CARTIER DE SAINT PHILIPPE

Numéro

142

Prénom

Pierre

Naissance

1690

Décès

1766

Fils du ministre protestant Daniel Cartier, Pierre naquit à Rotterdam le 8 mars 1690 (N.F., f° 2 r., f° 28 r. et f° 25 v°). Il se rendit à Amsterdam en 1735 et s'installa «op de Leydsestraat, tussen de Heeren & Keysersgragt». Il se maria l'année suivante à Martha Lespinasse, l'une des sœurs du pasteur Etienne Lespinasse (N.F., 2 juin 1750, f° 2 r°), dont il eut quatre garçons. Son premier fils, Pierre Guillaume, né le 12 décembre 1737, fut baptisé sept jours après à l'église wallonne d'Amsterdam (A.A., DTB 135, f° 24 r°).

2. Formation

Motivé par le désir de ne pas interrompre la suite des ministres qui se succédèrent dans sa famille de père en fils depuis la réformation, C. entama des études de théologie à Leyde. C'est le 3 mai 1706 que le nom de «Petrus Cartier» est inscrit, sous celui de son père, dans le registre des étudiants de l'université de Leyde (A.S.). Il dut cependant renoncer à ses études en raison d'une «infirmité essentielle» dont il fut quitte trop tard pour envisager de les reprendre (N.F., f° 1 v.). En 1735, lisant sans aucun but précis les ouvrages nouveaux, ses amis de Rotterdam lui conseillèrent, pour subvenir à ses moyens, d'embrasser à Amsterdam la carrière de correcteur d'imprimerie : «Je suivis leur avis, Monsieur, [écrit-il à Formey], ignorant ce que la correction avoit d'ennuyant, de pénible & même d'ingrat» (NF., f° 2 r.).

3. Carrière

C. succéda à Charles de La Motte, lequel avait rompu en 1741 avec Jacques Wetstein (L., p. 96-97), pour la correction de la Bibliothèque raisonnée (V.E., 2 juil. 1751 et N.F. Deschamps J. à Formey, 26 déc. 1747) et en 1748 pour l'édition hollandaise du Journal des Sçavans (N.F., f° 1 r. et J.D.S.H., t. CXLVIII, mai- août 1749, p. 41-45, p. 45). La correspondance que C. entretint avec Formey à partir de 1750, met en évidence tout son travail de correcteur et de secrétaire d'édition pour la Nouvelle bibliothèque germanique, succédant ainsi à Du Sauzet qui y avait renoncé à la suite d'une attaque de paralysie (N.F., f° 1 r.), et pour la Bibliothèque impériale. Rien n'indique dans sa correspondance qu'il ait entrepris un quelconque voyage à l'étranger.

4. Situation de fortune

Ce sont les «deux assez jolies rentes» viagères dont jouissait sa mère qui semblent avoir permis à C. de vivre confortablement jusqu'en 1735 environ. Son héritage «ne lui suffisant pas pour vivre en Hollande», il avait alors conçu à cette date, mais en vain confia-t-il à Formey, le projet de se «dépaïser». Plus tard, ses revenus de correcteur furent sans doute assez médiocres, si l'on en juge par la boutade qui concerne ses garçons : «avec la fortune que j'ai, je bénis Dieu tous les jours que ce ne soient point des filles» (N.F., f° 2 r°).

5. Opinions

Seules les lettres adressées par C. à J.H.S. Formey semblent être conservées (N.F. et V.E.). Mais C. fut sans aucun doute en correspondance épistolaire avec d'autres lettrés puisque dans la seconde lettre qu'il adressa à Formey, il écrit : «Je garderai précieusement votre réponse, Monsieur, pour faire voir à mes enfants après ma mort les illustres personnes avec qui j'ai été en commerce de lettres, car j'en ai un tas d'autres.» (V.E., 18 sept. 1750)

6. Activités journalistiques

C. prit la défense de l'édition hollandaise du Journal des Savants contre celle de Paris dans J.S.H., t. CXLVIII, mai-août 1749, p. 41-45. Il inséra dans ce même journal «une Lettre à Mr. de Voltaire à l'occasion de son Histoire Universelle imprimée [à Amsterdam], & une autre à l'Abbé Saas, qui avait parlé si insolemment de Mr. Jurieu». Il annonça de façon «historiée» dans les nouvelles littéraires de ce journal «les sermons de Mrs Boullier, Dumond [et] de Superville». Il a corrigé les épreuves du journal depuis que La Motte y eut renoncé (au moins de 1750 à 1757) ; à la même époque, il corrigeait également la Bibliothèque germanique (Berlin, Nachlass Formey, «Cartier de Saint -Philippe», Amsterdam, 2 juin et 20 nov. 1750, 18 juil. 1757 : renseignement fourni par F. Moureau).

Une lettre de C. datée du 25 mars 1741, dans laquelle il se plaint d'une nouvelle édition du Je ne sçai quoi augmenté à son insu de trente et un articles par M. de Mirone, parut sous la rubrique des nouvelles littéraires d'Amsterdam de la Bibliothèque raisonnée, t. XXVI, 1ère part., art. XI, p. 237.

Sollicité par les journalistes du Journal littéraire, C. donna l'éloge de M. Henri Albert de Sallengre (J.L., 1722, t. XII, 1ère part., p. 220), et les extraits du Voyage du Sieur Paul Lucas fait en 1714, par ordre de Louis XIV, dans la Turquie,, Paris & Amsterdam, 1720 (J.L., 1719, t. X, 2e part. II, art. IX, p. 368) et de l'ouvrage de Benjamin Hoadley, évêque de Bangor, intitulé Le Moyen de Plaire à Dieu sous l'Evangile, Amsterdam, 1720, trad. Ricotier (J.L., 1719, t. X, 2e part., p. 451). Sur son aveu, C. aurait encore donné les extraits des «derniers sermons de Jacques Basnage», du «Ministère sacré» de J.F. Oosterwald et du «Théâtre de Mlle Barbier», mais nous n'avons pu retracer ces contributions dans le Journal litéraire.

Pour toutes ces informations voyez (N.F., f° 28 r°).

7. Publications diverses

L'avertissement du Traité de la Paix de l'Ame & du contentement de l'esprit, par Du Moulin, Amsterdam, Ledet, 1756, signé par C. met en évidence sa participation à cette réédition (B.S.H.P.F, n° 83, 1934, p. 511 et N.F., 10 sept. 1756). – Le je ne sçai quoi par M. C ** D ** S ** P **, La Haye, 1724, 2 vol. in 12 ; une édition de cet ouvrage parue avec le nom de l'auteur en 1730 à Utrecht chez Brœdelet, 2 vol. in-12. – les Méditations en formes de Prières..., nouv. éd., augmentée de deux articles concernant les devoirs des mères envers leurs enfants, Amsterdam, aux dépens de la compagnie, 1738, in-12, sont en partie de C. et en partie de son père (V.E., 10 janv. 1753). – Olavi Rudbeckii Atlanticae Sciagraphia, 12 pages in-4° composé en 1726 pour J. Hofhout qui projetait une réédition de l'ouvrage par souscription. – Une édition des Avis sur la manière de Prêcher, par M. J. de la Placette, Rotterdam, Abraham Achard, 1733, in-12°, 118 p. – Le Passe-temps agréable ou nouveau choix de bons mots, de pensées ingénieuses, de rencontres plaisantes, nouv. éd., Rotterdam, chez Jean Hofhout, 1732, 2 vol. in-12 attribuée à C. mais aussi à J. de Rochefort. Il fournit en outre «quelques dédicaces & nombre de Préfaces pour les Libraires». Enfin, C. soutient avoir eu bonne part à la traduction par Jacques Lufneu de la Théologie physique de Derham, Rotterdam, chez Jean Daniel Bemans, 1730 : «Mr. Lufneu venait chez moi quatre fois par semaine, durant plus de trois mois, pour me lire sa traduction que je l'avois encouragé de faire, moyennant mon secours pour le style, quoique le Traducteur n'en ait dit mot dans sa Préface. Il en fut bien puni, tout Rotterdam m'attribuait son Ouvrage, parce qu'il parlait si mal notre Langue (il étoit hollandois)» (N.F., f° 28 r.).

