LA METHERIE

Numéro

449

Prénom

Jean Claude de

Naissance

1743

Décès

1817

Jean Claude de La Métherie (ou Delamétherie) est né à La Clayette, en Mâconnais, le 4 septembre 1743 et a été baptisé le 5 (A.D. Saône-et-Loire, reg. par. de La Clayte ou La Clayette). Il était fils de François de La Métherie, docteur en médecine, et de Claudine Constantin ; son parrain, Jean Constantin, était curé de Chavigny La Garde ; sa famille paternelle avait compté plusieurs médecins (B, p. 80), sa famille maternelle plusieurs prêtres. L.

2. Formation

Il fit ses premières études à Thel, dans la campagne mâconnaise, sous la conduite de précepteurs. Son caractère studieux et «mélancolique» semblant le destiner à la carrière ecclésiastique, il fut envoyé, à l'âge de quinze ans, dans une «espèce de séminaire» à Thiers (B, p. 80). Il y resta trois ans puis se rendit à Paris avec son frère aîné qui achevait alors ses études de médecine. Il suit les cours de théologie de la Sorbonne et reçoit au séminaire Saint-Louis les quatre ordres mineurs (ibid.). A vingt-deux ans, la mort de son frère le décide à revenir à la médecine et à prendre la succession de son père. Reçu médecin en 1770, il s'installe à La Clayette où il exercera jusqu'en 1780. Il avait entrepris, dès l'âge de seize ans, sous l'influence des Principes mathématiques de Madame du Châtelet, des Principes de la philosophie naturelle ; il les achève en 1776 et les publie à Genève en 1778. Il décide alors de se consacrer à la recherche ; il abandonne à son frère Antoine son cabinet médical et sa part d'héritage -leur père étant mort vers 1780- et s'installe à Paris.

3. Carrière

Dès 1780, il fréquente le monde scientifique, rencontre Diderot et d'Alembert (B, p. 82), publie les Vues physiologiques et plusieurs mémoires dans les Observations sur la physique, dont il prend la direction en 1785. Sa vie est dès lors entièrement consacrée à son journal et à ses oeuvres scientifiques. Il présente en 1799 sa candidature au Collège de France, qui lui préfère Cuvier, mais il obtient en 1801 une chaire de professeur-adjoint en minéralogie et géologie. Il est atteint en 1812 par une première crise d'apoplexie ; il est soigné et guéri par Pinel ; H. de Blainville, à qui nous devons l'excellente Notice historique du Journal de physique le supplée au Collège de France et à la direction du journal. Victime d'une seconde crise en juin 1817, il meurt le 1er juillet.

4. Situation de fortune

A la mort de son père, qui jouissait d'une «honnête» fortune (B, p. 80), il abandonne à son frère Antoine sa part d'aîné et ne garde pour lui qu'une pension de 2400 F. (B, p. 82). La direction des Observations améliore «considérablement» ses revenus (ibid.). Il acquiert la propriété du journal qu'il refusera toujours de vendre à un libraire (B, p. 89). La ruine de son frère Antoine, à qui il évite la faillite, le réduit à une situation précaire. Grâce à Cuvier, il obtient la totalité du salaire de professeur titulaire au Collège de France en 1801 (B, p. 88).

5. Opinions

Disciple, dès sa jeunesse, de Newton et de Locke, sensualiste convaincu, il évolue vers un matérialisme radical et verra dans la cristallisation le principe de la reproduction universelle. Il s'est surtout illustré par une polémique aussi longue que vaine avec Lavoisier. En 1789, il est d'abord favorable à la Révolution, mais il en dénonce les excès ; les «Réflexions sur la Révolution française» qu'il publie de 1789 à 1792 dans le Journal de physique et son hostilité à la Constitution du 10 août 1792 lui valent d'être arrêté. Il échappe à la condamnation grâce à l'intervention d'un voisin, tailleur de son état et membre du comité de sa section (B, p. 101).

6. Activités journalistiques

Observations sur l'histoire naturelle, la physique, et la peinture ou Journal de physique : d'abord collaborateur du Journal de physique, L. en devient le directeur en mai 1785, au moment où Jean-André Mongez en abandonne la direction pour suivre l'expédition de La Pérouse (D.P.1 1089). De mars 1785 à février 1817, L. y publie une centaine de communications sur ses propres recherches ; il publie également des comptes rendus, des extraits, des dissertations originales, faisant une large part aux contributions étrangères et attaquant volontiers les gloires établies. Chaque année, à partir de 1786, il publie également, au mois de janvier, un «Discours préliminaire» dans lequel il fait l'historique des progrès scientifiques de l'année écoulée.

7. Publications diverses

On trouvera dans B, p. 102-107, la liste des oeuvres de L. Parmi les plus importantes, on peut citer : Essai sur les principes de la philosophie naturelle, Genève, 1778, réédité sous le titre de : Principes de la philosophie naturelle, Genève, 1787. – Vues physiologiques sur l'organisation animale et végétale, Amsterdam et Paris, 1780. – Théorie de la terre, Paris, 1795, 3 vol. ; rééd. augm., Paris, 1797, 5 vol. – De l'homme considéré moralement, Paris, 1802, 2 vol. – Considérations sur les êtres organisés, Paris, 1804, 2 vol. – Leçons de minéralogie données au Collège de France, Paris, 1812, 2 vol. – Leçons de géologie données au Collège de France, Paris, 1816, 3 vol.

8. Bibliographie

B.Un. (art. de Cuvier) ; D.S.B. – (B) Blainville H. de, «Notice historique sur la vie et les écrits de J.C. Delamétherie», Journal de physique, 1817, p. 78-107 : source des autres notices biographiques. – Lemay E., Dictionnaire des Constituants, Paris, 1991.

