VENDOSME

Auteurs

Numéro

799

Prénom

Louis

Naissance

1re moitié du XVIIe s.

Louis Vendosme, fils de Jacques Vendosme et de Marguerite Castaing, protestants, est reçu libraire le 1er juillet 1627 (Haag). Il épouse en juin 1627 Alphonsine Gault dont il a cinq enfants : Louis (baptisé le 30 juin 1628), qui sera reçu libraire le 2 septembre 1650 et succédera à son père ; Valentin (1629) ; Balthasar (1633) ; Esther (1634) ; Matthieu (1636). Il épouse en secondes noces, en novembre 1640, Marie Danet dont il a également cinq enfants : Jeanne (morte en 1646) ; Anne (morte en 1665) ; Marc ; Suzanne (née en 1647) ; Nicolas (né en 1648).

6. Activités journalistiques

V., libraire protestant identifié par Haag, a pu être considéré comme l'auteur et l'éditeur de la première gazette française publiée à Paris, les Nouvelles ordinaires de divers endroits, dont le premier numéro peut être daté du 16 janvier 1631 : le n° 27, qui ouvre la série des vingt-trois numéros conservés à l'Arsenal, porte la date du 17 juillet 1631 (DPB, p. 44). Or le 30 mai 1631, Théophraste Renaudot obtient un privilège pour la Gazette, qui paraît régulièrement à partir du 4 juillet ; Renaudot y adjoint, à partir du 23 novembre, des «Nouvelles ordinaires de divers endroits», imitées du journal publié par V. et Jean Martin (voir ce nom). Ceux-ci continuent de publier les Nouvelles, qui, à partir du 19 septembre, paraissent le vendredi comme la Gazette. Renaudot parvient à débaucher leur traducteur, «Epstin» (Epstein), qui adaptait au goût du public parisien les nouvelles de Hollande et les courriers des banquiers. V., Martin et quelques libraires de Paris tentent de lutter contre le monopole de Renaudot, qui, selon eux, ne concernait que le bureau d'adresses. Ils gardent leur privilège pour les courriers occasionnels mais ne parviennent pas à faire saisir la Gazette. Leur requête, adressée au Conseil du roi entre le 26 octobre et le 7 novembre 1634 (texte publié par DPB, p. 6 7-72) est refusée. Un arrêt du roi leur enjoint « de ne point troubler Théophraste Renaudot dans l'impression de ses gazettes» (A.N., V° 88, n° 22, cité par DPB, p. 72-75). Les Nouvelles, ordinaires ou occasionnelles de Martin et V. continuent de paraître, au moins jusqu'en 1635 (ibid.). Il est moins évident aujourd'hui que V. et Martin aient lancé leur gazette en janvier 1631. Le contrat d'association entre V., Martin et Epstein, récemment publié par G. Jubert, est daté du 9 juillet 1631 et semble bien parler d'une nouvelle gazette. G. Feyel note que le n° 27 est en réalité publié sur un cahier A et que rien n'atteste l'existence de numéros imprimés de date antérieure (t. I, p. 168).

7. Publications diverses

Libraire établi «dans la Cour du Palais, place du Change, A la Ville de Venise», V. publie, en association avec Martin, plusieurs ouvrages, dont une Histoire du progrès des armes du roi de Suède en Allemagne (1631) et L'Histoire de Jean II de Portugal (1641).

8. Bibliographie

Haag. – (DPB) Dahl F., Petitbon F. et Boulet M., Les Débuts de la presse française, nouveaux aperçus, Goteborg, Paris, 1951, p. 67-75. – Jubert G., «La légende dorée de Theophraste Renaudot», Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1981, p. 141-162. – Feyel G., L'Annonce et la Nouvelle : la presse d'information et son évolution sous l'Ancien Régime (1630-1788), thèse, U. de Paris IV, 1994 ; Oxford, Voltaire Foundation, 1999.

VAILLANT

Auteurs

Numéro

790

Prénom

Pierre

Naissance

1688?

Décès

1761

Tout ce que l'on sait de la vie de Pierre Vaillant provient des Archives de la Bastille, Ars., ms. 11032, 11033 et 11034 ; ils contiennent les papiers saisis lors de son arrestation en 1728 ainsi que des notes prises lors de ses interrogatoires successifs, et un certain nombre de pièces annexes. Dans une note d'interrogatoire datée tardivement (et sans doute faussement) de 1756 (ms.

2. Formation

V. dut recevoir l'ordination à Troyes des mains de l’evêque J.B. Bossuet, appelant notoire. Il rétracte publiquement sa signature du Formulaire en 1724 (N.E., 22 nov 1734, p. 197). Il semble avoir subi fortement, à cette époque, l'influence de l'abbé Duguet ; parmi les manuscrits saisis lors de son arrestation en 1728, on trouve plusieurs copies de commentaires de la Bible par «Mr. l'Ab. D.G. », qui semblent bien venir du célèbre théologien janséniste ; Duguet avait résidé à plusieurs reprises à Troyes.

3. Carrière

Dans les pièces saisies lors de son arrestation le 21 juillet 1728, on trouve copie d'une longue lettre adressée à la princesse de Conti, veuve de Louis Armand de Bourbon-Condé (mort en 1727) ; V. écrit en particulier : «il y aura bientôt trois ans que j'ay eu l'honneur de trouver accès auprès de Votre Altesse». En 1725, il aurait été chargé par la princesse de négocier sa réconciliation avec le prince et, «grâce à la Providence», il y serait parvenu. Frappé de cette marque d'élection, il croit avoir trouvé dans la princesse de Conti une nouvelle Esther, chargée de conduire le combat contre les Jésuites, «des loups enragés et des Iyons furieux qui ne cherchent qu'à nous dévorer». Le 21 août 1728, il demandera à Hérault la permission d'écrire à la princesse de Conti, ainsi qu'à la duchesse d'Orléans, à Mme de Richelieu et au duc de Châtillon ; mais aucun de ces protecteurs supposés ne semble être intervenu en sa faveur.

