VOYARD DU CHENAU

Auteurs

Numéro

808a

Naissance

?

Décès

?

On ne sait presque rien de Voyard, en dehors de son rôle d’intermédiaire entre le libraire Marc-Michel Rey et le ministre Malesherbes durant les années 1775-1777 ; et l’essentiel de ces renseignements vient de la correspondance Rey-Voyard, exploitée par Y. Z . Dubosq, dans Le Livre français et son commerce en Hollande. D’après Dubosq, V. travaille pour Rey d’avril 1775 à juillet 1777. « Religieux défroqué, marié et père de famille, Voyard de Chenau se vit obligé de travailler jour et nuit pour subvenir aux besoins des siens » .

2. Formation

Sa correspondance laisse entendre qu’il a séjourné à l’Oratoire, peut-être comme membre du chapitre ; il revoit en 1775 l’ancien général de sa Communauté, qui l’a beaucoup « caressé » (REY, 24 août 1775) ; il traite en 1776 avec un ancien confrère de la Communauté (REY, 27 juin 1776) ; travaillant en 1777 sur les conflits religieux, il constate qu’il n’a pas oublié sa théologie (REY, 27 mars 1777). En 1776, il a espéré vainement le soutien d’amis jansénistes (REY, 29 juillet 1776).

3. Carrière

V. travaille à Amsterdam comme correcteur d’imprimerie ; mais sa connaissance du milieu littéraire parisien et son « intelligence supérieure » (selon Dubosq, qui a tendance à le surestimer) lui permettent de fournir à Rey toutes sortes de renseignements sur les ouvrages en préparation et sur les contrefaçons, et parfois de lui procurer des manuscrits et des bonnes feuilles. Il peut fournir à Rey des copies que celui-ci publie rapidement, par exemple pour l’Histoire des Incas de Marmontel, dont il obtient un exemplaire avant publication, grâce à la complicité de la « brocheuse » (D., p. 67). Rey a eu recours à lui pour des éditions importantes, qui nécessitaient de la prudence et de la discrétion, ainsi pour la Lettre à d’Alembert et la Nouvelle Héloïse de Rousseau. Il apprécie ses services et les rétribue généreusement ; il lui adresse régulièrement des lettres de change : ainsi en six mois, une dizaine de lettres de 300 à 500 £ (p. 34). Grâce à Rey, V. peut engager un copiste à 25 £ par jour (p. 35), et même bénéficier d’une subvention de 1000 £ pour ses recherches, peut-être pour un voyage à Paris. De son côté, V. manifeste sa reconnaissance envers Rey, « homme de probité » (p. 34), remarquable par ses « procédés honnêtes et généreux » (17 octobre 1776). Il participe à son deuil lors de la mort de sa fille aînée (6 mars 1777). L’importance du rôle de V. est liée à ses relations avec Malesherbes, qui l’utilise de son côté pour sa connaissance du monde littéraire : V. rend au directeur de la Librairie des services appréciables en le renseignant sur les ouvrages susceptibles de permissions tacites (D., p. 121). V. écrit de Paris le 1er septembre 1775 : « Je suis ici sous la protection de M. de Malesherbes, à qui j’ai exposé tout mon cas. Il m’a fait avoir une audience de M. Albert, Lieutenant de police, qui m’a dit de vivre tranquille, et qui m’a assuré  que j’étais autant en sûreté ici qu’à Amsterdam » (D., p. 121). Ce propos laisse entendre que V. a travaillé à Amsterdam avant 1775, qu’il pourrait être suspect, et qu’au moment où Albert remplace le Lieutenant de police Le Noir, il peut être assuré de la complaisance du pouvoir. Les Mémoires secrets affirment, à la date du 27 août 1775 :  « Extrait d’une lettre d’Amsterdam du 21 août 1775... Il y avait ici un Français réfugié nommé Voyard, passé depuis quelques années en Hollande, qui avait embrassé la religion protestante, et s’était fait correcteur d’imprimerie. Il a travaillé pour le fameux Rey, et s’était surtout attaché à M. Changuion, dont il écrivait les Annales belgiques. Il y avait, depuis la révolution de la magistrature en France, fait constamment l’éloge de M. de Malesherbes. Depuis que ce magistrat patriote a été élevé au ministère, M. Du Clairon, le consul français dans cette capitale, a eu ordre de faire chercher M. Voyard : il lui a proposé un sort avantageux et fait quitter ce pays-ci... ». On suppose que V. a obtenu un poste au ministère ; d’autres le considèrent comme un agent double (Mémoires secrets, éd. C. Cave, vol. V, Champion 2010, p. 977-978) ; la correspondance de Rey prouve toutefois que Voyard, rentré effectivement à Paris en août 1775, a été déçu dans ses espérances.

4. Situation de fortune

En 1775, à la suite du départ de Malesherbes, il perd son soutien et vit petitement en chambre garnie (REY, 19 octobre 1775) ; son « bien être », écrit-il, est devenu « fort précaire » ( REY, 29 juillet 1776), et sa correspondance consiste en bonne partie en appels de fonds. À partir de juillet 1776, V. est appointé par Rey pour rédiger et annoter l’Extrait des Registres du Parlement, soit 17 volumes de manuscrits : Rey lui alloue 300£ tous les deux mois, mais V. avoue dépenser 160 £ par mois et multiplie les appels au secours. Il recevra au total 2125 £ 10 sous pour 4 volumes (REY, 26 juin 1777).

5. Opinions

Protégé de Malesherbes, et sans doute employé par lui jusqu’en 1775, il est partisan déclaré de la politique de Turgot et de Malesherbes, « bons citoyens » (REY, 27 juin 1776). Il se montre souvent hostile au clergé, qu’il considère comme soutien du « despotisme ».