LA CAILLE

Numéro

435

Prénom

Nicolas

Naissance

1713

Décès

1762

Nicolas Louis La Caille est né le 15 mars 1713 à Rumigny dans les Ardennes, de Charles Louis de La Caille et de Barbe Rubuy, de familles anciennes du Laonnais. Le père fit plusieurs campagnes et le prince duc de Bourbon, père de Condé lui procura une place de Capitaine des Chasses à Anet. Il mourut d'une fièvre maligne — et de saignées abusives — à Paris le 21 mars 1762.

2. Formation

Il commença ses humanités à Mantes (Bailly) puis fut élève des Jésuites au Collège de Lisieux à Paris. Sans ressource à la mort de son père (vers 1730), il fut protégé par le duc de Bourbon, termina ses études au collège de Lisieux, y compris celles de théologie, et commença à s'intéresser à l'astronomie.

3. Carrière

Grandjean de Fouchy le rencontra en 1736 et le trouva «très avancé en astronomie». Il lui fit connaître Jacques Cassini qui l'accueillit et le logea à l'Observatoire. L. devint l'associé de Maraldi et ils allèrent tous deux «lever géométriquement les côtes de France». Professeur de mathématiques au Collège Mazarin à vingt-cinq ans (successeur de Varignon), il continue ses études d'astronomie et s'aménage un observatoire sur place. Membre de nombreuses académies étrangères, Bologne, Göttingue, Berlin, Londres, Pétersbourg, Stockholm, il fut reçu à l'Académie des Sciences comme adjoint astronome le 3 mai 1741, nommé associé le 5 avril 1745, mais ne fut jamais pensionnaire.

Nombreux voyages en France pour l'établissement de la méridienne. Voyage au Cap de Bonne Espérance pour faire des observations de 1750 à 1754. A son retour il passa par l'Ile de France (Maurice), l'Ile de Bourbon (la Réunion) et l'île de l'Ascension pour déterminer leur position exacte dans l'Océan indien. Ce voyage lui valut 500 £ de rente annuelle de l'Académie.

5. Opinions

Diacre du diocèse de Reims, il n'eut jamais de bénéfice (Bailly). «Il était diacre et la même piété qui l'avoit appelé à l'état ecclésiastique, l'avoit empêché de recevoir l'ordre de prétrise dès qu'il s'était vu lié à des fonctions», écrit Grandjean de Fouchy. Delambre, suivant ce qu'écrit Bailly, présente les choses autrement : il n'aurait pas répondu comme il fallait à «un vieux docteur qui lui posait des questions oiseuses et fut sur le point de se voir le bonnet refusé». Il abandonna alors la philosophie scholastique pour l'astronomie. Il n'eut pas de controverse retentissante. «Ses amis ne l'oublieront jamais et ses ennemis, s'il est possible qu'il en ait eu n'ont rien à dire contre lui», écrit Bailly (qui lui doit ses premières connaissances en astronomie).

6. Activités journalistiques

Ephémérides des mouvements célestes (D.P.1 316), à partir de 1743 jusqu'à sa mort. Sous son impulsion ce périodique devient plus technique et fut patronné par l'Académie des Sciences.

7. Publications diverses

Les contemporains le connaissent surtout pour ses Leçons élémentaires de mathématiques pour servir d'introduction à toutes les sciences physiques mathématiques et ses Leçons élémentaires de mécanique, Paris, 1741 et 1743, manuels maintes fois réédités et son Voyage au cap de Bonne Espérance, Paris 1776. Il a aussi édité des catalogues d'étoiles et s'est occupé de «mettre en ordre» plusieurs travaux (Observations de Guillaume, landgrave de Hesse, publication du Traité d'Optique de Bouguer après la mort de l'auteur. Voir Taton).

8. Bibliographie

B.Un. (notice de Delambre) ; D.B.G. – «Eloge de l'abbé de la Caille», par Grandjean de Fouchy, Histoire de l'Académie des Sciences pour 1762, p. 197-212. — «Eloge de M. l'abbé de la Caille», dans S.F. Bailly, Discours et mémoires, t. I, 139-180. — Dossier «La Caille», Archives de l'Académie des Sciences (ce dossier contient de nombreux discours prononcés à l'occasion de célébrations diverses). — Taton R., «Inventaire des publications et des manuscrits de Nicolas-Louis La Caille (1713-1762)», Science and History, Studies in honor of Edward Rosen, éd. E. Hilfstein et al., Wroclaw, Ossolineum 1978, p. 317-333 (tiré-à-part dans le dossier des Archives).

JEAURAT

Numéro

414

Prénom

Edme

Naissance

1724

Décès

1803

Edme Sébastien Jeaurat est né à Paris le 14 septembre 1724. Son grand-père maternel était le célèbre graveur Sébastien Leclerc. Son père Edme Jeaurat était graveur du Roi sa mère se nommait Marie Charlotte Leclerc. Il était le neveu d'Etienne Jeaurat, peintre de la Reine. Il est mort à Paris , rue St Jacques le 17 ventôse an XI (8 mars 1803), doyen des astronomes (acte de décès dans le dossier des Archives de l'Académie).

2. Formation

Il fit des études de peinture mais aussi de mathématiques avec Lieutaud. Il faisait des cartes avec Cassini de Thury. L'Académie de peinture lui décerna une médaille de dessin en 1746.

3. Carrière

Professeur de mathématiques à l'Ecole militaire, où il y avait un observatoire. Dès 1770 il habite à l'Observatoire. Il entre dans la classe d'astronomie de l'Académie des Sciences en 1763, est Adjoint géomètre en 1766, associé géomètre en 1772, pensionnaire en 1783 en remplacement de D'Alembert décédé. Elu membre résident de la section d'astronomie de la 1re classe de l'Institut en 1796.

5. Opinions

Le fait qu'il soit dans la classe des géomètres et qu'il fasse de l'astronomie lui attira des jalousies. Il réclame contre l'abbé Bossut pour des histoires d'ancienneté. Il publia une liste d'erreurs dans le Traité d'astronomiede Lalande et se fâcha avec lui. La lunette diplantidionne qu'il inventa eut une utilité contestée.

