MALLET

Numéro

541

Prénom

Paul Henri

Naissance

1730

Décès

1807

2. Formation

Il fait ses études à l'Académie de Genève puis se charge de l'éducation des enfants du comte de Calemberg.

3. Carrière

Après différents séjours à La Haye et Paris (B.N., f.fr. 296, f° 50 et suiv.), il est nommé en 1752 professeur de belles-lettres à l'Académie de Copenhague, où il succède à La Beaumelle. Il y est attendu au début d'octobre (lettre de Roger à Bonnet, 13 juin 1752, B.P.U., fonds Bonnet 24, f° 112). Il publie en 1753 à Copenhague son Discours prononcé à l'ouverture des leçons publiques de belles-lettres françaises. Son Introduction à l'histoire du Danemark (Copenhague, 1755) attire sur lui l'attention du roi Frédéric V qui lui confie l'éducation du prince Christian. Cette éducation terminée, M. rentre à Genève où il est nommé en 1760 professeur d'histoire à l'Académie. En 1764, il est nommé membre du Conseil des Deux-Cents, puis résident du landgrave de Hesse-Cassel près des républiques de Berne et de Genève. Il s'attache ensuite à Lord Mount-Stuart qu'il accompagne en Italie et en Angleterre ; il est présenté à la reine Sophie Charlotte qui le nomme son correspondant littéraire en Europe (Feller-Weiss). Membre des académies de Lyon, de Cassel, d'Upsal, pensionné par les ducs de Brunswick après la publication de l’Hitoire de la maison de Brunswick (Genève, 1767) et par le du de Hesse pour la publication de l’Histoire de Hesse (1767-1784). M est riche et considéré. La révolution helvétique le prive de tous ses biens et pensions en 1798. a le fin de sa vie, le gouvernement impérial le dédommage partiellement.

5. Opinions

Protestant d'origine, il reste lié aux milieux protestants de Genève (correspondance de Vernes et de Bonnet, B.P.U.) ; à ses débuts, il bénéficie de la protection de Voltaire : « il ne tient qu'à lui», écrit-il en 1753, «de me fourrer dans toutes les académies de l'Europe» (lettre à Vernes, 17 avril 1753,B.P.U., ms.fr. 296, f° 91).

6. Activités journalistiques

Peut-être a-t-il collaboré vers 1753-1754 à l'Abeille du Parnasse (Berlin, 1750-1759) ; une correspondante de Roger parle d'un «professeur à Copenhague» (lettre de Mme de Casenove à Roger, 12 janv. 1754, B.P.U., suppl. 738, f° 80).

De 1753 à 1755, il dirige le Mercure danois : «un journal à diriger, du moins en grande partie», précise-t-il à Vernes le 17 avril 1753 (B.P.U., ms. fr.) 296, f° 91) ; le responsable de l'entreprise est le ministre d'Etat du Danemark (sans doute Bernstorf) : « tout passe sous la coupelle d'un seigneur à qui je dois beaucoup» (lettre de M. à Bonnet, vers 1754, ms. fr.296, f° 104). Voir D.P.1 916.

Il fut sans doute le principal rédacteur des Nouvelles de la République des Lettres de septembre 1776 à août 1777 (D.P.1 1017) ; il semble avoir essayé de lancer en 1777 un nouveau journal, les Observations périodiques sur la philosophie et les belles-lettres (D.P.1 1087), mais sans succès.

M. a collaboré épisodiquement au Journal de Genève et au Journal helvétique.

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 42035-42056.

8. Bibliographie

F.L. 1769 ; Haag ; Feller-Weiss ; D.L.F. – Sismondi S. de, De la vie et des écrits de P.H. Mallet, Genève, 1807. – Senebier J., Histoire littéraire de Genève, Genève, 1786, t. III.

VAQUETTE D'HERMILLY

Numéro

796

Naissance

1714?

Décès

1778

Il est né selon les uns à Amiens en 1710, selon d'autres à Paris en 1705, ou à Paris d'une famille originaire d'Amiens (F.L.). Le nom n'apparaît pas dans les archives et bibliographies d'Amiens. Le renseignement le plus sûr est fourni par une fiche de police de 1749 qui lui donne alors trente-cinq ans (B.N., n.a.fr. 10781, f° 145), ce qui le ferait naître vers 1714. Il est mort à Paris le 29 janvier 1778.

