LE FEVRE DE FONTENAY

Numéro

491

Prénom

Hardouin

Naissance

1686?–après 1736

Ce n'est qu'à partir de décembre 1714 que le nom du nouveau rédacteur apparaît en toutes lettres au verso du titre du Nouveau Mercure galant; il exerce pourtant ses nouvelles fonctions depuis le mois de mai. En fait, c'est toujours ici, dans son propre journal, comme le signale d'ailleurs J.F. Bernard, l'éditeur hollandais de Camusat et auteur des notes sur le Mercure (Histoire critique des journaux, t. II, p. 229), qu'il se nomme de son nom: Hardouin le Fèvre (le Febvre) de Fontenay (août 1714, p. 279; oct. 1716, p. 271). Bernard observe que non seulement L.

2. Formation

A part son propre aveu qu'il a «de l'étude» (mai 1714, p. 9), on ne connaît rien de sa formation.

3. Carrière

L. fait son propre portrait dans le Mercure de mai 1714. Il se dit «plus voyageur qu'écrivain» (p. 4) et «plus connu à Madrid, à Rome, dans le Nord & dans les Indes qu'à Paris», ajoutant ce petit commentaire: «et tant mieux pour le Public; au reste, j'ai de l'étude, de l'expérience, de la jeunesse, de la liberté et du loisir, j'aime beaucoup le public, j'aime un peu ma réputation, je suis docile aux conseils de mes amis, & mesme de ceux qui ne le sont pas» (p. 8-9). Il insinue avoir beaucoup voyagé pendant plus de dix ans surtout dans les pays méridionaux (août 1714, p. 84 ; janv. 1715, p. 85; juin 1716, p. 45-46). La correspondance du périodique montre qu'il a effectivement des amis à Madrid, à Constantinople ou en Suède (mai 1714, p. 4, 147 et 218-219 ; août 1714, p. 280). Mais, à l'en croire, il est devenu voyageur plutôt par nécessité que par goût (juin 1716, p. 38-49). En Italie, il a servi dans l'armée française en qualité d'officier (juin 1714, p. 105-106 ; sept. 1714, p. 11, 14 et 34). En Espagne, il précise, qu'il était au service –il se qualifie de «gentilhomme» (août 1714, p. 279 ; déc. 1715, p. 263) tandis que, selon d'autres, il serait «plustost secrétaire» (B.N., n.a.fr. 9675, f° 62)– du marquis de Bonnac, entre 1711 et 1713 envoyé extraordinaire à Madrid de Louis XIV. L. ne confirme ni la durée ni le moment précis de ce service, bien que tout semble indiquer au moins deux ans à partir de 1712 environ (oct. 1714, p. 13). Au dire de L., c'est le marquis qui l'avait guéri de «la rage [qu'il avait] de faire des Vers» (déc. 1715, p. 264). Il est possible que L. ait raccompagné Bonnac en France en 1713; dans son numéro de juillet de 1714 (p. 117) il se dit n'y être que depuis très peu de temps. Il a dû quitter et l'Espagne et l'Italie avec une assez bonne connaissance des langues de ces deux pays, car lorsque l'occasion se présente il n'hésite pas à se poser en traducteur de l'une et l'autre langue (nov. 1714, p. 157; juil. 1716, p. 197; oct. 1716, p. 11-12). Il prétend aussi savoir assez de grec «pour le lire & quelquefois pour l'entendre» (août 1715, p. 196). Son ouvrage le plus connu, le Journal historique du voyage de l'ambassadeur de Perse atteste une grande connaissance du Levant.

4. Situation de fortune

Le Mercure de L. a dû plaire assez au duc de Bavière; en effet ce dernier accorda à son auteur une pension de 200 écus (mars 1715, p. 319), pension qu'il continua de payer l'année suivante (janv. 1716, p. 3-5).