A la Révolution il perdit sa pension (comme tous les académiciens) et son logement, sous prétexte de réparations à l'Observatoire

6. Activités journalistiques

Connaissance des temps (D.P.1 221): il en fut le rédacteur de 1776 à 1787, en remplacement de Lalande.

7. Publications diverses

Liste des mémoires dans Rozier. – Traité de perspective à l'usage des artistes,Paris, 1750. – Nouvelles tables de Jupiter déduites des observations, Paris, 1766.

8. Bibliographie

B.Un.; D.S.B. – Archives de l'Académie des Sciences, dossier «Jeaurat».– Rozier F, Table des articles contenus dans les volumes de l'Académie royale des Sciences de Paris depuis 1666 jusqu'en 1770, 1776.– Delambre, Histoire de l'astronomie au XVIIIe siècle, Paris, 1827.

JAUCOURT

Numéro

412

Prénom

Louis de

Naissance

1704

Décès

1780

«Maison de France, dont l'origine et la noblesse se perdent dans la nuit des temps» (Moreri). Le nom vient de Jaucourt en Basse-Champagne, terre vendue à Philippe le Hardi. Le chevalier appartient à la branche des seigneurs d'Espeuilles, barons d'Huban. «Pierre-Antoine de Jaucourt, I du nom, né le 8 octobre 1658, épousa la 14 septembre 1684, Marie de Monginot, fille d'Etienne de Monginot, seigneur de La Salle, morte le 27 novembre 1732. Il mourut le 10 octobre 1736, et a laissé de 14 enfants de son mariage, trois fils et deux filles ; savoir, 1.

2. Formation

J. fut le seul fils de la famille «nouvelle convertie» à être envoyé à l'étranger pour ses études (S', p. 50), dès l'âge de huit ans à Genève (B. Un.). Son nom apparaît dans le Livre du Recteur de l'Académie de Genève à la date du 15 mai 1719. «Louis de Neufville, Parisiensis» pour son immatriculation en Lettres, puis le 12 mars 1722 en théologie (S.M., IV, 146). Il reçut une solide formation en langues et littératures anciennes, en théologie et exégèse biblique. Il soutint une thèse de physiologie le 23 mars 1723. A Genève il était le condisciple de François Tronchin (1704-1798). Il poursuivit ses études à Cambridge (B.Un.) mais on n'a pas trouvé trace de son immatriculation dans un collège (L., p. 197). Il aurait suivi les leçons du philosophe Bentley et appris l'anglais en compagnie de Théodore Tronchin de cinq ans son cadet. C'est à Cambridge qu'il fut tenté de prendre l'habit pastoral (S', p. 52). Il se ravisa et se fit inscrire à Leyde, toujours avec Th. Tronchin, en 1728. Tous deux devinrent les élèves de Boerhaave (L., p. 198). Sur les instances de son maître, il soutint sa thèse (art.«Voorhout» de l'Encyclopédie), le 9 août 1730 et fut reçu docteur le 21. Il resta inscrit sur les registres annuels de l'Université jusqu'en février 1733 (S', p. 70, n. 32) mais il vivait alors à Amsterdam, chez Tronchin qui avait commencé à pratiquer (S', p. 53).

«Il était membre de toutes les grandes Académies de l'Europe excepté celle de Paris d'où son titre de réformé le faisait exclure», écrit en 1853 la marquise de Jaucourt (J., p. 404). En réalité il fut élu à l'Académie de Bordeaux en 1746, à l'Académie Royale de Suède le 31 août 1755, à la Royal Society de Londres le 8 janvier 1756 et à l'Académie de Berlin le 5 janvier 1764 en même temps que d'Alembert (L., p. 210-211).

3. Carrière

La famille de Jaucourt était de noblesse d'épée. Les archives montrent bien qu'on trouva à redire à ses études en général et a ses études de médecine en particulier. Ses soeurs et sa belle-soeur le défendent. Il n'était pas question qu'il fît une carrière à proprement parler, sauf dans les armes. Il raconte dans l'article «Voorhout» : «Boerhaave estimant trop une déférence, qui ne pouvait que m'être honorable, voulut la reconnaître, en me faisant appeler par le stadhouder à des conditions les plus flatteuses, comme gentilhomme et comme médecin capable de veiller à la conservation de ses jours [...]. Eh! que peuvent les promesses magnifiques des cours sur un homme né sans besoins, sans désirs, sans ambition, sans intrigue ; assez courageux pour présenter ses respects aux grands, assez prudent pour ne pas les ennuyer, et qui s'est bien promis d'assurer son repos par l'obscurité de sa vie studieuse» (Encyclopédie, XVIII, 471b). Il soigna sa famille, ses amis et les pauvres à l'occasion (archives familiales et S'., p. 54).

A son retour de Hollande, entre avril 1737 et 1738 (C.), il vécut à Paris dans l'hôtel de son frère aîné. Cette maison, «rue de Grenelle, vis-à-vis l'hôtel de Maurepas», selon l'adresse d'une lettre conservée à la Bibliothèque Victor Cousin, était appelée la «maison des Huguenots» (J., p. 403). Il la quitta pour aller habiter «rue de Condé», ou il vivait en 1761 (L., p. 205).

Il faisait de fréquents séjours dans les propriétés de la famille : à Chantome. près de Beaugency, et c'est probablement lui qui indiqua à Condillac la propriété de Flux que le philosophe fit acheter a sa nièce en 1773 et où il passa la fin de sa vie (C.C., p. 109, n. 96). Il se rendait aussi à Brinon-les-Allemands, près de Clamecy, pour y passer une partie de l'année (L., p. 200).

Il fit probablement plusieurs voyages en Hollande, en tout cas il s'y trouvait pendant l'été 1750 (S'., p. 72, n. 57).