« Cet ecclésiastique a joué un grand rôle dans le Parti dès avant l'année 1725. Il étoit chargé de la Procuration de l'Evêque de Senez. Il a été l'agent de M. de Montpellier» (ms. 11032, n. de 1756). Parmi les documents joints, on trouve effectivement une procuration de l'évêque Soanen à V., datée du 10 septembre 1725. V. semble avoir joué à cette époque un rôle d'agent des évêques jansénistes (Soanen, Bossuet, Colbert de Croissy). Il résidait alors à Troyes. Au début de 1728, il réside à Paris dans le quartier Saint-Médard, comme nombre de collaborateurs des Nouvelles ecclésiastiques. Son adresse est tantôt «à la communauté de Saint Hilaire, à la montagne Sainte Geneviève», tantôt «chez Monsieur Prudhomme, maître praticien rue du Temple», tantôt «chez Monsieur Moyneri, marguillier de St Médard, rue Neuve Ste Geneviève», chez qui il est arrêté. Condamné, comme auteur des Nouvelles ecclésiastiques, à trois ans de prison, il tente d'échapper à son sort en dénonçant au lieutenant Hérault les principaux auteurs des N.B. Il est relâché en juin 1731, avec notification de bannissement hors du royaume (N.E., 21 juin 1731. p. 121, et note d'interrogatoire de 1756). Il entre alors en clandestinité et reparaît en 1734 pour prophétiser au cimetière Saint-Médard : «Il en étoit le prophète, il couroit à Saint Médard, il se trouvoit aux assemblées des convulsionnaires, il étoit figuriste et annonçoit à tous que le prophète Elie étoit dans ce monde, ce qui donna occasion à des convulsionnaires de dire que l'abbé Vaillant étoit lui même le prophète Elie, ou du moins son précurseur immédiat [...]. L'abbé Vaillant, témoin de cette opinion, devint enthousiaste et conçut le dessein d'aller à Metz pour prêcher la Synagogue. Il partit de Paris au mois de mars 1734 avec une trentaine d'ecclésiastiques pour remplir, disait-il, sa mission. Les Juifs, après l'avoir entendu, se mocquèrent de lui et de ses compagnons » (note d'interrogatoire de 1756). L'affaire fit du bruit, et Barbier la résume sur le mode ironique dans son journal en décembre 1734. A cette époque, V. semble avoir rompu tous ses liens avec l'équipe des N.E. Le ms. 11032 contient une lettre de Mme Duguet-Mol, parente de l'abbé Duguet et personnage important du Parti, qui dénonce ses activités. La seconde arrestation de V. en mai 1734 et son incarcération à la Bastille ne soulèvent en fait que peu d'échos. Les N.E. se contentent de quelques lignes : «On apprend que quelques personnes malheureusement séduites et livrées à l'illusion, se sont répandues en diverses provinces pour y débiter qu'Elie est venu, que cet Elie est M. Vaillant (prêtre appelant, né de nos jours dans le milieu de la France), lequel est actuellement à la Bastille pour la deuxième fois, qu'il sortira de sa prison par miracle, qu'il sera mis à mort, etc.» (6 oct. 1734, p. 172). Une lettre de l'évêque de Montpellier du 10 novembre 1734 condamne définitivement les « rêveries » et les « extravagances » du dernier «figuriste» (N.E., 22 nov. 1734, p. 67). En octobre 1736, les vaillantistes se rassemblent une dernière fois pour prier devant la Bastille (ms. 11032, documents joints). En mai 1738, puis le 26 janvier 1739, V. signe une rétractation en forme, mais en vain (ibid.). Une dernière protestation parue sous sa plume dans les N.E. en 1739 (p. 67) ne recevra aucun écho. Il passera le reste de sa vie en prison. Les dossiers de la Bastille donnent une idée de sa vie de reclus : il écrit des commentaires de la Bible, une «prière pour les captifs», des dialogues entre un père et ses enfants, un «Mémoire pour demander la manifestation du prophète Elie et le rappel des Juifs » ; il demande un autel de marbre avec ornements (ms. 11033) ; il prêche les officiers de la Bastille en 1743 ; il fait scandale à la messe en septembre 1753. Il est soumis, à sa demande, à un nouvel interrogatoire le 25 mai 1756 et se dit malade. On lui rend tous ses effets le 15 octobre et on le transfère à Vincennes le 25 octobre.

4. Situation de fortune

Les requêtes de sa sœur et de son neveu montrent qu'il n'était pas sans fortune. Cependant, au moment de son arrestation, il avait accumulé de lourdes dettes dont il fait état dans une lettre au cardinal Fleury datée du 21 août 1728 : il se serait abandonné aux «désirs déréglés d'un cœur corrompu» et aurait vécu un certain temps dans le désordre. Dans les lettres saisies au moment de son arrestation, on en trouve plusieurs d'un créancier nommé «Huguenot» (ms. 11032, lettres, 13 mai et 7 juil. 1728).

5. Opinions

Avec Augustin Causse, dit le «Père Augustin», V. est le représentant le plus connu du mouvement figuriste. Persuadé que Dieu s'exprime dans le monde par symboles, figures et paraboles, il en vient à se sentir un acteur de l'Histoire sacrée. En 1725, il voit dans la réussite de sa mission auprès de la princesse de Conti une marque d'élection. Dans une lettre du 24 septembre 1728, il dit attendre un miracle qui le désigne ouvertement comme témoin de la vérité ; et le lendemain, il dénonce au commissaire Hérault tous ses confrères, avec la certitude affirmée de représenter le Christ sur terre et de susciter des martyrs. En 1734, il se découvre précurseur d'Elie et nouvel Elisée, d'où le nom d'« élysiens » donné parfois aux vaillantistes. Sa prédication, qui avait rencontré jusqu'alors un certain succès, tombe dès lors dans le ridicule. Après avoir joué pendant quelque temps le rôle de théologien du jansénisme radical, V. illustre les débordements du mouvement convulsionnaire et perd tous les appuis aristocratiques dont il avait joui de 1725 à 1731 (voir Maire).

6. Activités journalistiques

V. fit partie de la première fournée d'arrestations de 1728, au moment où Hérault tâchait de mettre la main sur les auteurs des Nouvelles ecclésiastiques. Lors de son arrestation, le 21 juillet 1728, on trouva chez lui une liasse de dix copies manuscrites des N.E., réunies dans le ms. 11032 et datées du 28 janvier au 6 mars 1728. La dernière de ces copies (du 6 mars 1728) représente visiblement un brouillon corrigé en vue de l'impression. V. fit certainement partie de la première équipe de rédaction des N.E., à la fin de 172 7. Dans la longue lettre de dénonciation qu'il rédige le 25 septembre 1728 à l'intention du lieutenant de police Hérault, il mentionne les lieux de publication de la gazette : «parce que vous êtes pleinement convaincu que les Nouvelles se font en Sorbonne ou à St. Magloire ou au Collège de Reims, ou à la Communauté de St Hilaire». Or lui-même résidait à la Communauté Saint Hilaire en juillet 1728 (lettre de C.B. Michelin, 11 juil. 1728, ms. 11032). V. mentionne en outre les principaux collaborateurs des N.E. :

«Voicy par ordre la liste des personnes que l'on vous a dénoncés pour être les autheurs etc. 1° Mr Boursier [Philippe Boursier]. 2° M. Foniclon. 3° le R.P. Vigier. 4° M. d'Etemal [Jean-Baptiste d'Etemare]. 5° Mr. Fernanville [Pierre-Simon Chaperou de Fernanville]. 6° Mr. Boucher [Philippe Boucher]. 7° Mr. Duguet de St. Etienne [Jacques-Joseph Duguet, natif de Montbrison]. 8° M. Basin. 9° Mr. des Essarts le Jeune [Marc-Antoine Desessarts]. 10° Mr. Fourqueveau Qan-Baptiste de Pavie de Fourquevaux]. 11° M. de Liège. 12° M. Joubert [François Joubert] etc. De tous ceux qui sont icy nommés, si vous en réservez les 3 premiers, il n'y en a point qui ne soit très bien avec l'Autheur, ou qui ne contribuent à l'impression des Nouv. Eccl. par les mémoires qu'ils fournissent».

