YVON

Numéro

810

Prénom

Claude

Naissance

1714

Décès

1791

Claude Yvon est né à Mamers le 14 avril 1714, fils d'un marchand (K, p. 403). Il est mort à Paris en novembre 1791.

3. Carrière

Il reçoit les ordres et vit à Paris assez misérablement de répétitions aux étudiants de Sorbonne. C'est là qu'il connaît l'abbé de Prades, que l'on soupçonne d'avoir utilisé sa science pour rédiger sa thèse (Darnton, p. 107). Y. est enveloppé dans le scandale Prades (1751), d'autant que sa participation à l'Encyclopédie pour les articles «Ame», «Athéisme» ou «Dieu» (Proust) le désignait déjà à l'attention vigilante des docteurs. Après le réquisitoire de l'avocat général Joly de Fleury contre les philosophes modernes, on décerne contre lui une lettre de cachet ; il s'enfuit en Hollande, où il réside jusqu'en 1762. L'Apologie de M. l'abbé de Prades, qu'on le soupçonne d'avoir rédigée, et qui est imprimée à Paris en 1752 (J. Spink, «Un abbé philosophe : l'affaire de J.M. de Prades», D.H.S., n° 3, 1971, p. 170), ne favorise pas son retour en grâce. L'exil lui a enseigné certaines prudences, et pour complaire à Mgr de Beaumont, il écrit contre la Lettre à C. de Beaumont de Rousseau (1763). Son projet d'histoire ecclésiastique, qu'il souhaite orthodoxe, ne va pas au-delà du deuxième volume (1778). Il obtient cependant un canonicat à Coutances et la charge-sinécure d'historiographe du comte d'Artois.

5. Opinions

Y. paraît avoir été plus maladroit que franchement dangereux pour la saine doctrine. Ses amis le disent théologien philosophe et ennemi des superstitions, ce qui suffisait alors pour bâtir une réputation. Mais il n'est pas le matérialiste que ses adversaires décelaient dans ses écrits. Il fut membre de la loge «Concordia Vincit Animos» d'Amsterdam (K, p. 404).

6. Activités journalistiques

Journal encyclopédique : Pierre Rousseau, qui le considérait comme un «homme bien estimable», le fit travailler au Journal pendant l'année 1758 au moins (Nachlass Formey ; voir également la notice «Rousseau, Pierre», paragr. 5).

7. Publications diverses

Cior 18, n° 67897-67904.

8. Bibliographie

B.Un. ; N.B.G. ; F.L. 1769. – Berlin, Deutsche Staatsbibliothek, Nachlass Formey, lettres de P. Rousseau, 11 janv. et 4 févr. 1758. – Hauréau B., Histoire littéraire du Maine, Paris, 1870-1877, t. X, p. 212-226. – Proust J., Diderot et l'Encyclopédie, Paris, A. Colin, 1967, p. 528. – Darnton R., «Les encyclopédistes et la police», Recherches sur Diderot et l'Encyclopédie, n° 1, 1986, p. 106-108 (fiches de Pestre, Prades et Yvon). – (K) Kafker F.A. et S.L., The Encyclopedists as individuals, S.V.E.C. 257, 1988.

VATTEL

Numéro

798

Prénom

Emer de

Naissance

1714

Décès

1767

Emer de Vattel, né en avril 1714 à Couvet, était le fils de David de Vattel (1680-1730), pasteur et chapelain du roi de Prusse, et de Marie de Montmollin. Il épousa à Dresde en 1764 Marianne Du Chêne dont il eut un fils, Charles Adolphe Maurice (1765-1827). Il est décédé à Neuchâtel le 28 décembre 1767.

2. Formation

Humanités et philosophie à Bâle, puis études de théologie à Genève.

3. Carrière

Après une tentative de faire carrière à Berlin (1741), V. se rendit à Dresde auprès de l'électeur Auguste III, roi de Pologne ; il y fut convié par le comte de Brühl. Conseiller d'ambassade de l'électeur de Saxe (1746), il fut nommé en 1747 son ministre près la république de Berne et séjourna le plus souvent à Neuchâtel. Conseiller privé de l'électeur en 1758, il fut rappelé l'année suivante à la Chancellerie de Dresde. Il séjourne à Varsovie entre 1761 et 1763 ; il conseille à la comtesse de Mniszech (Varsovie, 25 juin 1761), dont il est le protégé (Varsovie, 6 mai 1762), d'envoyer ses fils terminer leurs études à Berne auprès d'Elie Bertrand, un de ses amis (B.M. Versailles, fonds Lebaudy ; voir art. «Bertrand, Elie»).

5. Opinions

Auteur justement célèbre du Droit des gens (1758), V., fortement influencé par la philosophie de Leibniz et par la pensée politique de Grotius, est une des plus belles illustrations des Lumières protestantes. Il proposa, sans succès, en 1742, au roi de Prusse, seigneur de Neuchâtel, la création d'une académie dans cette ville. Il entretenait de bonnes relations avec Bachaumont (B.N., n.a.fr. 3345, f° 54-55).

6. Activités journalistiques

Il collabore au premier Mercure suisse, publié de 1732 à 1737 (D.P.1 950). Dans une lettre à Malesherbes du 2 mars 1758, V. sollicitait la diffusion en France du Journal helvétique, dans lequel on retrouve une grande partie des collaborateurs du Mercure suisse (D.P.1 743) : la réponse fut négative (f.fr. 22134, f°171). V. semble, à cette date, avoir joué un rôle important dans ce périodique.