8. Bibliographie

(A.A.) Archives de la ville d'Amsterdam. Registres des baptêmes (DTB 135), des mariages (DTB 627) et des décès (DTB 1132) de l'église wallonne d'Amsterdam (Doop, Trouw en Begrafenisregisters van de Walse kerk te Amsterdam). – (A.S.) Album studiosorum academiae Lugduno Batavae 1575-1875, Hagae Comitum, apud Martinus Nijhoff, 1875, col. 791 et col. 1050-B. – (N.F.) Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, Nachlass Formey, F.7, 29 lettres de C. à Formey, 2 juin 1750-18 mai 1765. – (B) Bourchemin D., Etudes sur les académies protestantes en France au XVIe et au XVIIe siècle, Paris, 1822 (Slatkine reprint 1969), p. 468. – B.S.H.P.F, n° 83, 1934, p. 511. – Formey J.H.S., La France littéraire ou Dictionnaire des auteurs français vivans, Haude et Spener, [Berlin], 1757, p. 131. – (J.L.) Journal litéraire de la Haye. – (J.S.H.) Journal des Savants, mai 1749, Augmenté de divers articles qui ne se trouvent pas dans l'Edition de Paris, t. CXLVIII, Amsterdam Janssons à Waesberge, 1749, p. 41-45. – (L.) Lagarrigue B.P.L., «Les coulisses de la presse de langue française dans les Provinces-Unies pendant la première moitié du XVIIIe siècle, d'après la correspondance inédite de Charles de la Motte...» Documentatieblad werkgrœp achttiende eeuw, Amsterdam, 22, 1990, p. 77-110. – (V.E.) Bibliothèque Jagellonska de Cracovie, Varnhagen van Ensesche sammlung, V.43, 15 lettres de C. à Formey, 18 sept.1750-14 nov. 1763 (cf. Stern L., Die Varnhagen von Ensesche Sammlung in der Koninglichen Bibliothek zu Berlin [présentement à Cracovie], [Berlin], 1911, p. 132).

BOULLIER

Numéro

101

Prénom

David

Naissance

1699

Décès

1759

Selon un «Mémoire Historique» qui fut publié dans la Bibliothèque des sciences et des beaux arts (t. XIV, part 2), David Renaud Boullier est le fils de Marguerite Melin et de noble Renaud Boullier, pasteur tout d'abord à Mirabeau en Anjou puis à Tournai après la Révocation. Il naquit à Utrecht le 24 mars 1699. Ainsi, les frères Haag qui n'avaient pas connaissance de ce mémoire, avaient-ils été assez perspicaces quant à l'identité du père de David Renaud (Haag, t. II, p. 427). Le mariage de B.

2. Formation

C'est avec son père, connu dans la République des Lettres par divers ouvrages (B.S.B.A., p. 445) que B. entama ses humanités et prit goût à l'étude. Il n'est pas exclu que Marguerite Melin, sa mère, l'ait également stimulé dans cette voie, si l'on considère qu'elle appréciait aussi les lettres. Ne donna-t-elle pas au public des Essais de paraphrases sur les Psaumes qui parurent en latin à Rotterdam en 1716 et une traduction du Caton d'Addison publiée à Utrecht en 1738? Quand B. fut en mesure de lire Homère, il entra à l'université d'Utrecht en 1715 (Album studiosorum, col. 116) et suivit les cours de Pierre et François Burman, de Joseph Serrurier, d'Herman Alexandre Roéll et de Jean Jacques Vitriarius. En 1716, il aurait soutenu une thèse intitulée De existentiâ Dei (l'Album Promotorum de l'université d'Utrecht ne mentionne cependant pas le nom de B.). L'auteur anonyme du mémoire de la B.S.B.A. mentionne que l'on aurait trouvé dans les papiers de B. le manuscrit d'un Discours sur les automates, qu'il composa pour une société littéraire d'Utrecht dont il était membre avec Paul Emile de Mauclerc.

3. Carrière

A dix-neuf ans, préférant poursuivre ses études, B. déclina un poste de professeur en philosophie à Doesburg (près d'Arnhem). Il s'était destiné à la théologie et fut reçu proposant lors du synode wallon tenu à Maastricht en avril 1720. En 1721, B. est élu à l'église de Castle street de Londres (Beeman, p. 36). Il est ordonné par Edmond Gibson, évêque de Londres, le 22 décembre 1723. Au cours d'un voyage en Hollande, B. prêcha deux fois à Amsterdam, le 10 et le 17 septembre 1724 où il fit bonne impression (B.W., ms. C 25.13, p. 5). En Angleterre, la communauté française de l'église de Castle ne semble pourtant pas l'avoir tant apprécié, si l'on en juge par une remarque sans doute excessive de Mlle Madeleine Amsincq dans la lettre qu'elle adressa le 31 juillet 1725 à Madame Sara Aufrère : «Les grands hommes sont si rares qu'il faut nécessairement se borner aux médiocres, et si Monsieur Boulié avait eu une autre conduite, je croy bien que nous ne vous l'ussions point laissé, mais il i a eu tant de lettres qui s'acordoyent toutes à parler de son humeur méprisante et de ses distractions que nos ministres n'ont osé se charger d'en courir les risques» (Turner, p. 141-142). En 1726, B. est élu ministre de l'église de la Savoie (Beeman, p. 20). Il est de nouveau en Hollande en 1731 car le 20 septembre, B. écrit au correcteur Charles de La Motte et lui annonce qu'il fera voile le lendemain pour Londres avec toute sa famille (B.S.H.P.F., ms. 295, n° 104). En 1734, il accepte sa nomination à l'église wallonne d'Amsterdam qui l'avait appelé le 12 janvier (Gagnebin, p. 27) et donne, le 13 juin 1734, un sermon d'entrée qui lui vaut un sarcasme du pasteur Antoine d'Arbussy : «nous savions bien que vous étiez un savantas» (B.W., ms. C 25.13, p. 6-7). Il semblerait que B. donna 468 sermons pendant les dix premières années de son ministère à Amsterdam, mais que parmi ceux-là, 135 furent des répétitions, ce qui fit dire à l'auteur des «Remarques sur l'Eloge Historique de Boullier» que ce pasteur savait l'art d'alléger le fardeau du ministère (B.W., ms. C 25.13, p. 26-27). Et lorsqu'un membre du consistoire l'admonesta à ce propos, «il s'excusa sur ce qu'il ne passoit pas son tems à battre le pavé ni à faire des visites, mais à méditer et à composer des livres». On lui répondit cependant : «Monsieur, nous ne vous avons pas appelé Ministre pour vous mettre en paine de l'ame des bêtes, mais pour avoir soin de l'ame des fidelles» (B.N.P., Ar. 63, f°161 r.). Suite à «quelques dégoûts particuliers» éprouvés également par son épouse, si l'on en croit l'auteur des «Remarques sur l'Eloge Historique de Monsieur Boullier» (B.W., ms. C 25.13, p. 22-23), B. demanda le 30 mars 1749 sa démission à l'Eglise Wallonne d'Amsterdam (A.S., Zutphen, mai 1749, art. XXXVI). Il repart en Angleterre pour servir l'Eglise Wallonne de Londres, mais après 15 ans d'absence, le temps avait dispersé le cercle d'amis qu'il avait connus lors de son premier établissement. Sa santé devenue plus fragile et les habitudes qu'il avait acquises en Hollande le conduirent à résigner sa fonction en 1751 pour aller s'installer à Utrecht. L'Académie de Frise lui proposa en 1754 une chaire de philosophie ainsi que l'Eglise de Franeker, mais préférant l'étude et son indépendance, B. refusa. De sa retraite «si agréable», B. put avouer à Prosper Marchand «n'avoir pas eu depuis maintes années autant de tranquillité d'esprit» depuis qu'il se trouvait à Utrecht (B.U. Leyde, March. 2, Utrecht, 27 janv. 1752).