On notera que V. ne nomme pas «l'Autheur» des N.E., soit que Hérault se réserve le cas, soit que l'un et l'autre ignorent son identité : c'est seulement à la fin de 1728 que Fontaine de La Roche prendra réellement la tête de la rédaction. Toujours est-il que sur les dix noms cités, il y en a six ou sept dont la présence dans l'équipe de rédaction des N.E. est attestée en 1728 et trois au moins qui furent réellement arrêtés (Boucher, Joubert, Desessarts) ; pour les nommer tous en septembre 1728, il fallait être singulièrement instruit des conditions d'élaboration du journal. Les dissensions internes de l'équipe semblent avoir joué un rôle dans cette étrange dénonciation : peut-être V. a-t-il été écarté de la rédaction dès mars 1728 ; en mettant à l'épreuve, comme il le dit, la «charité des frères», il paraît bien exercer une vengeance. La lettre de dénonciation de V. est en tout cas le document le plus complet et le plus fiable dont nous disposions sur la structure de l'équipe des N.E. en 1728 et sur ses lieux de publication.

7. Publications diverses

V. n'a rien publié, et toute son œuvre inédite paraît tenir dans les liasses de manuscrits 11033 et 11034 de la Bastille ; encore y trouve-t-on plus de copies que d'originaux. On peut sans doute lui attribuer les trois premiers cahiers du ms. 11033 : «Extraits des mémoires secrets de la conduite de M. le Cardinal de Noailles auprès du St Père et de Louis XIV au sujet de la Constitution Unigenitus», «Mémoire pour demander la manifestation du Prophète Elie et le rappel des Juifs», «Commentaire de Saint Marc», dialogues entre un père et ses enfants rédigés «depuis le 31 may 748. jusqu'au 30 mars 749». Le ms. 11034 contient un bréviaire de méditations journalières, des brouillons de sermons et un «Extrait des Divines Ecritures sur l'enlèvement et le retour du Prophète Elie » qui pourraient être de lui.

8. Bibliographie

Archives de la Bastille, Ars., ms. 11032, 11033, 11034. (N.E.) Nouvelles ecclésiastiques, années 1728, 1731, 1734, 1739. – Ravaisson, t. XIV. – Barbier, Chronique de la Régence, éd. Charpentier, t. II, Paris, 1858, p. 527. – Maire CL., Les Convulsionnaires de Saint-Médard : miracles, convulsions et prophéties au XVIIIe siècle, Paris, Archives Gallimard-Juillard. 1985, p. 137-138.

TROYA D'ASSIGNY

Auteurs

Numéro

783

Prénom

Louis

Naissance

1687?

Décès

1763?

Louis Troya d'Assigny est né, selon la F.L. de 1769, vers 1687 : il serait mort en effet «au mois d'octobre 1763, âgé d'environ 76 ans» (t. II, p. 112). Ces dates sont reprises par Feller-Weiss, mais Chalvet et Allard (Bibliographie du Dauphiné) repris par Rochas (Bibliographie du Dauphiné) le disent mort en 1772 à l'âge de quatre-vingts ans, ce qui le ferait naître en 1692. L'état civil de Grenoble n'a pas gardé sa trace. Selon Allard, il était l'oncle d'André Giroud, imprimeur-libraire à Grenoble. La femme d'A.

2. Formation

T. était «prêtre de Grenoble» (F.L. 1769 ; Feller-Weiss), mais on ne sait rien de sa formation ecclésiastique, qui fut certainement solide, si l'on en juge par ses écrits dogmatiques et ses traductions des Pères de l'Eglise. Attaché à la chapelle de la Salpêtrière (Rochas) puis de Bicêtre (Nouvelles ecclésiastiques), il fit appel de la Constitution vers 1722 (Rochas).

3. Carrière

Il fut l'une des premières victimes des enquêtes menées en 1727-1728 par Hérault, lieutenant-général de police et gouverneur de la Bastille, contre les rédacteurs supposés des Nouvelles ecclésiastiques (N.E.). L'«avis de l'éditeur» en tête des N.E. de 1729 (imprimé «avant les fêtes de Noël») cite «M. de Troya Prêtre, arrêté le 20 octobre de la même année (1728)». Un extrait d'une lettre de Paris (Supplément aux Recueils des ordres émanés de la Cour, joint aux N.E. à la fin de 1728) précise les circonstances de son arrestation : le sieur de La Chapelle, espion de Hérault spécialisé dans les «Nouvelles de l'Eglise», s'étant introduit dans la communauté de Saint-Hilaire sur la montagne Sainte-Geneviève, une vague d'arrestations s'en est suivie : «La chose paraît plus certaine à l'égard de M. Troya ; il s'était fié pleinement à lui, l'avait instruit de ses affaires et de sa correspondance» (N.E., Supplément, p. 7-8). La Suite des Nouvelles ecclésiastiques du 4 avril 1729 donne les dates de l'incarcération de T. : arrêté le 20 octobre 1728 et enfermé à la Bastille, il a été libéré le 9 mai 1729 (p. 16). Il ne fait guère de doute qu'avec T., Hérault crut tenir l'un des auteurs importants des N.E., mais la durée relativement brève de son incarcération suggère que l'on ne put rien tirer de lui. La Table raisonnée des N.E. en 1790 complète en quelques mots cet épisode : «Trahi par le nommé La Chapelle cru son ami ; visité en prison plusieurs fois par ce traître affectant de s'attendrir sur son état pour tacher de tirer de lui de quoi augmenter son oppression ; sa discrétion à ne rien dire à ce fourbe l'accusant partout pour couvrir ses trahisons d'avoir compromis quantité de personnes dans ses interrogatoires. 29.4 avril. 4e art. de Paris, n° IV, p. 62 ».

5. Opinions

Il fut dès 1727 l'un des plus farouches opposants à la Bulle (Dénonciation faite à tous les évêques, Amsterdam, 172 7), et se consacra désormais à la catéchèse selon les principes de Quesnel.

6. Activités journalistiques

Hérault l'a considéré, certainement à bon droit, comme l'un des membres de la première équipe de rédaction des N.E. Allard, qui semble tenir ses informations de Giroud, affirme qu'il «travailla aux Nouvelles ecclésiastiques de Boursier» ; il signale que «Giroud, libraire à Grenoble, son neveu» avait la collection de ses ouvrages. T. fut sans doute rédacteur au service de Philippe Boursier avant octobre 1728 (époque de son arrestation). Philippe Boursier avait été dénoncé par Vaillant (voir ce nom) comme premier auteur des N.E. en septembre 1728 ; T. lui-même n'était pas nommé dans la liste de dénonciation.

