GEOFFROY

Auteurs

Numéro

341

Prénom

Julien

Naissance

1743

Décès

1814

Julien Louis Geoffroy (ou Geoffroi) est né à Rennes le 17 août 1743 de «Paschal Geofroy, marchand et perruquier de Nantes, et de demoiselle Claudine Beaudouin» (reg. par. Saint-Etienne, cité par D, p. 503-504). Ses parents s'étaient mariés le 11 février 1741 (ibid.). Julien Louis Geoffroy fut marié (D, p. 44) et sa femme lui survécut (Gosse, p. XXVI). Il est mort le 27 février 1814 (D, p. 47). Sommervogel le nomme « Julien-François ».

2. Formation

Il est envoyé au collège de Rennes dès l'âge de sept ans, en 1750 (D, p. 2) et y demeure jusqu'en 1758. Il entre dans la Compagnie de Jésus le 14 septembre 1758 et prononce ses premiers vœux le 14 ou le 15 septembre 1760 (D, p. 7). Il passe alors au collège Louis-le-Grand pour y faire ses trois années de philosophie, mais la suppression de la Compagnie en 1762 l'empêche d'achever ses études et d'être ordonné. Il n'avait d'ailleurs pas reçu les ordres mineurs et porta seulement le petit collet (D, p. 14).

3. Carrière

Il entre au collège Montaigu comme « maître de quartier » ou maître d'études. Il se charge en même temps de l'éducation des enfants de Boutin, trésorier de la marine ; il commence à fréquenter la Comédie-Française et découvre Marivaux (Cours de littérature dramatique, t. III, p. 221). Il est reçu en mai 1772 au concours d'agrégation de l'Université (B.U. Paris, procès verbaux cités par D, p. 18-19). Il est lauréat du prix Coignard de l'Université en 1772, 1774 et 1775, et participe, en qualité d'agrégé, à divers jurys de concours. Selon Feller-Weiss, il aurait concouru pour un prix de l'Académie française (Eloge de Charles V) et le prix aurait été décerné à La Harpe. En 1776, il est nommé professeur de rhétorique au collège de Navarre ; c'est à cette époque qu'il fait ses débuts dans le journalisme. A la rentrée de 1779, il passe au collège Mazarin. Il est à Paris au début de la Révolution ; le 4 mai 1792, un mandat est lancé contre les auteurs de L’Ami du Roi ; il s'enfuit dans la campagne proche de Paris et devient maître d'école dans un village (D, p. 34-35) ; il vit jusqu'en 1796 «enseveli dans une profonde solitude» (Cours de littérature dramatique, t. VI, p. 332). Il s'adresse, sous le nom de sa femme, «aux citoyens membres du Directoire», pour demander réparation (texte cité par D, p. 35). Dès les premiers jours de 1796, il collabore nommément à divers journaux et reprend un poste de maître d'études dans une pension du Roule. Il entre au Journal des débats, racheté par Bertin, au début de 1800 et débute le 2 mars ; son feuilleton dramatique connaît bientôt un immense succès ; il y consacre le reste de son activité et devient une sorte de critique officiel de l'Empire.

4. Situation de fortune

G. a vécu uniquement de son salaire d'enseignant et de sa plume ; ses revenus sont très modestes avant 1776 et pendant la Révolution. Il a connu en revanche une véritable aisance de 1776 à 1789. Son salaire de professeur au collège Mazarin s'élevait à 1100 £ auxquelles s'ajoutait sa part sur les revenus particuliers de l'établissement, soit 1400 £ (D, p. 27). Des Granges a retrouvé divers reçus de G. à la veuve Fréron pour ses contributions à L'Année littéraire de juin 1780 à janvier 1785 (p. 25-26) ; G. est payé 120 £ pour un numéro de 72 p., ce qui lui procure un revenu d'environ 150 £ par mois, soit 1800 £ par an. Le total de ses revenus annuels à cette époque s'élève à plus de 4000 £ : «En 1784, c'est une fortune» (D, p. 26). A partir de 1800, G. se consacre au journalisme avec une passion exclusive et abandonne plusieurs projets de cours publics (D, p. 37-39) ; ses appointements au Journal des débats passaient pour fabuleux. Pourtant, il ne laisse rien à sa veuve et Bertin de Vaux, propriétaire du journal, fait à celle-ci une pension de 1500 francs (Gosse, p. XXVI).

5. Opinions

G. a résumé dans le feuilleton du 15 juillet 1806 du Journal de l'Empire (Cours de littérature dramatique, t. VI, p. 327-336) l'essentiel de sa doctrine, qui n'a pas varié durant toute sa carrière : «Ce n'était pas pour de l'argent que je m'efforçais de soutenir, dans L'Année littéraire, la religion et la monarchie, douze ans avant la Révolution ; car on ne gagnait rien alors à soutenir la monarchie et la religion» (ibid., p. 330). Ses idées étaient alors «diamétralement opposées à la mode» (p. 331) ; sous l'Empire, elles deviennent doctrine officielle et G. se fait le panégyriste de Napoléon, sans se démentir. Héritier spirituel de Desfontaines et de Fréron, il a lutté avec une énergie inlassable contre la préciosité, le néologisme, le goût «moderne», la philosophie, contre la «légèreté» de Voltaire, les «dangereux paradoxes» de Rousseau, contre le drame sensible et toutes les manifestations de «l'esprit du siècle». Après 1800, il pratique la polémique et l'art du pamphlet avec virtuosité ; ses attaques contre les auteurs du temps, Etienne, Chazet, Lancival, sont célèbres ; elles ont été recueillies dans le t. VI du Cours de littérature dramatique (p. 288-385). G., qui s'est fait en toute occasion le défenseur du «bon goût» et de la «raison», a su aussi témoigner d'un goût très large : sa connaissance de l'antiquité et des littératures étrangères, son goût musical, un sens aigu de la relativité des styles et des formes font qu'il échappe à l'étroitesse d'une critique simplement dogmatique.

6. Activités journalistiques

A la mort de Fréron (1776), ses collaborateurs Grosier et Roy ou (voir ces noms) font appel à G. pour assurer la chronique littéraire et notamment la critique dramatique de L'Année littéraire ; voir à ce sujet le témoignage de S. Fréron (cité par D, p. 23-24). G. débute avec le t. I de 1776 (c.r. du Cours d'études de Condillac). Après la retraite de Grosier vers 1778, G. donne un article par numéro ; sa collaboration se réduit, au moment où il publie le Journal de Monsieur, mais elle reprend en 1782 et ne cesse plus jusqu'à la suppression du journal en 1790. Dans les deux années qui précèdent la Révolution, le journal se consacre surtout à la défense de la religion et ne vit plus que « du clergé » (Journal des révolutions, cité dans B.H.C., p. 155). G. tente de le faire revivre en 1800 : 36 numéros paraissent pour l'an IX, et 9 numéros pour l'an X. Sur la critique de G. dans L'Année littéraire, voir D, «Geoffroy journaliste avant le feuilleton», p. 50-91.

Journal de Monsieur : en 1781, G. et Royou rachètent pour 4000 £ le journal fondé par Gautier Dagoty (voir ce nom) ; G. signe quelques articles en 1781 mais se brouille avec Royou qui rédige seul le journal jusqu'en 1783 (D, p. 25 ; B.H.C., p. 51 ; D.P.1 674).

L'Ami du Roi résulte, en 1790, de la transformation de L'Année littéraire ; G., Montjoie et Royou font paraître vers mai 1790 dans ce journal un prospectus annonçant une nouvelle publication «Pro Deo, rege et patria» ; L'Ami du Roi, des Français, de l'ordre et surtout de la vérité «par les continuateurs de Fréron» paraît le Ier juin 1790 ; mais dès le 6 août, Royou fait sécession et publie pour son compte un second Ami du Roi ; il est imité par Montjoie qui publie à la fin du mois un «troisième Ami du Roi» (avis des éditeurs du 31 août 1790, cité dans B.H.C., p. 158), tandis que la veuve Fréron se range du côté de Royou. Mme Fréron et Royou fondent, le Ier septembre 1790, un nouvel Ami du Roi, des Français, de l'ordre et surtout de la vérité qui paraîtra jusqu'au 4 mai 1792, date à laquelle Royou est décrété de prise de corps (B.H.C., p. 160-161). Il n'est pas sûr que G. ait collaboré à ce journal, mais il prit le parti de se cacher.

Réduit à la clandestinité, G. continue de collaborer à plusieurs périodiques : Des Granges mentionne Le Véridique -sans doute le journal publié par Corentin Royou d'octobre 1792 à mars 1793 (D, p. 35 ; B.H.C., p. 238) - et la Feuille du jour (de Parisau? ; voir B.H.C., p. 170) ; le Bulletin de l'Europe, an VII (B.H.C., p. 284) ou peut-être an XIII (B.H.C., p. 265) et le Journal des défenseurs de la patrie, an X, restent publiés sans noms d'auteurs.

Le 11 ventôse an VIII (2 mars 1800), G. donne son premier feuilleton au Journal des débats : le Journal des débats et lois du Corps législatif, fondé en 1796 par l'imprimeur Baudouin, avait été racheté en 1799 par les frères Bertin qui modifient le journal et l'augmentent d'un feuilleton» (B.H.C., p. 131) ; le Journal des débats devient, à partir du 2 7 messidor an XIII (16 juil. 1805) Journal de l'Empire. De 1800 jusqu'à sa mort, G. assure la chronique dramatique ; ses ennemis le désignent souvent sous le nom de « Père Feuilleton » (voir les pamphlets énumérés dans Sommervogel, t. III, col. 1337-1338). Pendant 14 ans, à quelques absences près, il rédige son feuilleton deux ou trois fois la semaine (D, p. 45). Son audience est considérable ; il écrit en mars 1812 : «le plus léger témoignage de mécontentement et d'improbation qui passait sous les yeux de cent mille lecteurs, était une sentence très rigoureuse» (Cours de littérature dramatique, t. VI, p. 341).