5. Opinions

B. «s'appliqua constamment à l'étude des Langues mortes & à la Critique sacrée, & ne cessoit d'enrichir ses recueils d'observations philologiques & critiques dont il n'y a que la plus petite partie qui ait vu le jour» (B.S.B.A., p. 452) et admira toute sa vie Descartes et Fontenelle. B. était d'avis qu'il ne fallait nullement ménager les écrivains qui ne ménageaient personne et il était convaincu qu'il fallait être intolérant envers «les Athées dogmatiques, les Persécuteurs, & les corrupteurs de la jeunesse». Si sa devise semble avoir été «point de ménagemens, point de grace» pour ceux qui soutenaient «les principes impies et les sentimens dangereux», il n'était cependant pas insensible au talent et à l'esprit (B.S.B.A., p. 467). Il fut en correspondance régulière avec Paul Emile de Mauclerc, directeur de la Bibliothèque Germanique jusqu'en 1742, et avec Berkeley, l'évêque de Cloyne. «Il le fut aussi pendant quelque temps avec M. de Fontenelle [deux passages flatteurs pour B. tirés de lettres de Fontenelle sont cités dans B.S.B.A., p. 456-457, n. 6, 13 nov. 1736 et p. 463, n. 16, 25 juil. 1753], M. de Mairan, M. Depasse (dans ce tems là l'un des auteurs du Journal des Savans), avec M. l'Abbé Trublet, M. de Beyer [qui fut un rédacteur important de la Bibliothèque françoise], M. le Comte de Lynden, seigneur de Voorst, et jusqu'à sa mort avec le professeur Vernet, M. de Superville etc.» (B.S.B.A., p. 474). B. entretint une dispute épistolaire sur les idées innées avec l'abbé de Condillac au cours de l'année 1753 (B.S.B.H., p. 470). Trois lettres de B. sont conservées à la Bibliothèque universitaire de Leyde : deux sont adressées à Prosper Marchand (B.U. Leyde, March. 2) et la troisième l'est à Jean Etienne Bernard (B.U. Leyde, BPL 242). La B.H.P. conserve une lettre que B. adressa au grand correcteur d'Amsterdam Charles de La Motte (ms. 295, n° 104) et enfin, à la B.L. se trouve une lettre de B. à Caspard Wetstein (add. Mss 32414, f° 365-366).

6. Activités journalistiques

La carrière journalistique de B., marquée par plus d'une trentaine de contributions, débuta par la poésie. Il composa à l'âge de dix-huit ans une «Ode sur la campagne de Maarssen» adressée à M. de Rapin. Elle fut insérée dans les Nouvelles littéraires (1717, t. VI, p. 316) et représente son unique tentative dans le genre. Ses premières manifestations critiques furent publiées par la «bonne foi» de Juste van Effen dans les livraisons du 19 et du 22 septembre 1718 de La Bagatelle. B. avait reproché à Effen le manque de consistance de La Bagatelle (Schorr, p. 92-93), et «Mr Van Effen ayant répondu le 26 septembre, Mr Boullier répliqua et sa réplique remplit les feuilles des 19 et 22 décembre de la même année» (B.W., ms. C 25.13, p. 11-13).

Il y a dans la Bibliothèque françoise une lettre critique de B. sur la philosophie de Voltaire (t. XX, 1735, part. 2) qui fut publiée avec deux autres lettres sur le même sujet en 1741 à la fin des Lettres sur les vrais principes de la Religion. Après la parution de la seconde édition de son Traité philosophique sur l'âme des bêtes en 1737, l'abbé Trublet en donna trois extraits favorables dans le Journal des savants. Les auteurs de la Bibliothèque françoise et de la Bibliothèque raisonnée n'en furent pas aussi enthousiasmés. Armand de La Chapelle, le journaliste qui en donna les extraits dans ce dernier journal (t. I, part. 2, art. 1 et t. XIX, part. 1, art. 1 : cf. B.W., ms. C 25.13, p. 9-10 et B.N., Ar. 63, f° 161 r°) fut même si critique envers B. que celui-ci adressa une lettre aux collaborateurs du Journal des Savants qui l'insérèrent dans la livraison de décembre 1739 (p. 473).

On trouve dans les additions au Journal des savants de l'édition de Hollande les extraits et les écrits suivants : extrait de la «Lettre de M. Gervaise Holmes à l'auteur de la Lettre sur les aveugles» (mars 1752) ; «Réponse à l'art. X de la Bibliothèque impartiale, mois de mai et juin 1752» (juil. 1752) ; «Observations touchant quelques endroits des Lettres sur l'étude & l'usage de l'histoire, par Mylord Bolingbroke» (sept. 1752) ; «Défense de la conduite de St. Paul contre le Docteur Middleton» (oct. 1752) ; «Observations sur le recueil des Oeuvres de M. Maupertuis, imprimé à Dresde 1752» (fév. 1753) ; extrait de la Vie du Dr. Tillotson par Thomas Birch, Londres 1752 (traduction libre d'un article du Monthly review ; juillet 1753) ; une «Lettre de M. Boullier à MM. les auteurs du Journal des Savans» où il développe quelques points de la Philosophie cartésienne et combat quelques idées exposées par M. l'Abbé de Condillac dans son Traité des animaux» (mai 1757) et un éclaircissement de B. sur sa publication intitulée Court examen de la thèse de M. l'abbé de Prades et sortie des presses d'Amsterdam en 1753 (oct. 1753). L'article «Sur le Sophisme de Zénon, appelé Argumentum Achilleum» (sept. 1753), les extraits de la Vie de Bernard Gilpin (août 1753), de Théodore, Dialogue touchant l'Art de prêcher, par D. Fordyce (août 1753 et sept. 1753) et ceux des Lettres à un Américain sur l'Histoire naturelle de M. de Buffon (janv., fév., juil. et déc. 1753) ont été publiés en 1754 dans ses Pièces de littérature des années 1751, 1752, 1753, à Amsterdam chez Rey.