7. Publications diverses

7. Dénonciation faite à tous les évêques de l'Eglise de France, Amsterdam, 1727. – Catéchisme historique et dogmatique, La Haye, 1729, 5 vol. (en collaboration avec Fourquevaux). La Vraie Doctrine de l'Eglise, ou Suite du Catéchisme, Utrecht, 1751. – L a Fin du chrétien, Avignon [Paris], 1751. – Traité dogmatique et moral de l'espérance chrétienne, Avignon, 1753, rééd. 1755. – Saint Augustin contre l'incrédulité, Paris, Lottin, 1754, rééd. 1757. – Dissertation sur le caractère essentiel à toute foi de l'Eglise, Grenoble, 1755.

Traductions : Discours de saint Grégoire de Nazyance, 1735 ; Discours de saint Grégoire de Nazyance sur l'excellence du sacerdoce.

Cette liste est établie à partir de la F.L. de 1769 et de Rochas.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769 ; Feller-Weiss. – Allard G. et Chalvet P.V., Bibliographie du Dauphiné, Grenoble, Giroud, 1797. – Rochas A., Biographie du Dauphiné, Paris, Charavay, 1856.

TRONCHIN DUBREUIL

Auteurs

Numéro

782

Prénom

Louise de Roussillon

Naissance

1690?

Décès

1763

Louise de Roussillon est née à Celle vers 1690-1691, fille d'Armand de Lescours. On ne sait si son nom lui vient d'un premier mariage. Elle a épousé en 1716 César Tronchin Dubreuil (publication des bans le 20 août). Ils ont eu six enfants, dont Jean Pierre (1720-1789), Françoise Claudine, mariée le 29 juin 1746 à François Callas (ou Gallas), Eléonore Angélique Louise (1729-1797), mariée à Léonard Rutgers Davidsz. en 1756. Louise Tronchin Dubreuil meurt en 1763 (enterrement le 12 févr. à la Westerkerk, 1er classe).

3. Carrière

En 172 7, son mari, César Tronchin Dubreuil, devient seul propriétaire de la Gazette d'Amsterdam (G.A.). L'imprimerie de la G. A. prend de l'extension. En 1740, la famille est établie à la Prinsengracht ; à la mort de son mari, sa veuve déménage à la Herengracht. L'imprimerie se trouvait dans deux maisons de la Lange Leidse Dwarsstraat. Le propriétaire de ces maisons, Daniel Gongoux, semble avoir été le comptable de la G. A.

4. Situation de fortune

La fortune de T. fut sans doute considérable. Sa fille Françoise Claudine, lors de son mariage avec F. Callas, reçoit une dot de 1 0 000 florins, contre renoncement à ses droits sur la G. A.

Une dépêche de la Cour de France datée du 15 janvier 175 7 signale que « la De Tronchin » est « fort mal intentionnée pour la France» (voir art. «Mustel»).

5. Opinions

T. succède à son mari César à la direction de la G. A. en mars 1740. Elle obtient, le 17 septembre 1743, prolongation du privilège en faveur de ses enfants ; ce privilège entre en vigueur le 17 septembre 1751. Elle dirige la G. A. de 1740 à sa mort en 1763. Il ne semble pas qu'elle ait pris part à la rédaction. Dans son testament, elle déclare léguer 500 florins à «l'auteur Mustel de Candosse» (1713?-1771).

8. Bibliographie

Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel (1680-1725), Amsterdam, 1960-1967, t. IV, p. 145 et suiv. (d'où sont tirés tous nos renseignements).

9. Additif

Activités journalistiques : En décembre 1752, Rousset de Missy la montre furieuse d’un démenti que le libraire Marc Michel Rey voulait publier en réponse à un avis de la G.A. :cet avis apparemment anodin faisait allusion à une édition des Amours de Zeokinizul, pamphlet humoristique de Crébillon visant Louis XV et ses maîtresses ; la « Gazetière Tronchin » s’y oppose ; Rousset s’apprête à le publier dans sa revue, L’Épilogueur; « la Tronchin » se précipite chez lui « en furie » et exige la destruction des exemplaires déjà imprimés. Visiblement, elle ne souhaitait pas soulever un nouvel incident diplomatique avec la Cour de France (voir la lettre de Rousset datée du 13 décembre 1752 dans C. Berkvens-Stevelinck et J. Vercruysse, Le Métier de journaliste au dix-huitième siècle, Oxford, SVEC 312, 1993, p. 176-179). C’est en effet dans le maintien d’un équilibre entre l’indépendance de sa gazette et le respect au moins apparent des intérêts français que son rôle est le plus sensible. Pierre Rétat a montré comment dans les années 1750 elle affronte avec habileté les interventions de l’ambassadeur de France lorsque la G.A.publie des « détails trop circonstanciés sur la division entre le clergé et les parlements du Royaume » ; Mme Tronchin « dont les intentions ne sont peut-être pas mauvaises, mais qui s’expose au danger de voir interdire à sa gazette l’entrée dans ce Royaume » doit multiplier les déclarations de zèle, de respect, de dévouement pour conjurer l’orage (textes cités par P. Rétat dans « Les gazetiers de Hollande et les puissances politiques » dans Dix-Huitième siècle, n° 25, 1993, p. 323-324). En janvier 1757, quand la Guerre de Sept ans provoque un renforcement du contrôle de l’ambassade, une dépêche chiffrée révèle que l’ambassade tente de suborner le rédacteur de la G.A. : « Je sais que la D[ame] Tronchin a toujours été fort mal intentionnée pour la France, mais on m’assure que le s[ieur] Mustel qui est chargé de la rédaction de la gazette d’Amsterdam pense fort différemment » (ibid., p. 325). Louise Tronchin demandera simplement à Mustel de Candosse de ne pas insister sur les affaires intérieures de la France. Rien ne prouve qu’elle ait désavoué son rédacteur. (J.S.).

TRONCHIN DUBREUIL

Auteurs

Numéro

781

Prénom

Jean Pierre

Naissance

1720

Décès

1789

Jean Pierre Tronchin Dubreuil a été baptisé dans l'église wallonne le 28 juillet 1720. Il était fils de César Tronchin Dubreuil (1683-1740) et de Louise de Roussillon (1690?-1763). Mort le 27 février 1789, il est enterré dans la Westerkerk d'Amsterdam le 4 mars (V).

6. Activités journalistiques

A la mort de Louise de Roussillon, le 12 février 1763, il devient propriétaire, avec sa sœur Eléonore Angélique Louise (mariée en avril 1756 à Léonard Rutgers Davidsz.), de la Gazette d'Amsterdam. Il faisait partie, depuis le 17 mars 1749, de la corporation des libraires.

Dans son testament, passé par-devant le notaire Homrigh le 13 février 1789 (A.M. Amsterdam, acte not. 12494-12495, cité par V), il nomme sa sœur comme héritière. Il lègue 400 florins à Johannes Fredrick Kuhl (1748-1791), «auteur» de la Gazette, et stipule qu'il en restera l'auteur, Pierre Cotray demeurant le directeur de l'imprimerie. Pierre Cotray (1739-1799) achètera la Gazette à la veuve Eléonore Rutgers vers 1795.

8. Bibliographie

Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. IV, p. 145.