7. Publications diverses

G. a débuté dans les lettres par une tragédie, Caton, qui ne fut pas publiée. Il a donné une traduction des Idylles de Théocrite (1800) et une édition commentée des Œuvres de J. Racine (Paris, Lenormant, 1807, 7 vol.). L'essentiel de son œuvre reste l'ensemble de ses feuilletons dramatiques réunis après sa mort en un Cours de littérature dramatique : Paris, chez P. Blanchard, 1819-1820, 5 vol. ; 2e éd., augmentée, en 6 vol. en 1825.

8. Bibliographie

Feller-Weiss ; Q. ; B.Un. ; B.H.C. ; Sommervogel ; H.G.P. – Feletz, notice nécrologique publiée dans le Journal des débats du 11 mars 1814 (voir D, p. 47-48) – Gosse E., notice sur G. en tête du Cours de littérature dramatique, éd. de 1825. – Geoffroy J.L., feuilleton du 15 juil. 1806 dans le Cours de littérature dramatique, t. VI, p. 327-336. – (D) Des Granges CM., Geoffroy et la critique dramatique sous le Consulat et l'Empire (1800-1814), Paris, Hachette, 1897. – Brenner J., Les Critiques dramatiques, Paris, Flammarion, 1970, p. 78-80.

GAUTIER DE FAGET

Auteurs

Numéro

339

Prénom

J.

Naissance

1re moitié du 18e s.

Il écrit entre 1727 et 1743, sous le nom de Faget, ou sous les initiales de J.G., G. de F., J.G.D.M., J.G.D.M.F.M. (J. Gautier de Malines, Franc Maçon). Il révèle partiellement son identité et donne la liste de ses œuvres dans l'épître dédicatoire de l'Argus de l'Europe en 1742.

2. Formation

Vers 1713-1716, il fait ses études médicales à l'Hôtel-Dieu de Paris, puis exerce pendant près de vingt ans «dans les plus grandes villes d'Europe» (préface du Dictionnaire médicinal, p. X-XI). En 1727-1728, il est médecin du Refuge à Londres et publie une critique de La Henriade, violemment antipapiste (cf. Voltaire : « one Faget : an enthousiastic réfugiée», D333 et 341).

3. Carrière

Son séjour à Londres est évoqué dans le t. III des Mémoires du chevalier de Ravanne dont il est l'auteur ; «le Sr. Fa...» exerce dans le quartier des Grecs ; « médecin françois », marié, pauvre (ibid., éd. de 1751, Londres, t. III, p. 133), il est en relations avec Prévost d'Exilés (p. 148) ; il le suit en Hollande en qualité de secrétaire (p. 176), se brouille avec lui et quitte la Hollande (p. 81). Il publie divers ouvrages à Bruxelles et à Liège, soumet son Dictionnaire médicinal aux censeurs de Malines le 1er mars 1733.

La condamnation de la Relation apologique le 18 février 1739, sur enquête de l'Inquisition, le réduit à la clandestinité. Il reste en relations avec Prévost vers 1740 (Mémoires de Ravanne, t. III, p. 180).

4. Situation de fortune

Médecin empiriste jusqu'en 1730, il passe aux gages des libraires de Hollande par l'entremise de Prévost ; le t. III des Mémoires de Ravanne décrit la condition de rédacteur-correcteur en termes assez favorables (t. III, p. 178, 181, 184, 230-235).

5. Opinions

Protestant réfugié, il défend le déisme et l'esprit de « toléra-tion » dans sa critique de La Henriade. Violente attaque contre J.B. Rousseau dans les Mémoires de Ravanne (t. III, p. 79-80). La Relation apologique de 1738 défend la maçonnerie anglaise sous sa forme déiste, académique et épicurienne. Dans l'Argus, il s'en prend violemment au Magazin des événements de Rousset de Missy. Les Mémoires du marquis de Langallerie, rédigés par lui, exposent un système de réunion de « toutes les sociétés religieuses sous un même gouvernement» (p. 329).

6. Activités journalistiques

Le Cyclope errant, Amsterdam, Desbordes, 1741, journal hebdomadaire publié d'avril à septembre 1741 (D.P.1 336).

L'Argus de l'Europe, «ouvrage historique, politique, critique, où l'on développe les intérêts et les maximes des souverains [...], par M. G... de F... Docteur en médecine», Amsterdam, Boussière, 1742, 2 vol. in-12 (D.P.1 122).

7. Publications diverses

Réponse aux sentiments du Frère Pierre-François Le Cou-rayer, Londres, 1727. – «Pensées sur la Henriade», dans La Henriade de 1728, Londres, Lyon et Woodman ; La Haye, Gosse et Néaulme. – Trophée gravé à la gloire du chevalier Walpole (cité dans la liste de l'Argus sans référence bibliographique). – Les Délices de la ville et du territoire de Bruxelles, 1732 {Argus). – Dictionnaire médicinal [...] par J.G., docteur en médecine, Bruxelles, Cawe, 1733. – Histoire de Colombelle et de Volontairete (Argus). – Les Délices du pays de Liège et de Namur, Liège, 5 vol. in-8°. – L'Enfant trouvé, ou l'Histoire du Chevalier de Repert, écrite par lui-même, Paris, aux dépens de la Société, 1738-1740, 3 vol. – Relation apologique et historique de la Société des Francs-Maçons, par J.G.D.M.F.M. [Gautier de Malines], à Dublin [Paris?], chez Patrice Odonoko, 1738, (voir A. Chérel, Un aventurier religieux au XVIIIe siècle, André-Michel Ramsay, Paris, Perrin, 1926, p. 57 et suiv., p. 184 et suiv.). – Histoire de Louis Anniaba, roi d'Essénie, Paris, 1738-1740, 3 vol. – Les heureux caprices du hasard (Argus). – «Le Qui-pro-quo de l'amour conjugal», dans les Amusements des dames, La Haye, Paupie, 1740, t. I. – «Le Lutin» (Argus). – L'Orpheline anglaise ou «Histoire de Nency Buthler», La Haye, Van Cleef, 1741. – La Quénélomachie, ou l'histoire de la Constitution Unigenitus en vers burlesques (Argus). – Lettres égyptiennes et anglaises sur des sujets intéressants et peu connus, 1742 (Argus). – Mémoires du chevalier de Ravanne, «dernier tome, in-8°, 1741», selon l'Argus (ce t. III est attesté par le Sage moissonneur, avril 1741, t. I, p. 79). – Mémoires du marquis de Langallery, La Haye, D. Ailland, 1743 (cf. Q., à propos de La Guerre d'Italie) ; la dédicace est signée «Gautier de Faget».

8. Bibliographie

Sgard J., Prévost romancier, Paris, Corti, 1968 (rééd. 1989), p. 122-124, 354-355.

GAUTIER DAGOTY

Auteurs

Numéro

338

Prénom

Jacques

Naissance

1717?

Décès

1785

Jacques Fabien Gautier (ou Gauthier) Dagoty (ou d'Agoty) est né à Marseille en 1717 (B.Un.; P. Larousse ; D.B.F.), peut-être en 1710 (Bénézit). Il eut cinq fils qui furent comme lui graveurs et travaillèrent dans son atelier : Jean Baptiste (1740-1786), Arnauld Eloi (mort en 1771, peut-être l'aîné de la famille), Honoré Louis (né en 1746), Jean Fabien (né en 1747) et Edouard (mort en 1784), dont le fils, Pierre Edouard (1775-1871) fut également peintre et graveur (Bénézit). Dagoty le père est mort en 1785.

2. Formation

Il vient à Paris en 1737 et travaille dans l'atelier de Jean Christophe Leblon au moment où celui-ci, après plusieurs tentatives infructueuses en Hollande et en Angleterre vers 1710, imposait à Paris le procédé de l'impression en couleurs. Leblon expose en 1738 le portrait du cardinal Fleury et en 1739 le portrait du roi ; il obtient, le Ier avril 1738, un privilège de vingt ans pour l'impression en couleurs «lui enjoignant de déclarer son secret et de faire travailler sous les yeux de différents amateurs nommés à cet effet » (Le Pour et contre, t. XVI, p. 42-43). Dès cette époque, Leblon avait découvert l'impression en trois couleurs dont G. se dira l'inventeur (cf. G. Wildenstein, «Jacob Christoffel Le Blon ou le secret de peindre en gravant», Gazette des beaux-arts, juil.-août 1960, p. 91-100) ; mais il ne livre pas les secrets de sa technique, malgré les quatre adjoints dont il avait été doté en juillet 1739, et il meurt ruiné en 1741. C'est G. qui lui succède dans l'exploitation de son privilège. Selon les termes du «Mémoire de l'Afaire d'entre Jacques Gautier, Maurice Viguier son associé & le Sieur Pierre Vilars» (f.fr. 22136, f° 6), Jacques Gautier, «jeune homme vif et ardent qui avoit travaillé quelque tems avec le Blond, et qui prétendoit avoir puisé dans les mêmes sources, c'est à dire dans les leçons & les idées du P. Castel», obtient, le 5 septembre 1741, un arrêt du Conseil qui lui permet d'exercer l'art de Leblon. Les associés de celui-ci entament un procès. G. achète alors à la fille de Leblon son privilège pour la somme de 6403 £ (12 mai 1742) et constitue une société qui lui apporte les fonds. A cette première société s'en substitue une autre à la fin de 1743 ; mais G. veut garder la maîtrise de l'exploitation de son procédé, d'où des dissensions qui ne prendront fin qu'avec la transaction du 29 janvier 1745. En 1747, il obtient enfin un privilège en forme et à son nom pour un Cours complet d'anatomie. Le dossier 22136 de la collection Anisson-Duperron contient le détail de ces longues négociations, qui ont fait également l'objet de nombreux articles de G. dans le Mercure, notamment en 1749. Le seul apport incontestable de G. est d'avoir ajouté aux trois couleurs le noir, qui permettait les modelés. F.L. 1769 le qualifie ainsi : «Anatomiste, pensionné du Roi, de l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon».

