DONNEAU DE VISE

Auteurs

Numéro

244

Prénom

Jean

Naissance

1638

Décès

1710

«Jean Donneau naquit le 3 ou le 4 décembre 1638, et fut baptisé le 5, fils d'Antoine Danneau [sic] de Visé, maréchal des logis de Monsieur, frère unique du Roi, et de Dlle Claude Gaboury» (Jal). Son parrain était Jean Gaboury, son grand-père, «valet de chambre ordinaire du Roi et garde-meuble de S.M. » ; sa marraine, Renée Coudray, femme de Jacques Donneau de Vizé, «commissaire de l'artillerie de France». De l'extrait baptistaire reproduit par Jal et disparu depuis, il ressort que D.

2. Formation

Moreri affirme qu'il était destiné à l'état ecclésiastique et déjà pourvu de bénéfices quand il quitta le petit collet pour se marier. Sa vocation littéraire se manifeste plus tôt encore : dès février 1662, il demande un privilège pour son premier livre, les Nouvelles nouvelles.

3. Carrière

Il se fait connaître en 1663 par ses prises de parti contre et pour Corneille, par ses attaques contre Molière ; il fréquente alors les milieux précieux de la capitale et figure, avec Boursault, de Pure et Somaize, dans les Délices de la poésie galante de 1663 (Adam, t. III, p. 159). Il se réconcilie avec Molière pour représenter au Palais-Royal sa première comédie, La Mère coquette ou les Amants brouillés (23 oct. 1665). Après avoir donné deux ou trois comédies, il se lance en 1670 dans la tragédie avec machines et grand spectacle, qui lui vaudra ses plus grands succès ; après la mort de Molière, il écrit, avec Thomas Corneille, pour la troupe du théâtre Guénégaud : Circé, le 17 mars 1675, puis La Devineresse, le 19 novembre 1679 (en collaboration avec T. Corneille) connaissent de véritables triomphes (Mélèse, p. 162) et valent à la troupe des recettes exceptionnelles (Adam, t. III, p. 199, 207). A partir de 1672 et surtout de 1678, le Mercure galant lui assure une place de premier plan dans la vie littéraire parisienne. Avec T. Corneille (contrat du 15 déc. 1681), il exploite méthodiquement le succès de son journal et s'assure une place de journaliste officiel et de panégyriste du roi ; il se donne en 1699 pour «historiographe de France» (Mercure galant, févr. 1699, p. 186), mais c'est à ses frais qu'il publie, de 1697 à 1703, la somptueuse édition des Mémoires pour servir à l'histoire de Louis le Grand (10 vol.) qui le ruinera.

4. Situation de fortune

Il passe pour avoir été le plus riche des écrivains du temps. Sa fortune personnelle semble pourtant avoir été réduite ; il a hérité de la charge de «garde-meubles de la maison du Roi, des princes étrangers et ambassadeurs extraordinaires » (M.C., contrat de mariage, 20 juil. 1670, p. 179) qu'avait détenue son grand-père Gaboury, mais cette charge est estimée à 500 £ (Mongrédien, p. 110). Sa première femme semble surtout lui avoir apporté des dettes (M.C., inventaire après décès, 11 juin 1681, p. 179) ; l'année de son second mariage, il paie les dettes de ses beaux-frères (ibid., 20 déc. 1698, p. 180), puis répare la maison Le Hongre ; il est en même temps subrogé tuteur des cinq enfants de son cousin G. Donneau (ibid., 16 mars 1699). C'est de sa carrière littéraire qu'il a tiré l'essentiel de ses revenus, et sans doute grâce aux conseils avisés de T. Corneille. Leur association au théâtre Guénégaud s'étant révélée fructueuse (plus de 1000 £ de recette pour chaque représentation de La Devineresse en 1679-1680), les deux écrivains transforment leur «convention verbale » en un « contrat de société » pour « l'exploitation du privilège du Mercure galant» le 18 janvier 1682 (M.C., p. 163 ; Mélèse, p. 163-166) ; ils s'engagent à «partager également les bénéfices, les dons en nature» et éventuellement, une pension accordée par le roi. D. entendait qu'on lui paie la propagande qu'il faisait en faveur du pouvoir : en témoigne sa lettre à Chamillard pour lui présenter la facture du t. X de ses Mémoires pour servir à l'histoire de Louis le Grand (Burger). Dans le domaine de la propagande, il aurait servi les intérêts des Stuart (Vincent, «Ecrits touchant la conversion de Charles II»), ce qu'on ne lui pardonna guère. Un Poème latin, Mercurius parisinus, présenté en 1705 à la reine Anne par l'Université d'Oxford atteste une réputation bien assurée outre-Manche (D. ; renseignements transmis par F. Moureau).

On ne connaît pas les bénéfices du Mercure ni ses recettes publicitaires, qui furent certainement considérables. Les pensions de D., elles, sont connues ; elles ont fait de lui «le mieux rente de tous les beaux esprits». Après une demande infructueuse en 1682 (Mélèse, p. 168), il obtient 6000 £ en février 1684, puis 2000 £ augmentées de 4000 £ en mars 1691 ; la charge de garde-meuble ayant été supprimée en 1697, il obtient 1000 £ de dédommagement ; le 7 juillet 1697, il obtient une nouvelle pension de 2000 £, ce qui porte ses revenus annuels à 15 000 £ (Mongrédien, p. III). Peu de temps après, il commence à connaître des difficultés d'argent. Le 17 août 1699, il passe un contrat avec un « bourgeois » qui lui a suggéré de demander au roi les « deniers non réclamés qui se trouvent dans les dépôts publics de la généralité de Lyon» (M.C., p. 181) ; en 1705, il supplie le roi de le sauver de la ruine (Mongrédien, p. 112) ; il n'en garde pas moins sa pension et les revenus du Mercure, ainsi que son logement au Louvre ; sa famille continuera d'ailleurs d'y habiter après sa mort (Moreri).

5. Opinions

Dans les Nouvelles nouvelles de 1663, il critiquait Corneille et Molière. Au cours de la querelle de L’Ecole des femmes, la même année, il prend la défense des «marquis» et attaque violemment Molière, avec qui il se réconcilie en 1665 (voir le détail de la querelle dans Mélèse, chap. I ; Adam, t. III, p. 286-292). Ces débuts fracassants lui ont donné une réputation de versatilité et de mauvaise foi. Camusat, qui ne l'aime pas, énumère complaisamment ses querelles (t. II, p. 198-215). On ne peut cependant lui refuser d'avoir été pendant 40 ans l'allié et le porte-parole des «modernes». Dès sa jeunesse, il appartient aux salons précieux, aux milieux artistiques, au «beau monde» ; il sera l'ami de Perrault, de Mme de Brégy, de Le Clerc, de T. Corneille ; et il attaque inlassablement les «savants» ou les partisans des «anciens», d'Aubignac, Boileau, Racine, La Bruyère. Il a joué un rôle considérable dans le développement d'un nouveau goût théâtral après 1670, d'une «nouvelle préciosité», d'un certain réalisme dans le roman. G. Mongrédien a publié en 1971 les principales pièces de la polémique avec Molière (La Querelle). Violemment attaqué par La Bruyère - «Le H... G... est immédiatement au-dessous de rien», Caractères, 146 - il sut faire preuve de modération (Moreri). Le mot de La Bruyère se retrouve cependant dans toutes les biographies comme témoignage sans réplique.

6. Le Mercure galant «contenant plusieurs histoires véritables, et tout ce qui s'est passé depuis le 1er janvier 1672 jusques au départ du Roi » paraît en mai 1672 chez C. Barbin et T. Girard (achevé d'imprimer le 25 mai 1672), avec un privilège du 15 février 1672 (D.P.1 919). L'Avis au lecteur annonce un volume tous les trois mois ; l'ouvrage «n'a rien qui ressemble au Journal des savants» ; il comporte des «histoires amoureuses», des «nouvelles des ruelles les plus galantes», des sonnets et des madrigaux, des critiques des comédies nouvelles et de «tous les livres de galanterie». La forme littéraire est celle des « lettres » hebdomadaires. Le 2e volume et le 3e, publiés simultanément, ne paraissent qu'à la fin de l'année (achevé d'imprimer le 17 décembre 1672 ; 1673 en page de titre) mais l'auteur s'affirme dépassé par son succès. Malgré une conjoncture plus propice aux nouvelles militaires qu'à la littérature, D. publie son 4e volume au milieu de juin 1673, les 5e et 6e volumes au début de décembre. Pour des raisons inconnues (guerre, difficultés commerciales, maladie?), le 7e volume ne paraîtra pas.