7. Publications diverses

7. Cior 18, n° 62934-62943.

8. Bibliographie

8. B.Un. ; F.L. 1769. – B.M. Versailles, fonds Lebaudy : recueil des lettres écrites par Messieurs les comtes de Mniszech et Monsieur Bertrand à Madame la comtesse de Mniszech. – B.N., f.fr. 22134 : lettre de V. à Malesherbes, 2 mars 1758 ; n.a.fr. 3345 : note de Bachaumont à Malesherbes transmettant un mémoire de V. souhaitant l'interdiction des contrefaçons de son traité du Droit des gens, 16 mai 1759. Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, t. VIII, Neuchâtel, 1933, p. 50. – Jeanneret F.A.M., Biographie neuchâteloise, Locle, 1863, t. II, p. 410-415 (signale, p. 416, un certain nombre d'échos sur la mort de V. dans la presse contemporaine, dont le Journal encyclopédique et la Gazette littéraire de Berlin). – Béguelin E., En souvenir de Vattel, 1714-1767, Neuchâtel, 1929.

SORET

Numéro

753

Prénom

Jean

Naissance

1710

Décès

?

D'après les Mémoires de Trévoux d'avril 1756 (p. 795-814), Jean Soret n'aurait pas encore, à cette date, atteint « son sixième lustre » soit sa trentième année ; il serait donc né un peu avant 1726.

2. Formation

Licencié en droit (ibid., mai 1749, p. 1108-1110). Il est lauréat à l'Académie des belles-lettres de Montauban pour le concours d'éloquence par deux fois en 1750 et en 1751 (Forestié ; F.L.). Il est reçu membre de l'Académie Stanislas le 8 mai 1756 (Vier ; F.L.).

4. Situation de fortune

Pour sa participation à la Religion vengée, il est compté par l'Assemblée du clergé en janvier 1783 au nombre des auteurs qui se sont distingués dans «la lice chrétienne» et qui reçoivent, à ce titre, une pension (M.S.).

6. Activités journalistiques

II collabore à :

La Religion vengée, ou Réfutation des auteurs impies ; dédiée à Mgr le Dauphin, Par une société de gens de lettres, Paris, Chaubert et Hérissant, 175 7-1763, 21 vol. in-12 (3 vol. par an), Privilège du 8 novembre 1756 au nom du sieur S... (F.L. ; D.P.1 1189). Dès le 16 janvier 1757, Voltaire s'inquiété auprès de d'Alembert du nom de «ce coquin», de «ce mauvais citoyen qui veut faire accroire à Monseigneur le Dauphin que le royaume est plein d'ennemis de la religion » (lettre, 23 janv. 1757).

La Feuille nécessaire. Journal créé en 1759 par S. et Villemert, sous la protection du privilège du Journal des savants détenu par le libraire Lambert (D.P.1 472). Dès l'origine, la Feuille fut contestée par Courmont de la Gazette. Par accord du 13 novembre 1759, Lambert touchait 3 £ par rame d'impression sur la Feuille. Ce dernier se brouilla rapidement avec Soret, lequel en janvier 1760 passa chez l'imprimeur Hérissant : le seul numéro produit (28 janv. 1760, diffusé par Chaubert) fut interdit. Lambert, qui s'était débarrassé de S. et Villemert, sous l'influence de l'abbé de La Porte, relança au même moment une nouvelle «gazette littéraire», qui devint l'Avant-Coureur. Il songea à la confier à l'abbé de La Garde. Malgré tous leurs efforts auprès de Malesherbes, S. et Villemert ne parvinrent pas à protéger leurs droits sur la Feuille. En juin 1760, S. tenta encore d'obtenir du directeur de la Librairie la renaissance de la Feuille qui se serait adjointe une partie de jurisprudence ; un projet concurrent de Pesselier permit à Malesherbes de ne pas donner suite à cette entreprise (A.).

7. Publications diverses

7. F.L. ; Cior 18, n° 60459-60474. Ajouter : Lettres à Philopeus, Paris, 1764 (voir Mémoires de Trévoux, mars 1765, p. 700). – Discours qui a remporté en 1751 le prix d'éloquence proposé par l'Académie des belles-lettres de Montauban, ms. conservé dans les Archives de l'Académie (il porte sur le sujet : «Combien les arts sont nécessaires à la société»). – Précisons que son Discours de réception à l'Académie de Nancy se place dans le cadre des protestations soulevées contre la théorie du Discours de Rousseau ; il porte sur « Le rôle civilisateur des belles-lettres et sur le mécénat des Rois » (Registres manuscrits de la Société royale, t. II, p. 276-279).

