêtre à Saint-Etienne du Mont, Boucher est interdit par Mgr de Vintimille, archevêque de Paris ; il se retire alors dans une communauté de Saint-Jacques du Haut-Pas (Supplément au Nécrologe).

6. Activités journalistiques

Lors de l'enquête menée contre lui en 1730, Hérault, Lieutenant de Police, affirme que «si M. Boucher ne faisait pas les Nouvelles ecclésiastiques au moins il y avait une grande part» (N.E., 25 janv. 1731). D'après la France littéraire de 1769, «l'abbé Boucher» fut le premier rédacteur des N.E. ; il s'agit probablement du frère de B., Philippe Boucher (voir ce nom) ; mais Elie Marcoul semble avoir participé, avant 1727, aux N.E. qui paraissaient alors sous forme de bulletins manuscrits ou de lettres adressées aux gazettes de Hollande. Les interrogatoires auxquels a été soumis E.M. Boucher montrent qu'il était dès 1720 l'un des doctrinaires et des hommes en vue du parti janséniste. A partir de 1727, on parlera plus généralement des frères Boucher, sans qu'on puisse toujours distinguer la part de l'un et de l'autre dans la rédaction des N.E. Toutefois, l'Eloge de Philippe Boucher lui attribue un rôle déterminant, alors que l'Eloge de B. est plus ambigu : «Dans la vérité, M. Boucher n'y avait de part que celle qu'y prennent généralement tous ceux qui s'intéressent autant qu'il faisait à la cause de la vérité, et au détail de la plus importante affaire qu'ait jamais eue l'Eglise» (E, p. 124).

7. Publications diverses

Relation des délibérations de la Faculté de Théologie de Paris au sujet des affaires qui ont rapport à la Constitution, 1718, 3 vol. Relation des Assemblées de Sorbonne, s.d., 7 vol. ; «Les deux premiers sont de M.Witasse» (F.L., 1769).

8. Bibliographie

(E) Nouvelles ecclésiastiques, Eloge d'E.M. Boucher, 31 juillet 1754. – Supplément au Nécrologe des plus célèbres défenseurs de la vérité, 1763, t. II, p. 304-305. – Barbier A., Examen critique et complément des dictionnaires historiques, Paris, 1820, t. I, p. l43 (sur la participation de B. aux N.E. ; conteste Chaudon et Michaud).

BOISSY

Auteurs

Numéro

085

Prénom

Jean François de

Naissance

1704 ca

Décès

1754

Jean François de Boissy, fils aîné de François Antoine de Boissy, notaire royal et receveur des domaines du roi, est né vers 1704, sans doute à Lamastre, dans le Vivarais ; une note manuscrite de son frère François Antoine donne 1704 ou 1705 (E, p. 10) ; le registre des impôts de La Haye lui donne 46 ans à sa mort (S.M. ; les registres d'état-civil de Lamastre et de l'Ardèche manquent pour cette période).

2. Formation

Sa famille était protestante, bien que son père, fonctionnaire royal, ait fait profession de catholicisme. B. se rend à Genève. Il est admis au cours de théologie le 18 mai 1733 et immatriculé le 8 juin (E, p. 11 ; S.-M.) ; il donne des leçons particulières «pour la géographie, l'histoire, le latin, le grec» (lettre à son père, 27 déc. 1735, E, p. 12) ; il est successivement au service de la baronne de La Batie (1733?) et d'Ami Lullin, de 1736 à 1741 (E, p. 13-14). Il quitte Genève vers mars 1741 pour se rendre à Paris.

3. Carrière

Après avoir passé quelques mois à Bourbonne, où il soigne sa santé, puis à Paris, chez son frère médecin, il gagne la Hollande au cours de l'automne 1741. Il arrive à Almeloo le 19 octobre (lettre à Lullin, 21 oct. 1741, E, p. 22) où il entre au service du comte de Rechteren en qualité de précepteur. En 1743, il est à Utrecht où son élève apprend le droit (lettre à F.A. de Boissy, 6 févr. 1743, E, p. 25-26) ; il suit lui-même des cours de droit, de théologie et de médecine ; en 1744, il postule en vain une chaire de professeur à l'Ecole illustre de Deventer ; au cours de l'été 1745, il accompagne la famille de Rechteren à Spa, et suit son élève à la Diète de Francfort en automne. Il rentre à Utrecht au printemps 1746, puis s'inscrit avec le jeune comte de Rechteren à l'Université de Leyde, le 27 septembre 1746 (S.-M.) ; il étudie le droit romain, le droit naturel, I'histoire et la physique (lettre à F.A. de Boissy, 6 oct. 1746, E, p. 52). Son préceptorat s'achève en juillet 1747 ; il trouve d'autres élèves à La Haye où il s'installe en automne 1747, chez Changuion, conseiller à la cour de Brabant (lettre à Lullin, 13 sept. 1747, E, p. 61). Il accompagne les fils Changuion à Leyde où il demeure d'octobre 1748 à juillet 1749. Il fait alors un voyage à Paris et à Genève en vue de régler avec son frère une question d'héritage (E, p. 73-75). A l'automne, il est de nouveau à Leyde. A la fin de 1751, il se charge de l'éducation des fils du baron van Rede Ginkel, comte d'Athlone, à Leyde (E, p. 94). Sa santé s'affaiblit à la fin de 1753 ; il meurt de pleurésie le 28 décembre 1754.