Le Nouveau Mercure galant paraît en avril 1677 (pour janvier-mars) chez Blageard, et devient mensuel ; le 2e volume est publié en mai et les volumes suivants seront publiés régulièrement en début du mois ; la collection comprend 10 volumes à la fin de l'année. Un nouveau privilège est accordé le 31 décembre 1677 ; «J.D. Ecuyer, Sieur de Vizé » le cède à Blageard, et simultanément à T. Amaulry qui publie, à partir de septembre 1680, une édition lyonnaise du Mercure. A partir de 1678, D. donne un supplément trimestriel, l'Extraordinaire du Mercure galant, essentiellement consacré aux lettres de lecteurs et qui connaîtra un très grand succès (D.P.1 927). Il institue un système d'abonnements de 3, 6 et 12 mois (févr. 1678). De 1688 à 1692, il publiera un autre supplément trimestriel, Les Affaires du temps (D.P.1 5). De 1677 à 1714 paraîtront 477 volumes du Mercure, 40 volumes d'Extraordinaires et 12 volumes des Affaires du temps (B.H.C., p. 24 ; Mélèse, p. 175 et suiv.). D. multiplie en même temps les tirés à part et les éditions spéciales sous le nom de Relations historiques, Voyages des ambassadeurs, etc. : la quasi totalité des journaux énumérés par Cior 17 et jusqu'aux Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV sont en fait des réimpressions d'articles du Mercure.

D. assure la direction du Mercure jusqu'à sa mort, en fait jusqu'en mai 1710 («Mémoire historique», Mercure, mai 1760, p. 127). Jusqu'en 1706, il a probablement rédigé la plus grande partie des articles de critique littéraire. De 1681 à 1697, il est assisté par T. Corneille et par nombre de collaborateurs occasionnels : Fontenelle, Longepierre, de Vins, Le Clerc. Il faut compter aussi parmi ses collaborateurs tous les lecteurs, écrivains ou non, qui lui adressent leurs œuvres, ou ceux dont il a racheté massivement les manuscrits : ainsi, le 12 février 1688, D. et Corneille rachètent au libraire Guérout, qui les tient d'Anne Aupetit, pour 2000 £ de manuscrits (M.C., p. 180).

En 1681, un projet de Journal général de France qui était lié à un Bureau d'Adresse mis sur pied par D., fut réduit à néant par l'intervention du négoce parisien inquiet de voir se développer un centre de vente par correspondance (exemp. conservé, B.N., f.fr. 21741, f° 245 : renseignement transmis par F. Moureau).

7. Publications diverses

On trouvera la liste des œuvres de D. dans Mélèse, p. 254-258, et dans Cior 17, n° 25874-25945.

8. B.Un. ; Jal ; Moreri. – Larousse mensuel, 1938 (art. d'E. Magne). – B.N., f.fr. 21741, f° 223-224 : lettres de La Reynie, 25 et 29 nov. 1681 ; f° 245 : Journal général de France, 1681, imprimé. Ms. Dupuy 945 : lettre de D., Paris, 5 avril 1681 et fragment, f° 87-88 ; «Essai de l'histoire de Louis le Grand, dessein général du livre et son utilité», f° 89-90. – Le Mercure galant, févr. 1699. – Gacon F., «Satire contre les auteurs du Mercure galant», Le Poète sans fard, 1696, p. 43-45. – Le Noble E., L'Ecole du monde, 17e Entretien, p. 16 ; 20e Entretien, p. 150 (Œuvres, t. IV) : jugement sur le Mercure galant de D. – Camusat D.F., Histoire critique des journaux, Amsterdam, J.F. Bernard, 1734, t. II, p. 198-215. – Denis P., «Lettres inédites de P. Bayle», R.H.L.F., t. XIX, 1912, p. 185 (lettre de P. Bayle à l'abbé Dubos, 16 avril I7°5)- – Mélèse P., Un homme de lettres au temps du Grand Roi, Donneau de Visé, fondateur du Mercure galant, Paris, Droz, 1936. – Mongrédien G., «Le Fondateur du Mercure galant, Jean Donneau de Visé», Mercure de France, t. CCLXXIX, oct. 1937, p. 89-116. – Adam A., Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Paris, Domat, 1948-1956. – (M.C.) Jürgens M., Documents du Minutier central concernant l'histoire littéraire (1630-1700), Paris, P.U.F., 1960. – La Querelle de l'Ecole des femmes, comédies de Jean Donneau de Visé, Edme Boursault, Charles Robinet, A.J. Montfleury, J. Chevalier, Philippe de la Croix, éd. G. Mongrédien, Paris, Didier, S.T.F.M., 1971,2 vol. – Wright Vogler F. (éd.), Zélinde (1663), Chapel Hill, U. of Carolina Press, 1972. – Vincent M., «Le Mercure galant et son public féminin», Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte, Heidelberg, 1979, p. 76-85. – Burger P.F., «Autour de deux propagandistes de Louis XIV : Vuoer-den et Donneau de Visé», XVIIe siècle, n° 137, oct.-déc. 1982, p. 412-416 (lettre de de Visé à Chamillard, 8 juin 1704, A.N., G 7554, dossier 6, pièce 14). – Vincent M., «Ecrits touchant la conversion in articulo mortis de Charles II, roi de la Grande-Bretagne», XVIIe siècle, n° 137, oct.-déc. 1982, p. 417-420. – Dotoli G., «Il Mercure galant de Donneau de Visé», dans L'Informazione in Francia nel seicento, Bari, Adriatica et Paris, Nizet, 1983. – Leozappa E., «La critica d'arte nel Mercure galant di Donneau de Visé, 1672-1678», dans Storiografìa, Bari, Adriatica et Paris, Nizet, 1986. – Van der Cruysse D., «Donneau de Visé et l'ambassade siamoise (1686) : entre l'histoire et la littérature», Actes de Columbus, Columbus, 1989, p. 199-208. – Vincent M., Donneau de Visé et le «Mercure galant», Lille, Atelier de reproduction des thèses, Paris, Aux Amateurs de livres, 1987. – Dotoli G., «Le Mercure galant de Donneau de Visé», dans Littérature et société en France au XVIIe siècle, Fasano, Schena, Paris, Nizet, 1987. – Vincent M., « Musique et littérature dans le Mercure galant», XVIIe siècle, t. XLI, 1989.

DES VIGNOLES

Auteurs

Numéro

238

Prénom

Alphonse

Naissance

1649

Décès

1744

Alphonse Des Vignoles est né le 19 octobre 1649 au château d'Aubaïs, dans le bas-Languedoc, de Jacques Des Vignoles, sieur de Prades, et de Louise de Baschi d'Aubaïs.

2. Formation

Le père de D. fut le premier protestant de sa famille ; tous ses enfants furent élevés dans la religion réformée. D. eut d'abord, pendant quelques mois, un précepteur écossais, Jean Du Moulin, puis étudia à l'école protestante de Nîmes. En 1669, il se rend à Genève, commence des études de théologie (Formey), mais ne les achève pas et se voit rappeler par ses parents (Haag). Il est d'abord confié au pasteur Jean Bruguier (Haag), puis envoyé à l'Académie de Saumur où il a pour maîtres Tanneguy Le Fèvre et Etienne Gaussen (Formey, p. 2). En 1673, il va à Paris puis en Angleterre et rencontre à Oxford Fel et Compton (ibid.). En 1675, il est agréé par le synode du bas-Languedoc comme pasteur d'Aubaïs, quoiqu'il n'ait pas sa licence de théologie ; il est ensuite nommé au Cailar où il commence à travailler à la chronologie de l'Ecriture Sainte (ibid.). En 1683, il est compromis dans l'affaire Brousson, condamné à 300 £ d'amende et interdit de prêche pour six ans (Haag). En 1685, directement menacé, il gagne Genève, puis Berne et Berlin (Chauffepié). Il est d'abord pasteur de Schwedt d'où l'éloignent des conflits locaux, puis en 16 8 8, à Halle, où il demeure un an, et enfin à Brandebourg où il peut reprendre ses études. C'est alors qu'il rédige la 4e partie de l'Histoire de la papesse Jeanne de J. Lenfant et entreprend une histoire du Brandebourg qui ne sera pas publiée. Lors de la fondation de la Société Royale de Prusse en 1701, il est agrégé à la Société. Sur l'intervention de Leibniz, il obtient en 1703 d'être nommé à Berlin (Chauffepié). Il s'installe près de l'Observatoire où il demeurera pendant 40 ans. De 1713a 1720, il prêche en outre à Copenick, une fois tous les 15 jours, et y passe ses vacances. En 1727, il est nommé directeur de la classe de mathématiques de la Société Royale.

4. Situation de fortune

Outre son salaire de pasteur, D. obtient une pension, qui lui sera augmentée par Frédéric en 1740 (Formey, p. 9). Il éprouvera cependant de grandes difficultés à publier sa Chronologie de l'Histoire sainte qui, achevée en 1721, ne paraîtra qu'en 1738 (ibid.).

5. Opinions

D. fut pendant plus de 40 ans au centre de la vie intellectuelle de Berlin ; il participa activement aux travaux de la Société Royale et fit partie de la Société qui fonda en 1720 la Bibliothèque germanique ; chaque lundi se retrouvaient chez J. Lenfant, Barbeyrac, E. Chauvin, Beausobre, Le Cène, Le Duchat, Formey, etc. Il fut très lié à Leibniz ; la Bibliothèque de Hanovre possède vingt lettres de D. à Leibniz et six réponses de ce dernier, de 1695 à 1701 (E. Bodemann, Der Briefwechsel des G.W. Leibniz, Hanover, 1889, p. 361-364).