5. Opinions

L. arrive à la direction du Mercure tout au début de la dernière période de ce «grand Procès» (avril 1715, p. 54) qui divisait la république des lettres entre Anciens et Modernes. Dans son Eleve de Terpsicore, Louis de Boissy le range avec son prédécesseur, Dufresny, et son successeur, l'abbé Buchet, dans le parti des Modernes (p. 24, 58-59). Il est vrai que L. penche nettement de leur côté; néanmoins, en août 1714, il publie une «dure satire» (Miller, Boileau en France, p. 108) de Regnard intitulée Le Tombeau de Boileau (p. 149-174) et il s'attend à ce que les poètes modernes se déchaînent contre lui (p. 145-148); ce qui ne manqua pas de se produire (sept. 1714, p. 250-251), mais des deux côtés. Au mois de février 1715 il se déclare résolument moderne et pour La Motte (p. 242-244) tout en se disant prêt à publier ce que lui adressera «le party contraire» (mars 1715, p. 4). En décembre de cette même année 1715, il descend dans l'arène avec un supplément qui est un compte rendu du livre de l'abbé de Fourmont. Il se range indiscutablement du côté des Modernes lorsqu'il soutient les Comédiens Italiens contre les Comédiens Français. Sa sympathie pour les premiers est évidente dans ce «leger» Parallele des Comediens Italiens & des Comediens François de juin 1716 (p. 4-24) où Xavier de Courville découvre une profonde influence des idées de Riccoboni (Lelio, p. 179).

6. Activités journalistiques

Nouveau Mercure galant, mai 1714 octobre 1716. L. succéda à Dufresny à la tête du Mercure en décembre 1713, donna sa première livraison en mai 1714 et poursuivit jusqu'en octobre 1716. L'arrêt du Conseil d'État du Roi interdisant à L. de continuer le Mercure, cité succinctement par Bernard dans sa notice (t. II, p. 229), existe au complet dans une copie manuscrite ajoutée aux papiers relatifs à la Comédie Française (B.N., f.fr. 9236, f° 89 r. 90 r.). Avec le journaliste, s'y trouvent impliqués le détenteur du privilège, Dufresny, et l'imprimeur Daniel Jollet – s'agit-il de ces «supérieurs» à qui L. fait allusion en août (p. 295) et en septembre 1714 (p. 255) et en mai 1715 (p. 315)?. En plus de la raison «des choses scandaleuses et même injurieuses à la réputation de plusieurs personnes» citée par Bernard, ce document en offre une seconde, qui est le défaut du privilège et de l'approbation imprimés. Or, ces deux documents paraissent déjà d'une façon très irrégulière à la fin du volume mensuel depuis le mois d'avril 1711 et ils finissent par disparaître entièrement après avril 1712! Ce qui infère que seule la première raison est valable. D'ailleurs, L. lui-même avoue qu'il lui est «impossible de [s']empêcher de mordre, ou d'égratigner...» (janv. 1715, p. 345). En 1714 et 1715, pendant plus d'un an, il s'en prend à l'auteur du Journal de Verdun (juin 1714, p. 145-146; sept. 1714, p. 120-121, 199-203, 256; oct. 1714, p. 126; nov. 1714, p. 334; déc. 1714, p. 4; Journ. hist., Suppl., févr. 1715, p. 286 et mars 1715, p. 272-273; mai 1715, p. 316; juin 1715, p. 249; Journ. hist., Suppl., oct. 1715, p. 281). Avant la fin de sa première année à la rédaction, L. se brouille avec l'un des imprimeurs, Pierre Ribou (mars 1715, p. 330) et, quelques mois plus tard, pour la dixième fois à l'en croire, avec son généalogiste (juillet 1715, p. 237-238). Cependant, c'est sûrement ses «fréquents assauts» (avril 1716, p. 277) contre la Comédie Française (nov. 1714, p. 340-345; juil. 1715, p. 277-290; oct. 1715, p. 150; janv. 1716, p. 218-223; fév. 1716, p. 233-234; mars 1716, p. 170-196; avril 1716, p. 269; mai 1716, p. 291-292, 295-296; juil. 1716, p. 284-290; sept. 1716, p. 5-18; oct. 1716, p. 254-262) et surtout contre le comédien et dramaturge Florent Carton Dancourt (oct. 1714, p. 351-352; nov. 1714, p. 334; déc. 1714, p. 4-5; mars 1715, p. 331-332; avril 1715, p. 6; mai 1715, p. 276-280; juin 1715, p. 189-192, [309-310]; juil. 1715, p. 95, 125, 252; oct. 1715, p. 154; fév. 1716, p. 233-234, 281-282; mars 1716, p. 184; mai 1716, p. 292-295) qui peuvent expliquer la présence de l'arrêt parmi les documents ayant à faire avec la Comédie-Française même s'ils n'expliquent pas entièrement le renvoi de L. (a noter que parmi ses amis L. compte Claude de Romançon (oct. 1716, p. 270), trésorier de la compagnie). Et ce n'est pas tout. Jean Buvat, bien placé pour en savoir plus long sur ce sujet, attribue ce renvoi plus précisément au fait que L. a «mal parlé d'un chevalier de Malte» (Gazette, 1er janv. 1717, p. 132). Et l'une des figures les plus influentes dans la République des lettres contemporaines ainsi que censeur officiel, Nicolas Boindin, soutient que le renvoi est non seulement le résultat de quelques insinuations faites contre lui-même, mais surtout à cause de l'imprudence de L. d'insérer dans son journal «un autre Mémoire encore plus scandaleux contre des personnes de la premiere distinction» (Lettres, 3e lettre, p. 28). Ces deux témoignages s'avèrent bien fondés : L. insinue dans son dernier numéro que Boindin n'est vraiment pas l'auteur des pièces imprimées sous son nom et, plus loin, il affirme qu'un nommé Junnillac de Limoges, chevalier de Malte, est arrêté par l'Inquisition à Rome «sans qu'on [puisse] en deviner la raison; il plaidoit à la Rote contre le chevalier de ** pour le grand Maréchalat de Malthe» (oct. 1716, p. 204).