J. se retira à Compègne vers l'été 1779, semble-t-il (L., p. 212).

4. Situation de fortune

J. vécut de sa fortune personnelle qui n'était pas très élevée, du moins pour son rang. Elle avait été diminuée par des procès autour de l'héritage des grands-parents maternels qui avaient quitté la France «pour fait de religion» et dont les biens avaient été confisqués (S'., p. 49). «Il paya sa tranquillité d'une partie de sa fortune» (B.Un.). «La perte [d'une grange incendiée] est considérable pour son peu de fortune», écrit sa belle-soeur en 1747 (L., p. 203) ; il perdit de l'argent dans l'affaire des Indes en 1760 (L., p. 205).

On sait que son travail pour l'Encyclopédie l'obligea à engager des secrétaires qu'il devait rétribuer, les libraires se contentant, après 1758, de lui rembourser les livres dont il avait besoin (May). «Cet homme est depuis six à sept ans au centre de quatre à cinq secrétaires, lisant, dictant, travaillant treize à quatorze heures par jour et cette position-là ne l'a pas encore ennuyé» (Corr., III, 248, du 15 nov. 1760). Pour pouvoir payer ces salaires, J. dut vendre, le 11 mars 1761, une «maison à porte cochère, située à Paris, rue Mâcon entre la rue St-André-des-Arts et la rue de la Harpe pour la somme de 18 000 livres» (Catalogue Diderot et l'Encyclopédie, p. 39). Il reçut 6000 £ comptant, les 12 000 restantes étant placées chez les libraires à 5%, intérêt que J. toucha jusqu'à sa mort, pas toujours régulièrement (L., p. 209 ; L', p. 351 ; S'., n. 81 et May). Car, ainsi que l'écrit Grimm, «ce qu'il y a de plaisant, c'est que c'est l'imprimeur Le Breton qui a acheté cette maison avec l'argent que le travail du chevalier de Jaucourt l'a mis à portée de gagner (C.L., VII, 45, du 15 mai 1766). On lui donna un exemplaire de l'Encyclopédie (S. et Mémoires, p. 22). Encore n'est-il pas certain qu'il l'obtînt sans réclamer (Corr., V, 242 ; VI, 22). Il bénéficia aussi d'une rente perpétuelle du duc d'Orléans (M C., CXVII, 892).

Son testament déposé le 10 février 1780 (M.C., CXVII, 891) désigne son neveu, Henri de Jaucourt (le cadet, officier de marine, né en 1732) comme «légataire universel des immeubles». Son secrétaire, Pierre Thibault, faisait partie des légataires (voir les détails dans L'., p. 351). La somme de tous ces legs atteint environ 25 000 £ et sa bibliothèque fut évaluée à 7000 £.

5. Opinions

«De toutes les grandes familles protestantes deux seulement persistèrent dans leur attachement à la religion de leurs ancêtres (au 17e siècle) : les Jaucourt et les Pressac» (Weiss, p. 49). Une partie de la famille émigra après la Révocation. La branche d'Espeuilles semble avoir été protégée, si l'on en croit la marquise de Jaucourt (J., p. 403) qui affirme que tous ses ancêtres persistèrent dans leur foi. Hagg (Vl, 51 a) réfute : il est impossible que la famille ait pu garder ses biens et ne pas obéir aux Edits du roi qui obligeaient au baptême et au mariage devant un prêtre catholique. Quoi qu'il en soit, le chevalier fut envoyé en pays protestants pour recevoir son éducation -sa famille aurait pu être inquiétée de ce simple fait ; c'est sans doute pourquoi il se faisait appeler de Neufville. La correspondance de la famille fait état d'une surveillance ; il fallait au moins feindre d'être catholique : c'était le cas de la plupart des nouveaux convertis.

C'est par l'intermédiaire du libraire David à qui il confia l'article «Bysse», que J. entra en contact avec Diderot (Corr., I, 32, lettre du 20 sept. 1750). Il fréquentait tous les encyclopédistes parisiens et il fut du dîner «arrangé chez Le Breton», après la suspension du privilège, où l'on décida de continuer l'ouvrage. Devant la tempête déclenchée par D'Alembert, le chevalier «ne disait mot. Il avait la tête baissée et il paraissait abasourdi» (Corr., I, 120, du 1er mai 1759). On sait que c'est lui qui s'attela à la tâche la plus ingrate. Mais «il était le seul d'entre les encyclopédistes dont tout le monde reconnût la piété» (J., p. 404). Il n'a «jamais été mêlé dans aucune de ces querelles scandaleuses qui ont déshonoré parmi nous tant de prétendus sages» (Mémoires, p. 123). Si l'on étudie les textes, on constate que la censure de Le Breton a supprimé de nombreux passages et même des articles entiers de sa main. Tel est le cas en particulier pour «Religion protestante» et «Tolérance» (G. et T., p. 78 et suiv. et Morris, chap. VI). Sa correspondance le décrit comme un protestant tolérant (v. en particulier sa réaction devant la tempête soulevée par l'article «Genève» (S'., p. 60).

D'après un témoignage tardif datant de 1809, J. aurait manifesté le désir d'entrer à la Trappe. «Il a suivi avec nous les exercices de la vie austère à laquelle nous sommés voués» aurait révélé l'abbé de la Trappe. «Il me dit en abandonnant que sa santé ne lui permettait pas de soutenir la rigueur de notre règle». J. aurait quitté l'abbé en lui demandant de garder le secret sur sa démarche (L', p. 352 et suiv.). J. était auteur de la partie Géog. mod. de l'article «Trappe, moines de la», purement descriptif ; même des détails tels que «leur potage est sans beurre & sans huile» ou «les tables sont nues & sans nappes mais fort propres» sont tirés de la source qu'il indique : Félibien. Il est impensable qu'un Réformé ait voulu devenir trappiste à cette époque et J. Lough pense, avec raison, que cette anecdote a été forgée par une opinion hostile aux Encyclopédistes (L'., p. 356).