6. Activités journalistiques

Voyard a dirigé et sans doute rédigé les Annales belgiques chez Changuion à partir de février 1772.

8. Bibliographie

Correspondance Marc-Michel Rey, Dossier Voyard, BVB Amsterdam (686.2 REY). – Y.Z. Dubosq, Le Livre français et son commerce en Hollande de 1750 à 1780, Amsterdam et Paris, 1925 (D.).

PIC

Auteurs

Numéro

636a

Prénom

Jean

Naissance

?

Décès

1712 ?

Sa date de naissance est inconnue. Besterman affirme que Jean-Baptiste Rousseau aurait substitué le nom de Pic à son véritable nom, Picqué, pour les besoins de la rime (Voltaire’s correspondence, D 39) ; mais tous les historiens de la musique le nomment bien Pic. D’après Louis Travenol, il serait mort en 1712 (Histoire du théâtre de l’Académie royale de musique, notice de Jean Pic, n° XIII, p. 206).

3. Carrière

Précepteur du marquis de Vaubrun, puis du duc d’Estrées, puis secrétaire d’Albert de Luynes, prince de Grinberghen (Examen critique et complément des dictionnaires historiques de Barbier, notice « Albert, Louis Joseph de »).

5. Opinions

Il se fit connaître comme librettiste d’opéras, et fut à l’origine de l’opéra-ballet avec les Saisons, mis en musique par Colasse en 1695 (C. Kintzler, Poétique de l’opéra français de Corneille à Rousseau, Minerve, 1901, p. 320). Rival de Jean-Baptiste Rousseau, il essuya de lui une épigramme grossière, intitulée la Picade, largement répandue dans les éditions des Oeuvres de Jean-Baptiste Rousseau de 1712, 1716, 1732 (« L’Opéra de Naples ou Picade », allégorie VII). Cette épigramme rendit tristement célèbre le nom de Pic, jusque dans les Causes célèbres de Gayot de Pitaval (t. VI, p. 8). Voltaire, dans une lettre de l’été 1714, place cependant l’abbé Pic très au-dessus de J.-B. Rousseau.

6. Activités journalistiques

P. s’est intéressé à la presse et a vivement critiqué le succès des nouvellistes par une pièce insérée dans le tome VI des Oeuvres de Saint-Évremond et reprise dans le Mélange curieux de1708 (« Les nouvellistes, lettre à Madame... », p. 174-181 »). Il a lui-même tenté de lancer un journal : les Dialogues de morale. L’abbé Dubos écrit à Bayle, dans une lettre datée du 19 décembre 1695 : « On joue [à] l’opéra avec succez Le Ballet des saisons, dont les parolles sont d’un Monsieur Pic, autheur de certains Dialogues de morale qui se debitent ici touts les mois » (Renseignement dû à la courtoisie d’Anthony McKenna).  Il reste deux exemplaires de ce périodique, qui n’eut sans doute qu’un seul numéro : Dialogues de morale, chez G. Desprez, rue Saint-Jacques, à l’image de Saint Prosper, 25 p. (BnF, cote R 18784). Un autre exemplaire, imprimé chez T. Girard, porte en note : « Privilège au Sieur abbé P*** » (Bibliothèque de Yale, Worldcat.).

7. Publications diverses

Outre les livrets des Saisons (musique de Colasse,1695), de La Naissance de Vénus (musique de Lully, 1696), d’Aricie (musique de La Coste, 1697), Pic a publié plusieurs ouvrages de morale, notamment les Devoirs de la vie civile (1681, 1686, 1700) et un Discours sur les bienséances (1688, 1689). Il a publié dans le tome VII du Recueil d’oeuvres de Saint-Évremond qui n’ont point encore été publiées (Paris, Anisson, 1701), une « Lettre sur les nouvelles pièces de théâtre » souvent commentée. Toutefois, il a eu la réputation d’écrivain à gages, ou d’auteur de louage, selon l’expression de Desmaizaux, qui écrit dans sa vie de Saint-Évremond : « L’abbé Pic publia en 1701 un livre intitulé Recueil d’ouvrages de Monsieur Saint Évremond qui n’ont point encore été publiés ; mais dans tout ce volume, il n’y avait de Monsieur de Saint Évremond que le commencement du parallèle de Monsieur le Prince et de Monsieur de Turenne ; et encore était-il tout changé » (éd. de 1753, p. 220). Cependant, René Ternois pose tout autrement le problème de la composition du Parallèle (Saint-Évremond, Oeuvres en prose, t. IV, p.412). On l’a accusé d’avoir publié ses propres productions dans le Recueil de différentes pièces de littérature de M.L.P.D.G. » (le Prince de Grinberghen). Fréron, dans un long compte rendu de L’Année littéraire en 1758, se montre plus précis ; il attribue Timandre à Albert de Luynes, puis une lettre en vers et en prose, suivie de quelques lettres de l’abbé P. : « sans doute de l’abbé Pic, car il est nommé dans la suite, le même contre qui Rousseau composa la Picade » (p. 75). Le Songe d’Alcibiade qui est d’Albert, eut  un grand succès en son temps, et fut attribué à Montesquieu (p. 81). Tour à tour accusé de nourrir les recueils d’oeuvres attribuées à Saint-Évremond, et de faire passer ses propres oeuvres en contrebande, Pic eut pour seul tort de se consacrer à des formes brèves et difficilement publiables, peut-être aussi de se partager entre le théâtre et la morale.

HÉBERT

Auteurs

Numéro

392a

Naissance

?

Décès

?