TRONCHIN DUBREUIL

Auteurs

Numéro

780

Prénom

Jean

Naissance

1641

Décès

1721

Jean Tronchin Dubreuil est né à Genève le 9 février 1641 de Jacques Tronchin et de Jeanne de Tudert (V, t. IV, p. 143). Il se marie avec Anne Marie Bastonnet, qui meurt à Balk (West-Frise) vers 1684. II eut d'elle plusieurs enfants dont deux fils, César (1683-1740) et Charles (1684-1727), qui lui succédèrent à la tête de la Gazette d'Amsterdam (voir ces noms). Il devient membre de l'église wallonne le 23 juillet 1690 en même temps que son frère Pierre (V, t. IV, p. 143). Il mourut à Amsterdam le 17 octobre 1721 et fut enterré à la Westerkerk le 21.

2. Formation

Selon H. de Limiers, son biographe, il se montra si précoce qu'à dix ans, il savait le latin et le grec ; on l'envoya à Saumur, où il fut nommé maître ès arts à l'âge de quinze ans et demi ; il commença aussitôt l'étude de l'hébreu. Malade des yeux, il se rendit à Paris où il fut remarqué par Colbert et Bossuet ; mais il refusa de se convertir et quitta Paris deux ans avant la Révocation.

4. Situation de fortune

Le 30 avril 1694, il reçoit 400 florins pour une correspondance secrète avec la France ; le 21 janvier 1695, il reçoit 185 florins pour avoir fourni des nouvelles pendant trois mois (ibid.).

6. Activités journalistiques

Dès son arrivée à Amsterdam, les magistrats cherchèrent à s'assurer ses services et à lui obtenir le privilège de la Gazette (Limiers, p. 692). Il publia, à l'occasion de la Révolution d'Angleterre, les Lettres sur les matières du temps, qui parurent de février 1688 à décembre 1690 (D.P.1 837). Bayle écrit à Minutoli, le 14 mars 1690 : «Mr. Tronchin Du Breuil qui faisoit autrefois les Lettres sur les matières du tems, a obtenu le privilège de faire une gazette» (cité par V, t. IV, p. 143).

T. est le fondateur de la seconde Gazette d'Amsterdam, qui paraîtra sous plusieurs titres jusqu'à sa mort et sera continuée par ses descendants jusqu'à la fin du XVIIIe siècle (D.P.1 495). Selon Limiers, la gazette de T. fut aussitôt appréciée, mais T. ne devint que difficilement propriétaire du privilège. Il publie d'abord le Nouveau Journal universel, édité chez Claude Jordan de 1688 à 1690 ; à partir du 20 mars 1690, époque à laquelle se réfère Bayle dans la lettre citée ci-dessus, le titre devient Gazette d'Amsterdam, mais la publication est interrompue peu après. Claude Jordan, qui possédait un privilège de quinze ans pour l'impression de l'Histoire abrégée de l'Europe, tente d'éditer la Gazette sous le titre de l'Histoire abrégée, mais la publication est interdite le 8 mai 1691 ; Jordan repart en France et T., qui venait d'obtenir un privilège pour le Recueil des nouvelles (1er août 1691), reste seul titulaire de la gazette, qui, à partir de 1693, paraîtra sans titre.

La Gazette, imprimée à Amsterdam chez «J.T. du Breuil», paraît tous les lundis et jeudis à partir du mois d'août 1691 (voir Amsterdamse courant du 30 août 1691), avec privilège des Etats de Hollande et de West-Frise (V, t. II, p. 38-40). H.P. de Limiers écrit dans le Journal des savants : « il commença la gazette en 1691 et son nom ne servit qu'à la faire rechercher davantage. Sur tout les recapitulations qu'il publioit à la fin de chaque année, où dans une demi-feuille il rappeloit d'une manière claire et concise tout ce que l'année avoit de plus important, feront à jamais et l'admiration du public, et le plus parfait modèle qu'on puisse se proposer en ce genre » (t. LXX, p. 689, cité par V, t. IV, p. 144).

7. Publications diverses

Limiers lui attribue : Entrée du Roi de la Grande Bretagne à La Haye, l'an 1691. – Relation de la campagne de Flandre et du siège de Namur en l'année 1695, La Haye, Bulderen, s.d. – Dialogues sur les matières du tems, D. Pain, 1700. – Remarques sur la lettre pastorale de M. l'Archevêque de Paris,

s.d.

8. Bibliographie

L'essentiel de ce que nous savons de T. vient de l'Eloge publié par H. Limiers dans le Journal des savants, éd. de Hollande, déc. 1721, p. 689-696. – Haag. – (V) Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. IV.

9. Additif

Deux articles simultanés traitent en 1999 de la carrière de Jean Tronchin Dubreuil : la notice de DP2 par J.S. et l’article d’Éric Briggs dans Gazettes et information politique sous l’Ancien Régime : « La famille Tronchin et Jean Tronchin, ; gazetier » (p. 87-96).

État-civil : L’adjonction de « du Breuil » à son patronyme pourrait provenir d’un remariage avec une Du Breuil vers 1686

Formation : E.B., dans son article, étudie l’origine des Tronchin, évoque les études de J.T. à Saumur avec Moyse Amyrant, son arrivée aux Pays-Bas et ses débuts littéraires, « tribut enthousiaste à Guillaume d’Orange » en 1692 et 1695 (p. 91).

Carrière : J.T. devient bourgeois d’Amsterdam le 2 novembre 1689, est admis au temple le 23 juillet 1690. Devenu informateur du gouvernement sur la politique française, il reçoit en juillet 1694 une pension annuelle de 400 florins, mais E.B. exclut qu’il ait été agent double.

Opinions : Trois extraits de ses rapports au Grand Pensionnaire en 1709 et 1713 (p. 95) illustrent une pensée très nuancée à la fois sur la France et sur la Grande-Bretagne(J.S.).

TRONCHIN DUBREUIL

Auteurs

Numéro

779

Prénom

Charles

Naissance

1684

Décès

1727

Charles Tronchin Dubreuil est né à Balk (West-Frise) en 1684. Il était le fils cadet de Jean Tronchin Dubreuil (1641-1721) et de Anne Marie Bastonnet, morte l'année de sa naissance. Il se marie en juillet 1714 avec Magdalena Le Roux (1686-1743), fille d'Alexandre Le Roux et de Magdalena Girardot (publication des bans le 26 juillet 1714). Il meurt le 23 novembre, est enterré le 28 novembre 1727 (V).

3. Carrière

Le 14 octobre 1702, T. est nommé courrier par le maire d'Amsterdam, à charge de la municipalité, pour les villes de Gorkum, Bois-le-Duc et Tilbourg ; il devient citoyen d'Amsterdam. Le 31 janvier 1703, il est nommé facteur pour porter lettres et argent au bac de Leyde ; il prête serment le 28 avril 1704. Le 30 avril 1704, il obtient permission d'envoyer des lettres à Bois-le-Duc sans affranchissement. Selon un acte du notaire de Marolles, le 23 janvier 1725, il est établi à Amsterdam, Lange Leidse Dwarsstraat, comme libraire. En 1727, il habite le Prinsengracht (V).

6. Activités journalistiques

Propriétaire, avec son frère César, de la Gazette d'Amsterdam de 1721 à 1727.