Onze pièces tirées des additions de l'édition d'Amsterdam du Journal des savants, se trouvent encore dans ses Pièces philosophiques et littéraires imprimées à Paris en 1759 chez Guillyn (v. liste in B.S.B.A., t. XI, p. 488).

B. fournit aussi deux articles à la Bibliothèque germanique : la «Lettre sur le Juge des controverses» (t. XLIX) et les «Observations sur le principe de l'attraction et sur celui de l'impulsion» (ibid.).

Et selon Pierre Cartier de Saint Philipe, B. donna l'extrait des sermons de M. de Superville dans la Bibliothèque impartiale (Nachlass Formey, F. 7, f° 27 r°).

7. Publications diverses

B., considéré par l'abbé Trublet comme l'un des meilleurs écrivains protestants (Journal Chrétien, novembre 1759, note p. 41 cité in B.S.B.A., p. 465), fit paraître à Amsterdam en 1728 chez Changuion l'Essai philosophique sur l'âme des bêtes en un volume in-12. Encore peu connu par les libraires, il avait été recommandé auprès d'eux par Jean Le Clerc (B.S.B.A., p. 354). En 1734 il donna, sans se nommer, son Exposition de la Doctrine orthodoxe de la Trinité, avec un court examen du nouveau système de M. [Paul] Maty, publiée à Amsterdam, chez P. Humbert. Un extrait fort critique de cette publication, donné par Paul Maty lui-même (voir B.W., ms. C 25.13, p. 7-8), parut dans la Bibliothèque françoise (t. XX, part. 1, p. 73). Cela engagea B. à répliquer dans la partie suivante de ce journal en y donnant sous le voile de l'anonymat des «Remarques» sur cet article. Une réponse de l'auteur de l'extrait et quatre autres lettres anonymes rédigées par Maty (B.W., ms. C 25.13, p. 10) pour défendre son système parurent encore dans ce même journal mais ne réussirent point à faire reprendre la plume à B. de sorte que les attaques cessèrent. En 1735, B. prononça un discours à l'occasion du jubilé de la révocation de l'édit de Nantes. La pièce fut imprimée à Amsterdam en 1736 sous le titre de Sermon sur le zèle et aurait même été traduite en hollandais par Van Leuwaerden, ministre de Delft. Ce sermon lui valut les objections d'un protestant de France auxquelles il donna une Réponse à la lettre d'un protestant de France, au sujet d'un sermon sur le zèle, par David Renaud Boullier, qu'il n'avait pas destinée initialement au public mais qui parut néanmoins en 1752 à Amsterdam chez P. Mortier.

Une nouvelle édition augmentée de l'Essai philosophique sur l'âme des bêtes parut en 1737 en 2 vol. in-8°. Dédiant l'ouvrage à Fontenelle, l'auteur se nommait à la fin de sa préface. Le Traité sur les vrais principes de la certitude morale qui avait été joint à la réédition constitue le fonds d'où fut tiré l'article «certitude morale» de l'Encyclopédie. L'auteur du «mémoire historique» note que l'article «âme des bêtes» du Dictionnaire raisonné des sciences est également tiré du livre de B. mais qu'en nommant l'auteur «Bouillot», on l'avait rendu méconnaissable.

Sans avouer en être l'auteur, B. donna en 1741 ses Lettres sur les vrais principes de la religion, où l'on examine le Livre de la religion essentielle à l'homme... On trouve à la fin de cet ouvrage la fameuse «Défense des Pensées de Pascal, contre M. de Voltaire», et trois lettres relatives à la Philosophie de ce poète. B. a traduit les Recherches sur les vertus de l'eau de goudron de Berkeley. Et après un recueil de Sermons, imprimés à Amsterdam en 1748 chez Changuion, il donna deux ans plus tard chez le même libraire un recueil de dissertations sacrées rédigées en latin. L'abbé Mosheim adressa à l'auteur des félicitations fort flatteuses pour cette dernière publication : «Vous joignez à un grand savoir et à une belle lecture, beaucoup d'esprit, et une politesse de style latin peu commune chez les auteurs de votre nation...» (25 juil. 1753, B.S.B.A., p. 463, n° 16). Un extrait favorable en fut donné par Jean Etienne Bernard (1718-1793) dans la Bibliothèque raisonnée (t. XLVI, part. 1, p. 164-188).

La correspondance de B. avec le père Hubert Hayer qui roule sur «l'infaillibilité prétendue» de l'église romaine fut publiée sous le titre Pyrrhonisme de l'Eglise Romaine, ou Lettres du P.H.B.D.R.A.P. [Père Hayer Bibliothécaire Des Récollets A. Paris] avec les Réponses, en 1757 à Amsterdam (cf. B.W., ms. B1). Enfin, dans les trois Discours philosophiques qui parurent chez Guyllin à Paris en 1759, «les matières sont traitées avec beaucoup d'ordre, de clarté et de force. On y voit partout plus ou moins le génie, la pénétration, la profondeur et la dextérité de M. Boullier ; il instruit en maître et il décide de même» (B.S.B.A., t. XI, p. 489).