La France littéraire de La Porte de 1769 mentionne, parmi les « auteurs vivants », sous la rubrique « Hebert » (sans prénom ni qualité) : « Almanach des beaux Arts, ou description d’Architecture, Peinture, Sculpture, etc. de la Ville de Paris, 1762, 1763, in-24. Dictionnaire pittoresque et historique [1765]. Ichnographie ou Discours sur l’Architecture, Peinture, Sculpture et Gravure [1765] » [Nous suppléons les italiques].

6. Activités journalistiques

Ses ouvrages ont eu du succès : l’Almanach des beaux arts (1762) a eu plusieurs éditions ;  l’Ichnographie reçoit des commentaires favorables du Mercure, du Journal encyclopédique et de l’Avant-Coureur. Ce journal souligne en même temps la diffusion originale de la collection: « Pour mettre tout le monde, et principalement les disciples des écoles gratuites de dessin, à portée de se procurer avec facilité cet ouvrage dont l’utilité paraît si essentielle pour les élèves de la jeunesse de l’un et de l’autre sexe, l’on propose au public une souscription appelée Hebdomadaire Anglaise » : on verse trente sols d’entrée, et l’on paie ensuite cinq sols par semaine pendant près d’un an, pour cinq volumes brochés (lundi 2 novembre 1767, p. 702-703).

L’ouvrage le plus lu, et qui, mis à jour chaque année, peut apparaître, lui aussi, comme un périodique, est l’Almanach parisien en faveur des étrangers et des personnes curieuses, dont Daniel Roche a souligné l’intérêt dans une réédition récente (Publications de l’Université de Saint-Étienne, Collection « Lire le XVIIIe siècle », 2001 ; voir le « repérage des éditions », p. 34-36). Cet ouvrage est mis par La Porte sous le nom d’Alletz ; mais l’édition de 1772, « corrigée et considérablement augmentée » comporte une partie entière consacrée aux monuments de Paris. À propos des descriptions de Paris, le libraire précise : « Nous en sommes redevables à des Amateurs qui connaissent la beauté des arts, et qui savent les rendre dans les termes propres à chaque genre ». On peut reconnaître ici la manière de Hébert, raison pour laquelle Quérard puis Barbier attribuent avec raison l’Almanach parisien conjointement à Hébert et Alletz.

GUILLERAGUES

Auteurs

Numéro

377a

Prénom

Louis La Vergne de

Naissance

1628

Décès

1685

« Du lundi 4 décembre 1628, Gabriel de Lavergne, fils légitime et naturel de Me Jacques de Lavergne, sieur de Guilleragues, conseiller du roi en la cour et de dame Olive de Mullet, de la paroisse Sainte-Eulalie, a été baptisé et son parrain Monsieur Gabriel de Mullet, sieur de la Tour, et sa marraine, Damoiselle Isabeau de Lavergne ; naquit le samedi dix-huitième novembre dernier à dix heures du matin. [Signé :] Locamus, curé de la Majestat » (extrait baptistaire, paroisse Saint-André de Bordeaux, reproduit par F.D., p. XXIX).

2. Formation

G. passe son enfance à  Bordeaux et à Guilleragues (près de La Réole), puis entre à Paris au collège de Navarre. Il fait des études de droit, et sera nommé par la suite « avocat au Parlement de Bordeaux ».

3. Carrière

Une première partie de sa carrière se passe au service du prince de Conti, à qui il s’est lié durant la Fronde, et dont il devient secrétaire des commandements en 1654. En 1660, il acquiert la charge de premier président à la Cour des Aides de Bordeaux. Une fois Conti devenu gouverneur du Languedoc, il continue d’être son intendant et l’assiste chaque année aux États du Languedoc. À la mort du prince en 1666, il s’établit à Paris, fréquente les salons de Mme de Sablé, de Mme de Sévigné, de Mme de Lafayette. Commence alors une seconde carrière de G. En octobre 1669, il devient secrétaire ordinaire  de la Chambre et du Cabinet de Louis XIV. Il gagne la confiance du Roi et se voit chargé de contrôler la Gazette. En décembre 1677, il est nommé ambassadeur à Constantinople. Il remplit sa charge avec honneur, est obligé de régler le vif incident de Chio en 1681, négocie un accord avec le Sultan dont il obtient une grande audience en novembre 1684.

4. Situation de fortune

Grâce à la fortune de sa femme, il put acheter la charge de premier président de la Cour des Aides de Bordeaux. La vente de sa charge de secrétaire de la Chambre lui permit de payer les frais de son ambassade, mais il eut constamment, du fait de son train de vie magnifique, des problèmes d’argent, et mourut pauvre.

5. Opinions

En qualité d’ambassadeur, il a fait publier en 1682 une Relation véritable de ce qui s’est passé à Constantinople avec M. de Guilleragues, Ambassadeur de France (à Chio, 1682). Un résident hollandais, Justin Colier, y répondit par une Relation de ce qui s’est passé à Constantinople avec M. de Guilleragues, où on montre les bévues de la Gazette de Paris, s.l. , 1682.