3. Carrière

Autodidacte versé dans la physique, les sciences naturelles et la médecine, G. utilise alors méthodiquement la gravure colorée pour la reproduction des planches anatomiques, comme l'avait envisagé Leblon («Mémoire instructif», Mémoires de Trévoux, août 1737). Il grave plusieurs séries de planches (Myologie de la tête en 1745, Myologie du pharynx en 1748) ; L’Anatomie complète de 1748 lui vaut une gratification royale de 600 £. Il expose à l'Académie des sciences, les 22 et 26 novembre 1746, sous le nom de «chroa-génésie» une nouvelle théorie de la génération des couleurs «contre le système de Newton ». Il passe de la médecine à la mythologie, à la botanique, à la reproduction de tableaux, spécialisant ses fils dans chacune de ces parties et fondant lui-même sa propre maison d'édition (1741).

4. Situation de fortune

La fortune de G. repose sur l'exploitation méthodique du privilège de Leblon qui portait à la fois sur les figures d'anatomie, d'histoire naturelle et sur la reproduction de tableaux. C'est en vertu de ce premier privilège que G. peut obtenir, le 8 octobre 1751, un privilège pour les Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts. En 1757, G. cesse de publier ce périodique mais en fait renouveler le privilège qu'il vend puis rachète à Toussaint (18 sept. 1758), ce qui lui permettra d'obtenir de Rozier en 1771 une pension de 600 £ en dédommagement. Cette pension avait d'abord été fixée à 2800 £ ; Rozier parvient à la faire abaisser, mais G. obtient alors le privilège du Journal de Monsieur ou table des journaux. Rozier considère, non sans raison, G. comme un homme d'affaires et un spéculateur (voir le «Mémoire pour le sieur abbé Rozier contre le sieur Jacques-Gautier Dagoty père», Paris, Clousier 1778, p. 3-8, B.V. Grenoble, Presse 1900).

6. Activités journalistiques

Les Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts, premier journal consacré en France à la physique obtiennent un privilège le 8 octobre 1751 et paraissent en 1752 à Paris, chez Delaguette, sous le titre : Observations sur l'histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture. Le journal paraît d'abord sous forme de cahiers de planches in-40 commentées 12 cahiers en 1752, 6 en 1753, 6 en 1754, puis en volumes in-12 sans planches. La collection complète, de 1752 à 1755, comporte 3 volumes in-40 ou 6 volumes in-12 (D.P.1 1089). Le succès initial engage G. à joindre à ses commentaires des observations, des dissertations et des extraits d'ouvrages de physique. Après une interruption en 175 5» Le journal reparaît sous le titre : Observations périodiques sur la physique, l'histoire naturelle et les arts, ou Journal des sciences et des arts, « avec des planches imprimées en couleur par Gautier fils», 3 vol. in-40, 1756-1757 : Arnauld Eloi Dagoty grave les planches ; Rozier (voir ce nom) collabore avec G. à la rédaction, avant d'entrer en conflit avec lui et de fonder en 1772 ce qui sera le véritable Journal de physique.

Journal de Monsieur, table générale des journaux anciens et modernes : G. en obtient le privilège en 1776 et signe de ses initiales l'épître dédicatoire à Monsieur, frère du Roi, en tête du premier numéro, en septembre 1776. Ce journal rassemble des extraits des journaux, les querelles des savants et hommes de lettres, des commentaires sur les ouvrages recensés. G. en est le principal rédacteur jusqu'en avril 1777, époque où des dissentiments à l'intérieur de l'équipe provoquent une interruption d'un an (H.P.L.P., t. III, p. 205-209 ; D.P.1 674).

7. Publications diverses

Parmi les nombreuses publications de G., dont on trouvera la liste dans F.L. 1769, B.Un., D.B.F. et dans Cat.B.N., on citera : Mythologie complette en couleurs et grandeur naturelle, Paris, Gautier, 1746. – Lettres concernant le nouvel art d'imprimer les tableaux avec quatre couleurs, 1749. – Observations physiques «dédiées au Roi par M. Gautier», Paris, Jorry, 1750. – Observations sur la peinture et sur les tableaux anciens et modernes, Paris, Jorry, 1753. – Collection des plantes usuelles [...], gravées en couleurs, Paris, chez l'auteur, 1767, 4 vol., in-8°.

8. Bibliographie

Feller-Weiss ; B.Un. ; Dictionnaire de P. Larousse ; H.P.L.P. ; D.B.F. – B.N., f.fr. 22136, f° 3-25. – Bouchard A., «Une famille d'artistes français au XVIIIe siècle : les Gautier d'Agoty», Mémoires de la Commission des Antiquités du Département de la Côte d'Or, t. XXI, 1936-1937, p. 135-140. – Ledoux-Lebard R., «La première planche anatomique imprimée en couleurs en France», Bulletin de la Société française de l'histoire de la médecine, t. X, 1937, p. 109-115. – Bénézit E., Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Grund, 1951, art. «Gautier d'Agoty». – Anatomie de la couleur : l'invention de l'estampe en couleurs, Paris, Lausanne, 1996, catalogue de l'exposition de la B.N. en 1995.

9. Additif

Bibliographie : E. Lavezzi a attiré l’attention sur un écrit de G.D. qui manifeste ses ambitions de savant, spécialiste des problèmes d’optique (« Peinture et savoirs scientifiques. Le cas des Observations sur la peinture (1753) de Jacques Gauthier D’Agoty », DHS n° 31, 1999, p. 233-247). Cette publication rassemble les articles qui traitent de la peinture dans les Observations sur l’histoire naturelle, notamment sur les Salons de 1751 et de 1753. G.D. affirme qu’un peintre doit être à la fois « physicien et anatomiste » et tente de le prouver ; il reprend par là le vieux thème de l’imitation de la nature, en l’appuyant sur des recherches d’optique plus récentes, mais un peu « fragiles » (J.S.).

FOUQUET DE CROISSY

Auteurs

Numéro

312

Prénom

Antoine

Naissance

?

Décès

?

On ne sait rien des origines de ce personnage, issu apparemment d'une famille noble de Touraine, peut-être allié aux Fouquet de Belle-Ile sans que la preuve puisse en être apportée, connu sous le nom de Fouquet sieur de Croissy, ou parfois seigneur de Marcilly (D.B.F.).

3. Carrière

En 1643, il fait partie de la délégation française au congrès de Münster, conduite par d'Avaux. Le 28 mai 1644, il est envoyé par la Reine auprès de Ragotski, prince de Transylvanie. Il parvient à le rencontrer en janvier 1645 et lui arrache la promesse de continuer la guerre avec l'Autriche contre une pension viagère de 20 000 reichsthalers ; mais le 22 août, Ragotski fait la paix avec l'Autriche. F. est de retour à Munich le 6 mai 1646 (D.B.F., d'après I. Hudita, Histoire des relations diplomatiques entre la France et la Transylvanie, 1927). Il rentre en France au début de 1648 et achète une charge de conseiller à la 3e chambre des Enquêtes. Il se fait connaître en négociant la soumission de Turenne au début de 1651. Introduit auprès du Prince de Conti par son ami Saint-Romain, conseiller aux Enquêtes, et auprès de Mme de Longueville par Honoré Courtin (Retz, p. 1022), il devient l'un des partisans les plus actifs de la Fronde parlementaire. Très lié au cardinal de Retz et au président de Bellièvre, il rédige avec eux le traité de paix préliminaire (Retz, p. 360), anime dans Paris un «levain de parti» (id., p. 530), est l'un des «entremetteurs» du parti auprès de la princesse Palatine (p. 556) et l'auxiliaire de Condé dans la capitale. Après l'amnistie d'octobre 1652, il est relégué, revient en secret, est arrêté le 13 mars 1653, est interné à Vincennes, interrogé par le président Séguier, tandis qu'il communique en secret avec Retz, enfermé comme lui à Vincennes (id., p. 1022). Lors de son procès en janvier 1654, il est secouru opportunément par le président Bellièvre ; il est acquitté, mais doit s'exiler et renoncer à sa charge (p. 1023 ; pièces du procès à la B.N., ms. Joly de Fleury 2396 ; voir également Carrier, t. I, p. 379, note 390). Il se rend à Rome, où il intrigue, avec Retz, contre l'ambassadeur de Lionne (Retz, p. 1023), après quoi l'on perd sa trace.

5. Opinions

Il est l'une des têtes du parti frondeur en milieu parlementaire, constamment associé à la Palatine, à Mme de Lesdiguières, à Mme de Chevreuse, à ses amis Viole, Arnauld de Corbeville, Montreuil, Bellièvre, de Thou, Broussel. Retz le décrit comme «emporté», avec l'esprit «naturellement violent» (p. 554, 639), excessivement indiscret : «un des hommes du monde qui avait le moins de secret» (p. 873). Il est néanmoins utilisé à de nombreuses reprises comme intermédiaire et négociateur, surtout entre le prince de Condé et ses alliés temporaires (la Palatine, Monsieur), ou la reine (p. 658-659). Il fut en tout cas l'un des plus tenaces adversaires de Mazarin.