8. Bibliographie

Album promotorum qui inde ab anno MDCXXXVI usque ad annum MDCCCXV in Academia Rheno-Trajectina gradum doctoratus adepti sunt», Utrecht, 1936. – Album studiosorum academiae Rheno-Trajectinae, MDCXXXVI-MDCCCLXXXVI. Utrecht, 1836. – (A.S.) Articles résolus au synode des églises wallonnes des Provinces Unies des Pays-Bas assemblé à Zutphen en mai 1749, à Delft en mai 1760 et à Tholen en juin 1762 (B.W., Actes synodaux, t. H, 1749-1762). – Beeman G.B., «Notes on the sites and history of the French Church in London» in Proceedings of the Huguenot society of London, t. VIII, n° 1, Londres, 1905, p. 13-59. – B.N., ms. Ancien Régime 63, Lettre de Jean-Jacques Wetstein à l'Abbé Jourdain, Amsterdam, 30 sept. 1737. – (B.S.B.A.) Bibliothèque des sciences et des beaux arts, t. XI, part. 2, «nouvelles littéraires», p. 488-489 et t. XIV, part. 2, art. XIV, «Mémoire historique sur M. Boullier», p. 444-482. Un mémoire manuscrit intitulé comme cet article XIV et de contenu identique se trouve à la Bibliothèque wallonne à Amsterdam (ms. C 25-12). – B.H.P., fonds Charles Read ms. 295, n° 104, lettre de B. à Charles de La Motte, Utrecht, 20 sept. 1731. – B.U. Leyde, une lettre de B. à J.E. Bernard, La Haye, 14 avril 1749 (BPL 242) et deux lettres B. à Prosper Marchand, Amsterdam, 31 juil. 1747 et Utrecht, 27 janv. 1752 (March. 2). – (B.W.) Bibliothèque Wallonne, Amsterdam, correspondance de B. et du père Hubert Hayer ; ms. C 25.13, «Remarques sur l'Eloge historique de Mr. Boullier», 27 p. ; le ms. C 25.22 de cette même bibliothèque contient une lettre écrite d'Amsterdam le 31 mars 1749, qui concerne le sermon d'adieu que donna B. à l'église wallonne d'Amsterdam le 30 mars 1749. Cette lettre critique entre autre le ministère de B. et son manque de ponctualité à Amsterdam. L'auteur du ms. C 25.20 intitulé «Remarque sur le sermon de Mr Boullier sur St-Marc XI, v.12, 13 et 14 prononcé à Amsterdam le 6 avril 1755» considère que «la seconde partie contenoit d'excelantes reflexions, mais que la première qui devoit être l'explication du texte, et servir à en lever les difficultés ne servit qu'à les multiplier». Notons que la graphie caractéristique de ces trois manuscrits de la B.W. ressemble fort à celle de David Bion (1698-1764). – Gagnebin F.H., «Liste des églises wallonnes des Pays-Bas et des Pasteurs qui les ont desservies», Bulletin de la commission pour l'histoire des églises wallonnes, La Haye, 1888, t. III. – Deutsche Staatsbibliothek de Berlin, Nachlass Formey, F. 7, lettre de Pierre Cartier de Saint Philippe à Jean Henri Samuel Formey, [ascension 1756 ?].– Schorr J.L., Justus van Effen and the Enlightenment, Dissertation, The University of Texas at Austin, 1978. – Turner W. (ed.), The Aufrère papers, calendar and selections, edited for the Huguenot Society of London, publication of the Huguenot Society of London, t. XL, 1940.

BEYER

Numéro

073

Prénom

Justinus de, seigneur d'Hulzen

Naissance

1705

Décès

1772

Depuis le travail de Mulder (p. 4), il est établi que Justinus de Beyer est né le 5 janvier 1705 (et non pas le 8 ; Journaal, p. 1-2) et qu'il fut baptisé le 11 il est le fils de Geertruida Cuper et de Jacob de Beyer, maire de Nimègue qui mourut en 1709. Le 1er juin 1734, Beyer épousa Maria Elisabeth de Casembroot, fille d'Hillegonda van Bergen et de Léonard de Casembroot, seigneur de Rijnestein.

2. Formation

Nous savons peu de chose sur la jeunesse de B., mais nous pouvons être assuré qu'il obtint une formation élémentaire assez solide pour lui permettre d'entreprendre des études de droit à Utrecht où il est inscrit en 1724 (Album studiosorum, col. 126). Le 12 juin 1724, B. obtient sa maîtrise de droit en défendant, devant son professeur Cornelis van Eck, un mémoire intitulé «De Tribus juris praeceptis» (Album promotorum, p. 118). Grâce à ses relations, et «principalement à M. [Louis] de Bréquigny», B. obtint une «place d'associé de l'Académie royale des sciences, des belles-lettres et des arts de Rouen» (Journaal, p. 65). Outre ses études et son intérêt pour les sciences, B. apprit à jouer du violon. Il maîtrisa ensuite cet instrument avec assez de talent, puisqu'il n'hésita pas à offrir plusieurs concerts en compagnie de ses amis (Journaal, p. 242-243 et p. 250).

3. Carrière

De juin 1725 à mars 1728, B. entreprit, avec Louis de Geer (1705-1758), son grand tour de l'Europe. Les deux jeunes gens se rendent ensemble à Hanovre, Cassel, Francfort, Strasbourg – pour assister le 15 août 1725 aux fiançailles de Louis XV et Marie Leszczynska – , puis à Stuttgart, Augsbourg, Munich, Nuremberg, Ratisbonne d'où ils partent par le Danube pour Vienne où ils arrivent le 14 octobre 1725. Le 15 décembre, ils se dirigent vers Venise. Après Padoue, Rome et Naples, ils passent par Genève et arrivent à Paris le 14 novembre 1726. Au cours de l'année 1727, les compagnons de voyage se séparent et B. entreprend de faire un «Tour des Provinces» françaises puis de rester encore quelque temps à Paris. Il est de retour à Nimègue en mars 1728. Chanoine de la cathédrale d'Utrecht en 1734, B. fut nommé plus tard, conseiller, échevin, puis le 2 janvier 1746, maire de Nimègue (Journaal, p. 21). Il fut aussi membre de l'amirauté de Westfriesland et du Noord-Kwartier, député de la diète (in den Landdag) et des Etats-Généraux au conseil de ses Messieurs les Hauts-Puissants (Hoge Mogendheden) des Provinces-Unies. Homme politique d'une grande habilité, B. ne voyait d'autre intérêt dans ses fonctions «que celui de la vérité et de la tranquillité publique» (Journaal, p. 164). Homme affable et social, B. était souvent invité à dîner chez les personnalités politiques de distinction lors de ses divers voyages qui le menaient le plus souvent à Leyde, à La Haye, à Utrecht, à Arnhem et à Rotterdam.

4. Situation de fortune

La famille Beyer possédait une suite de logements dans la Grote Burchtstraat à Nimègue qui fut vendue en 1794 pour la somme de 17500 florins (Mulder, p. 5 et p. 173 n. 32). B. en hérita avec une belle propriété, aujourd'hui disparue, sise au sud de Nimègue (voir la gravure et l'historique de la demeure dans le Journaal, p. de garde et p. 3-6). Son père lui laissa aussi une autre demeure située non loin du Belvédère à Nimègue (21 Kelfkensbosch) et qui fut vendue le 26 mars 1762 pour la somme de 8740 florins (Journaal, p. 230). B. passait la belle saison à Hulse et résidait le reste du temps à Nimègue même. Les diverses fonctions de B. lui permirent de mener une vie confortable de bourgeois de province : il avait engagé du personnel domestique, il possédait un équipage et organisait souvent des dîners et des concerts privés. Le 11 août 1755, B. note dans son Journal qu'il loue pour 80 florins l'année sa maison de Bemmel (rive droite du Waal, en amont de Nimègue) à un avocat du nom de van Bommel (Journaal, p. 84). B. possède aussi le château «Kinkelenburg» (Journaal, p. 57 et 267) qu'il vendit le 21 août 1765 pour la somme de 6300 florins (Journaal, p. 314 et 326).