6. Activités journalistiques

L'essentiel de l'œuvre de D., c'est-à-dire de nombreuses dissertations, des comptes rendus et des articles originaux consacrés à l'histoire ancienne et à la chronologie, a paru dans des périodiques :

Miscellanea berolinensia, t. I-IV.

Histoire critique de la République des Lettres (D.P.1 600), t. V, VI, VIII, X, XI, XII, de 1714 à 1717.

Bibliothèque germanique (D.P.1 163), t.1, II, III, V, VII, XIII, XIV. XVII, XIX, XX, XXXI, XXXII, XXXIII, XXXV, XXXVIII, XXXIX. Dès 1717, D. faisait partie de l'équipe fondatrice ; il fait partie de l'équipe de rédaction jusqu'en 1737.

Nouvelle Bibliothèque germanique (D.P.1 163) : Formey a publié dans les tomes X, XI, XV, XVIII et XIX du journal qu'il avait fondé en 1746, la plupart des manuscrits posthumes de D. ; certains d'entre eux ont été en outre publiés dans le t. XII de la Bibliothèque impartiale. On trouvera la liste détaillée des articles publiés par D. dans Formey, p. 14 et suiv. Autre liste de D. dans Jacob Brucker, Pinacotheca scriptorum nostra aetate litteris illustrium, 1749.

Mémoires de Trévoux (D.P.1 889), avril 1761, t. II, p. 976-998, «Réflexions sur une difficulté proposée contre la manière dont les Newtoniens expliquent la cohésion des corps, et les autres phénomènes qui s'y rapportent», texte repris dans le Journal des savants combiné avec les Mémoires de Trévoux (éd. d'Amsterdam), mai 1761, t.1, p.212-135.

7. Publications diverses

7. Histoire de la papesse Jeanne, t. IV, Cologne et Amsterdam, Huguetan, 1694. J. Brucker écrit à propos de cet ouvrage : «Quarta hujus libri pars et nonnulla editionis secundae capita Vignolium auctorem agnoscunt ». L'œuvre de Frédéric Spanheim le jeune a donc certainement été traduite par Lenfant et D., puis enrichie de remarques par D. lors de la seconde édition (La Haye, 1720).

8. Bibliographie

Haag. – B.P.U. Neuchâtel, 5 lettres à D. dans les Papiers Bourguet, 1731-1732. – Chauffepié, Nouveau dictionnaire historique et critique, Amsterdam, La Haye, 1750-1756. – Formey H.S., Eloges des académiciens de Berlin et de divers autres savants, Berlin, 1757, t. I, p. 1 et suiv. ; Formey a fait l'éloge de D. également dans le 1.1 des Mémoires de l'Académie de Berlin et dans le t. II de la Nouvelle Bibliothèque germanique. L'essentiel de son information, excepté ce qui concerne l'activité journalistique de D., repose sur l'article de Chauffepié.

DESROCHES-PARTHENAY

Auteurs

Numéro

235

Prénom

Jean

Naissance

1690

Décès

1766

ÇCe sixime jour de septembre de l'an mil six cent quatre vingt dix, par moi cur de la paroisse de Saint-Barthlmy soussign, a t baptis Jean Blaise, n le quatrime du dit mois, fils de Me Estienne Desroches, procureur au sige prsidial de cette ville, et de Marie Maisonneuve [?] sa femme ; a est parrain Jean Blaise Busquet, marchand, et la marraine Elisabeth Billaud, veuve de deffun et Me Andr Masquier [?], procureur au dit sigeÈ (A.M. La Rochelle, reg. par. de Saint-Barthlmy, 1690-1691).

3. Carrière

D'abord conseiller et avocat gnral du roi au bureau des finances de La Rochelle (F.L.; B.Un.), il gagne la Hollande antrieurement ˆ 1728. Vers mai 1733, il s'installe ˆ La Haye, aprs avoir rsid sans doute ˆ Amsterdam. Selon une lettre de Bruzen de La Martinire ˆ Desmaizeaux du 1er avril 1734 (B.L., add.mss. 4285¡ f¡ 193-194), La Martinire, La Barre de Beaumarchais et D. se sont installs en ÇcommunautÈ dans Çune mme maisonÈ depuis onze mois, avec engagement pour deux ans ; ils travaillent en commun ˆ un certain nombre d'ouvrages. C.E. Jordan, qui les a visits ˆ La Haye en 1733, constate que ÇDesroches et La Martinire travaillent fortement au Dictionnaire gographiqueÈ (Histoire d'un voyage littraire fait en 1733, La Haye, 1735, p. 188) ; selon Rousset de Missy, cit par d'Artigny, Beaumarchais aurait contribu ˆ l'Histoire de Pologne (Nouveaux Mmoires, t. IV, Paris, Debure, 1751, art. 72). D. s'tablit ˆ Copenhague vers 1748 (Haag). Sans doute y tait-il djˆ all avant 1728 : dans son Histoire du Danemark (1730-1732) comme dans l'Histoire de Pologne (1733-1734), il affirme avoir parcouru Çla plupart des Cours de l'EuropeÈ et avoir t le tmoin direct d'une partie des vnements rapports (prface de l'Histoire de Pologne, p. XII-XIII).

5. Opinions

Il se fait appeler en 1733 Çl'abb de ParthenayÈ (page de titre de l'Histoire de Pologne) ; rien ne prouve qu'il ait t abb, mais il fait partie de la ÇcabaleÈ catholique groupe autour de La Martinire, souvent dnonce par le marquis d'Argens (voir p”tre du t. IV des Lettres juives). Prvost ironise sur son Çcaractre aventurierÈ (Le Pour et Contre, t. I, p. 213).

6. Activités journalistiques

Il se donne en 1728 pour Çl'auteur qui a ci-devant fait les Lettres historiquesÈ (page de titre des Mmoires historiques) ; il s'agit du priodique fond en 1692 par Bernard et Basnage, et qui para”t jusqu'en juin 1728. D. est sans doute le seul auteur des derniers volumes, sans qu'on puisse dire o commence sa contribution (D.P.1 822).

En juillet 1728, il lance un nouveau journal, en fait continuation du prcdent : Mmoires historiques pour le sicle courant, Çavec des rflexions et remarques politiques et critiques, par l'Auteur qui a ci-devant fait les Lettres historiquesÈ, ˆ Amsterdam, chez Nicolas Potgieter, et ˆ La Haye, chez A. Moetjens. Ce priodique, qui para”t le 1er de chaque mois, sera publi rgulirement jusqu'en octobre 1742 ; la collection comporte 42 volumes (D.P.1 896).

Jenssen attribue galement ˆ D. le Mercure danois, publi ˆ Londres et ˆ Copenhague de 1753 ˆ 1760, du moins en ce qui concerne les annes 1753-1755.

7. Publications diverses

Histoire de Danemark, avant et depuis l'tablissement de la monarchie, par J.B. D.R., Amsterdam, 1730-1732, 7 vol. – Histoire de Pologne sous le rgne d'Auguste II, Çpar M. l'Abb de ParthenayÈ, La Haye, Van Duren, 1733-1734, 4 vol. – Penses ou rflexions du baron de Holberg, d. fr. par M.D.R. de Parthenay, Londres, 1753, 2 vol. – Description et histoire naturelle du Groenland, trad. du danois, d'Eggede, par M.D.R.D.P., Copenhague, Genve, 1763, in-8¡. – Voyages d'Egypte et de Nubie, trad. du danois de Norden, Copenhague, 1755.

8. Bibliographie

F.L. 1769; B.Un; Haag; Cior 18. – Rainguet P.D., Biographie saintongeaise, Saintes, 1851, p. 190. – Jenssen F. de, Bibliographie de la littrature franaise au Danemark, Paris, 1924.

DESMAIZEAUX

Auteurs

Numéro

228

Prénom

Pierre

Naissance

1673

Décès

1745

Pierre Desmaizeaux (ou des Maizeaux), fils du pasteur Louis Desmaizeaux et de A. de Monteil (ou Dumonteil, selon sa signature, D, p. 41), est né à Paillat dans le Puy-de-Dôme, en 1666 selon une tradition ancienne, mais plus probablement en 1673 si l'on s'en réfère au seul document biographique ancien (note ms. au ms. B.L. 4289, f° 336, citée par D, p. 41). Louis Desmaizeaux (1623?-1701), originaire de Bourbon-Lancy, fut successivement pasteur à Vallon, Chomérac, Saint-Vincent de Barres, Genève (1658-1660), Paillat, Issoire et Chirac (A, p.