8. Bibliographie

F.L. 1769, t. I, p. 407-408 ; H.P.L.P., t. III, p. 169-171. M.S., t. XXII, 15 janv. 1783. – (A.) B.N., Collection Anisson-Duperron, f.fr. 22134, P-74 :lettre de S. à Malesherbes, 6 juin 1760 ; p. 176 : lettre de Malesherbes, 9 juin 1760, minute. – B.N., f.fr. 22135, p. 10, lettre de S. à Malesherbes, 24 mars 1759 (historique de la Feuille sous la protection de la duchesse de Choiseul et du duc de Vau Guyon) ; p. 11 : mémoire concernant La Feuille nécessaire (par Lambert) ; p. 12 : lettre de Malesherbes à S. sans date (janv. 1760) ; p. 13 : lettre de S. à Malesherbes, 24 janv. 1760 ; p. 14 : La Feuille nécessaire, 28 janv. 1760, Prospectus (annoté malignement par Lambert) ; p. 15 : « Réponse au mémoire des Srs Villemert et Soret » (par Lambert) ; p. 16 : lettre de Lambert à Malesherbes, 30 janv. 1760 ; p. 17 : Mémoire (de Villemert et S. contre Lambert ; historique de la Feuille et copie de l'engagement de Lambert du 13 nov. 1759). – Forestié E., La Société littéraire et l'ancienne académie de Montauban, Montauban, 1888, p. 91-92. – Sabatier de Castres, Les Trois siècles de la littérature française, 4e éd., La Haye, Paris, 1779, t. IV, p. 102-103. – Vier J-A., «L'activité d'une Académie provinciale au XVIIIe siècle : l'Académie Stanislas de 1750 à 1766», R.H.L.F., t. XXXIII, 1926, p. 337-354.

SCHARFENSTEIN

Numéro

742

Prénom

Jules Frédéric

Naissance

?

Décès

?

D'origine alsacienne.

3. Carrière

Prêtre réfugié à Hambourg. Nommé le 24 avril 1725 sous-recteur de l'école latine d'Altona (Holstein), il aurait vite quitté ses fonctions.

6. Activités journalistiques

6. Réflexions sur le Patriote de Hambourg, 1724. S. fut le rédacteur du Patriote de Hambourg, journal de langue française publié à Hambourg et non retrouvé. Prévost parle, dans Le Pour et contre, au début de 1734, d'«un petit Ouvrage écrit en allemand, dont durant plusieurs années il a paru une feuille toutes les semaines, imprimée à Hambourg, où il s'en vendoit chaque fois cinq ou six mille exemplaires, sans compter la réimpression dans d'autres Villes d'Allemagne [...]. L'Ouvrage périodique dont il s'agit est intitulé Le Patriote, ou Le Bon citoyen ; il étoit composé par une Société d'Hommes d'esprit, qui s'assembloient, non pour s'entretenir de nouvelles, ou de choses frivoles, mais pour se faire part les uns aux autres de leurs agréables & utiles idées» (t. II, n° 27, p. 271-272). Ce Patriote de Hambourg désigne sans doute Der Patriot de Richey (Hamburg, J.C. Kissner, 1724­1726, rééd. à Hambourg en 1728-1729, 1737-1738, 1747, 1765), dont le Patriote de S. serait la traduction.

8. Bibliographie

Richey M., Bibliotheca b. Richeii, Hambourg, 1763, t. IV, p. 571, n° 83 a. – Hoffmann F.L., «La Presse périodique française à Hambourg de i686jusqu'en 1848», Le Bibliophile belge, 1854,1.1, p. 415.

SAINT-MAURICE DE SAINT-LEU

Numéro

732

Naissance

?

Décès

?

3. Carrière

Colonel au service de la Pologne.

Nouvelles Ephémérides économiques, 1774-1776. S. y traduisit et analysa les écrits en langues étrangères.

7. Publications diverses

Auteur avec J.F. Chastenet de Puységur, selon D.O.A., d'un Etat actuel de l'art et de la science militaires à la Chine, 1773

8. Bibliographie

Nouvelles Ephémérides économiques, n° 1, 1774, Avis, p. V ; t. I, 1775, Avis, p. VII.

SAINT-AULAS

Numéro

726

Prénom

Louis de

Naissance

1724

Décès

1775

Louis de Saint-Aulas est né à Aigues-Mortes le 17 septembre 1724. Fils d'un major en garnison dans la citadelle depuis 1716 et mort en 1732. Marié à une date indéterminée. Décédé à Aigues-Mortes en 1775. Son véritable nom était «Aulas».

3. Carrière

D'abord militaire, il dut fuir la France à la suite d'un duel. Mais on le retrouve comme aide-major dans un régiment suisse au service de la France. A la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, son régiment fut dissous et il se rendit à Paris où il s'adonna parallèlement au jeu et à la littérature. Vers la fin du printemps de 1752 (Hémery, 1 juin 1752), il obtint une place à la Compagnie des Indes et partit pour Pondichéry commander l'une des quatre compagnies du prince de Monaco. On le crut mort dans un naufrage (Hémery, 8 févr. 1753), mais, de fait, il poursuivit aux Indes une vie riche en équipées guerrières et en affaires fructueuses. Bénéficiant d'une certaine aisance, il revint en France et se fit construire à Oléron, où son oncle commandait un fort, une petite maison, où il s'installa avec sa femme. Cet homme à projets assiégeait les ministres de mémoires auxquels l'on ne donnait pas suite. A la mort de son oncle, il se retira à Aigues-Mortes avec son épouse.

4. Situation de fortune

Les revenus de S. ne paraissent pas avoir toujours eu une origine claire. Après cinq ans aux Indes, il rentra avec une centaine de mille livres d'économie.

5. Opinions

D'Hémery le décrit comme un «esprit fort ironique» (14 oct. 1751) et un «auteur très connu pour ses étourderis» (8 févr. 1753).