6. Activités journalistiques

Durant l’été 1674, Colbert et le marquis de Seignelay confièrent à Guilleragues et à son ami  Bellinzani la direction de la Gazette ; la  guerre d’Espagne, qui  s’amplifiait depuis 1672 exigeait un contrôle rigoureux de la Gazette. Guilleragues l’assura jusqu’à l’été 1678. Nommé ambassadeur à Constantinople en décembre 1677, il rejoignit son poste en juillet 1679. Le niveau du journal s’était amélioré rapidement. Le 16 mars 1675, Bayle écrivait à Minutoli : « Il y a cinq ou six mois qu’on s’est mis sur le pied au Bureau d’adresse, de ne dire rien que sur de bons mémoires. D’ailleurs le style en est fort beau et fort coulant. On m’a assuré que M. de Guilleragues, secrétaire du cabinet, ou M. de Bellenzani, tous deux beaux esprits, la revoient fort exactement, et en ôtent, non seulement ce qu’il y a de fabuleux, mais aussi ce qui n’est pas assez élégant » (Cité par G. Feyel, p. 445-446). L’abbé Renaudot, détenteur du privilège, pourra lui reprocher plus tard son « esprit », et se flattera d’avoir remis la Gazette « sur un pied sérieux » (Ibid, p. 467). Mme de Sévigné, tout au contraire, apprécie cet esprit : « Guilleragues a fait des merveilles dans sa gazette ; mais je trouve les dernières louanges un peu embarrassées : j’aimerais mieux un style plus naturel et moins recherché » (À Mme de Grignan, 7 août 1675). Il reste néanmoins difficile de dire quelle fut sa part dans la rédaction de la Gazette. F. Deloffre a publié quelques articles qui sont sans doute de sa main, notamment une relation de la mort de Turenne et une relation de la bataille navale de Tabago (F.D., p. 197-218).

7. Publications diverses

La carrière littéraire de G. est restée quasiment secrète. Il fit paraître sans nom d’auteur en 1668-1669 les Valentins, œuvre mineure, et en 1669 les Lettres portugaises, qui sont sans doute de lui,  mais sa correspondance, éditée par les soins de F. Deloffre, n’en fait pas mention. Il fut l’ami de Molière et de Racine, qui ne le considèrent pas comme un écrivain. Seul Antoine Galland, qu’il accueillit dans son palais à Constantinople, garda sa mémoire. Il fut avant tout un gentilhomme et un homme de cour.

8. Bibliographie

« Vie de Guilleragues », dans Lettres portugaises, Valentins et autres oeuvres de Guilleragues, éd. F. Deloffre et J. Rougeot , Classiques Garnier, 1962, p. XXV-LXXXVI (F.D.) ; rééd., Genève, Droz, 1972. - G. Feyel, L’Annonce et la nouvelle, Voltaire Foundation, 2000.

CONSTANTIN DE MAGNY

Auteurs

Numéro

190a

Prénom

Claude Francois

Naissance

1692

Décès

1764

Claude François Constantin de Magny est né en 1692 à Reignier, dans le Genevois ; il était fils de « noble André Constantin de Magny », descendant de la branche cadette des Constantin. Il se marie le 10 juillet 1717 à Marie Gasparde de Copponay (contrat de mariage publié dans le vol. 32 des Mémoires et documents de la Société d’Histoire de la Suisse romande, p.

2. Formation

Il fit des études de droit à l’Université de Louvain, acquit le grade de docteur agrégé en droit et obtint une chaire de droit à l’Université de Turin. Il choisit cependant de faire carrière à Paris, et obtint en 1726 une place de bibliothécaire du maréchal d’Estrées, succédant ainsi à quelques années près à Denis François Camusat.

3. Carrière

D’après la notice du catalogue des livres de la vente Perret (vente du 31 mai 1860, p. 129), il serait devenu alors attaché de l’ambassade de Hollande, puis capitaine en Russie et enfin bibliothécaire du roi Auguste de Pologne à Dresde, vraisemblablement à l’époque de son second mariage. Il serait ensuite revenu en Suisse, pour créer à Lausanne un institut de sourds-muets, mais sans succès (B.un.).

6. Activités journalistiques

Il publie en septembre 1742 une petite gazette bi-hebdomadaire, Pallas guerrière et savante, à la fois politique et littéraire ; mais cette gazette n’a pas été retrouvée ; elle ne semble avoir eu aucun succès. Un mois plus tard, elle change de titre et devient L’Écho de la vérité, signalé le 23 octobre 1742 par la Gazette d’Amsterdam. Constantin a recueilli ces deux essais périodiques dans ses Oeuvres diverses de 1748, également disparues.

7. Publications diverses

C.M. s’est fait connaître en 1729 par le premier grand commentaire du Paradis perdu de Milton, traduit par Dupré de Saint-Maur : Dissertation critique sur le Paradis perdu « par M. C. de M. ». Cet essai a bénéficié de nombreux comptes rendus dans la presse du temps. Après quoi l’on ne connaît guère de C.M. que l’Olla podrida, s.l.n.d., réédité en 1755, sous le titre La Oille « mélange ou assemblage ».

8. Bibliographie

B.un. Mémoires et documents de la Société d’Histoire de la Suisse romande, vol. 32, 1893.

CAROLUS

Auteurs

Numéro

140a

Prénom

Johann

Décès

1634 ?

Johann Carolus est né dans une famille protestante d’Alsace ; son père était pasteur dans la région de Munster. On ignore la date de sa naissance. Il a épousé en 1599 la fille d’un cordier de Strasbourg, Anna Frölich, dont il a un fils, mort en 1640. J.C. est mort probablement en 1634, année où son fils hérite de son imprimerie.

2. Formation

J.C. fit un apprentissage de relieur et acquit en 1605 l’imprimerie fondée par Bernard Jobin et passée à son fils, Tobias Jobin, en 1604.

3. Carrière

Il ouvre alors un magasin près de l’église Saint-Thomas de Strasbourg. En 1617, il est conseiller presbytéral de Saint-Thomas, puis échevin de la tribu  des Échasses, groupement de corporations ; élu en 1629-1630, il est réélu en 1633-1634.