3. Carrière

Il vécut longtemps en Espagne et fut membre de l'Académie royale de Madrid. De 1742 à 1751, il publie L'Histoire générale d'Espagne, traduite de Juan de Ferreras, en dix volumes. En 1749, il habite rue du Four à Paris (n.a.fr. 10781, f° 145). Il est inspecteur de l'Ecole militaire et censeur royal sous Malesherbes.

6. Activités journalistiques

II publie en 1754, avec la collaboration de Bernard de Valabrègue et de Duport Du Tertre les Lettres orientales, annoncées le 13 février (f.fr. 22136, f° 360).

7. Publications diverses

V. est surtout connu par ses traductions et par sa collaboration à la Bibliographie parisienne (D.P.1 143), catalogue des ouvrages publiés de 1769 à 1773 (en collaboration avec P.T.N. Hurtaut, professeur à l'Ecole militaire). Voir la liste de ses œuvres dans Cior 18, n° 33919-33928.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769 ; B.Un. ; Feller-Weiss ; D.L.F ; Cior 18. – L'Année littéraire, 1784, t. VII, p. 142.

VALABREGUE

Numéro

791

Prénom

Bernard de

Naissance

?

Décès

?

Bernard de Valabrègue, toujours nommé Bernard le Juif par ses contemporains, est né, semble-t-il, en Provence. Aucun document d'état civil : Bernard pourrait aussi bien être son patronyme, comme le note Conlon (67 : 538).

3. Carrière

Après 1754, il est interprète pour les langues orientales à la Bibliothèque du Roi. Ami de La Dixmerie (B.N., f.fr. 22158, f° 105).

6. Activités journalistiques

Lettres orientales, 1754 : l'ouvrage est annoncé par les nouvellistes le 13 février 1754 : «Bernard le Juif va donner réellement un ouvrage périodique [...]. II s'est associé [Vaquette] d'Hermilly et [Du Port] Du Tertre» (f.fr. 22136, f° 360). Permission tacite (f.fr. 21994, n° 299 et 22159). Le premier cahier paraît en mars. Morand précise à propos du titre : «Cette annonce n'est qu'un détour pour donner un nouvel ouvrage périodique où l'on critique les nouveautés littéraires...» (lettre du 25 mars, B.V. Nîmes, ms. 238, f. 98). Contrairement à ce que affirme la notice D.P.1 830, il existe à la B.N. un exemplaire des Lettres orientales (Thessalonique, A. Aboul-Haphia, 1754) en un volume de 72 p. Voir également Maz. 41636, pièce 13 (d'après Conlon, 54 : 451).

7. Publications diverses

Lettre ou réflexions d'un milord à son correspondant à Paris au sujet de la Requête des marchands des six corps contre l'admission des juifs aux brevets, par Bernard de Valabrègue, juif Londres, 1767, in-12.

8. Bibliographie

B.N., f.fr. 22158, 22159, 22136.

THOREL DE CAMPIGNEULLES

Numéro

770

Prénom

Charles de

Naissance

1737

Décès

1809

Charles Claude Florent Thorel de Campigneulles est né à Montreuil-sur-Mer le 5 octobre 1737 et mort en 1809, à Lyon (Dumas ; D.B.F.).

2. Formation

Il a cherché très tôt l'appui de Voltaire (G, p. 39), connu un relatif succès avec Le Temps perdu (1756) et les Essais sur divers sujets (1758). Il a été membre des académies de Lyon, Villefranche, Angers, Besançon, Caen et des Arcades à Rome (voir le sous-titre des Anecdotes morales de 1760).

3. Carrière

Après l'échec du Journal des dames, T. acquiert un office de trésorier de France en la généralité de Lyon (G, p. 61).

5. Opinions

A la fois opportuniste et maladroit, T. prétend se limiter dans son journal à des «riens délicieux» et à une attitude très conservatrice, tout en sollicitant l'appui de Voltaire. Les «philosophes», pour le discréditer, lui attribuent une Suite de Candide licencieuse, publiée en 1761 (sur le détail de cette affaire, voir Rustin). Auteur d'une édition des Pièces fugitives de M. de Voltaire à laquelle il a mêlé ses propres productions, il est dénoncé, peut-être par Marmontel, dans un Examen fugitif des Pièces fugitives (G, p. 63).

6. Activités journalistiques

II publia les quatre premiers volumes du Journal des dames (janv. 1759 - avril 1761). Il lance un Prospectus en 1758 (G, p. 42-43). Le 1er numéro est annoncé en janvier, chez Cuissard, avec permission tacite (B.N., f.fr. 22161, f° 1) ; c'est à propos du numéro de février qu'on donne T. comme auteur (ibid., f° II) . Sa tentative se heurte cependant aux réticences de Malesherbes, à l'opposition du libraire Michel Lambert, éditeur du Journal des savants, et au Mercure de France, qui se réclame de son droit sur les pièces fugitives (G, p. 44-49, 60). En avril 1761, il doit vendre son journal à Relongue de La Louptière (voir ce nom).