2. Formation

Il commence ses études à Bâle, où il s'inscrit le 24 septembre 1688 (S.-M., n° 4796; A, p. E). Inscrit en théologie à Genève le 19 mai 1695, il obtient un témoignage honorable le 31 mars 1699 (ibid.). Il se rend alors en Hollande avec une recommandation de Minutoli auprès de Bayle; celui-ci recommande à son tour D. à Silvestre, qui l'introduira auprès de Saint-Evremond, et de Shaftesbury (voir E. Labrousse: «Bayle et l'établissement de Desmaizeaux en Angleterre», tandis que Jean Leclerc l'introduit auprès de John Locke (lettre du 18 juin 1699, citée par A., p. 4). Le séjour de D. en Hollande (juin 1699?) est très bref ; après avoir rendu visite à Jacques Bernard, à Charles de La Motte et à quelques libraires, il se rend en Angleterre, à Shoreham (comme précepteur chez d'Aranda: A, p. 4), puis à Londres où il s'établit comme précepteur. Il eut plusieurs élèves de haut rang dont George Parker, qui devint Earl of Macclesfield en 1732 à la mort de son père. C'est cet ancien élève qui fit une collecte pour D. en 1743 alors qu'il était malade et sans ressources (Agnew, p. 222). Grâce aux recommandations de Bayle, il trouve appui auprès de Shaftesbury, Halifax, Saint-Evremond et peut entreprendre, dès 1700, une carrière littéraire. Ses parents qui espéraient le voir poursuivre ses études de théologie, lui écrivent de décembre 1699 à septembre 1703 pour l'encourager, mais il avait sans doute, dès son départ de Suisse, renoncé à une carrière ecclésiastique (voir E. Carayol, «Père et fils: deux lettres de Louis Desmaizeaux à son fils Pierre», B.S.H.P.F., t. CIV, 1958, p. 186-193).

D. fut élu F.R.S. (Fellow of the Royal Society) en 1720 (A, p. 6). Sur la recommandation de Lord Chamberlain, il fut élevé à la dignité de Gentleman of His Majesty's Most Honourable Privy Chamber, le 18 juillet 1722 (Agnew, p. 222; A, p. 6).

3. Carrière

Dès janvier 1700, il est sollicité par J. Bernard en vue d'une collaboration suivie aux Nouvelles de la République des Lettres (G. Masson, «Desmaizeaux et ses correspondants», B.S.H.P.F., t. XIX-XX, 1870-1871, p. 78-79; A, p. 79 et suiv.). Grâce au docteur Silvestre, il rencontre Saint-Evremond à qui il sert d'intermédiaire auprès des libraires à la fin de 1700. Il l'a connu en fait beaucoup moins qu'il ne l'a dit et n'est couché dans son testament que pour une dette de 20 £ (voir R. Ternois, introd. aux Œuvres en prose de Saint-Evremond, Paris, Didier, 1962, p. XLVII-LIII). L'édition des Œuvres mêlées, donnée par Silvestre en collaboration avec D. en 1705, se fait à l'insu de Saint-Evremond, et D. en tirera l'essentiel de la «Vie de Saint-Evremond» pour le Mélange des meilleures pièces (Mortier, 1706). Après la mort de Bayle, en décembre 1706, D. obtient du libraire Leers l'accès à ses manuscrits et travaille à une «Vie de Bayle» qui ne paraîtra qu'en 1730 (voir Broome, «Bayle's biographer: Pierre Des Maizeaux»). A cette époque, il est devenu, grâce à la protection de Shaftesbury, Halifax, Addison, un personnage influent à qui s'adressent les réfugiés français ; il les accueille à la taverne de l'Arc-en-Ciel (Rainbow). Malade des yeux en 1709-1710, il doit solliciter du gouvernement anglais une pension; il défend alors la politique officielle dans une Lettre d'un gentilhomme de la Cour de Saint-Germain (Cologne, 1710; voir D, p. 44-45). Pensionné du gouvernement, membre de la Royal Society en 1720, «Gentleman of H.M. Privy Chamber» comme commissaire de la loterie en 1722, il acquiert un statut officiel. Après la mort de Shaftesbury (1713) et de Halifax (1715), il bénéficie de l'aide de Collins, qu'il fréquente depuis 1705 et chez qui il réside, pour de longs séjours, de 1715 à 1729 (Broome, «Anthony Collins et Des Maizeaux»). A partir de 1730, il perd ses appuis et traverse des périodes difficiles; il exerce des fonctions de bibliothécaire, négocie sans autorisation des manuscrits de Collins (D.N.B.), vit médiocrement de sa collaboration à la Bibliothèque raisonnée (B, p. 202-203). Infirme, chargé de famille, pauvre, il sollicite du secours (D, p. 45); il est recueilli par une famille anglaise qui l'avait employé en 1699 (B, p. 204). Il ne semble pas qu'il ait quitté l'Angleterre depuis son établissement en 1699 ; voir la liste de ses adresses successives dans A, p. 161.

4. Situation de fortune

Grâce à l'appui d'Addison, il obtient du gouvernement, par acte du 28 avril 1710, une pension de 3 s., 6 d. par jour; cette pension, peu à peu réduite à 42 £ sterling par an et payée irrégulièrement, sera son seul revenu fixe jusqu'a sa mort (D.N.B.). Ayant hérité des manuscrits de Collins en 1729, il fut contraint de les vendre et s'efforça vainement, par la suite, de les retrouver (A, p. 7). Ses travaux d'édition lui ont fourni un appoint précieux: pour les Œuvres mêlées de Saint-Evremond, D. et P. Silvestre reçoivent 50% des bénéfices, une fois couverts les frais d'édition (évalués à 281 £, D.N.B.). La «Vie de Bayle» lui sera payée 36 guinées (Broome, «Bayle's biographer», p. 10). Comme traducteur, il est payé 1 franc la page (D, p. 47). Les nouvelles littéraires adressées à la Bibliothèque raisonnée ne lui sont payées que 3 guinées par trimestre (D, p. 47). Malgré un labeur inlassable, D. n'a connu la prospérité que grâce à d'illustres protecteurs ; réduit à ses revenus d'homme de lettres à partir de 1730, il tombe progressivement dans la misère.

5. Opinions

Dès 1699, D. semble gagné au déisme (Labrousse, p. 253). Shaftesbury l'introduit dans les milieux libertins de Londres (D, p. 42-43); il rencontre Toland, Collins, Gordon: en 1700, ses audaces de plume effraient J. Bernard, qui censure ses comptes rendus dans les Nouvelles de la République des Lettres (voir la correspondance D.-Bernard éditée par G. Masson, B.S.H.P.F., t. XIX-XX, p. 78-190). Cependant, D. ménage le clergé et le gouvernement; il doit ménager aussi les différents publics auxquels il s'adresse à travers les périodiques français ou hollandais, catholiques ou protestants, dans lesquels il écrit. A certaines époques, il lui arrive de donner cinq versions du même compte rendu, non sans défendre, subtilement, le point de vue des déistes anglais, Collins, Shaftesbury, Chubb, Toland (voir les comparaisons de textes dans B, p. 196-198). Il a surtout été l'ami de Collins et son collaborateur pendant quinze ans; il lui a fourni des matériaux, traduit les sources françaises; il a aidé la publication et la diffusion de ses oeuvres et a contribué ainsi à la connaissance du déisme anglais en France (voir Broome, «Anthony Collins et Desmaizeaux», et A, p. 4-5). Tour à tour écrivain, journaliste, correcteur, courtier en librairie, il a été en correspondance avec d'innombrables écrivains, catholiques ou protestants: Basnage, Beausobre, Barbeyrac, Bayle, Hume, La Chapelle, Coste, Bignon, La Martinière, Leibniz, Marais, Newton, etc. Sa correspondance, réunie au B.L. (coll. Birch, add. mss. 4281-4289) constitue le fonds le plus important du XVIIIe siècle, concernant la presse et la librairie; elle regroupe toutes les lettres qu'il a reçues; l'inventaire en a été dressé par J. Almagor, (part. III). Les lettres de D. sont dispersées dans les bibliothèques d'Europe (B.U. de Leyde, B.R. de Copenhague, B.P U. de Genève, B.H.P., B.N., etc.).

6. Activités journalistiques

D. s'est spécialisé, dès son arrivée en Angleterre, dans la diffusion des nouvelles anglaises ; à ce titre, il a collaboré à un grand nombre de périodiques et a joué un rôle essentiel dans les relations entre les réfugiés et le continent. Broome a donné un premier inventaire détaillé de ces contributions, pour la plupart anonymes (B); Almagor l'a précisé en ce qui concerne les grands périodiques français de Hollande (A).

Nouvelles de la République des Lettres (DP1 1016): la collaboration de D. commence au début de 1700 et s'étend sur une dizaine d'années; en plus des nouvelles littéraires, D. donne des comptes rendus des ouvrages de Tillotson, Burnet, Sherlock, des déistes anglais (B, p. 186). Voir la liste de ces contributions dans A, p. 19-20, et p. 70-72. Publiée dans ce journal, l'importante Lettre qui contient diverses remarques de Littérature (août-sept. 1701) définit sa conception du journalisme (A, p. 20 et suiv.).

Histoire des ouvrages des savants (DP1 605): D. entretient avec Basnage une correspondance suivie (éditée en partie par G. Masson, dans B.S.H.P.F., t. XXV). Des nouvelles d'Angleterre paraissent dans ce journal à partir de 1705 (B, p. 188).

Journal des savants (DP1 710): en 1705, D. entre en correspondance avec Claude-François Fraguier (add. mss 4283), puis en 1708, avec Bignon (add. mss 4281); des nouvelles littéraires d'Angleterre paraissent dans ce journal jusque vers 1720 (B, p. 189-190).

Mémoires de Trévoux (DP1 889): D. est en relations avec Le Tellier et Tournemine dès 1702; en 1712, Ganeau, imprimeur du journal, lui rend visite; des comptes rendus des ouvrages de Toland ou de Collier vaudront au journal jésuite quelques polémiques (B, p. 191-192).