7. Publications diverses

Catalogue de toutes sortes de Graines, tant potageres, que legumes, salades, graines de simples de toutes especes, graines de fleurs & oignons de fleur, qui sont à présent chez le Sieur LE FEBVRE, Marchand Grainetier, Fleuriste, demeurant sur le Quay de la Megisserie, à l'enseigne du Coq de la bonne Foy, à Paris, s.l.n.d. (B.N., S 21, 850). – Le Journal de Verdun consacre quelques lignes à un Arbre généalogique de la maison de France depuis Pharamon, «mis en ordre par Sr. Le Fèvre» (sept. 1711, p. 226). – Journal historique du voyage de l'ambassadeur de Perse en France, Paris, chez D. Jollet & J. Lamesle, Supplément au Mercure de fév. 1715. Commentaire des Mémoires de Trévoux: «Le Journal[...] a été si promptement enlevé, qu'au bout d'un mois il en a fallu une seconde édition. Monsieur Le Febvre a pris cette occasion de le rendre encore plus curieux» (juin 1715, p. 1101). – Journal historique du voyage et des avantures singulieres de l'ambassadeur de Perse en France, augmenté et corrigé sur de nouveaux Mémoires, Paris, chez D. Jollet & J. Lamesle, Supplément au Mercure de mars 1715. Il s'agit de la seconde édition de ce journal. Emile Bourgeois et Louis André font remarquer que cette relation-ci est «très détaillée» (t. VI, p. 43). Ailleurs ils notent que «l'historien retirera principalement du fruit de la lecture des Extraordinaires, dont les rédacteurs, «en particulier Le Febvre de Fontenay, ont fait preuve d'une véritable intelligence historique» (t. IV, p. 40). – Journal historique de tout ce qui s'est passé depuis les premiers jours de la maladie de Loüis XIV, jusqu'au jour de son service à Saint Denis, avec une relation exacte de l'avènement de Loüis XV à la couronne de France, Paris, chez D. Jollet & J. Lamesle, Supplément au Mercure d'octobre 1715. Pour rédiger ce journal, selon Leclercq (Hist. de la Rég., t. I, p. 36, n. 12 et p. 60, n. I), L.F. s'est servi, en l'abrégeant, d'un Mémoire de Dangeau. Les éditeurs du journal du marquis prétendent que c'est le marquis lui-même qui avait communiqué le texte au journaliste (Journ. du marquis de Dangeau, t. XVI, p. 117, n. I). Dans l'Appendice au tome XXVII des Mémoires de Saint-Simon, mention est faite d'un manuscrit de Rouen dans lequel se trouve une note qui le rattache directement à la relation de L.F. (p. 336, n. I). Le récit du journaliste a été repris par Marmontel lorsqu'il a édité son Nouveau choix de pièces tirées des anciens Mercures, t. XXXII. Critique sur l'Examen pacifique de M. l'abbé de Fourmont, sans page de titre, Supplément au Mercure de décembre 1715.