6. Activités journalistiques

Outre de nombreuses pièces fugitives qu'il envoya aux journaux, S. est l'auteur de deux périodiques :

Le Flibustier littéraire, ouvrage hypercritique, 1751, annonce dans d'Hémery (23 sept, et 14 oct. 1751), une seule livraison (D.P.1 479).

Le Croupier littéraire, feuille périodique, 1760, un seul numéro, publié comme prospectus (D.P.1 335).

7. Publications diverses

7. Considérations sur quelques abus en matière de littérature, I756.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769, t. I, p. 396. – Hémery d', Journal, B.N., f.fr. 22156, 23 sept. 1751 et 14 oct. 1751, f° 121 v° et 129 r° ; f.fr. 22157, 1er juin 1752, f° 82 r° ; f.fr. 22158, 8 févr. 1753, f° 8 v°-9 r° – Nicolas M., Histoire littéraire de Nîmes, Nîmes, 1854, t. II, p. 254-258.

ROSSEL

Numéro

707

Naissance

XVIIIe s.

2. Formation

Avocat français, mentionné dans la Bibliothèque du Nord et par la F.L. de 1769, membre du comité parisien de la Société patriotique de Hesse-Hombourg, domicilié rue des Ecouffes (voir D.P.1 161).

6. Activités journalistiques

6. Bibliothèque du Nord, Paris, 1778-1780 (D.P.1 161) : R. en détint le privilège (daté du 20 juin 1777, pour six ans) et en fut le principal rédacteur.

7. Publications diverses

7. La Vertu éprouvée, ou les malheurs de Job, mis en versfrançois par M. R., Bruxelles, 1764. – Histoire du patriotisme françois, ou nouvelle histoire de France par M. R., Paris, 1769. – Les Bouquets de noces, ou les deux bouquetières, dialogue sur le mariage de Mgr. Louis Auguste, dauphin de France, Paris, 1770. – Discours sur l'utilité et les avantages d'une société académique consacrée en même temps à la religion et aux lettres, Caen, 1772. – La Vertu chancelante ou la vie de Mademoiselle d'Amincourt, dédiée au Roi de Prusse, par P.F.C. Baugin, L.S. Mercier, Mérard de Saint-Just, Mme d'Ormoy et R., Liège et Paris, 1778.

8. Bibliographie

8. F.L. 1769,1.1, p. 389;Cior 18. – B.N., f.fr. 22002, reg. des privilèges, n° 1095.

RODERIQUE

Numéro

697

Prénom

Jean

Naissance

1696

Décès

1756

Jean Ignace Roderique est né à Malmédy le 3 novembre 1696, dans une famille en vue. Son père, Jean Roderique, orfèvre et horloger, avait épousé Anne Marie Mayer ; il fut en 1715 maire de Malmédy. Jean Ignace eut au moins une sœur dont le fils, Anton Gaspar Jacquemotte (voir ce nom), fut son successeur à la tête de la Gazette de Cologne. Le 10 mars 1731, il épousa à Cologne en l'église Saint-Pierre Sybilla Katharina Topsius, veuve Poner, dont il eut un fils mort jeune. R. reporta son affection sur son neveu. Il mourut le 4 avril 1756 et fut inhumé chez les Clarisses de Cologne.

2. Formation

Il entra le 8 mai 1714 comme novice chez les Jésuites de Trêves. Etudes de théologie à Cologne (1722-1724) et à Munster (1724).

3. Carrière

II devint en 1718 répétiteur pour les petites classes au collège jésuite d'Aix-la-Chapelle ; en 1720, il travailla à Neuss au collège Josephinum où il enseignait dans la Troisième Classe (Syntaxe) ; en 1721-1722, enseignement du grec au collège d'Osnabruck. Après ses études de théologie, il se rendit à Cologne comme secrétaire de Johann Georg von Eckhardt, ancien historiographe de la cour de Hanovre et collaborateur de Leibniz, installé depuis sa conversion au catholicisme dans la Maison des Jésuites de Cologne (févr. 1724). Eckhardt se rendit bientôt à Wurzbourg où l'évêque Christoph Franz von Hutten lui confia des travaux historiques. Le 11 décembre 1725, R. fut nommé à Wurzbourg premier professeur pour l'algèbre, l'analyse et la géographie. Deux semaines auparavant, le 27 novembre 1725, il avait quitté l'ordre des Jésuites, sans avoir été ordonné définitivement. Officiellement, on parla de raisons de santé ; d'autres sources suggèrent une affaire de mœurs. Il travailla en étroite liaison avec Eckhardt et trempa dans le scandale scientifique connu sous le nom des «pierres fausses de Wurzbourg» (Würzburger Lügensteine ; Jahn), entreprise de fabrication de fossiles qui égara les contemporains et, au premier chef, Johann Bartholomaus Beringer, paléontologue et médecin personnel de l'évêque de Wurzbourg (printemps 1726), qui en publia une Lithographiae Wirceburgensis [...] spécimen primum (1726). R. fut encore mêlé à un conflit d'historiens à propos des abbayes de Stavelot et de Malmédy, qui se termina devant la justice (voir la réplique de Martène, Imperialis stabulensis, Cologne, 1730). L'évêque von Hutten disparut en 1729, et son protecteur Eckhardt en février de l'année suivante. Friedrich Karl von Schonborn, nouvel évêque, ne jugea pas utile de continuer à R. la confiance que lui témoignait son prédécesseur dans ses recherches d'histoire régionale ; l'ex-jésuite se rendit à Cologne au début de 1730, puis séjourna à Malmédy au cours de l'automne où une maladie le tint cloué quelque temps, au milieu des remous suscités par l'affaire des Abbayes signalée plus haut. Le 15 avril 1731, il acquit pour vingt thalers le droit de bourgeoisie à Cologne. Le 19 septembre 1732, il fut nommé professeur d'histoire à l'Université de Cologne, et le 13 décembre de la même année, on lui accorda, au vu de ses travaux, le baccalauréat ès arts, la licence et le magistère. Il mena des recherches sur l'histoire médiévale de Cologne, dont le résultat resta en grande partie manuscrit (prospectus de 1732 pour des Lectionis Historiae quam in alma Universitate Coloniensis J.R. meditatur primae lineae). A la faculté des arts, il enseignait l'histoire allemande et l'histoire générale, à propos de laquelle il publia un manuel en 1734. Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas autrichien et frère de l'empereur François, le nomma conseiller secret.