6. Activités journalistiques

Il publie en août 1649 Le Courrier du tems apportant ce qui se passe de plus secret en la cour des princes de l'Europe (D.P.1 292 ; Carrier, t. I, p. 138, 145), mazarinade qui n'eut qu'un seul numéro et ne fut donc pas périodique, mais qui emprunte la forme de la Gazette : une suite de bulletins envoyés des différentes capitales de l'Europe. Ce pamphlet résume en fait «tous les griefs du public à l'égard de Mazarin : refus de faire la paix, participation à de multiples trafics, goût invétéré pour les oeuvres d'art, fourberie, etc.» (Retz, p. 360, n. 3). Il est directement inspiré par Condé, qui attachait une grande importance à la propagande imprimée et faisait sur ce point confiance à Fouquet (Carrier, t. I, p. 207). Le Courrier du tems connut certainement une large diffusion et plusieurs contrefaçons (Carrier, t. I, p. 184 et II, p. 473).

7. Publications diverses

On attribue également à Fouquet la Déclaration de Monseigneur le duc d'Orléans et de Monsieur le prince de Condé du 2 septembre 1652 (Carrier, t. II, p. 378-379) et un Manifeste de Monsieur le Prince, répandu au début de 1653 (Carrier, t. I, p. 107 et 145).

8. Bibliographie

D.B.F. – Retz, cardinal de, Oeuvres, éd. M.T. Hipp et M. Pernot, Pléiade, 1984. – Carrier H., Les Mazarinades, Genève, Droz, 1989 et 1991, 2 vol.

FONTAINE DE LA ROCHE

Auteurs

Numéro

307

Prénom

Jacques

Naissance

1688

Décès

1761

«M. Jacques Fontaine, prêtre, licencié en droit et ancien curé de Mantelan, diocèse de Tours, naquit le 5 mai 1688 à Fontenai-le-Comte en Poitou, de Francois Fontaine, receveur des tailles, et de Marie-Anne Chevredans» (E., p. 49). Les registres paroissiaux de Fontenai (Vendée) manquent pour cette période ; l'Eloge (E.) nous donne pour l'ensemble de la vie de Fontaine des indications précises sur lesquelles s'appuient toutes les notices biographiques. F. est mort à Paris, dans la paroisse de Saint-Etienne-du-Mont, le 26 mai 1761 (E.

2. Formation

F. commença ses études au collège des Jésuites de Fontenai, mais passa rapidement dans le diocèse de Tours, où il reçut la tonsure dès 1701, à l'âge de treize ans ; protégé par l'évêque Ysoré d'Hervault, il est nommé chapelain de la Magdeleine de la Ripaudière à la cathédrale de Tours ; sous-diacre puis diacre de la cathédrale, il commence à y prêcher. Il reçoit la prêtrise à Paris en 1712. «Il prit la même année des degrés en Droit ; et il se trouvait à sa mort le doyen des licenciés de cette Faculté» (E., p. 49). Nommé d'abord chapelain-aumônier de l'Hôpital de la Charité à Tours, il est pourvu de la cure de Mantelan en 1713, au moment même où est promulguée la Bulle Unigenitus. Devenu bientôt le porte-parole des chanoines et curés jansénistes du diocèse de Tours, il se heurte au nouvel évêque, Mgr. Chapt de Rastignac (nommé en 1723), contre qui il publie le 10 juin 1727 la Lettre d'un ecclésiastique à M. de Rastignac (E). Menacé de lettre de cachet, il s'enfuit en août-septembre 1728.

3. Carrière

Sa carrière se confond désormais avec celle des Nouvelles ecclésiastiques (N.E.). Il trouve asile chez les frères J.B. et A. Desessarts qui, dès 1727, avaient entrepris de constituer un réseau d'informations janséniste et qui furent, au début de 1728, les administrateurs des N.E. imprimées. Après avoir mis F. à l'essai, ils le font entrer dans la rédaction en février 1729 ; il y restera jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Comme la plupart des journalistes permanents des N.E., F. semble avoir été abrité pendant toute sa carrière par les communautés jansénistes du quartier latin, et notamment de la paroisse Saint-Etienne-du-Mont. La duchesse de Rochechouart «l'honora d'une bienveillance toute particulière» (E., p. 52).

5. Opinions

Esprit juridique et théologien rigoureux, F. parvint à concilier les diverses tendances qui partageaient le mouvement janséniste. Il sut se ménager les autorités spirituelles du parti, J.J. Duguet d'abord, puis l'abbé d'Etemare, et se démarquer progressivement des «convulsionnaires», en particulier de Carré de Montgeron. A partir des années 1740, persuadé que les discussions interminables sur la Constitution Unigenitus font le jeu des philosophes déistes et matérialistes, il oriente les N.E. vers la critique des encyclopédistes. Il publie dans les N.E. du 9 et du 16 octobre 1749 une Critique de l'Esprit des Lois très violente, qui oblige Montesquieu à publier l'année suivante sa Défense de l'Esprit des Lois (voir R. Shackleton, Montesquieu, biographie critique, P.U.G., 1977, p. 281 et suiv.). A la fin de 1751, F. prend vigoureusement parti contre les thèses de l'abbé de Prades, condamne la négligence de la Sorbonne et lance une offensive en règle contre l'Encyclopédie. Le Supplément au Nécrologe rappellera qu'il fut le premier à lancer des traits «contre les Voltaire, les Montesquieu, les Buffon, les de Prades, les Helvétius et autres partisans du déisme et du matérialisme» (t. III, p. l78). Les Tables raisonnées des N.E. donnent effectivement sous ces noms de nombreuses références. D'Alembert crut bon de répondre à ces attaques dans l'article «Ecclésiastiques (Nouvelles)» (Encyclopédie, t. V paru en novembre 1755), et dans son pamphlet Sur la destruction des Jésuites en France (1765). Quoique polémiste redoutable, Fontaine n'avait rien d'un fanatique, et son rôle à la tête des N.E. fut aussi celui d'un modérateur -ce qui pourrait expliquer la clémence du pouvoir à son égard. Sa doctrine résume inlassablement l'orthodoxie janséniste après la promulgation de la Bulle ; solidaire des curés de paroisse, successeurs des soixante-douze disciples, F. rappelle sans cesse la mission des pasteurs ; il n'attaque pas directement le pouvoir et se montre souvent légaliste ; il s'efforce de donner aux N.E. une base doctrinale solide, et une acuité critique d'une réelle efficacité. Montesquieu et les encyclopédistes en ont senti les effets, mais surtout les Jésuites, à la suite des attentats du Portugal et de l'affaire Lavalette ; F. a sans doute contribué à la suppression des Jésuites qui survint, comme le rappelle son Eloge, un an après sa mort.

6. Activités journalistiques

Avec Philippe Boucher et Louis Troya d'Assigny, F. fit partie de la première équipe de rédaction des Nouvelles ecclésiastiques : «Nous voyons dans une de ses lettres que la 1re expédition qui soit sortie de son secrétariat est du 22 février 1729. Mais il ne fut proprement chargé de ce travail qu'un mois ou deux après...» (E., p. 49). Il prend alors conseil de J.J. Duguet qui «lui traça le plan et les règles qu'il devait suivre». Sa nièce, Mme Mol, semble avoir mal supporté qu'il fût concurrencé par un journaliste moins connu, Boursier. Après son retour de Hollande, fort de l'appui de Soanen, F. devient en fait le chef de la rédaction et le resta jusqu'à sa mort.

Les Nouvelles ecclésiastiques «ou Mémoires pour servir à l'histoire de la Constitution Unigenitus» (mais le titre des feuilles est : Suite des Nouvelles ecclésiastiques), publiées deux fois par semaine à Paris et dans plusieurs villes de la périphérie parisienne, puis, dans les dernières années du siècle, en Hollande, reproduisent pour une grande part des lettres de correspondants, mais comportent également des comptes rendus d'ouvrages théologiques, des commentaires de mandements épiscopaux et des réponses détaillées aux journaux d'inspiration jésuite. C'est cette partie théorique qu'il faut attribuer en majeure partie, de 1729 à 1761, à Fontaine de La Roche ; mais il lui arrive aussi de fournir des relations détaillées d'événements importants ou significatifs, comme l'arrestation de l'imprimeur Baudrier en février 1730 (E., p. 50).

7. Publications diverses

Discours sur les Nouvelles ecclésiastiques, s.l., 1748 ; rééd. en 1759 : ce recueil des discours préliminaires des tomes annuels des N.E. fut entrepris par l'abbé Le Gros en 1735 (F.L. 1769) et continué par F.– Critique de l'Esprit des Lois, Genève, 1753, réédition des fragments parus dans les N.E. d'octobre 1749.

8. Bibliographie

Feller-Weiss, , N.B.G., B.Un., D.B.F., F.L. 1769. – Chaudon I.M., Nouveau dictionnaire historique, Caen, 1779. – (E) «Eloge de J. Fontaine», Nouvelles ecclésiastiques, 27 mars 1771, p. 49-52. – Supplément au Nécrologe des plus célèbres défenseurs de la vérité, 1760, t. III. – Sevestre, leçons publiées dans Cours de l'Ecole des Hautes Etudes Sociales, 1923-1924, 1926-1927. – Préclin E., Les Jansénistes du XVllle siècle et la Constitution civile du clergé, Paris, Gamber, 1929, p. 135-138.

DU SAUZET

Auteurs

Numéro

286

Prénom

Henri

Naissance

1686?

Décès

1754

Henri Du Sauzet est né à Toulouse en 1686 ou 1687, selon une attestation fournie à l'église wallonne de La Haye le 25 septembre 1718 (V, p. 105). Il a épousé, le 14 avril 1718, Elisabeth Salinieres, fille de Jean Salinieres et de Anna Oyens, née le 13 mars 1689, enterrée le 23 décembre 1744 en l'église wallonne (V). En secondes noces, il a épousé, le 14 septembre 1747, Renée Paturle (1705-1779). Il a été enterré dans l'église wallonne le 8 mai 1754. L'inventaire après décès est dressé le 22 mai (V).