Mercure de France : T. y collabore vers 1765 en lui fournissant la chronique dramatique lyonnaise (Vallas).

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 61893-61905.

8. Bibliographie

8. D.L.F. ; D.B.F. ; Cior 18. – Dumas J.B., Histoire de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, 1839,1.1, p. 309-310. – Vallas L., La Musique à Lyon, Lyon, 1908, t. I, p. 175. – Henriot E., Livres et portraits, 3e série, Paris, 1927, p. 97-102. – Rustin J., «Les <Suites> de Candide au XVIIIe siècle», S.V.E.C. 90, 1972, p. 1395-1416. – (G) Gelbart N., Féminine and opposition journalism in old régime France : le Journal des dames, Berkeley, 1987.

SOALHAT DE MAINVILLERS

Numéro

751

Prénom

Genu

Naissance

1714?

Décès

1776

Genu Soalhat de Mainvillers se fait appeler «Genu Soalhat, chevalier de Mainvillers». Il n'était sans doute pas chevalier : Mme Leprince de Beaumont, qui semble l'avoir connu à Londres, le dit «un des plus minces bourgeois», neveu d'un «honnête procureur» (Œuvres mêlées, 1775, t. VI, p. 295). Il s'est flatté de la protection du marquis de Maillebois ; on trouve effectivement la trace, dans les registres de la paroisse de Maillebois, près de Chartres, d'un Charles Soalhat, concierge du château, veuf en 1710, père de Charles Claude Soalhat.

2. Formation

Destiné, selon Mme Leprince de Beaumont, à être clerc de son oncle, procureur fiscal (peut-être Jacques Foucher, procureur fiscal, compère de Marie Catherine Genu à Maillebois en 1711), il commence très tôt une carrière aventureuse. Dans Le Petit-maître philosophe, il affirme être passé au séminaire de Chartres, puis à Paris, puis à la Trappe, avant d'entrer en septembre 1734 dans le régiment de Maillebois.

3. Carrière

Dans L'Homme-dieu de 1754, il parle de «vingt années de voyage». Il aurait rencontré d'Argens à Berlin. Au début de 1750, il arrive à Genève où il «hante le café» (reg. du Conseil, Arch. d'Etat de Genève, vol. 250, p. 54, 3 févr. 1750) ; le pasteur Joly s'inquiète de le voir lié aux «jeunes fils de famille» (reg. du Consistoire, R 85, p. 158). Le 3 février, le Conseil décide de « lui ordonner de se retirer » (reg. du Conseil, vol. 250, p. 54) ; le Consistoire prend acte de cette décision le 5 février. En 1751, il imprime à Londres Le Petit-maître philosophe ; Mme Leprince de Beaumont parle de son «extrême pauvreté», de son «extrême indigence» aggravée par une « longue maladie ». Il se rend en Allemagne vers 1752. Dans L'Homme-dieu, il évoque ses séjours chez le margrave d'Anspach, à Brunswick, à Hambourg, à Copenhague auprès du ministre Bernstorff, puis de nouveau en Allemagne, où «il jouit depuis un an d'un agréable loisir [...] grâce à l'empressement de M. le comte de Rantzau» (p. XVII). Il écrit à André Roger, de Stralsund, le 18 septembre 1754 : «j'allais à Berlin par Stralsund que je n'avais point encore vu car il faut que je remplisse mon titre du plus grand et du plus curieux voyageur de mon siècle» (B.P.U., suppl. 738, f° 156-157). On perd ensuite sa trace.

4. Situation de fortune

Extrême pauvreté en Angleterre, indigence en Allemagne : en septembre 1754, il ne peut se présenter au vice-roi, « étant trop mal habillé» (à A. Roger, lettre citée).

5. Opinions

Lié au marquis d'Argens : «Leur confession de foi est à peu près la même», écrit Baulacre à P. Marchand en 1750 (B.U. Leyde, March. 2). Le pasteur Joly l'accuse en février 1750 de tenir «des discours très impies et blasphématoires contre notre Sainte Religion» (reg. du Consistoire, R 85, p. 158-159). Déiste, il se donne dans la Nouvelle philosophie secrète, pour le Moïse des philosophes, mais il s'agit d'un Moïse initié (voir en fin du volume, les «stances adressées à M. Le Chev. de Mainvillers à l'occasion de sa nouvelle philosophie secrète et de son système sur la préexistence par M. le Chev. Dulussy, auteur des Francs-maçons vengés et de la Muse maçonne»). Il affirme, dans L'Homme-dieu, s'être fait initier «dans toutes les sectes de religion suivant le conseil de Saint Paul» (p. 50).