Il est difficile d'énumérer ses amis et relations. Sa famille était liée aux Broglie, aux Lamoignon. Il fut le commensal du duc d'Orléans, du comte de Clermont. R. Schwab pense qu'ainsi il contribua au sauvetage du manuscrit de l'Encyclopédie par Malesherbes (S', p. 62). C'est aussi Malesherbes, en liaison avec les Jaucourt, qui obtint de Louis XVI l'Edit de Tolérance qui rendait aux protestants leurs droits civils (J., p. 403).

Il connut Voltaire très tôt ainsi que Mme du Châtelet. Il a servi d'intermédiaire pour la publication par Ledet des Eléments de la philosophie de Newton (C., p. 255). Il assista Montesquieu pendant sa dernière maladie (L., p. 202). Il est resté toute sa vie en relations étroites avec les Tronchin et fréquentait assidûment les dîners que Th. Tronchin donnait au Palais-Royal après 1766 (L., p. 211). Il était l'hôte des d'Holbach et connaissait très bien Condillac et Mably. Peu de correspondance est conservée. Voir la liste dans L., p. 213 en complétant par S', p. 51 et C.

6. Activités journalistiques

D'après la France littéraire de 1769 (I, 298), il aurait pris part dès 1728, c'est-à-dire en même temps qu'il faisait ses études de médecine, à la Bibliothèque raisonnée des savants de l'Europe (50 vol., 1728-1753, Amsterdam, trimestriel). Sa contribution se serait arrêtée en 1740 , c'est-à-dire vers le volume 25. Il n'y a guère espoir de savoir quels articles il écrivait : non seulement les extraits sont anonymes, mais l'Avertissement du périodique précise : «Les Auteurs qui travaillent à notre Journal, ne seront jamais connus par notre moyen. Nous ferons même tout ce qui dépendra de nous pour en dérober la connaissance à toute la terre et pour dire quelque chose de plus, nous pouvons assurer qu'ils ne se connaissent point entre eux, & qu'ils travaillent à l'insu l'un de l'autre» (p. XII). Il est certain que J. connaissait au moins Massuet, autre collaborateur et co-auteur avec lui de la Description du cabinet de Seba (v. lettre à Tronchin de sept. 1738, S', 55). B. Lagarrigue écarte cependant toute possibilité d'une contribution de Jaucourt et croit à une confusion avec Joncourt (p. 79-80)

7. Publications diverses

Disquistitio physiologica de fontium origine, thèse, Genève, 1723.– De allantoïde humana, thèse, Leyde, 1730, 2e éd. 1736.– Essais de Théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal, par M. Leibnitz [...] augmentée de l'histoire de la vie et des ouvrages de l'auteur, par M.L. de Neufville, Amsterdam, chez François Changuion, 1734. La vie de Leibniz occupe 210 p. et le catalogue chronologique des ouvrages, 45 p. ; Changuion révèle le nom de l'auteur dans l'éd. de 1747. Une traduction allemande parut en 1757 et une autre éd. à Lausanne en 1760.– Locupletissimi rerum naturalium thesaurus [...] ou Description exacte des principales curiosités naturelles du magnifique cabinet d'Albert Seba, 4 vol. in f°, 1734-1765 (avec Muchenbroek et Massuet).– Synonymes français par Diderot, d'Alembert et de Jaucourt, an IX.– Haag cite une Vie de Boerhaave, de 1771, introuvable : ce doit être l'article «Voorhout» parmi des extraits de l'Encyclopédie publiés par Tuzov en 1771.– Il aurait «beaucoup aidé de ses conseils M. Le Tourneur pour sa traduction des Nuits de Young» (M.S., XV, 123).– «ll a fait près des 2/3 du grand dictionnaire de l'Encyclopédie» (F.L., I, 299). Pour sa contribution voir l'Inventaire de Schwab. En réalité, il a écrit 28% des articles et après la désertion de nombreux collaborateurs, 35,7% des articles. Le volume XVI contient 2500 articles signés «D.J.» sur les 3500 (S.). Diderot lui rend hommage (v. en particulier l'Avertissement du t. VIII, premier de la livraison des dix derniers volumes et autres passages dans L"., p. 85). R. Schwab présente le chevalier comme co-éditeur et «auteur» de l'Encyclopédie au même titre que Diderot et D'Alembert» (S'., p. 47).– Enfin son Lexicon Medicum Universale, «6 vol. in-fol. prêts à être imprimés à Amsterdam sont péris (sic) dans un naufrage sur les côtes de la Nort-Hollande» (F.L., t. I, 298), vers 1750-1751.

8. Bibliographie

B.Un., D.B.G., Feller, Haag. F.L. 1769.– A.N., 86 AP (Archives privées consultées par J. Lough et R. Schwab ; extraits dans L. et S'.).– M.S. Voltaire, Correspondence and related documents. (C.) Candaux J.-D., «Trois lettres de Voltaire au chevalier de Jaucourt», Bulletin de la Société d'Histoire du Protestantisme français (B.S.H.P.), 1962, p. 254-255, à compléter par Larkin S., «Voltaire and Prévost», S.V.E.C.E. 160, p. 36.(C.C.).– Corpus Condillac (1714-1780), sous la dir. de J. Sgard, Genève, Slatkine, 1981.– (Corr.) Correspondance de Diderot, Ed. de Minuit, 16 vol.– (G. & T.) Gordon D.H. and Torrey L., The Censoring of Diderot's Encyclopédie and the re-established text, New-York, 1947.– Gargett G., «Voltaire, Richelieu and the problem of Huguenot emancipation in the reign of Louis XV», S.V.E.C.E. 176, p. 97-132.– (J.) Jaucourt, marquise de, «La famille de Jaucourt», B.S.H.P., 1853, p. 399-404.– Lagarrigue B., Un temple de la culture européenne (1728-1753). L'Histoire externe de la «Bibliothèque raisonnée des ouvrages des savants de l'Europe, Nimègue, 19993.– (L.) Lough J., «Louis, chevalier de Jaucourt (1704-1780), a biographical sketch», Essays presented to C.M. Girdlestone, Newcastle, 1960, p. 195-217.– (L') Id., «Louis, chevalier de Jaucourt, Some further notes», French Studies, 1961, p. 350-357.– (L") Id., The Contributors to the "Encyclopédie", London, Grant & Cutler, 1973.– May L.P., «Documents nouveaux sur l'Encyclopédie», Revue de synthèse, 1938 (livres de comptes des libraires).– (Mémoires), Palissot C., Mémoires littéraires, 1775.– Morris S., Le Chevalier de Jaucourt, un ami de la terre (1704-1780), Genève, Droz, 1979 (surtout consacré aux articles de l'Encyclopédie ; renseignements biographiques repris de L. et S'.).– (S.) Schwab R.N., «The Chevalier de Jaucourt and Diderot's Encyclopédie», Modern Language Forum, 1957, p. 44-51 et «The extent of the chevalier de Jaucourt's contribution to Diderot's Encyclopédie», Modern Language Notes, 1957, p. 507-508.– (S') Id., «Un Encyclopédiste huguenot : le chevalier de Jaucourt», B.S.H.P., 1962, p. 45-74.– Schwab R.N., Rex W. et Lough J., Inventory of Diderot's Encyclopedie, S.V.E.C.E. 80, 83, 85, 91-93 (en particulier t. VI= vol. 93, 108-191).– (S.M.) Stelling-Michaud S., Le Livre du Recteur de l'Académie de Genève, Droz, 1975, t. IV.– Tronchin H., Un médecin du XVIIIe siècle : Théodore Tronchin, Paris, 1906.– Weiss C., «Conversion de la noblesse protestante au dix-septième siècle», B.S.H.P., 1853, p. 46-50.