2. Formation

P. Marchand, d'Argens et Voltaire l'ont considéré comme un disciple des Jésuites. Voltaire l'a qualifié de «fripon de jésuite apostat» (à Moussinot, 27 déc. 1738, D1715) ; il est, selon Marchand, «toujours disciple de la Société» et «Fourbe de Jésuite» (Larkin, p. 70, n. f). Goujet lui-même, qui a collaboré avec D., le qualifie de «libraire ex-jésuite» (voir art. «Goujet»). La Société n'a cependant gardé aucune trace de lui ; et l'accusation de jésuitisme étonne un peu, s'agissant de l'éditeur de la Bibliothèque française, journal notoirement janséniste à l'origine. D., lui, a recherché tout aussi bien la faveur des protestants à son arrivée aux Pays-Bas (voir lettre de recommandation de J. Le Clerc du 31 déc. 1714, envoyée par D. à Desmaizeaux, A, n° 414 et 418) ; plus tard, et pour des raisons d'affaires, il n'a songé qu'à se concilier les bonnes grâces de Voltaire (Voltaire à D., déc. 1738).

3. Carrière

Sa biographie se confond avec sa carrière de libraire. Il s'établit aux Pays-Bas en 1714, s'acquitte de ses droits en 1715, en qualité d'apprenti (V). Il n'a, semble-t-il, aucun capital au départ. Vers 1720, il écrit à Desmaizeaux : «Pour moi, content de ma pauvreté, je ne cherche point de fortune, me bornant à mon petit commerce, je n'aime point courir des hazards fâcheux» (A, p. 121). Il se spécialise assez vite dans l'importation de livres étrangers, surtout anglais et français. Jean Le Clerc le recommande à Desmaizeaux dès 1714(n° 414 et p. 79). Par lui, D. se tiendra au courant de la production anglaise la plus récente. Il lance dès janvier 1715 les Nouvelles littéraires, qui seront largement tributaires des informations fournies par Desmaizeaux (A, p. 115, 118-119). Dès cette époque, D. l'emporte sur ses concurrents par la rapidité de l'information et la régularité de la périodicité (D.P.1 1039). Il se fixe définitivement à Amsterdam à partir du 7 mai 1718 (V, p. 107), à Prinsengracht d'abord (1718), puis à Kalverstraat (14 oct. 1725), à Rokin (1742), Singen over de Munt (1744), le Singel (1747) puis à Boomsloot (1754).

4. Situation de fortune

Sans avoir atteint la fortune, D. semble avoir connu une solide aisance, dont témoignent en particulier les prêts qu'il consent à divers collègues : ces prêts s'élèvent en 1747 à 10 644 florins (V, p. 106).

5. Opinions

Connu pour sa modération et sa prudence, il a évité tout conflit avec ses concurrents. C'est, semble-t-il, en toute bonne foi qu'il a publié dans les Nouvelles littéraires la Vie de Spinoza de Lucas, qui suscita un tollé (A, p. 111-112). Il s'est laissé aller une fois à reprocher à P. Marchand d'avoir falsifié le texte des Lettres cabalistiques du marquis d'Argens (Bibliothèque française, t. XX, 1735, art. VI), d'où une brouille définitive entre les deux hommes (voir lettre de Marchand à d'Argens, 8 août 1739, dans Larkin, n° 63, et p. 192, n.c). Indigné par la malhonnêteté de Wettstein, à l'époque de la rupture entre Wettstein et Smith (1741), il refuse d'attaquer la Bibliothèque raisonnée et expose simplement les faits dans le t. XXXVI de la Bibliothèque française (Lagarrigue, p. 256-258).

Son ami et correspondant le plus fidèle fut certainement Desmaizeaux : J. Almagor a répertorié 108 lettres de D.S. à Desmaizeaux, conservées à Londres, datées de 1715 à 1722 de façon très régulière, puis de façon plus espacée jusqu'en 1739 (B.L., add. mss 4287). D. se lia également d'amitié en 1735 avec J- von Beyer, magistrat de Nimègue : le Rijksar-chieven d'Arnhem garde 181 lettres de D. à Beyer, datées de 1738 à 1742 et léguées à Beyer par Louise Marianne Du Sauzet (voir art. «Beyer»). Beyer relève au passage qu'il a dû à D. la connaissance d'un certain nombre d'écrivains français, notamment d'Olivet et Le Cat (ibid.).

6. Activités journalistiques

Dès le 5 janvier 1715, peu après son arrivée aux Pays-Bas, il lance à La Haye et à Amsterdam les Nouvelles littéraires, contenant ce qui se passe de plus considérable dans la République des Lettres, avec une périodicité hebdomadaire d'abord, puis trimestrielle à partir de juillet 1719 (D.P.1 1039). Avec ce premier périodique, D. adopte une formule très nouvelle d'information rapide, régulière et brève, largement européenne ; il abandonne les longs extraits des bibliothèques savantes pour de brefs bulletins portant sur tous les aspects de la vie littéraire, tandis que les «nouvelles littéraires» sont rassemblées en fin de numéro. Cette formule neuve mais difficile à gérer l'oblige à revenir en mai 1719 aux extraits traditionnels, et à confier la rédaction à J. Van Effen.

Il entreprend en 1715 la publication des Mémoires de littérature, dont quatre parties paraissent à La Haye d'août 1715 à la fin de 1717 sous la direction d'Albert de Sallengre (D.P.1 886). Il publie également, en collaboration avec Nicolas Viollet, La Bagatelle ou discours ironiques, de Van Effen, du 5 mai 1718 au 13 avril 1719 (D.P.1 140).

Il reprend en 1730 (t. XIV) la Bibliothèque française, précédemment publiée par J.F. Bernard à Amsterdam ; il en fera paraître 28 volumes de 1730 à 1746 (t. XLII). D. donnera à cette revue la régularité et la cohésion qui lui manquaient jusqu'alors ; il en assure la diffusion commerciale ; il y développe les nouvelles littéraires ; tout en recourant à de nombreux correspondants, il prend part à la rédaction des nouvelles littéraires et Goujet le considère comme « auteur de ce bon ouvrage périodique» (voir D.P.1 162). La main de D. se reconnaît en tout cas dans la Bibliothèque française à la rigueur et à l'étendue de l'information littéraire ; il fut certainement en son temps l'un des grands professionnels de la presse.

Il semble avoir pris part, à la fin de sa vie, à la correction de la Nouvelle Bibliothèque germanique ; Cartier de Saint-Philippe (voir ce nom) le remplace en juin 1750 (Nachlass Formey, 2 juin 1750, f° 1), après qu'il ait subi une attaque de paralysie.

7. Publications diverses

Ses éditions ont été appréciées pour leur exactitude, la qualité de la typographie, des illustrations et des index. On lui doit en particulier : D. Huetii commentarius de rébus ad eum pertinentibus (La Haye, 1718). – Recueil de diverses pièces sur la philosophie, la religion naturelle, l'histoire, les mathématiques, &c. (essais de Leibniz, Clarke, Locke, Collins, Amsterdam, 1720). – L'Histoire des Juifs de Prideaux, trad. française de La Rivière et Du Soul (Amsterdam, 1722, 5 vol.). – Psalterium Davidicum ad usum et ritum sacri ordinis Cisterciensis (Cologne, 1723, in-folio). – Mémoires du cardinal de Retz (en collaboration avec J.F. Bernard, Amsterdam, 1723). – Joannis Har-duini e Societate Jesu Opéra varia cum Indicibus & Tabulis aeneis (en collaboration avec de Hondt, Amsterdam et La Haye, 1733, in-folio).

8. Bibliographie

Kossmann E.F., De Boekhandel te 's Gravenhage tôt het eind van de i8de eeuw, La Haye, 1937. – (V) Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel, 1680-1725, Amsterdam, 1965, t. III, p. 105-108. – Correspondance entre Prosper Marchand et le marquis d'Argens, éd. S. Larkin, S.V.E.C. 222, 1984. – (A) Almagor J., Pierre Des Maizeaux (1673-1745), journalist and English correspondent for Franco-Dutch periodicals, 1700-1720, Amsterdam, Maarssen, APA-Holland U.P., 1989. – Lagarrigue B., Un temple de la culture européenne (1728-1753), l'histoire externe de la «Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe», Nimègue, 1993.

DUMONT

Auteurs

Numéro

272

Prénom

Jean

Naissance

1666 ?

Décès

1727

Jean Dumont ou Du Mont est né en 1666 selon Martens (p. 82) mais on ignore tout de sa famille et du lieu de sa naissance. Il est mort à Vienne le 13 mai 1727 (Coburger Zeitungs Extracts, mai 1727, cités par Martens, p. 94). Il signe tantôt D.M., J.D.M. ou François D.M.

3. Carrière

Le Nouveau Voyage du Levant (La Haye, 1694 : rééd. augm. en 1699 sous le titre de Voyages en France, en Italie, en Allemagne, à Malte et en Turquie) donne quelques indications sur sa carrière. Il était en 1689 capitaine dans l'armée française, lors de la campagne du Palatinat. Révolté par les exactions commises, il se rend suspect, est emprisonné à Strasbourg pendant 15 jours, est libéré et passe en Italie. Il se rend à Malte d'où il embarque pour Constantinople (26 mai 1690). Après avoir rencontré dans cette ville l'ambassadeur de France, Châteauneuf, il se rend à Smyrne où il loge chez le consul de Hollande. Par son entremise, il gagne la Hollande en passant par Venise (avril-mai 1692) et l'Allemagne ; il arrive à La Haye en août 1692. Il se consacre alors au droit international, ouvre un cours public, s'attache à Bose, ministre de l'Electeur de Saxe et à Quiros, ambassadeur d'Espagne en Hollande. Vers 1706, il se lie à Philippe-Louis de Zinzendorf, ambassadeur de l'Empire qui le sollicite pour la rédaction de l'histoire de la guerre de Succession d'Espagne. Il se rend en Autriche après les négociations d'Utrecht auxquelles, semble-t-il, il a participé. L'empereur Charles VI le nomme son «conseiller et historiographe» et lui donne le titre de «baron de Carelscroon» (Carlscroon) ; mais tout ce que l'on sait de sa carrière à partir de 1692 se résume aux titres et aux dédicaces de ses ouvrages (Martens, p. 90-94).