6. Activités journalistiques

Il inaugure en janvier 1750 un périodique intitulé : Le Petit-maître philosophe ; selon un rapport au Consistoire daté du 3 février, il «donne une feuille à imprimer toutes les semaines au sieur Gosse» (reg. du Conseil, vol. 250, p. 54) ; le pasteur Joly s'élève contre la permission qui lui a été accordée (reg. du Consistoire, R 85, p. 158-159). Le périodique semble n'avoir eu qu'un numéro : «II n'en a paru qu'une [feuille] où l'on a trouvé des choses trop libres» (Baulacre à Marchand, 15 févr. 1756, B.U. Leyde, March. 2). Un seul exemplaire connu (B.P.U., legs Thury, 1954) : Le Petit-maître philosophe ou aventures philosophi-badines de Soalhat, chevalier de Mainvillers. Avec ses études, ses voyages pour perfectionner ses connaissances, son système sur toutes choses. Ouvrage périodique. A Genève, chez Henri Albert Gosse et comp., 1750, avec une lettre de l'auteur au libraire (D.P. 1 1114). S. réédite et augmente son ouvrage l'année suivante : Le Petit-maître philosophe, « A La Mecque », 1751 (éd. signalée par J.D. Candaux) : trad. anglaise : The Beau philosopher or the History of the Chevalier de Mainvillers, London, R. Freeman, 1751 ; rééd. du Petit-maître à Londres en 1752. Une éd. du texte français est signalée à Londres en août 1751 (Books published, n° 14, juil. 1751 ; La Bigarrure, t. XII, n° 1, 14 oct. 1751 ; Nouvelles littéraires de Clément, 1er sept. 1751).

7. Publications diverses

Nouvelle philosophie secrète, Londres, aux dépens de l'auteur, 1752. – Les Huit Philosophes aventuriers de ce siècle, «ou rencontre imprévue de Messieurs Voltaire, d'Argens, Maupertuis, Marivaux, Prévôt, Crébillon, Mouhi et de Mainvillers», La Haye, Saurel, 1752 ; rééd. sous le titre : Les Huit Philosophes errants, 1754. – L'Homme-dieu, ou l'Univers seule famille, poème épique, Londres, 1754 ; S. affirme, dans l'introduction, avoir écrit un Lucrèce devenu platonicien (p. V). – La Pétréade ou Pierre le Créateur, Amsterdam, J.H. Schneider, 1763 ; ouvrage saisi à Paris (B.N., n.a.fr. 3348, f° 46-47). – Selon La Beaumelle, S. aurait participé à l'éd. de Francfort (1753) du Siècle de Louis XIV, t. I ; c'est ce qu'il affirme au commissaire Rochebrune lors de sa perquisition à l'hôtel de Rennes, rue Saint-André-des-Arts le 24 avril 1753 (B.N., n.a.fr. 1214, p. 72).

8. Bibliographie

F.L. 1769. – B.U. Leyde, fonds Marchand. – A.D. Eure-et-Loire, B 752. – Archives d'Etat de Genève, reg. du Conseil et du Consistoire (renseignements fournis par J.D. Candaux).

9. Additif

État-civil : Dans L’Homme-Dieu, mais aussi dans Le Petit Maître philosophe (éd. de Londres, 1752, p. 5), Soalhat affirme être né le 14 juillet 1714. Il est donc très probablement le troisième enfant de Charles Claude Soalhat et de Marie Catherine Genu, Catherine étant née en 1712 et Charlotte en 1713. Son prénom serait donc Charles ; Genu est le nom de famille de sa mère. L’oncle dont il aurait dû être le clerc pourrait être Luc Genu, frère de Marie Catherine, procureur à Argentan. Quant à « Mainvillers », c’est un nom de plume qui apparaît avec les premiers écrits de Charles Soalhat, Le Petits Maître philosophe de 1753 et L’Homme-Dieu de 1754. 