6. Activités journalistiques

Bien qu’il ait travaillé en terre allemande et essentiellement en langue allemande, son nom mérite d’être retenu ici en tant que fondateur de la première gazette européenne, collection de bulletins de nouvelles venues de d’Allemagne, d’Italie, de France. Ces collections de nouvelles qui portent les noms de Zeitungen, Avisen, Ordinarii Avisen, Relation, etc. ont d’abord été recopiées à la main ; après la 11e série manuscrite, en décembre 1605, Carolus demande au Magistrat de la ville de Strasbourg un privilège d’impression pour une publication hebdomadaire. Il ne reçoit pas de privilège, mais entreprend la publication. Il subsiste deux collections de cette gazette : l’une à la Bibliothèque de Heidelberg pour l’année 1609, l’autre à la Bibliothèque de Strasbourg pour l’année 1612. Chaque numéro hebdomadaire est composé de correspondances issues de cinq villes : Cologne, Rome, Venise, Vienne et Prague, ces villes servant de relais pour les parties les plus éloignées de l’Europe.

8. Bibliographie

Kintz J.P., « La création du premier hebdomadaire. 1605 » dans Histoire des familles, de la démographie et des comportements, hommage à J.P. Bardet, PUPS,  2007, p. 861-867.- Feyel, G., L’Annonce et la nouvelle, Voltaire Foundation, Oxford, 2000, p. 139.

WETSTEIN

Auteurs

Numéro

808b

Prénom

JEAN-JACQUES

Naissance

1693

Décès

1754

Jean-Jacques Wetstein est né à Bâle le 5 mars 1693, ancien style, le 15 mars, nouveau style (B.L., p. 114, note 164). Il était fils de Johan Rudolph W., pasteur à Bâle, helléniste et théologien renommé, et de Sara Sarasin. Il est mort à Amsterdam le 23 mars 1754, âgé de 60 ans. Le nom des Wetstein est souvent orthographié avec deux t (voir B.L., p. 114, note 163).

2. Formation

Très doué pour les langues anciennes et la littérature classique, il fut admis à l’Académie de Bâle à l’âge de treize ans ; il y suivit des cours de grec, d’hébreu, de mathématiques et de philosophie. En 1709, âgé de seize ans, il reçoit le grade de docteur en philosophie. Il poursuit alors ses études en théologie, et le 17 mars 1713, âgé de vingt ans, il soutient une thèse en exégèse du Nouveau Testament, et se voit nommé aux fonctions de ministre de la religion protestante. Avant de prendre un poste, il accomplit un voyage d’étude. Il passe par Zurich, Berne, Genève et Lyon avant de se rendre à Paris pour y étudier les manuscrits de la Bibliothèque royale. En août 1715, il passe en Angleterre, visite Oxford, Cambridge et Londres, rencontre Richard Bentley, avec qui il collabore en vue d’une édition du Nouveau Testament. Il passe alors trois mois à Paris, où il rencontre le P. Le Courayer, les PP. de Montfaucon et de La Rue. Il est rappelé à Bâle en juillet 1717, pour y prendre ses fonctions de pasteur.

3. Carrière

Par l’intermédiaire de son frère cadet Pierre W., il entre en contact avec ses parents libraires à Amsterdam, qui l’invitent à publier chez eux ses Prolégomènes  à l’étude des manuscrits du Nouveau Testament ; l’ouvrage paraîtra en mars 1730 et bénéficiera d’un extrait de la plume de Barbeyrac dans la Bibliothèque raisonnée. Cependant, il est suspendu de son ministère à Bâle et accusé de socinianisme. Il s’exile à Amsterdam et se voit confier un enseignement de latin, grec, hébreu et histoire religieuse, puis obtient la chaire de philosophie de Jean Leclerc au séminaire remontrant d’Amsterdam. Avant d’entrer en fonction, il revient à Bâle pour obtenir la révision de son procès, mais le Conseil ecclésiastique de Bâle refuse de le réhabiliter et W. s’exile définitivement à Amsterdam. Il devait être réhabilité deux ans plus tard, et nommé professeur de grec à Bâle en 1744, mais les autorités d’Amsterdam augmentèrent ses appointements, lui confièrent l’enseignement de l’histoire ecclésiastique et parvinrent à le garder.

5. Opinions

Les Prolégomènes, par leur rationalisme affiché, devaient inquiéter les théologiens de Bâle, même si W. s’était tenu rigoureusement dans les limites de l’orthodoxie calviniste. Les pasteurs reconnurent d’ailleurs leur erreur et rendirent hommage à la grande érudition de W.

6. Activités journalistiques

W. entra en relations avec les auteurs de la Bibliothèque raisonnée dès son arrivée à Amsterdam et publia un premier article dans la livraison de juillet-août-septembre 1733, sur un manuscrit édité par Jean-Jacques Breitinger. Il devait par la suite publier plusieurs articles relatifs à des éditions du Nouveau Testament, notamment sur le Commentaire du P. Hardouin en 1742, soit au total une dizaine d’articles. Son édition du Nouveau Testament grec (en deux vol., 1751 et 1752), avec un apparat critique considérable, devait faire école.

8. Bibliographie

Lente, W .J., Het Leven en werken von Johan Jakob Wetsttein, thèse de doctotat de Leyde, 1902. - Hulbert-Powell, John James Wettstein, 1693-1754, an account of his life... , London, [1938]. - Ces ouvrages ont été utilisés et commentés par Bruno Lagarrigue dans Un temple de la culture européenne (1728-1753). L’histoire externe de la ‘Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l’Europe’, Nijmegen, 1993, p. 114-126, (B.L.), ouvrage d’où sont tirées nos informations.