HAUTEVILLE

Numéro

389

Prénom

Nicolas de

Naissance

début 17e siècle

Décès

après 1683

On le croit né en Auvergne au début du 17e siècle. D'après les privilèges qu'il a obtenus il ne peut pas être mort en 1660 (N.B.G.). Féret dit : «1683 au plus tôt».

3. Carrière

Prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris. Il se rend à Annecy pour offrir sa Théologie angélique à l'évêque de Genève qui lui donne un canonicat dans sa cathédrale. Il resta en Savoie jusqu'à la mort de son bienfaiteur en 1660.

6. Activités journalistiques

L'Examen des esprits, 1666 (D.P.1 429). – L'Hérésie mourante en forme de lettres, 1671 (D.P.1 598). – Le Secret des temps de l'Eglise en forme de lettres, 1672 (D.P.1 1201).

7. Publications diverses

La Théologie angélique ou l'idée du parfait prédicateur, 1657. – La Théologie angélique ou l'idée du parfait docteur, 1658. – La Théologie angélique ou l'idée de l'homme sage, 1661. – La Maison naturelle, historique et cronologique de S. François de Sales, 1669. – Histoire royale ou les plus belles ou les plus curieuses questions de l'histoire sainte, 1665

8. Bibliographie

B.Un., N.B.G. – Féret P., abbé, La Faculté théologique de Paris, Paris, 1906, Epoque moderne XVIIe-XVIIIe siècles, t. IV, p. 192-204 (analyse des ouvrages).

GROZELIER

Numéro

369

Prénom

Nicolas

Naissance

1692

Décès

1778

Né à Beaune le 27 août 1692 (le 29 d'après F.L. 1769), Nicolas Grozelier (ou Grozellier) est mort le 19 juin 1778 (Feller, B.Un).

3. Carrière

Entré à l'Oratoire en 1710, il professa les belles-lettres, la philosophie et la théologie dans les établissements de l'Oratoire.

6. Activités journalistiques

Observations curieuses sur toutes les parties de la physique (D.P.1 1086) : Grozelier reprend l'entreprise du P. Bougeant ; il est responsable des tomes II (1730) et IV (1771).

7. Publications diverses

Dissertation dans laquelle on s'attache à prouver que St-Ennodius, évêque de Pavie est né à Arles et que tous ses parents y demeurent.– Il est «connu par plusieurs ouvrages de poésies et un recueil de fables» (Sabatier, Dictionnaire de littérature, t. III, p. 62). Liste de ses oeuvres dans Gandelot et dans Cior 18, n° 32807-32811.

8. Bibliographie

B.Un., N.B.G. – Gandelot, Histoire de la ville de Beaune.– Guerrier E., Le P. Grozelier, prêtre de l'Oratoire, d'après sa correspondance inédite», Société de Beaune, 1883, p. 34-148.

GALLON

Numéro

328

Prénom

Jean Gaffin

Naissance

1706

Décès

1775

Jean Gallon ou Galon est né à Brest le 23 août 1706 et mort à Coutances le 18 janvier 1775.

3. Carrière

Il a débuté dans les gardes de la marine où il a servi pendant deux ans ; admis dans le corps royal du génie en 1735, capitaine en 1749, chef en 1756, lieutenant colonel en 1761 et colonel en 1763. Il avait été nommé correspondant de Grandjean de Fouchy le 21 août 1735. On connaît ses tranchées et campagnes : en 1745 à Tournai ville puis citadelle, en 1746 à Mons, Charleroi, Namur ville ; en 1747, Zanberg, Berg-op-Zoom, où il fut légèrement blessé ; en 1757, siège de Schweidnitz, bataille de Breslau et campagne de Westphalie ; en 1759, bombardement du Havre et en 1761 campagne d’Allemagne. Ingénieur du roi à Gand puis ingénieur en chef au Havre et à Cherbourg. Chevalier de l'ordre de Saint-Louis en 1748.

4. Situation de fortune

Il reçut 500 £ de gratification extraordinaire en mars 1767 et 600 £ en 1768. Il avait une pension de 300 £ sur le Trésor royal depuis 1757

6. Activités journalistiques

Machines et inventions (D.P.1 826). Le dernier volume est publié après la mort de G., puis la publication s'arrête.

7. Publications diverses

7. L'Art du tuilier et du briquetier, Paris, 1760. – L'Art de convertir le cuivre rouge ou cuivre de rosette en laiton ou cuivre jaune, Paris, 1764. – Plusieurs mémoires. Voir la liste dans Rozier, t. IV.