Carrière : D’après A. Mézin et V. Rjéoutski dans Les Français en Russie au siècle des Lumières. Dictionnaire des Français, Suisses, Wallons et autres francophones en Russie de Pierre le Grand à Paul Ier, Publications du Centre international d'étude du XVIIIe siècle 23-24, Mainvillers arrive en Russie au printemps 1756 ; il rencontre Chouvalov, curateur de l’Université, et obtient un poste de professeur de politique et d’ héraldique au collège de l’Université. Il semble avoir eu de mauvais rapports avec ses collègues ; il compose un discours sur Pierre le Grand, que l’Université refuse de publier. Il l’édite en 1762 à Amsterdam, chez J.H. Schneider sous le titre : La Pétréade, ou Pierre le créateur, poème en dix chants par « Mr. G.S. Chevalier de Mainvillers ». Il le fait réimprimer par Schneider et en envoie 500 exemplaires au libraire Durand à Paris en février 1763 ; le 3 mars suivant, Durand reçoit l’ordre de réexpédier le colis, et déclare « je me suis engagé de le renvoyer en entier » (B.n.F., ms. fr. 21932, f° 69). Le récit que Genu faisait de l’épopée de Pierre le Grand se doublait d’accusations contre les menées criminelles de sa sœur Sofia Alexeievna et de son favori Galitzine, ainsi que d’attaques violemment anticléricales contre « le prêtre fanatique, imposteur consacré, du peuple de toute terre haï… » (Chant 1). La présence de D.E. en Russie est encore signalée en 1777. (Jean SGARD)

SAINT-AULAS

Numéro

726

Prénom

Louis de

Naissance

1724

Décès

1775

Louis de Saint-Aulas est né à Aigues-Mortes le 17 septembre 1724. Fils d'un major en garnison dans la citadelle depuis 1716 et mort en 1732. Marié à une date indéterminée. Décédé à Aigues-Mortes en 1775. Son véritable nom était «Aulas».

3. Carrière

D'abord militaire, il dut fuir la France à la suite d'un duel. Mais on le retrouve comme aide-major dans un régiment suisse au service de la France. A la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, son régiment fut dissous et il se rendit à Paris où il s'adonna parallèlement au jeu et à la littérature. Vers la fin du printemps de 1752 (Hémery, 1 juin 1752), il obtint une place à la Compagnie des Indes et partit pour Pondichéry commander l'une des quatre compagnies du prince de Monaco. On le crut mort dans un naufrage (Hémery, 8 févr. 1753), mais, de fait, il poursuivit aux Indes une vie riche en équipées guerrières et en affaires fructueuses. Bénéficiant d'une certaine aisance, il revint en France et se fit construire à Oléron, où son oncle commandait un fort, une petite maison, où il s'installa avec sa femme. Cet homme à projets assiégeait les ministres de mémoires auxquels l'on ne donnait pas suite. A la mort de son oncle, il se retira à Aigues-Mortes avec son épouse.

4. Situation de fortune

Les revenus de S. ne paraissent pas avoir toujours eu une origine claire. Après cinq ans aux Indes, il rentra avec une centaine de mille livres d'économie.

5. Opinions

D'Hémery le décrit comme un «esprit fort ironique» (14 oct. 1751) et un «auteur très connu pour ses étourderis» (8 févr. 1753).

6. Activités journalistiques

Outre de nombreuses pièces fugitives qu'il envoya aux journaux, S. est l'auteur de deux périodiques :

Le Flibustier littéraire, ouvrage hypercritique, 1751, annonce dans d'Hémery (23 sept, et 14 oct. 1751), une seule livraison (D.P.1 479).

Le Croupier littéraire, feuille périodique, 1760, un seul numéro, publié comme prospectus (D.P.1 335).

7. Publications diverses

7. Considérations sur quelques abus en matière de littérature, I756.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769, t. I, p. 396. – Hémery d', Journal, B.N., f.fr. 22156, 23 sept. 1751 et 14 oct. 1751, f° 121 v° et 129 r° ; f.fr. 22157, 1er juin 1752, f° 82 r° ; f.fr. 22158, 8 févr. 1753, f° 8 v°-9 r° – Nicolas M., Histoire littéraire de Nîmes, Nîmes, 1854, t. II, p. 254-258.

RICHARD

Numéro

686

Prénom

Jérôme

Naissance

?

Décès

1800

Jérôme Richard, qui ne se confond ni avec Jérémie Richard (Cior 18) ni avec le zoologiste Louis Claude Richard (D.L.F.), est né à Dijon, et mort à Paris vers 1800.

2. Formation

Il fut prêtre en l'église Saint-Michel de Dijon, puis chapelain à Chanceaux et chanoine du chapitre de Vézelay. Il fut adjoint à l'Académie de Dijon le 12 juin 1750, puis élu pensionnaire le 28 décembre 1753 (Milsand). Secrétaire de l'Académie à la mort de Fromageot (14 août 1753), il dut démissionner le 25 février 1763.