GAULTIER

Auteurs

Numéro

337a

Prénom

Jean-Baptiste

Naissance

1685

Décès

1755

Jean-Baptiste Gaultier est né à Louviers en 1685. Il est mort accidentellement, au retour d’un séjour à Louviers, le 30 octobre 1755 (N. et registre paroissial de Louviers, difficilement lisible)

2. Formation

Il fait ses études au séminaire janséniste de Saint-Magloire,  et sa théologie et sa licence « és lois » à la Sorbonne, mais évite de prendre un grade pour éviter d’avoir à signer le formulaire. C’est Pierre de Langle, évêque janséniste de Boulogne qui lui confère la prêtrise, puis le nomme promoteur et vicaire-général. G. lui consacrera en 1724 la Relation de ce qui s’est passé durant la maladie de M. de Langle

3. Carrière

À la mort de Mgr. de Langle, il  passe au service de l’évêque de Montpellier, Colbert de Croissy, dont il devient le « bibliothécaire », en fait le secrétaire particulier jusqu’à sa mort en 1737. Il écrira sa biographie dans une « préface historique » à l’édition de sa correspondance en 1740. Il revient alors à Saint-Magloire, pour y faire partie de la « première équipe figuriste » (C. Maire, p. 119). Il parvint à faire passer à l’église janséniste d’Utrecht les correspondances de Langle et de Colbert (Gazier, Histoire générale du mouvement  janséniste, p. 36).

5. Opinions

Il se fait connaître comme polémiste et apologiste par Le poème de Pope intitulé : Essay sur l’homme, convaincu d’impiété, lettres pour prémunir les fidèles contre l’irréligion (La Haye, 1746). Il y attaque le déisme et la religion naturelle, confondus par lui avec le spinozisme. Il favorise. les thèses parlementaires au moment de l’affaire des billets de confession, par sa Lettre à un duc et pair (26 octobre 1753), ouvrage qui est condamné au feu à Rouen le 20 février 1754. Par la suite, il attaque les jésuites, et notamment le P. Berruyer et le P. Hardouin, dans ses Lettres théologiques, ouvrage posthume (1756), le seul qu’il ait signé de son nom. Pierre Rétat l’a identifié comme l’auteur des articles des Nouvelles ecclésiastiques consacrés à la critique de L’Esprit des lois ; Gaultier s’y  réfère à plusieurs reprises à sa critique de Pope, y cite Spinoza, selon son habitude, et utilise des arguments qu’il reprendra dans Les Lettres persanes convaincues d’impiété en 1751 (Oeuvres complètes de Montesquieu, t. 7, Défense de l’Esprit des lois, E.N.S.- Classiques Garnier, 2010, p. 18).

6. Activités journalistiques

Les Nouvelles ecclésiastiques considèrent qu’il eut « une part singulière » à la rédaction des feuilles, en particulier lors de la crise parlementaire dans les années 1750 (cité par C. Maire, p.126). Les numéros consacrés à la critique de L’Esprit des lois dans le n° du 9 octobre 1749, puis du 24 avril 1750, en réponse à la Défense de l’Esprit des lois, constituent une réfutation minutieuse, en deux numéros entiers des N.E., pratique inhabituelle chez les rédacteurs, et  un exposé doctrinal complet. Montesquieu, constamment accusé de spinozisme et d’athéisme caché, devient une cible privilégiée, au moment où les jansénistes décident d’attaquer l’impiété mondaine. On trouvera dans le tome 7 des Oeuvres complètes de Montesquieu (éd. P. Rétat, 2010) une édition critique de ces deux numéros.

7. Publications diverses

L’étude de C. Maire comporte, p. 650-651, notes 21 et 22, une bibliographie complète de l’oeuvre de Jean-Baptiste Gaultier.

8. Bibliographie

Nouvelles ecclésiastiques, 14 mai 1756, p. 81-84 (N.E.). – Nécrologe  de Cerveau, t. II, p. 349 (N.). – Dictionnaire de théologie catholique, t.VI, p. 1167.- Maire, Catherine, De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Gallimard, 1998. - Oeuvres complètes de Montesquieu, t. 7, Défense de l’Esprit des lois, éd. Pierre Rétat, E.N.S.- Classiques Garnier, 2010). (J.S.)

BOURSIER

Auteurs

Numéro

107a

Prénom

Laurent François

Naissance

1679

Décès

1749

Laurent François Boursier est né à Écouen le 24 janvier 1679, fils d’un médecin. Il est mort à Paris, dans la paroisse de Saint-Nicolas-le-Chardonnet, le 17 février 1749 (Nécrologe).

2. Formation

Il fait ses études au collège des Quatre-Nations, puis entre au séminaire de Saint-Magloire. Il est maître ès arts en 1695, a pour maîtres en théologie Lestoc et Witasse, reçoit la prêtrise en 1704. Il est reçu docteur en 1710, avec une thèse consacrée à l’action de Dieu sur la créature. Le Traité de l’action de Dieu sur les créatures est édité en 1712 (2 vol. in-4°), réédité en 1713 (6 vol. in-12) ; il connaît un grand retentissement et provoque une réponse de Malebranche, Réflexions sur la prémotion physique (1715). Dès 1713, B. est considéré comme un des grands intellectuels de Paris, et Voltaire lui consacrera dans Le Siècle de Louis XIV une courte mais flatteuse notice  ; il est chargé, lors de la visite de Pierre le Grand à Paris de rédiger un projet de réunion de l’Église orthodoxe et de l’Église latine