4. Situation de fortune

A Wurzbourg, R. gagnait 400 thalers par an ; son salaire de professeur à Cologne était de 100 thalers seulement. Les revenus tirés de la Gazette de Cologne furent considérables. Il acheta à Cologne une maison sise Glockenstrasse 1, numérotée 4602 au moment de l'occupation française. Il recevait dans son salon la société la plus choisie, diplomates et négociants. R. acheta en 1755 la propriété dite du Pont-Neuf à Malmédy. C'est là que son neveu fit construire une chapelle où reposent les parents du journaliste. La Chapelle Roderique bénéficia d'une fondation de 1200 thalers (1759).

5. Opinions

Outre ses querelles scientifiques, R., journaliste remuant et intrigant, suscita de solides inimitiés. Il soutint la politique impériale et manifesta un ultramontanisme sans faille. Son opposition à la politique prussienne le fit honorer d'un poème satirique du grand Frédéric qui le traita dans ses vers de «fripier de nouvelles, Singe de l'Arétin, grand faiseur de libelles » (Poésies diverses ; voir aussi la lettre à Frédéric II de Heinrich von Podewils, 1er juil. 1741, et celle de Frédéric au comte Schmettau, 3 sept. 1743). En avril 1741, Frédéric chargea son représentant von Rhode de faire donner une correction à l'imprudent journaliste ; il réitéra cette recommandation en juin 1749 à la suite d'un article de la Gazette (20 mai). Au contraire, R. entretint les meilleurs rapports avec les ambassadeurs impériaux à Cologne, von Kufstein et von Bossart, ainsi qu'avec le nonce Spinola. Pendant plusieurs années, il correspondait presque quotidiennement avec le duc Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas autrichiens, et avec le représentant impérial à Cologne, le comte Karl von Cobenzl (A.G.R.). Menacé par le Conseil de Cologne de se faire taper sur les doigts, R. contrefaisait, à l'occasion, un très provisoire respect pour la Prusse et ses résidents (lettre de R. au Conseil de Cologne, 30 mars 1753). A l'égard de la France du cardinal de Fleury, R. est très sévère, suivant intimement les méandres de la politique autrichienne jusqu'au renversement des alliances en 1756.

6. Activités journalistiques

Gazette de Cologne, 1734-1756 (D.P.1 506). R. en fut le créateur. Il en sollicita la «Concession» le 15 juin 1734 auprès du Conseil de Cologne, soulignant qu'il voulait faire concurrence à la presse du Refuge hollandais, que Cologne était bien située au centre de l'Europe pour recevoir et diffuser et que la Gazetteaccroîtrait la renommée de la ville impériale. Il se mettait aussi dans la mouvance des gazettes allemandes et latines (exemp. à Paris, A.N., Bibliothèque : Y, t. II, p. 14) qu'avait produites Cologne. Naturellement, il s'engageait à ne rien imprimer qui fût contraire aux intérêts de la ville et promettait 17 exemplaires gratuits au Conseil (H.A.S.). Le 19 juin 1734, le comte von Kufstein, ambassadeur de l'Empereur, écrivait à Vienne que R. entretenait une correspondance secrète avec Paris (H.H.S.). En 1735, le privilège impérial lui fut accordé, ce qui le libéra de la censure colonaise (privilège de Charles VI, 4 juin 173 5) : il dut fournir six exemplaires de chaque numéro à la chancellerie impériale. Le privilège fut renouvelé par l'empereur François en 1746. Le journal était imprimé sur papier fin des postes italiennes. L'abonnement annuel était, selon le résident prussien, de 24 à 30 ducats. R. faisait aussi office de nouvelliste à la main en revendant des informations qui arrivaient à leurs destinataires une poste avant l'imprimé ; il agit ainsi de 1739 à 1741 pour 100 ou 150 gulden par an et, à ce propos, fut en concurrence avec les libraires de Francfort, Andrea et Hort. Dans une lettre du 30 mars 1753, R. avouait ne plus participer à la rédaction «depuis plusieurs années», il avançait sa maladie et son âge. Il céda la propriété du titre à son neveu et héritier Anton Gaspar Jacquemotte, qui ajouta à son nom celui de «de Roderique» et dirigea le journal de 1756 à sa mort le 3 janvier 1764.