8. Bibliographie

H.P.L.P., t. I, p. 410. – H.G.P., t. I, p. 142. – Ars., ms. 3128, f° 49-60 (Logogriphes sur des noms, Auteurs et acteurs de nos Pièces de Théâtre). – B.N., ms. Dossiers bleus 46, n° 1031, f° 15-34; Nouveau d'Hozier 18, n° 372, f° 8; f.fr. 9236, f° 89-90; f.fr. 21637, f° 363; n.a.fr. 9675, f° 62-63. – Boindin N., Lettres historiques à Mr D*** sur la nouvelle comédie italienne, Paris, Pierre Prault, 1717-1718. – Boissy L., L'Eleve de Terpsicore ou le nourrisson de la satyre, Amsterdam, Balthazar Tromp au Kalvestraat, 1718, t. I. – Bourgeois E. et André L., Les Sources de l'histoire de France, Auguste Picard, t. III, IV et VI, 1923-1932. – Bonnaffé E., Dictionnaire des amateurs français au XVIIe siècle, Amsterdam, Israël, 1966. – Buvat J., Gazette de la Régence: janv. 1715 juin 1719, éd. E. de Barthélemy, Paris, Charpentier, 1887. – Camusat D.F., Histoire critique des journaux, Amsterdam, J.F. Bernard, 1734, t. II, p. 198-232. – De Courcel G., Mémoire historique sur le Mercure de France, 1672 à 1780, Paris, Henri Leclerc, 1903. – De Courville X., Lélio: Premier Historien de la Comédie italienne et premier animateur du théâtre de Marivaux, Paris, Librairie théâtrale, 1958. – Dangeau mis de, Journal, éd. E. Soulié, L. Dussieux et Feuillet de Conches, Paris, Firmin Didot, t. XVI, 1859. – Feuillet de Conches F., Causeries d'un curieux: Variétés d'histoire et d'art tirées d'un cabinet d'autographes et de dessins, Paris, Plon, 1862, t. II. – Histoire critique de la République des lettres tant ancienne que moderne, Amsterdam, Jacques Desbordes, t. VII, 1714, p. 445; t. IX, 1715, p. 327. – Journal historique sur les matieres du tems (plus connu sous nom du Journal de Verdun), juin 1715, 418-420. – Leclercq dom H., Histoire de la Régence pendant la minorité de Louis XV, Paris, Honoré Champion, 1922, t. I. – Lettres historiques: Contenant ce qui se passe de plus important en Europe, janvier-juin 1715, p. 410-[432]. – Lister M., A Journey to Paris in the Year 1698, éd. R.P. Stearns, Urbana, Univ. of Illinois Press, 1967. – Voyage de Lister à Paris en MDCXCVIII, Paris, la Société des Bibliophiles, 1873. – Mémoires pour l'histoire des sciences & des beaux arts (Journal de Trévoux), sept. 1714, p. 1668; avril 1715, p. 735; juin 1715, p. 1101; oct. 1715, p. 1863. – Miller J.R., Boileau en France au dix-huitième siècle, (The Johns Hopkins Studies in Romance Literatures and Languages, Extra vol. XVIII), Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1942. – Moureau F., Un singulier Moderne: Dufresny, auteur dramatique et essayiste (1657-1724), 2 vol., Lille, Klincksieck, 1979. – Nouvelles littéraires, 30 nov. 1715, p. 345; 8 fév. 1716, p. 95; 28 mars 1716, p. 197-201, 203; 3 oct. 1716, p. 298. – Panard C.F., Etrennes logogriphes du théâtre et du Parnasse, avec la clef pour en faciliter l'intelligence, Spira [Paris?], 1741 (aussi 1742 et 1743). – Du Pradel A. (Nicolas de Blégny), Les Adresses de la ville de Paris avec le tresor des almanachs: Livre commode en tous lieux, en tous temps & en toutes conditions, Paris, veuve Denis Nion, 1691. – Du Pradel A., Livre commode contenant les adresses de la ville de Paris et le tresor des almanachs pour l'année bissextile 1692, Paris, la veuve de Denis Nion, 1692. – Du Pradel A., Le Livre commode des adresses de Paris pour 1692, éd. E. Fournier, Paris, Daffis, 1878. – Saint-Simon, Mémoires, éd. G.E.F., Paris, Hachette, 1915, t. XXVII.

9. Additif

État civil: Le Catalogue de toutes sortes de graines a été imprimé à Paris par Jean Lamesle,  avec une approbation de Passart du 29 juin 1730 et une permission du lieutenant général de police Hérault du même jour, informations fournies par la p. 46 de la brochure. (François MOUREAU)

FOUQUES DESHAYES

Numéro

311

Prénom

Guillaume

Naissance

1733

Décès

1825

Guillaume François ou François Guillaume Fouques Deshayes, plus connu sous le nom de Desfontaines de La Vallée. Né à Caen en ou vers 1733 et mort à Paris en 1825, le 21 décembre selon les uns (B.Un., Lebreton, Oursel, Frère), le 21 novembre, selon les autres (D.B.F., Cior 18) et selon encore d'autres, le 21 novembre 1823 (B.U.C.). Les catalogues de la B.N. et de la B.L. le prénomment François Georges ; Cior 18 les suit.