Histoire critique de la République des Lettres (DP1 600): D. collabore avec Samuel Masson de 1714 environ à 1717, notamment par des articles sur la publication des oeuvres de Leibniz (A, p. 101 et suiv.); il eut avec Prosper Marchand une longue querelle à propos de l'édition des oeuvres de Bayle; voir C. Berkvens, Prosper Marchand, la vie et l'œuvre (1678-1756), Leiden, E.J. Brill, 1987, p. 165; A, p. 84 et suiv. Voir la liste des contributions de D. à l'Histoire critique dans A, p. 80-81.

Nouvelles littéraires de Du Sauzet (DP1 1039): D. est en correspondance très suivie avec Du Sauzet (une centaine de lettres de D.S. dans add. mss. 4287) de 1714 à 1718 (B, p. 194; A, p. 118-119). Il lui fournit la plus grande partie de ses nouvelles d'Angleterre et de nombreux comptes rendus (voir A, part II).

Journal littéraire de La Haye (DP1 759): D. collabore avec Johnson entre 1715 et 1719 (B, p. 195), sans doute en lui fournissant des nouvelles littéraires: voir Almagor, «Pierre Des Maizeaux (1673-1745): the English Correspondant of the Journal littéraire between 1713 and 1722?» dans Dokumentatieblad Werkgroep Achttiende Eeuw, XVIII/n° 2, 1986, p. 168-173.

Bibliothèque anglaise (DP1 146): D. collabore sans doute au périodique de Michel de La Roche vers 1720 (B, p. 199-200).

Mercure de France (DP1 923, 924): D. est très probablement l'auteur des 9 articles consacrés par ce journal au théâtre anglais en juin 1722, mai et août 1723, décembre 1724, juillet 1725, juin 1727, janvier 1728, juin 1731 (B, p. 200-201).

Histoire littéraire de l'Europe (DP1 613): collaboration épisodique de D. au journal de Guiot de Merville vers 1725 (B, p. 202).

Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants (DP1 169): D. est très lié à l'équipe fondatrice (Barbeyrac, La Chapelle) et publie dans ce journal, de 1728 à 1744, les nouvelles littéraires d'Angleterre (B, p. 202-203).

Bibliothèque britannique (DP1 149): D. est sans doute membre de l'équipe fondatrice dont il énumère les dirigeants, Stehelin, Le Moine, Cantier, Bernard, Beaufort, de Missy, dans une lettre à La Motte (B.H.P., ms. 295, f° 40; B, p. 203).

7. Publications diverses

D. est surtout connu par les vies qu'il a données de Boileau, de Saint-Evremond, de Bayle, de Hales, de Chillingworth, et par ses éditions: il a réuni et publié de nombreux textes peu connus, de Saint-Evremond (Œuvres mêlées, 1705), de Bayle (Lettres choisies, 1714, en collab. avec P. Marchand), de Leibniz, Clarke et Newton (Recueil de diverses pièces, 1720). Voir la liste de ses oeuvres dans Beckwith, Broome, Cior 18.

8. Bibliographie

F.L. 1769; Haag 2; D.B.F.; D.N.B.; – Agnew C.A., Protestant Exiles from France, private printing, 3e éd., Edinbourg, 1866. – Masson G., «Des Maizeaux et ses correspondants», Bulletin historique et littéraire de la Société d'Histoire du Protestantisme français (B.S.H.P.F.), II (1854), p. 78-80; XV (1866), p. 237-247, 284-292, 332-339; t. XIX-XX (1870-1871), p. 76-84, 181-190; XXV (1876), p. 325-332. – (D) Daniels W.M., «Des Maizeaux en Angleterre», Revue germanique, t. IV, 1908, p. 40-49(B). – Broome J.H., An Agent in Anglo-French Relationships: Pierre Des Maizeaux (1673-1745), thèse dact., U. de Londres, 1949. – (B) Id., «Pierre Desmaizeaux journaliste. Les nouvelles littéraires de France entre 1700 et 1740», R.L.C., t. XXIX, 1955, p. 184-204. – Id., «Bayle's biographer: Pierre Des Maizeaux», French studies, t. IX, janv. 1955, p. 1-17. – Id., «Anthony Collins et Desmaizeaux», R.L.C., 1956, t. XXX, p. 161-179. – Beckwith F., Peter Des Maizeaux (1673?-1745): life and works, thèse dact., U. de Leeds, 1936. – Labrousse E., «Bayle et l'établissement de Desmaizeaux en Angleterre», R.L.C., t. XXIX, 1955, p. 251-257. – Id., Inventaire critique de la correspondance de Bayle, Paris, Vrin, 1961, p. 351. – Ternois R., (éd.), Œuvres en prose de Saint-Evremond, t. I, Paris, Didier, 1962, introduction. – (S.-M.) Le Livre du Recteur de l'Académie de Genève (1559-1878), éd. S. Stelling-Michaud, t. III, Genève, Droz, 1972, p. 94-95. – (A) Almagor J., Pierre Des Maizeaux (1673-1745) Journalist and English correspondent for Franco-Dutch periodicals. 1700-1720 , APA-Holland University Press, Amsterdam & Maarssen, 1989.

DESESSARTS

Auteurs

Numéro

225

Prénom

Marc Antoine

Naissance

1683

Décès

1745

Marc Antoine Desessarts est né le 20 août 1683 à Paris, "dans le sein d'une famille riche et chrétienne" ; il a, comme ses frères et sœurs, été destiné très tôt à la religion. Il est mort à Paris le 25 octobre 1745, dans la paroisse de Saint-Jacques du Haut-Pas. Tous les renseignements que nous avons à son sujet se trouvent dans les Nouvelles ecclésiastiques (N.E.), et notamment dans son Éloge, publié en 1746 (p. 47-48), ainsi que dans les dossiers de la Bastille. Il est parfois nommé "Desessarts le jeune" ou "le cadet", pour le distinguer de son frère Jean Baptiste.

2. Formation

Appelant, rappelant, adepte des thèses de Soanen et de Colbert de Croissy, évêque de Montpellier (Éloge), mais hostile aux extrémistes du parti janséniste, et notamment à Carré de Montgeron, il s'est surtout consacré à l'édition et au commentaire de la Bible. À sa mort, il était sous-diacre de Paris.

3. Carrière

Dès le 4 octobre 1728, il fait l'objet d'un mandat de perquisition au Collège des Grassins ; mais la visite ne donne pas de résultats (ms. 11091). Le lundi 19 juin 1730, le lieutenant de police Hérault investit la maison de "MM. Desessarts, deux parents dont l'un est sous-diacre et l'autre simple laïc" ; D. est souponné "d'avoir fait les Nouv. Eccl. ou du moins d'y avoir eu une grande part" ; simultanément a lieu une perquisition chez l'imprimeur Thiboust ; la perquisition chez D. ne donne rien, mais on constate qu'il accueille chez lui divers prêtres, curés et chanoines jansénistes (Ravaisson, Archives de la Bastille, t. XIV, p. 243) ; il est enfermé à la Bastille le lendemain, "pour avoir exercé l'hospitalité" diront les N.E. du 3 juillet 1730 (p. 3), après saisie de sa correspondance avec les jansénistes de Hollande d'après Hérault (Ravaisson, p. 244 ; ordre d'incarcération de Maurepas, le 21 juin 1730, ms. 11091). L'examen de ses papiers ne laisse pourtant rien apparaître de très compromettant ; on y trouve divers manuscrits sur la religion, des lettres de sa famille, quelques numéros des N.E. (ms. 11091, sommaire des papiers saisis par Vaneroux). Le commissaire Vaneroux note au passage : "Le pauvre petit abbé Desessarts qui semble n'avoir d'autre mérite que son entêtement outré, mal établi" (ibid.). Il est mis en liberté le 23 janvier 1731, "après 7 mois 4 jours de Bastille, où sa santé déjà très faible s'est considérablement altérée" (N.E. du 31 janv. 1731, qui donnent pour date de sortie le 23 déc. 1730, sans doute par erreur ; le décompte aboutit en janvier, et l'en-tête du ms. 11091 donne bien le 23 janv. 1731) ; il était effectivement asthmatique (rapport médical du 26 janv. 1731, ms. 11091) et il est libéré pour raison de santé, sur ordre de Fleury (ibid., f° 288). Arrêté de nouveau au Val de Grâce , il laisse la clé de son appartement à son frère Alexis D., prêtre, et se rend à Vincennes le 28 octobre 1735 ; il est transféré à la Bastille le 2 décembre (N.E., 1735, p. l72 ; ms. 11091, f° 306) ; à partir du 10 décembre, il reçoit la permission de s'entretenir avec son frère une fois par semaine (ms. 12489, f° 141) ; il est libre le 28 mars 1736 (N.E., 1736, p. 56 ; E). Une note tardive (1745?) de Phélypeaux déclare : "L'Abbé Marc des Essarts. Convulsionnaire fameux dans le parti [...]. Cette fois il est sorti par la protection du lieutenant de police et la sollicitation de sa mère qui étoit octogénaire. Il avoit déjà été à la Bastille 21 juin 1730. sorti le 3 avril 1735" (ms. 1128 ; voir la lettre de sa mère, Mme Proust Desessarts, en date du 29 oct. 1735, dans le ms. 11091). Il ne cesse pas pour autant ses activités militantes ; en 1743 encore, un rapport de police signale qu'il tient des assemblées dans un pavillon du Val de Grâce, avec la dame des Essarts (sa mère) et Mme de Montmagny (rapport du 26 nov. 1743, ms. 11091).