Correspondance des savants, Cologne, 1743, 2 vol. (J. Kirchner, Bibliographie der Zeitschriften des deutschen Sprachge­bietes bis 1900, Stuttgart, 1969, n° 138) ; cf. Annalen des historischen Vereins für den Niederrhein, t. XXXVI, p. 39. Un exemplaire à Weimar (Landesbibliothek). Journal savant créé par R. et qui n'eut apparemment pas de succès.

En 1752, Jeffreys le désigne comme auteur de la Gazette d'Avignon : «Rhodorigues [sic] has been often thresh'd for his Gazette which makes him now more cautious » (B.L., add. mss 35630, f° 13). Cependant la nouvelle série de la gazette ou Courrier d'Avignon (fin 1749, début 1750) résulte d'une collaboration de Morénas et d'Alexandre Giroud récemment réconciliés (R. Moulinas, L'Imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècle, P.U. de Grenoble, 1974, p. 315) ; R. serait alors l'associé ou le prête-nom de Morénas ; les Nouvelles ecclésiastiques écrivent, le 24 juillet 1749 : «Le gazetier d'Avignon paraît destiné à remplacer le supplément jésuitique [Supplément aux Nouvelles ecclésiastiques, 1734-1748]. Les uns disent que c'est un ex-jésuite, et d'autres un cordelier apostat». Ces derniers mots semblent bien désigner Morénas (voir ce nom). Il semble qu'à la même époque paraisse un supplément manuscrit au Courrier adressé aux correspondants étrangers et dû à la plume de R. : « Rhodrigues has a written paper which he sends twice a week to his correspondents [...]. Sometimes very curious articles in his letters he is afraid to put into his Gazette » (Jeffreys à Philip Yorke, de Paris, 2 févr. 1752, B.L., add. mss 35630 ; voir également add. mss 35605 et Ars., ms. 11512 et 11514).

En 1742, il «débite et fait colporter les nouvelles de Hollande» et demeure dans la maison de Procope (Ars., ms. 11512, f° 166, 18 juin 1742). En septembre 1746, il figure parmi les « principaux auteurs et compositeurs de nouvelles à la main et des nouvelles étrangères qui se distribuent dans Paris et dans les provinces, et qui s'envoient à l'étranger» (Ars., ms. 11544, f° 665). En 1748, d'Argenson le désigne comme auteur de « nouvelles manuscrites fort secrètes et qui disent ce qu'on sait à Cologne de plus caché et de plus dangereux pour les affaires étrangères» (t. V, p. 283, 24 nov. 1748). Il est de nouveau signalé comme tel entre 1750 et 1752 : « Rodrigue is author of an hebdomadary manuscript feuilles which is esteemed very good for the news of the Empire and the North» (R. Wolters à Philip Yorke, 27 oct. 1750, B.L., add. mss 35605, f° 375).

7. Publications diverses

Disceptationes de Abbatibus, Wurzbourg, 1728. – De Abbatibus monasteriorum malmundariensis et stabulensis disceptatio, Cologne, 1731, avec une préface-biographie. – S. Coloniensis Ecclesiae de suae metropoleos origine traditio vindicata, Cologne, 1731, réplique à Hartzheim qui répondit. – Historiae universalis institutiones, sive res praecipuae ab orbe condito,Cologne,

J.H. Schlebusch, 1734.

8. Bibliographie

Académie royale de Belgique, Biographie nationale, Bruxelles, 1866-, t. XIX, col. 596-600. – (H.A.S.) Cologne, Historisches Archiv der Stadt, Abt. Univ. 541 (R. et l'Université) ; Abt. H 481 (création de la Gazette), Ratsprotokolle (comptes rendus du Conseil), années 1731 et suiv. – (A.G.R.) Bruxelles, Archives générales du Royaume, correspondance R.-Karl von Cobenzl, années 1747-175 5. – A.A.E., Correspondance diplomatique, Allemagne, vol. 556, f° 40 (1746). – A.M. Malmédy, reg. des baptêmes, 1696. – (H.H.S.) Vienne, Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Reichskanzlei, Impressorien Fasz. 60 (1735-1764) ; Gr. Korrespondenz, Fasz. 295, 309. 325 et suiv., 343 et suiv., 358, 374, 393 (années 1746-1752). – Hartzheim J., Bibliotheca Coloniensis, Cologne, 1752, p. 155 et suiv. – Frédéric II, Poésies diverses, Berlin, Boss, 1760. – Id., Œuvres du Philosophe de Sans Souci, 2e éd., Potsdam, 1760. – Mercure du Département de la Roer, n° 23, 31 déc. 1812, p. 749-753 : notice sur R. – Scharold K.G., « Unbekanntes aus dem literarischen Leben des französischen Geschichtsschreibers, J.G.v. Eckhardt», Archiv des Historischen Vereins fur den Unter mainkreis, t. III, Würzburg, 1834. – Bianco F.J. von, Die Alte Universität und die späteren Gelehrtenschulen dieser Stadt, Cologne, 1855, p. 772-775. –Ennen L., Frankreich und der Niederrhein, Cologne, Neuss, 1856, t. II. – Arneth A. von, Geschichte Maria Theresias, Vienne, 1863-1870, t. I. – Droysen J.G., «Die Zeitungen im ersten Jahrzehnt Friedrichs des Grossen», Zeitschrift für preussische Geschichte und Landeskunde, t. XIII, 1876, p. 1-38. – Ennen L., «Der Kölner Zeitungsschreiber Ignatz Roderique», Cölnische Nachrichten, 30 juin 1879. – Id., «Die Zeitungssperre in der Reichsstadt Köln», Annalen des Historischen Vereins für den Niederrhein, t. XXXVI, 1881, p. 12-82. – Salomon L., Geschichte des deutschen Zeitungswesens von den Anfängen bis zur Wiederaufrichtung des Deutschen Reiches, Oldenburg, Leipzig, 1906, t. I-II. – Gorisch W., Friedrich der Grosse in den Zeitungen, phil. diss., Berne, 1907. – Hoppe K., Roderiques «Gazette de Cologne» (1740-1745), phil. diss., Münster, 1948. –Jahn M.E., TheLying stones ofDr Johann Bartholomew Adam Beringer, being his Lithographia Wirceburgensis, translated and annotated, U. of California Press, 1963. – Bach A., Goethes « Dechant Dumeiz » : ein rheinischer Prälat der Aufklärungszeit, Lebensumwelt und Persönlichkeit, Heidelberg, 1964. – Hönnig H., « Roderique als Geschichtsschreiber », Zwischen Venn und Schneifel, 1976, n° 3, p. 34 et suiv. – Id., «Jean Ignace Roderique und die Anfänge der Geschichtswissenschaft an der Kölner Universität», Annalen des Historischen Vereins fur den Niederrhein, t. CLXXX, 1978, p. 146-168. – Id., «Jean Ignace Roderique (1696-1756)», Rheinische Lebensbilder, t. IX, Cologne, 1982, p. 159-177.