4. Situation de fortune

N'ayant, semble-t-il, jamais obtenu sa part de l'héritage familial (v. lettre à Ranc, fin 1749, E, p. 75), il a vécu de son métier de précepteur aussi bien à Genève qu'en Hollande. Dès septembre 1735, par souci d'indépendance et goût des lettres, il refusait de rentrer en France pour reprendre l'étude du notaire Boissy (lettre à son père, 27 sept. 1735, E, p. 12) ; pour les mêmes raisons, il refusera les offres de son ami Lullin. En 1747, au service des Changuion, il gagne 1600 £ par an, mais se plaint du «prix exorbitant» de la vie (lettre à Claire de Boissy, 18 sept. 1747, E, p. 60). Ce n'est qu'à la fin de sa vie, chez le comte d'Athlone, qu'il parvient à une certaine aisance ; son héritage se monte à 3000 florins, soit 6000 £ (E, p. 107). Le journalisme ne l'a pas enrichi ; il note lui-même que l'«honoraire» du rédacteur de la Bibliothèque germanique n'est pas bien tentant : «sept florins, ou quatorze livres de France par feuille d'impression, savoir seize petites pages» (lettre à F.A. de Boissy, 23 juil. 1751, E, p. 87).

5. Opinions

Inébranlable dans ses convictions calvinistes et fidèle à ses origines, il reste en relations avec sa famille : sa soeur Claire, son frère François Antoine, son beau-frère, M. de Saint-André que leurs sentiments protestants exposent à la répression. Son père spirituel, Ami Lullin, pasteur puis professeur d'histoire ecclésiastique et recteur à l'Université de Genève, restera son appui, son conseiller et son confident pendant toute sa vie (voir les 19 lettres de B. à Lullin, B.P.U. de Genève, Papiers Lullin, dossier C 7). Doué d'une curiosité et d'une largeur d'esprit exceptionnelles, il s'intéresse à la médecine, à la physique, aux mathématiques, aux belles-lettres, lit l'anglais, l'allemand et le hollandais, mais s'intéresse surtout à la philosophie et à la théologie. Il a lu avec attention L. Racine (lettre à F.A. de Boissy, 31 déc. 1743, E., p. 28), Malebranche et Locke (lettre à A. Lullin, 21 avr. 1744, E, p. 29), aussi bien qu'Homère et Cicéron (lettre à A. Lullin, 22 sept. 1744, E., p. 34). Grand lecteur d'ouvrages nouveaux et de journaux, il lit, non sans réticences, Diderot et La Mettrie (lettre à F.A. de Boissy, 23 juil. 1748, E, p. 68-69), mais il admire Montesquieu (E, p. 79-80, 85) et Voltaire (E, p. 100). Sa correspondance, dont la plus grande partie a été éditée par C.E. Engel (E) comprend environ 180 lettres adressées à sa famille, à quelques amis, à Lullin et à Antoine Court. Vers 1750, il est l'ami intime de Péchier et fréquente le pasteur Beaufort.

6. Activités journalistiques

Sur le conseil d'Ami Lullin, il commence, vers 1745, à publier des comptes rendus dans les gazettes françaises de Leyde et d'Amsterdam (E, p. 43). Il écrit d'abord pour la Bibliothèque raisonnée (lettre à Lullin, 4 sept. 1745, E, p. 43), puis pour la Bibliothèque germanique (lettre au même, 16 mai 1747, E, p. 58), dont l'auteur, Samuel Formey est un de ses amis : dans une lettre à F.A. de Boissy, du 23 juillet 1751, B. fait l'éloge de la Bibliothèque impartiale et engage son frère à y contribuer ; en 1750-1751, B. fournit effectivement des nouvelles d'érudition à Formey (Nachlass Formey, renseignement fourni par F. Moureau) ; on peut supposer que sa collaboration a commencé avec le tome IV, au moment où Formey renonce à en assumer seul la rédaction (voir E, p. 87). En 1751, B. s'offre à «faire parler dans une ou deux Bibliothèques» du dernier livre d'Antoine Court (lettre à A. Court, 6 juin 1751, E, p. 96) : des comptes rendus du Patriote impartial paraissent effectivement dans la Bibliothèque raisonnée, dans la Bibliothèque impartiale et dans la Bibliothèque germanique (lettre à A. Court, 28 sept. 1751, E, p. 97-98), en fait la Nouvelle Bibliothèque germanique (1746-1755). On est en droit de croire que jusqu'en 1752, époque où sa santé lui interdit un travail suivi, il a collaboré régulièrement à ces trois journaux. Il lui arrive de faire l'éloge du Journal britannique de Maty, mais il n'est pas prouvé qu'il y ait travaillé.

8. Bibliographie

(E)Les renseignements donnés ci-dessus viennent dans leur quasi-totalité du livre de C.E. Engel : Jean-François de Boissy (1704 - 1754) ; un réfugié francais du XVllle siècle d'après sa correspondance, U. deNeuchâtel, 1941. – Voir également : Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, ms., Nachlass Formey, 5 lettres de Boissy, Leyde, 1750- 1751. – (S.M) Le Livre du recteur de l'académie de Genève (1559 - 1878), t. II, Genève, Droz, 1966, p. 246. – Lagarrigue B., Un temple de la culture européenne (1728-1753) : l’histoire externe de la « Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe », Nimègue, 1993.