6. Activités journalistiques

Étroitement associé à son frère Jean-Baptiste Poncet Desessarts (voir ce nom), D. fut sans doute, comme le conjecturait Hérault, l'un des fondateurs et premiers rédacteurs des N.E., et la première équipe des N.E. semble s'être réunie souvent chez les deux frères ; mais il est difficile de dissocier le rôle de M.A. de celui de Jean-Baptiste. La police le soupçonne à plusieurs reprises d'entretenir une correspondance avec les jansénistes de Hollande, mais on n'en trouve aucune trace dans les dossiers de la Bastille. Dans ses papiers, on découvre par contre, en juin 1730, des numéros manuscrits des N.E. de 1727 et des feuilles imprimées des 9, 11, 18, 20 aot 1728, et du 26 mai 1730, ainsi qu'un numéro manuscrit du 22 mai 1730 (ms. 11091, f° 341). L'abbé Vaillant (voir ce nom) l'a en tout cas dénoncé en septembre 1728 comme l'un des douze auteurs des N.E. et le lieutenant Hérault l'en a toujours souponné, sans jamais pouvoir le prendre en flagrant délit.

7. Publications diverses

Ses œuvres paraissent se réduire à des mémoires et conférences, dont les manuscrits ont été saisis lors de son arrestation de 1730 : "De la liberté", "Mémoire sur la Déclaration du Roi du 24 mars 1730", "Juste idée que l'on doit se former des Jésuites", etc. (ms. 11090). La France littéraire de 1769 ne mentionne que les œuvres de ses frères Jean-Baptiste et Alexis.

8. Bibliographie

Archives de la Bastille, Ars., ms. 11091 (f° 233-460), 11094 (f° 40), 11281, 11320, 11487 (f° 8), 11489 (f° 136, 139, 141, 153). – (E) Éloge de D. dans N.E., 1746, p. 47-48.

DESESSARTS

Auteurs

Numéro

224

Prénom

Jean Baptiste Poncet

Naissance

1681

Décès

1762

Jean Baptiste Desessarts, surnomm Poncet, est n ˆ Paris le 9 fvrier 1681 ; il est mort le 23 dcembre 1762 (F.L. 1769, t. II, p. 35). Il tait frre de Marc Antoine Desessarts. (1683-1745 ; voir ce nom) et d'Alexis Desessarts. (1687-1774), prtres jansnistes connus.

2. Formation

Sous-diacre en 1707, il reoit en Hollande l'enseignement de Quesnel en 1714, revient en France en 1726 aprs s'tre fait conna”tre par divers crits contre la Constitution Unigenitus (B.Un., D.B.F.).

3. Carrière

La maison de la famille Desessarts, Çriche et chrtienneÈ (Nouvelles ecclsiastiques, 1746, p. 47), fut le premier lieu de rendez-vous des fondateurs des Nouvelles ecclsiastiques, notamment Boucher, Troya et Fontaine de La Roche, qui s'y tablit en 1727 (voir ces noms). La perquisition du 19 juin 1730 (voir ÇDesessarts, Marc-AntoineÈ), sans donner de rsultats prcis, fit appara”tre que la maison Desessarts tait bien le principal lieu de refuge des jansnistes perscuts.

6. Activités journalistiques

D. fut souponn, commes ses frres, d'tre l'un des auteurs des Nouvelles ecclsiastiques. On ne peut dire s'il en fut l'administrateur ds le moment o le journal commena ˆ tre imprim, ou le coordinateur, ou l'un des rdacteurs. Mais ses ouvrages de thologie et de controverse donnent ˆ penser qu'il fut l'un des ma”tres ˆ penser de la premire quipe de rdaction, ouvertement favorable aux convulsionnaires.

7. Publications diverses

Liste de ses Ïuvres d'aprs F.L., 1769 :

Lettres sur l'oeuvre des convulsions (1737). – Lettres sur l'crit intitul : Vains efforts des mlangistes (1738). – La possibilit du mlange dans les oeuvres surnaturelles, Lettre ou Mmoire o l'on continue de relever les calomnies, Rponse ˆ l'Examen de la dfense de l'crit intitul : Doctrine de St.Thomas (1744). – Illusion faite au public par la fausse description que M. de Montgeron a faite (1749). – De l'autorit des miracle (1749). – Eclaircissements sur les dispenses de la loi de Dieu (1749). – Trait du pouvoir du dmon (1749). – Recueil de plusieurs histoires trs autorises qui font voir l'autorit du dmon (1749). – Observations sur le bref du pape Beno”t XIV (1749).

8. Bibliographie

F.L. 1769 ; Feller-Weiss ; B.Un. ; D.B.F. – Cerveau R., Ncrologe des plus clbres dfenseurs et confesseurs de la vrit, t. VI.

DELOLME

Auteurs

Numéro

218

Prénom

Jean Louis

Naissance

1741

Décès

1806

Jean Louis Delolme (ou de L'Olme) est n ˆ Genve le 28 octobre 1741. Il tait fils de Jean Louis Delolme (1707-1784), avocat et notaire ˆ Genve, et de Jeanne Marie Madeleine de La Grange (S.M.). Il est mort clibataire ˆ Seewen (Schwyz) le 13 juillet 1806.

2. Formation

Inscrit au Collge des Lettres ˆ Genve le 24 juin 1755, il fait ensuite des tudes de droit. Il est reu avocat le 4 avril 1763 (S.M.).

3. Carrière

Il doit quitter Genve en 1767, aprs avoir publi un factum relatif aux troubles de la ville : Examen de trois points de droit. En 1768, il se rfugie ˆ Londres, o il tudie le droit constitutionnel. Il publie en 1771 La Constitution de l'Angleterre, qui le fait conna”tre dans toute l'Europe (voir J.P. Machelon, Les Ides politiques de J.L. De Lolme. 1741-1806, Paris, P.U.F., 1969). Nomm membre du Conseil des Deux-Cents en son absence en 1775, il revient ˆ Genve.

6. Activités journalistiques

Il a collabor au premier Courrier de Londres (D.P.1 277) en 1781. Guillaume Antoine Deluc (1729-1812) crit ˆ son frre, Jean Andr Deluc (1727-1817), lecteur de la reine d'Angleterre : ÇJ'avais vu le prospectus d'un nouveau papier de nouvelles en franais crit ˆ Londres sous le nom de Courrier de Londres qui devait tre l'antidote du Courier de l'Europe ; cette entreprise m'avait fait grand plaisir, quoique djˆ je trouvasse dans ce prospectus que l'diteur tombait dans l'extrme oppos. J'ai vu sa premire feuille ; il y tombe si fort que Monsieur Cramer, qui l'a reue, a crit de ne la lui plus envoyer et j'ai t de son avis. J'apprends que l'auteur est Del[ol]me. Il tombe ˆ bras raccourcis sur M. de V[ergennes] et, entre ses griefs contre lui, il cite sa perscution contre l'un des magistrats de Genve qui mritait le mieux de sa patrie (Du R[overay]). Tu peux juger par cet chantillon de la confiance qu'on peut y avoirÈ (B.P.U. Genve, ms.fr. 2469, f¡ 189-190, lettre du 17 aot 1781 ; renseignements transmis par M. Neuschwander). Le Courrier de Londres devait dispara”tre peu aprs. A la fin de 1782, Delolme lanait un prospectus pour un nouveau journal, le Journal d'Angleterre, annonc dans la Gazette de Berne en novembre-dcembre : ÇUn auteur connu pour un excellent ouvrage sur la Continuation [Constitution] d'Angleterre, entreprend une feuille priodique intitule Journal d'AngleterreÈ (D.P.1 633). Ce journal ne semble pas avoir paru.

7. Publications diverses

La Constitution d'Angleterre ou l'Etat du gouvernement anglais, Amsterdam, 1771, rd. en 1774, 1778, 1784, 1790-1793. – A Parallel between the English government and the former government of Sweden, Londres, 1772. – The History of the Flagellants (d'aprs l'Histoire des Flagellants de l'abb Boileau), Londres, 1777. – An Essay containing a few strictures of the union of Scotland with England, Londres, 1787. – Observations relatives to the taxes upon windows, lights, Londres, 1788. – Observations upon the late embarassment and the proceedings in Parliament, Londres, 1789.

8. Bibliographie

N.B.G.; Haag, Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, Dictionnaire biographique des Genevois et des Vaudois. – Snebier J., Histoire littraire de Genve, Genve, 1786. – (S.M.) Le Livre du Recteur de l'Acadmie de Genve (1559-1878), d. S. Stelling-Michaud, Genve, Droz, 1972, t. III, p. 64-65.