6. Activités journalistiques

Il a collaboré aux Lettres historiques, « contenant ce qui se passe de plus important en Europe», publiées chez Moetjens à La Haye de 1692à 1711, puis chez Desbordes à Amsterdam jusqu'en 1727 ou 1728, et enfin chez Uytwerf (D.P.1 822). Selon Lenglet-Dufresnoy, D. aurait été l'un des principaux rédacteurs de 1692 à 1710 (cf. Martens, p. 82) ; mais son nom figure encore dans le journal en janvier 1722 (I.H. Van Eeghen, De Amsterdamse boekhandel, 1680-1723, Amsterdam, 1960-1967, t. II, p. 94).

7. Publications diverses

Liste de ses œuvres dans Martens, Haag, B.Un., Cior 18. Description des manuscrits de D. conservés à Vienne dans L. Bittner (éd.), Gesamtinventar des Wiener Haus-, Hof- und Staatsarchivs, Wien, 1936-1940, t. III, p. 245-251, et de sa Collection diplomatique, également à Vienne, dans Bittner, t. I, p. 594-596 (renseignement transmis par P.F. Burger).

B.Un. ; Haag. – Toutes les notices consacrées à D. s'appuient en fait sur une seule étude : Martens F. de, «Recherches sur la vie et les écrits de Jean Du Mont, Baron de Carelscroon, rédacteur du corps universel diplomatique du droit des gens», dans Supplément au Recueil des principaux traités, Göttingen, 1802, p. LXXXIV-XCXIV.

9. Additif

Carrière: En février 1700, D. propose à Anthonie Heinsius ses services comme historiographe des États Généraux. Il est finalement utilisé comme espion par le Grand Pensionnaire. (Nationaal Archief, La Haye, 3.01.19, 2196 : dix-huit courriers de Jean Dumont à Anthonie Heinsius, entre février et décembre 1700 et une lettre de mars 1701. (Marion BRÉTÉCHÉ)

DUMONT

Auteurs

Numéro

271

Prénom

Gabriel

Naissance

1680

Décès

1748

Gabriel Dumont est né à Crest, dans la Drôme, le 10 août 1680 ; il était fils de Louis Dumont, marchand de Crest, et de Marie Spon (reg. par. de Crest, cité par Brun-Durand). Il est mort à Rotterdam le Ier janvier 1748 (Rochas, d'après les Sermons de feu M. Gabriel Dumont).

2. Formation

Sa famille se réfugie à Genève après la Révocation. Inscrit à l'Université de Genève, il obtient son examen de philosophie le 7 mai 1697, de théologie le 5 janvier 1699, et achève ses études le 7 décembre 1703 (témoignage très honorable décerné le 14 déc. 1703, S.-M.).

3. Carrière

B. Saurin et J. Bernard, qui le prennent sous leur protection à son arrivée en Hollande, le font nommer pasteur à l'église française de Leipzig ; il y demeure du 5 juillet 1704 au 7 octobre 1720 (S.-M.). Il est ensuite nommé pasteur à l'église wallonne de Rotterdam et professeur d'histoire ecclésiastique et de langues orientales le 23 mars 1721. Il prend sa retraite le 27 avril 1747 (S.-M.). De 1721 à 1748, il demeure à Rotterdam, à l'exception de trois années passées à Paris en qualité de chapelain de l'ambassade de Hollande (1727 - sept. 1730, S.-M.).

5. Opinions

Chapelain de l'ambassade de Hollande, il eut l'occasion de recommander Prévost à Turrettini (CE. Engel, Le Véritable abbé Prévost, Monaco, 1957, p. 39 : lettre de Turrettini, 30 nov. 1728, arch. de Budé, Genève). Il fut le correspondant de W. Wake, du P. Le Courayer, de Court. Selon Haag, il serait l'auteur d'une lettre à Court, en avril 1728, au sujet de l'état nominatif des protestants de France (B.P.U., fonds Court).

6. Activités journalistiques

Il a publié, durant son séjour à Leipzig, plusieurs articles dans L’Histoire critique de la République des Lettres (D.P. 1 600), fondée par Samuel Masson (voir ce nom). La liste en a été établie par Haag : « Lettre anecdote de Ratramme au prêtre Rimbert» (t. VI, 1714) ; «Lettres [...] où sont renfermées plusieurs particularités de littérature...» (t. VIII-X, 1715) ; «Remarques de Heinsius sur l'épaisseur du couvercle de l'Arche» (t. X, 1715) ; «Nouvelle explication d'un passage de l'apôtre Saint-Jacques» (t. XI, 1716) ; «Lettres où l'on trouve l'explication d'un passage d'Heinsius » (t. XIII, 1717) ; «Remarques relatives à Luther» (t. XV, 1718).

7. Publications diverses

Les Sermons de feu M. Gabriel Dumont ont été recueillis à sa mort par Daniel de Superville (Rotterdam, Beman, 1749). Dissertations, dans Discours historiques [...] sur les événements les plus mémorables du Vieux et du Nouveau Testament de J. Saurin, Amsterdam et La Haye, 1720-1739.

8. Bibliographie

Haag ; Haag 2. – Rochas A., Biographie du Dauphiné, Paris, Charavay, 1856. – Brun-Durand J., Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Grenoble, Librairie dauphinoise, 1900. – Arnaud E., Bibliographie huguenote du Dauphiné, Grenoble, Drevet, 1894. – (S.-M.) Le Livre du Recteur de l'Académie de Genève (1359-1878), éd. S. Stelling-Michaud, t. III, Genève, Droz, 1972.

DUBOURG DE LA CASSAGNE

Auteurs

Numéro

252

Prénom

Victor

Naissance

1715

Décès

1746

Tout ce que nous savons de Victor Dubourg est fourni par ses réponses aux deux interrogatoires du 20-21 décembre 1745 (A 1) et du 6-7 avril 1746 (A 2) dans les A.D. du Calvados (C 345). Victor Dubourg est né en 1715 à Espalion, de Digols ou Digou de La Cassagne (mort en 1743 : «depuis deux ans», A 1) et de Anne Dubourg (morte en 1745). Son père est originaire de La Cassagne, à 3 lieues d'Espalion, de famille noble et catholique ; sa mère est également originaire du Rouergue. Victor D. a deux sœurs religieuses à Saint-Génies et un frère, le R.P. de La Cassagne, augustin à Toulouse (A 2).

2. Formation

Il a fait ses études au collège des Jésuites de Toulouse jusqu'en rhétorique ; il fait son année de philosophie au Collège Royal de Paris en 1732 (A 2) et se destine très tôt aux belles-lettres.

3. Carrière

A Paris, il fréquente P. Crébillon, Fontenelle, l'abbé Chevet et l'abbé Séguy (A 1), publie des traductions de l'italien (Mérope de Maffei en 1743) et de l'anglais (Montesuma de Dryden en 1743) et un roman (Les Mémoires de la Comtesse de ***). Il fait la connaissance, en 1742, du baron de Pahi, probablement espion de Marie Thérèse d'Autriche, qui lui fait espérer une place de bibliothécaire et d'historiographe de l'Empire (A 2). Il quitte Paris en juillet 1744 et s'installe à Francfort où il entre en relations avec les ministres de Darmstadt, Saxe-Gotha, Wurtemberg, Brunswick et Cologne qui l'engagent à rédiger une chronique scandaleuse des cours européennes : L'Espion chinois. Le premier tome, paru en avril 1745, le fait soupçonner d'espionnage au profit de la «Reine de Hongrie» (A 2). Il est enlevé par la police du ministre d'Argenson en août 1745 «pour avoir distribué et fait distribuer des feuilles périodiques qu'il composait à Francfort avec la licence la plus effrénée et sans aucun égard au respect qui est dû aux têtes couronnées» (notice ms. du 9 déc. 1745, 3e pièce de C 345). Il est enfermé au Mont Saint-Michel sur lettre de cachet, le 22 août 1745, et placé dans la «cage de fer» d'où il ne sortira plus.

4. Situation de fortune

Sa famille est aisée et pourvoit en partie à son entretien jusqu'en 1744. Il vit également de ses travaux de librairie et reçoit 800 £ de sa traduction du Dictionnaire géographique de Laurent Echard. Au moment de son départ pour l'Allemagne, il a sur lui 1200 £ (A1). Il affirme ne pas avoir été payé par les ministres allemands pour L'Espion chinois, mais chacun d'entre eux lui a promis 40 ducats à la fin de la première année de publication, et le ministre de Saxe-Gotha lui offre 100 ducats pour la dédicace de sa première lettre (A 2).

5. Opinions

Ses sympathies vont au prince de Conti et à son entourage ; ses attaques s'exercent surtout contre l'alliance espagnole et contre Elisabeth d'Espagne, qu'il accuse de vouloir assassiner son mari : c'est là une des raisons probables de son arrestation (Beaurepaire, p. 496-497). Un chroniqueur écrit, le 13 février 1746 : «On a trouvé parmi les papiers du nouvelliste satirique qui a été arrêté à Francfort et qui est à présent dans la cage du Mont St Michel quantité de lettres de l'abbé Desfontaines où sont les principaux traits dont le nouvelliste a noirci le ministère de France et beaucoup d'honnêtes gens» (B.N., f.fr. 13903. f° 26 ; renseignement transmis par F. Weil). Les Bénédictins soulignent son absence de religion : « il est mort sans repentir et en désespoir après avoir déchiré tous ses habits» (lettre citée de Badier).