3. Carrière

Il fut précepteur du fils de Bourbonne, président au Parlement de Dijon, gendre du président Bouhier, et fut chargé du soin de sa bibliothèque, héritage du président Bouhier (Ruffey). Il accompagna son élève en Italie. En 1763, sa carrière fut brusquement interrompue ; Richard de Ruffey raconte que «ses moeurs se corrompirent ; il n'eut pas la prudence d'en voiler le scandale, qu'il voulut rejeter sur quelques ecclésiastiques ses confrères. Reconnu l'auteur de lettres scandaleuses et punissables, il dut se retirer à la campagne, où ses protecteurs lui procurèrent de quoi vivre» (p. 107).

6. Activités journalistiques

6. Tablettes historiques, topographiques et physiques de Bourgogne, Dijon, 1753-1760, 8 vol. in-24, périodique annuel : les Tablettes ont été éditées par la veuve Sirot (t. I), puis par son successeur J. Causse à partir du 4 juin 1753 (Clément-Janin) ; elles étaient vendues par Desventes : « Desventes dans sa boutique Vend tablettes politiques Physiques, topographiques [...]. Le prix en est hydropique [...]. Tout y est épisodique» (B.V. Dijon, ms. 2063).

7. Publications diverses

Aihcrappih, histoire grecque, 8.1., 1748, publié aussi sous le titre : Hipparchia, histoire galante traduite du grec, Lampsaque [Paris, 1748]. – Réflexions critiques sur le livre intitulé des Mœurs, «Aux Indes», 1748. – La Théorie des songes, Paris, Estienne, 1766. – Description historique et critique de l'Italie, Dijon, Desventes ; Paris, Lambert, 1766 ; rééd., Paris, Delalain, 1770, 6 vol. – Histoire naturelle de l'air et des météores, Paris, Saillant et Nyon, 1770, 6 vol. ; puis 4 vol. en 1771. – Histoire du règne de l'empereur Charles V, trad. de l'anglais de W. Robertson, Maestricht, 1783, 6 vol. – Histoire natu­relle, civile et politique du Tonquin, Paris, Moutard, 1778, 2 vol. – Lettres grecques d'Alciphron ou Anecdotes sur les mœurs et usages de la Grèce, trad. et annotées, Amsterdam et Paris, Nyon, 1785. – Voyages chez les peuples sauvages, ou l'Homme de la nature histoire morale des peuples sauvages des deux continents et des naturels des îles de la mer du Sud, rédigé par F. Rabié d'après les notes de J. Richard, Pau, Laurens, an IX (1801) ; rééd. Paris, Laurens et Chaumeret, 1808.

Richard a donné à l'Académie de nombreux discours et mémoires dont on trouvera la liste dans la Table des Mémoires de l'Académie de Dijon (voir Milsand et Muteau).

8. Bibliographie

F.L. 1769 ; Q. – Muteau C. et Garnier J., Galerie bourguignonne, Dijon, 1858. – Baudot, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne (B.V., Dijon, ms. 2064). – Milsand P., «Notes et documents pour servir à l'histoire de l'Académie de Dijon», dans les Mémoires de l'Académie, 1870. – Clément-Janin, Les Imprimeurs et les libraires dans la Côte d'Or, 2e éd., Dijon, 1883. – Ruffey R. de, Histoire secrète de l'Académie de Dijon, éd. M. Lange, Paris, 1909.

RENÉAUME DE LA TACHE

Numéro

678

Prénom

Jacques

Naissance

1725

Décès

1796

Jacques Renéaume de La Tache est né le 7 avril 1725 à Laon : il a été baptisé le 8 (A.D. Aisne, reg. par. Saint-Rémy-Porte de Laon, A.D. Aisne). Son père, Jacques Renéaume de La Tache, et sa mère, Marie Jeanne Duflos s'étaient mariés à Laon le 29 décembre 1723 (A.D. Aisne, reg. par. Monampteuil). Son parrain, Armand Duflos, était prêtre à Laon. R. est mort à Bouillon en 1796 (renseignement fourni par le procureur du roi à Neufchâteau, Belgique).

2. Formation

Son père, maréchal de logis dans le 2e Bonel-dragon, puis major du château de Bouillon, le destinait à l'armée. R. entra à seize ans comme officier au régiment Fersen et devint capitaine au régiment de Bouillon. Il le quitta en 1757 (Westercamp), pour se consacrer à l'agriculture (B.Un.).