8. Bibliographie

Dossier «Gallon», Archives de l'Académie des sciences. – Rozier, Table des articles contenus dans les volumes de l'Académie royale des sciences de Paris depuis 1666 jusqu'en 1770, 1776.

DU VAL

Numéro

288

Naissance

François Philippe vers 1700

Décès

1768

Les renseignements généalogiques sur François Philippe Du Val ou du Val ou Duval ne sont pas concordants. Agnew et Haag le donnent comme fils de Nicolas Valot Du Val, ministre à la Patente, mais il n'y a aucune trace dans les registres et jamais le nom de Valot n'apparaît à son sujet. En outre ce pasteur est très pauvre à la fin de sa vie, ce qui est peu compatible avec l'aisance de F.P. Duval. On le dit aussi fils de François Du Val pasteur à Oostburg, mais aucun enfant de ce pasteur n'a pour prénom François Philippe (Centraal bureau voor généalogie de La Haye).

2. Formation

Inscrit à l'Université de Leyde le 2 août 1721 comme «étranger» et élève de Boerhaave, il obtint son M.D. en 1726 (Proceedings of the Huguenot Society ofLondon, t. IX ; D.N.B. ; Boerhaave's men, p. 36). Il fut élu Fellow of the Royal Society le 16 avril 1741. En 1751, il devint Licentiate of the Royal College of Physicians, il ne devint jamais Fellow (Boerhaave's men).

3. Carrière

Arrivé à Londres à une date inconnue, avant 1730. Il était premier médecin de la Princesse de Galles (mère de George III) (Agnew II et III). Il était aussi médecin de Desmai-zeaux (Sloane ms. 4289). Il habitait en 1755 Poland Street. Soho et hébergeait son beau-père (Publications of the Huguenot Society ofLondon, t. XL, p. 177).

4. Situation de fortune

Nous n'avons pas de renseignements précis, mais il semble avoir été très à l'aise.

6. Activités journalistiques

Collaborateur de la Bibliothèque britannique dès ses débuts en 1733. Cité dans le t. I, par Desmaizeaux (voir art. «Beau-fort D.C.»). Il est difficile de savoir quand il a cessé sa collaboration, sûrement avant 1744. D'après les notes ms., il serait l'auteur des extraits suivants : t. I, p. 380 ; t. II, p. 49, 271, 392 ; t. III, p. 222. Il s'est occupé des ouvrages concernant les sciences naturelles et la médecine.

7. Publications diverses

7. Dissertatio de emeticorum effectibus in corpore humano, Lugdini Batavorum, 1726, 40 (thèse de médecine à la B.L.).

8. Bibliographie

Ouvrages mentionnés à l'art. « Beaufort D.C. ». – Underwood Ashworth E., Boerhaave's men at Ley den and after, Edinburgh U.P., 1977.

DIDEROT

Numéro

240

Prénom

Denis

Naissance

1713

Décès

1784

Denis Diderot est né à Langres le 5 octobre 1713, fils de Didier Diderot, coutelier, et d'Angélique Vigneron. Il est mort à Paris, le 31 juillet 1784 (pour tout renseignement biographique, voir Wilson).

6. Activités journalistiques

Durant toute sa vie littéraire, D. fut engagé, d'une façon ou d'une autre, dans le monde des journaux. Sans qu'on ait pu en fournir des preuves définitives, il est probable qu'il a contribué par des articles critiques anonymes au journal de Desfontaines, les Observations sur les écrits modernes, publié entre 1735 et 1743. D., dans une lettre à Berryer écrite pendant son séjour à Vincennes en 1749, observe que plusieurs morceaux dans ce journal sont «de [sa] façon» (voir Roth-Varloot, t. I, p. 86) mais il ne spécifie ni le titre ni le contenu de ces contributions (voir D.P.1 1092).

Vers 1747, avant d'être nommé directeur de l'Encyclopédie, D. eut l'idée de créer un journal en collaboration avec son ami, Jean Jacques Rousseau. Le rôle de D. dans cette affaire n'est pas clair mais selon les renseignements fournis par Rousseau dans les Confessions, chacun allait préparer alternativement un numéro. Cependant, à cause de circonstances inexplicables, le journal n'a jamais paru et il ne reste que des fragments composés par Rousseau pour le premier numéro (voir Leigh, n° 143). L'attrait exercé par la presse sur D. peut avoir de nombreuses explications, la plus séduisante étant la garantie d'un certain succès financier. Il écrit à Sophie Volland le 28 juillet 1762, à propos de la possibilité d'obtenir une pension de 1500 £ au Mercure de France : «si le projet de l'Abbé de Raynal allait réussir [...] je ne saurais que faire de toute ma richesse» (Roth-Varloot, t. I, p. 267). Au cours de la même année, il remarque que la direction de la Gazette de France assurera une petite fortune à Suard (Roth-Varloot, t. 1, p. 288). Ce souci de richesse accompagné d'un désir de renommée posthume l'a engagé à collaborer à divers périodiques. L'opinion de D. en ce qui concerne le rôle de la presse s'exprime dans sa correspondance avec Falconet, surtout dans une lettre du 15 février 1766 où il écrit : «Vous êtes assez bête pour ignorer qu'entre tous ceux qui mettent le pied dans votre atelier, il n'y en a pas un qui n'ait cette gazette dans sa poche?» (Roth-Varloot, t. I, p. 384). Les efforts de D. pour obtenir la suppression des articles anti encyclopédiques donnent une autre indication sur l'importance qu'il accorde à la presse périodique. Il énonce ses convictions sur la liberté de la presse et sur les contrôles nécessaires dans sa célèbre Lettre sur le commerce de la librairie en 1763. Dans cette lettre il évoque les avantages de la liberté pour les écrivains, les idées et la gloire nationale. En traitant les droits d'auteur, les droits d'éditeur et du rôle du gouvernement, D. présenta un document capital dans l'histoire de la presse. En dehors de l'Encyclopédie, une des grandes préoccupations de D. fut son travail pour la Correspondance littéraire de Grimm. Ayant commencé par des contributions critiques, il finit par en devenir lui-même le principal rédacteur en raison de l'absence de Grimm. De 1754 jusqu'à la fin de sa vie, les pages de ce journal sont remplies de ses articles critiques et de plusieurs de ses textes majeurs. La liste complète des articles de D. parus dans les périodiques a été dressée par Jean de Booy (D.H.S., n° 1). L'attribution de ces articles à D. a une probabilité plus ou moins grande qui, dans l'état actuel, n'atteint pas la certitude. Voir S.V.E.C. 119, 1974 ; 150, 1976, p. 33-147 ; 178, 1979 ; 302, 1992.