DARD DE BOSCO

Auteurs

Numéro

211

Prénom

Jean

Naissance

1741

Décès

1816

Jean Etienne Dard de Bosco est n en 1741 ˆ Gy (Haute-Sa™ne), fils de Guillaume Dard (1704-?), qui avait pris le nom de Bosco d'un oncle dont il avait hrit (D.B.F.), et qui fut associ ˆ Servandoni (voir Affiches de la Franche Comt, n¡ du 3 mars 1780). D. est mort en 1816.

3. Carrière

Mcanicien et physicien comme son pre, il fut chef machiniste au th‰tre de Besanon.

6. Activités journalistiques

Il obtient du Parlement de Franche-Comt, en 1778, la permission de continuer les Affiches de la Franche-Comt, sous le nom de Nouvelles feuilles hebdomadaires des Affiches et Annonces de la Franche-Comt (D.P.1 26), qui para”tront du 1er janvier 1779 au 31 dcembre 1782.

Dsireux de donner ˆ son journal un contenu culturel plus large, il le transforme, ˆ partir du 6 janvier 1783, en Journal de la Franche-Comt (D.P.1 654), devenu en 1784 Journal de Besanon. Avec l'aide de son associ, Roussel de Brville, il s'efforce de dvelopper la partie littraire du journal, mais sans succs ; le journal cesse de para”tre le 25 septembre 1786.

7. Publications diverses

Il se donne lui-mme, dans son journal, comme homme de lettres, auteur d'une traduction d'Horace (n¡ du 3 mars 1780).

8. Bibliographie

D.B.F – Fourquet E., Les Hommes clbres de la Franche-Comt, s.d. – Suchaux L., Galerie biographique du dpartement de la Haute-Sa™ne, Vesoul, 1864.

CROSNIER,

Auteurs

Numéro

206

Prénom

Jean

Naissance

?

Décès

1709

Il est né en Normandie à une date inconnu ; il est frère de Siméon de Crosnier, lieutenant de l'élection de Mortain (van Eeghen). Il est mort dans la nuit du 27 au 28 octobre 1709 (de Launay à Pontchartrain, 28 oct. 1709, Ravaisson, t.  IX, p. 11). On possède de lui un portrait gravé (par Car. de La Haye), en tête de L'Année burlesque de 1682.

2. Formation

«Ayant enlevé une fille et tué un homme, il s'était sauvé à Amsterdam» (Ravaisson, t. Vlll, p. 337). Il eut des démêlés avec Du Périer, comédien et peut-être laquais de Molière (G. Monval, Le Laquais de Molière ; renseignement transmis par J. Serroy). A Amsterdam, il habite successivement aux adresse suivantes : Pijlsteeg, Vijgendam, Onde Turfmarkt et Beurssteeg (van Eeghen). Le 2 juin 1682 à Leyde, il fait la connaissance de Chavigny de La Bretonnière (voir ce nom) ; il est interrogé en même temps que lui le 11 janvier 1685 (van Eeghen). Ils sont libérés le 20 janvier 1685 sous promesse de ne plus écrire «des gazettes, des burlesques ou des mercures» (id.). Il trahit alors La Bretonnière contre «quelques pistoles» (lettre de Louvois au marquis d'Avaux, 5 mars 1685, citée dans Ravaisson, t. VIII, p. 339) : «Crosmier a eu grâce de son crime et la permission de continuer la Gazette burlesque pour avoir fait prendre La Bretonnière» (Ravaisson, t.  VIII, p. 338). Rentré en France, il est emprisonné à la Bastille en 1687, pour commerce d'ouvrages de sorcellerie et complicité d'avortements avec la comtesse de Roissy (Ravaisson, t. IX, p. 2). Transféré au château d'Angers le 24 mai 1687 «pour être détenu à vie» (ibid.), il s'en évade en juin 1695 (ibid., p. 4), est arrêté et transféré à Vincennes. Il s'attaque, en septembre 1701, au commandant du fort, est de nouveau transféré à la Bastille, jugé et condamné aux galères (avec 500 £ d'amende et confiscation de ses biens), mais demeure à Vincennes jusqu'à sa mort (ibid., p. 6-11).

5. Opinions

Il tente à plusieurs reprises de se faire passer pour protestant ou juif afin d'être reconduit en Hollande. En septembre 1709, il abjure pourtant la religion judaïque et reçoit le baptême (ibid., p. 10-11).

6. Activités journalistiques

Auteur de la Gazette burlesque selon les libelles cités par Ravaisson (t. VllI, p. 337). Dans le procès-verbal du 11 janvier 1685, il reconnaît être l'auteur du Mercure burlesque d'Amsterdam (van Eeghen) nommé aussi Gazette burlesque (voir G.H., p. 176 et D.P.1 913).

7. Publications diverses

Auteur de plusieurs romans, d'attribution délicate, dont une «histoire galante et véritable» : L'Epouse fugitive, Amsterdam, 1682. Il est aussi l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont la première s'intitule L'Ombre de son rival, La Haye, Gérard Ramuzeyn, 1681.

8. Bibliographie

Ravaisson, Archives de la Bastille, t. VlII-IX. – Monval G., Le Laquais de Molière, Paris, Tresse et Stock, 1887. – Van Eeghen I.H., «De gevangene van de Mont-Saint-Michel»,  Spieghel Historiael, 1, 2 nov. 1966.

CREBILLON

Auteurs

Numéro

205

Prénom

Claude de

Naissance

1707

Décès

1777

Claude Prosper Jolyot de Crébillon est né le 14 février 1707 à Paris, paroisse de Saint-Etienne-du-Mont (extrait baptistaire dans F, p. 355) ; il était fils de Prosper Jolyot de Crébillon et de Marie Charlotte Péaget, mariés à la Vilette le 31 janvier 1707 (F, p. 24, 354). Un second fils, Pierre, naît le 9 novembre 1709 et meurt en 1713. Marie Charlotte de Crébillon était morte le 12 février 1711 (F., p. 25) ; Prosper de Crébillon mourra le 17 juin 1762 (F, p. 359).

2. Formation

C. fait des études jusqu'en 1717 sous la conduite du sieur Thomas, maître ès arts en l'Université de Paris, puis entre au collège Louis-le-Grand. Les frères Pâris paient sa pension, Prosper Jolyot ayant été ruiné par le Système (F, p. 25-26). Le P. Tournemine s'efforcera en vain de le garder dans la Société de Jésus (F, p. 26). En 1726, il figure sur la liste des entrées gratuites à la Comédie-française, grâce à son père ; il se lie avec Collé (F, p. 26-27). Sa culture était très vaste, comme en témoignent son inventaire après décès et le catalogue de sa bibliothèque, vendue après sa mort (F, p. 363-389). Il a été reçu à l'Académie de Dijon le 13 juin 1766 (F, p. 359).

3. Carrière

Vers 1730, il fréquente la Comédie-italienne, collabore à des parodies (Eloge de C. publié dans le Nécrologe, 1778) et publie Le Sylphe, son premier récit. Dépourvu de moyens d'existence, il loge alors chez son père. Avec Collé et Piron, il fonde en 1733 la Société du Caveau, fréquente les «Dîners du bout du banc» de Mlle Quinault et la société de La Poplinière. Au début de décembre 1734 paraît Tanzaï et Néadarné, histoire japonaise, roman satirique, très hostile à la Constitution Unigenitus, qui lui vaut d'être enfermé à Vincennes le 8 décembre (F, p. 30) ; il en sort le 13 décembre sur intervention de la princesse de Conti. La publication du Sopha, sans privilège, au début de 1742, lui coûte un nouvel avertissement : il est exilé, le 22 mars, à trente lieues de Paris, sur demande du chancelier d'Aguesseau au cardinal Fleury (F, p. 36) ; il n'obtient sa grâce qu'à la fin de juillet, contre promesse de se montrer discret. Il ne publiera plus rien sous son nom pendant douze ans. Lié à Mlle de Stafford dès 1744, marié en 1748 et privé de ressources, il doit s'établir à Sens pour raison d'économie en août 1750. A partir de 1754, le couple s'installe à Saint-Germain en Laye, dans un appartement réservé à l'ancien chambellan de Jacques II. C. recommence à publier en 1754 : Les Heureux Orphelins et Ah quel conte!, puis La Nuit et le moment (1755). En 1759, il est nommé censeur royal. En 1762, il hérite de la pension de son père, grâce à la protection du marquis de Marigny. En 1774, il est «censeur de la police» spécialement chargé du théâtre ; il renonce à cette charge en septembre 1766 et obtient une pension sur le Mercure.