6. Activités journalistiques

6. L'Espion chinois paraîtra en deux volumes à Francfort, chez Muller en avril et en juin 1745, «A Peckin, chez Ochaloulou» (D.P.1 386). L'exemplaire conservé à l'Arsenal comporte 128 p. et 40 p. ; la 2e lettre du t. I est datée du 23 janvier 1745 (Beaurepaire, p. 485) ; le t. I comporte une clé que D. affirme n'avoir pas composée. Selon lui, une première édition, sous le titre du Mandarin chinois, ne comportait aucune clé et aucun nom «véritable» (A2) ; mais cette édition n'a pas été retrouvée et l'exemplaire qu'il a lui-même donné à Blondel, ministre de France à Francfort (et remis par celui-ci à la police) comporte bien la clé : c'est ce qui prouvera définitivement sa culpabilité (lettre de La Mazurie, président de l'élection d'Avranches à d'Argenson, 10 avril 1746, C 345). Le t. II est intitulé Le Mandarin chinois et s'interrompt après la 2e lettre (au lieu de 16 dans le t. I).

7. Publications diverses

D. déclare en 1745 (A1) être l'auteur des œuvres suivantes : Mémoires de la Comtesse de ***, chez Bienvenu, s.d. (non retrouvé). – Mérope, «tragédie de M. le marquis Maffei. nouvellement traduite par M. l'abbé D.B.», Vve Bienvenu, 1743. – Montesuma ou Fernand Cortez, «tragédie de M. Dryden, traduite par M. l'abbé D.B.», Lesclapart, 1743. – Dictionnaire géographique, traduit de l'anglais de L. Echard, Mérigoud, s.d. : il s'agit probablement du Dictionnaire géographique portatif publié en 1747 chez Didot et traduit par Vosgien, Ladvocat et Garnier après le départ de D. en 1744.

8. Bibliographie

B.H.C. ; Cior 18. – A.D. Calvados, C 345, dossier Dubourg. – Beaurepaire E. Robillard de, «Documents sur la captivité et la mort de Dubourg dans la cage de fer du Mont Saint-Michel», Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, t. XXIV, avril 1859, p. 479-498 : Beaurepaire a analysé les pièces du dossier Dubourg avec attention : l'essentiel de son information est repris dans l'article suivant, sans plus. – Mourlot F., «Un délit de presse au XVIIIe siècle, Victor Dubourg et la cage de fer du Mont Saint-Michel», La Revue normande, n° 9, janvier 1902, p. 225-233.

DUBOIS-FONTANELLE

Numéro

251

Prénom

Jean

Naissance

1732

Décès

1812

Jean Gaspard Dubois est né à Grenoble le 29 octobre 1737 (B.V. Grenoble, ms. R 7710, f° 61, R, M), de Pierre Dubois, procureur au Parlement et de Claudine Vaganay (M, D.B.F.). Son père Pierre Dubois était le descendant par les femmes du sculpteur Jacob Richier, dont il avait hérité la maison sur le quai où vivait sa famille à Grenoble (Pilot de Thorey). Il épouse, sans doute en France vers 1766, Marie Thérèse Anne Moll, née à Amsterdam vers 1741 (S, t. II, p. 274, n. 920).

2. Formation

Il fit ses études au collège des Jésuites de Grenoble ; encore inscrit au collège pour l'année scolaire 1754-1755 en classe de physique, il ne quitte sans doute Grenoble qu'en 1755. Sur la recommandation de son compatriote Mably, il devint secrétaire de Fréron puis rédacteur de L'Année littéraire (B.Un. ; F.L.; M).

3. Carrière

Ses débuts semblent avoir été difficiles ; dans une lettre du 1er janvier 1762 adressée à Baculard d'Arnaud, il évoque le temps où celui-ci l'a secouru alors que «tout le monde l’abandonnent» (B.V. Grenoble, ms. N 3515). Il tenta d'abord la carrière diplomatique et fut « attaché en qualité de secrétaire à l'ambassade de Hollande, d'où il ne revint qu'en 1762, après le rappel du comte d'Affry» (B.V. Grenoble, ms. R 7710, f° 61). A la fin de son séjour en Hollande, il suit l'ambassadeur sur les champs de bataille (camp de l'armée du Bas-Rhin). A son retour à Paris, il tenta la carrière littéraire et fit jouer deux comédies, Le Connaisseur (1762) et Le Bon Mari (1763), qui n'eurent aucun succès. Il acquit soudain la célébrité grâce à un drame, Ericie ou la Vestale, joué au Théâtre-Français en octobre 1767, interdit aussitôt par le censeur, puis par l'archevêque de Paris et par la Sorbonne (M.S., 30 oct., 1er et 12 nov. 1767). La pièce fut jouée à Lyon en juin 1768 et de nouveau interdite (M.S., 11 juin 1768) ; imprimée en Angleterre, elle fut lacérée et brûlée et valut aux colporteurs une condamnation aux galères (M.S., 20 oct. 1768 ; voir également la lettre de Diderot à Sophie Volland du 8 oct. 1768, Roth-Varloot, t. VIII, p. 186-187) ; elle ne fut jouée qu'en août 1789. D. est obligé de quitter précipitamment Paris en février 1770, pour échapper à des persécuteurs qu'il désigne dans une lettre datée de décembre 1769 : l'abbé T. et Christophe. Il s'agit sans aucun doute de l'abbé Terray et de Christophe de Beaumont. L'affaire de la Vestale, selon D., n'est pas le véritable motif de leur haine. Il écrit : «ma tragédie, bonne ou mauvaise, n'est qu'un prétexte dont le ministre des finances se sert pour cacher un véritable sujet de mécontentement. La plaisanterie sur la rescription des fermes est son grand grief : mais enfin on ne peut pas la regarder comme de moi ; elle a été faite par tous les intéressés. Il serait dur d'en être puni seul» (B.V. Grenoble, ms. R 6110). Il s'était fait connaître comme journaliste et accepte la proposition que Lacombe lui avait faite trois mois plus tôt, de diriger une gazette pour le compte du prince Maximilien. Il arriva à Deux-Ponts en 1770 et y demeura six ans. En 1775, il demande son aide à Turgot ; il écrit : «Mes persécuteurs sont deux prêtres, dont l'un était ministre et l'autre est archevêque». Il sollicite la protection de «l'homme éclairé qui réunit ce beau titre à celui de ministre qui jusqu'ici a semblé toujours exclure le premier». Ce serait le triomphe de la philosophie que de réparer le mal causé par la théologie. En janvier 1776, il annonce qu'il négocie la liberté de son retour à Paris et la vente de son établissement. En avril 1776, il écrit : « Mon exil finit ; je viens d'obtenir la liberté de retourner à Paris et d'y paraître comme si je ne l'avais jamais quitté, sans crainte d'être inquiété par personne. Le ministre qui m'en avait éloigné a perdu, avec sa place, le pouvoir de me nuire. L'archevêque de Paris n'en a guère» (B.V. Grenoble, R 6110). En novembre 1775 pour le remercier d'avoir «pendant six ans» assuré la fortune du journal, Maximilien accepta d'être parrain de Caroline à qui il assura une pension viagère de 300 £ (B.V. Grenoble, ms. 4736, pièce 6). Cette pension, payée jusqu'en 1791, rétablie en 1806, de nouveau interrompue, fit l'objet d'un procès de la part de Catherine Renauldon jusqu'en 1838 (ibid.). Cette sollicitude du prince à l'égard de Caroline suscita à Grenoble des commérages (S, p. 328 ; cf. note de H. Martineau, t. II, p. 274-275). A son retour à Paris en 1776, D. se consacra au journalisme. Au début de la Révolution, il se vit accuser, par des lettres anonymes, d'être protégé par le pouvoir royal. Panckoucke lui conseilla de s'effacer et de regagner le Dauphiné (Tucoo-Chala, p. 472). D. se retira à Grenoble et selon Stendhal, «fut trop heureux d'être professeur logé» (S, p. 331). En 1796, il fut nommé professeur de Belles-Lettres à l'Ecole centrale, nouvellement créée, et y demeura jusqu'en 1803 (R ; M). En 1808, il devient bibliothécaire de la ville. En 1809, lors de la création de l'Université impériale de Grenoble, il est nommé doyen et professeur d'histoire ; il prononce en 1810 le discours d'installation de la Faculté des Lettres (B.V. Grenoble, T 1458). Il est successivement membre, puis président de l'Académie delphinale où il présente plusieurs communications (Table des matières contenues dans les Mémoires de l'Académie Delphinale, S 1, 20, 39, 42 ; S 2, 38, 63, 64). Agé et malade, D. fut suppléé dans ses fonctions diverses de 1808 à 1812 par Champollion-Figeac (bibliothécaire-adjoint et secrétaire de la Faculté) et par Champollion le jeune, qui fut nommé professeur-adjoint de la chaire d'histoire, fut chargé de cours et prononça le discours d'installation de la Faculté à sa place.

A Paris, à partir de 1776, il habite «rue Thévenet au coin du cul de sac de l'Etoile», et à Grenoble, de 1796 à 1803, dans les locaux de l'Ecole Centrale, rue Neuve (adresse qui figure sur son acte de décès).