5. Opinions

De confession protestante, B. mentionne le 26 décembre 1745 dans son Journal qu'il a été «confirmé ancien dans l'église hollandoise» (p. 20) et le 14 mars 1763 qu'il avait été «élu ancien par le Consistoire wallon» (p. 251). La conviction religieuse du maire de Nimègue influence même, comme il était de coutume alors, ses décisions. Ainsi, lorsque l'emploi municipal de «claviger» (bedeau ou concierge) de l'école latine de Nimègue, devint vacant et qu'il fut sollicité par l'échevin Haasbaert au profit de son valet catholique romain, B. s'opposa-t-il à cette nomination avec véhémence en invoquant qu'il était d'avis d'interdire de céder tout emploi municipal à une famille catholique (Journaal, p. 94). C'est dans son Journal que B. reconnaît devoir à Henri du Sauzet «la connoissance et l'amitié de beaucoup d'hommes de lettres : celle de M. l'abbé [Joseph Thoulier] d'Olivet, de M. [Louis Georges] de Bréquigny, de M. l'abbé Pinaux, official et vicaire-général de Montevilliers, de M. [Claude Nicolas] le Cat. ». Les archives nationales de Gueldre, à Arnhem, où est conservé un riche fonds concernant la famille De Beyer, possèdent malheureusement peu de lettres rédigées par B. et cela est d'autant plus regrettable que celui-ci mentionne dans son Journal : «J'avois écrit à du Sauzet une grande quantité de lettres. Toutes celles qu'il avoit conservées, m'ont été rendues [après son décès] par sa fille, Louise Marianne du Sauzet [qui est] une fille d'esprit». Ces lettres ont sans doute été détruites au cours de la seconde guerre mondiale.

6. Activités journalistiques

Quand De Beyer apprend le décès d'Henri du Sauzet, il écrit le 6 mai 1754 dans son journal : «Je perds en lui un ami, qui ne m'a jamais donné le moindre sujet de déplaisir ou de mécontentement. Notre connoissance se fit l'année 1735 à l'occasion d'une dissertation, que je le fis prier par M. Neaulme, alors libraire à Utrecht, de mettre dans sa Bibliothèque françoise. Il m'accorda gracieusement ma demande, en me priant de lui fournir souvent des articles pour son journal. Je l'ai fait jusqu'à l'entière cessation de la Bibliothèque françoise en 1746, où il se trouve un grand nombre d'articles de ma façon» (Journaal, p. 64-65). Le premier article que fournit B. à la Bibliothèque françoise, intitulé «Remarques sur le système nouveau, inventé par le père Brumoy, touchant la Manière Cavalière dont Aristophane traite les Dieux», fut inséré dans le t. XIX de ce journal (B.U. Leyde, March 2, 27 fév. 1745). Les lettres de B. à Prosper Marchand sont très instructives et permettent d'attribuer à B. un grand nombre d'articles de la Bibliothèque françoise. De toute évidence, Henri du Sauzet a toujours été satisfait de la collaboration de B. à la Bibliothèque françoise. Et dans une lettre datant du 16 mars 1738 (RGA, 0518, 53), le libraire d'Amsterdam confirme son jugement favorable envers son journaliste : «Je ne vous ai dit, Monsieur, que ce que je pense de vos Articles : en conscience si je les lisois dans un autre Journal et que l'Auteur m'en fût inconnu, je n'en penserois pas autrement. Je vois avec plaisir que tout le monde juge comme moi de tout ce qui viens de vous». Du Sauzet apprécie tant les capacités de B., qu'il lui demande même de considérer si quelques manuscrits envoyés par l'abbé Desfontaines pourraient entrer dans la Bibliothèque françoise (RGA, 0518, 53, 1 juin 1742), mais B., en fin politique, est assez habile pour ne pas se compromettre, puisque Du Sauzet lui répond : «Vous m'auriez fait plaisir de me marquer plus nettement ce que vous pensez de ces morceaux envoyés par l'abbé Des Fontaines ; voici ce que j'en pense. Le Mémoire sur les prétentions de l'Evêque de Mets est un morceau de Droit public, qui est curieux et ne peut manquer de faire plaisir. Pour ce lui qui regarde les princes de Ligne, il pourroit déplaire à certaines gens, et il convient de l'examiner avec attention. Je suis d'avis de mettre au rebut la critique du Livre de l'Abbé Goujet qui est de mes amis, et que je ne voudrois pas désobliger. Ce morceau est de la main de feu [l'] Abbé Granet, qui a autrefois travaillé à mon Journal, et qui l'abandonna parce que je lui avançai vingt pistoles qui ont [été] perduës pour moi. Voici une particularité que j'ai apprise sur cet Abbé provençal ; c'est qu'il est mort glorieusement de la Vérole, ce que Des Fontaines n'a eu garde de mettre dans son Eloge. [...] La Dissertation sur les Iconoclastes [de l'Abbé Des Fontaines (RGA, 0518, 53, 1 juin 1742)] paroitra dans le volume [de la Bibliothèque françoise] que j'imprime, elle est trop sensée pour qu'on ait osé l'imprimer à Paris» (RGA 53, 12 juin 1742). Ainsi Du Sauzet se confie-t-il ouvertement à B. à travers une correspondance qui gagnerait indéniablement à être publiée pour sa richesse toute particulière pour les informations relatives à d'autres libraires, à l'équipe rédactionnelle de la Bibliothèque françoise et, outre quelques anecdotes littéraires, aux nouvelles politiques du temps. Du Sauzet estime si bien B., qu'il lui écrit : «Vous êtes fort le Maître de disposer de la Bibliothèque françoise qui est plus à vous qu'à moi. Vous pouvez y insérer tout ce que vous jugerez à propos» (RGA, 53, 26 avril 1743).

La correspondance de B. avec P. Marchand (B.U. Leyde, March 2), très intéressante également pour celui qui cherche à identifier les auteurs des articles de la Bibliothèque françoise, dévoile la collaboration régulière du maire de Nimègue à ce périodique.

7. Publications diverses

Dans son Journal, B. se distingue comme un agréable et charmant causeur (Journaal, p. VI). Assez critique pour juger de la qualité littéraire de ses propres écrits, B. en vint, le 29 mars 1761, à jeter au feu «la plûpart, sinon tous les vers» qu'il avait écrits (Journaal, p. 200). B. édita les Lettres critiques, de Litterature, &c. écrites à divers Savans de l'Europe par feu Monsieur Gisbert Cuper. Bourguemaitre de la Ville de Deventer, Député des Etats de la Province d'Overyssel à l'Assemblée des Etats Généraux des Provinces-Unies des Païs-Bas..., Amsterdam, chez J. Wetstein [imprimé par H. du Sauzet], 1742, in 4°.

8. Bibliographie

Album promotorum qui inde ab anno MDCXXXVI usque ad annum MDCCCXV in Academia Rheno-Trajectina gradum doctoratus adepti sunt..., Utrecht, 1936. – Album studiosorum academiae Rheno-Trajectinae, MDCXXXVI-MDCCCLXXXVI. Accedunt nomina curatorum et professorum per eadem secula, Utrecht, 1836. – B.U. Leyde, 2, 207 lettres de B. à Prosper Marchand écrites de Nimègue et dont 180 sont datées entre le 28 novembre 1739 et le 21 février 1756. – Journaal, Schevichaven H.D.J. van (éd.), Journaal van Mr. Justinus de Beyer, Heer van Hulzen, over de jaren 1743-1767. Werken uitgegeven door Gelre. Vereeniging tot beoefening van geldersche geschiedenis, oudheidkunde en recht. N° 6, Arnhem, 1906, VIII, 356 p. – Mulder R., De Vormingsjaren van Justinus de Beijer (1705-1772), [1989], inédit, mémoire de fin d'études rédigé sous la direction du professeur H. Bots à l'Université de Nimègue. – (RGA 53) Rijksarchieven Gelderland, Arnhem, toegangsnummer 0518, inv. n° 53, 181 lettres d'Henri du Sauzet (1686-1754) à B. de 1738 à 1742. L'existence de cette riche collection m'a aimablement été signalée par le professeur P.J. Buijnsters ; RGA, n°62ms.dans lequel B. consignait diverses notes, pensées, extraits et anecdotes.