4. Situation de fortune

C. a connu toutes les vicissitudes du métier d'écrivain. Son père ne lui a, semble-t-il, rien donné, pas même le petit salaire qu'il versait à un certain «Rousseau» pour le suppléer dans ses tâches de censeur ; C. s'en plaint en mars 1749 (F, p. 47). Il semble avoir vécu de petits travaux de librairie : parodies au théâtre des Italiens, collaboration à des recueils collectifs, remaniement et édition de textes, ce qui pourrait expliquer le nombre des oeuvres qui lui sont attribuées à tort (Atalzayde, Les Amours de Zeokinizul, etc.). On le voit encore, en 1765, réclamer avec insistance le versement de ses droits à Prault (lettre du 23 mars, F, p. 345). Cette pauvreté qui restait compatible avec la vie qu'il a menée jusqu'en 1742, ne l'est plus avec des charges familiales. Henriette de Stafford, avec qui il est lié, sans doute depuis 1744, disposait de revenus en Angleterre (3000 £ tournois par an à partir de 1748 selon les documents rassemblés par M. Ebel-Davenport dans «The silent Muse», art. à paraître), et le contrat de mariage signé le 21 avril 1748 précise que chaque partie apporte en propre 10 000 £, mais il s'agissait en bonne partie d'espérances, et les Crébillon parvinrent difficilement à se faire verser leurs revenus anglais ; C. lui-même ne garda semble-t-il que peu de chose des biens de sa femme (voir la lettre de 1763, F, p. 59, 343) : l'héritage des Stafford passa à un neveu d'Henriette de C., bâtard légitimé (dossier Ebel-Davenport). Le couple semble avoir connu le fond de la pauvreté en 1750, peu après la mort de Henri Madeleine, leur fils. C. parle en septembre 1750 du «mauvais état de [sa] fortune», qui l'oblige à s'établir à Sens avec sa femme (F, p. 334). Il fera à cette époque de fréquents voyages à Paris, tandis que Mme de C. demeure au couvent Notre-Dame de La Pommeraye (dossier Ebel-Davenport). C'est bien évidemment pour trouver une source de revenus immédiats que C. accepte de sa charger de la rédaction de La Bigarrure entre 1751 et 1752. A partir de 1754, le couple bénéficie de l'appartement de fonction de l'ancien chambellan de Jacques II à Saint-Germain. En 1759, C. obtient la charge de censeur, et par là son premier revenu régulier ; en 1762, il recueille, grâce à Mme de Pompadour, la pension de 2000 £ dont avait bénéficié Prosper Jolyot de C. (M.S., 2 juil. 1762, cité dans F, p. 57). Devenu en 1774 censeur de la police, il bénéficiera, après s'être dessaisi deux ans plus tard de cette charge trop lourde (voir la lettre du 22 août 1775 à d'Aigaliers, publiée par M. Brisebois dans «Trois lettres inédites de Crébillon fils», Dix-Huitième siècle, n° 25, 1993, p. 271), d'une pension sur le Mercure. Il hérite en 1775 de 5000 £ de sa tante Péaget, qu'il convertit en rente viagère (F, p. 67). A sa mort, il était parvenu à une relative aisance, ce dont témoigne son testament : il laisse 1200 £ à son domestique Denis Hamard, «regrettant de ne pouvoir mieux récompenser ses longs et fidèles services» (F, p. 362) ; sa collection d'estampes et sa bibliothèque, vendues après sa mort, montrent ce que pouvait être la médiocrité dorée d'un homme de lettres.

5. Opinions

Sa pensée philosophique et politique n'a guère été étudiée. On note qu'à l'époque de Tanzaï et Néadarné, il s'attaque vigoureusement aux Jésuites et à la politique de Fleury, sans pour autant se réclamer du jansénisme. Il paraît surtout avoir été influencé par la pensée de Montesquieu, qu'il lui arrive de transposer jusque dans les Lettres athéniennes. Longtemps apprécié des philosophes et de Voltaire en particulier, son indépendance d'esprit et son esthétisme l'en éloignent après 1754 ; les comptes rendus de la C.L. ne cessent plus, à partir de cette date, de lui être défavorables.

6. Activités journalistiques

La collaboration de C. à La Bigarrure (1749-1753 : D.P.1 175) nous est connue grâce à une lettre de Durey de Morsan aux auteurs de la Société typographique de Neuchâtel : «L'auteur trop médiocre & trop médiocrement payé qui faisait à La Haye le petit journal hebdomadaire sous le titre de La Bigarrure avait décrédité cet ouvrage périodique. On augmenta du double le salaire ; j'y travaillai pendant un an, & avec succès. On augmenta encore la retribution, & je fus remplacé par Crébillon fils qui m'effaça, j'en fais l'aveu sincère» (lettre du 26 août 1769, B.C.U. Neuchâtel, ms. 1145). Le premier auteur fut certainement le chevalier de Mouhy (voir ce nom), et sa collaboration à la Bigarrure peut se dater à peu de chose près de septembre 1749 jusqu'à la fin de 1750, comme l'a montré J. Dagen (D, p. 336-337). La collaboration du second auteur, Durey de Morsan, est plus difficile à établir : si l'on tient compte du changement de page de titre du journal en juin 1750 (t. IV) et du ton nettement favorable à Voltaire qui apparaît dans les comptes rendus à cette époque, la main de Durey de Morsan pourrait s'y déceler (D, p. 337-338) ; mais une autre lettre de Durey de Morsan retrouvée par S. Charles donne à croire que sa collaboration à La Bigarrure n'a pas dépassé quelques mois ; l'analyse interne du journal suggère que la collaboration de C. a commencé dès le t. III et a pu se poursuivre jusqu'au t. XVII (voir «Catalogue des œuvres de C. Crébillon», p. 18). On ne sait quand elle cesse ; l'analyse interne du journal menée par J. Dagen laisse penser que C. n'intervient plus dans les t. XIX-XX ; il pourrait avoir abandonné La Bigarrure dès juillet-août 1752 (t. XVII : D, p. 342). La revue ne semble pas avoir bénéficié d'une équipe de rédacteurs ; C. aurait donc rédigé le plus grand nombre des articles parus dans les t. XIII à XVII. J. Dagen a noté dans ces volumes un style épistolaire plus raffiné, un ton anti-jésuitique affirmé et des sympathies pour le déisme anglais, un moralisme laïc et rationaliste, qui rendent extrêmement vraisemblable leur attribution à C.

7. Publications diverses

Onze romans : Le Sylphe (1730), Lettres de la Marquise de M *** au Comte de R *** (1732), Tanzaï et Néadarné, histoire japonaise (1734), Les Egarements du coeur et de l'esprit (1736-1738), Le Sopha (1742), Les Heureux Orphelins (1754), Ah quel conte! (1754-1755), La Nuit et le Moment (1755), Le Hasard du coin du feu (1763), Lettres de la Duchesse (1768), Lettres athéniennes (1771).

Diverses participations à des oeuvres collectives : Etrennes de la Saint-Jean (1739), Recueil de ces Messieurs (1745 ; attribution confirmée par F.L. 1769, t. II, p. 490), parodies du Théâtre italien (non identifiées).

8. Bibliographie

(F) Funke H.G., Crébillon fils als Moralist und Gesellschaftskritiker, Heidelberg, Carl Winter, 1972 : cet ouvrage rassemble à ce jour tout ce que nous savons de la biographie de C. – (ED) Ebel-Davenport M., Crébillon fils moraliste, thèse dact., U. d'Iowa, 1973.– (D) Dagen J., «Crébillon fils gazetier à La Bigarure», dans Le Siècle de Voltaire. Hommage à René Pomeau, Oxford, 1987, 2 vol., t. I, p. 133-347. – Sgard J., «Catalogue des œuvres de Claude Crébillon», R.H.L.F., 1996, n° 1.

9. Additif

Activités journalistiques : L’attribution de la Bigarure à Crébillon ne fait pas de doute ; par contre, l’étendue de sa participation à la revue éditée par Pierre Gosse junior à La Haye reste incertaine. Dans une étude très minutieuse, Shelly Charles a montré que la collaboration de Mouhy à la première époque de la revue n’était nullement prouvée : une note de l’inspecteur d’Hémery en date du 17 juin 1751 mentionne l’abbé d’Estrées. L’intervention de Crébillon pourrait prendre place au milieu du tome III et serait confirmée par le changement de titre du tome IV en juin 1750. La lettre de Durey de Morsan à son père, datée de septembre 1755, limite à quatre mois sa collaboration à la Bigarure. La main de Crébillon reste toutefois indiscernable : toute tentative de critique interne se heurte à des difficultés considérables, la revue étant pour une bonne part constituée d’emprunts à différents périodiques (Voir « Crébillon journaliste », dans les Oeuvres complètes , Classiques Garnier, t. III, 2001, p. 733-746). Dans ma biographie de Crébillon, Crébillon fils. Le libertin moraliste (Desjonquères, 2002, p. 180-182), je me suis rallié à cette prudente analyse. Sous toutes réserves, on peut admettre que Crébillon a dirigé la Bigarure du milieu du tome III à la fin du tome XVII, d’avril 1750 à juillet-août 1752 ; son éditeur, Prault fils était en relations constantes avec Pierre Gosse, qui lui a servi à plusieurs reprises de prête-nom ; il a pu servir de relais. C’est en août 1750 que Crébillon, à la suite de son mariage avec Henriette Stafford, a dû s’établir à Sens et trouver de nouvelles ressources pour satisfaire aux besoins du ménage. Et à la fin de l’hiver 1752, le prince Louis-Philippe d’Orléans lui accorde une pension, ce qui lui permet d’échapper aux servitudes de la revue (Crébillon moraliste, p. 171).

Bibliographie: Charles, Shelly, « Crébillon journaliste », dans les Oeuvres complètes de Crébillon, Classiques Garnier, t. III, 2001, p. 733-746). – Sgard, Jean, Crébillon fils. Le libertin moraliste (Desjonquères, 2002). (J.S.)