2. Formation

Selon B.U.C., F. «reçut une éducation soignée».

3. Carrière

Les détails de sa vie privée nous sont presque entièrement inconnus. Pourtant F. dut s'établir assez jeune à Paris. En septembre 1760, s'adressant à Voltaire, il lui donne à entendre qu'étant «dans la nécessité de faire une fortune», il désirerait devenir son secrétaire, mais que c'est un bonheur «auquel [il] ne [doit] pas penser». Il le prie par contre de l'appuyer auprès de Mr Bourette [Etienne Michel Bouret, fermier général] qui cherche un secrétaire. La lettre porte cette adresse parisienne : «au caffé italien vis à vis la comédie française» (D 9183). En 1785, il est toujours à Paris, domicilié rue Saint-Benoît, n° 16, selon la page de titre des Quatre Saisons littéraires.

4. Situation de fortune

On dit qu'il exerça d'abord la fonction de secrétaire («des commmandements», dit B.U.C.) du duc de Deux-Ponts, grand-père de Louis Ier de Bavière, et puis celle de bibliothécaire de Monsieur, depuis Louis XVIII. B.U.C. et Oursel affirment qu'il fut aussi censeur royal, inspecteur de la librairie et secrétaire ordinaire de Monsieur. Grimm remarque qu'il «se qualifie de censeur royal et inspecteur de la librairie» (C.L., t. X, p. 92, nov. 1772) et plus tard le nomme lui-même «censeur royal» (C.L., t. X, p. 324, déc. 1773). En fait, au verso de la page de titre d'Isménor, drame héroïque en trois actes (1773) on lit : «Les Paroles sont de M. Desfontaines, Censeur Royal». B.U.C. note en plus que D. «consacrait aux lettres, les moments de loisir que lui laissaient ses fonctions, et organisait les fêtes des grands seigneurs». Il perdit toutes ses places sous la Révolution, dont il fut cependant très partisan ; pour réparer sa fortune il «multiplia ses travaux littéraires» (B.U.C.). Depuis le mois de mars 1800 et jusqu'en avril 1801, il fut membre du jury de lecture de l'Opéra (B.U.C.). Michaud observe à tort que Madame de Genlis «se vante dans ses Mémoires de lui avoir fait obtenir une pension de 4000 francs que la restauration réduisit à la moitié» (B.Un.). C'est en réalité de Radet, l'un des collaborateurs de D., qu'elle parle. Néanmoins, à en croire B.U.C., D. finit par obtenir une pension de Louis XVIII.

D. est surtout connu pour un nombre plus que considérable de compositions dramatiques, surtout des comédies-vaudevilles et des opéras-comiques, qu'il fit ou seul ou en collaboration avec Barré, Piis, Radet, etc..

6. Activités journalistiques

Histoire universelle des théâtres de toutes les nations, depuis Thespis jusqu'à nos jours ; Par une Société de gens de lettres, Paris, Clousier, 1778-1781, 13 vol., in-8°. Grimm, en annonçant l'ouvrage en octobre 1779, constate que «quoique cette compilation périodique renferme une suite de recherches assez curieuses, elle n'a pas fait jusqu'à présent une grande fortune». Selon lui, F. en est «le principal rédacteur» (t. XI, p. 333, oct. 1779) ; cependant il est à noter que celui-ci mena le travail en collaboration avec l'abbé Coupé, Testu et Le Fuel de Méricourt. L'ouvrage devait paraître en 36 volumes bien qu'il ne semble jamais en avoir dépassé les 13.

Les Quatre Saisons littéraires, Paris, Clousier, 1785, 2 parties (Printemps et Eté), in-12 (D.P.1 1150). Privilège général confirmé le 1er septembre 1784 (B.N., fr. 21865, f° 112 v. ; 21978, f° 9 ; 22008, f° 140 v.). Selon l'Avis, F. est «Propriétaire & Rédacteur de l'Ouvrage».

Les Dîners du vaudeville, Paris, Huet, an 5-an 9, in-16. Le premier numéro est de vendémiaire de l'an 5 (1797). F.D. est l'un des fondateurs des «Dîners» ainsi que l'un des commissaires signataires du projet de constitution (p. 8).