8. Bibliographie

(V) Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. IV, p. 144.

TRONCHIN DUBREUIL

Auteurs

Numéro

778

Prénom

César

Naissance

1683

Décès

1740

César Tronchin Dubreuil (ou Du Breuil) a été baptisé à La Haye le 28 mai 168 3. Il était fils de Jean Tronchin (1641-1721) et de Anne Marie Bastonnet (morte vers 1684). Parent de (Louis?) Tronchin, théologien genevois (Denis). Il devient membre de l'église wallonne le 27 septembre 1701. Il se marie en août 1716 (publication des bans le 20 août) avec Louise de Roussillon, fille d'Armand de Lescours (née vers 1690, morte le 12 février 1763).

3. Carrière

Il devient citoyen d'Amsterdam le 25 janvier 1706, est nommé éclusier des écluses de Saint-Antoine le 26 janvier, à charge de la mairie. Le 11 février 1723, il est autorisé à prendre un assistant et à partir en voyage ; cette permission est prolongée d'un an le 15 novembre 1724. Il est intéressé aux fermes de Genève (Denis).

6. Activités journalistiques

En 1719, Jean Robethon, réfugié français et conseiller diplomatique privé du roi d'Angleterre, intervint auprès de l'abbé Dubois pour que la Gazette d'Amsterdam, qui bénéficiait alors du « débit à Paris », ne soit pas remplacée comme gazette d'Hollande autorisée par la Gazette de Rotterdam dirigée par Janiçon, ancien collaborateur des Tronchin. A cette date, il est difficile de savoir qui dirige effectivement la gazette : sans doute Jean Tronchin avec l'aide de son fils, César. J. Tronchin Dubreuil se rend à Paris pour rencontrer le ministre (A.D.). T. est sans doute déjà associé à la direction de la Gazette d'Amsterdam ; «C. Dubreuil» (ou J., pour Jean?) écrit, le 6 février 1719, au chargé d'affaires français à Amsterdam, Chambéry, pour annoncer l'arrivée à La Haye de son «fils aîné», qui vient demander les consignes de l'ambassade en ce qui concerne la position de la Gazette à l'égard de la Constitution Unigenitus (Sgard, p. 285).

A la mort de son père, le 17 octobre 1721, T. devient propriétaire, avec son frère Charles, de la Gazette d'Amsterdam. A la mort de Charles, le 23 novembre 1727, il en reste le seul propriétaire jusqu'à mars 1740 (D.P.1 495). A ce titre, il annonce les éditions françaises autorisées. Voltaire a recours à lui pour favoriser l'édition revue des Eléments de la philosophie de Newton, et dénoncer les contrefaçons (lettre à Thiériot, 7 août 1738) ; il s'était lié à lui au début de 1737, par l'intermédiaire du médecin Théodore Tronchin (voir Voltaire, Correspondance avec les Tronchin, éd. P. Delattre, Paris, Mercure de France, 1950, p. 1) ; T. lui fait parvenir régulièrement des lettres de Frédéric de Prusse (févr. et juin 1737). Sur la succession des Tronchin Dubreuil à la tête de la Gazette d'Amsterdam, voir la notice de Jean Tronchin Dubreuil.

8. Bibliographie

A.A.E., C.P., Angleterre, 327, f° 109-110 : lettre de J. Robethon à Dubois, Saint-James, 11 déc. 1719 ; Hollande 337, lettre de T., 6 févr. 1719. – Denis P., Lettres, Paris, 1912, p. 158-159 : lettre de P. Bayle à l'abbé Dubos, 3 sept. 1696. – (V) Van Eeghen I.H., De Amsterdamse boekhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. IV. – Sgard J., « Le jansénisme dans les gazettes de Hollande (1713-1730)», dans Les Gazettes européennes de langue française : XVIIe-XVIIIe siècles, éd. H. Duranton, C. Labrosse et P. Rétat, U. de Saint-Etienne, 1993, p. 281-290.

SALTZMANN

Auteurs

Numéro

737

Prénom

Frédéric

Naissance

1749

Décès

1821

Frédéric Rodolphe Saltzmann (Haag), ou Salzmann (D.B.A.), est né à Strasbourg le 8 (D.B.A.) ou le 9 mars (Haag) 1749. Il était fils de Jean Rodolphe Saltzmann, pasteur à Sainte-Marie aux Mines et d'Elisabeth Saur. Sa généalogie a été en partie reconstruite par Haag (art.

2. Formation

Il passa ses premières années à Sainte-Marie-aux-Mines, sur la frontière franco-allemande, et semble avoir été parfaitement bilingue. Son père ayant été nommé à Strasbourg en 1759, quand S. avait dix ans, il put faire ses études à Strasbourg, au collège puis à l'université, où il étudia la théologie et la jurisprudence ; il fut reçu docteur en droit le 26 avril 1773 (D.B.A.).

3. Carrière

Ses études terminées, il voyage pendant un an en Suisse, en Italie du Nord et dans la France méridionale (D.B.A., d'après les «Mémoires ou souvenirs» de S.). A son retour, il obtient une place de précepteur chez le baron de Stein, futur ministre prussien, à Göttingen. Rentré à Strasbourg en 1775, il donne des leçons d'historiographie à l'université, mais son goût pour Voltaire et Gibbon semble avoir suscité la méfiance des autorités académiques (D.B.A.). L'appui des Stein lui permet de trouver une place de conseiller intime de la légation à la cour de Saxe-Meiningen-Cobourg, ce qui lui vaudra d'être anobli. A la tête de la librairie académique après son mariage, puis président de la Deutsche Gesellschaft (28 mars 1776), il est devenu l'un des grands notables de la ville. Favorable aux idées libérales, il est nommé en 1789 greffier de la Chambre des Tutelles et secrétaire du Comité de la Garde nationale. L'année suivante, il est membre, puis trésorier et enfin vice-président de la Société des Amis de la Constitution. Il est nommé notable du Conseil de la Commune le 11 novembre 1790, puis officier municipal chargé de la contribution foncière des villages, le 14 novembre 1791 (D.B.A.). Elu député, il siège parmi les Feuillants. Attaqué comme aristocrate et mis sur la liste des émigrés, il est destitué par Carnot, Prieur et Ritter le 22 août 1792. De retour à Strasbourg, il est membre du Conseil général du Bas-Rhin (9 nov. 1792) et officier municipal (6 déc. 1792), mais révoqué le 18 janvier 1793 et taxé à 60 000 £ par Saint-Just et Lebas, le 31 octobre 1793. Visé par un mandat d'amener, il se cache pendant un an et demi (28 févr. 1793-30 sept. 1794) à Nancy, Guebwiller, puis dans les environs de Lyon, à Tarare, Sainte-Colombe, Villeurbanne. Sa femme est incarcérée au séminaire de Strasbourg ainsi que ses deux sœurs (D.B.A.) ou plus probablement ses deux filles. Il revient à Strasbourg après la chute de Robespierre, et parvient, non sans difficulté, à obtenir sa radiation de la liste des émigrés. Il rétablit peu à peu sa fortune, publie beaucoup, surtout en langue allemande, et vit dans une demie retraite à Strasbourg jusqu'à sa mort.