3. Carrière

En 1789, il était lieutenant-colonel de la maison militaire du duc de Bouillon ; il avait repris du service comme capitaine d'une compagnie de vétérans quand il mourut (Westercamp).

6. Activités journalistiques

6. Gazette des gazettes ou Journal politique, dite Journal de Bouillon, 1764-1793, Bouillon (D.P.1 547) : R. en fut le directeur et le principal rédacteur pendant 27 ans (1764-1791 ?). Selon Quérard, il aurait collaboré au Journal encyclopédique, imprimé également à Bouillon.

7. Publications diverses

7. Les Ardennes belliqueuses et galantes, opéra-comique en un acte, Charleville, P. Thevin, 1757. – Calendrier politique pour 1767. – Trad. de Reimar, Observations physiques et morales sur l'instinct des animaux, Amsterdam, 1770, 2 vol.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769 ; Q. ; B.Un. – Westercamp C, Le Laonnois pittoresque, Laon, 1930.

RÉMOND DE SAINTE-ALBINE

Numéro

674

Prénom

Pierre

Naissance

1699

Décès

1778

Pierre Rémond de Sainte-Albine (29 mai 1699 -9 oct. 1778) est né et mort à Paris.

2. Formation

Il fut élu membre de l'Académie de Berlin le 4 septembre 1755 (Journal de Verdun, nov. 1755, p. 385) et fit partie de la Société des arts (Table du Journal de Verdun).

3. Carrière

Censeur royal pour les «belles-lettres», au moins à partir de 1751 (B.N., f.fr. 22136, f° 142 ; 22139, f° 91 et suiv.). Renseignement confirmé par les A.R. qui indiquent qu'il demeurait en 1755 et en 1758 «Cloître Saint-Germain l'Auxerrois», en 1765 «rue Sainte Anne, près les Nouv. Catholiques».

4. Situation de fortune

D'après Linant, en 1733, R. avait «douze cents francs pour faire la Gazette de France» (D567). Trente ans plus tard, Lenieps écrivait à Rousseau : «Mr. de Sainte-Albine a un rhumatisme goutteux qui l'a beaucoup vieilli, il ne fait plus rien et il a acquis une bonne pension pour la Gazette, qui n'est pas merveilleuse» (18 oct. 1763 ; Correspondance, n° 2979).

5. Opinions

«Très anti-philosophe» (M.S., 18 oct. 1778).

6. Activités journalistiques

«Boindin disait de lui que c'était un homme qui avait de l'esprit quand on lui en donnait le temps » : il fut cependant «le faiseur de gazettes par excellence» (ibid.). Après avoir, semble-t-il, fait ses débuts en publiant dans le Mercure une lettre «sur un livre nouveau intitulé Le Voyage du Parnasse» (févr. 1717, p. 179-180) et avoir sans doute participé, tout jeune, à la rédaction de l'Europe savante (B.Un.), il composa la Gazette de France à partir de 1733. A ce propos, vers le 5 février, Michel Linant écrivait à Cideville : « Il m'a associé à son travail pour le faire quand il ne pourrait pas. Il n'y a que cinq heures de travail par semaine et que cinquante gazettes par année. Il ajoutera aux trois cents francs qu'il a promis deux cents autres qui ne me coûteront rien à gagner [...]. Il m'a fait envisager un avenir très heureux en me promettant que dans un an ou deux il me laisserait l'emploi et le revenu » (D567). En fait, R. ne quitta la Gazette que le 18 mai 1749. Mais d'après Raynal (CL., t. I, p. 112, 308), il fut privé de cet « avantage » parce qu'il s'était trouvé un homme qui avait «offert de l'écrire à meilleur marché». Autrement dit, R. s'est de nouveau déchargé de sa tâche sur un «nègre», en l'occurrence le chevalier de Mouhy. II la reprit le 1er juin 1751 (Journal de Verdun, ibid.). A partir du 1er janvier 1762, elle parut «sous [une] nouvelle forme, [...] dorénavant faite sous les yeux du ministre des affaires étrangères, et rédigée par M. Rémond de Sainte-Albine» (M.S.). La même année, en septembre, la direction de la Gazetterevint à l'abbé Arnaud et à Suard.