B.U.C. et la B.Un. remarquent que F. fut aussi un des collaborateurs de «la nouvelle bibliothèque des romans» : il s'agit sans doute de la Nouvelle Bibliothèque des romans (1798-1805).

7. Publications diverses

Cior 18, n° 23211-23295. En plus de son oeuvre journalistique et dramatique, on peut lui attribuer les oeuvres suivantes : Epître à Quintus sur l'insensibilité des stoïciens, 1764, in-8°. La pièce concourut pour le prix de l'Académie française. Voir M.S., t. II, p. 65 (24 août 1764) ; C.L., t. VI, p. 90 (oct. 1764) ; B.U.C. ; B.Un. Lettres de Sophie et du chevalier de ***, pour servir de supplément aux lettres du marquis de Roselle, Londres et Paris, L'Esclapart, 1765, 2 vol. in-12. Voir C. L., t. VI, p. 220-221 (1er mars 1765) qui indique le format in-8° ; B.U.C., qui cite mal le titre ; B.Un. ; MMF, qui indiquent 2 parties au lieu de 2 vol. (65.20). Les Bains de Diane ou le Triomphe de l'Amour, Paris, Costard, 1770, in-8° ; voir B.Un. et C.L., t. IX, p. 29 (15 mai 1770) ; Grimm ajoute qu'il le croit le «coup d'essai» de F. Lebreton donne le titre Le Bain de Diane (t. I, p. 420-421). La page de titre, gravée par E. de Ghendt d'après Marillier, est reproduite mais avec la mauvaise attribution à l'abbé Desfontaines dans l'Histoire de l'édition française, t. II, p. 136. – Laura et Inesille ou les orphelines espagnoles, Paris, Lemarchand, la citoyenne Trainetelle, [an VII], 1799, in-12 ; MMF (99.70) ; B.U.C., de nouveau, se trompe sur le titre. Lebreton le dit en plus auteur d'une traduction du roman grec, Les Amours de Leucippe et de Clitophon ou Clitophon et Leucippe, roman traduit du grec d'Achille Tatius, 1795, in-18, d'après l'entrée de la B.Un.. MMF notent que Louis Adrien Duperron de Castera publia sa traduction des Amours de Leucippe et Clitophon d'Achilles Tatius pour la première fois en 1734 ; elle fut reprise dans la Bibliothèque universelle des dames en 1785 et puis dans la Bibliothèque des romans grecs en 1797 (85. R2 ; 97.R12). Une nouvelle traduction de Jean Marie Bernard Clément parut en 1800 [an VIII] (00.38). Pourtant, ils ne font aucune mention de la traduction de D.

8. Bibliographie

Cior 18 ; B.U.C., 1834, t. II, p. 1329 ; B.Un. ; D.B.F. – Lebreton Th, Biographie normande, Rouen, A. Le Brument, 1857, t. I, p. 420-421. – Frère Ed. B., Manuel de bibliographie normande ou dictionnaire bibliographique et historique, Genève, Slatkine reprints, 1971 (éd. de Rouen, 1858-1860), t. I, p. 345. – Oursel N.N., Nouvelle biographie normande, Paris, Picard, 1886, t. I, p. 264. – (MMF) Martin, Mylne et Frautschi, Bibliographie du genre romanesque, 1751-1800, London et Paris, Mansell-France Expansion, 1977. – Martin H.J. et Chartier R., Histoire de l'édition française, t. II, Le Livre triomphant, 1660-1830, Promodis, 1984.

DUMONT DES CREUTES

Numéro

273

Naissance

?

Décès

?

Tout ce que l'on sait de Dumont Des Creutes vient de son autoportrait paru dans la Quintessence des nouvelles du lundi 6 mai 1726. Là il se dit «François de France» ; physiquement il n'est «ni de la plus grande taille ni de la médiocre», au poil si «difficile à fixer» qu'il «le couvre d'une perruque». Il prétend préférer «l'étude & les charmes de la conversation à ceux que certaines gens trouvent dans la gloire de vuider plus de bouteilles qu'un autre».

6. Activités journalistiques

Dernier auteur de la Quintessence à être nommé de son nom, D. rédige vraisemblablement la feuille du 6 mai au 23 septembre 1726, bien qu'il ait gardé l'anonymat jusqu'au 29 juillet.

8. Bibliographie

La Quintessence des nouvelles, n° 35, 6 mai 1726.