4. Situation de fortune

Un riche mariage lui a permis d'acheter la librairie académique ; ses nombreuses fonctions officielles lui ont assuré par la suite un revenu assez important pour que lui et sa femme puissent verser les importantes cautions qui leur sont demandés pendant la Révolution.

5. Opinions

Représentant du Sturm und Drang alsacien des années 1770-1776, il manifeste très tôt son intérêt pour les idées philosophiques et réformistes, adhère d'emblée à l'idéal révolutionnaire. II fut très probablement franc-maçon (Taschenbuchfür Freymäurer, Frankfurt, 1780). Ami de la Constitution et partisan de la monarchie, il fut très vite suspect de modérantisme, puis d'aristocratisme, du fait de ses relations allemandes. Après la Révolution, il s'intéressa surtout aux théosophes et aux mystiques, fut adepte de J. Boehm et de Saint-Martin, publia en allemand une collection de textes choisis des grands mystiques (Es wird alles neu, 1802-1810). Durant toute sa vie, il fut un intermédiaire de tout premier plan entre la culture française et la culture allemande.

6. Activités journalistiques

Devenu titulaire de la librairie académique (vers 1775 ?), il bénéficiait de ce fait d'un privilège pour un journal politique, et du droit d'exploitation d'un cabinet de lecture (D.B.A.). Dès 1776, il a publié à Göttingen un Almanach des Muses pour 1775, suivi en 1777 d'un second volume pour 1776. En 1776, il fonde à Strasbourg une gazette hebdomadaire en langue allemande, Bürgerfreund (Haag), journal d'information générale qu'il rédige en collaboration avec Blessig, Oberlin, Jean Daniel Saltzmann (son cousin), J. de Türckheim, J. Lenz et H.L. Wagner (D.B.A.). En 1782, il lance une revue scientifique, mais y renonce rapidement pour revenir à la littérature. De 1787 à 1791, il publie en langue allemande un Avant-Coureurdestiné à fournir une liste des nouveautés françaises ; cette publication s'alliait peut-être à l'activité d'un cabinet de lecture.

Son projet ancien de créer un journal politique se réalise à l'approche de la Révolution. Il acquiert en 1788 le privilège des Affiches de Strasbourg, publiées jusqu'alors en allemand (D.P.1 65) et leur donne dès le début de janvier 1789 un contenu politique important, qui ne fera que croître à partir de mai. Il semble avoir contribué, à la même époque, au Courrier du Bas-Rhin (D.B.A.).

A partir de 1805, il dirige une revue religieuse en langue allemande, Christliches Erbauungensblatt.

7. Publications diverses

Liste de ses œuvres dans D.B.A. Dès 1774, S. a publié à Strasbourg des Tablettes chronologiques pour servir à l'histoire universelle, mais la plus grande partie de ses œuvres sont en langue allemande.

8. Bibliographie

Haag, art. «Saltzmann, Balthazar Frédéric». – (D.B.A.) Sitzmann F.E., Dictionnaire biographique des hommes célèbres d'Alsace, art. «Salzmann, Frédéric Rodolphe».

9. Additif

État-civil. Frédéric Rodolphe Saltzmann est décédé le 7 octobre 1821 à Strasbourg, âgé de 72 ans ; il était né à Sainte-Marie-aux-Mines (Archives en ligne de Strasbourg, D, 1821 p44/71). Il s'est marié au Temple Neuf le 12 janvier 1780 avec Marguerite Salomé Muller (Archives en ligne de Strasbourg, Temple Neuf, M, 1779-1787 p6/239). (Jean Pierre Bohin)

Activités journalistiques: On trouvera dans La Presse départementale en Révolution (1789-1799), au chapitre de l’Alsace, rédigé par Jean-Pierre Kintz, des précisions sur le rôle et les activités de Sallzmann (ou Saltzmann) durant la Révolution. S. achète les Affiches à Treutlinger en 1787 pour la somme de 8400 £ ; il les publie de juillet 1788 à décembre 1790 (p . 194). Sous sa direction, la feuille est devenue bilingue. À partir du 27 septembre 1797, la Strasburger Weltbote, qui lui fait suite, sera éditée par « la citoyenne Saltzmann », puis par son gendre, Jean-Henri Silbermann (p. 256). Frédéric Saltzmann, en tant que Feuillant, suspect de modérantisme, a fui la ville en février 1793, pour revenir en septembre 1794. En 1789, il avait fondé une gazette en allemand, Strasburger privilegierte Zeitung, supplément aux Affiches. Selon J.-P. Kintz, la gazette adhère à la Révolution en 1789, est d’esprit constitutionnel en 1790-1791, devient feuillante en 1792, puis patriote et jacobine en 1793-1794, pendant l’absence de S. (p. 254-255). (J.S.)

ROZIER

Auteurs

Numéro

720

Prénom

Jean Baptiste François

Naissance

1734

Décès

1793

Jean Baptiste François Rozier est né à Lyon le 23 janvier 1734 (état civil cité par B, p. 5). Son père, Antoine Rozier, était commerçant à Colombe en Dauphiné (D, p. II) ou, plus probablement, à Sainte-Colombe, près de Vienne ; il possédait en effet des terres à Sainte-Colombe et à Saint-Cyr au Mont-d'Or (B, p. 5) ; il avait été contrôleur provincial des guerres. La famille Rozier comptait, dit-on, huit enfants  (B.Un). À la fin de sa vie, R. vivait avec une sœur qui a fourni à Dugour plusieurs indications biographiques (D, p. XII).

2. Formation

Il fit ses premières études avec un instituteur (D, p. II), séjourna peut-être au collège des Jésuites de Villefranche (B.Un.), puis entra au séminaire Saint-Irénée de Lyon, dont le directeur, le P. Vidal, le prit sous sa protection. Quoique porté vers les études scientifiques, il se résigna à l'état ecclésiastique (D, p. III) ; mais dès le 31 juillet 1752, il était reçu maître ès arts de l'Université de Valence, et le 3 août 1755, docteur de l'Université (B, p. 8). À la mort de son père, en 1757, il reçut sa légitime tandis que le domaine familial passait à son frère aîné. R. en prit cependant la direction et se consacra à l'agriculture (D, p. 3).