4. Situation de fortune

Sans fortune personnelle, il a mené une vie besogneuse. Stendhal parle de sa «pauvreté constante» (S, p. 328), de son «infortune constante» (p. 330), le montre «brisé par le malheur et par le caractère de sa diablesse de femme» (p. 332). A son arrivée à Paris, moins fortuné que les compagnons dont il partage les folies et les orgies, il paie son écot en écrivant et en lisant de petits contes immoraux en vers. Ni la littérature ni le journalisme ne semblent l'avoir enrichi. Après avoir travaillé huit ans à la Gazette de France, «il obtint les mille écus de retraite accordés à ses prédécesseurs immédiats. MM. l'abbé Arnaud, Suard et Bret : il n'en jouit que pendant dix-huit mois» (B.V. Grenoble, ms. R 7710, f° 61). La Révolution le priva de ce revenu et l'obligea à se tourner vers l'enseignement. A la fermeture de l'Ecole Centrale, il perd son traitement de professeur et vit chichement à Chimilin.

5. Opinions

Le scandale d'Ericie lui valut une réputation de philosophe militant qu'il n'avait sans doute pas cherchée. Commentateur politique du Mercure et de la Gazette, il eut plutôt le goût de la modération. Ennemi du despotisme, il fut cependant favorable à la Révolution et, selon le mot de Stendhal, «resta toujours citoyen français» (S, p. 331). Il participa à Grenoble aux fêtes révolutionnaires et fut choisi pour brûler les « rouleaux du despotisme» (A.D. Isère, LL 218). Idéologue convaincu, il se réclame, dans sa critique littéraire, de Locke, de Voltaire et de Condillac. Sa largeur d'esprit, son goût classique, sa vaste culture lui valurent l'admiration de ses élèves, en particulier de Stendhal (M ; Del Litto, p. 13 et suiv.). Quelques lettres de lui sont conservées à Grenoble (à Baculard d'Arnaud, ms. N 3515 ; au marquis Capacelli, B.V., mss N 1042 et 1907 ; à Champollion-Figeac, ms. N 1042, et à Chalvet, son prédécesseur à la Bibliothèque), ainsi que de nombreux brouillons de ses lettres (R 6110) et plusieurs manuscrits de ses articles (R 7710, R 9760).

6. Activités journalistiques

Il aurait collaboré à L'Année littéraire de 1754 à 1775 (B. Un.; F.L. ; R) : cette collaboration fut certainement épisodique, car sur ces vingt années, D. en passa environ la moitié à l'étranger. La biographie manuscrite de Grenoble ne parle que du Mercure, qu'il entreprit après sa traduction des Métamorphoses d'Ovide : « Le public accueillit aussi favorablement plusieurs morceaux littéraires qu'il inséra dans le Mercure de France, pendant neuf ans qu'il en dirigea la partie politique. C'est à ce travail qu'il dut ensuite la rédaction de la Gazette de France, qu'il garda pendant 8 ans» (B.V. Grenoble, R 7710, f° 61). Si l'on en croit cette chronologie, D. serait entré au Mercure vers 1770 ; il est entré à la Gazette en 1783. Son exil en 1770 paraît toutefois exclure une participation à la rédaction du Mercure ; tout au plus fut-il à cette époque correspondant du journal. Pensionné de la Gazette en 1787 ou 1788, il aurait perdu, dix-huit mois plus tard sa pension, sans doute au moment où il dut quitter Paris. Ces dates restent pourtant très hypothétiques et D., chargé dans ces journaux, de la «partie politique» a pu, à diverses époques, envoyer simplement des nouvelles des pays du Nord.

Il a collaboré à la rédaction de L'Observateur français à Londres en 1773, quand Damiens de Gomicourt, son fondateur, fit transférer le journal à Deux-Ponts (D.P.1 1076).

Journal de politique et de littérature, édité par Panckoucke, à Bruxelles et à Paris, 1774-1783 (réuni au Mercure en 1778 ; D.P.1 684) : D. y entre à la fin de 1776 (M.S., 6 déc. 1776), pour en assurer la partie politique ; il y demeure jusqu'en 1781, époque probable de son entrée à la Gazette de France ; mais il continuera d'écrire pour divers journaux de Panckoucke, notamment le Journal historique et politique (D.P.1 754) et le Journal politique de Bruxelles (D.P.1 777).

Gazette universelle de littérature ou Gazette des Deux-Ponts (D.P.1 507) : D. fonde en 1770 le bureau de nouvelles et la gazette, qu'il dirige jusqu'à la fin de 1775. Une lettre de Guynement de Kéralio (voir ce nom) à Gjôrwell (voir ce nom) en date du 29 juillet 1770 (fonds Gjôrwell de la B.R. de Stockholm) précise la date initiale de la direction de D. : il a pris en main le journal trois mois plus tôt (début mai), il y a déjà 500 souscripteurs ; Voltaire, d'Alembert, Diderot et Duclos ont honoré la gazette de leurs « suffrages » ; Kéralio se préoccupe de trouver des correspondants étrangers (et en particulier le journaliste Gjôrwell pour la Suède). Le 20 août 1770, D. écrit à Formey pour lui demander une contribution régulière : « des nouvelles fraîches et sûres et de tout genre, voilà à peu près ce qu'il faut pour la gazette politique ; la littérature demande de bonnes notices ; celles des ouvrages allemands et autres qui se publient dans le nord feraient beaucoup de plaisir en France, où l'on commence à connaître la littérature étrangère» (Staatsbibliothek Berlin, Nachlass Formey). Une dizaine de lettres de D. à Formey entre 1770 et 1775 semblent indiquer une collaboration suivie mais anonyme de Formey. Interrompue en 1781, la gazette prend en 1783 le titre de Journal de littérature française et étrangère, qu'elle garde jusqu'en 1792 ; mais à cette époque, D. n'en fait plus partie. Si l'on en croit les propos un peu vagues de Stendhal (S, p. 330-331), D. aurait gardé des intérêts dans la gazette jusqu'au moment de sa suppression par les armées de la Révolution. En fait le « Privilège de l'Etablissement d'une Imprimerie et de deux gazettes politique et de littérature» accordé par le duc de Deux-Ponts à Le Tellier en 1776 précise les possesseurs précédents de ce privilège : « d'abord [en 1769] le Sr La Combe, libraire», suivi par «le Sr Varennes, av1 au Parlement de Paris [jusqu'au 15 mai 1773]». Le privilège est renouvelé « à une société de gens de lettres et d'amateurs, laquelle [...] l'a transmis au Sr Fontanelle qui offre de le céder à Le Tellier» (privilège du 20 mars 1776, Landesarchiv Speyer B 2/225 ; voir Kuhn, p. 241-242). D. n'aurait donc gardé le privilège que de mai 1773 à septembre 1776 au plus. Jean Louis Castilhon, qui viendra lui-même à Deux-Ponts en 1777, donne dans une lettre du 19 janvier 1776 à D. quelques précisions sur le fonctionnement de l'entreprise au moment où se termine l'activité de son prédécesseur. Les frais de composition pour les deux gazettes s'élèvent alors à 8000 £, et le produit des ventes à 10 000 £ (H.S.D.). (Renseignements fournis par J. Schlobach).

Gazette de France : D. succède à Antoine Bret le Ier juillet 1783 ; il sera rédacteur unique de la Gazette pendant huit mois ; en mars 1784, Mallet Du Pan lui est adjoint pour la partie politique (G. Feyel, L'Annonce et la nouvelle : la presse d'information et son évolution sous l'ancien régime (1630-1788), thèse, U. de Paris IV, 1994, t. III, p. 980-981).

7. Publications diverses

Connu surtout par Ericie et par sa traduction des Métamorphoses d'Ovide en 1767, D. s'essaya successivement et sans grand succès à tous les genres à la mode : comédie sentimentale, drame historique, conte moral, traduction de romans anglais. Son Cours de Belles-Lettres, rédigé à l'Ecole Centrale de Grenoble (avec une préface du 20 septembre 1798) et publié en 4 vol., chez Dufour en 1813, reste son ouvrage le plus important. On trouvera la liste de ses œuvres dans Rochas et dans Cior 18, ^25518-25536. Y ajouter le recueil manuscrit de poésies fugitives et de contes rassemblés dans les deux volumes manuscrits «Mea Juvenilia» à la B.V. de Grenoble.

8. Bibliographie

B.Un.; Q. ; D.B.F. ; Tucoo-Chala. – A.D. Isère, fonds Masimbert. – B.V. Grenoble, ms. R 7710, f° 61-64, notice biographique anonyme ; ms. R 4736, correspondance de C.C. Renauldon ; ms. R 9760, «Coup d'œil sur la tragédie» de D. avec notes de l'abbé Gattel ; ms. R 6110, brouillons et minutes de la correspondance de D. – (R) Rochas A. de, Biographie du Dauphiné, Paris, Charavay, 1856. – Pilot de Thörey, notice bibliographique de D. et additifs : Revue des Alpes, n° 72 et 73, 1858. – (M) Martineau H., Petit Dictionnaire stendhalien, Paris, éd. du Divan, 1948. – (S) Stendhal, Vie de Henry Brulard, éd. H. Martineau, Paris, éd. du Divan, 1949. – Id., Vie de Henry Brulard, éd. V. Del Litto, Paris, Pléiade, 1982. – Del Litto V., La Vie Intellectuelle de Stendhal, genèse et évolution de ses idées (1802-1821), Paris, P.U.F., 1959- – Michel F., Fichier stendhalien, Boston, Hall and Co., 1964, t. I. – En ce qui concerne les gazettes de Deux-Ponts (renseignements fournis par J. Schlobach) : Pfälzisches Staatsarchiv Speyer, B2/225/3, fol. 16 ; (H.S.D.) Hessisches Staatsarchiv Darmstadt (Hausarchiv), Abteilung Du, Kon-volut 128 ; Kuhn K.H., Das Französischsprachige Pressewesen im Herzogtum Pfalz-Zweibrücken, diss. dact., Trier, 1989.