En outre, D. a publié ou laissé paraître de nombreux textes dans des journaux divers. Plusieurs de ces contributions restent inédites en dehors de ces périodiques. Voici une liste, sans doute incomplète, de ces textes parus avant 1789 :

Journal étranger (D.P.1 732) : 1. «Chansons Erses», déc. 1761 ; 2. «Eloge de Richardson», janv. 1762.

Gazette littéraire de l'Europe (D.P. 1 5 72) : 1. « Pour les noces d'une dame milanaise, sonnet traduit de Crudeli», 1er août 1764 ; 2. «Sur Térence», 15 juil. 1765 ; 3. «Abrégé d'un extrait d'une lettre écrite à l'éditeur sur la vie et les ouvrages de M. Boulanger», Ier nov. 1765.

Ephémérides du citoyen (D.P.1 377) : 1. «Le Marchand de mauvaise foi», 1769, t. V ; 2. «Le Bal de l'Opéra», 1769, t. V.

Mercure de France (D.P.1 924) : 1. «Lettre de M.D.D. à M. Remond de Sainte-Albine [?]», août 1749 ; 2. «Envoi à Mlle d'Oligny [?]», oct. 1770 ; 3. «Lettre de M*** à M***», juin 1771.

Le Perroquet (D.P.1 1112) : «Epître à B», 1742.

Gazette universelle de littérature des Deux-Ponts (D.P. 1 507) : 1 «Lettre de M *** à M ***», 20 févr. 1769, p. 231-232 ; 2. «Dialogue entre un jeune poète et Horace», 1776, dernier volume 43, p. 231-232.

Journal de lecture (D.P. 1 663) : 1. «Rêve de Mirzoza», 1775, 1.1 ; 2. «Voyage dans la Région des hypothèses», 1775, t. II ; 3. «De l'étude de la nature», 1775, t. II ; 4. «Des contes», 1775, t. III ; 5. «Sur le théâtre», 1776, t. VIL

Almanach littéraire (D.P.1 84) : 1. «Pièces fugitives de M. D***», 1781 : a. «Le Roi de la Fève le lendemain de son règne » ; b. « Envoi aux dames » ; c. « Portrait de Mademoiselle *** » ; d. « Madrigal. A une jeune dame qui, dans une pièce de théâtre, avait fait le rôle de la Prêtresse du temple de l'Amour» ; e. «Stances irrégulières à Mme de *** pour un premier jour de l'an » ; f. « Lettre à Mme de *** » ; g. « Première satire d'Horace» ; h. «Marchand de loto» ; i. «Le Borgne».

Almanach des Muses (D.P.1 80) : 1. «Aux femmes», 1772 ; 2. « A Madame de *** », 1773 ; 3. « Vers pour Mme la comtesse de ...», 1773 ; 4. «Audivere Lice», 1774 ; 5. «Le Roi de la Fève» ; 6. «Mon Portrait», 1776 ; 7. «Le Roi de la Fève, le lendemain», 1776.

Correspondance littéraire secrète (D.P.1 235) : 1. «Politique des souverains», 13 janv. 1776 ; 2. «Rondeau irrégulier», 16 mars 1776 ; 3. «Entretien de M. Diderot avec Mme la Maréchale de ...», 1776, t. III.

8. Bibliographie

D., Correspondance, éd. Roth-Varloot. – Id., Sur la liberté de la presse, éd. J. Proust, Paris, 1966. – D., Œuvres complètes, dir. J. Varloot, Paris, Hermann, 1975-, en particulier, t. IX, XIII, XVIII, XXIII. – D.P.1, index des auteurs cités, entrée «Diderot». – Booy J. de, «Inventaire des contributions de Diderot à la Correspondance littéraire», D.H.S., n° 1, 1969, p. 353-397. – Rodgers G., Diderot and the eighteenth-century French press, S.V.E.C. 107, 1973. – Sgard J., «Les lumières du journaliste : le Spectateur indiscret», Beiträge zur romanischen Philologie, t. XXIV, p. 261-267. – Wilson A., Diderot, New York, 1972 ; trad. française, Laffont-Ramsay, Paris, 1985.

DESPLACES

Numéro

233

Prénom

Philippe

Naissance

1659

Décès

1736

Philippe Desplaces est né en 1659 et mort à Paris en avril 1736.

3. Carrière

Bon observateur en astronomie

6. Activités journalistiques

Ephémérides des mouvements célestes (D.P.1 176). – Etat du ciel à partir de 1721 (D.P.1 405).

8. Bibliographie

B.Un.

9. Additif

État-civil : Une courte notice de Lalande dans son  Astronomie (2e éd.,  Paris, Desaint, 1771, t. I, p. 225) résume tout ce qu’on sait de la vie de Desplaces : « 581. Desplaces (Philippe) né le 3 juin 1659 [...] Il est mort à Paris au mois d’avril 1736 »

Carrière : « calcula l’état du ciel ; ensuite les éphémérides de l’Académie pour les années 1706, 1707 et 1708 ; enfin une suite d’éphémérides depuis 1715 jusqu’en 1744, avec des tables fort commodes, dont les astronomes se servent encore actuellement. »  (J.S.)