3. Carrière

Il entre alors en relations avec Claude Bourgelat, directeur de l'école vétérinaire de Lyon, avec Claret de La Tourette et Pierre Jean Willermoz (cf. L. Trénard, Lyon de l'Encyclopédie au Préromantisme, Paris, P.U.F., 1958, p. 67). Quand Bourgelat est nommé à Alfort en 1765, R. lui succède à la tête de l'école vétérinaire de Lyon ; mais une brouille avec Bourgelat lui vaut d'être destitué l'année suivante (D, p. 4 ; B, p. 10). II publie ses premières Démonstrations en 1766 et reçoit le prix de l'Académie royale d'agriculture de Limoges ; en 1769, il est couronné par l'Académie de Marseille et se voit élu par de nombreuses académies et sociétés savantes (la liste en est donnée par C, p. 13). Il est chargé par Turgot de plusieurs missions dont une en Corse, d'octobre 1775 à mai 1776 ; en 1777, il se rend en Hollande avec Desmarets. À la même époque, le roi Stanislas lui offre la direction de l'enseignement agronomique en Pologne ; R. refuse ; Stanislas lui fait obtenir, en décembre 1779, le bénéfice du prieuré de Nanteuil-le-Haudoin (B, p. 18). R. achète, en juillet 1780, le domaine de Beauséjour près de Béziers, et y installe en 1781 une ferme modèle (B, p. 21-24), mais un procès avec l'évêque de Béziers au sujet d'un droit de passage le décourage ; il revend son domaine et, en 1786, s'installe à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse (B, p. 25). Il fonde, en décembre 1785, un cours gratuit d'agriculture (B, p. 27). Il devient chanoine d'honneur de Saint-Paul en 1787, est élu à l'Académie en 1788, et obtient la direction de la pépinière provinciale. Dès le début de la Révolution, il prend parti en faveur du nouveau régime, est nommé curé constitutionnel de Saint-Polycarpe (B, p. 29) et se consacre à sa paroisse. Il est tué par une bombe, dans l'exercice de ses fonctions, dans la nuit du 28 au 29 septembre 1793.

5. Opinions

Chargé de diverses fonctions officielles, auteur renommé, c'est pourtant à ses revenus ecclésiastiques que R. dut l'essentiel de sa fortune. Selon de Boissieu, il put acheter le Journal de Physique grâce au bénéfice que lui valut son titre de chevalier de l'Eglise de Lyon en 1771 (B, p. 13). Le bénéfice de son prieuré de Nanteuil lui permit d'acquérir le domaine de Beauséjour, puis de vivre de ses rentes, jusqu'en 1789. Dugour le considère avec raison comme un « philosophe » (p. XI). Il fut l'ami des encyclopédistes (Trénard, op. cit., p. 67), des physiocrates, et, à la fin de sa vie, des francs-maçons. Il fut inscrit à la loge des « amis réunis » (A. Le Bihan, Francs-maçons du Grand-Orient de France, Paris, Bibliothèque nationale, 1966). En 1768, il rencontra Jean-Jacques Rousseau à Lyon, herborisa avec lui dans le Lyonnais et fit en sa compagnie une excursion dans la Chartreuse. En 1776 cependant Rousseau lui reproche de s'approprier ironiquement la devise « vitam impendere vero » (en tête des Observations d'août 1776) et l'accuse de complicité avec les philosophes (quatrième promenade des Rêveries). R. eut pendant toute sa vie quelques amis fidèles, en particulier Claret de La Tourette, son associé à l'école vétérinaire de Lyon, et le médecin Gilibert, qui le recommanda à Stanislas et l'appuya à la mairie de Lyon jusqu'en 1793.

6. Activités journalistiques

6. Observations sur la physique, sur l'histoire naturelle et sur les arts : au début de 1771, R. rachète le privilège des Observations sur l'histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture, fondées par Jacques Gautier d'Agoty en 1752 et continuées épisodiquement par son fils, Arnauld Eloi d'Agoty (D.P.1 1089). Dans le «Tableau des matières», publié en prospectus puis en tête du premier volume en 1772, il annonce ses centres d'intérêt : la physique, la chimie, l'histoire naturelle et les arts «mécaniques» : l'agriculture, l'industrie, la médecine ; il laisse de côté la peinture et les beaux-arts en général : il souligne l'aspect «encyclopédique» de son entreprise (McKie, p. 73 et suiv.). Il donne des comptes rendus et publie des mémoires originaux, notamment de Lavoisier, de Priestley, de Black (McKie, p. 83 et suiv.). Distribuées par Le Jai, les Observations, souvent appelées «Journal de Physique», connurent un vif succès. Dugour parle de 1500 souscripteurs (p. 8) ; dans son Mémoire contre Dagoty, R. insiste plutôt sur les difficultés de la publication : il aurait perdu 3500 £ en 1771, 2800 £ en 1772, 1300 £ en 1773 ; s'il gagne 400 £ en 1774, il n'a encore en 1777, que 557 souscripteurs (Mémoire pour le Sieur abbé Rozier [...] contre le Sieur Jacques-Gautier Dagoty père, p. 8). En 1778, il entame un procès contre Gautier d'Agoty qui exige de lui une pension viagère de 9800 £ ; il affirme avoir créé un périodique original et défend son droit d'auteur (ibid., p. 5-8). Dès 1772, les Observations ont été lues comme un «supplément aux volumes des Académies » (ibid., p. 6), d'où le format « savant » in-4° qu'il a adopté en janvier 1773, après avoir publié 18 volumes in-12 (description par McKie, p. 79-81). R. poursuit régulièrement la publication à raison de deux volumes par an jusqu'en 1779. À cette date, il abandonne le journal pour se consacrer à son Cours d'agriculture ; les Observations sont reprises par Mongez qui les publie de 1780 à 1785 ; en 1794, elles prendront le titre de Journal de physique.

7. Publications diverses

L'ouvrage principal de R. est le Cours d'agriculture dont le premier tome parut en 1781 et le t. X en 1798 ; un supplément en 2 vol. parut en 1800. Une réédition fut donnée en 1800, en 10 vol., sous le titre de Cours complet d'agriculture avec la notice de Dugour sur la vie et les écrits de R. R. a publié en outre des Démonstrations élémentaires de botanique (1766, 2 vol.), un Mémoire sur la manière de se procurer les différentes espèces d'animaux (1774), une Nouvelle table des articles contenus dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris depuis 1666 jusqu'en 1770 (1775-1776, 5 vol.) et de nombreux mémoires sur la fabrication du chanvre, des alcools, des huiles, etc.

8. Bibliographie

8. B.Un. Mémoire pour le Sieur Abbé Rozier [...] contre le Sieur Jacques-Gautier Dagoty père, impr. Clousier, 1778 (B.V. Grenoble, Presse 1900). – (B) Boissieu A. de, Eloge de l'abbé Rozier, Lyon, Barret, 1832 (ouvrage couronné par l'Académie de Lyon lors du concours proposé sur ce sujet). – (C) Cochard, Notice historique sur l'abbé Rozier, Lyon, Ainé, 1832. – (D) Dugour A.J., «Notice sur la vie et les écrits de l'abbé Rozier», en tête du t. X du Cours complet d'agriculture, Paris, Librairie d'éducation, 1800,10 vol. – Thiebeau de Berneaud A., Eloge historique de l'abbé François Rozier, Paris, 1833. – Neave E.W.J., « Chemistry in Rozier's journal», Annals of Science, t. VI, 1950, p. 416-421 ; t. VII, 1951, p. 101­106, 144-148, 284-299, 393-400 ; t. VIII, 1952, p. 28-45. – McKie, D., «The Observations of the abbé François Rozier (1734-1793)», Annals of Science, t. XIII, 1957, p. 73-89.