5. Opinions

Janséniste formé à Saint-Magloire, il fait partie de la nouvelle génération de jeunes théologiens amenés à combattre la Constitution Unigenitus, promulguée en 1713, et à se former en parti. Catherine Maire lui attribue une place de premier plan dans la lutte des « militants », et le considère comme « chef politique » d’un mouvement dont l’abbé d’Etemare est le théoricien (De la cause de Dieu à la cause de la nation. Le Jansénisme au XVIIIe siècle, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1998, p.93). Quand le Régent échoue sur l’accommodement, Boursier anime la protestation des curés de Paris (Apologie des curés du diocèse de Paris). Il est la plume du parti : le texte de l’Appel est rédigé par lui ; il en est le premier signataire en décembre 1716. En 1728, le cardinal de Noailles accepte la Constitution, l’évêque Soanen est exilé, la Sorbonne est épurée et Boursier est déchu de son titre de docteur de Sorbonne ; il rédige la Protestation des docteurs exclus (1729). En 1735, il est exilé à Givet ; revenu à Paris, il vit jusqu’à sa mort dans la clandestinité.

6. Activités journalistiques

Il fait partie du petit groupe qui anime la lutte clandestine, à partir de 1728, et qui fonde les Nouvelles ecclésiastiques, et jusqu’à sa mort, avec l’abbé d’Etemare, il est à la pointe du combat contre l’Unigenitus. En 1732, il est dénoncé, avec le « bureau théologique » par Vailland (voir ce nom) ; en 1740, le commissaire Dubut le signale comme un des « chefs convulsionnaires » (C. Maire, ouvr. cité, p. 146). Le débat sur la nature des convulsions ébranle son autorité ; bien qu’il ait été le maître de Carré de Montgeron, historien et théologien des convulsions, il s’oppose en 1742  aux « secours violents » ou « meurtriers », et veut purifier l’oeuvre des convulsions ; il se retranche sur une position « mélangiste » et publie en 1743 son Mémoire théologique sur ce qu’on appelle les secours violents dans les convulsions (C. Maire, ouvr. cité, p. 348).

7. Publications diverses

Le Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes de Pluquet, Claris, Migne, etc. (1847) donne une bibliographie détaillée des oeuvres de Boursier.

8. Bibliographie

Cerveau, M., Nécrologe des plus célèbres défenseurs et confesseurs de la vérité, s.l., 1760-1778, 7 vol.- Pluquet, Claris, Migne, Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes, 1847 - Maire C., De la cause de Dieu à la cause de la nation. Le Jansénisme au XVIIIe siècle, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1998.

JONVAL

Auteurs

Numéro

419

Prénom

C.P.

Naissance

?

Décès

?

6. Activités journalistiques

C.P. Jonval écrit à Osterwald, le 2 avril 1772 (B.P.U. Neuchâtel, ms. 1170, f° 82) : «J'imaginai à Paris, il y a environ douze ans (1760) qu'un journal plus prompt qu'aucun autre pourrait avoir du succès, et je créai l'Avant-Coureur. Je l'ai fait quatre ans durant (1760-1763) de manière à être lu et recherché. Un voyage que je fus obligé de faire en province me le fit interrompre, et mon substitut aliéna les 7/8 de mes souscripteurs qui, ne trouvant plus le même style ni la même honnêteté, se dégoûtèrent de cette feuille. De retour à Paris après 18 mois d'absence, je fus forcé de l'abandonner vu le discrédit où elle était tombée». Le premier collaborateur et «substitut» de J. fut sans doute Meusnier de Querlon ; il est difficile de savoir qui fut le fondateur du journal, car J. tient visiblement à majorer la place qu'il y a tenue ; la France littéraire de 1769 mentionne, pour les années 1760-1766, Meusnier de Querlon et Boudier de Villemert, mais ne parle pas de Jonval. Il a toutefois rédigé la partie des spectacles de l'Avant-Coureur jusqu'en février 1764, date à laquelle il est remplacé par La Dixmerie (lettre de d'Hémery du 28 février 1764, n.a.fr. 1214, p. 429). Il est signalé comme collaborateur de l'Avant-Coureur par d'Expilly le 1er avril 1764 (f.fr. 22085, p. 1). Voltaire s'inquiète à plusieurs reprises de l'identité du rédacteur de L'Avant-coureur, sans succès (D 9128, 9159, 17643, 17738). Palissot le nomme dans ses Mémoires littéraires (Oeuvres complètes, Londres et Paris, 1775, 6 vol., t. IV, p. 496), comme un parfait inconnu. Dans une lettre du 8 mai 1772 à Osterwald (ibid., f. 84), J. affirme avoir collaboré également au Journal des Savants, apparemment à l'époque où il rédigeait l'Avant-Coureur.

7. Publications diverses

Les deux lettres citées permettent de dresser une première liste des oeuvres de Jonval, mais il est visible qu'il fut avant tout correcteur, chargé d'éditer des textes, de fournir des notes et des tables, de revoir parfois des manuscrits, et l'on ne peut donner que sous toutes réserves la liste des ouvrages dont il se déclare l'auteur : la table des matières de l'Esprit des lois (sans doute celle de l'édition de 1758), pour le compte de Montesquieu, dont il dit avoir été l'ami. – Giphantia (1760), traditionnellement attribué à Tiphaigne de la Roche. – les Bigarrures philosophiques (1759), également attribuées à Tiphaigne. – les Erreurs instructives (1765).

Tombé malade, il se retire en province, sans doute vers 1765, et se met au service de l'archevêque de Narbonne, pour qui il compose les tables des Arrêts, délibérations, etc. du Languedoc jusqu'à l'année 1768, puis l'Extrait sommaire et raisonné des procès-verbaux de l'Etat. Après quoi il perd sa place, fait «banqueroute» et s'adresse à la Société Typographique, en offrant ses services pour un salaire de 1800 £, apparemment sans succès.