Selon sa propre expression, R. eut aussi un autre « fardeau » (Mercure, mai 1749, p. 4) : la direction du Mercure de France, de juillet 1748 à juin 1750 (le second volume de ce mois ayant été publié par Clèves-Darnicourt qui assura la transition avec l'abbé Raynal). Il y rédigeait «les extraits de pièces de théâtre séparés [...] par un réglet» de la rubrique des spectacles, tenue par Fuzelier (Mercure, janv. 1749, p. 203). Il reçut de nombreuses lettres de lecteurs (concernant la grammaire, l'arithmétique, la gravure, l'opéra, etc. et provenant parfois de correspondants illustres : Algarotti, Haller), publia des textes de Voltaire (vers sur le Louvre, mai 1749, p. 27-28 : Anecdotes sur le tzar Pierre le Grand, juin 1750, p. 12-35)e t divers essais du Genevois Tollot, mais se chargea aussi d'alimenter le journal par des contributions personnelles : deux comédies en un acte composées en 1718, l'Amour au village (janv. 1749, p. 26-56) et la Convention téméraire (juin 1749,1.1, p. 3-50) ; une lettre à Desforges-Maillard sur un ancien poète français (Nicolas Frenicle) en mars 1750 ; des Vies des Carthaginois célèbres (juil. et août 1748, mai 1749). En juin 1750, prenant congé du public, il écrivait : «Les soins que j'ai pris de rendre ce recueil de plus en plus digne de quelque attention n'ayant point paru absolument sans succès [...], le Mercure est tiré maintenant chaque mois à 300 exemp. de plus qu'il ne l'était lorsque je m'en suis chargé» (t. I, p. 214).

7. Publications diverses

Voir Cior 18. Ceux de ses ouvrages qui eurent le plus de succès furent le Mémoire sur le laminage du plomb (quatre éd., de 1731 à 1748) et surtout Le Comédien, paru d'abord dans le Mercure en octobre et novembre 1745, et édité avec diverses «augmentations» en 1747 et 1749.

8. Bibliographie

8. A.R. ; B.Un. ; M.S., 1er janv. 1762, t. I, p. 8 ; CL. – Table générale alphabétique et raisonnée du Journal historique de Verdun sur les matières du temps depuis 1697 jusques et compris 1756, Paris, Ganeau, 1769-1770. – Voltaire, Correspondence, éd. Besterman. – J.J. Rousseau, Correspondance, éd. Leigh.

9. Additif

Bibliographie : Table générale, alphabétique, Paris, Ganeau est en fait datée de 1759-1760 en 9 vol. (F. M.)

RÉMOND DE SAINT-MARD

Numéro

673

Prénom

Toussaint

Naissance

1682

Décès

1757

Toussaint Rémond de Saint-Mard est né à Paris en 1682, 3e fils de François Rémond, seigneur de La Renouillière, fermier général (en 1679), et de Marguerite Rallu. Son père mourut en août 1695. Ses frères s'illustrèrent sous le nom de Rémond «le Grec», introducteur des ambassadeurs, et Rémond de Montmort, de l'Académie des sciences. R. est mort à Paris le 28 ou 29 octobre 1757. Il ne s'est pas marié.

2. Formation

Il fit des études de théologie à Paris, fut chanoine de Notre-Dame de Paris et abandonna son canonicat à son frère, Rémond de Montmort.

3. Carrière

Il semble avoir passé la plus grande partie de sa vie à Paris où le retenait une santé fragile.

5. Opinions

Connu pour son épicurisme et sa préciosité, il est, selon Raynal, le «singe» de Fontenelle, tout en protestant contre la corruption du goût et les innovations de La Motte ; Raynal y voit de l'«ingratitude» (CL., 1.1, p. 318). Selon Allamand, il montre «beaucoup d'éloignement pour la religion révélée et leurs ministres» (lettre du 1er févr. 1743, B.C.U. Lausanne, ms. A 912.2). Il suscite par son «modernisme» les attaques de Desfontaines (cf. lettre de Bonardy à Bouhier, B.N., f.fr. 24409, f° 107) et de Fréron (cf. R.L. Myers, «Fréron's critique of Rémond de Saint-Mard», S.V.E.C. 37, 1965, p. 147-164), mais trouve aussi de solides partisans comme l'abbé Gédoyn (cf. R. Halsband, « Lady Mary Wortley Montagu as a friend of continental writers», John Rylands Lihrary Bulletin, 1956, P- 57-74).

6. Activités journalistiques

Il a collaboré à la Bibliothèque française après le départ de Bel et sous la direction de Granet, vers 1728 (D.P. 1 162).

7. Publications diverses

Voir Cior 18, n° 52535-52545 ; Myers, p. 197-198.

8. Bibliographie

8. B.Un. – Myers R.L., Rémond de Saint-Mard, a study of his major works, S.V.E.C. 74, 1970.