BAULACRE

Numéro

044

Prénom

Léonard

Naissance

1670

Décès

1761

Léonard Baulacre, né à Genève le 18 octobre (v.s.) 1670 est le second fils de Renée Burlamaqui et de Nicolas B. dont le père avait, selon Jacques Vernet (V), quitté Tours au début du XVIIe siècle. Nicolas B., marchand de soie (S.-M.) devenu bourgeois de la ville en 1654, était entré au Grand Conseil à partir de 1658. En 1688, Léonard perdit son père qui s'était marié deux fois et avait laissé deux filles de son premier mariage et trois fils du second.

2. Formation

B. fit ses études au collège de Genève. Il s'inscrit à l'Académie de cette ville en faculté de lettres en 1685 puis en faculté de théologie en 1689 (S.-M.). Il ne fut consacré au saint ministère qu'en 1699. Son nom est mentionné sous celui de Jean Lullin à la date du 4 novembre 1712 dans la liste des étudiants inscrits à l'université de Leyde (A.S.). Agréable en compagnie et d'un caractère très sociable, B. n'eut aucune peine à être apprécié par les diverses sociétés savantes ou littéraires de Genève dont il était membre (M).

3. Carrière

Admis à la compagnie des Pasteurs en 1704 pour son dévouement, il était également associé à la Société de Gens de Lettres dont la tâche fut de préparer la version française du Nouveau Testament publiée en 1726. Le 16 septembre 1712, le Petit Conseil autorisait B. à prendre congé pour se rendre en Hollande et en Angleterre avec Jean Lullin. Séjournant un peu plus d'un an à Leyde, B. put s'entretenir souvent avec divers savants et notamment avec Guillaume Jacob's Gravesande. Quelques excursions dans d'autres villes lui permirent de rencontrer Jacques Basnage, Jacques Saurin, Jean Le Clerc et Jean La Placette. L'annonce du couronnement du roi George Ier avait décidé les voyageurs à passer en Angleterre en juillet 1714. A Londres, B. rencontra un grand nombre de réfugiés huguenots tels que Jacques Abbadie, Pierre Des Maizeaux et Pierre Coste, mais aussi de grands prélats anglais tels que le célèbre Gilbert Burnet, évêque de Salisbury, ou le fameux Hoadley, évêque de Bangor (cf. Bibliothèque raisonnée, t. XXXVIII, part. 2, art. 9, p. 134-135). B. dut son introduction auprès de l'évêque de Salisbury à Jean Masson qui avait été le gouverneur des fils de cet évêque (B. à Marchand, 1er mars 1753 ; cf. Bibliothèque britannique, t. XXIII, p. 438). La santé de son jeune compagnon de voyage s'étant subitement aggravée, B. se chargea de le conduire vers un climat plus favorable. Ils arrivèrent à Paris en février 1715. Tout en espérant un rétablissement prompt du malade, B. profita de son séjour parisien pour rencontrer Fontenelle, les pères Malebranche et Le Brun ainsi que les abbés Bignon et Fraguier. Mais, bientôt la maladie emporta Jean Lullin et B. dut rentrer seul à Genève en mai 1715. Sans ambition particulière, ce ne fut qu'à l'âge de 58 ans qu'on le nomma, le 3 décembre 1728, pour servir la bibliothèque publique de Genève. B. honora sa charge pendant plus de 27 ans et décida de suspendre ses fonctions le 20 février 1756. Le Petit Conseil accepta sa démission le 28 février (M.).

4. Situation de fortune

Médiocrement fortuné, B. n'avait hérité avec son frère que d'une propriété familiale située à Landecy tout près de Genève. Son poste de bibliothécaire lui permettait uniquement de disposer d'un logement de fonction qu'il occupa avec son frère et sa belle soeur. Lorsqu'il démissionna à l'âge de 85 ans, le Petit Conseil lui accorda une pension viagère annuelle de 500 florins, laquelle équivalait à l'avantage du logement qu'il devait abandonner.

5. Opinions

Protestant, B. publia la plupart de ses compositions dans de nombreux journaux de langue française fondés par des hommes du refuge. Ses attaques contre les dogmes et les pratiques de l'église romaine n'y sont pas rares. Nombre de ses lettres adressées à des hommes de lettres ont été conservées. Ainsi, trouve-t-on à la Bibliothèque universitaire de Leyde (March. 2) 36 lettres que le bibliothécaire de Genève adressa à Prosper Marchand, dont vingt-trois sont datées entre le 15 mars 1741 et le 1er mars 1751. Cette correspondance confirme l'authenticité de la liste des articles publiée par Vernet - lequel la tenait, affirme-t-il d'ailleurs, du journaliste lui-même (V, p. 17) - puisque B. fait état d'une dizaine de ses articles sur la quarantaine qu'il inséra dans la Bibliothèque raisonnée. Les lettres de B. adressées à Jean Henry Samuel Formey conservées à la Deutsche Staatsbibliothek de Berlin (N.F. : Nachlass Formey, 18 lettres datant du 15 avril 1743 au 1er sept. 1754) ainsi qu'en Pologne à la Bibliothèque Jagellonska de Cracovie (V.E. : Varnhagen van Ensesche Sammlung, V, 26, trois lettres de B. à Formay, de Genève ; 1751, 2 mars 1751 et 259 sept. 1754 (cf. Stern L., Die Varnhagen von Ensesche Sammlung in der Königlichen Bibliotek zu Berlin[présentement à Cracovie], [Berlin], 1911). Cette correspondance avec le secrétaire de l'Académie des sciences de Berlin concerne la Bibliothèque Germanique, et la Bibliothèque impartiale. Trois lettres adressées à Jean Pierre de Crousaz par B. sont conservées à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (fonds de Crousaz, ms. IS 2024, XII, p. 189, 193 et 197). Paul Nordmann mentionne une lettre de B. à Gabriel Seigneux de Correvon datant de 1742, laquelle est conservée à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève. B. est en correspondance avec Abraham Ruchat et l'on a ainsi encore quatre copies de ses lettres (S.R.). On trouve aussi cinq lettres de B. dans Budé (une de Landecy du 7 avr. 1698, une de Leyde du 24 nov. 1713 et trois de Londres du 27 sept. 1714 au 6 déc. 1714). La Bibliothèque de la Bourgeoisie de Berne conserve quatre copies de lettres de B. au professeur Abraham Ruchat du 25 juin 1745 (MSS.h.h. XVI 62, p. 52-61), du 13 juillet 1745 (p. 62-67), du 30 septembre 1745 (p. 77-82), du 25 septembre 1749 (p. 83-87). M. P. Monnier nous a signalé l'existence de deux lettres autographes de B. à Ami Lullin du 17 juin 1722 et du 16 août 1722 (Ms. Lullin 4, f° 1-14) et de deux manuscrits : le premier est intitulé «Fantaisie sur la médaille frappée en l'honneur de Louis Lefort [frappéee en juillet 1734 par Jean Dassier]» (ms. fr. 854, n° 29), et le second : «Fragment autographe d'un journal de voyage de Léonard Baulacre à Paris, 1715» (Ms. Suppl. 1564). On trouve encore dans cette bibliothèque un «Catalogue des livres de feu Spectable Baulacre. XVIIIe siècle» (Ms. Suppl. 489). Enfin, B. confia à Prosper Marchand qu'il entretenait «une petite correspondance» avec les journalistes de Trévoux (BUL, March. 2, B. à March., 7 mars 1743, f° 3, r°.).