9. Additif

"M. Roderique, professeur en Histoire, fait plus d'un métier à Cologne. Après avoir quitté les Jésuites, dont il avait porté l'habit pendant onze ans, il épousa la veuve d'un libraire, et il continue le commerce de son prédécesseur. Il fait aussi une Gazette française, dont le lui dressai le plan. C'est un homme d'un esprit fin et rsué. Il échappe à la pénétration la plus vive, et à toutes les mesures qu'on peut prendre pour se garantir de ses artifices. Son intérêt lui fait prendre toutes sortes de formes, et affecter des sentiments incompatibles. Son amitié est incertaine, ses caresses sont dangereuses. […] En 1735, on annonça dans une feuille hebdomadaire, la mort du professeur Roderique ; ce qui donna lieu à un badinage assez ingénieux, pour prouver la réalité de cette supposition." (François Bruys, Mémoires historiques…, Paris, Hérissant, 1751, II, p. 79-81) [DR]

RIVE

Numéro

692

Prénom

Jean Joseph

Naissance

1730

Décès

1791

Jean Joseph Rive est né à Apt le 19 janvier (ou mai, selon Notice) 1730. Fils d'orfèvre. Mort à Marseille le 20 octobre 1791 (N.B.G.).

2. Formation

Professeur de philosophie au collège Saint-Charles d'Avignon, puis curé de Mollèges, diocèse d'Arles. En 1767, il s'installe à Paris et devient bibliothécaire du duc de La Vallière (1768) : bibliographe émérite. A la mort de son protecteur (1786), il est écarté de la rédaction du catalogue de la riche bibliothèque du défunt. Un projet de direction de la Bibliothèque Méjanes à Aix n'eut pas de suite à cause de ses prétentions et du début de la Révolution.

3. Carrière

Au début de la Révolution, il manifeste un esprit progressiste très marqué : d'aucuns suggèrent que ce fut par ressentiment et esprit de vengeance. Esprit vif et emporté, R. se fit de nombreux ennemis (affaires La Vallière et Méjanes).

4. Situation de fortune

La Vallière lui légua 6000 francs. Il demanda pour diriger la Bibliothèque Méjanes des émoluments qui attestent un goût prononcé du lucre.

6. Activités journalistiques

6. Le Portefeuille hebdomadaire, 1769-1771 (D.P.1 1129). R. y participe par des « Lettres philosophiques » contre le Système de la nature (t. III-IV, 1770-1771 ; R., p. 1). L'ouvrage était rédigé en titre par le chevalier d'Açarq (R.. p. 27-28). Il existe à l'Arsenal (et provenant de la bibliothèque La Vallière, Catalogue De Nyon, n° 11212) un exemplaire de ces «Lettres» corrigées de la main de R. en vue d'une éventuelle réédition (8° H 26572).

Journal de Paris, 1780 : Ode sur la naissance du Dauphin (R., p. 7).

7. Publications diverses

Nombreux ouvrages restés manuscrits dont 20 vol. de Glanures encyclopédiques. Pour les imprimés, voir B.Un. et Notice.

8. Bibliographie

B. Un. ; N. B.G. – R., Chronique littéraire des ouvrages imprimés et manuscrits de l'abbé Rive, Eleutheropolis, 1790. – Notice des ouvrages imprimés et manuscrits de l'abbé Rive, Gueffier, s.d., p. 23. – Achard, CF., Catalogue de la bibliothèque de l'abbé Rive, Marseille, 1793.