8. Bibliographie

D.P.1 129, p. 152 – Voltaire, Coprrespondance, éd. Besterman.

9. Additif

JONVAL, Pierre Cabanès de (1725 ?-1778 ?)

État-civil: La Bibliothèque universelle le nomme « Cabanis-Jonval, Pierre », le fait naître à Alais en 1725, et mourir à Bruxelles en 1780. Le seul document un peu précis le concernant est une lettre du libraire lyonnais Delaroche, datée du 21 mars 1771, qui présente à Weissenbruch propriétaire du Journal encyclopédique, un journaliste, véritable « bibliothèque vivante » : Cabanès de Jonval, originaire d’Arles, qui « a eu part à bien des ouvrages qui ont eu du succès ». Jonval s’installe à Bouillon, où il mourra en 1778 (Le Journal encyclopédique et la Société typographique, exposition du Musée ducal, Bouillon, 1955, p. 26 ; archives Weissenbruch, liasse Pierre Rousseau, correspondance passive, Delaroche).Parfois confondu avec Jean Gal, dit Gal-Pomaret ou  Jonval, pasteur du désert, correspondant de Rousseau et de Voltaire.

Activités journalistiques: Voltaire écrit à d’Argental, le 10 août 1760 : « Un folliculaire qui fait la feuille intitulée L’Avant-Coureur, nommé Jonval, demeurant quai de Conti, m’a mandé qu’on lui avait donné L’Oracle des philosophes à annoncer. [...] Ce Jonval l’annonçait donc, et en même temps le dénonçait aux honnêtes gens comme un plat libelle. Il prétend que son censeur qu’il ne nomme pas lui a rayé son annonce et lui a dit, si vous tombez sur V. on vous en saura gré, mais si vous voulez défendre V., on ne vous le permettra pas... » On ne trouve pas trace de cette annonce dans les nouvelles littéraires de L’Avant-Coureur de 1760, journal qui d’ailleurs ne publie pas d’annonces ; mais Jonval est peut-être un peu trop indulgent envers Fréron et Palissot, au gré de Voltaire. Le témoignage de Voltaire prouve au moins qu’en 1760, J. pouvait être considéré comme le fondateur de L’Avant-Coureur, mais Voltaire s’inquiète à plusieurs reprises de l’identité de son  rédacteur, sans succès (D 9128, 9159, 17643, 17738).

Jonval écrit à Ostervald, le 2 avril 1772 (B.P.U. Neuchâtel, ms. 1170, f° 82) : « J’imaginai à Paris, , il y a environ douze ans [= 1760] qu’un journal plus prompt qu’aucun autre pourrait avoir du succès, et je créai L’Avant-Coureur. Je l’ai fait quatre ans durant [=1760-1763] de manière à être lu et recherché. Un voyage que je fus obligé de faire en province me le fit interrompre, et mon substitut aliéna les 7/8 de mes souscripteurs qui, ne trouvant plus le même style ni la même honnêteté, se dégoûtèrent  de cette feuille. De retour à Paris après 18 mois d’absence, je fus forcé de l’abandonner vu le discrédit où elle était tombée ». Le premier « substitut » de J. fut sans doute Meusnier de Querlon, qui n’est pas un médiocre ; mais Jonval qui, à cette époque, cherche à se faire engager comme journaliste, tend à majorer sa contribution au journal. Il a certainement assuré la partie des spectacles jusqu’en février 1764, date à laquelle il est remplacé par La Dixmerie (lettre de d’Hémery, 28 févr. 1764, n.a.fr. 1214, p. 429). Il est encore signalé comme collaborateur du journal par d’Expilly le 1er avril 1764 (f.fr. 22085, p. 1). Palissot le nomme dans la Dunciade et dans ses Mémoires littéraires (Oeuvres complètes, Londres et Paris, 1775, t. IV, p. 496), mais sans le connaître.

J. affirme, dans une lettre à Ostervald du 8 mai 1772, avoir eu part au Journal des savants, apparemment à l’époque où il rédigeait l’Avant-Coureur. À partir de 1772, il est probable qu’il collabore au Journal encyclopédique pour la partie spectacles.

La B.un. affirme, sans citer de source, que J. était ami d’enfance d’Helvétius, qu’il fut son secrétaire et parcourut à sa demande la France et l’étranger pour arrêter le circulation de De l’esprit. La Correspondance générale d’Helvétius fait état d’un secrétaire d’Helvétius nommé Jonval ou Jouval (t. II, p. 22, 34 et note ; t.III, p. 60 ; t. IV, p. 352 ; t. V, p. 50 et note), mais rien ne prouve qu’il s’agisse du même personnage.

Publications diverses : Dans ses deux lettres à Ostervald, au moment où, sans doute il espère entrer à la Société typographique de Neuchâtel, il s’attribue un certain nombre d’éditions, dont celles de la Gigantie et des Bigarrures philosophiques, de Tiphaigne de La Roche ; il affirme également avoir composé les tables de L’Esprit des lois, ouvrage dont il fait le compte rendu dans L’Avant-Coureur. J.  a écrit un roman, Les Erreurs instructives (1765), qui a été éreinté par Grimm dans la C.L. (VI, 421).

Bibliographie : B.un. - Le Journal encyclopédique et la Société typographique, exposition du Musée ducal, Bouillon, 1955 ; archives Weissenbruch, liasse Pierre Rousseau, correspondance passive, Delaroche.- Wagner, J., notice de L’Avant-Coureur, DP2, n° 129 (J.S.).