6. Activités journalistiques

La première liste des articles que Léonard B. inséra dans les journaux, a été publié par Vernet (V) et non pas par Jean Sénebier, comme nous l'avions cru (L.). Sénebier avait pris soin de publier cette liste mais il avait négligé de signaler d'où il la tenait. Etablie par B. lui-même, la liste indique sa collaboration à la Bibliothèque raisonnée mais aussi à la Bibliothèque britannique comme il le confirma lui-même pour cette dernière à P. Marchand dans sa lettre datant du 15 fév. 1748. B. lui apprenait là qu'il avait lu dans la table générale de ce journal qu'on lui attribuait cinq dissertations (1747, table, p. 67-68). Il confiait en outre à Marchand qu'«on en a oublié à peu près autant dont on a pas su que j'étois l'auteur». Les diverses listes publiées jusqu'alors permettent d'attribuer à B. les neuf articles suivants de la Bibliothèque britannique : t. XXI (1743), p. 105, «Remarques sur la résurrection de Lazare, Jean XI» ; ibid., p. 378, un éloge historique de Jacques Antoine Arlaud, Peintre Genevois ; t. XXII (1743), p. 123, «Lettre sur la conduite de Pilate à l'égard de J.C.» ; t. XXIII (1744), p. 118, «quelques particularités curieuses sur Mr. [Richard] Pocock, auteur d'un Voiage en Egipte...» ; ibid., p. 125, «Explication de Deutér., XXIX, 29» ; ibid., p. 305, «Réflexions sur la trahison de Judas» ; ibid., p. 416, défense de Gilbert Burnet contre les Mémoires de Trévoux ; t. XXIV (1744), p. 98, «Dissertation sur le genre de mort de Judas» ; ibid., p. 163, «Explication de la déclaration de J.C., Math. V. 20 : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes...».

Trois dissertations de la plume du bibliothécaire de Genève sont insérées dans le Journal littéraire d'Allemagne, de Suisse et du Nord (t. I, p. 105, «Explication de quelques passages sur la Grâce» ; ibid., p. 277 et t. II, p. 247, «Lettre sur la plainte de Jésus Christ sur la Croix», Math. XXVI, v. 46).

B. rédigea neuf articles pour la Bibliothèque germanique, une trentaine dans la Nouvelle Bibliothèque germanique, et neuf pour la Bibliothèque impartiale dont huit sont mentionnés par Sénebier et un autre par Mallet.

On trouve quelques-unes de ses productions dans le Journal de Trévoux, (janvier 1742, art. 7 ; nov. 1742, art. 82 ; avril 1743, art. 29 et sept. 1743, art. 66) ; dans la Bibliothèque françoise (t. XXVIII, «Sur le Camp de Galba», ibid., «Sur la quatrième Eglogue de Virgile» et t. XLI, «Sur Amédée VIII, Duc de Savois») et enfin une cinquantaine de contributions dans le Journal helvétique. Pour son édition des Oeuvres historiques et littéraires de Léonard Baulacre, Edouard Mallet a consulté les différents périodiques dans lesquels B. avait fait insérer ses articles. Il a ainsi pu constater, en le notant respectivement sous chaque titre d'article où cette particularité se manifeste, qu'une bonne vingtaine de contributions non mentionnées par Vernet et Sénebier sous la rubrique du Journal helvétique de leur liste, avaient été publiées dans ce Journal avant de l'être dans les journaux étrangers de langue française.

La moitié environ des compositions de B. concerne l'Écriture sainte et divers sujets de piété. Les autres contributions, plus variées, se rapportent à la littérature, à la bibliographie, à l'histoire ecclésiastique, à l'histoire de Genève, à la naissance de l'imprimerie et, ce qui est encore rare dans la presse périodique de l'époque, à l'art pictural dans un article (Journal helvétique, août 1752) consacré à «un tableau de Rubens».

La critique de B. «est vive et pleine de traits», on le suit «sans fatigue» et l'on peut même se surprendre avec un sourire aux lèvres en parcourant ses sujets même les plus arides (M., p. XXVIII).

7. Publications diverses

Outre sa collaboration à la version française du N.T. publié en 1726, toute l'activité littéraire de B. s'est concentrée sur ses contributions aux divers périodiques de langues françaises principalement publiés en Suisse ou en Hollande. Un bon nombre de ses dissertations ont été rassemblées par Edouard Mallet et furent publiées à Genève en 1857 (M.).

8. Bibliographie

(A.S.) Album studiosorum academiae Lugduno Batavae 1575-1875, La Haye, Nijhoff. 1875, t. II, col. 828. – Bibliothèque britannique, ou histoire des ouvrages des sçavans de la Grande-Bretagne, 1747, t. XXV, table, p. 67-68. – Budé E. de (éd.), Lettres inédites adressées de 1686 à 1737 à J.A. Turrettin, Paris, Genève, 1887. – Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savans de l'Europe, Amsterdam, chez les Wetsteins & Smith, (1728-1753), 50 vol. et 2 vol. de tables des matières. – Engel C. E., Jean François de Boissy (1704-1754), un réfugié français du XVIIIe siècle d'après sa correspondance, Neuchâtel, 1941, p. 98. – (L) Lagarrigue B.P.L., «La correspondance inédite de Charles Pacius de La Motte (1667?-1751) : source remarquable pour l'histoire du livre et du journalisme de la première moitié du XVIIIe siècle» in LIAS, t. XVII, n° 2, 1990, p. 147-162. – (M) Mallet E., Oeuvres historiques et littéraires de Léonard Baulacre, Ancien Bibliothécaire de la République de Genève, Genève, 1857, deux tomes (avec un portrait). La notice donnée p. XI-XLV est signée «Th. H. ». – Nordmann P., Gabriel Seigneux de Correvon, ein schweizerischer kosmopolit, 1695-1775, Firenze, 1947, p. 140. – Sénebier J., Histoire littéraire de Genève..., Genève, Chez Barde, Manget & Compagnie, 1786, t. III, p. 35-47.– (S.-M.) Stelling-Michaud, Le Livre du Recteur de l'Académie de Genève (1559-1878), Genève, 1966, t. II, p. 143.– (S.R.) Santschi, C. & Roth Ch., Catalogue des manuscrits d'Abraham Ruchat, (Etudes et documents pour servir à l'histoire de l'université de Lausanne, 8e fascicule) Lausanne, 1971, p. 135. – (V) [Vernet, Jacob], «Eloge Historique de Mr. Leonard Baulacre, Ministre & Bibliothécaire Genève» in Bibliothèque des sciences & beaux arts, 1763, t. XIX, p. 1-30.