RING

Numéro

690

Prénom

Friedrich Dominicus

Naissance

1726

Décès

1809

Friedrich Dominicus Ring naquit à Strasbourg le 24 mai 1726 dans une famille réformée d'artisans lettrés et de Meistersänger. Il épousa en 1763 Karoline Christine Wieland. De leurs enfants, dont l'un mort en bas âge (Genton, p. 241, n° 1), seul Karl Ludwig, geheimer Referendar (conseiller référendaire privé) au service de Bade, est connu par la publication de nombreux ouvrages, dont des récits de voyage. Ring mourut à Carlsruhe le 8 février 1809. Jôcher signale un portrait de lui à Bâle par Mechel.

2. Formation

Etudes de philosophie et de théologie protestante à Strasbourg, où il suivit à l'université les cours de Johann Daniel Schoepflin, l'historien de l'Alsace, à propos duquel il rédigea plus tard une Vie latine (Vita Joannis Danielis Schoepflini Franciae historiographie Carolsruhae, J.F.C. Stern, 1767) et dont il publia les Opéra oratoria (1769). Maître ès arts en 1745, il soutint sa thèse de théologie en 1751. Ensuite, il fréquenta diverses universités allemandes, dont Iéna et Leipzig. Il fit partie de la « Societas latina » de Carlsruhe protégée par le prince héréditaire Charles Louis.

3. Carrière

De 1753 à 1755, il revient en Alsace (Strasbourg et Colmar), où il enseigne et prêche, puis il est engagé à Zurich comme précepteur par la famille Murait. C'est là qu'il fait la connaissance de Wieland et qu'il se trouve introduit dans les milieux de la littérature nouvelle. On connaît aussi un séjour à Metz. Il est à Paris en septembre 1759 quand il traduit en allemand l'Eloge du maréchal de Saxe par Thomas (note finale à l'édition. Francfort, Garbe, 1759). La même année, il est nommé à Carlsruhe précepteur du prince héréditaire Charles Louis. Il occupa ensuite divers postes avec le titre de Hofrat (conseiller aulique) ou de geheimer Hofrat (conseiller aulique privé).

4. Situation de fortune

Il semble avoir vécu de son emploi de fonctionnaire ; ses ouvrages à faible tirage ne furent pas de débit. Ses activités de journaliste étaient souvent rétribuées par des livres (Genton, p. 239, n° 2).

5. Opinions

Courtisan infatigable à louer ses maîtres dans de petites pièces de vers, R. n'en est pas moins un homme éclairé. Erudit à la façon d'outre-Rhin, il publie en latin et en allemand, plus souvent qu'en français. Il entretint une relation épistolaire avec un autre Strasbourgeois, exilé en Russie celui-ci, Ludwig Heinrich von Nicolay (Diderot, Correspondance, éd. Roth-Varloot, t. XIII, p. 73) et sa correspondance restée manuscrite est remplie d'informations sur les savants et les hommes de lettres de son temps. R. est un spécialiste de la littérature néo-latine.

6. Activités journalistiques

Jôcher indique sa collaboration à plusieurs périodiques allemands, mais aussi au Journal encyclopédique et à la Gazette universelle de littérature, aux Deux-Ponts. Il signait parfois ses articles de l'initiale de son nom. Il succéda à Goethe en mars 1773 dans le rôle de recenseur des Frankfurter Gelehrte Anzeigen (Genton) où il publiait aussi les nouvelles littéraires de France.

7. Publications diverses

Jôcher accorde 41 numéros à la bibliographie de R. et l'auteur lui-même va jusqu'à 69. Il s'agit pour la plupart de petites brochures ou de pièces de circonstance. On en extraira cependant l'édition originale des Regrets sur ma vieille robe de chambre de Diderot (s.l., 1772) dont il avait «emprunté» le manuscrit à un exemplaire de la CL. et la traduction allemande d'un écrit de Benjamin Franklin sur un massacre d'Indiens en Pennsylvanie, publié primitivement en anglais dans The Gentleman's magazine, puis en français dans le Journal encyclopédique (Die Connestogen, eine tragische Geschichte vom Jahr 1763, Francfort et Leipzig, 1764). R. a rassemblé lui-même et annoté en 5 volumes conservés à Berlin l'essentiel de sa production (Staatsbibliothek zu Berlin, Haus 2, libri impressi cum notis manuscriptis, octav. 458). Ses papiers, dont une importante correspondance pour l'essentiel inédite (Genton), ont été déposés à la B.U. de Fribourg-en-Brisgau et aux Archives de Carlsruhe (Badisches Generallandesarchiv).

8. Bibliographie

Haag 2. – (Jôcher) Adelung J.C. et Rotermund H.W., Fortsetzung und Ergänzungen zu [...] Jöchers Allgemeinem Ge-lehrten-Lexicon, Bremen, 1819, t. VI, col. 2187-2189. – Allgemeine Deutsche Biographie, 1889, t. XXVIII, p. 629-630. – Genton E., « Quinze lettres de Konrad Deinet [à Ring] (mars 1773 - mars 1774)», dans L'Allemagne des Lumières : périodiques, correspondances, témoignages, éd. P. Grappin, Paris, Didier Erudition, 1982, p. 235-263. – Moureau F., «Friedrich Dominicus Ring, éditeur de Diderot», Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, t. XVI, 1994' P-1 13-123.